J’ai mal à mon Gmail ou le piège du code JavaScript non libre

Temps de lecture 4 min

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Rovlls - CC byCertains résistent encore mais nombreux sont les visiteurs (et rédacteurs) de ce site à posséder un compte de messagerie Google Gmail.

Il faut dire que, techniquement parlant, c’est une excellente application en ligne[1].

Mais il ne faut pas oublier de dire aussi que, techniquement parlant, l’application est propulsée par du code JavaScript qui est malheureusement non libre, avec toutes les conséquences (néfastes) que cela implique.

Or puisqu’il existe une version simplifiée de Gmail, épurée de ce code, cela signifie d’abord que l’on peut s’en passer et ensuite que cette surcouche pourrait fort bien devenir libre.

C’est la proposition de la Free Software Foundation qui nous invite à faire pression sur Google pour qu’il accepte ce pas dans la bonne direction.

Évitons les pièges du JavaScript de Gmail

Avoid the pitfalls of the JavaScript Trap on Gmail

Matt Lee – 30 mars 2011 – FSF.org
(Traduction Framalang  : Goofy et Penguin)

Nous lançons aujourd’hui la première phase d’une série d’opérations à mener pour utiliser les sites Web les plus populaires sans leur code JavaScript propriétaire.

Vous n’êtes peut-être pas conscient des dangers du JavaScript, un problème que nous avons intitulé le piège JavaScript, lorsque du logiciel propriétaire est exécuté dans le navigateur de votre ordinateur.

Nous concentrerons notre première opération sur le service Gmail de Google.

Le piège JavaScript

Lorsque vous visitez un site Web comme Gmail, votre navigateur va télécharger et exécuter plusieurs milliers de lignes de code JavaScript. Le code JavaScript n’est pas différent de langages comme Pyhon, C++ ou Ruby (les applications qui sont exécutées sur nos ordinateurs et qui sont écrites dans ces langages doivent être des logiciels libres, afin que nous puissions les exécuter, les modifier et les partager si nous en avons envie). Le JavaScript d’aujourd’hui n’est plus le JavaScript d’autrefois, il est désormais utilisé pour écrire de puissantes applications côté serveur grâce à des logiciels libres comme Node.js et le moteur JavaScript V8.

De plus, nous avons vu récemment des entreprises comme Research In Motion (les fabricants du BlackBerry) recommander à leurs clients de désactiver complètement le JavaScript du navigateur WebKit de leurs téléphones à cause de la découverte d’un problème de sécurité. Même si les logiciels libres qui intègrent du JavaScript peuvent également avoir des problèmes de sécurité, cet exemple illustre le fait que nous avons un réel besoin d’avoir accès au code qui s’exécute sur nos ordinateurs, et de pouvoir le modifier.

Ce que JavaScript pourrait faire

Il est évident que le JavaScript est une technologie très puissante et très utile lorsqu’elle se trouve entre de bonnes mains. De nombreux développeurs de logiciels libres ont ainsi écrits des extensions et des améliorations pour des sites populaires grâce à des outils comme GreaseMonkey. Il existe une flopée de scripts Greasemonkey libres pour Gmail. L’existence de tels scripts montre à la fois que le JavaScript de Gmail n’est pas trivial, mais également que des utilisateurs pourraient faire des contributions intéressantes et utiles si le code JavaScript était publié en tant que logiciel libre pour leur permettre de le modifier.

Par ailleurs, des sites comme Gmail, Twitter et Facebook utilisent beaucoup trop de JavaScript pour proposer leurs services. La preuve en est que les mêmes services en version mobile proposent pratiquement les mêmes fonctionnalités sans JavaScript. Là où la nécessité du JavaScript se fait sentir il peut être publié en tant que logiciel libre, et là où ces raffinements supplémentaires sont facultatifs, on peut fournir une version basique du site qui n’a pas besoin de JavaScript.

Google a fait un premier pas vers cet objectif en développant une version du site Gmail en «  Version HTML simplifiée  », qui ne dépend donc pas d’un copieux code JavaScript pour proposer une interface utilisateur. Google propose également les protocoles IMAP et POP qui permettent d’accéder aux comptes Gmail sans passer du tout par la case site Web. Ces initiatives constituent toutes deux des avancées positives vers un idéal plus vaste.

Notre requête à Google  : une étape de plus dans la bonne direction

Si vous utilisez Gmail, demandez gentiment mais fermement à Google d’être «  logiciel libre friendly  » en publiant le code JavaScript de Gmail sous une licence libre. En acceptant de le faire, Google permettrait aux utilisateurs qui accordent de l’importance aux libertés logicielles d’utiliser Gmail dans une version avancée, et de proposer des contributions et modifications utiles à tout le monde.

Nous serions ravis de recevoir vos réactions et suggestions, ainsi que les démarches que vous proposez pour les sites les plus connus. Vous pouvez dès maintenant ajouter vos idées et contributions sur le wiki de LibrePlanet.

Notes

[1] Crédit photo  : Rovlls (Creative Commons By)

8 Responses

  1. vvillenave

    Mouais… J’ai un doute quand même ; quand bien même Google s’y résoudrait, cela risquerait (en donnant bonne conscience aux nombreux Libristes qui utilisent GMail) de détourner l’attention du véritable problème que constitue le fait de confier ses données à un prestataire tiers (y compris avec la pub ciblée que cela implique, etc.).

    De plus, de façon étonnante, les Libristes sont également, aujourd’hui (c’est-à-dire après une décennie de reconquête du web par Mozilla) les premiers à coller du JavaScript partout (j’en sais quelque chose) pour faire des trucs jolis et sympas ; après tout, des pans entiers du soi-disant « HTML » 5 sont en fait du pur JavaScript (en vrac, l’élément <canvas>, le SVG animé sous Firefox… et même la <video>). Je ne suis pas sûr, donc, que poser le problème en termes de licence soit la bonne priorité.

  2. Christophe

    @vvillenave

    « (y compris avec la pub ciblée que cela implique, etc.) »

    Non si… on utilise « les protocoles IMAP et POP qui permettent d’accéder aux comptes Gmail sans passer du tout par la case site Web. »

    Et le pop qui permet de tout rapatrier systématiquement.

  3. Opera

    >> « Si vous utilisez Gmail, demandez gentiment mais fermement à Google d’être « logiciel libre friendly » en publiant le code JavaScript de Gmail sous une licence libre. »

    Je veux bien, mais comment ?

  4. Andréas

    Cet article fait l’impasse sur le code qui s’exécute du côté serveur qui lui non plus n’est pas libre…

    @vvillenave : Qu’est-ce qu’il y a de mauvais dans le fait d’utiliser du JavaScript si celui-ci est libre ? Même si c’est pour faire une animation qui a priori sert à rien?

  5. libre fan

    Questions:
    Est-ce qu’on est sûr de ne pas être tracé par la pub ciblée et autres de GMail si on passe par POP? Les mails envoyés et reçus ne sont-ils pas analysés par les robots de toutes façons?

    Comme le fait remarquer Opera, comment vous faire entendre de Google? En passant par la FSF, peut-être?

    Je veux bien, mais comment ?» C’est vrai

    Commentaire: pourquoi ne pas parler de Sud-Ouest.org? Sud-Ouest.org: service mail impec’ à prix libre http://librefan.eu.org/node/470

  6. osef

    > Or puisqu’il existe une version simplifiée de Gmail, épurée de ce code, cela signifie d’abord que l’on peut s’en passer et ensuite que cette surcouche pourrait fort bien devenir libre.

    De prime abord je ne vois pas trop l’intérêt d’exiger la « libération » d’un bout de code superflu voire inutile… mais ça doit être la fatigue 😉

  7. 10cre

    Mouais le problème de Gmail c’est pas le code, c’est que c’est Google.