Prothèse de main : de dix mille à cent cinquante dollars grâce à l’impression 3D

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Quand l’association de l’impression 3D et de l’esprit Libre donnent des choses extraordinaires…

Robohand - MakerBot

Des prothèses de main open source peuvent être imprimées en 3D pour 150$

Open Source Prosthetic Hand Can Be 3D Printed For $150

John Pugh – 26 mai 2013 – psfk.com
(Traduction  : Goofy, Calou, nicolas, MatElGran, GPif, Asta, Pascal, audionuma)

Robohand est une main mécanique à bas coût qui peut être fabriquée avec une imprimante MakerBot3D.

Pour les patients souffrant d’une blessure traumatique ayant entraîné la perte d’un membre, ou les enfants nés avec un handicap tel que le syndrome des brides amniotiques (dont la conséquence est souvent que l’enfant naît avec un ou plusieurs doigts manquants), une nouvelle prothèse a le potentiel de changer littéralement leur vie quotidienne. Cependant, les technologies actuelles de prothèse sont très compliquées et onéreuses, pouvant coûter jusqu’à 10 000 $ pour une prothèse de doigt basique. Imaginez qu’au lieu d’avoir recours à des produits complexes et coûteux, nous puissions simplement imprimer une prothèse complète confortablement à la maison  !

Robohand est une main mécanique qui peut être imprimée en 3D avec une imprimante MakerBot. À l’origine de l’idée, Richard Van As, un menuisier sud-africain qui a perdu quatre doigts lors d’un accident en 2011. Suite à cet accident, il commença à travailler avec le designer de mains mécaniques Ivan Owen (Seattle) pour concevoir un modèle de prothèse peu coûteux et capable de fonctionner aussi convenablement qu’une main ou que de doigts réels. Se basant sur leur concept, MakerBot a fait don d’une imprimante 3D Replicator 2 Desktop[1] à leur équipe, accélérant ainsi la création de prototypes fonctionnels, tout en réduisant les coûts de production.

Au total, le coût des pièces de la Robohand fabriquées avec l’imprimante MakerBot3D s’élève seulement à 2,50$ de matériel et on obtient une prothèse fonctionnelle complète, incluant le matériel non imprimable, pour environ 150$. En plus d’une économie importante, Van As a compris à quel point cette méthode lui permet d’affiner rapidement sa conception en fonction des besoins spécifiques d’un individu. Suite à la diffusion de son histoire, il a reçu des courriels et des messages sur Facebook de parents d’enfants atteints du syndrome des brides amniotiques voulant explorer le potentiel d’une conception par impression 3D. Cette technologie est d’autant plus décisive pour les enfants que leur croissance est rapide, ils nécessitent de multiples prothèses au cours de leur croissance. À la suite de ces conversations sur le réseau social, au moins trois enfants ont été sélectionnés et ont reçu leurs nouvelles mains.

Le projet est entièrement open source, ce qui signifie que n’importe qui ayant accès à une imprimante 3D peut télécharger le fichier de conception gratuitement et créer sa propre main robotique. Alors que ce projet est toujours en cours de finalisation, les équipements d’impression 3D montrent un vaste potentiel pour notre santé. En facilitant l’accès à tous et en réduisant fortement le coût de production, ces équipements vont permettre à des patients qui s’en sortent difficilement, du fait d’un manque d’accès aux prothèses, de pouvoir vivre un vie normale.

Notes

[1] À propos de cette nouvelle imprimante, et sans vouloir troller, on pourra lire  : Polémique  : la nouvelle imprimante 3D de MakerBot a-t-elle trahi l’open hardware  ?

14 Responses

  1. jeronimo

    Super; voilà un monde humain mariant technologie libre avec humanisme. Merci, pour votre article.

  2. pouet

    Why don’t you just admit that you’re freaked out by my robot hand !

    😀

  3. Antonin

    Leçon du jour : les imprimantes 3D sauvent les enfants handicapés…

    « C’est geek ? Zéro critique ! »

  4. Grouik

    Bon sang que ça fleure bon le H+ ! C’est terrible de voir le « mal » partout, mais le « bien » a malgré tout ses moments de faiblesses. Le risque génétique/l’handicap est ici, pour ce que j’appelerai un technoprophète, un épouvantail comme l’est le terrorisme ailleurs…

    Nul besoin de s’étendre en effet sur le besoin ou l’envie des personnes en soufrance à vouloir retrouver une vie dite normale (avec d’autres écueils, la voie de la rédemption est infinie…) et opter pour des prothèses « guérisseuses » dont il faudra suivre régulièrement les évolutions ainsi que l’usure naturelle. Ce n’est de toute façon même pas le sujet, puisque ce qui est mis en avant ici c’est la MakerBot. C’est LE fétiche, c’est LE nouveau champion. C’est malheureusement ce qu’il reste à quelques geeks, pour la défendre corps et âme (et pour ces 2 choses, le sursis risque d’être écourté): il y a de l’open-sauce.

    Poussons encore un peu.

    Louons au moins, avec tout le mérite dû, ce principe d’égalité latent; pour un peu nos contemporains transhumanistes seraient pratiquement à même de souhaiter que tout le monde se coupe les mains pour en avoir des augmentées et réaliser leur propre prophéties. Le handicap se trouvera – enfin ! – totalement gommé dans nos belles sociétés technophiles.
    Ou presque.
    Il y aura juste des mains bon marché, des mains de luxe et peut-être des iHand, bref le corps humain (de moins en moins humain, naturel, fait de tissus organiques instables et donc rapidement obsolètes) comme une marchandise/assemblage de marchandises : rien de neuf sous le soleil, les inégalités avec leur cortège de destructions seront toujours une réalité bien… palpable.

    Haaaa ! La promesse de l’immortalité et l’enfer technologique à portée de… main.

  5. Ginko

    @Grouik,

    je suis d’accord avec toi sauf là :

    >Il y aura juste des mains bon marché, des mains de luxe et peut-être des iHand,

    Euh, je peut savoir en quoi c’est mal ? Si on met de côté la figure rhétorique de la pente glissante (demain les gens se couperont les mains pour pouvoir se mettre des prothèses), en quoi est-ce mal ? Aujourd’hui une prothèse classique se chiffre en dizaines de milliers de dollars. Ce projet ouvert permet d’en fournir une pour quelques centaines de dollars (autrement dit à quasiment toute personne en ayant besoin dans une bonne moitié du monde).

    >bref le corps humain (de moins en moins humain, naturel, fait de tissus organiques instables et donc rapidement obsolètes) comme une marchandise/assemblage de marchandises

    C’est lassant à la longue : le concept du « naturel » n’est qu’un vaste fourre-tout sans aucune signification : est-ce que s’habiller est naturel ? Est-ce que se médicamenter est naturel (si non, quelle est la différence entre un cachet d’aspirine et une infusion d’écorce de peuplier ?) ? Est-ce qu’une prim’Holstein est naturelle ? Est-ce que le blé domestique est naturel ? Et une flèche ? Une lame en silex ?
    L’homme est technologique ou n’est pas. Le débat ne se situe pas à ce niveau. Sans doute plus vers ce vers quoi tu tends à la fin : les abus de l’économie de marché.

    C’est bête de critiquer l’enthousiasme forcené en retombant dans le travers opposé (qui plus est avec ce concept débile du naturel)…

  6. Amic

    Je pense juste que pour enlever la polémique, il faut juste changer le titre en remplaçant « l’impression 3D » par « des gens compétents et de bonne volonté ». Je pense que les pièces qui s’impriment ne coûteraient pas des masses plus cher (à l’unité) si on les faisait en bois ou même moulés, surtout comparé au prix du matériel non-imprimable. Ce qui coûte cher, c’est la conception, et les heures de travail à concevoir. Ce qui est beau dans cette histoire c’est que des gens ont conçu des pièces, et ont mis tout ça en libre partage, et non pas le fait que ça a été imprimé avec tel ou tel machin. Si les gens avaient mis les plans pour n’importe quelle machine de découpe à commande numérique, ça aurait fait la même chose. La comparaison 10000 / 150 ne prend pas vraiment en compte le coût des pièces seules, mais le fait que la boîte qui a conçu celles à 10000 piastres a des coûts et vend cher ses objets pour compenser ces coûts.

  7. galex-713

    @Amic: Oui, il est vrai que c’est grâce à « de la bonne volontée », mais ça on en trouve partout assez facilement (combien de développeurs de logiciels libres prêts à travailler ensemble par plaisir ?). Le fait important ici est que, étant imprimé avec une imprimante 3D, on peut le copier à l’infini : pas besoin de savoir-faire pour en produire un exemplaire, il suffit de le développer une fois, et ensuite on peut le reproduire une infinité de fois.

    C’est surtout une preuve de l’utilité croissante des imprimantes 3D… On fait des prothèses… puis pour l’instant avec de l’inkjet on fait des organes biologiques vivants (http://www.gizmowatch.com/entry/hum…), de la nourriture (http://www.theverge.com/2013/5/21/4…), des batteries (http://www.computerworld.com/s/arti…) et des écrans OLED (http://www.slashgear.com/oled-inkje…)… le jour où l’on fera aussi des semi-conducteurs et des moteurs, où les matériaux de base seront le vivant, le sable et l’air, et du coup où les imprimantes 3D seront répliquables presque à coup null, il est certain que l’humanité fera un bond immense en avant… à coté duquel le premier homme sur la Lune ne serait qu’un tout petit pas.

    C’est de l’h+ libre.

  8. Grouik

    @Ginko
    «Euh, je peut savoir en quoi c’est mal ? »
    Il n’est pas rare de voir des batailles juridique (propriétés intellectuelles ?), des batailles commerciales entre sociétés, et on en passe. Pourquoi diable des entreprises avec chacune leur marché respectifs resteront les bras croisés et ne pas aller gratter la part de l’autre ?
    Doit-on espérer pouvoir copier n’importe quel pièce, que ce soit une arme ou une prothèse sans être inquiété à l’avenir ? Pourquoi la « santé » aurait davantage grâce aux yeux de certains appétits ?
    Alors le « bien », le « mal »… on s’en fout je crois.
    – Je te serre la main ? Crouich… désolé, ta résine est vraiment merdique. C’est ça les pauvres. Gnark !

    «Ce projet ouvert permet d’en fournir une pour quelques centaines de dollars (autrement dit à quasiment toute personne en ayant besoin dans une bonne moitié du monde).»
    Hé oui, il faut les avoir. Pour certains dans le monde, cela reste encore un énorme sacrifice.
    Ce serai gratuit pour le demandeur – au passage, bien vu Amic -, ça ne changerai pas grand chose au reste. Le problème ne s’arrête pas sur l’accessibilité (surtout financière) aux ressources; ce serait trop beau.

    Ha ! Et le sarcasme fut mal interprété… j’avais prévenu que je poussais. Chaires humaines naturelles qui se dégradent (et renouvelle) plus rapidement et facilement dans le temps, face à de « faibles » contraintes thermiques et mécaniques, à opposer à des prothèses artificielles, non d’origine, non produite au cours du processus de croissance, full NBIC ou réassemblage façon créature de Frankenstein. Et toute image du même tonneau.

    «Est-ce que se médicamenter est naturel (si non, quelle est la différence entre un cachet d’aspirine et une infusion d’écorce de peuplier ?) ? »
    Aspirine® (soyons tatillon sur ce coup) – C’est naturel, comme les chats se purgeant en avalant de l’herbe. Je pensais que ce serait plus fin, mais entre se servir directement sur un foutu saule et produire en masse un principe actif par une industrie pharma, oui, j’y vois quand même de sacrées différences. Faut-il un gros schéma ?
    De la même façon : améliorer ses performances avec un entraînement physique/mental « à l’ancienne » ou les améliorer avec l’absorption de molécules dont l’usage est prévu comme tel, une espèce de génothérapie ou bien des prothèses fabriquées dans ce but, est totalement différent.

    Mince, je ne pensais pas que ça allait être pris carrément autrement.

    «L’homme est technologique ou n’est pas.»
    CQFD. 🙂

    Et puis, les abus des économies de marché, c’est leurs raisons de vivre. Sinon je crois que ça s’appelle économies planifiées.

  9. Ysabeau

    Grouik, les prothèses ne guérissent pas, elles pallient un manque. Le reste de votre commentaire me paraît plutôt fumeux. Mais tout cela n’a rien à voir avec l’immortalité, simplement le fait de pouvoir pallier un manque.
    Amic : une prothèse doit être légère, solide, lavable et résister à pas mal d’agressions, surtout s’il s’agit d’une prothèse de la main. Le bois ne peut pas faire l’affaire, tout simplement : trop lourd, pas vraiment lavable. Quant aux pièces moulées, ben justement les moules ça coûte très cher et ce sont des moules, donc un dispositif figé. Le gros intérêt de ce système c’est qu’il permet une grande adaptabilité, notamment pour des jeunes enfants qui doivent changer de prothèse tous les ans (voire plus souvent).

  10. maxime

    Merci les n3rds libristes, c’est tout ce qu’il y a à dire sauf si tu travail pour une grosse entreprise pharmaceutique (mais on ne t’écoute pas, tu seras bientôt un clochard et ça fait plaisir).

  11. Ginko

    @Grouik,

    1e partie : @Grouik,

    1e partie :
    Le modèle 3d est dispo en CC-By, tu veux quoi de plus ?
    Et pour le « mal » (et le bien), on joue sur les mots quand on a pas meilleur argument…

    2e partie :
    >Le problème ne s’arrête pas sur l’accessibilité (surtout financière) aux ressources; ce serait trop beau.
    Ok, éclaire ma lanterne, je ne te suis pas (ou alors c’est que y’a rien derrière ?)

    3e partie :
    >Chaires humaines naturelles qui se dégradent (et renouvelle) plus rapidement et facilement dans le temps, face à de « faibles » contraintes thermiques et mécaniques, à opposer à des prothèses artificielles, non d’origine, non produite au cours du processus de croissance, full NBIC ou réassemblage façon créature de Frankenstein. Et toute image du même tonneau.
    Là ça part complètement en live. Rappel : une phrase c’est sujet + verbe + complément. Là y’a juste un sujet (x2).

    4e partie :
    Ok, j’abandonne la partie. Je te conseille d’éviter les mots fourre-tout pour éviter de penser flou, toi, tu m’en remets une couche. As you wish, continue à manipuler des pseudo-concepts.

    >«L’homme est technologique ou n’est pas.»
    CQFD. 🙂

    Non, tu ne m’as pas compris.

    >Et puis, les abus des économies de marché, c’est leurs raisons de vivre. Sinon je crois que ça s’appelle économies planifiées.

    Vision binaire… à vrai dire, après le reste, je n’attendais pas beaucoup mieux…

  12. Grouik

    @Ginko
    1 – Rien.
    Ha oui, au fait : CQFD, ce qu’il faut détruire. Technologie != technique.
    Bye.

    @Ysabeau
    Oui, c’est bien pour ça que j’ai mis ça entre double quotes, les guillemets auraient été mieux. Plus pour faire réagir sur sa définition « se débarrasser d’un mal », même temporaire.
    Enfin, « pallier un manque »… je ne serai pas non plus surpris que ce « manque » évolue en fonction du temps et de la complexité croissante d’une prothèse toujours aussi accessible. Un manque, comme un besoin, et on frise le publicitaire, ça se crée; le monde se complexifie, le désir d’autonomie et l’individualisme modifient aussi bien la perception de celui qui offre, de celui qui reçoit et de n’importe quelle personne avisée.
    J’avais trouvé cette lecture pour une autre occasion, je l’ai retrouvé mais ça colle bien plus à ce sujet : http://www.paulsoriano.fr/Prothese….

  13. alex

    Le progrès a du bon ! Et c’est une très bonne chose que cet enfant puisse en profiter !

  14. Ginko

    @Grouik,

    BTW, je parle de TVA hollandaise.
    C’est précisément la différence qualitative entre les autres animaux et nous. La différence entre le chimpanzé qui ouvre ses noix avec deux gros cailloux plats (technique sans (ou avec peu de) recul critique) et moi (ou toi, je te l’accorde) qui ouvre mes (les tiennes) noix avec un outil pensé pour ne pas écrabouiller littéralement l’amande (notamment).
    K, thx bye.