La mort des projets libres de SourceForge ne signifie pas la mort de SourceForge

Classé dans : Logiciel libre | 17

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Le ”community manager” de SourceForge se rebiffe  : ce n’est pas parce que la plateforme héberge une foultitude de projets libres morts ou non actifs que SourceForge est lui-même en train de mourir.

On ne peut lui donner tort, mais la grande question reste en suspens  : pourquoi tout le monde (ou presque) s’en va désormais sur GitHub  ?

Peut-être trouvera-t-on réponse dans les commentaires ;)

Joiseyshowaa - CC by-sa

Le mythe de la mort de SourceForge

The myth of the death of SourceForge

Rich Bowen – 07 décembre 2012 – Notes in the Margin (blog personnel)
(Traduction  : tcit, Sky, goofy, KoS, Tr4sK, audionuma, Asta, Rudloff)

Je suis le community manager de SourceForge. À ce titre, je vois tous les jours des tweets annonçant la mort imminente de SourceForge. La preuve fournie est le nombre important de projets morts sur SourceForge.

Cela reflète une profonde ignorance de la façon dont l‘open source (et le développement logiciel en général) fonctionne.

Une des choses qui font du développement logiciel un hobby irrésistible est que cela ne coûte presque rien d’échouer. Vous avez une idée  ? Chouette. Essayez-la. Ça a marché  ? Non  ? Bah, ce n’est pas une grande perte. Passez à la prochaine idée. Mais publiez donc ouvertement vos notes pour que d’autres personnes puissent y jeter un coup d’œil et voir si elles peuvent faire mieux.

La plupart des projets de logiciels échouent. Désolé. C’est la réalité.

Ainsi, le fait que SourceForge contienne de nombreux projets ayant échoué n’est pas une indication de la mort de SourceForge. Cela indique son âge. SourceForge a 12 ans. Github est encore un bébé et n’a donc encore qu’un petit nombre de projets morts. Attendez quelques années et nous entendrons dire que Github est l’endroit où vont les projets pour mourir et que le nouveau truc à la mode est beaucoup mieux.

Ceci est un non-sens et n’est donc pas un bon instrument de mesure. Les forges open source sont un endroit où vous pouvez essayer une idée, à peu de frais et, si nécessaire, trouver là où ça échoue. Il est rare de réussir.

Bien sûr, cela amène la question qui est toujours posée  : pourquoi ne purgeons-nous pas tous les projets morts  ? Eh bien, si vous y réfléchissez quelques minutes, vous verrez que ce n’est pas faisable. Qui suis-je pour déterminer quel projet est mort et lequel ne l’est pas  ? J’ai un projet vieux de 10 ans, que je n’ai pas touché depuis 8 ans mais que j’ai l’intention de réécrire ce week-end. Que se passerait-il si nous l’avions effacé la semaine dernière  ? Plus important, les notes et le code source de votre projet «  mort  » ou «  loupé  » mènent souvent à un fork qui lui, réussit. Purger les références historiques ne rend service à personne.

Pendant ce temps, je passe des heures chaque jour à faire la promotion des nouvelles versions et des développements de projets open source très actifs et très passionnés. Il ne se passe pas une semaine où, avec un tweet pour chacune des nouvelles versions, ma femme ne me dit pas «  wow, tu tweetes vraiment énormément  !  » Un tweet à peu près chaque heure, 24 heures par jour, chaque jour des 9 derniers mois. Ça fait un paquet de projets actifs. Pas morts du tout.

C’est un grand honneur d’être le community manager de SourceForge, de travailler avec des dizaines de milliers de projets vivants et passionnés. SourceForge reste un élément très important dans l’écosystème open source, avec de nouveaux projets créés chaque jour. Certains de ces projets sont destinés à devenir des succès, d’autres non. C’est juste comme cela que ça marche, et ça n’indique le déclin d’aucune des forges open source où cela arrive.

Crédit photo  : Joiseyshowaa (Creative Commons By-Sa)

17 Responses

  1. Nek

    Github à inventé le « Social Coding ». Pour l’open source c’est génial.

    Pour les privé ils ont des APIs incroyablement puissantes, et accessoirement ça permet de centraliser ses projets.

    Bref le succès de github n’est pas « innocent », si source forge veut rester dans la course ils vont devoir se sortir les doigts du cul. Parce que pour l’instant le seul concurrent c’est bitbucket (qui est très bon et qui s’occupe aussi du « social coding »).

  2. HLFH

    Bien parlé Nek 🙂

    Effectivement, Sourceforge doit faire du Social Coding pour réussir, sinon paf ! Il meurt. Mais je l’utilise encore un peu, je vous laisse un petit répit de 6 mois.

  3. mplokij

    Ah le libre… sa fraternité, son partage, blah, blah ! Sa compétition surtout … pas de solidarité. T’es pas assez bon: crève ! T’es pas assez à la mode : crève ! Tu es un petit type tout seul, qui fait de son mieux: crève ! Tu es une coopérative qui traite bien ses collaborateurs: crève ! Google tartine une appli libre bien meilleur en exploitant ses salariés.
    Un jour, vous ne pourrez plus vous cacher derrière le libre… il faudra bien qu’on regarde ce qu’il y a derrière et là … on va bien se marrer !

  4. Roger.P

    Je respecte l’avis de tous, bien que pour certains je ne le partage absolument pas.
    Pour avoir une bonne expérience du libre d’un point de vue perso, et du propriétaire d’un bon de point de vue professionnel, je tiens à préciser que le 1er n’a absolument rien à envier au 2ème, bien que les deux ont leurs forces / faiblesses.
    Ensuite, je tiens à dire qu’il faut savoir où on met les pieds. Oui, dans le libre on trouve les passionnés. Oui parmi les passionnés ont trouve parfois des personnes peu conciliantes. Et alors ? Dans le propriétaire c’est mieux peut-être ? Essayez de voir le nombre de projets qui rament ou tombent à l’eau car une entreprise lambda possède des licences sur telles ou telles technos et ne veut aider qu’au travers de prestations tarifées ! Oui il est parfois nécessaire de se débrouiller seul avec le libre. Le propriétaire c’est pareil ! L’idée est la même : il faut savoir être patient et humble au début pour se lancer dans ce monde là, après c’est bon !

    Le  » T’es pas assez bon: crève ! » est valable pour tout et n’importe quoi. Effectivement, certains lieux comme des forums peuvent être des lieux houleux, le plus souvent c’est à cause d’un manque de maturité ou de volonté de la part de certains individus, alors pas la peine de faire de généralités (et oui, y’a des fanatiques et des puristes partout, sûrement davantage dans le libre mais personne n’en est mort).
    « Tu es un petit type tout seul, qui fait de son mieux: crève ! » : même chose. Pour mes projets, j’ai nettement obtenus plus d’aide avec des technos libres que propriétaires : le tout est de demander de l’aide dans les formes.
     » Google tartine une appli libre bien meilleur en exploitant ses salariés. » : la bonne blague ! Si tu enlèves toutes les technos libres qui ont fait la base des produits phare de Google, tu verras qu’au final il ne restera plus grand chose (Android OS et Chromium pour ne citer qu’eux). Et les salariés de Google ne sont pas vraiment à plaindre.
    « il faudra bien qu’on regarde ce qu’il y a derrière et là … on va bien se marrer ! » . On constate surtout la bêtise des entreprises avec certaines technos propriétaires qui préfèrent sortir un produit validé sans l’avoir vérifié avant : résultats des failles de partout ! Alors qu’avec le libre les passionnés qui sont dessus peuvent vérifier les produits et diminuer les problèmes ! Pourquoi Debian est plus stable qu’Ubuntu ? Parce que le 1er est libre, l’autre possédé par Canonical. Pourquoi Java est pourri de failles ? Parce qu’Oracle nous pond des VM foireuses, et dès lors que tu prends une VM différente tes soucis disparaissent en partie.

    Bref je ne suis absolument pas d’accord avec le commentaire de __mplokij__ qui me donne l’impression d’un très mauvaise expérience vécue avec le libre. Après, ça n’engage que moi. Ave l’expérience du propriétaire, j’en ai vu ses limites et suis passé au libre / open source : la Pérennité est là.

    Pour ce qui est de Github vs Souceforge, j’attends de voir. A l’heure actuelle je n’ai pas trop de préférences, tout dépend des fonctionnalités proposées car elles ne sont pas toutes identiques. Pour l’instant j’ai l’impression d’un gros effet de mode dû à la jeunesse de Github. J’attends de voir 🙂

  5. rjadot

    Euh… c’est qui le libre?
    Je suis dans l’univers du libre depuis presque deux décennies et je suis loin de penser ainsi…

  6. Roger.P

    Est-ce que tu pourrais creuser davantage stp __rjadot__ ? J’aime bien échanger les différents points de vue, surtout ceux différents du mien 🙂

  7. mdialo

    libre vs propritaire
    Github vs Sourceforge

    Pour moi c’est du pareil au même, et c’est encore des sujets à polémiques parfoi. Ils ont tous leurs avantages et leur inconvénients. Je trouve que le libre et le propriétaire se complètent bien. Personnellement je suis (encore ?) sur Soruceforge. Github manque de maturité, trop embryonnaire mais peut être que ça dépend des projets que l’on veut.

  8. mplokij

    Bonjour,

    J’ai un peu polémiqué c’est vrai. J’ai une bonne expérience du libre, et l’utilise chaque jour… mais aussi je vis aussi une insuffisance du libre. Parfois, il m’arrive d’être blasé par ses discours fumeux et narcissiques. C’est un chou-chou de l’économie social et solidaire, le chou-chou des anti-capitalistes, chou-chou des alternatifs et autres personnes engagés ! On parle d’échange non-marchand, de partage, d’expérience post-industriel, d’horizontalité, de production amateur ! mais tout ça c’est de la blague car dans les faits dans la plupart des cas cela ne concerne que des sur-couches ! Hormis un code disponible il n’y a pas grand chose, le reste n’est que de la coopétition, de la concurrence et de la confusion philosophique. Je propose qu’on renomme le libre en ‘logiciel disponible à la concurrence non-faussée et au marché LIBRE’.
    Je suis très étonné de la remarque à propos des employés de Google qui n’aurait pas à ce plaindre.
    Je ne défends pas le propriétaire, loin de là ! mais j’aimerai supprimer des quiproquo de gens qui se cache derrière le libre pour se donner bonnes consciences et continuer d’alimenter toutes les faiblesses du monde. Produire du libre dans des conditions de travail chinois, non ! produire des choses tellement complexe que personne ne peut les comprendre à part le thésards d’université qui les ont pondu une lib, non ! Ou est la démocratie alors ? par les experts et la représentation, non ! dans le marketing, non ! Il faut simplifier, simplifier, simplifier. Downgrade !

  9. libre fan

    Il me semble que Sourceforge est une plateforme non libre? Je me trompe?

    Ce n’est pas le cas de Github, je crois.

    En attendant, Sourceforge n’est pas prêt de mourir quand on voit tous les GNU/Linux qui sont là-dessus.

  10. Gseb

    Pour répondre à « Libre fan », SourceForge.net est une plateforme non-libre pour projet open-source ou libre (le logiciel derrière SourceForge.net est TeamForge), tout comme github (qui accepte les projets propriétaires cependant).

    Pour répondre aux autres commentaires, il me parait hasardeux de comparer sourceforge.net et github.

    Le premier, comme google code, est une __forge__ centrée sur le concept de __projet__, et dans ce but, propose un gestionnaire de version, un wiki, un outil suivi de bug, une mailing-list + forum et un gestionnaire de tache.

    Github, comme bitbucket, est plus centrée sur le concept de __code__. cette plateforme permet de contribuer plus facilement au logiciel que sourceforge.net; il suffit de « forker » le code, de le modifier et de soumettre les modifications à l’auteur initial (le côté social coding de ce type de plateformes).

    Là où github s’adresse au codeur-bidouilleur qui code dans son coin et gère tout seul son projet (ou avec d’autres bidouilleurs), sourceforge.net s’adresse plus aux équipes de développeurs (qui se répartissent des tâches bien définies) et à l’utilisateur final qui peut télécharger le binaire du logiciel.
    D’ailleurs, ces deux plateformes sont plus complémentaires que concurrentes. Je tombe régulièrement sur des projets (comme http://code.google.com/p/macvim/) qui hébergent leur code sur github et la gestion du projet + les binaires finaux sur google code (c’est pas sourceforge.net pour le coup mais c’est pareil).

    Pour finir, personnellement, je ne crois pas à la mort prochaine de sourceforge.net. Ce site existe depuis des années, et est encore utilisé par de nombreux projets (Apache OpenOffice, Hibernate, WxWidget…); de fait, je donne autant de crédit aux déclarations prédisant la mort prochaine de sourceforge.net qu’aux déclarations qui affirmaient la mort de l’email à la sortie de la messagerie facebook.

  11. Philippe

    Je partage ce que tu exprimes mplokij

    Le sujet est important et mériterait d’être creusé, certaines de tes formulations me laissent penser que, si nous avons des conclusions similaires, nous avons des cheminements différents et peut-être des points de divergence.

    Le logiciel libre, s’il apporte énormément, ne fait pas tout. Utiliser du logiciel libre ne suffit pas pour être dans une démarche d’ensemble cohérente. Réciproquement, ne pas utiliser du logiciel libre est souvent un moindre défaut dans le monde de l’économie solidaire.

    Là où on diverge peut-être, c’est que je crois que le logiciel libre s’enrichit également des « crapules » et que ceux qui ont une démarche d’ensemble cohérente peuvent tirer parti du code libre fourni par ces « crapules » et qu’il n’y a donc pas lieu d’en faire tout un plat.

    Mais on est d’accord sur l’idée que faire du logiciel libre devient trop souvent synonyme de cohérence éthique et que c’est une idée fausse

  12. Stephane

    SourceForge.net est une plateforme non-libre? Je ne crois pas: http://sourceforge.net/projects/all
    « 
    Description
    This is the codebase for SourceForge 2.0, which includes a plugin framework and integrated Wiki, Tracker, SCM (svn, git and hg), Discussion, and Blog tools.
    « 

  13. taounat

    L’open source n’existe pas. Les versions entreprises de l’open source coûtent plus chère que les produits propriétaires similaires. Pensez à Bonita Software, Alfresco, openerp,… Les versions communiataires sont dangereux et bugués et les versions entreprises sont trés trés tres tres tres tres chèsres!!!!!

  14. Ginko

    @taounat, et toi tu es de très très très très bonne foi, hein ? (en plus d’avoir de très très très très bons argument, lol) C’est la connerie des gens comme toi qui est dangereuse.

  15. castel

    Bonjour,

    quelqu’un peut-il m’indiquer un tutoriel en français et facile à comprendre pour me lancer dans SourceForge.net ?

    merci.

  16. anto

    est-ce que sourceforge n’aurait pas un gros problème, qui pour le coup annonce sa mort future? Autant avec linux j’ai pas trop de problèmes, autant sous windows, il m’est impossible de télécharger le moindre programme sur sourceforge. A la place du programme que je veux, me voila installant par dizaines des toolbars et autres m**** … pour moi,ça signe la mort prochaine du site, pour cause d’avoir vendu son âme.

  17. obillard

    @taounat C’est pour cela que la plupart des serveurs critiques sont sous Linux (Libre), que la plupart des serveurs web sont des serveurs Apache (Libre). Tes arguments ne sont soutenus par aucun exemple. Tu bosses chez Microsoft, peut-être ?

    L’avantage d’utiliser de l’Open Source, c’est aussi de savoir ce qu’il y a dedans, de pouvoir y contribuer, le patcher, etc. Impossible sur du propriétaire.

    Certaines applications ont des versions libres et des versions « entreprise », c’est vrai, mais la qualité est en général la même, la version entreprise va plutôt souvent fournir des services/fonctionnalités en plus, et faire partie d’un package incluant du support.