Framapad de plus en plus utilisé dans l’éducation

Classé dans : Framasoft | 12

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Framapad sur iPad

On ne nous prévient pas toujours loin de là mais nous constatons avec fierté et plaisir que notre service libre Framapad est de plus en plus souvent utilisé dans les établissements scolaires (par exemple ici, ici, ici ou encore ).

On y a apprécie son immédiateté, sa simplicité d’usage et surtout ses potentialités pédagogiques, notamment pour ce qui concerne le travail collaboratif (on y apprécie également le fait que ce soit libre et qu’on n’est pas obligé d’en passer par Google).

Nous avons voulu en savoir plus en interviewant ci-dessous deux enseignantes, l’une du primaire et l’autre du secondaire.

Merci de relayer l’info pour faire connaître et donner envie à plus de monde encore de se frotter à Framapad. Merci également d’apporter votre témoignage dans les commentaires si vous aussi vous l’utilisez dans vos classes, il est important pour nous de faire savoir que nous sommes utiles ;)

La photo ci-dessous est issue d’une séance pédagogique très détaillée réalisée en SVT dans l’Académie de Créteil (on y parle de Firefox et LibreOffice aussi). Nous vous invitons également à regarder cette vidéo[1] où des élèves de l’Académie de Bordeaux découvre l’écriture poétique avec Framapad sur leur… iPad  !

Framapad éducation - Créteil SVT

Interview croisée de deux utilisatrices de Framapad, l’une au primaire et l’autre au secondaire

Bonjour, pouvez-vous vous présenter succinctement. Où enseignez-vous et à quel niveau  ?

Laetitia  : Bonjour, Laetitia, enseignante en CM1/CM2, dans les Deux-Sèvres

Hélène  : Professeur documentaliste au Collège Saint Jean (215 élèves) dans le Tarn.

Comment avez-vous connu Framapad  ?

Laetitia  : Par l’animateur informatique de ma circonscription qui en a parlé en animation pédagogique (temps de formation).

Hélène  : Je ne me souviens plus précisément mais sans aucun doute par le biais de mutualisation entre professeurs documentalistes

Qu’est-ce qui vous a motivé(e) à le proposer à vos élèves/étudiants  ?

Laetitia  : Un projet inter-degrés entre ma classe et une classe de 6e de mon collège de secteur.

Hélène  : Plusieurs questions et interrogations m’ont amenée à utiliser un outil d’écriture collaborative. Comment dépasser le simple «  copier-coller  » des élèves  ? Comment enseigner l’écriture numérique  ? Comment faire pour que les élèves donnent du sens à leurs recherches documentaires  ? Comment développer chez des élèves de collège le sens du travail collaboratif  ?

Il fallait un outil simple, facilement accessible et bien sûr librement utilisable par les élèves. Framapad répondait à ces critères.

Quels dispositifs avez-vous mis en place pour l’utiliser  ? Avec quels matériels  ? Et surtout pour quelle démarche pédagogique  ?

Laetitia  : Production d’écrit par 4 (1 élève chacun), connectés en même temps.

Hélène  : lors de la mise en activité de recherche par les élèves, je pratique avec mes collègues la méthode du document de collecte. Ce document de collecte est la première étape d’un brouillon, constituée d’extraits «  copier-coller  » correctement référencés (sources des informations relevés). Il permet à la fois de cerner un sujet, d’évaluer la pertinence d’une information et de prélever l’information à partir d’internet notamment.

Lors de travaux de groupes, il est apparu nécessaire de trouver un outil permettant aux élèves de travailler simultanément sur un même document pour mutualiser ce document de collecte et interagir sur celui-ci. Par exemple, pour un dossier santé et environnement en SVT en classe de 3e, les élèves ont en amont travaillé sur un article d’actualité qui a permis de dresser collectivement une cartographie des producteurs d’info, sur les sources (cartographie des sources) en réalisant un scoop.it comme traces de leur recherche.

L’outil Framapad a ensuite permis à chaque binôme de réaliser son travail de collecte, de synthèse et de réécriture des informations à partir du document de collecte réalisé. Au besoin, chacun a pu revenir sur les sites préalablement sélectionnés pour compléter, approfondir des points particuliers.

Dans la mesure où Framapad se trouve sur Internet, est-ce que la connexion parfois hésitante des établissements scolaires a été un frein à son usage  ?

Laetitia  : Parfois j’ai eu du mal à avoir un ordinateur connecté par élève (ligne Wi-Fi trop légère pour le nombre de PC).

Hélène  : Personnellement, je n’ai pas eu de soucis particuliers. 5 ou 6 groupes ont pu travailler simultanément sur leur pad. Mais j’ai des retours de collègues pour qui le site a plusieurs fois «  beugué  » lorsqu’il y avait trop de connexions simultanées. Ce genre de séance nécessite d’avoir une solution de repli sous le coude.

Dans la mesure où Framapad se trouve sur Internet, avez-vous envisagé des scénarios pédagogiques hors temps de classe, où les élèves seraient invités à travailler dessus et ensemble depuis leur domicile  ?

Hélène  : Les binômes qui n’avaient pas terminé leur travail de réécriture ont été invités à le terminer. L’avantage avec ce dispositif c’est que chacun des élèves du groupe peut y accéder à son rythme, depuis chez lui ou depuis le CDI du collège. Même en cas d’absence d’un élève par exemple le travail reste accessible à l’autre élève.

Quels sont les points positifs et négatifs que vous avez rencontrés lors de son usage en classe  ?

Laetitia  : Lorsque les élèves se connectent à leur texte d’un ordinateur différent, ils n’ont plus la même couleur, celle-ci reste attribuée à l’ordinateur qui se connecte. Les prénoms ne restent pas enregistrés, c’est dommage pour le suivi par l’enseignant (hors temps scolaire sur un ordi perso, donc connexion différente).

Hélène  : Je partage cette dernière remarque qui peut être résolu en demandant aux élèves de préciser en haut de page la couleur qu’ils ont choisi (ici même, pour cette interview c’est ce que vous nous demandez de faire d’ailleurs[2]).

Framapad permet un véritable travail collaboratif du binôme qui peut annoter, corriger, compléter le travail de l’autre. Je trouve important (et c’est d’ailleurs une compétence du B2i (2.4 – Participer à des travaux collaboratifs en connaissant les enjeux et en respectant les règles) de leur montrer ces possibilités de travail.

Plusieurs points positifs à l’usage du pad en classe  :

  • Un suivi pour mon collègue de SVT et moi-même après chaque séance  : annoter, corriger, questionner et même si besoin vérifier l’historique du pad—qui a écrit, quoi  ?
  • Alternance de l’individualisation du travail et de travail de groupe  : d’abord un travail individuel (chacun ayant en charge une partie du travail) puis un travail de relecture et d’annotation de la partie de l’autre. Les élèves ont vraiment eu le souci de reformulation, de conservation des informations pertinentes par rapport à leur plan même si sur certains pads le passage du copier-coller au copier-créer reste difficile soit parce qu’ils ne comprennent pas ce passage et ne font donc aucun effort de synthèse soit au contraire parce qu’ils estiment que la phrase est déjà suffisamment claire.
  • La possibilité de personnaliser les URL d’accès au pad pour être facilement mémorisable et transmise aux autres et aux enseignants.

Points d’amélioration  : En collège, l’usage du tchat, qui offre pourtant des perspectives intéressantes d’échange et de partage, reste difficile, sans doute encore par manque de maturité ou d’expérience de l’exercice. J’ai donc pour ma part privilégié la concertation de vive voix et mettant les élèves côte à côte dans la salle informatique.

Quelles sont les fonctionnalités qui manquent selon vous à Framapad, notamment pour un usage éducatif  ? Que pensez-vous de son ergonomie générale, est-ce adapté à la spécificité d’un jeune public  ?

Laetitia  : Pas d’idée particulière. Oui, ça convient pour des élèves du primaire de fin de cycle 3.

Hélène  : Peut-être plus de possibilité de mise en page (taille de la police par exemple pour mettre en valeur des titres)

On dit souvent que les élèves ne sont pas assez habitués à travailler collaborativement, ensemble, en groupe, etc. Un tel outil vous semble-t-il intéressant pour développer de telles compétences  ?

Laetitia  : Oui, pour le développement de la maîtrise de la langue écrite, pour expliquer, argumenter, justifier…

Hélène  : Un outil d’écriture collaborative permet de développer des compétences informationnelles et numériques.

  • LIRE  : Savoir confronter les différents discours sur un sujet (information divergentes ou contradictoires sur des sujets de controverses par exemples), être capable de relever les manques ou les besoins  ;
  • ECRIRE  : Etre capable d’écrire à plusieurs sur un même document, Savoir prendre en compte l’écrit de l’autre afin de le compléter ou de modifier son propre écrit. Il s’agit d’un véritable travail de création  ;
  • NAVIGUER  : Maîtriser la navigation en ligne en utilisant les hypertexte, la navigation d’un onglet à l’autre  ;
  • ORGANISER  : S’appuyer sur le document de collecte pour construire une carte d’idées et un plan.

L’outil pad permet également de développer chez les élèves des aptitudes de concertation et de choix (ce qu’on garde, ce qu’on supprime et pourquoi). Il amène les élèves à développer un esprit critique et une réflexion sur leur propre écriture

Réitérerez-vous l’expérience  ? Le conseilleriez-vous à des collègues  ?

Laetitia  : Oui, mais avec 3 élèves et l’enseignant sur le 4e poste pour réguler en direct, poser des questions, relancer, aider…

Hélène  : Sans aucun doute, OUI et même pour les plus petites classes. je l’utilise d’ailleurs également avec des collègues professeurs documentalistes lorsque nous avons besoin de réfléchir à plusieurs sur une problématique, bâtir des ordres du jour ou des synthèses par exemple.

Saviez-vous que derrière Framapad se cache Framasoft et derrière Framasoft la promotion et la diffusion du logiciel libre  ?

Laetitia  : Je savais que Framapad faisait partie de Framasoft dont j’avais entendu parler par un autre animateur informatique de mon département.

Hélène  : Oui pour utiliser plusieurs de ses services notamment Framamindmap ou Framadate. Nos établissements n’ont pas toujours les moyens d’avoir des logiciels payants. Et puis la philosophie du libre est en adéquation avec les valeurs que je souhaite véhiculer à travers mon enseignement du numérique.

Notre slogan est «  La route est longue mais la voie est libre  », cela vous inspire quelque chose  ?

Laetitia  : Oui, que c’est un dur labeur mais que la réussite est assurée  !

Hélène  : Je suis convaincue de l’intérêt collectif du partage et du libre  : il contribue à l’intelligence et à la pensée collectives. Cette notion de libre rejoint de très près la notion de biens communs.

Les initiatives comme celles de Framasoft sont à encourager parce qu’elles participent au développent de l’enseignement du numérique… Même si la route est longue, nous y sommes bel et bien. Pour Bernard Steigler, le numérique entre aujourd’hui dans une troisième phase  : celle des «  technologies de l’annotation  ».

Notes

[1] Vidéo d’où est extraite l’image d’introduction.

[2] L’interview croisée a été réalisée sur Framapad également ;)

12 Responses

  1. Marie-Odile

    Bonjour,

    Le lien « Pour Bernard Stiegler » avant dernière ligne, est à corriger.

    Amicalement

  2. vvillenave

    Des félicitations s’imposent… mais aussi une interrogation : en s’imposant comme Google-like du Libre, autrement dit en service centralisé et incontournable, quelle cause sert réellement l’association Framasoft ? Se faire connaître (et, par extension et avec un peu de chance, faire connaître le logiciel Libre) ? Entamer un peu la culture de monopoles dans laquelle nous ont enfermés une poignée d’acteurs privés entrepreneuriaux ? Ces objectifs sont sans nul doute légitimes (et en bonne voie d’être atteints), mais au-delà de ses objectifs conscients et affirmés, la question demeure (comme pour toutes les associations Libristes ou apparentées) du rôle joué _de facto_ par Framasoft, voire pour parler en termes volontairement choquants s’agissant d’une communauté en large part bénévole, de sa «part de marché».

    La page d’accueil de framapad en est un très bon exemple, car on y trouve toute l’ambigüité de cette démarche : l’accent est mis sur la simplicité d’utilisation, mais également sur le «branding» et l’intégration (visuelle, navigationnelle) avec les autres services Frama* ; Etherpad est discrètement mentionné (enfin, faut vraiment le chercher), aucune indication n’est donnée sur la possibilité d’installer sa propre instance chez soi (bon, ça demande de ne pas avoir froid aux yeux et de savoir faire tourner NodeJS, je vous l’accorde), en revanche les visiteurs sont cordialement invités à «ouvrir un compte» pour se fidéliser sur l’instance made-in-Framasoft. (Et, ce faisant, accomplir un pas de plus vers «le cloud», fût-il hébergé chez des gens très bien.)

    Il ne s’agit pas ici de mettre en doute la sincérité ou l’intégrité de Framasoft («Commons & Knowledge», anyone? :-), mais de rappeler un questionnement dont personne ne peut faire l’économie. L’interview ci-dessus illustre très bien cette ambigüité, car elle aurait pu figurer sur le site de n’importe quel fournisseur commercial de services «cloud» plus ou moins gratuits mais pratiques et simples d’utilisation, auquel cas nombre de Libristes se seraient administré un facepalm affligé. Les mêmes Libristes qui, devant le succès de Framapad ou -date, peuvent s’endormir paisiblement du sommeil du juste, avec la bonne conscience que procure l’alibi «oui mais c’est du Libre».

    Cette ambigüité renvoie à bien d’autres qui ont toujours été partie intégrante de la démarche Framasoftienne : promouvoir des logiciels Libres sous Windows, promouvoir des versions portables plus ou moins rebrandées dans la Framakey, le récent redesign du site Framasoft, etc. Et, non, je ne prétends pas détenir une solution pour que tout soit rééquilibré et qu’on vive soudain dans un monde Libre idéal et ensoleillé où gambadent joyeusement les petits poneys et les Télétubbies dans des collines verdoyantes comme un wallpaper signé Microsoft. Je veux juste contrebalancer un peu l’ambiance d’auto-congratulation qui transpire dans l’interview ci-dessus : la voie est peut-être Libre, mais la route est encore longue.

  3. Brossocm21

    Bonjour,

    J’ai découvert framapad cette année et je l’ai utilisé avec ma classe en production d’écrit, également pour interviewer un journaliste à distance et enfin pour échanger avec une autre classe à distance. J’apprécie la collaboration écrite que framapad permet ainsi que sa facilité d’utilisation. Je compte bien en développer les usages l’an prochain dans les différentes matières étudiées.

    G. Simonin

  4. Brossocm21

    En plus de framapad, j’utilise également framindpad régulièrement avec mes élèves pour élaborer des cartes mentales. Je ne saurais plus m’en passer désormais.

  5. pyg

    @vvillenave : oui, on en est tout à fait conscient (de recréer en partie de la centralisation). Pour notre « défense » (bien que je ne me sente pas attaqué 😉 ), je rappelle que les services « cloud » seront bientot soutenus par un site dédié, qui mettra justement en avant l’intérêt de cette décentralisation.
    Pourquoi ne pas avoir commencé par là ? Parce que ça c’est fait comme ça 😛 Et ça sera prêt quand ? Euh.. quand on trouvera le temps… 🙁

  6. aKa

    @vvillenave : Lorsque nous avons lancé Framapad (en mars 2011), nous avons présenté la chose ainsi : « Contraction de Framasoft et d’Etherpad, Framapad est un nouveau projet à la fois modeste et ambitieux. Modeste car il ne s’agit que de l’installation du logiciel libre Etherpad sur l’un de nos propres serveurs. Mais ambitieux car nous espérons profiter de la visibilité de notre réseau pour faire découvrir et utiliser ce logiciel au plus large public possible… »
    http://www.framablog.org/index.php/

    Autrement dit nous n’avons jamais caché le fait que Framapad venait directement d’Etherpad. C’est nous faire, je pense ici, un mauvais procès. Et comme le précise Pyg, nous travaillons à ce que cela soit plus transparent encore en prévoyant de la doc et un site dédié pour pouvoir installer plus facilement la solution sur son propre serveur.

    Pour ce qui concerne le « rebranding » je ne vois pas les choses ainsi. Nous faisons de l’intégration de solutions libres (Framakey, Framadvd, Framapad…) dans le but de faire connaître et diffuser le logiciels libre (et sa culture collaborative, comme ici les usages de Framapad) au plus large public. Atteint-on l’objectif ? Bon an, mal an, j’ai l’impression que oui.

    La Quadrature, l’April, le Parti Pirate, tout le monde a son instance Etherpad. Nous aussi mais on le francise, on l’adapte, on rajoute de la doc, du support, etc. et on l’appelle « Framapad ». Il se trouve que là encore ça fonctionne plutôt bien et ça participe à le « sortir de l’ornière ».

    Quant à l’auto-congratulation, il s’agit bien plus de communiquer sur le fait que l’on rend de réels services et que l’on participe à ce que les élèves fassent l’expérience pédagogique de la collaboration. Pourquoi s’en priver ? Notamment vis-à-vis de nos donateurs, que je remercie au passage 😉

  7. ronane

    @vvillenave @aKa C’est de toute façon un des intérêts du logiciel libre. Tu es libre d’en faire ‘presque’ ce que tu veux. Ici Framasoft a installé un Etherpad, l’a adapté et l’a mis à disposition de tous, c’est selon moi une très bonne initiative qui représente bien l’intérêt du libre. 🙂

  8. Internet notre ennemi

    Qu’est-ce que c’est idiot ces ordinateurs dans les salles de classe.

    Pour ceux qui veulent vraiment faire quelque chose de leur cerveau (s’il y en a encore) : du papier et des stylos. On fait des choses magnifiques avec. Le travail sur ordinateur est la plupart du temps une perte de temps car il faut tout revoir sur le papier.

  9. ronane

    @Internet notre ennemi : Tu aurais pu aller jusqu’au bout du raisonement, prendre ta plume et envoyer un courrier à Frama pour répondre à cet article

  10. vvillenave

    @aKa Il n’était pas question de vous faire un procès sur la question de l’attribution, mais si ta seule réponse est de renvoyer à un billet de blog datant de plus de deux ans, c’est quand même un peu léger. Cela étant, je te rejoins entièrement sur le fait que s’attarder sur cette question reviendrait à créer un faux problème : ce qui me frappe dans votre « rebranding » n’est pas le fait que Framasoft soit davantage mis en avant que Etherpad (vous avez certainement une légitimité pour cela), c’est que _notamment_ de ce fait vous apparaissez comme un Google-like en incitant les gens à ne pas chercher plus loin que les services (ou instances) estampillés Frama. Et pour répondre à Pyg, oui, je sais _très bien_ ce que c’est que de partir dans une direction à moitié au hasard, à moitié parce que ça semble fun sur le moment, à moitié parce que c’est la seule que permettent les ressources dont on dispose au moment donné. (Oui, ça fait trois moitiés mais ce n’est pas moi le prof de maths !)

    aKa, tu as raison, un grand nombre d’acteurs Libristes ou apparentés aiment faire dans le « branding » et « l’intégration »-toussa. Mais cela rejoint un travers que j’ai souvent dénoncé — et qui est la raison pour laquelle je parle volontiers de « part de marché » pour qualifier la démarche objective de ces acteurs. _Se_ faire connaître, c’est très bien. Et je ne doute pas qu’en faisant connaître Framasoft, tu permets à beaucoup de gens (ce fut mon cas il y a longtemps) de découvrir ce qu’est le logiciel Libre, sa culture, son éthique. Mais ne soyons pas dupes non plus : pour une part importante du public, offrir un service « cloud » comme vous le faites n’a strictement rien à voir avec le logiciel Libre : c’est simplement pratique, attrayant, gratos (je ne vais pas énumérer les raisons, l’interview ci-dessus en donne une liste assez complète). Autrement dit, rien que ces gens ne trouveraient sur Doodle, Google-Docs ou autre gadget 2.0 à la mode. (Possiblement en mieux.) Des gadgets qui, entre nous soit dit, « rendent » eux aussi « de réels services » comme tu dis.

    Je vous connais trop bien (me semble-t-il) pour croire que vous ne vous posez pas vous-même toutes ces questions, je regrette juste de ne trouver aucune trace de ce questionnement dans des billets de blog comme celui ici présent. Et je ne pense pas non plus qu’il soit possible (ou souhaitable) pour Framasoft de fonctionner autrement, car il n’y a tout simplement pas de recette miracle : le Libre est une _possibilité_ que l’on tend aux gens, pas quelque chose dont on peut les forcer à se saisir. Face à une telle perspective, toute réussite reste vouée, me semble-t-il, à n’être jamais qu’une demie-victoire.

    Ah oui, et :
    @Internet_notre_ennemi : votre prochain commentaire, vous l’envoyez par la poste ou par pigeon voyageur ?

  11. Sabine

    J’ai vu des expériences d’écriture collaborative très intéressantes et riches, aussi je vais utiliser également framapad dans un avenir très proche. Cela m’ouvre un champ des possibles merveilleux et prometteur pour l’écriture de nouvelles en classe de français, par exemple.
    Et pour @Internet_notre_ennemi, on peut refuser la technologie, ou apprendre à la maîtriser à nos élèves plutôt que de les laisser être asservie par elle. Utiliser un ordinateur en classe ne veut pas dire qu’on n’utilise que l’ordinateur.
    Et puis sinon, on peut aussi apprendre a faire sur feu avec des silex et de l’amadoue et retourner vivre dans les cavernes… cela minimisera notre impact écologique.