Internet et Google vont-ils finir par nous abrutir ?

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Striatic - CC byVoici la traduction d’un article assez passionnant qui a connu un bel impact dans la sphère anglophone au moment de sa mise en ligne cet été. Son titre choc Is Google Making Us Stupid ? est un peu trompeur car il s’agit bien moins de charger l’emblématique Google que de s’interroger sur les transformations profondes induites par internet et les nouvelles technologies, transformations qui peuvent aller jusqu’à modifier nos perceptions, nos modes de pensée, voire même notre cerveau.

Prenons le Framablog par exemple. Il possède, merci pour lui, d’assez bonnes statistiques d’audience globales, mais lorsque l’on se penche sur la moyenne du temps passé par page, c’est la grosse déprime car cela ne dépasse que trop rarement les deux minutes, intervalle qui ne vous permet généralement pas d’y parcourir les articles du début à la fin. En décidant d’en achever la lecture bien avant la conclusion, peut-on affirmer que plus de la moitié des visiteurs ne les trouvent pas intéressants  ? C’est fort probable.

Mais il y a peut-être aussi une autre explication. Les articles de ce blog sont souvent relativement «  longs  » et par la-même nécessitent de trouver un minimum de temps disponible et de concentration. Ils nous demandent de fixer notre attention et d’interrompre notre surf internet en coupant momentanément le contact avec le flot continu d’informations dont nous sommes abreuvés.

Allons plus loin avec l’objet livre (que nous défendons d’ailleurs avec force et modestie sur Framabook). Lit-on moins de livres au fur et à mesure qu’Internet prend de plus en plus de place dans nos vies  ? Et surtout les lit-on avec les mêmes facilités qu’auparavant  ? Et qu’en est-il de la jeune génération  ?[1]

Nicholas Carr, partant du constat qu’il n’a plus la même patience que par le passé vis-à-vis de la lecture «  calme et profonde  », revisite quelques dates marquantes de l’Histoire (le passage de l’oral à l’écrit, l’apparition de l’imprimerie, de la machine à écrire, du taylorisme…) pour nous inviter à une réflexion autour de l’influence des technologies et leurs systèmes sur rien moins que notre manière de penser et de percevoir le monde.

Vous vous sentez vous aussi atteint par le symptôme  ? Ne vous laissez pas abattre  ! Oubliez l’espace d’un instant SMS, MSN, Facebook, Twitter… et sérendipité, en réussissant l’exploit de parcourir ce billet jusqu’à son terme ;-)

Est-ce que Google nous rend idiots  ?

Is Google Making Us Stupid ?

Nicholas Carr – juin 2008 – The Atlantic
(Traduction Framalang  : Penguin, Olivier et Don Rico)

«  Dave, arrête. Arrête, s’il te plaît. Arrête Dave. Vas-tu t’arrêter, Dave  ?  » Ainsi le super-ordinateur HAL suppliait l’implacable astronaute Dave Bowman dans une scène célèbre et singulièrement poignante à la fin du film de Stanley Kubrick 2001, l’odyssée de l’espace. Bowman, qui avait failli être envoyé à la mort, au fin fond de l’espace, par la machine détraquée, est en train de déconnecter calmement et froidement les circuits mémoires qui contrôlent son «  cerveau  » électronique. «  Dave, mon esprit est en train de disparaître  », dit HAL, désespérément. «  Je le sens. Je le sens.  »

Moi aussi, je le sens. Ces dernières années, j’ai eu la désagréable impression que quelqu’un, ou quelque chose, bricolait mon cerveau, en reconnectait les circuits neuronaux, reprogrammait ma mémoire. Mon esprit ne disparaît pas, je n’irai pas jusque là, mais il est en train de changer. Je ne pense plus de la même façon qu’avant. C’est quand je lis que ça devient le plus flagrant. Auparavant, me plonger dans un livre ou dans un long article ne me posait aucun problème. Mon esprit était happé par la narration ou par la construction de l’argumentation, et je passais des heures à me laisser porter par de longs morceaux de prose. Ce n’est plus que rarement le cas. Désormais, ma concentration commence à s’effilocher au bout de deux ou trois pages. Je m’agite, je perds le fil, je cherche autre chose à faire. J’ai l’impression d’être toujours en train de forcer mon cerveau rétif à revenir au texte. La lecture profonde, qui était auparavant naturelle, est devenue une lutte.

Je crois savoir ce qui se passe. Cela fait maintenant plus de dix ans que je passe énormément de temps sur la toile, à faire des recherches, à surfer et même parfois à apporter ma pierre aux immenses bases de données d’Internet. En tant qu’écrivain, j’ai reçu le Web comme une bénédiction. Les recherches, autrefois synonymes de journées entières au milieu des livres et magazines des bibliothèques, s’effectuent désormais en un instant. Quelques recherches sur Google, quelques clics de lien en lien et j’obtiens le fait révélateur ou la citation piquante que j’espérais. Même lorsque je ne travaille pas, il y a de grandes chances que je sois en pleine exploration du dédale rempli d’informations qu’est le Web ou en train de lire ou d’écrire des e-mails, de parcourir les titres de l’actualité et les derniers billets de mes blogs favoris, de regarder des vidéos et d’écouter des podcasts ou simplement de vagabonder d’un lien à un autre, puis à un autre encore. (À la différence des notes de bas de page, auxquelles on les apparente parfois, les liens hypertextes ne se contentent pas de faire référence à d’autres ouvrages  ; ils vous attirent inexorablement vers ces nouveaux contenus.)

Pour moi, comme pour d’autres, le Net est devenu un media universel, le tuyau d’où provient la plupart des informations qui passent par mes yeux et mes oreilles. Les avantages sont nombreux d’avoir un accès immédiat à un magasin d’information d’une telle richesse, et ces avantages ont été largement décrits et applaudis comme il se doit. «  Le souvenir parfait de la mémoire du silicium  », a écrit Clive Thompson de Wired, “peut être une fantastique aubaine pour la réflexion.” Mais cette aubaine a un prix. Comme le théoricien des média Marshall McLuhan le faisait remarquer dans les années 60, les média ne sont pas uniquement un canal passif d’information. Ils fournissent les bases de la réflexion, mais ils modèlent également le processus de la pensée. Et il semble que le Net érode ma capacité de concentration et de réflexion. Mon esprit attend désormais les informations de la façon dont le Net les distribue  : comme un flux de particules s’écoulant rapidement. Auparavant, j’étais un plongeur dans une mer de mots. Désormais, je fends la surface comme un pilote de jet-ski.

Je ne suis pas le seul. Lorsque j’évoque mes problèmes de lecture avec des amis et des connaissances, amateurs de littérature pour la plupart, ils me disent vivre la même expérience. Plus ils utilisent le Web, plus ils doivent se battre pour rester concentrés sur de longues pages d’écriture. Certains des bloggeurs que je lis ont également commencé à mentionner ce phénomène. Scott Karp, qui tient un blog sur les média en ligne, a récemment confessé qu’il avait complètement arrêté de lire des livres. «  J’étais spécialisé en littérature à l’université et je passais mon temps à lire des livres  », écrit-il. «  Que s’est-il passé  ?  » Il essaie de deviner la réponse  : «  Peut-être que je ne lis plus que sur Internet, non pas parce que ma façon de lire a changé (c’est à dire parce que je rechercherais la facilité), mais plutôt parce que ma façon de PENSER a changé  ?  »

Bruce Friedman, qui bloggue régulièrement sur l’utilisation des ordinateurs en médecine, décrit également la façon dont Internet a transformé ses habitudes intellectuelles. «  J’ai désormais perdu presque totalement la capacité de lire et d’absorber un long article, qu’il soit sur le Web ou imprimé  », écrivait-il plus tôt cette année. Friedman, un pathologiste qui a longtemps été professeur l’école à de médecine du Michigan, a développé son commentaire lors d’une conversation téléphonique avec moi. Ses pensées, dit-il, ont acquis un style «  staccato  », à l’image de la façon dont il scanne rapidement de petits passages de texte provenant de multiples sources en ligne. «  Je ne peux plus lire Guerre et Paix  », admet-il. «  J’ai perdu la capacité de le faire. Même un billet de blog de plus de trois ou quatre paragraphes est trop long pour que je l’absorbe. Je l’effleure à peine.  »

Les anecdotes par elles-mêmes ne prouvent pas grand chose. Et nous attendons encore des expériences neurologiques et psychologiques sur le long terme, qui nous fourniraient une image définitive sur la façon dont Internet affecte nos capacités cognitives. Mais une étude publiée récemment sur les habitudes de recherches en ligne, conduite par des spécialistes de l’université de Londres, suggère que nous assistons peut-être à de profonds changements de notre façon de lire et de penser. Dans le cadre de ce programme de recherche de cinq ans, ils ont examiné des traces informatiques renseignant sur le comportement des visiteurs de deux sites populaires de recherche, l’un exploité par la bibliothèque britannique et l’autre par un consortium éducatif anglais, qui fournissent un accès à des articles de journaux, des livres électroniques et d’autres sources d’informations écrites. Ils ont découvert que les personnes utilisant ces sites présentaient «  une forme d’activité d’écrémage  », sautant d’une source à une autre et revenant rarement à une source qu’ils avaient déjà visitée. En règle générale, ils ne lisent pas plus d’une ou deux pages d’un article ou d’un livre avant de «  bondir  » vers un autre site. Parfois, ils sauvegardent un article long, mais il n’y a aucune preuve qu’ils y reviendront jamais et le liront réellement. Les auteurs de l’étude rapportent ceci  :

Il est évident que les utilisateurs ne lisent pas en ligne dans le sens traditionnel. En effet, des signes montrent que de nouvelles formes de «  lecture  » apparaissent lorsque les utilisateurs «  super-naviguent  » horizontalement de par les titres, les contenus des pages et les résumés pour parvenir à des résultats rapides. Il semblerait presque qu’ils vont en ligne pour éviter de lire de manière traditionnelle.

Grâce à l’omniprésence du texte sur Internet, sans même parler de la popularité des textos sur les téléphones portables, nous lisons peut-être davantage aujourd’hui que dans les années 70 ou 80, lorsque la télévision était le média de choix. Mais il s’agit d’une façon différente de lire, qui cache une façon différente de penser, peut-être même un nouveau sens de l’identité. «  Nous ne sommes pas seulement ce que nous lisons  », dit Maryanne Wolf, psychologue du développement à l’université Tufts et l’auteur de «  Proust et le Calamar  : l’histoire et la science du cerveau qui lit.  ». «  Nous sommes définis par notre façon de lire.  » Wolf s’inquiète que le style de lecture promu par le Net, un style qui place «  l’efficacité  » et «  l’immédiateté  » au-dessus de tout, puisse fragiliser notre capacité pour le style de lecture profonde qui a émergé avec une technologie plus ancienne, l’imprimerie, qui a permis de rendre banals les ouvrages longs et complexes. Lorsque nous lisons en ligne, dit-elle, nous avons tendance à devenir de «  simples décodeurs de l’information  ». Notre capacité à interpréter le texte, à réaliser les riches connexions mentales qui se produisent lorsque nous lisons profondément et sans distraction, reste largement inutilisée.

La lecture, explique Wolf, n’est pas une capacité instinctive de l’être humain. Elle n’est pas inscrite dans nos gènes de la même façon que le langage. Nous devons apprendre à nos esprits comment traduire les caractères symboliques que nous voyons dans un langage que nous comprenons. Et le médium ou toute autre technologie que nous utilisons pour apprendre et exercer la lecture joue un rôle important dans la façon dont les circuits neuronaux sont modelés dans nos cerveaux. Les expériences montrent que les lecteurs d’idéogrammes, comme les chinois, développent un circuit mental pour lire très différent des circuits trouvés parmi ceux qui utilisent un langage écrit employant un alphabet. Les variations s’étendent à travers de nombreuses régions du cerveau, incluant celles qui gouvernent des fonctions cognitives essentielles comme la mémoire et l’interprétation des stimuli visuels et auditifs. De la même façon, nous pouvons nous attendre à ce que les circuits tissés par notre utilisation du Net seront différents de ceux tissés par notre lecture des livres et d’autres ouvrages imprimés.

En 1882, Friedrich Nietzsche acheta une machine à écrire, une «  Malling-Hansen Writing Ball  » pour être précis. Sa vue était en train de baisser, et rester concentré longtemps sur une page était devenu exténuant et douloureux, source de maux de têtes fréquents et douloureux. Il fut forcé de moins écrire, et il eut peur de bientôt devoir abandonner. La machine à écrire l’a sauvé, au moins pour un temps. Une fois qu’il eut maîtrisé la frappe, il fut capable d’écrire les yeux fermés, utilisant uniquement le bout de ses doigts. Les mots pouvaient de nouveau couler de son esprit à la page.

Mais la machine eut un effet plus subtil sur son travail. Un des amis de Nietzsche, un compositeur, remarqua un changement dans son style d’écriture. Sa prose, déjà laconique, devint encore plus concise, plus télégraphique. «  Peut-être que, grâce à ce nouvel instrument, tu vas même obtenir un nouveau langage  », lui écrivit cet ami dans une lettre, notant que dans son propre travail ses «  pensées sur la musique et le langage dépendaient souvent de la qualité de son stylo et du papier  ».

«  Tu as raison  », répondit Nietzsche , «  nos outils d’écriture participent à l’éclosion de nos pensées  ». Sous l’emprise de la machine, écrit le spécialiste allemand des médias Friedrich A. Kittler, la prose de Nietzsche «  est passée des arguments aux aphorismes, des pensées aux jeux de mots, de la rhétorique au style télégraphique  ».

Le cerveau est malléable presque à l’infini. On a longtemps cru que notre réseau mental, les connexions denses qui se forment parmi nos cent milliards et quelques de neurones, sont largement établis au moment où nous atteignons l’âge adulte. Mais des chercheurs du cerveau ont découvert que ce n’était pas le cas. James Olds, professeur de neurosciences qui dirige l’institut Krasnow pour l’étude avancée à l’université George Mason, dit que même l’esprit adulte «  est très plastique  ». Les cellules nerveuses rompent régulièrement leurs anciennes connexions et en créent de nouvelles. «  Le cerveau  », selon Olds, «  a la capacité de se reprogrammer lui-même à la volée, modifiant la façon dont il fonctionne.  »

Lorsque nous utilisons ce que le sociologue Daniel Bell appelle nos «  technologies intellectuelles  », les outils qui étendent nos capacités mentales plutôt que physiques, nous empruntons inéluctablement les qualités de ces technologies. L’horloge mécanique, qui est devenu d’utilisation fréquente au 14ème siècle, fournit un exemple frappant. Dans «  Technique et Civilisation  », l’historien et critique culturel Lewis Mumford décrit comment l’horloge «  a dissocié le temps des événements humains et a contribué à créer la croyance en un monde indépendant constitué de séquences mathématiquement mesurables  ». La «  structure abstraite du découpage du temps  » est devenue «  le point de référence à la fois pour l’action et les pensées  ».

Le tic-tac systématique de l’horloge a contribué à créer l’esprit scientifique et l’homme scientifique. Mais il nous a également retiré quelque chose. Comme feu l’informaticien du MIT Joseph Weizenbaum l’a observé dans son livre de 1976, «  Le pouvoir de l’ordinateur et la raison humaine  : du jugement au calcul  », la conception du monde qui a émergé de l’utilisation massive d’instruments de chronométrage «  reste une version appauvrie de l’ancien monde, car il repose sur le rejet de ces expériences directes qui formaient la base de l’ancienne réalité, et la constituaient de fait.  ». En décidant du moment auquel il faut manger, travailler, dormir et se lever, nous avons arrêté d’écouter nos sens et commencé à nous soumettre aux ordres de l’horloge.

Le processus d’adaptation aux nouvelles technologies intellectuelles est reflété dans les métaphores changeantes que nous utilisons pour nous expliquer à nous-mêmes. Quand l’horloge mécanique est arrivée, les gens ont commencé à penser que leur cerveau opérait «  comme une horloge  ». Aujourd’hui, à l’ère du logiciel, nous pensons qu’il fonctionne «  comme un ordinateur  ». Mais les changements, selon la neuroscience, dépassent la simple métaphore. Grâce à la plasticité de notre cerveau, l’adaptation se produit également au niveau biologique.

Internet promet d’avoir des effets particulièrement profonds sur la cognition. Dans un article publié en 1936, le mathématicien anglais Alan Turing a prouvé que l’ordinateur numérique, qui à l’époque n’existait que sous la forme d’une machine théorique, pouvait être programmé pour réaliser les fonctions de n’importe quel autre appareil traitant l’information. Et c’est ce à quoi nous assistons de nos jours. Internet, un système informatique d’une puissance inouïe, inclut la plupart de nos autres technologies intellectuelles. Il devient notre plan et notre horloge, notre imprimerie et notre machine à écrire, notre calculatrice et notre téléphone, notre radio et notre télévision.

Quand le Net absorbe un médium, ce médium est recréé à l’image du Net. Il injecte dans le contenu du médium des liens hypertextes, des pubs clignotantes et autres bidules numériques, et il entoure ce contenu avec le contenu de tous les autres média qu’il a absorbés. Un nouveau message e-mail, par exemple, peut annoncer son arrivée pendant que nous jetons un coup d’œil aux derniers titres sur le site d’un journal. Résultat  : notre attention est dispersée et notre concentration devient diffuse.

L’influence du Net ne se limite pas aux bords de l’écran de l’ordinateur non plus. En même temps que l’esprit des gens devient sensible au patchwork disparate du médium Internet, les média traditionnels ont dû s’adapter aux nouvelles attentes de leur public. Les programmes de télévision ajoutent des textes défilants et des pubs qui surgissent, tandis que les magazines et les journaux réduisent la taille de leurs articles, ajoutent des résumés, et parsèment leurs pages de fragments d’information faciles à parcourir. Lorsque, au mois de mars de cette année, le New York Times a décidé de consacrer la deuxième et la troisième page de toutes ses éditions à des résumés d’articles, son directeur artistique, Tom Badkin, explique que les “raccourcis” donneront aux lecteurs pressés un «  avant-goût  » des nouvelles du jour, leur évitant la méthode «  moins efficace  » de tourner réellement les pages et de lire les articles. Les anciens média n’ont pas d’autre choix que de jouer suivant les règles du nouveau médium.

Jamais système de communication n’a joué autant de rôles différents dans nos vies, ou exercé une si grande influence sur nos pensées, que ne le fait Internet de nos jours. Pourtant, malgré tout ce qui a été écrit à propos du Net, on a très peu abordé la façon dont, exactement, il nous reprogramme. L’éthique intellectuelle du Net reste obscure.

À peu près au moment où Nietzsche commençait à utiliser sa machine à écrire, un jeune homme sérieux du nom de Frederick Winslow Taylor apporta un chronomètre dans l’aciérie Midvale de Philadelphie et entama une série d’expériences historique dont le but était d’améliorer l’efficacité des machinistes de l’usine. Avec l’accord des propriétaires de Midvale, il embaucha un groupe d’ouvriers, les fit travailler sur différentes machines de métallurgie, enregistra et chronométra chacun de leurs mouvements ainsi que les opérations des machines. En découpant chaque travail en une séquence de petites étapes unitaires et en testant les différentes façons de réaliser chacune d’entre elles, Taylor créa un ensemble d’instructions précises, un «  algorithme  », pourrions dire de nos jours, décrivant comment chaque ouvrier devait travailler. Les employés de Midvale se plaignirent de ce nouveau régime strict, affirmant que cela faisait d’eux quelque chose d’à peine mieux que des automates, mais la productivité de l’usine monta en flèche.

Plus de cent ans après l’invention de la machine à vapeur, la révolution industrielle avait finalement trouvé sa philosophie et son philosophe. La chorégraphie industrielle stricte de Taylor, son «  système  » comme il aimait l’appeler, fut adoptée par les fabricants dans tout le pays et, avec le temps, dans le monde entier. À la recherche de la vitesse, de l’efficacité et de la rentabilité maximales, les propriétaires d’usine utilisèrent les études sur le temps et le mouvement pour organiser leur production et configurer le travail de leurs ouvriers. Le but, comme Taylor le définissait dans son célèbre traité de 1911, «  La direction des ateliers  » (le titre original «  The principles of scientific management  » pourrait être traduit en français par «  Les principes de l’organisation scientifique  »), était d’identifier et d’adopter, pour chaque poste, la «  meilleure méthode  » de travail et ainsi réaliser «  la substitution graduelle de la science à la méthode empirique dans les arts mécaniques  ». Une fois que le système serait appliqué à tous les actes du travail manuel, garantissait Taylor à ses émules, cela amènerait un remodelage, non seulement de l’industrie, mais également de la société, créant une efficacité parfaite utopique. «  Dans le passé, l’homme était la priorité  », déclare-t-il, «  dans le futur, la priorité, ce sera le système  ».

Le système de Taylor, le taylorisme, est encore bien vivant  ; il demeure l’éthique de la production industrielle. Et désormais, grâce au pouvoir grandissant que les ingénieurs informaticiens et les programmeurs de logiciel exercent sur nos vies intellectuelles, l’éthique de Taylor commence également à gouverner le royaume de l’esprit. Internet est une machine conçue pour la collecte automatique et efficace, la transmission et la manipulation des informations, et des légions de programmeurs veulent trouver «  LA meilleure méthode  », l’algorithme parfait, pour exécuter chaque geste mental de ce que nous pourrions décrire comme «  le travail de la connaissance  ».

Le siège de Google, à Mountain View, en Californie, le Googleplex, est la Haute Église d’Internet, et la religion pratiquée en ses murs est le taylorisme. Google, selon son directeur-général Eric Schmidt, est «  une entreprise fondée autour de la science de la mesure  » et il s’efforce de «  tout systématiser  » dans son fonctionnement. En s’appuyant sur les téra-octets de données comportementales qu’il collecte à travers son moteur de recherche et ses autres sites, il réalise des milliers d’expériences chaque jour, selon le Harvard Business Review, et il utilise les résultats pour peaufiner les algorithmes qui contrôlent de plus en plus la façon dont les gens trouvent l’information et en extraient le sens. Ce que Taylor a fait pour le travail manuel, Google le fait pour le travail de l’esprit.

Google a déclaré que sa mission était «  d’organiser les informations du monde et de les rendre universellement accessibles et utiles  ». Cette société essaie de développer «  le moteur de recherche parfait  », qu’elle définit comme un outil qui “comprendrait exactement ce que vous voulez dire et vous donnerait en retour exactement ce que vous désirez”. Selon la vision de Google, l’information est un produit comme un autre, une ressource utilitaire qui peut être exploitée et traitée avec une efficacité industrielle. Plus le nombre de morceaux d’information auxquels nous pouvons «  accéder  » est important, plus rapidement nous pouvons en extraire l’essence, et plus nous sommes productifs en tant que penseurs.

Où cela s’arrêtera-t-il  ? Sergey Brin et Larry Page, les brillants jeunes gens qui ont fondé Google pendant leur doctorat en informatique à Stanford, parlent fréquemment de leur désir de transformer leur moteur de recherche en une intelligence artificielle, une machine comme HAL, qui pourrait être connectée directement à nos cerveaux. «  Le moteur de recherche ultime est quelque chose d’aussi intelligent que les êtres humains, voire davantage  », a déclaré Page lors d’une conférence il y a quelques années. «  Pour nous, travailler sur les recherches est un moyen de travailler sur l’intelligence artificielle.  » Dans un entretien de 2004 pour Newsweek, Brin affirmait  : «  Il est certain que si vous aviez toutes les informations du monde directement fixées à votre cerveau ou une intelligence artificielle qui serait plus intelligente que votre cerveau, vous vous en porteriez mieux.  » L’année dernière, Page a dit lors d’une convention de scientifiques que Google «  essayait vraiment de construire une intelligence artificielle et de le faire à grande échelle.  »

Une telle ambition est naturelle, et même admirable, pour deux mathématiciens prodiges disposant d’immenses moyens financiers et d’une petite armée d’informaticiens sous leurs ordres. Google est une entreprise fondamentalement scientifique, motivée par le désir d’utiliser la technologie, comme l’exprime Eric Schmidt, «  pour résoudre les problèmes qui n’ont jamais été résolus auparavant  », et le frein principal à la réussite d’une telle entreprise reste l’intelligence artificielle. Pourquoi Brin et Page ne voudraient-ils pas être ceux qui vont parvenir à surmonter cette difficulté  ?

Pourtant, leur hypothèse simpliste voulant que nous nous «  porterions mieux  » si nos cerveaux étaient assistés ou même remplacés par une intelligence artificielle, est inquiétante. Cela suggère que d’après eux l’intelligence résulte d’un processus mécanique, d’une suite d’étapes discrètes qui peuvent être isolés, mesurés et optimisés. Dans le monde de Google, le monde dans lequel nous entrons lorsque nous allons en ligne, il y a peu de place pour le flou de la réflexion. L’ambiguïté n’est pas un préliminaire à la réflexion mais un bogue à corriger. Le cerveau humain n’est qu’un ordinateur dépassé qui a besoin d’un processeur plus rapide et d’un plus gros disque dur.

L’idée que nos esprits doivent fonctionner comme des machines traitant des données à haute vitesse n’est pas seulement inscrite dans les rouages d’Internet, c’est également le business-model qui domine le réseau. Plus vous surfez rapidement sur le Web, plus vous cliquez sur des liens et visitez de pages, plus Google et les autres compagnies ont d’occasions de recueillir des informations sur vous et de vous nourrir avec de la publicité. La plupart des propriétaires de sites commerciaux ont un enjeu financier à collecter les miettes de données que nous laissons derrière nous lorsque nous voletons de lien en lien  : plus y a de miettes, mieux c’est. Une lecture tranquille ou une réflexion lente et concentrée sont bien les dernières choses que ces compagnies désirent. C’est dans leur intérêt commercial de nous distraire.

Peut-être ne suis-je qu’un angoissé. Tout comme il y a une tendance à glorifier le progrès technologique, il existe la tendance inverse, celle de craindre le pire avec tout nouvel outil ou toute nouvelle machine. Dans le Phèdre de Platon, Socrate déplore le développement de l’écriture. Il avait peur que, comme les gens se reposaient de plus en plus sur les mots écrits comme un substitut à la connaissance qu’ils transportaient d’habitude dans leur tête, ils allaient, selon un des intervenants d’un dialogue, «  arrêter de faire travailler leur mémoire et devenir oublieux.  » Et puisqu’ils seraient capables de «  recevoir une grande quantité d’informations sans instruction appropriée  », ils risquaient de «  croire posséder une grande connaissance, alors qu’ils seraient en fait largement ignorants  ». Ils seraient «  remplis de l’orgueil de la sagesse au lieu de la sagesse réelle  ». Socrate n’avait pas tort, les nouvelles technologies ont souvent les effets qu’il redoutait, mais il manquait de vision à long terme. Il ne pouvait pas prévoir les nombreux moyens que l’écriture et la lecture allaient fournir pour diffuser l’information, impulsant des idées fraîches et élargissant la connaissance humaine (voire la sagesse).

L’arrivée de l’imprimerie de Gutenberg, au XVème siècle, déclencha une autre série de grincements de dents. L’humaniste italien Hieronimo Squarciafico s’inquiétait que la facilité à obtenir des livres conduise à la paresse intellectuelle, rende les hommes «  moins studieux  » et affaiblisse leur esprit. D’autres avançaient que des livres et journaux imprimés à moindre coût allaient saper l’autorité religieuse, rabaisser le travail des érudits et des scribes, et propager la sédition et la débauche. Comme le professeur de l’université de New York, Clay Shirky, le remarque, «  la plupart des arguments contre l’imprimerie était corrects et même visionnaires.  » Mais, encore une fois, les prophètes de l’apocalypse ne pouvaient imaginer la myriade de bienfaits que le texte imprimé allait amener.

Alors certes, vous pouvez vous montrer sceptique vis-à-vis de mon scepticisme. Ceux qui considèrent les détracteurs d’Internet comme des béotiens technophobes ou passéistes auront peut-être raison, et peut-être que de nos esprits hyperactifs, gavés de données surgira un âge d’or de la découverte intellectuelle et de la sagesse universelle. Là encore, le Net n’est pas l’alphabet, et même s’il remplacera peut-être l’imprimerie, il produira quelque chose de complètement différent. Le type de lecture profonde qu’une suite de pages imprimées stimule est précieux, non seulement pour la connaissance que nous obtenons des mots de l’auteur, mais aussi pour les vibrations intellectuelles que ces mots déclenchent dans nos esprits. Dans les espaces de calme ouverts par la lecture soutenue et sans distraction d’un livre, ou d’ailleurs par n’importe quel autre acte de contemplation, nous faisons nos propres associations, construisons nos propres inférences et analogies, nourrissons nos propres idées. La lecture profonde, comme le défend Maryanne Wolf, est indissociable de la pensée profonde.

Si nous perdons ces endroits calmes ou si nous les remplissons avec du «  contenu  », nous allons sacrifier quelque chose d’important non seulement pour nous même, mais également pour notre culture. Dans un essai récent, l’auteur dramatique Richard Foreman décrit de façon éloquente ce qui est en jeu  :

Je suis issu d’une tradition culturelle occidentale, pour laquelle l’idéal (mon idéal) était la structure complexe, dense et «  bâtie telle une cathédrale  » de la personnalité hautement éduquée et logique, un homme ou une femme qui transporte en soi-même une version unique et construite personnellement de l’héritage tout entier de l’occident. Mais maintenant je vois en nous tous (y compris en moi-même) le remplacement de cette densité interne complexe par une nouvelle sorte d’auto-évolution sous la pression de la surcharge d’information et la technologie de «  l’instantanément disponible  ».

À mesure que nous nous vidons de notre «  répertoire interne issu de notre héritage dense  », conclut Foreman, nous risquons de nous transformer en «  crêpe humaine  », étalée comme un pâte large et fine à mesure que nous nous connectons à ce vaste réseau d’information accessible en pressant simplement sur une touche.”

Cette scène de 2001  : l’odyssée de l’espace me hante. Ce qui la rend si poignante, et si bizarre, c’est la réponse pleine d’émotion de l’ordinateur lors du démontage de son esprit  : son désespoir à mesure que ses circuits s’éteignent les uns après les autres, sa supplication enfantine face à l’astronaute, “Je le sens, je le sens. J’ai peur.”, ainsi que sa transformation et son retour final à ce que nous pourrions appeler un état d’innocence. L’épanchement des sentiments de HAL contraste avec l’absence d’émotion qui caractérise les personnages humains dans le film, lesquels s’occupent de leur boulot avec une efficacité robotique. Leurs pensées et leurs actions semblent scénarisées, comme s’ils suivaient les étapes d’un algorithme. Dans le monde de 2001, les hommes sont devenus si semblables aux machines que le personnage le plus humain se trouve être une machine. C’est l’essence de la sombre prophétie de Kubrick  : à mesure que nous nous servons des ordinateurs comme intermédiaires de notre compréhension du monde, c’est notre propre intelligence qui devient semblable à l’intelligence artificielle.

Notes

[1] Crédit photo  : Striatic (Creative Commons By)

149 Responses

  1. Don Rico

    J’ai trouvé cet article génial, et ai été ravi de le trouver en traduction chez nous. Je me suis tout à fait reconnu dans le constat de N. Carr. Moi qui suis comme lui un "littéraire", je lis de moins en moins de façon "traditionnelle" et ai du mal à rester concentré longtemps sur un même texte (emmerdant pour un traducteur, quand même). Je ne fais souvent que survoler les articles, et ressens vite le besoin de passer à autre chose.
    Cela dit, c’est déjà ce que font depuis toujours les lecteurs de presse quotidienne, non ? Personne ne lit à fond tous les articles du Monde, seulement un ou deux.

  2. Elessar

    Ça, c’est un article long, qui demande une attention soutenue. 🙂

    En ce qui me concerne, j’ai du mal à rester longtemps sur un texte affiché à l’écran. Dès que c’est sur papier, ça va mieux. Je ne pense pas être le seul, et c’est probablement pour cela qu’on imprime tant.

  3. Yesnet

    Merci pour cet article très intéressant. Et effectivement, je me surprends à l’avoir lu entièrement, pour une fois 😉

    – Je fais un parallèle avec une étude parue récemment, qui montre que "Internet stimule le cerveau" : http://cli.gs/7nSzrW

    – Et plus précisément, cette étude montre que les rechercheurs sur Google "deviennent plus intelligents" : http://cli.gs/1LqHtW

    Ce qui est certain, c’est que si Google ferme… je reviendrai de force à une vie plus physique car certains de ses outils et dérivés me sont devenus indispensables.

    (Au passage, je remercie les auteurs de framablog et framasoft pour leur travail d’investigation)

  4. Kelson

    Je me pose une question : Comment s’effectue la mesure de la durée de visite d’une page de Framasoft ?

    Je fais une supposition. A part avoir un script JS qui régulièrement informe le serveur (ce qui est possible, mais un peu bourrin) ; la seule solution qui me semble viable et de faire le delta du premier chargement et du dernier chargement de page. Dans ce dernier cas de figure, un utilisateur lambda lit un article (depuis son agrégateur par exemple) et c’est finit ; et malgré une lecture de 15 mn, les stats. n’indiqueront que 0 ou 1 minute.

    Est-ce la cas ? Comment est déterminée concrètement cette valeur de durée de visite ?

  5. OSteEL

    Il y a un paradoxe dans ce que tu dis, VV666, étant donné qu’Internet permet et a vu débuter la numérisation massive d’ouvrages anciens et plus récents…

    Sinon, j’ai lu que l’introduction, je lirai le reste ce midi 😀

    Je dirais juste que, a contrario, habitué à la lecture sur le web depuis 2 ans, et ayant délaissé le livre dans son format classique (il n’y a pas de corrélation), j’y suis revenu de façon naturelle, comme si une sorte de manque était apparu avec l’exclusivité de la lecture online… alors qu’auparavant les ouvrages papier ne me manquaient absolument pas.

  6. Samuel

    Je ne suis pas certain que la lecture "en profondeur" soit contradictoire avec cet effet "papillonage" superficiel de l’information du à internet. Je pense que si l’on saute rapidement d’une information à l’autre sans approfondir, c’est parceque l’offre d’information a été multipliée avec internet, on devient donc plus exigeant. Mais après avoir fait le tour de l’offre proposée, on fait sa selection et on plonge sérieusement dans un article en profondeur. C’est en tout cas comme çà que je consulte les journaux sur internet par exemple. Je fonctionne également comme çà dans les bibliothèques (avec des livres en papier !!!), je fais le tour des rayons en feuilletant avant de choisir le bouquin que je vais emprunter.

  7. citronbleu-v

    Très intéressant, ça doit être l’un des premiers textes aussi long que je lis sur Internet :). C’est étrange car j’ai du lire seulement 4 livres dans ma petite vie et donc, je me situe comme étant une personne qui a sauté l’étape de la lecture de livres avant de passer sur l’Internet.
    De ce fait je trouve le net totalement adapté à mes besoins et ma façons de penser.
    Je pense que la manque de textes longs voire de livres sur la toile vient du fait qu’il y a eu un retard d’intégration des idées et des valeurs littéraires lors du développement d’Internet et de ses supports (je pense aux écrans inadaptés aux lectures longues).
    Je vois plus Internet comme un monde virtuel qui nous amène vers ce que l’on veut " rapidement " > dans l’avenir si l’on voudra lire un livre on y accèdera simplement et on le lira sur un support adapté à la lecture (ex : pcbook). En d’autre terme ce n’est ni plus ni moins qu’un outil permettant de gagner du temps et toujours plus du temps. Et je ne pense pas que ça réduira le nombre de personnes passionnés par la lecture et prenant le temps de les lires en entier.
    Est ce que tous les gens prenaient leurs temps pour lire les journaux quand il n’y avait pas le net ?

  8. Nico

    Hihihi, article amusant, c’est vrai qu’Internet a changé notre rapport à l’information et à la lecture.
    (ah, si j’avais eu ça pour faire mes exposés à l’époque de la primaire)

    Ceci dit, je ne partagerai pas cette vision aussi "pessimiste"… j’ai toujours autant de plaisir à lire un bon bouquin, ou un bon article sur le net… tout est question de mesure : consulter 36 000 blogs réputés intéressants m’est impossible (pas le temps, ni l’envie), alors je sélectionne.

    Si la qualité est là, la lecture suivra, quelque soit la longueur de la page.

  9. hgoye

    Merci beaucoup pour la traduction de cet excellent article. Là Aka je crois que tu en as coincé plus d’un, nous nous sommes sentis obligés de lire ce long article jusqu’au bout 😉
    Sans regret.

  10. Hervé

    Je dois avouer que le début de l’article m’a en partie conditionné… et m’a convaincu (voire obligé ?) de le lire jusqu’au bout, parce que je me serais senti coupable de ne pas le faire ! Quand l’auteur explique que l’on peut savoir à quelle vitesse nous passons sur une page, que l’on peut nous "surveiller" et nous "pister", je ressens l’étrange culpabilité (et aussi une blessure d’orgueil) de celui qui aurait l’air de ne plus faire l’effort de lire, de comprendre, de prendre son temps. Bref, j’ai eu peur de passer à côté de quelque chose d’important, d’être dans une posture de consommateur que je dénonce en permanence chez mes étudiants (et mes contemporains en général, intello prétentieux que je suis malgré mes propos démocratiques et anti-élitistes).
    Mais n’est-ce pas finalement le ressort de toute publicité, de toutes les tentations, de toutes les "accroches" que nous vivons ou subissons chaque jour ?
    Même dans un texte ?
    Je reste circonspect sur l’impact des premiers mots sur mon esprit…
    Dénoncer cette attitude de "lépidoptère" est déjà en soi une manière de traitement !
    Expliquer que nous sommes aussi ce que nous lisons en est une autre forme de traitement (promis, je ne regarderai plus du tout les pubs que j’ignorais déjà !)
    Et dire que l’on peut servir les intérêts des marchands en surfant vivement est une dernière…
    Merci pour l’excellente traduction !

  11. Benoît

    Excellent article.

    Concernant la machine a écrire de Nietzsche, j’ai une toute autre hypothèse : le changement d’écriture vient simplement du fait qu’il ne peut pas se lire. Notre mémoire est assez courte, et construire un raisonnement complexe et long de mémoire est difficile. Il aurait les mêmes difficultés à l’oral (ce qu’il dit est oublié au fur et a mesure), donc je pense que ça n’a rien à voir avec la machine. Juste le manque de retour de ce qu’il a écrit.

  12. Aldoo

    Intéressant, mais cette histoire avec le taylorisme me paraît plus que bancale…
    J’ai l’impression que ce qui choque l’auteur est plus la pensée scientifique que le reste… ah et ce réflexe anti-réductionniste malheureusement si commun chez la clique littéraire.
    L’accès immédiat à l’information c’est pour moi plus une ouverture au papillonnage sans contrainte que l’enfermement dans le carcan chronométré du taylorisme. Le seul point commun, c’est l’approche scientifique, celle qui fait peur à cette clique, mais je me répète.

    Après, que notre façon de penser change avec notre environnement et que cela provoque quelques inquiétudes, rien de plus naturel. Nicholas Carr l’a bien résumé sur la fin par les parallèles avec les autres révolutions techniques.

  13. bertrand

    Juste une remarque avant de finir l’article 🙂

    Moi quand l’article est long, je l’imprime et le lis tranquilement pendant ma transhumance bi-quotidienne.
    Je trouve en effet que la lecture sur écran n’est pas des plus confortable et je préfère nettement la lecture papier. Cela me permet de plus de mieux organiser mon temps. Donc le temps passé par page n’est pas forcément un indicateur pertinent.

  14. Lecteur

    Je ne l’ai pas lu en entier.

    J’ai parcouru quelques paragraphes pour voir si quelquechose allait m’accrocher mais, même si c’est très bien écris (ou traduit), je trouve que le sujet ne vaut pas tant de lignes, 5% d’interet pour 95% de blabla peut etre. Il pourrait certainement etre résumé en 2 ou 3 paragraphes.

    C’est justement là l’avantage de l’écriture sur un support comme internet. C »est qu’on peut parcourir de longs textes en cherchant des phrases, en survolant des mots afin de trouver quelque chose d’interessant, en surfant, comme ou feuillette les magazines jusqu’à trouver l’article passionant.

    Si au lieu de ça on avait des articles video avec un type qui nous blablatterais son article on serait obligé de l’écouter du début à la fin.
    Meme un animateur qui aura raconté quelque chose de passionant ne peut pas toujours raconter des choses passionantes. Donc on fini par s’endormir un jour ou l’autre et ne l’ecouter qu’à moitier sans toujours bien comprendre ce qu’il raconte.

    La lecture permet l’avance rapide et le retour en arriere en quelques mouvements d’yeux. Si un morceau de texte m’interesse mais que je n’ai pas bien compris, je relis TOUT depuis le debut avec une grande motivation.

    J’ajoute qu’il une autre relation avec celui qui diffuse un article video qui est sans doute proche de celle des lecteurs de blogs, soit, des fidèles lecteurs qui auront lu des articles entiers et qui reviendront voir si il y en a d’autres aussi bons.

    Mais la video, les images animées avec musique et tout ce qui s’en suit nous amènent plus plus facilement vers l’évasion et le rêve, il faut donc beaucoup de concentration pour ne pas penser à autre chose.
    Celà m’arrive meme en lisant, le texte devient flou, je continu à lire un ou deux paragraphes quand soudain : "zut, je lisais sans lire !" alors je reviens en arrière d’un coup d’oeil.

    Merci de m’avoir lu si vous m’avez lu (:D)

  15. Karl Lopez 36

    Yes, j’y suis arrivé 🙂

    Ca m’a fait penser à un autre blog lu récemment :

    Courber le temps
    http://www.voir.ca/blogs/nicolas_di

    Extrait 1 : "Le lendemain matin, je rencontrais une classe de français. Des étudiants de premier cycle universitaire, pas trop portés sur la littérature.

    J’aime bien ces étudiants que les écrivains n’impressionnent pas. Ils sont sans merci. Ils posent les questions les plus périlleuses, sans aucun ménagement. Des questions souvent trop compliquées, inattendues, voire taboues. Pourquoi (par exemple) est-ce que je n’écris pas en anglais ? Pourquoi je ne suis pas traduit en chinois ? Pourquoi est-ce que je ne travaille pas pour le cinéma ?

    Ce matin-là, donc, une fille planquée dans le fond de la classe m’a balancé une question en forme de grenade: "Ça sert à quoi de lire des livres?"

    Misère. Je n’avais même pas fini mon premier café."

    Extrait 2 : "De nos jours (me suis-je mis à réfléchir tout haut, en tétant mon café tiède), la plupart des objets culturels sont intégrés dans une approche multitâche. Autrement dit, on peut écouter de la musique en lavant la vaisselle, visionner un film en bavardant avec son voisin ou lire huit sites Web en simultanée.

    Le livre, en revanche, demeure l’un des seuls objets culturels qui exigent de tout arrêter. Pour exister, il nécessite une attention exclusive. Impossible de lire un bouquin en pensant à autre chose.

    Dans un monde multitâche, consacrer tout son temps à une seule activité revient à perdre son temps – ce qui explique sans doute en partie pourquoi on lit moins de livres qu’auparavant. L’intérêt du livre se trouve pourtant là: il exige certes plus d’effort, mais il dilate les heures.

    Le livre est, en somme, une machine à courber le temps."

    Extrait 3 : "Tout en parlant, je voyais plusieurs étudiants hocher la tête. Ils appartenaient à la génération de l’iPhone, de Facebook, de Twitter, de Google Agenda – et ils comprenaient visiblement très bien ce que je racontais.

    Ils comprenaient pourquoi ils n’avaient pas envie de lire des livres, mais aussi pourquoi ils auraient pu en avoir envie."

    En plein ça, non !

  16. Lecteur

    Oui.
    D’ailleurs internet courbe le temps dans l’autre sens. C’est pourquoi nombreux sont ceux qui surfent au travail.

    Je sais pas si ce point a été traité : Je pense aussi que les internautes, moi ça m’arrive souvent, lient les commentaires avant le texte. Suivant les réactions ça peut plus ou moins donner envie de lire l’article.

  17. Jayth Rotule

    Ce que je trouve intéressant, c’est de voir qu’il vous (Aka) a suffit de nous "accuser", avant de balancer l’article, d’être atteint du symptôme, et de nous "défier" pour que nous (je suis certain que je n’ai pas été le seul, vous nous donnerez les statistiques pour cet article?) lisions ce long (bien plus long que vos autres articles d’ailleurs il me semble) article en entier.

    J’aimerais ajouter que bien que je regrette d’être atteint du symptôme, et que je me convaincs continuellement de me remettre à lire des bouquins en entier, et de lâcher pour ça mon écran pendant des heures complètes, l’article n’évoque que très peu les aspects bénéfiques de notre nouvelle façon de penser: traitement de l’information par notre cerveau, et en particulier, tri de l’information. C’est paradoxale (comment trier de l’information si nous ne prenons pas suffisamment de temps pour l’assimiler) et en même temps, c’est bien le sentiment que j’ai (nous serions déjà fous si nous n’avions pas appris à le faire, vu la quantité d’infos que nous recevons à chaque instant).

    L’occasion pour moi par ailleurs de vous remercier pour votre travail, vos articles, et vous transmettre tout mon soutien!

  18. Lecteur

    Rectification pour la courbure de l’espace temps. Je n’avais pas compris ce que voulais dire l’auteur, je pense qu’il s’est emmelé les pinceaux.
    Il parle de voyage dans le temps que permettent les livres anciens, c’est aussi pour ça que j’aime lire. Mais lorsqu’il réponds à la fille, je ne sais pas elle mais moi j’ai compris "dilater les heures" au sens : quand on lit il peut paraitre que le temps n’est pas passé vite : les heures se sont dilatées, sont devenues plus longues. Lorsqu’on est sur internet : les heures se retractent et sont donc plus courtes.
    Bref pas très clair son argumentation.

  19. Nycochan

    jh 27 ans, citadin
    Encore ado, j’adorais lire (de tout : magazines et livres).

    A l’heure actuelle, cela m’est difficile de se concentrer longtemps sur la même "tâche", LIRE

    Je ressens ce "syndrôme" …
    Même lire des hebomadaires d’actualité, me semble incongru, tellement l’instanéïté de l’info est prépondérante sur internet.

  20. PatB38

    > Je me pose une question : Comment s’effectue la
    > mesure de la durée de visite d’une page de Framasoft ?

    En réponse à Kelson, FramaSoft utilise google-analytics (c’est visible dans le code source de la page HTML), et c’est effectivement du javascript qui mesure le temps de lecture de la page, ou plutôt le temps durant lequel elle reste affichée. Par contre lorsqu’on utilise plusieurs onglets et que l’on zappe de l’un à l’autre, je ne suis pas sûr du calcul.

  21. Yesnet

    Pour moi, la durée de visite d’une page ne peut pas être fiable car j’ouvre souvent plusieurs onglets en arrière plan lors de ma revue-web. Ainsi je peux avoir ouvert la page 30 minutes avant de commencer à la lire…

    Et je ne pense pas être le seul, non ?

  22. goudron kabyle

    C’est vrai qu’on a tendance à ne pas lire ce qui nous demande du temps (même si j’ai lu cet article avec pliaisr). Je me demande si ma génération formée par le livre se comporte différemment de celle qui est tombée dans le Web dès la petite enfance.
    En ce qui me concerne, je lis encore pas mal de livres, le problème, c’est que l’écran me fatigue les yeux.

  23. Fredouille

    Je regarde cette page depuis le bureau, en guise de pause. Par conséquent, si je ne reste pas plus de 2 minutes sur la page, c’est que j’ai fait "Enregistrer sous" pour le lire plus tard à tête reposée.

    Sommes-nous nombreux dans ce cas ? Si oui ça pourrait te rassurer sur les stats 😉

  24. Mysanthropian

    Hé bien, enfin ! Voilà un article intelligent publié sur internet.

    Les constats relevés sont pour la plus part vérifiable, et je les approuves. Je désapprouve pour autant les angoisses, car le projet originel de Larry et Sergey n’en est qu’à ses débuts. Les scientifiques mathématiciens ou informaticiens, quel qu’ils soient ne parviendront pas à aller contre la nature ni ses lois car les matières qu’ils étudient et qui les nourrient est issue de la nature. A mon sens, ce qui a de forte chance d’arrivé, c’est que toutes les consciences parviennent à être mise en réseau.

    En effet, une forme de conscience unique matérialisée par la somme des idées qui débouche sur un résultat unique et identique malgré les distinctions de mots, de sentiments et d’émotions manifestés lors de l’énoncé est la principale chose que met en valeur Internet.

    L’univers tout entier repose sur des équilibres mathématiques, physiques et métaphysiques. Même la conscience humaine appartient à ses règles. L’homme qui cesse un jour d’être victime de ses instincts puérils devient un humain, et nul besoin d’être assisté d’un super calculateur pour cela. Ce n’est qu’une question de volonté.

    Petite note : par le passé, les hommes ont toujours cherché à dominer leur propre nature pour fuir la destruction qu’engendrait leur pulsion. A méditer…

  25. Jeannot40

    Article passionnant (merci pour la traduction) car bien documenté, même s’il y a pas mal de blabla ce qu’il fait qu’il est trop long, surtout pour une publication internet.
    Je suis d’accord sur le fond : depuis 1984 que j’utilise l’informatique, et depuis 1998 ou je suis connecté à l’internet, je me rend bien compte que ma manière de penser, et donc d’agir, a profondément changé: mais en bien. Mes capacités, mes connaissances on été démultipliées.
    Mais ce que je regrette depuis 2 ans c’est que je ne lis plus aucun livre: je lisais 2 à 3 romans de science-fiction ou de fantasy par mois, mais depuis que j’ai découvert les MMOPRG c’est fini.

  26. Joey

    ça c’est long comme article ^^
    heureusement pour moi, pas de mail qui saute ou de pub intempestive pour venir me déranger !

    C’est extrêmement intéressant.
    Mille mercis !!!!

    Je transmet aux amis … enfin, si j’arrive à les faire cesser de voleter d’une pub à l’autre.

    (nb: quand on navigue avec firefox et des plug-in appropriés, plus de pub ! youpie !)

  27. didiou

    Article très intéressant, merci pour la traduction.

    L’objectif premier d’internet et des moteurs de recherche style Google est d’accélérer la phase de recherche d’informations pour passer plus rapidement à des phases plus ‘productives’ comme l’analyse, la réflexion (ça y est je commence à découper notre pensée en phases temporelles et distinctes … mais revenons au sujet). Le problème c’est que parallèlement, ils ont augmenté considérablement le volume d’informations accessibles. Du coup, certes on accède plus facilement à une information, mais le temps ainsi libéré nous sert qu’à passer plus rapidement à l’information suivante … sans être passé par la case ‘réflexion’. Bref, on a tendance à passer plus superficiellement sur les informations, sans les analyser en profondeur : la quantité et le flux constant d’informations ne nous en laisse tout simplement pas le temps.

    En privilégiant les résumés et autres synthèses, toujours par manque de temps, on laisse le soin à d’autres personnes de condenser l’information à notre place pour nous la livrer pré-machée et pré-digérée. Sauf que celà reste leurs synthèses à eux, ce que eux en ont retenus et pas forcément la nôtre si nous avions eu le temps d’analyser la totalité des informations …

    Alors internet, en nous inondant sans cesse d’informations, nous empêcherait-il de prendre le temps de réfléchir ?

  28. mmaze

    Merci framablog pour cette traduction ! 🙂

    L’intelligence ce n’est pas d’être un large puit de savoir, mais d’être personnellement un média de la connaissance.

  29. vanch'

    pfuuii wow ! j’ai presque tenu jusque la fin 🙂
    et globalement je partage les réflexions de l’auteur ayant moi même ces symptomes…

  30. benji

    j’ai remarqué que quand j’ai finis de lire un article web, je me fais très rapidement une opinion par rapport au propos, puis les commentaires vont m’influencer par rapport à ma première opinion.
    vous me direz c’est normal mais je trouve que je ne prends pas le temps de formuler vraiment ma propre opinion.

    par contre quand je lis un article intéressant dans un magazine ou quotidien, je prends plus le temps de réfléchir aux implications du problème soulevé dans l’article

    deuxièmement je reproche toujours aux article en ligne de ne pas être assez profond, seulement effleurer le propos ( mais vu la masse on trouve toujours des articles intéressant!)
    par contre bien souvent les problème sont mieux abordés dans les hebdos qui réalisent des enquêtes
    je peux vous conseiller http://www.contreinfo.info

    troisièmement :
    "Celà m’arrive meme en lisant, le texte devient flou, je continu à lire un ou deux paragraphes quand soudain : "zut, je lisais sans lire !" alors je reviens en arrière d’un coup d’oeil."

    je me reconnais tout à fait là dedans! des fois même après avoir lu un quotidien online ou pas je me dis "qu’ai-je appris?" et j’ai du mal à m’en souvenir sans visualiser le titre de l’article
    pitet ai-je une mémoire très sélective?

    quatrièmement :
    j’ai l’habitude de laisser des commentaires
    je ne les relis que rarement ( que sur le forum ou je m’implique) et quand j’écris mon comm il m’arrive de penser " à quoi ça sert de toute façon tu liras pas les autres réactions" mais je laisse mon comm quand même, histoire de dire que j’existe?

    cinquièmement :
    je n’ai jamais accédé à autant d’informations qu’aujourd’hui ( 3 mois que je suis aux pays bas , je suis étonné par mon aptitude à rester online)
    c’est fou comme le temps passe vite.
    il est 1h50 , cela fait déjà 1h20 que je suis connecté et je pourrais encore passer des heures à ma "ballader"

    en plus je viens de découvrir ce site qui m’a l’air intéressant

    je le mets dans favoris et je repasserais

  31. Azerty

    Très amusant !

    Cet article reflète bien ce que j’ai observé me concernant, bien que les conclusions fondées sur un échantillon réduit à une seule observation soient sujettes à caution. J’ai en effet observé qu’il m’est pratiquement impossible de lire un article assez long, quel que soit son intérêt, et celui-ci n’a pas échappé à la règle, sur Internet. Au bout de quelques pages j’éprouve le besoin impulsif de passer à autre chose. La lecture approfondie passe toujours pour moi par un support physique (livre, papier, …). Comme si le support internet m’incitait à fonctionner de manière séquentielle en mode multi-tâches ! Et pourtant j’appartiens à une classe d’âge pour laquelle Internet a constitué une découverte et non une habitude.

  32. anonyme

    J’ai de gros doutes sur la fiabilité des "statistiques d’audience", sur comment c’est mesuré… Et puis, la "moyenne du temps passé par page", ça correspond à quoi ? Si les gens font une recherche sur Google, tombent sur la page, la parcourent en vitesse et se rendent compte que ça ne correspond pas à ce qu’ils recherchaient… ça fait violemment baisser la moyenne, ça ! Et dans ce cas, ça voudrait dire que c’est plutôt une mauvaise indexation… Je ne sais pas si on peut tirer grand chose comme conclusion sur ces chiffres…

  33. anonyme

    Et puis, je ne sais pas si Google nous rend stupide… mais Microsoft, avec Windows, ça c’est sûr (que ça rend stupide) ! Je crois qu’on ne se rend pas compte de l’influence que ça a, ou que ça aura sur l’utilisateur. Avec une interface (graphique) qui n’arrête pas de demander "êtes vous sûr de…", "êtes vous vraiment sûr de…" : là, vraiment, on finit vraiment par ne plus lire du tout le texte… et on finit par répondre "oui" à tout les questions ! Avec Windows, on finit par avoir des utilisateurs bêtes, qui ne lisent même plus les messages qui sont écrits à l’écran…

  34. Sam

    Je partage la pratique de Yesnet.
    Je vais sur un site mal-pensant, j’ouvre dans autant d’onglets tous les liens qui me paraissent susceptibles d’être intéressants puis je les lis (ou pas) dans les heures qui suivent, même s’il n’y a plus de connexion.
    Alors bien malin celui qui pourra mesurer quelque chose…
    Et je ne pense pas que nous soyons les seuls à opérer ainsi.

  35. K.

    Ivan Illich s’était penché sur le lien entre techniques de lecture et formation de la pensée, déjà en 1991.

    Du lisible au visible : http://agora.qc.ca/textes/illich.ht

    Les données empiriques exposées dans cet article confirment la pertinence de son analyse historique et théorique de l’impact de "l’encodage du message" sur notre capacité à faire du sens.

  36. pas glop

    Bonsoir,
    Oui …

    Comme bien des témoins de cette liste de commentaires :
    – je reconnais bien des symptômes évoqués
    – j’ai été "piégé-culpabilisé" efficacement. Et, je suis allé (en respirant calmement) jusqu’à la fin de l’article.
    – je remercie (pour cela et tout Frama)

    … mais.

    Le "seul Internet" n’est pas à l’origine de ce qui est décrit d’impatience, de sauts de souris (pas loin, pas haut, quoique vite…), de "petite et permanente" angoisse.

    Il me semble que c’est tout le temps social qui fonctionne à présent dans cette fragmentation, dans cette quête "performative", dans ce besoin – contre la dite angoisse pulsatile, la peur d’une perte (le temps est un drôle de sang) – de nouveau (objet, info, achat, conflit, performances …). Et, de commentaires, ces discussions naguère rigolotes pour revivre le match qui se sont étendues à la sphère complète de l’information "instantanée" (comme le café).

    Ce que dit très bien l’article – avant de décrire les effets neuronaux, structurels – c’est l’addiction. Les effets suivent. L’addiction, cette attente – là encore le sport, la passion des "matchs", des acmés, le goût de ces parenthèses exceptionneles répétées, ces "sacrifices", est une bonne métaphore – qui accompagne et crée un manque. Dans quelle partie du monde, dans quelle guerre, dans quelle image un but a-t-il été marqué ?

    Internet est "le fils de son temps". Un temps qui n’est plus même mécanique, mais l’ennemi. Contre quoi la boulimie semble le seul remède.

    Et, la lecture (papier), paradoxalement. Pourtant (mal) vécue comme une "perte" de temps. Une saignée, ce remède absurde des prétendues pléthores.

    Politique, politique ! L’inhumaine société actuelle – sans nier les effets propres d’une technique qui y a trouvé son terreau hyper fertile – est au moins "en question".

    andré f

  37. Ninzo

    Superbe article totalement passionnant.

    Et si le miroir réfléchissait plus que nous même?

    Je crois que sur ces belles paroles je vais fermer mon navigateur!

  38. kisifi

    Moi aussi j’ai constaté que j’avais de plus en plus de mal à me plonger dans une lecture profonde.

    Cependant il me parait un peu hâtif d’en attribuer la cause à internet.

    En lisant cet article je me suis rappelé une réflexion de mon père quand j’étais étudiant : il constatait que je préférais lire des bandes dessinées et des romans de sf plutot que Proust, et m’avait sorti "tu as tort, c’est maintenant qu’il faut que tu lises de la littérature, plus tard tu n’auras plus le temps".

    J’avais pas compris sur le moment, parce que mon père lit beaucoup.

    Alors je lui en ai reparlé à l’instant, et voilà ce qu’il m’a répondu : arrivé à un certain âge (vers 35 ans) , lui aussi a constaté qu’il lisait de manière de plus en plus fractionnaire, qu’il avait du mal à se concentrer sur un texte de bout en bout sans sauter des passages. C’était bien longtemps avant Internet!

    => selon lui la lecture profonde et exclusive est un privilège de la jeunesse, internet ou pas. Par la suite il devient de plus en plus difficile de résister à la tentation d’optimiser son emploi du temps en sautant les passages barbants.

  39. cyr

    Personnellement, j’aime toujours autant les livres épais. Quant à la prophetie de Kubrick, n’appartient-elle pas à Arthur C. Clarke ?

  40. maxbault

    Les articles longs, je les imprime, sinon c’est impossible à lire… Je crois à un effet hypnotique de l’écran. Je ne peux pas le prouver mais il est certain qu’il me faut 3-4 jours de vacances pour décrocher de l’internet et sans internet je reviens naturellement aux livres.

    Superbe article.

    maxbault

  41. Eternel Alien

    Article intéressant, mais rien de neuf…Très bref condensé de la pensée de McLuhan…
    Pour ceux que ça intéresse, vous pouvez regarder ce documentaire très instructif sur l’effet des "écrans" sur le cerveau http://www.dailymotion.com/video/xy
    Tous les symptômes que vous décrivez, sur la difficulté à se concentrer sur la lecture à l’ère de la prolifération des écrans émetteurs qui envahissent nos foyers, nos rues et qui nous suivent partout (téléphones, lecteurs multimédias…) sont le fait de leurs effets biologiques sur le cerveau:anesthésiants, hypnotisants, "le rêve éveillé"
    A proprement parler de Google, et de leurs projets dystopiques. Encore une fois, rien de neuf sous les étoiles…
    Google agit comme n’importe quel autre type de média, c’est à dire une hiérarchisation de l’information. Des études récentes ont montré que lors d’une recherche sur internet, ce sont principalement les toutes premières réponses qui sont prises en compte par nos yeux et notre cerveau.
    Internet est avant tout une base de données, d’archives en perpétuelle actualisation, où les gens qui y communiquent ne sont plus que données d’eux mêmes et archive d’eux mêmes, accessibles à tous, partout et à n’importe quel moment. Donc le projet des "génies" de Google de brancher nos cerveaux directement sur la superintelligence Google pour l’informer de nos vies, de nos pensées et de nos idées est cohérente avec la nature même d’internet, et n’a strictement rien de "génial".
    La quantité d’informations sur internet qui tendrait vers l’infini masque en réalité le caractère auto-réplicatif de l’information. Toute information qui se trouve sur internet va se répliquer en d’autres "lieux" d’internet, et ainsi coloniser l’espace d’internet de façon plus ou moins importante. En naviguant sur internet, non seulement on retombe souvent sur les mêmes informations (la multiplication du déjà vu) mais on passe souvent dans ses recherches "du phoque à l’âne", c’est à dire que l’on va se perdre et l’on s’enfonce comme dans des sables mouvants dans des sujets qui n’ont strictement rien à voir avec nos recherches, dans un processus assez similaire à celui de la schizophrénie, c’est à dire de la pensée discontinue, qui saute d’une information à une autre sans cohérence manifeste. Processus schizogène donc, renforcer par le délire d’avoir tout le savoir qui déroule devant ses yeux.
    Par là même, ce n’est pas l’Autre qu’on croise sur internet mais un Même infiniment diversifié.
    Internet, c’est par excellence l’uniforme de la diversité.
    Pas d’idéal de surhomme ici, simplement la production de l’humanité médiocre, c’est à dire une humanité moyenne, ni bonne ni mauvaise, amorphe et perdue au milieu d’elle-même, et qui s’efface, qui s’efface dans la pléthore de sa représentation et de ses souvenirs…

  42. Dave le Dyonisien

    Bonjour,

    Je n’ai pas lu l’article jusqu’au bout et je ne me suis pas senti obligé de le faire, malgré la mise en garde liminaire. Je l’aurais peut-être fait s’il avait été découpé en 3 ou 4 pages. J’avoue que j’ai commencé à décrocher avec le taylorisme, je ne voyais pas le lien. À partir du moment où le contenu ne reflète plus le titre et où j’estime que j’ai pris ce qu’il y avait à prendre, je passe aux commentaires.

    Comme d’autres, j’ouvre de nombreuses pages en même temps et je ne les lis qu’au fur et à mesure.

    Comme d’autres, je n’ai pas de difficulté à lire un livre pendant des heures, mais une page trop longue (avec un ascenseur minuscule à droite) me tente moyennement.

    Tout ce ceci n’est pas pour critiquer l’article (que je trouve intéressant, même si je ne sais pas s’il est vrai). Simplement je voulais ajouter mon témoignage à ceux qui précèdent.

  43. Bof...

    Merci pour cet article des plus intéressant ! Le sujet mérite d’être creusé… Pour ma part, je papillone sur Internet quotidiennement… Ce n’est qu’un outil.. Pas plus… Mais comme le marteau, certaines utilisations peuvent être lourdes de conséquence… J’ai le sentiment que le rapport au temps est le facteur différenciant entre mes lectures WWW et un bouquin… Peut-être est-ce la consommation via Internet qui fait que j’apprécie encore plus la dégustation d’un livre, bien calé dans un fauteuil ou dans mon plumard !.. La lecture et le temps qu’il me faut lui ‘offrir’ passe désormais dans le domaine du luxe et du plaisir. Mais bon… Etant parmi les "premiers" enfants de la télé, je mesure les réflexions portant sur Internet à l’aune de ce que j’ai entendu sur le petit écran… Même hypnose, même mode de consommation, même sentiment d’être en prise sur le monde, même étrange lucarne… Par delà tout cela, quoique l’on fasse, ce n’est, selon moi, qu’une affaire de temps… A une certaine époque, d’aucuns lisaient des "Reader Digests" pour ne pas lire les quelques 10 bouquins qui y étaient résumés… Ne pouvaient-ils déjà plus s’offrir le temps… Tout cela ne date pas d’aujourd’hui ! Le temps… Le prix du baril augmente… Et le prix du temps ?.. Qui peut encore s’offrir du temps ?.. Et, finalement, qui a encore l’envie de faire des efforts quand le monde s’offre à vous au travers de votre ordinateur… Et je ne parle pas que de lire… Le cinéma, le théâtre, les spectacles vivants font tout autant les frais de ces nouvelles techno qui sont notre modernisme quotidien… Allez j’arrête ce commentaire inutile !!! Pour sortir d’Internet et me prendre 5 minutes à ne rien faire… Rhââaaaa Lovely !… A vous lire !.. E.L.

  44. v/

    Contre – exemple : je pratique l’info depuis 87, et mon 1er abo internet fut chez Calvacom en 91. Je n’ai pas quitté la toile depuis. J’aurais donc du, d’après cet article, ressentir les effets décrits plus haut avant les autres, et ça n’a pas été le cas. Par ailleurs, je lis plus de livre qu’autrefois, et même parfois des pavés de 800 pages sans décrocher ou m’ennuyer.
    Néanmoins, je note également un manque ou une déficience de concentration depuis 1 an ou 2. Alors je rejoint les propos de [Eternel Alien- 22 déc. 2008 14:52] et de [pas glop – 22 déc. 2008 00:20], j’y vois pour ma part la conséquence de nombreux facteurs, dont l’internet ne serait qu’une des variables, sur laquelle on jetterait tous les maux, puisque c’est nouveau, récent dans son étendu, et puisque l’internet est tout simplement le reflet de nous mêmes. Le miroir montre un défaut, et on accuse le miroir d’avoir des défauts.
    Enfin, à mon sens, ce manque ou cette perte de concentration serait plutôt le reflet – tout occidental ? – d’un esprit occupé ailleurs, ou préoccupé, et l’intru serait tout simplement la peur, entretenue et répandue un peu partout depuis … qques récentes années justement. L’esprit cherche à se concentrer, mais n’y arrive pas. Il est préoccupé par autre chose. Coupez vous du monde des medias évènementiels pdt 1an, sans pour autant quitter la toile et vos centres d’intérêts, et vous retrouverez en partie la concentration. Nous fonctionnons en mode ‘alerte’ permanente, alerte mail, alerte news, alerte bourse, alerte sms, et il me semble que cela contribue à alimenter le trouble. 15 jours de vacances sans portable ni médias permets de retrouver rapidement ses capacités de concentration. Cela n’est pas du à la toile, mais à ce qu’elle suscite et entretien, au travers de l’information qu’elle véhicule et de la façon dont elle le véhicule : la peur sur le mode de l’alerte. Voilà à mon sens de quoi faire perdre les pédales au plus stoique des êtres humains. La question serait plutôt de savoir ce qu’on recherche au travers de ces milliers de clics quotidien, car visiblement, nous n’obtenons pas la réponse que nous cherchons.
    Cdt,

  45. Kassiop

    Un commentaire rapide,
    Premièrement, je vois ces différentes formes de pensée, comme un tout,
    comme une peinture multi-couche d’une voiture (antirouille, fond, couleur et vernis),
    où l’immensité d’internet multiplie les possibilités de réflexion par une lecture profonde,
    elle-même mise en forme par l’écrit du scribe, s’ajoutant à la sagesse de la mémoire des anciens.
    Deuxièmement,relisez "Terre et Fondation" d’Issac Asimov à propos de la Bibliothèque …

  46. Peretz

    Je continue à lire de nombreux livres sans faiblesse. Il est vrai que sur un écran la lecture est différente, sur le plan biologique comme sur le plan psychologique. Je n’ai pas l’impression que mon cerveau a changé. Je crois que rien ne remplace le contact physique d’une page imprimée, et le poids d’un livre, toutes choses que la lecture sur écran rend éphémères : le virtuel gagne un peu partout. En revanche pour écrire, c’est tout de même plus pratique. P.S. Je n’ai pas lu l’article en entier, ni les très nombreux commentaires pourtant très intéressants.

  47. darcy

    Je n’ai pas tout lu, c’était bien trop long mais j’ai retenu que je suis tout à fait normal
    google n’a rien à voir, c’est donc plutôt internet.
    Mais de là à nous abrutir, je préfère de loin à la télé .

  48. Marc

    Je ne trouve pas le titre trompeur. On devient incapable de lire un livre, on a moins de capacité de concentration intellectuelle = on devient idiot. Prétendre que c’est une « autre » façon de penser me paraît être un cache-misère assez pathétique.

  49. Jean

    « Socrate n’avait pas tort, les nouvelles technologies ont souvent les effets qu’il redoutait, mais il manquait de vision à long terme. Il ne pouvait pas prévoir les nombreux moyens que l’écriture et la lecture allaient fournir pour diffuser l’information, impulsant des idées fraîches et élargissant la connaissance humaine (voire la sagesse). »

    C’est clair qu’il ne pouvait pas prévoir des inventions qui seront découvertes 2000 ans après lui… Mais je pense en outre qu’opposer au jugement de Platon les « nombreux moyens … pour diffuser l’information », c’est rater complètement son propos, lui qui, justement, condamne l’accumulation de l’information comme source de bêtise…

  50. thomas

    Voilà une réflexion qui va dans le sens de la médiologie de Régis Debray: notre façon de penser serait influencée, voire façonnée par nos supports de lecture… point de vue d’une philosophie matérialiste, qui donne au support (en l’occurrence la technologie du web conjuguée à celle du téléphone portable) un primat sur l’idée. Intéressant.
    Cependant, peut-on préciser que c’est l’influence du téléphone portable qui accélère quelquechose d’une exigence de rapidité, d’immédiateté qui pourraient contribuer au défaut de concentration ? Il est peut-être un peu tôt pour se prononcer.
    On vit dans l’urgence (ou bien, on le voudrait), on donne une certaine importance à cette immédiateté qui est devenue fascinante (mais qui éloigne forcément de toute profondeur). L’immédiateté, ses moyens, son idéologie, sont des qualités dans un monde où l’on fantasme de vivre dans l’action.
    Autre point intéressant. Les spécialistes sont de nos jours "pressés" de constater des changements qu’ils voudraient vérifier dans une échelle de temps simplifiée (le phénomène supposé de l’accélération de l’histoire). Toutefois, on ne peut établir de façon certaine que ce changement dans la façon de lire, de penser, de s’exprimer, s’installe définitivement à un rythme aussi rapide. S’il y avait, de façon complètement aléatoire, une grande panne d’électricité mondiale, un rayonnement cosmique inhabituel, quelquechose qui abîme tous nos disques durs , nos antennes, nos satellites de façon définitive, un peu comme ce qui arriva au Phare d’Alexandrie, nous ne serions pas pour autant sans culture, ni capacité de créer à nouveau de la culture, sur ce nouveau mode, rapide et multitâche.
    Cependant, il ne faut pas négliger le fait que pour constater un changement profond dans la société, il faut le recul historique nécessaire, quelques dizaines d’années pourraient faire l’affaire, au train où vont les choses… Non ?

  51. Séverine

    Merci beaucoup pour cette traduction d’article. Je ne l’ai pas lu tout de suite mais essayé d’en sauvegardé le lien pour pouvoir le relire plus tard. Lecture très intéressante et dérangeante sur nos façon de lire et de penser qui m’aura donné à réflexion.
    Je dois dire qu’en effet ma façon de lire des informations utiles (documentaire) a pas mal évoluée et j’espère trouver une nouvelle astuce pour arriver à lire de longs textes informatiques de façon profonde. Interrogation importante pour l’étudiante documentaliste que je suis et qui voudrait que les grosses briques de livres puissent cohabiter avec les flux d’Internet.

  52. Paradigme

    Hello !

    J’ai parcouru l’article, j’ai apprécié la conclusion même si la comparaison avec 2001 l’odyssée de l’espace est à mon sens fausse. HAL souhaite prendre le contrôle total de la mission, elle tue sans vergogne des humains. Cette machine est totalement amorale, elle est le fruit de techniciens qui lui ont tout donné mis à part l’éthique de l’homme. A mon sens les humains sont toujours plus humains que la machine, ils coopèrent sur un projet et on l’espoir d’un avenir plus humain, il souffre de la mort d’un des leur et leur souffrance leur permet de dépasser les complaintes fabriquées de la machine. Les sentiments de la machine sont à l’instar de l’humour de GW Bush ils cachent leurs absence d’humanité.

  53. xavier

    Excellent article. La concentration et la mémoire s’affaiblissent, en particulier quand on vit dans un environnement urbain dense et agité.

  54. Charles

    Excellent article ! Un comble qu’il soit aussi long, alors qu’il fait le constat de notre incapacité croissante à nous concentrer sur ces longues lectures. 🙂

    Cela m’a rappelé une conférence très pertinente de Michel serres :
    http://interstices.info/jcms/c_3303

  55. le bateleur

    Je corrige ce week end mes copies de brevet blanc (3ème de collège) en maths et cet article m’est à la fois agréable et douloureux.

    Agréable parce qu’il me rassure, je ne suis pas isolé dans ma méfiance vis-à-vis des Nouvelles Technologies (que je pratique en professionnel depuis plus de 25 ans* )

    Douloureux parce que si des adultes éduqués par des moyens qui ont forgé leurs outils de pensée en intensité, en puissance et en courage, sont à ce point touchés par quelques heures d’internet (par jour) qu’en est-il de ceux pour lesquels ces NTI sont un des véhicules principaux des apprentissages (parfois même l’objectif ce qui est un comble)

    Luc Comeau-Montasse

    http://www.garde-a-vue.com/article-
    (La proie pour l’ombre)

    ____
    *J’ai eu un Apple IIe à l’époque du far west des ordi.

  56. w

    Excellent article.

    Je ne vais pas répéter ce qui a déjà été dit dans les commentaires, juste ajouter ma constatation personnelle.

    Effectivement, Internet "oblige" le survol des articles, et contribue à cette sorte de boulimie d’informations courtes.

    Par contre, je constate que personnellement, quand une info trouvée sur le net (par exemple, dans cet article), je ne vais pas hésiter à "traiter la chose" en profondeur : lecture de l’article, lecture exhaustive des commentaires laissés, des articles liés, des topics des forums, prendre le temps de laisser un commentaire, d’en parler avec des amis, sur un autre forum…
    Et c’est Internet qui permet tout cela facilement.

    Bref, le phénomène de dispersion existe bel et bien, et on doit apprendre à le contrôler, afin de profiter intelligemment de toutes les possibilités que nous offre Internet ; il y a un juste milieu.
    A voir ce que cela donne sur le long terme, mais j’ai espoir : ce n’est pas parce qu’on a appris à écrire qu’on ne sait plus parler.

  57. jorge

    je me suis aperçu que quand je marche a pied j’apprends et je vois plus de choses que lorsque je suis sur une autoroute même si je parcours beaucoup plus de distances, nos sommes de plus en plus dépends de "protheses" chaque jour plus nombreuses du gps, telephones portables internet …etc que chaque jour nos rendent plus fragiles et je dirais faucement intelligents ( pour ne pas dire idiots)….:-)

  58. Glumite

    C’est un plaisir que de lire un article si bien construit et si bien documenté.
    Si j’ai pris le temps de le lire jusqu’au bout, c’est que parallèlement à mes lectures hypertextuelles du net, je lis aussi beaucoup de livres en papier.
    En revanche, je n’ai pas eu la patience après lecture de l’article de lire l’ensemble des réactions.
    Il est donc possible que ma contribution soit une redite d’un commentaire ci-dessus et je m’en excuse par avance pour ceux qui ont eu la patience de tous les lire attentivement.
    Mon commentaire portera sur une des questions évoquées dans l’article : le reformatage de notre façon de lire et réfléchir suite à l’arrivée du net.
    Hier soir, je participais à une réunion de professeurs de lycée. L’un d’eux disait de leurs élèves (dont mon fils) qu’ils étaient incapables de travailler en profondeur leur sujet et d’y consacrer suffisamment de temps (problème de concentration).
    Si, en tant que père, je ne pouvais que constater les dégâts de l’instantanéité et du multi écrans (capacité magique des ados à jongler simultanément entre leur portable, leur ordinateur et leur iPod) sur leur capacité à se concentrer et à approfondir une réflexion. Je me suis dit en mon for intérieur, ne voulant pas m’attirer l’ire des professeurs, "et si c’était l’enseignement actuel qui n’était plus adapté aux élèves d’aujourd’hui ?".

    En effet, comme le cite l’auteur, on peut voir l’évolution de la façon de penser de Nietzsche quand celui-ci s’est mis à utiliser une machine à écrire (ou voir les craintes à la fois fondées et infondées de Socrate face à l’émergence de l’écriture). On peut donc se dire soit on déplore ce qui est en train de se passer, soit on s’adapte et on se met à penser autrement la notion même d’approfondissement.

    Je m’explique.
    Si je prends comme métaphore de l’approfondissement la notion de verticalité parce qu’on va chercher le plus longtemps possible et le plus en profondeur possible dans les richesses du savoir, qu’on fait souvent du va et vient entre les différentes informations que l’on a trouvées, je peux lui opposer la notion d’horizontalité pour qualifier la logique de réflexion actuelle (on surfe sur les pages web en cliquant d’un lien hypertexte à l’autre et comme l’auteur le dit sans, a priori, revenir en arrière).
    L’auteur évoque aussi les stimuli permanents qui poussent le penseur du web à sauter d’un texte à l’autre (page web par lien hypertexte ou SMS par petit signal sonore ou encore pop-up pour une annonce de pub), donc qui l’amène a priori à perdre de la concentration, à moins approfondir.

    Un jour, intrigué par les longues conversations amoureuses de mon fils via MSN et SMS, je me suis posé la question de savoir s’il existait un nouveau langage amoureux propre à ces nouveaux outils ?
    Mon cher fils m’expliqua entre autres que s’il mettait des majuscules à un mot cela traduisait l’intensité émotionnelle de sa pensée (encore un stimuli visuel donc). Il trouvait donc un nouveau moyen de retenir l’attention de sa belle et lui transmettre la profondeur de son sentiment.
    Pour lui, on ne le disait plus simplement avec des fleurs (comme à mon époque préwebienne), mais avec des majuscules combinées à l’envoi d’un bout de chanson remixée et dont il mesurait l’effet sur la belle à son expression devant sa webcam.

    Là où je veux en venir, c’est qu’on pourrait peut-être imaginer une logique visuelle qui, dans un processus de réflexion horizontale, puisse stimuler l’approfondissement d’une réflexion (manifester la complexité de la réflexion de façon visuelle).
    Pourquoi ne pas créer un effet de densification comme si les liens hypertextes devenaient plus visibles et plus traçables quand une réflexion agrégerait des informations particulières, des liens avec des réflexions menées par d’autres (un peu à l’image de ces magnifiques échangeurs à x étages des autoroutes américaines). On circulerait toujours aussi instantanément d’un lien hypertexte à une vidéo, mais le cheminement d’un clic à l’autre densifierait la pensée en facilitant l’agrégation de savoirs (écrits de manière succincte), ces agrégats de pensées circulant comme des électrons attirées par un noyau et formant un atome (de réflexion).

    Bon je sais que mon texte est long, peut-être flou dans sa pensée, mais tente de restituer l’esquisse d’une réflexion soulevée par un texte long perdu dans le cyberespace de la connaissance !!!

  59. Jerome

    D’abord merci pour la traduction de Penguin, Olivier et Don Rico; un gros effort, et merci a Nicolas Carr pour cet article.

    Je voudrais émettre quelques bémols (et oui…)

    Tout d’abord (en commençant par la fin), Dave n’est pas inhumain quand il débranche Hal, (même si c’est moins apparent dans le film que dans le livre) puisque, touché par les ses suppliques il le laisse chanter frère jacques. Même ivre de rage (j’exagère peu être) il le «détruit proprement » au lieu d’utiliser la manière vraiment forte (bris de glaces et arrachages de fils)…

    Quelque part (comme déjà mentionné dans un commentaire), l’homme restera toujours supérieur à la machine par son éthique (quand il l’utilise, ce qui est autre chose).

    En ce qui concerne le «survol horizontal», j’approuve et désapprouve à la fois…

    Oui, je survole, comme la majorité des utilisateurs d’internet, mais quand un article retient mon intérèt, je le lit en entier (la preuve celui-ci,13 pages…).

    Je lis toujours autant d’articles en profondeurs, mon choix est peut-être élargi ; ce qui serait, pour le coup, un bienfait.

    Et je reste fidèle à mes lectures . Je viens de relire (pour la Nième fois) le cycle de Fondation d’Isaac Asimov (~2000 pages, je crois), et celui de Chanur de CJ Cherryh (presque autant).
    Eh oui, je suis amateur de SF…

    Maintenant, je suis peut-être un cas de boulimie papivore, c’est possible…

    Il est vrais que la jeunesse ne fait en apparence qu’effleurer les informations… Pourtant, à voir mon fils qui peut comme moi s’abîmer dans un livre des heures durant, je ne perds pas espoir.

    Je voudrais surtout souligner ce qui me semble le propos principal de l’auteur, qui est que toute technologie (l’écriture, l’imprimerie, le Web…) apporte une cohorte de dangers et autant (à mon avis plus) de nouveaux avantages…

    Le monde sera toujours partagé entre les Cassandres (j’en fait parti pour certaines choses) et les optimistes qui se précipiteront sur les nouveaux outils. Avec bien sûr des excès au départ…

    Jèròme

  60. metavortex

    Excellent article, et qui invite à laisser un peu divaguer ses pensées à l’ancienne 😉

    Le Métaréseau comme reflet de l’idéal humain de la sagesse, de la connaissance ultime de la sagesse mise en acte…Le "Google est ton ami" et l’IA qui en découlera fera de toi le Cyborg parfait dont parlent nos littérateurs SF depuis des décénnies déjà.
    Et si la question n’était pas de savoir si l’on doit être pro tekno ou néoluddite, et quelque soit le chemin pris, l’ Homme poursuit son Apprentissage tout simplement;

    Alors oui, ce que "Taylor a fait pour le travail manuel, Google le fait pour le travail de l’esprit" et oui,

    Socrate n’avait pas tort, les nouvelles technologies ont souvent les effets qu’il redoutait et les détracteurs de l’Imprimerie portent l’écho de cette vision des siècles plus tard;

    Et oui encore, la transmission de la connaissances et le modelage de ses moyens sur l’esprit dont ce billet parle brillamment ( j’ai eu du mal a rester concentré sur ce long développement :)) permettent actuellement plus une amélioration des algorythmes de perfectionnement d’une arme DIME (Defence Innerve Metal Explosive) pour prendre un exemple d’actualité, et les ingénieurs qui la construisent ou le commandement qui donne l’ordre de tir font plus penser à l’homme-machine de 2001 l’Odyssée que Hal lui-même.

    Merci pour cet article éclairant et en guise d’optimisme face aux inquiétudes sous-jacentes, j’ajouterai que peut-être, l’autoévolution du cerveau de l’Homme postmoderne conduira (j’espère) un jour celui-çi à "boucler la boucle" et remettre l’Homme en tant qu’étincelle divine au centre des préoccupations philosophiques et que nous reviendrons aux fondamentaux des Anciens avec l’accès à la Connaissance par l’expérience directe, l’ouverture totale au Monde, La Révélation.

    Personnellement je Rejoins le post récent de Jorge (désolé moi non plus je n’ai pas eu la patience et le temps de lire tous les autres, veuillez m’en excuser) : moi aussi quand je marche à pied (sauf avec un livre à la main :)) je vois et j’apprends plus de choses que lorsque je suis sur une autoroute, physique ou virtuelle, et si on reste conscient de cette faculté là, on pourra espérer se repérer et retrouver son chemin si votre gps vous lache, votre portable se vide, votre prothèse x déconne etc.

  61. Maraude30

    Il est beau cet article, j’ai beaucoup aimé les références à Socrate et à Nietzsche. J’en ai eu des frissons au cerveau. lol.
    De manière personnelle j’ai également quelques problèmes quand je fais une recherche sur internet. Je récupère beaucoup d’adresse mais ne reviens quasiment jamais sur les sites. Ca représente une grosse perte de temps et j’essaie d’adapter ma façon de faire pour réduire ces recherches là.
    Consulter de nombreux sites apporte finalement très peu de connaissances. Je me force maintenant à résumer tous les documents lus en utilisant un schéma type brainstorming en mettant les concepts abordés et les liens entre eux. C’est un essai. et pour l’instant ça marche, je retiens les sites consultés et les informations apportées de manière durable et assez précise.

    TiteAude

  62. bonobo

    Personnellement, je ne me retrouve pas dans le premier constat… mais je suis un cas particulier, je commence à lire… je m’interesse aux livres après avoir longtemps surfé sur la toile. C’est nouveau pour moi, donc ça monte en puissance.

    Je trouve qu’un écran n’est pas une interface idéale pour lire. Je n’aime pas "lire" sur le net. Il m’arrive d’imprimer pour pouvoir lire ensuite. Peut être qu’avec l’évolution de cette interface, mes habitudes évolueront aussi.

    UNE REMARQUE sur l’humanité et sur les machines. L’homme est un animal, une bête, un organisme complexe qui fonctionne sur l’expérience, qui est soumis à des émotions, à des conditions et autre. Je parle d’hormone, de climat, d’alimentation et le reste, qui sont autant de variations qui étendent la marge d’erreur qui fait notre humanité. Dans un soucis d’efficacité, nous refoulons quelque peu notre nature en suivant la voie des mathématiques, de la logique, de la science… afin d’améliorer notre progression, nous nous sophistiquons. Cependant, notre base est instable ! C’est selon moi cette instabilité qui est la matière créatrice. Ces faiblesses qui font nos émotions, qui font l’art, qui font que l’on s’autorise à l’erreur, qui font qu’en ne suivant pas son GPS, on se retrouve par hasard dans un lieu magnifique, on tombe sur mieux, grâce à une erreur.

    Les machines elles… sont basées sur la logique, sur les mathématiques… le bug est intolérable, le bug est inproductif, le bug doit disparaître. La machine n’apprends pas. C’est impossible. L’intelligence artificielle n’est pas l’intelligence. Il n’y a pas de place pour la création dans le monde des machines, encore faudrait-il qu’elles soient capables de se juger entre elle, de s’ouvrir à l’erreur, mais ça n’est pas possible, et la raison principale est celle-ci : "NOUS programmons ces machines, et nous ne programmons pas l’erreur !".

    Si nous substituons notre capacité de réfléchir imparfaite à l’IA… c’est la fin. Pour moi, ça ne voudrait pas dire que nous greffons une intelligence supérieure à notre corps, non… ça voudrait dire que nous greffons la plus adaptée des INTERFACE à une intelligence artificielle !

    b0n0b0.skyrock.com

  63. b0n0b0

    Autre chose, en guise de bémol pour cet article… sur tout ce qui attrait à la lecture.

    Je ne sais pas si mon cerveau fonctionne comme un ordinateur… mais ce que je sais, c’est qu’il a différent mode de fonctionnement, et derrière tout ça il n’y a qu’une seule question :

    "Ai-je un but ?"

    Selon moi, c’est la source du "problème" !

    But veut dire… "chose à faire"… avec des priorités variables et donc des importances variables et… mon cerveau ALLOUE UN TEMPS variable pour ces choses…

    Cas de la lecture… je lis pour me détendre, je lis un bouquin de philo, ce passage est long et compliqué, je le lis plusieurs fois, je prends des temps, je réfléchis, je prends du recul, est-ce que je pense celà moi aussi, et le "mais"… etc ! MAIS si je lis avec un but ? Un but efficace et non pas un but de divertissement ou assimilé … alors mon cerveau se met en mode sélection et là… c’est sur que je vais me mettre à lire en transversal, parce que je cherche quelque chose de précis…
    Je ne vois pas ce qu’il y a de troublant là dedans…
    Je ne pense pas avoir été profondément changé, non, je pense que le contexte change.

    Pour reprendre différement ce que l’auteur de ce billet exprime… Internet nous prive d’une enrichissante tranquilité !

    voilà ce que j’en pense ^^

    b0n0b0.skyrock.com

  64. nicoweb

    Bonjour,

    J’ai pris connaissance de cet article sur Internetactu.net et je me permets de poster un commentaire car je pense que mon point de vue peut aider à ajouter des pistes de réfléxion sur le sujet.

    Tout d’abord, je ne peux que me féliciter de constater que, même après des années de recherche Google intensives, d’un plongeon devenu une apnée permanente dans le monde du logiciel informatique, j’ai bien été en mesure de prendre connaissance de l’article, qui (ndr : je n’ai pas vérifié) semble tenir sur plus de 2 ou 3 pages (ndr : qui n’en font qu’une au final vu le "format internet" de l’article).

    Je m’associe aux constatations qui montrent que Internet est devenue au fil du temps ma principale source d’informations. Et je parle bien ici, d’internet au sens large, c’est à dire pas uniquement des recherches via Google mais également des clics sur des liens hypertextes insinueusement ajoutés par les éditeurs des sites et qui se révèlent, bien souvent, de part les algorithmes déployés, en relation avec le thème initial de la page consultée.

    Je ne partage pas par contre les constatations selon lesquelles la lecture de contenus en ligne n’aurait que pour seuls objectifs de fournir "immédiatement" un contenu et d’autre part de complexifier le traitement de sujets complexes ("style de lecture promu par le Net, un style qui place “l’efficacité” et “l’immédiateté” au-dessus de tout, puisse fragiliser notre capacité pour le style de lecture profonde qui a émergé avec une technologie plus ancienne, l’imprimerie, qui a permis de rendre banals les ouvrages longs et complexes"). A la vérité je trouve ca dément de défendre de tels arguments. En quoi le web représenterait une plus mauvaise abstraction de la compléxité d’un contenu qu’un ouvrage "physiquement" publié ?

    L’anecdote au sujet de F. Nietzsche est intéressante car elle montre plusieurs choses : un, l’évolution "technologique" lui a permis de pouvoir continuer à écrire alors que ses conditions de vie allaient dans un futur finir par ne plus lui permettre. Deux, au contraire de s’être inscrit dans la durée et la reproduction d’actions déjà effectuées, le passage à la machine à écrire, selon ce qui est indiqué dans l’anecdote, pour F. Nietzsche fut générateur de créativité. L’évolution de son style, décrite à travers trois exemples, explicites, est elle aussi extrèmement intéressante. Si l’on simplifie grossièrement, on peut dire qu’en un certain sens le passage à la machine à écrire de F. Nietzsche lui a permis d’évoluer dans son stade de "prise de conscience". Non plus content de simplement argumenter, il arrivait à transcrire précisement, en une forme très courte des concepts forts, les aphorismes. Il arrivait à matérialiser ses pensées par des jeux de mots et transcrivait la réthorique comme un simple échange de procédés. Dans le fond la technologie l’a plutôt aidé à matérialiser une pensée plus complexe, plus riche, plus construite, un bien donc.

    Cet article m’apprend quelquechose de très intéressant au sujet du cerveau humain et de sa capacité à "reprogrammer" en quasi permanence, ce, tout au long de sa vie, les relations qui existent entre ses neurones. J’imagine que les travaux ayant mené à cette information, retranscrite en 1 paragraphe, n’auront pas manqué de "piment complexe", mais qu’elles sont parfaitement compréhensibles et sur le net, exprimées.

    Je suis en accord avec les mentions selon lesquelles Internet est un outil d’une puissance inouïe, spectaculaire, fantastique, inimaginable, etc Par contre, je ne suis pas en accord avec les mentions selon lesquelles Internet deviendrait mon "horloge" , "mon imprimerie", ma "machine à écrire", ma "calculatrice" , ma "radio" ou encore ma "télévision" au vu du fait que, aussi bien ma montre, que mon mobile GSM, que certains appareils ménagers sont tout à fait en capacité de me renseigner sur l’heure à un moment ‘n’, que mon imprimante s’acquitte tout à fait des tâches d’impression qui lui sont trasmises, que la combinaison de touches (sous windows) windows+r puis "calc.exe", puis "entrée" donne accès à une calculatrice tout à fait raisonnable accessible même sans carte réseau, que n’ayant pas le son sur mon poste de travail principal, mon poste radio remplisse toujours son rôle de "voie".
    Cette association de toutes ces fonctionnalités à "internet" me paraît abusive …

    Sur le sujet des clignotements et de la dispersion d’attention, de concentration, il est clair que ce point ne peut qu’être confirmé. Cependant, il est intéressant de noter toutefois, que la réception d’alertes emails/MSN en tems réel, qui clignotent, etc, peut être, très rapidement, désactivée sur tous les logiciels qui les proposent (ndr: si ce n’est pas le cas, vous devriez changer de logiciel lool). De la même façon il existe depuis longtemps des solutions type "proxy" permettant à qui veut de ne pas voir s’afficher les publicités clignotantes qui parsèment, il est vrai, de façon massive, le web.

    L’anecdote au sujet du New-York-Times est également très intéressante. En effet elles montrent que finalement, plus loin que d’en avoir été habitués par le web, les "lecteurs" cherchent des contenus qui les intéressent. Cela paraît absurde de dire cela, mais c’est tout de même le fond de l’idée du New-York-Times, et plus loin que cela des sites webs présentant du contenu, que de proposer des résumés en "front" en lieu et place d’articles (semi-)complets qui parasiteraient la visibilité des autres contenus.
    Je pense qu’au sujet de l’évolution des quotidiens papiers la vraie question est plus de déterminer s’ils prennent les idées des sites webs pour ne pas couler financiairement ou bien parce qu’ils pensent que cela apporte un réel plus .

    Je ne m’avancerai à m’exprimer au sujet de F. Taylor, n’étant pas très "pointu" sur le sujet "économie". Cependant je m’associe à la détresse et au courage des personnes ayant "servi", parfois des vies entières, dans des entreprises mettant en place des processus de fabrication hérités de la réfléxion taylorique.
    Malgré cela, on peut certainement attribuer à ce F. Taylor une idée tout de même intéressante, mesurer la production pour l’améliorer. Le seul point qui n’a certainement pas été pris en compte, est le fait d’inclure la médecine (ndr : en un certain sens LA science de l’humain) comme partie intégrante du processus d’amélioration de la production. Ce n’est pas le fait d’améliorer la productivité ou les processus de production qui est mauvais, c’est le fait de ne pas tenir compte des humains participant à cette augmentation.

    Je ne suis pas d’accord avec la définition que vous donnez d’internet selon laquelle "Internet est une machine conçue pour la collecte automatique et efficace, la transmission et la manipulation des informations, et des légions de programmeurs veulent trouver “LA meilleure méthode”, l’algorithme parfait, pour exécuter chaque geste mental de ce que nous pourrions décrire comme “le travail de la connaissance” " .
    En effet, en tant qu’éditeur de logiciel, je m’étonne par exemple que internet soit "une source de manipulation de l’information". Je suis prêt à entendre des arguments mais je n’en vois personnellement aucun à portée rapide de réflexion.
    De la même façon je suis étonné de trouver les termes "des légions de programmeurs" . Le terme "légion" renvoit tout de même en un certain sens à une définition "guerrière" du travail de programmeur. Pardon de poser la question, mais, la guerre, on la fait contre qui ? Dans quel but ? Lorsque Google propose son outil Googlemaps en utilisation libre, même partiellement intensive, que cela évoque t-il à vos yeux si ce n’est une mise à disposition de la "connaissance", tout au moins de "l’information".

    Concernant les paragraphes sur Google, je pense qu’il doit exister un risque réel à un moment de voir trop d’informations centralisées sur les serveurs de Google. A mon avis, la probabilité de voir un jour le "gadget", directement branché sur le cerveux, délivrant des informations en temps réel, paraît improbable. Dans tous les cas, ce type de "gadget" ne pourra être testé qu’après "acceptation" d’un ou de plusieurs "cobaye(s)". "L’acceptation", cette même notion qui vous pousse à utiliser Google pour effectuer vos recherches. Après tout, il existe d’autres moteurs de recherche que Google. Son utilisation n’est que le fruit de la volonté de ses utilisateurs. Je ne sais pas si l’on peut vraiment reprocher à Google d’avoir réussi sur le fait de devenir LE moteur de recherche incontournable.
    Votre analyse du business-model des sites internet fonctionnant sur la base de pages publicitaires est exacte. Là ou j’ai du mal à percevoir la réalité d’une critique, c’est lorsque je consulte les éditions papiers des journeaux, quand je me rends compte par moi même du caractère profondément détestable des grands éditeurs, que je me dis que, finalement les gens du web ne font que s’inscrire dans ce qu’il se fait déjà, à savoir faire du fric. Les éditions papiers en proposant leurs publicités, petites annonces payantes, leurs petits mots doux et autres absurdités. C’est sûr que c’est éthique de se faire du fric sur les gens à ce point là, vraiment, éthique … Que dire des éditeurs mais bon cela est un sujet sensible que je n’aborderai pas en espace public.

    Vous relatez à travers deux exemples très concrets, les réticences à travers les âges des humains pour le changement. Je pense que vous auriez pu ajouter un exemple encore plus édifiant qui est celui de l’apparition des chemins de fer desquels certains prétendaient que la vitesse excessive des trains pourrait tuer son pesant d’humain par exemple …

    Je partage une partie de la conclusion selon laquelle les humains en relation fréquente voir "abusive" avec les machines, les manipulant par le code ou par les logiciels prennent de façon certaine, certains "traits" de ces machines. Cependant je ne rejoins pas vos conclusions qui précisent cette évolution comme étant "négative". Toutefois je ne prétends pas non plus qu’elle soit forcément positive et me donne le temps de la réflexion pour statuer sur ce point.
    La scène du film que vous précisez me paraît intéressante sur le point de dire "les humains effectuent des actions sans réfléchir". La question je me/vous pose est la suivante : cette absence de réflexion est elle due à internet ? à Google ? Personnellement je ne crois pas. Les humains ont été habitués depuis bien longtemps à se baser sur une absence de réflexion (par la croyance religieuse notamment), à prendre en compte ce que l’on leur disait pour acquis, ne devant pas être remis en cause, etc Peu de gens ont osé transgresser cette barrière de l’ignorance et l’Histoire montre que les Copernic et autres comparses ont connu les affres de la représsion pour voir leur "connaissance" prise en considération.
    Au contraire de la conclusion que vous apportez, je pense que Internet participera dans sa plus pleine mesure à l’ouverture d’esprit de tout à chacun. Je pense qu’Internet est la grande bibliothèque qui n’est jamais existée de toute la "période humaine" de cette planète, qu’au contraire d’appauvrir (mentalement) les gens par des articles courts, criblés de publicités, Internet leur permet d’accéder gratuitement à des ressources dans des quantités sans précédents. Ce qui autrefois était l’apanage de l’élite devient aujourd’hui le bien commun, au grand dam bien évidemment de la dite élite qui doit se résoudre au fait que rien n’appartient à personne, et que chacun peut par sa créativité, devenir un jour force de proposition.
    C’est bien là l’esprit qui gouvernait sans doute la bibliothèque d’Alexandrie ou d’autres établissements similaires et qui gouverne aujourd’hui l’Internet. Ne pas avoir cité Wikipédia dans votre article, est presque "délictuel" (au sens intellectuel bien entendu).
    Enfin, certains préfèreront noter le caractère outrageusement commercial de l’internet, personnellement je n’en retiendrai que la connaissance qu’il m’a apporté.

    Bravo pour votre article très bien construit et très bien documenté. Ne voyez pas dans mon billet une charge outrancière ou "méchante". J’ai réellement esssayé de répondre point par point selon mes propres convictions à votre billet initial.

  65. Alex

    Bonjour,

    J’ai trouvé cet article très intéressant, et je suis un peu rassuré – quoi que, quand on y réfléchit un minimum, c’est quand même inquiétant – de voir que je ne suis pas le seul à "sentir mon cerveau fondre".

    Je ne pense pas qu’Internet, ou l’ordinateur en général, puisse nous rendre plus intelligents comme cela a été prétendu plus haut, et les contre-exemples affluent: regardez le peu de temps que nous consacrons encore à la lecture "traditionnelle" (un film, une série ou n’importe quoi qui consiste à se planter devant un écran est tellement plus simple), l’énorme quantité de temps que nous passons avachis devant notre écran (surtout nous informaticiens, mais nous sommes loin d’être une exception) à cliquer des myriades de liens que nous lisons au mieux en diagonale, l’orthographe de beaucoup de gens qui en prend un fameux coup quand elle ne se dégrade pas tout simplement en langage SMS à peine intelligible …

    Bref, le constat est là, et je trouve la situation inquiétante. Je ne vais pas épiloguer ou paraphraser tout ce qui a déjà été si bien écrit plus haut, ce serait inutile. Mais je me pose la question de savoir ce que nous pouvons faire pour inverser la tendance – pas nécessairement à grande échelle, mais sur un plan personnel: le temps pas si lointain où je m’immergeais dans des livres passionnants sans même me rendre compte que je lisais ou du temps qui passait me manque, et je voudrais savoir comment revenir à cette situation. Je me force à reprendre des livres en main, et j’espère qu’à force de taper sur le clou ça reviendra, mais toute solution plus efficace est la bienvenue, surtout que *si* cette méthode marche, ça m’a l’air de prendre du temps …

    … ou dois-je absolument me réorienter vers des métiers qui n’exigent pas de passer ses journées devant un écran … ?

  66. Emmanuel

    Nycochan écrit : « Même lire des hebomadaires d’actualité, me semble incongru, tellement l’instantanéité de l’info est prépondérante sur internet. »

    Je suis pourtant persuadé, notamment à travers ce que m’a appris mon travail de veille et de recherche, que la réalité des choses et du comportement des êtres humains évolue, elle, beaucoup moins vite que l’information en ligne n’en donne l’impression.

    En fait, l’information en ligne comme dans les autres medias, est essentiellement une guerre d’influence entre groupes d’intérêts à coup de communiqués. Les journalistes en reprennent une bonne part et ont de moins en moins de temps pour l’enquête de terrain. Il vaut mieux limiter ses sources à des sites un peu plus fiables que les autres et en petit nombre (Les Echos, Le Monde, La Tribune, Le Journal d’un avocat, Novovision …) et lire absolument des sources publiant peu (Mediapart) ou sur une base hebdo (Le Canard, même si ses tendances sont fatiguantes), mensuelle ou trimestrielle (XXI).

    Le "en ligne" facilite grandement cette guerre de communiqués et d’infos : ça coûte bcp moins cher et on peut accélérer leur production. Et puis, nous vivons dans une société de l’information, faut il le rappeler.

    Au delà d’une lecture devenue différente, il faudra bientôt, si suivre ce défilé est impératif — pour certains, ce n’est pas une nécessité — en passer par des outils informatiques qui sélectionnent et lisent pour nous. Déjà, les revues de presse sur mots-clés sont légion. Elles laissent forcément passer des choses, mais sans une équipe de veille, impossible de faire autrement.

    Il faut aussi apprendre à lire entre les lignes, à répérer les influences dans les informations, à identifier les appartenances de telle publication à tel groupe. Il faut repérer les continuités — prépondérantes, je le répète (c’est le bien connu : "Tout change et rien ne change") — , mais aussi les vraies cassures, les vrais changements.

    C’est un vrai travail : celui des veilleurs.

    Mais on peut parfaitement être veilleur à temps très partiel et sur un domaine très limité. Ce n’est pas forcément du tout un job à plein temps. Le mien ne me prend que 50% de mon temps de travail, entre la veille juridique et la revue de presse, web inclus.

  67. Emmanuel

    Le même débat sur Google et le Web est ailleurs aussi, avec certes des opinions et des comm’ peut-être moins subtilement développés, mais quand même :

    Google Is Making You Dumber : Pro or con ?, BusinessWeek.com, Debate Room 31 mai 2007
    http://www.businessweek.com/debater

  68. virgilewest

    Bonjour,

    je crois pouvoir ajouter une idée aux propos tenus ici.

    je me suis récemment penché sur la prolifération des ondes électromagnétiques et pense de plus en plus que nos médias d’information et de communication multiplient nos rapports avec des champs électromagnétiques artificiels différents : télévision, téléphonie mobile, wifi, écrans d’ordinateur et autre.

    Ces champs sont tout de même assez puissant, et on sait aujourd’hui qu’ils agissent sur le cerveau et peuvent, utilisés d’une manière bien spécifique (longueur d’onde, fréquence d’oscillation), agir sur le comportement. Rien d’étonnant donc à ce que nous soyons "modifiés" par notre rapport de plus en plus constant à ces médias.
    Il y a encore le "champ des possibles" offert par ces technologies : personnellement lorsque j’ai mon téléphone portable sur moi, je pense souvent à communiquer mes pensées, par le texto, partager en permanence, me décentrer.

    sur la question des champs électromagnétique et de leur influence, lire :
    http://www.arsitra.org/yacs/article

    Je ne paratage pas l’ensemble des positions de l’auteur, mais l’idée que le CEM produit par nos technologies court-circuite le CEM naturel de la terre auquel nous sommes "connecté" en permanence me semble plausible de par la présence de magnétite dans l’ensemble de notre organisme, ainsi que son influence sur la silice que contient ce même organisme. Bref, c’est scientifiquement plausible.
    Saviez-vous par exemple que si l’on met des rats dans une cage de plomb de 10cm d’épaisseur avec tout ce qu’il faut pour vivre (lumière, alimentation, congénères,…), ils meurent en trois semaines ? je ne vois pas d’autre raison que le fait de les avoir coupé du CEM terrestre dont nous avons besoin pour vivre.

    Autre chose, l’exemple de ce que dit Socrate est assez révélateur. Et je ne pense pas qu’il n’a pas tort, quand bien même le livre permette de répandre l’éducation. des études ethnographique (désolé je n’ai pas la source mais c’est un ethnologue qui m’en a parlé, si vous savez merci de me le communiquer) ont montré que sur une île isolée certains membre de la communauté étudiée avaient un niveau de mathématique de maths-spé’ alors qu’ils ne posaient aucune équation et n’avaient pas l’écriture : c’est dire le potentiel de concentration et d’apprentissage dont est capable notre esprit.

    sautons du coq à l’âne puique l’on est sur internet 😉 (vous ferrez et piocherez ce que vous voulez de tout ce que je vous dit…)

    La dernière chose que j’ai envie d’ajouter est, et c’est un vécu personnel qui n’engage que moi : le monde va bien au-delà des mots, et internet ou livre, la connaissance ne se situe pas là. C’est en cela que mumford a profondément raison lorsqu’il dit que "l’utilisation massive d’instruments de chronométrage “reste une version appauvrie de l’ancien monde, car il repose sur le rejet de ces expériences directes qui formaient la base de l’ancienne réalité, et la constituaient de fait.” " je pense qu’il en est de même pour la lecture. La réalité comme sensation est toute autre que le rapport que nous entretenons à elle par la lecture, qu’elle soit informatique ou papier.

    Aller ressentir un arbre, s’y abandonner et recevoir ce qu’il a à nous faire sentir nous apprend beaucoup, beaucoup de choses, que nous ne pourrons jamais dire.

  69. Bambibulle

    bonjour à tous, très bon texte ! ma réaction, qui sera courte, n’en déplaise aux pseudo-philosophes qui commentent, est à la fois une remarque sur mon mode de vie mais aussi une constatation propre à mon entourage… Internet ne se substitue pas du tout à la lecture (livres, magazines, journaux), c’est un outil nouveau pour la communication interpersonnelle mais seulement complémentaire pour l’accès à certaines informations. Pour faire simple : je lis autant qu’il y a 10 ans (voire plus) mais je passe plus de temps à "m’instruire" et communiquer avec ce nouveau canal, en substitution du téléphone et du Courrier…

  70. williamoff

    Dans l’ensemble l’article dit vrai, mais était-il necessaire d’utiliser tant de mots et de signes pour l’exprimer?
    Une nuance toutefois avec ce que pense l’auteur, c’est que l’abrutissement ne provient pas forcemment du média mais plutôt du comportement de l’utilisateur.

  71. Spawn

    bonjour, cette article présente un interêt peu hhabituel. en particulier sur internet. personnellement je sne suis ni un grand écrivain, ni unfameux scientifique juste un élève en jeu video qui fait des recherches sur google.
    j’ai trouver cette article passionnant et je conseil un un épisode de stargate: le réseau (saison 07 épisode 05) qui décrit une peur par rapport à l’internet sur les tempes.
    Je pense que l’internet est un média magnifique, mais c’est vrai qu’il offre de l’information facilement, je ne pense pas qu’il altére la réfléxion mais qu’au contraire il donne plus facilement du grain à moudre. par contre je ne contredirais pas monsieur Carr sur la difficulté qui se répend de lire de longs écrits.

    Mais pour revenir, à l’autre peur qui est réfenrencé dans l’épisode de stargate. Qui controlera l’I.A. qui nous délivrerais cette informations ? aucun être humain n’as assez de sagesses pour contrôler les infos, de plus la machine elle même ne peut controler l’information car son impartialité binaire n’est pas réaliste. je pense que l’homme n’est pas près pour ça, il est vrai que je rêve de pouvoir trouver les infos en cherchant dans ma tête en quelque milisecondes. Mais peut être que les infos qui me seront donner seront fausses ou dénaturé par l’état, donc je prefer encore passé 2 heures a chercher mon infos sur le net.

  72. Edith

    Intéressant, dommage que l’auteur n’en ait pas tiré les conséquences pour son propre texte : trop long, surtout à l’écran…
    Certaines de ces caractéristiques correspondent aux symptômes des enfants dits "hyperactifs" que nous fabriquons depuis quelques années et que certains veulent abrutir avec des pilules dès le berceau ou presque ! L’école n’est pas adaptée à ces transformations.

  73. JB

    Eh oui, c’est ce que nous ressentons tous …
    Il y a trop de bonnes choses à lire (cet article y participe) et le temps manque. D’où zapping
    et lecture en diagonale … Une seule solution, la retraite et un temps pluvieux !
    Bien cordialement
    Jacques Baudé
    Association EPI
    http://www.epi.asso.fr

  74. Grégoire Colbert

    Internet est un outil permettant de lier les informations entre elles. La base du web c’est le lien hypertexte. Il n’est donc pas étonnant que nous ayions tendance à perdre notre capacité à lire des longs textes : cela fait partie de la nature même du support de privilégier le saut de page en page plutôt que la lecture studieuse d’une seule. À chacun de trouver l’équilibre qui lui convient entre la quantité et la qualité.

  75. marcuz

    Article passionnant, riche et stimulant. Merci et très bon boulot de traduction.

    Pourtant, les arguments de Carr me semblent incomplets pour vraiment donner du poids à son opposition au "modèle Google" de la "pensée totale". Plutôt que de rester sur le domaine de la Technique, peut-être faut-il aller jeter un oeil du côté de Freud, lorsqu’il montre combien le secret, le mensonge et l’oubli sont des fonctions ESSENTIELLES de notre psychisme. L’information n’est pas la pensée.

    Cette pensée, telle qu’elle est envisagée par Google et les mathématiciens les plus idiots, transparente, linéaire, évolutionniste, est une chimère. Ils ignorent l’inconscient par ignorance ou par ce qu’il est un paramètre trop gênant pour une pensée utilitariste.

    Ceci dit, peut-être alors ne faut-il pas s’inquiéter outre-mesure de ces apprentis sorciers : ils n’arriveront jamais à faire vraiment penser une machine qui calcule…. !

    Leur méconnaissance de l’esprit humain ne provoquera donc chez moi aucun cauchemard ! 😉

  76. marcuz

    Après lecture des commentaires, j’en viens à me dire ceci :

    L’angoisse, le click qui appelle le click, ce manque… c’est tout la peur de rater quelque chose (qui n’existe pas, en réalité).
    Notre attention est autant harcellée par des informations intempestives que par les infos virtuelles que nous n’avons pas. Lorsque je lis, écoute ou visionne sur le web, je pense (je suis préoccupé) par tout ce que je ne vois, écoute ou visionne pas.
    C’est bien une attitude addictive : la peur du manque conjurée par l’excès.

    Le mythe de Tantale a de beaux jours devant lui.

  77. Alexis

    Je pensais bien que internet et son flux d’informations constant

    me posais des problèmes de concentration. Qu’à cela ne tienne,

    je suis comme le professeur Bruce Friedman, cet article est bien

    trop long pour moi…

  78. Alexis

    Notre pensée éparpillée par internet

    Mais il en est de même des magazines.

  79. bellâm

    Bonjour, j’ai adoré ce billet.Vraiment passionant.
    Je continue de lire. Des livres. Je ne ressens pas encore cette problematique. Et je resterai désormais vigilante. Surtout avec mes enfants que je pousse à lire. Ma fille en particulier, 10 ans, à qui je prends "des pavés". Pour que cela ne lui fasse pas peur et qu’elle apprehende le plaisir de plonger dans "l’empire perdu des grands récits" (merci arman melies…)

  80. BRISE

    J’ai découvert l’article de Nicolas Carr via "Google", quelle ironie ! J’ai ressenti de l’inquiétude et de l’apaisement. Le doute, la réflexion, la culture, tous les ingrédients s’y trouve pour continuer une sorte de résistance à la pensée artificielle. Personnellement, plus je pratique internet, je l’utilise beaucoup au travail. Plus j’ai envie de lire un livre, plus j’aime m’y perdre et plus je m’y retrouve. Lorsqu’un médium vous rend malheureux, que le plaisir s’efface, il faut changer de média. J’aime les articles de magazine qui concentre le doute, la réflexion comme celui que j’ai lu chez Nicolas Carr. Ce qui m’inquiète, c’est de constater que les chercheurs, les universitaires subissent cette sorte de handicap de la pensée, la déconcentration… ce sont eux qui enseignent à nos jeunes. Et ce sont nos jeunes, nos enfants qu’ils faut mettre en garde et protéger. C’est une tâche difficile, j’ai beaucoup de mal à convaincre mon fils de 21 ans qui n’est pourtant pas un super-internaute. Je hais beaucoup de choses sur le net, mais j’apprécie d’y trouver rapidement des infos et il est vrai que je n’y reviens pas toujours à travers les livres ou les dictionnaires comme je me le promets chaque jour. Mais je sais qu’à mon âge – plus de la cinquantaine – j’ai devant moi des moments de plaisirs de lecture de découverte sans l’informatique. Je déplore l’intelligence artificielle, si elle n’est pas destinée à la recherche. Mais dans mon métier de documentaliste de presse, je cherche à la détourner tous les jours tout en l’utilisant…. diabolique, non. Résistante, oui. Résistons ! Il y a bon espoir à ne pas oublier l’ambigüité, la subversion, qui ne sont pas encore rayés du dictionnaire. Merci pour cette analyse.

  81. Amibe_R Nard

    "Ça, c’est un article long, qui demande une attention soutenue. :-)"

    Surtout tout écrit en italiques, dans une police pour le moins pénible à lire.
    C’est déjà long, même si intéressant, alors inutile d’aggraver les difficultés de lecture, non ?

    Heureusement, le copier-coller existe (et l’imprimante pour certains), d’où les deux minutes maximum de lecture. Intéressant, on stocke, pour lire plus tard, et on moissonne ailleurs.

    Bien Amicalement

  82. rei_vilo

    Le sujet n’est pas nouveau. Prendre sans comprendre était le propre des barbares. Et le progrès ne signifie pas civilisation, remarquait Pierre-André Taguieff dans "Le sens du progrès : Une approche historique et philosophique". Dominique Wolton posait déjà ces question dans "Internet, et après ?". Plus récemment, Paul Virilio s’interroge sur "Le futurisme de l’instant". Soyez le bienvenu dans le post-modernisme : le penser est votre seule arme.

  83. patrick

    passionnant ! pour les pubs , je les cache avec un morceau de carton sur l’ecran pour mieux me concentrer sur le texte !

  84. pseudo

    dans certain hopitaux du quebec les employés sont classés par couleur rouge celui qui parle(trop),bleu celui qui pense(trop),jaune pas( trop )de bruit , vert celui qui se tait . on appelle cela la methode toyota, le vert est l ’avenir de l’homme!

  85. Jacques Suhard

    En dépit de sa longueur et faute d’une synthèse, j’ai tout lu, mais en effet la lecture au XXIème siècle est devenue fastidieuse. Comme l’écriture d’ailleurs pour qui ne "possède" pas l’art du clavier (le nom de l’ordinateur central dans 2001, est un clin d’oeil à IBM, alors tout puissant dans les années soixante, s’agissant d’un simple décalage d’une touche sur un clavier "QWERTY"). Ne pas oublier la suite, absolument pas détestable apportée à l’oeuvre originale de S. Kubrick.
    Nos encyclopédies disparaissent, plus de recherches, plus de temps perdu, mais que reste sceptique sur le "formatage" du cerveau qu’apporterait une "googelisation" de nos processus de pensée. J’avoue être réconforté de constater que nous ne sommes sans doute pas très éloignés d’une marche commune entre l’informatique et une certaine forme de philosophie.
    Sans aucun doute, conviendrat-il alors de réviser l’argot informatique pour le civiliser enfin sans le normaliser toutefois.

  86. Quetzal

    article long et pertinant surde nombreux point, il est vrai quela quantité d’information disponible sur le net divisé par le temps disponible de lecture de l’internaute ne peux que tendre vers une cetaine "twiterisation" de l’information.

    Ce sont les idées et leurs formes "apparente" qui se trouve-être en concurence. Toutefois je n’ai pas de problème pour de long texte, tout dépent en fait de l’interet réel que je porte a celui-ci. la preuve cet article demandait "précisément" un éffort d’attention et de lecture pour, malgré ses longueur le finir, un peu comme l’on demanderais a des sprinter de s’exercer sur le 10 000 mètres, (une fois n’est pas coutume)

    Pour ma part cequi a réellement changé est la mise en forme de l’écrit, là ou je faisait de gros pavé littéraire indigeste et illisible, ma mise en page naturelle appris a meux dissecquer les idées une par une, et a faire des parragraphes court, mieux posé et plus concit.

    L’internet n’a donc rien eut pour ma part les effets que vous decrivez en négatif, tout au contraire en me permettant d’obtenir un style plus accéssible à autrui, ma pensée sort de sont coté kantien ou lacanien "brut de décoffrage, ou jus de cerveau" pour devenir plus proche des adages précis et concit de lao-steu ou ou d’autre penseur.

    Quand à guerre et paix, la littérature russe est comme le fleuve Ienissei a la déblaque, elle n’en finie de charrier inlassablement, lentement de longue description. Il faut dire que les auteurs russes avait du temps devant eux, l’hivers est long en russie, et les distractions hivernale sans aussi rare que ne le sont les information apporté par le texte. un conseil redécooupez guerreet paix en petit parragraphe et vous pourrez de nouveaux le lire. les phrases-page de proust sont des luxes qui sont aussi rare en littérature qu’elles sont improbable sur le net.

    Pour finir, Lire "coute" du temps, et il faut vraiment que l’information soit pertinante pour qu’une personne s’investissent a plein dans un texte. L’on peu dire que sur ce point, nous agissons toujours comme si l’informations etait rare et chère, comme si nous n’avions pas le temps, ou plus le temps de lire. ainsi nous nous comportons comme des goinfres affamés prennant tentant d’avaller le maximum de donné possible "par précaution" dès fois que l’internet ne tombe en panne et que la source ne se tarrisse.

    ce que beaucoup non pas encore compris, c’est précisément que le net n’est pas une chose qui vas s’arreter, et que de fait il peuvent prendre leur temps à lire quand cela est pertinant.

    mais pour guerre et paix, il faut se faire un raison, ce livre etait assez ennuyeux a l’origine, vous n’avez sans doute fait que le découvrir. la concision et la précision, s’opposerons toujours au chaos,au bruit et à la compléxité. la recherche d’information, de connaissance tend vers l’écriture minimaliste cartésienne de la "méthode" courte et simple à lire pour tout lecteur, là ou la littérrature et a poésie(même courte) demande sans doute un tout autre type de regard, l’on y viens pas comprendre, mais pour y nager. or internet est d’abord une énorme base de donné, pas le fleuve Ienissei.

  87. phlex

    Article très intéressant, mais qui oublie une donnée essentielle du support informatique: le scintillement de l’écran. En plus du clignotement des différents bandeaux publicitaires, du défillements quasi-perpétuel d’annonces commerciales, ce qui rend la lecture sur un écran fastidieuse, somt le scintillement et souvent la luminosité mal adaptée aux conditions lumineuses amibantes. Ces deux facteurs influent rapidemtent et intensément sur la capacité de concentration. Si le premier cité ne se retrouve pas sur le support papier, l’illumination excessive ou déficitaire d’un texte est très courante, partout où l’on lit.

  88. Alain

    Excellent article qui incite à l’analyse de notre comportement sur le net et ailleurs.
    J’aimerai citer une petite phrase qui m’amuse beaucoup:
    "Quand l’intelligence devient artificielle l’homme devient con"

  89. Boris

    @ Jacques Suhard : HAL n’est pas pas obtenu par décalage d’une touche de clavier QWERTY mais simplement d’une lettre dans l’alphabet.
    Ce qui me frappe, c’est que personne ne parle, ou juste en passant, de ce qui me parait le problème crucial : la course après le temps.
    L’internet plus que tout autre média, est extrêmement chronophage. Les sollicitations sur notre temps sont fantastiques : entre le travail où nous demande sans cesse plus de productivité, les télévisions (câble, tnt, adsl, video on demand), les travaux domestiques qu’on doit faire soi-même car les artisans sont devenus hors de prix, les choix qui demandent un travail de comparaison dans beaucoup de décisions autrefois simples (quel frigidaire acheter ? où prendre de l’essence ? quel abonnement de téléphone portable ?), la multitude de machines avec lesquelles on se débat pour les utiliser, etc. Et l’internet peut nous engloutir dans un tourbillon – on part pour lire un article, qui nous amène à un autre et ses commentaires, et voilà qu’on écrit un commentaire nous-même, et une heure est passée comme rien…
    Résultat : on a beaucoup moins de temps pour des échanges humains, on voit beaucoup moins souvent ses amis et on a beaucoup moins de discussions avec eux…
    Est-ce parce que je vieillis, ou ce sentiment est-il partagé par d’autres ?

  90. Rideliere

    Seuls la qualité de rédaction et son contenu rendent un article intéresant à lire ou non, imprimé ou sur écran.

    De plus Google ne fait que synthetiser des données et les reconstituer en liste de résultats, il ne crée aucun contenu, donc Google ne peut pas finir par nous abrutir (tant qu’ils n’éditent aucun article).

    Ce qui nous abruti, c’est la médiocrité de la plupart des articles publiés sur Internet qui se voudraient de "fond" …

    L’auteur semble assimiler Google à internet; pour un penseur et moralisateur de son calibre c’est finement pensé.

  91. others

    Je suis d’accord sur les symptômes constatés que je reconnais.

    Mais je ne suis pas d’accord sur les causes et encore moins sur le lien direct avec Google. Ce lien ressemble plus à une technique marketing permettant de donner de l’écho au texte. (C’est du parasitage de marque ?).

    Ce serait comme incriminer la boîte à classement des fiches de la bibliothèque pour regretter de ne plus pouvoir révasser devant les tranches des livres lorsqu’on recherche un bouquin. Effectivement, le parcours des tranches des livres dans une bibliothèque non classée stimule la mémoire personnelle et offre un maêlstrom de souvenirs et d’impressions vécues au contact des livres (lus, non lus, rejetés, adulés, recommandés, étudiés en classe, fastidieux, ininteressants…). La boîte à fiche est un outil de productivité et laisse effectivement moins de place aux disgressions.

    Je reconnais les symptômes de perte de concentration face à des paroles ou des textes à tendances prosaïques pour l’avoir connu très tôt dans ma jeunesse, bien avant que Google soit inventé. Et pourtant j’ai lu hugo et je vénère Zola depuis là 6ème. Et à avaler des tonnes de livres étudiés par mes grands frêres et soeurs dans les grandes classes, j’ai appris à lire en diagonale et à sauter les chapitres trop disgressifs.

    A lire passionement, Je suis devenu très fort en synthèse et nul en dissertation. Je détestais disserter sur les textes, cela revenait pour moi à briser le rêve et à masquer la vrai singularité d’un bon auteur : savoir observer les humains, retranscrire les caractères et générer un texte fluide, riche, dense et sans accident de rythme qui ferait sauter la concentration.

    Autant dire que lorsqu’on a comme professeur d’humanité des géants comme Zola, Hugo, Maurice Leblanc, Marcel Aymé…, les profs de l’éducation nationale (ou du privé) font pâle figure. Surtout quand il essayent de vous coller du Gide, auteur palichon qui génère du texte pour du texte.

    L’impossibilité de lire certains texte provient pour moi de deux causes :
    – une avidité de savoir qui fait décrocher lorsque l’interlocuteur disgresse et s’écoute parler ou écrire.
    – la fatigue physique et le stress de la vie quotidienne, qui laisse l’esprit hyper réactif aux signaux superficiels de la journée ( feux rouge / feux verts / piétons / collègue / mail / café / téléphone / acheter le pain / client / enfants / réunion / livraison / production / photopie / imprimante / démarrer / enregistrer…) et l’empêche de se plonger dans l’état de concentration lui permettant un vrai approfondissement des informations. Quelques bonnes nuits de sommeil pemettent de retrouver un rythme plus propice à des reflexions plus abouties.

    Si je suis toujours incapable d’écouter en réunion quelqu’un parler plus de 3 minutes d’affilé sans qu’il ai réussi à transmettre ses conclusions et donc l’information qu’il tente de produire pour que je puisse agir ou lui répondre (et ma femme me le reproche assez), je suis encore capable de me coltiner une doc informatique, un journal le monde de A à Z (la nouvelle formule web manque d’ailleurs de densité) ou un roman capable de me sortir de ma réalité.

    Si l’auteur a du mal à lire :

    il a soit découvert son intelligence ou l’étendu de son expérience (ce qui revient au même à ce niveau) et est en attente d’efficacité : il recherche inconsciemment de nouvelles informations réellement enrichissante pour lui. Il sature de la relecture de beaucoup d’informations qu’il connait déjà. Il a peut-être déjà fait le tour du sujet qu’il est en train de lire.

    soit il lui suffit de prendre des vacances et de faire une cure de sommeil.

    Toutefois une autre explication serait qu’il s’est fait capturer par la logique des médias (internet compris) qui nous gavent de sensationnel et qu’il recherche sur le web un choc émotionnel qu’il ne connait pas. La lecture des titres des pages web devrait alors généralement suffire.

  92. barry cool

    Rien de nouveau, ces différentes formes de lecture existaient déjà avant, lire un journal est différent de lire un livre, de même qu’on ne lit pas de la même manière pour s’informer que pour pour se distraire, apprécier les mots, le langage, etc.
    Aussi les principes d’une recherche sont bien l’utile et l’immédiateté. Je ne vais pas passer mon temps à lire tout livre de cuisine alors que je veux savoir qu’est ce qu’un bain marie, si je suis intéressé je lirais probablement les différentes manières de faire un bain marie.
    S’il est vrai qu’il est un support d’information incontournable, il n’est pas imposé. Internet est au service de l’homme et non l’inverse. "HAL Télévision" peut passer des jours éteint car il ne satisfait pas mes besoins et je n’en ai aucun état d’âme.
    N’est ce pas tout simplement votre (l’auteur) attrait pour les livres qui a diminué suite à votre attrait pour internet ?
    Certains disent "la télé rend bête", c’est pas nouveau. La réponse est "tout dépend de l’usage qu’on en fait".
    Enfin il regrettable de réduire internet à Google.

  93. admajo

    interesante realisation du caractere systemique de la conscience par opposition à l’experience egocentrée et en apparence maîtrisée; la structure même de la pensée affectée par l’interaction avec l’objet de notre pensée, "l’autoprogrammation" non deterministe citée par l’auteur… pensez également à ces generations d’apprentis scientifiques qui ont gouté aux psychotropes et plongé dans un univers de possibles jusqu’ici inconcevables. Toute experience affecte le sujet et rend l’objectivité un voeu pieux. Passionnant…

  94. Charles

    Je suis tout à fait d’accord avec l’auteur !

  95. bara

    C’est vrai qu’on lit moins. Je pensais que c’était dû à l’âge (syndrome du "j’ai déjà tout lu").
    C’est vrai que cet article était difficile à lire d’une traite. Mais pouvait-il en être autrement, vu sa densité ? On ne repose pas un ordinateur comme on repose un livre. C’est peut-être pourquoi on vagabonde ailleurs pour revenir au lien, le temps de "digérer" ce qu’on en a déjà lu.
    Il est vrai aussi que cet article est mal structuré. Ecrit au fil de la plume, il lui manque la rigueur d’un raisonnement parfait (thèse/antithèse …). On pouvait dire autant et mieux en beaucoup moins de mots. Sauf si l’on voulait écrire un roman. Il y a ceux qui aiment les longs textes et ceux qui aiment la poésie moderne ou le haïku. Si on pense que la vérité est simple mais cachée et que, plus on en sait, plus on doit condenser, les longs papiers sont toujours trop longs.
    Reste l’affectif et son pouvoir indéniable sur la mémoire et la pensée … Formellement, l’affectif ne disqualifie pas Internet (on peut préférer la brièveté et la concision). Fondamentalement, l’importance accordée aux livres (temps, volume, coût) reflète la croyance qu’ils recèlent une part de vérité. Je crois que c’est là que la société a vraiment changé. Désabusé par les mensonges (vertueux ?) des gouvernants, par les grossières erreurs de prévisions des experts, par l’incompétence généralisée (née d’un système éducatif universellement sinistré), gavé de paradoxes et d’artefacts, l’homme ne croit plus en rien bien longtemps.
    L’important devient la confrontation des points de vue. A cet égard, Internet permet de sélectionner les personnes dont les points de vue nous touchent le plus (forums, blogs) parce qu’ils sont proches de nos modes de vie, de notre culture, de nos personnalités. L’asymétrie auteur/lecteur est remplacée par la réalité de l’échange entre pairs.
    C’est pourquoi, la meilleure façon de répondre à une recherche est peut-être de savoir ce que des personnes proches de nos besoins ont trouvé en faisant cette même recherche. Cela implique une "famille virtuelle", cad une "typologie" des personnes nous ressemblant. En collectant tout ce que nous faisons sur le net, Google a les moyens de définir et de peaufiner à l’infini cette typologie. S’il y parvient, la publicité sur Internet deviendra vraiment efficace, ce dont elle est infiniment éloignée aujourd’hui.

  96. bara

    J’avoue que je n’avais pas lu toutes les réponses avant de communiquer mon point de vue.

    Si j’adhère totalement à ce qu’à écrit "others", les autres réponses du blog m’ont aussi fait réfléchir. Ce qui confirme, je crois, l’avantage majeur d’internet sur le livre : le partage de points de vue bien sélectionnés.

  97. Rufus

    Je dois reconnaître que cet article est assez éclairant, puisque, en commençant à le lire, j’ai moi-même sauté entre sa page et celle d’un autre article de presse, avant de me rendre compte de mon comportement.
    Il est vrai que la masse d’information, de liens, peut être un obstacle à la concentration (qui ne s’est jamais retrouvé avec une demi-douzaine d’onglets wikipedia avant de finir la lecture du premier ?), mais en même temps, laisse beaucoup d’opportunités. Le principal problème, à mon humble avis, est que notre société semble ne privilégier qu’un média à la fois, ramenant les autres dans l’ombre lorsqu’ils sont passés de mode.
    Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : les livres, les journaux, la radio ou la télévision ne sont pas condamnés à la disparition à court ou moyen terme, mais ils sont de moins en moins promus par le système à ses membres. Ainsi, ceux incapables d’initiative (et qui sont malheureusement nombreux) se verront modelés par une manière de penser, alors qu’il est pour moi nécessaire de jongler avec ces différents médias pour se forger son esprit.

  98. ratoune

    Exactement les bons mots sur l’expérience que j’ai vécue: je ne suis guère plus âgée que les étudiants que j’encadre et devant qui j’enseigne (sciences humaines: droit, science politique), mais je fais sans doute partie de l’une des dernières générations (ou rames) à avoir étudié sans internet ni, presque, d’ordinateur… Et j’ai été plusieurs fois désarçonnée par les réactions et attitudes de mes étudiants, qui privilégient l’accumulation de citations, de connaissances, copiées-collées la plupart du temps, à l’effort réflexif. Et ce sont eux qui ont raison et l’affirment clairement quand vous pointez du doigt telle ou telle incohérence de leur argumentation, les idées contradictoires qu’ils empilent, etc.
    Il ne faut pas généraliser non plus, mais il est vrai que l’enseignement aussi est à repenser et à adapter devant ces nouvelles technologies qui font plus que mettre des moyens (et de bons moyens! tout n’est pas à jeter!) à notre disposition…

  99. a voir

    Une réflexion intéressante que d’analyser l’influence d’un outil sur notre comportement.

    Mais d’une part l’auteur se contente d’analyser le comportement individuel (le sien en l’occurrence). Alors qu’il semble évident que ce sont des changement de société très profond que vas accompagner l’utilisation d’Internet.
    D’autre par, l’auteur limite dans sont analyse Internet à son rôle d’"imprimerie". C’est un peu réduire l’eau à sa fonction d’hydratation du corps humain…

    Je reste sur ma faim…

    Mais l’auteur à réussi sont pari à se faire lire intégralement un texte à mon sens volontairement étoffé de non-information. Tout cela, grâce à un titre provocateur (depuis quand Google et Internet sont synonyme) et une accroche culpabilisatrice.

    Quoi qu’il en soit, je suis le contre exemple de cette thèse.
    En effet, une légère dyslexie m’a toujours écarté de la lecture, mais ma pratique quotidienne via Internet m’a permis de compenser cette dyslexie. Mieux, aujourd’hui je suis devenu un lecture régulier d’ouvrage dont la seul épaisseur m’aurait à une époque paniqué.

  100. Pierre Sidon

    Je partage le sentiment de l’auteur selon lequel la technologie modèle notre conception de l’appareil psychique, néanmoins je ne crois pas nécessaire d’imaginer (car il ne s’agit que d’imaginer) que ce modelage implique la modification du substratum anatomique de l’appareil psychique. Du reste, imaginer cela, c’est précisément ce que font les neurosciences, appelées à la rescousse par l’auteur. Or que font les neurosciences, sinon emprunter, elles-mêmes, à l’image de l’ordinateur pour concevoir des modèles de fonctionnement de l’appareil psychique ? L’auteur en arrive au paradoxe que, pour critiquer l’effet que nous font les technologies, il recourt à des arguments empruntés un corpus conceptuel qui est le modèle même de la pensée influencée par la technologie !
    A cette remarque près, je suis assez d’accord avec les remarques de l’auteur. Maintenant, décider si cela est bon ou pas, idiot ou intelligent… Il convient peut-être d’apporter les mêmes réponse que celles qu’il évoque concernant l’apparition de l’écriture.
    Du reste, est-ce que ce n’est pas la pensée, elle-même qui fonctionne par zapping permanent, comme en témoigne l’Inconscient qui la sous-tend ? Ne peut-on ainsi échapper au zapping ? Et internet ne constitue-t-il pas simplement une manifestation de la structure de la pensée ?
    Dans la clinique, celle de l’appareil psychique, il est des phénomènes apparentés au zapping – que l’hypertexte ne fait que faciliter -, c’est ce qu’on appelle le "mentisme" : les pensées défilent à grande vitesse, au point que le sujet ne parvient pas à s’arrêter dessus, à les fixer, à les mémoriser et donc à les raconter. Ce phénomène manifeste une sorte d’autonomie, ironique, de la pensée : elle court toute seule et semble ne pas être accrochée à l’être du sujet. Pourtant, le sujet, celui qui parle, et donc pense, n’est pas dénué d’être. Et le lien existe entre son corps, support de son être, et ses pensées. Seulement par moments, ce lien apparaît comme défait. L’est-il complètement pour autant ? Certes pas. Le phénomène de zapping y ressemble. Il détourne en effet le sujet de son être et aiguise son appétit de nouveauté. C’est l’incarnation, dans la pensée, de la consommation, qui nécessite du nouveau, vite. C’est effet de l’époque, celle de la vitesse, qui nous fait sortir de nos corps. Saurons-nous y résister ? Voilà l’enjeu.

  101. des fraises et de la tendresse

    excellent article, excellente traduction

    j’ai lu une partie des commentaires et là mon enthousiasme s’est passablement émoussé
    que de fautes ! que de fautes !

    messieurs, mesdames, les commentateurs, faites un petit effort, SVP !!!

  102. mouais

    [qwerty writing merci de votre compréhension pour les accents manquants]

    Écrire un article aussi long, suivit par autant de personne montre bien que les personne ne lise bien que ce qu’elle veulent lire. Si les personnes ne lise pas en profondeur les écris numériques c’est a mon sens avant tout a cause de manque de qualité littéraire. Personne ne s’attarde sur quelque chose de mal fichu encore plus un texte et bien malheureusement la qualité de l’écrit est souvent secondaire chez les internautes.
    De plus la possibilité du lien hypertexte est encore a manier avec discernement. Laches au fur et a mesure du texte sur une grande longueur, les rends nuisibles a la compréhension et dispersent le lecteur. Il est (a mon sens) plus pertinent de les concentrer en fin de texte a titre de référence, avec un renvoi a la référence dans le texte, discret et non souligne (c’est la référence l’important pas le champ de son lien !)

    En bref l’écriture dans le format web est encore très mal maîtrisée ce qui est peut-être mettre en cause dans la difficulté ressenti de passer du format net au format livre.

    A cote de ça j’utilise internet de plus en plus et je n’ai jamais autant lu, serais une question de génération (ante- / post-internet) ?

  103. Adrien

    Bien entendu l’article ne s’adresse pas aux chercheurs qui utilisent internet de façon différente mais à monsieur tout le monde.
    Il est bien évident que la lecture profonde contrairement au surfing effréné procure des satisfactions intellectuelles bien supérieures. De plus le fait de lire un texte sur papier, surtout quand il est de qualité, est supérieur à la lecture sur écran, plus fatigante, qui pourrait expliquer le fait que la plus part du temps nous ne nous attardons pas suffisamment sur un texte. Une amélioration du support technique pourrait changer les choses.
    Socrate déplorait le développement de l’écriture qui rendrait les humains paresseux intellectuellement n’ayant plus besoin de mémoriser les données puisqu’elles restaient accessible à tout moment. Mais n’est-ce pas le cas avec internet ou nous pouvons utiliser le "marque page" à volonté ou l’enregistrement de documents sur disque dur qui, la plus part du temps resteront lettres mortes puisque la boulimie du surf nous entraine au galop vers de nouveaux horizons avec peu d’espoir de retour.
    L’Homo Surfiens ressemble à cet animal zigzaguant nerveusement reniflant le sol dans l’espoir de trouver une truffe. Mais la truffe est vite escamotée par la recherche d’une truffe encore plus grosse, pas le temps de la déguster. Néanmoins, le net, par son immédiateté nous offre l’énorme avantage de prendre des chemins de traverse à la recherche de nouveaux savoirs. La rapidité à l’information est un énorme avantage, plus besoin de flâner des heures durant en librairie, le surf d’abord, la recherche ciblée en librairie après.
    En fin de compte pour un bon équilibre il faudra combiner les deux modes de lecture.

  104. ideme

    Si je me refere au dernier livre de M Serres, je peux sans aucun doute me classer dans la categorie des analogistes, de ceux qui ont besoin de creer des ponts entre les choses pour les comprendre quitte a ne plus me souvenir du point de depart… ce qui fait beaucoup rire mon entourage qui me dit que je me perd. Si je me perd dans certains raisonnements, je trouve que la methode m’apporte beaucoup, peut etre pas assez en profondeur, mais en superficie. La difference entre l’amateur et le specialiste peut etre ? Je me console en pensant volume plutot que profondeur ni superficie.
    Je crois que le monde a naitre ne sera pas pire que le notre dans ce domaine, que des gens continueront de lire des livres et de surfer sur internet. C’est ce que je fais pour ma part… et j’ai reussi a lire vortre article, ma foi assez long, sans m’arreter.

  105. Jorge Gajardo

    I think the issue is more complex.The influence of technologies in human behaviour.Think in two people one conducting a car,other walking on a street.They see the world other people included in diferent ways.Added one is talking by a celular phone the other receiving news from a mp3 radio.All information received in brain is processed in one sense or other according the source and phisical status of person.The paradigma made by both is diferent. If both were in the same inicial situation.walking and talking about a mutual and shared matter,the paradigma and eventual consensus be diferent.You see is a complex matter.My conclusion is:Tecnologies not only of comunications make human thinking more and more a individual affair and deshumanize relationships making dificult consensus and also a understanding
    of other world vision.
    In one sense the person seems changed an empowered by artifacts
    of modern worlds(cars,TV,radio,Internet)not only in thinking also in behavioural action.
    The fenomen has two faces if you make a ethical approach:One positive,achieve a more highest spiritual status like using devices
    to obtain scientific results to explain why a letal disease works and find a new drug.
    Other negative one if science is used to inflict damage to others.
    Example:Use militar personal to obtain information of unarmed civilian population using psicological advances in interrogations rooms as was in Irak prisons.

  106. plansurlacomète

    J’ai plusieurs fois fait l’expérience de commencer un article sur un journal en ligne, le touver intéressant, mais trop long pour que je finisse. Le lendemain (eh oui, Le Monde de province), j’achète le journal en kiosque et je retrouve cet article débuté sur internet. Je le lis alors sans forcer la concentration…
    Dans mon travail de chercheur, je lis beaucoup d’articles scientifiques. Souvent je trouve plus facile de les lire en pdf, car j’ai moins tendance à zapper, pas de pub distrayante, format plus proche de l’imprimé, etc… (il faut d’ailleurs préserver ce caractère figé aux pdf, ne pas utiliser des versions qui prennent en compte les animations flash ou java…)

  107. Internaute vigilant

    Je voulais juste prévenir que cet article a été repris intégralement sur le site du Monde à partir de ce site. J’espère qu’ils ont demandé l’autorisation au moins.
    http://www.lemonde.fr/technologies/

  108. Charlot

    Merveilleux article… découvert par l’intermédiaire du Monde.
    Sans condescendance aucune, je reste en revanche perplexe devant la superficialité de la majorité des commentaires, ce qui justifie en fait complètement l’angoisse de l’auteur.
    La plupart semble en effet l’avoir lu au premier degré et s’être limités au « contenu ».
    L’article révèle un questionnement philosophique dans la continuité des réflexions d’Heidegger. La Technique pour ce qu’elle est n’est pas néfaste en soi, ce qui pourrait l’être pour l’Homme, c’est de ne connaître toute forme de réflexion que sous ce prisme là, et ainsi abandonner le champ infini, inconnu et imprévisible des possibilités inhérentes à la pensée de l’Homme (confrontée à ce qui n’émane pas de lui) et du même coup renoncer à la chance de choisir, libre, son futur.
    Morne destin de l’Homme que celui sans évasion.

  109. Matthieu

    Il ne faut pas oublier que pour utiliser un système informatique, c’est l’homme qui fait 90% du travail d’adaptation pour pouvoir l’utiliser. Quand on utilise un média pour communiquer, on limite notre communication aux possibilités offertes par le média. Les chats, chiens utilisent les phéromones pour communiquer ; notre race ne l’utilise pas/plus. Pour communiquer par téléphone, on perd l’image (et les émotions transmisent par les mouvements, etc). Pour communiquer par msn, on perd le son (et toutes les informations transmisent par le ton de la voix)
    L’ordinateur deviendra-t-il aussi intelligent que l’homme??? Où l’homme va-t-il se "rabaisser" à l’ordinateur? Le travail est en cours…

  110. Titus Curiosus

    Ma lecture de ce stimulant article de Nicolas Carr à la lumière de Bernard Stiegler et Alain Giffard dans "Pour en finir avec la mécroissance" sur mon blog (sur le site de la librairie Mollat) :

    voici le lien :
    http://blogs.mollat.com/encherchant

  111. Ululo

    J’ai découvert cet article sur lemonde.fr.
    Il va sans dire que je l’ai trouvé très intéressant, et porteur d’une réflexion profonde sur notre manière de penser. Je suis atteint du même symptôme que Nicolas Carr, c’est peut-être pour cela que je me suis senti touché. Ou peut-être parce que j’ai perçu dans ces lignes une description et même une prédiction de l’évolution de notre processus de pensée.
    La fragmentation de l’information s’est développée logiquement sur Internet, pour mettre en valeur le principe du réseau. On passe peu de temps sur chaque page, car il devient aisé de savoir si ce qu’on recherche se trouve sur la page où l’on navigue. On met en commun des renseignements grappilés partout, et c’est aussi lié à la démocratisation d’Internet qui fait qu’on ne croit plus personne ni plus rien.
    Voilà ce que j’ai compris et comment j’ai interprété l’article passionnant et révélateur de Nicolas Carr, que j’ai lu en me mettant au défi de le finir.

    Merci beaucoup pour cette traduction, et je m’en retourne essayer de connecter mes deux neurones atrophiés entre eux…

  112. Marc-Éric

    Et si l’intelligence qui nous amène dans un nouveau paradigme était l’intelligence émotionnelle ?
    (comme peut aussi le suggérer la fin de cet article)

  113. Thomas

    La lecture sur internet est difficile. Le nombre de lien qui vous déconcentre est impressionnant (faite un jour le compte sur un site quelconque par exemple ici, il y a 23 zones avec des liens). Mais la lecture sur un écran est relativement aisée si on est confortablement installé (notamment au format PDF).
    Je ne suis pas d’accord avec ce que dit le texte. Prenons les exemple de 2001 l’Odyssée de l’espace (bien que ce ne soit qu’un détaille dans l’article). Je vous invite à regarder la scène quand Dave est à l’extérieur du vaisseau tendit que HAL (ou Karl) lui refuse l’axée. N’es pas l’exaspération qui se transforme en froide colère de Dave qu’on ressent ? Alors que HAL est froid à son sort et celui de son coéquipier ?
    J’ai internet depuis l’an 2000, à peu de chose prête. Je passe beaucoup de temps sur internet. Mon métier mit oblige, et mon mode de vie s’en accoutume largement. Sur internet, je lit peu, je passe d’une information à l’autre. Pourtant, je suis toujours capable de lire des livres à une vitesse folle. Je me plonge régulièrement dans ce que je lis. Je ne comprend pas ceux disant qu’ils ne sont plus capable de lire parce qu’ils passent trop de temps sur internet. Lire les informations sur internet est exaspérant. On veux tout de suite l’information qu’on recherche. On y est habitué. Mais ne pas pouvoir lire Guerre et Paix parce qu’on est habitué à aller d’une page à l’autre est étrange. On en recherche pas les informations dans ces livres (à moins qu’on fasse une étude dessus). On recherche à ce détendre.

    La phrase de Nieztsche est la suivante :
    "nos outils d’écriture travaillent nos pensées"
    cela concerne-t-il nos moyen de lecture ? Je ne pense pas.

    Il est curieux de constater qu’en France, les journaux ne font pas défiler des textes et des pubs en bas de l’écran. Quand je regarde les informations anglaise (ce que je fais peux), notamment la BBC anglaise et la CNN américaine, je suis vite irrité par les petit bandeau qui passe à la base de l’écran. L’œil est très vite attiré par ces textes et on les lit plutôt que d’écouter. Sur internet c’est similaire.

    J’apporte une précision sur le Taylorisme. Il est largement dépassé maintenant. Si les marques de voiture nippones ont pût détrôner les marques américaines c’est parce qu’elles ont inventées leurs propres modes de production notamment le "cercle de qualité", ou la gestion à flux tendu venant du toyotisme.

    En tous cas merci pour cette article qui nous pousse à réfléchir.
    Bonne Journée

    Post-scriptum : Ainsi parla (ou parlait) Zarathoustra, le Crépuscule des idoles, et Nietzsche contre Wagner furent écrit respectivement en 1885, 1888, 1889, alors qu’il acheta sa machine à écrire en 1882. Je ne pense pas que ça machine est détérioré sa pensée.

    Post-scriptum 2 : Le lien pour voir le film 2001 l’odyssée de l’espace : http://www.megavideo.com/?v=HT8D8PE
    la scène est à peu près aux trois quart du film.

  114. kama

    j’ai lu cette article avec grand intérêt!
    Depuis 4 ans je lit pratiquement tous les jours des articles de journaux et dépêches d’agences sur le net en moyenne 4 heures par jour, ce qui fait que depuis un moment j’ai arrêté d’acheter des journaux et magazines d’infos parce que je n’arrive plus du tout a les lire ainsi que les livres!!
    j’ai trouvé l’article très pertinent et comment faire pour sortir de ce cercle ?!!!

  115. Feamelwen

    Article intéressant. Comme d’autres avant moi, je me suis aperçue à quel point ce texte correspond à la ma réalité propre : il est vrai que depuis quelque temps, j’ai de plus en plus de mal à me concentrer longtemps sur un livre, même quand les choses racontées sont intéressantes au possible, je me surprends en train de m’impatienter au bout de quelques pages, et cela m’étonne, vu qu’avant, j’étais une lectrice assidue, je m’enfilais quotidiennement des livres de plusieurs centaines de pages … En ce moment, j’essaye de lire pour le première fois l’Ulysse de Joyce, et à vrai dire, c’est presque une torture, une torture bénéfique et agréable, mais une torture quand même. Je me sens en permanence agressée par le livre, et non pas à cause de sa violence ou de son style vertigineux, mais à cause de la longueur et de la complexité des histoires racontées, et je me rends compte que ce livre aurait surement été beaucoup plus facile à lire si je n’étais pas aussi intoxiquée par internet (que je consulte tous les jours ou presque). Ceci, dit, comme le dit si bien l’article, toutes les activités "contemplatives" permettent d’effectuer sa cure de détox’, et à défaut de lire plus souvent des livres, j’essaye de prendre mon temps de regarder des longs films, des films contemplatifs, obscurs, pour tenter de m’en imprégner, je savoure le moment où je les regarde. Pareil pour la musique : je me suis aperçue qu’avant, j’étais capable de me passer un album adoré en boucle, pour mieux comprendre à chaque écoute, pour mieux l’apprécier. Dorénavant, je me lasse plus vite, j’ai une envie irréprésible de zapper d’une chanson à l’autre, pour peu qu’elle s’éternise plus de 3 minutes. Donc j’essaye également de prendre le temps de réécouter des albums originaux, pas faciles d’accès, qui permettent le réflexion et la contemplation. Je réapprivoise le Low de David Bowie avec ses sons futuristes de murs qui pleurent, je m’oblige à l’écouter jusqu’au bout, à me resouvenir de mon émerveillement lors de mes premières écoutes de cette oeuvre. Et je fuis comme la peste les vagues tubes NRj où on sait ce qui nous attend à chaque tournant, où on connaît le refrain de la chanson avant de l’entendre, ce qui nous évite la fatigue d’écouter réellement. Bref, je tente une détox à tout prix, mais internet reste assez dominant dans ma vie, et je crois que c’est pas encore gagné … Soyons forts, mousaillons! 😉

  116. gunday

    Bonjour,
    j’ai lu cette article sur le monde, où il fait 6 pages!

    Article extrêmement passionnant, mais face auquel je suis en désaccord sérieux.
    Je suis un grand lecteur, et je vois autour de moi beaucoup de gens que la lecture rebute.

    Les causes sont diverses, mais celles qui reviens le plus couramment, et le dégout de la lecture suite à l’école. On te force à lire des livres qui ne t’intéresse pas, ce qui répété sur une quinzaine d’année de scolarité fini par dégoutter définitivement des livres.

    Le second point est qu’actuellement il est extrêmement compliqué de trouver des livres qui vaillent le coup d’être lu : je ne considère pas des livres du style "la biographie de loana" comme digne d’intérêt. Pourtant il s’agit de la plupart des livres qui sortent chaque année.
    Il devient donc dur dans cette pagaille de navet de dénicher des perles rares.

    Je rajouterais un 3eme facteur à venir : la méthode globale qui touche la génération à venir leur empêchera d’apprécier pleinement la lecture, et donc aggravera encore l’effet "internet vs livre".
    Il faut maintenant espérer que la lecture en général et le livre en particulier arrivera à traverser ces épreuves.

  117. Serge ULESKI

    Les 3A : un nouveau label incontournable

    ________________

    "Dites, vous là-bas ! Venez donc par ici, deux minutes !
    – Qui ? Moi ?
    – Oui, vous !
    – Pourquoi moi ? J’ai rien dit. J’ai rien fait.
    – C’est à nous d’en décider. Nous vous trouvons un peu trop bavard ces temps-ci. Sachez que nous vous surveillons, et dernièrement on a relevé des déviances. Oui ! Des déviances ! Aussi, il va nous falloir, une nouvelle fois, corriger vos écarts. Nous devons nous assurer de la conformité de votre comportement avec l’ensemble de lois qui régissent ce lieu. Nous allons à nouveau tenter de vous aider à raisonner comme il faut afin d‘infléchir vos choix en notre faveur. Mais ce sera la dernière fois ! La dernière tentative ! Allez ! Suivez-moi !
    – Vous suivre ? Mais où ?
    – Vous le saurez toujours assez tôt. Pour l’heure, nous allons vous conditionner comme on conditionne une marchandise. C’est là, le prix à payer. Je vous propose un bocal comme premier conditionnement. Vous serez poisson rouge pendant une semaine. A heure fixe, vous goberez les ressources matérielles et symboliques dont vous avez besoin pour prospérer parmi nous. Ces ressources qui sont aussi des remèdes, feront de vous le contraire de ce que vous êtes. Elles réveilleront l’autre vous-même que vous refusez de nous révéler. On va tenter encore une fois de vous réguler. Et puis, ensuite on va vous réformer.
    – Me réformer ? Ca peut pas attendre deux minutes ? Faut que je…
    – Allez ! Pas d’histoire ! Entrer ! Mais… essuyez-vous les pieds. Prenez un siège et écoutez. Écoutez bien ! C’est une réforme à l’envers qu’on vous propose. Elle n’exclut pas, cette réforme. Bien au contraire ! C’est une réforme qui inclut et qui intègre. Pour votre malheur, vous êtes encore pétri d’inné. L’acquis, notre acquis que nous tentons de vous inculquer n’a pas encore occupé la juste place qui lui revient. Vous semblez lui résister. Il est donc temps pour vous d’adhérer. Alors, préparez-vous à passer de l’autre côté !
    – De l’autre côté ? Mais… de quel côté parlez-vous !
    – Cessez de vous distinguer et rangez-vous ! Rangez-vous des voitures, des autobus, des trains et des avions ! Rangez-vous aussi au fond d’un placard. Rangez tout et laissez sortir cet autre vous-même qui fera de vous un adepte du consensus car, si vous persistez, épuisé par votre entêtement, effrayé par la peur du rejet, envoûté par les illusions nombreuses qui hantent votre univers clos et stérile, un sentiment d’insignifiance viendra bientôt vous engloutiret vous finirez par souffrir d’une forme de mépris de vous-même. Alors, cessez de lutter contre cet acquis que nous tentons de vous inculquer ; cet acquis qui doit nous permettre de faire en sorte que vous soyez… non pas heureux car le bonheur ne nous est et ne vous sera d’aucune utilité… mais… comme neutralisé sur ordre et au pied levé.
    – Neutralisé ?
    – Oui ! Pour bien faire, vous serez et la majorité tapageuse et la majorité silencieuse ; une majorité non soumise, non rebelle ; une majorité neutre, comblée et assouvie. Ah ! Mais… comment dire ? Comment décrire cet état ? Comprenez bien que ce concept est tout nouveau pour nous. Nous n’en sommes encore qu’au stade de l’expérimentation. Alors, c’est pas facile. Il faut pouvoir trouver des mots nouveaux pour décrire ce nouvel état de conscience qui frise… l’inconscience.
    – Je vois.
    – Disons que prochainement vous ne vous ferez plus d’illusion sur quoi que ce soit et sur qui que ce soit. Dans un état cotonneux, confiant et raisonnable comme la raison qui guide nos pas et tous nos choix, vous flotterez entre deux eaux. Vous serez… attendez voir ! Vous serez… Adulte, apolitique et… abruti ! Oui, c’est ça ! Vous serez complètement abruti, à jeun mais… a… bru… ti ! Abruti… en l’état et… à l’état brut ! Les 3A ! Vous connaissez ?
    – Les 3A ????
    – Oui ! Un nouveau label incontournable ! La norme, la référence absolue les 3A : Adulte, Apolitique et Abruti ! Je vous explique : épuré, stabilisé, indécis mais ouvert à toutes les propositions et à tous les vents, fasciné par les courants d’air, bientôt vous ne ferez plus qu’un avec les désirs du plus grand nombre car, les indécis se rangent toujours du côté de l’avis de ceux qui n’en ont pas. Pour vous, la raison du plus fort en gueule et en image sera la meilleure des raisons qui soit ; et celui qui possédera l’écran le plus grand, sur écran géant – écran de la plus haute définition -, celui-là remportera votre vote. Le premier qui parlera et qui sera le dernier à l‘ouvrir recueillera votre assentiment et votre suffrage universellement exprimé. Comme vous pouvez le constater, notre système fait appel à l’ouïe et à la vue : l’audio et la vidéo ! Son et images ! Eh oui Monsieur ! C’est tout un monde que nous mettons en scène. Tout un monde ! Le nôtre ! Le seul disponible dans les années à venir !"

    Copyright Serge ULESKI.

  118. Rehzist

    Internet c’est comme un couteau, il peut nous à nourrir ou à tuer (le cerveau)…

  119. Jean-Rémy Duboc

    Je trouve cet article intéressant, mais cela dit un point me chagrine particulièrement: décrire Google comme la Saint Eglise du Taylorisme me paraît tout à fait à côté de la plaque.
    Chez Google, les employés sont encouragés à déveloper leurs propres idées (ils ont même du temps alloué rien que pour cela). Dans le système Tayloriste, les travailleurs ne sont pas sensé comprendre ce qu’ils font (ils ne sont pas supposé connaître le fonctionnement globale de l’entreprise, encore moins suggérer eux-même les améliorations). La devise de Google est "don’t be evil", ne soyez pas méchants, ce qui traduit leur souçis de satisfaire l’utilisateur avant tout. Dans le Taylorisme, c’est le système la priorité, pas le bien-être du travailleur, ni du client d’ailleurs (tant que celui-ci paye).
    De manière général, je croit que le web est un agent destructeur de la philosophie du Taylorisme.

  120. ButterflyOfFire

    Merci pour la traduction 🙂

    Je dois vous avouer que même avec l’introduction et malgré l’intérêt que je porte au sujet, je n’ai pas pu lire l’article en entier. Il est vrai que je fais partie de cette génération qui reçoit un flux d’information continue et je n’ai pas le temps (ou plutôt quelque chose en moi me dit : passe à l’autre, il y a de l’info à mouliner).

    Nous sommes submergés d’information sur la toile (ou via la toile) et parfois les lecteurs filtrent leur contenu. Exemple : il passeront un peu plus de temps à lire tel ou tel article sur le web que de lire un autre article publié sur un autre site (c’est par ordre de priorité, dans le but de répondre à un besoin.

    Dites juste : heureusement qu’il y a encore des gens qui produisent du contenu et d’autres qui lisent et qui ne viennent pas rien que pour cliquer sur des boutons qui affichent des animations ou qui leur proposent de gagner telle ou telle chose, tel ou tel service !

    Le soucis de la lecture sur le web est qu’elle est une lecture brève, rapide, le lecteur va droit va l’essentiel à mois que la poésie l’intéresse et les tournures littéraires qui font étaler les secondes ne le lassent pas.

    Quant au cas nommé "Google", je pense que Google replace dans la vie réelle cette personne (cet humain) cet agent-employé à l’Assemblée Nationale qui va chercher le numéro de tel ou tel décret voté en 1889 histoire de l’utiliser, l’amender ou tout simplement de le lire ou de s’appuyer dessus pour renforcer la loi.

    Google est l’outil qui permet à l’Homme de se retrouver dans le "contenu" et dans le bordel qu’il a lui même créé et ce dans tout les domaines en nous faisant gagner du temps ! … tiens et si le facteur "temps" était lui aussi un élément dans toute cette histoire.

    D’ailleurs, il est 4h16 du matin et je vous avoue qu’avec l’un de mes contacts en ligne, nous n’arrêtons pas de nous plaindre que la journée ne fait que 24h00 ! Nous avons besoin de plus de temps et d’énergie afin de pouvoir mouliner l’info, la synthétiser, la traiter, peut être la commenter, l’utiliser, l’améliorer si elle rentre dans la parenthèses du "filtrage établit".

    Ceci dit, promis, je reviendrai demain pour lire la moitié de ce que je n’ai pas lu aujourd’hui 🙂

    Bon début de journée 😉
    Salutations amicales

  121. Elessar

    Un conseil, ButterflyOfFire, imprimez cet article : c’est plus facile à lire tranquillement depuis un fauteuil, que devant un écran. 🙂

  122. anyway is lovely !

    hey , there !
    Ce texte est un excellent travail, et les commentaires aussi !
    Je voudrais revenir sur l’histoire du Temps(internet) contracté et le Temps(livre) dilaté. Pour moi, les deux activités contractent le temps.
    J’approuve l’idée que le cerveau s’adapte à l’utilisation que nous lui donnons et l’idée que tout est lié sur Terre .Certains , de par la culture , l’éducation , vont préférer de lire des livres (lecture profonde ) , d’autres vont survoler les titres sur internet , et d’autres vont ne rien lire du tout. (il faut de tout pour faire un monde).Ainsi , le type de documentation , donc , le type de cerveau va nous orienter vers des métiers dont les performances ne peuvent être "quasi-maximales" que si un certain type d’être humain y participe , le taylorisme n’est pas bannis de ce monde!
    Mais n’est-il pas obligé d’évoluer pour survivre? quel est votre avis M. Darwin? Les gens à la lecture profonde ne peuvent pas faire plusieurs choses en même temps , ce qui est une capacité extraordinaire ( lucky ladies!) qui permet de vous démarquer socialement.Étant absorbé par leur livre, ils ne travailleront pas sur d’autres domaines et ne pourront pas grandir dans la société , ils vont rester pauvres et les la natalité de ces gens sera négative. Et ils vont disparaître! Voila , il faut évoluer avec son environnement , sous peine d’être incapable de ne plus pouvoir le comprendre , le suivre! En évoluant , on reste adapté à ce milieu, et la "race" à plus de chances survivre.
    Évidemment, il n’est pas bon de rester passif , il faut combattre le mal , faciliter la vie , prévoir les dangers ,les détruire , il faut aussi se relever et voir de loin de que cela donne ( comme dans les arts ) , et mieux voir ce qui cloche !Mais quand , l’évolution ne va pas vous détruire , elle ne va pas vous rendre plus fort , rien ne se passera pour vous . ex : l’archipel des Haligen (allemagne) qui disparaît , ou encore l’unique continent de la Terre qui s’est divisé .Cela a changé qqchose dans l’histoire et l’histoire de l’humanité , mais ne nous a pas détruit ni rendu plus fort .

    Donc il ne faut pas cracher sur cette modification .Il faut l’accepter (chez les autres en tous cas) .Je pense qu’il faut faire ce qui nous plaît le plus ( tu veux internet , vas-y , tu veux des livres , vas-y !!) .Le cerveau va s’habituer à ce qu’on aime , va être meilleur dans ces domaines.Ainsi et car les goûts sont différents on aura une diversité qui permettra de palier à de nombreuses question , attaques , problèmes.

  123. soliton

    la moindre faculté de concentration peut être due out simplement au viellissement qui se manifeste plus tout qu’on ne croit!

  124. SilverBlood

    Si google (ou l’équivalent) n’existait pas je ne serais jamais tombé sur cet article de votre blog. Vous avez raison, je n’aurais jamais lu cet article en entier si je n’avais pas un exposé à faire sur le sujet pour demain, je plaide coupable.

    Je m’estime comme faisant parti de la nouvelle génération, celle qui évolue avec le web. Peut être cela vous rassurera t-il de savoir que le système scolaire m’a donné les bases pour avancer dans la vie, mais que l’Internet m’a permis d’apprendre à me connaître et savoir qui je suis. Chose dont le système scolaire (bien plus droit et logique que le Web – à mes yeux) était incapable de faire.

    "Pourtant, leur hypothèse simpliste voulant que nous nous « porterions mieux » si nos cerveaux étaient assistés ou même remplacés par une intelligence artificielle, est inquiétante."
    C’est à partir de cette interprétation que l’article s’écarte de ma vision des choses. Google pour ma part n’a jamais agit comme une personne réfléchissant pour moi, c’est illogique, il fait seulement le travail de recherche ennuyeux. C’est un des assistants les plus efficaces qui soit. Néanmoins, comme pour tout, il faut faire le tri dans le flot de réponse et d’informations qu’il nous envoie. A travers la quantité et la diversité des réponses que j’observe, il entraîne plus ma faculté de jugement qu’il ne l’altère.

    Le flux de données auquel nous sommes soumis quotidiennement sur la toile représente pour moi un danger bien plus limité que si l’on se plongeait dans la lecture profonde d’un livre. Tout simplement parce que l’instantanéité, la quantité et la variété des réponses font qu’il est quasiment impossible de nous contrôler via ce support.

    Pensez-vous que le mieux pour qu’un homme se construise est de suivre deux ou trois "modèles types" issue de personnages de livres auxquels on se sera identifié au cours de notre longue lecture? Où bien de découper par ci et par là la tonne de chose intéressante qu’il a sous la main pour se faire une idée de qui il est réellement et du monde qui l’entoure?

  125. cayce

    j’ai l’impression que le journalistes et les experts de "technologie et société" ou "technologie et cerveau" sont souvent très superficiaux à niveau de leur analyses. "je n’arrive plus à lire Guerre et Paix" "je n’arrive plus à lire un livre, à avoir une lecture profonde" nous disent…je me demande: quel interet puis-je avoir à lire l’avis de quelqu’un qui n’est même pas capable d’arriver à la fin d’un roman?? Ce que je veux dire est que je m’attends, par de spécialiste, est d’avoir au moins la distance critique du "medium" que ils sont en train de critiquer ou évaluer. C’est evident (et il le dit, en plus) que il a cherché sur google ses citations et je me demande si il les a contextualisé, en allant à la vrai source (est-ce qu’il a lu le livres dont il parle? du début à la fin?).
    Donner son avis, comme dans ce cas, n’est qu’une contribution à la manque d’épesseur et de profondité qui lui fait peur….a-t-il découvert quelque chose de vraiment intéressant?
    NO, il a seulement TRADUIT dans l’écriture "internet/blog/version éléctronique", il a fait de la divulgation (et de mauvaise qualité je trouve) de connaissances plus complexes… il met tout ensemble: philosophes, écrivains, scientifiques appartenant à contextes différents…il est en train de "surfer" sur des connaissances qu’il a acquis (j’espere pour lui) et il nous le "raconte"….
    au lieu de nous apprendre que on est en train de devenir tous bêtes en lisant sur internet…il aurait pu nous fournir une liste des livres, de vrai livres à lire…

    en plus…qui entre vous a lu 1984 de Orwell n’est pas trop surpris que le language que on parle influences notre moyen de penser ( il parle de "double-speak" and "double-think")….

    donc Bravo MR Carr, que tu nous dis de choses, que tu nous révèle ta verité (alors que il y a millions de romans et essai en papier sur ça)… ton seul mérite est de savoir que on est bien paresseux et on n’a pas envie d’aller se lire des bouquins…et on préfère, comme toi, lire vite sur internet…et avoir l’impression d’avoir appris quelque chose….ce n’est pas internet ou google que nous rends des abrutis, c’est le fait que on pense qu’il y a des gents comme toi, qui n’arrivent même pas à lire jusqu’à la fin un livre, qui puissent nous apprendre des choses….e aussi ce que nous rends bêtes sont les journaux qui nous filent ce genre d’article…et qui te payent pour dire des choses très triviales…

    je m’attends de la QUALITé et profondité dans le choses que je lis et je ne vois pas d’intêret pour l’humanité de publier des choses superficielles comme le tiennes…et je suis dégouté que on se rends pas compte que on est en train de se faire manipuler par des "traducteurs" comme toi, qui ont bien appris le language pré-cuit d’internet…

    j’espère vraiment que l’intelligence artificielle prendra un jour le poste et l’espace que maintenant est rempli par tes mots et les mots de ceux qui sont comme toi…

    parce que même si artificielle…au moins ça serait une forme d’intelligence….

    et desolée pour les fautes…mais je ne suis pas de langue maternelle française…

  126. Yamaplos

    Tiens zut, parce que jamais j’ai assez de temps, souvent j’ai des pages Framablog ouvertes pendant plusieurs jours, ça va avoir l’air qu’il y à des gens qui vraiment lisent les articles très en détail 🙂

  127. manou

    Tient ça se réveille !

    La machine, la machine, c’est toujours la faute à la machine !

    Si tout ces travailleurs/lecteurs donnaient une moitié de leur temps de

    travail à des lecteurs/chomeurs, ils gagneraient sans doute le temps de

    relire quelques bons ouvrages sur l’humanité…

    Ils vivraient certainement une nouvelle existence.

    Je suis musicien, je compose avec des machines, ma sensibilité évolue

    tous les jours, mon inspiration aussi…
    Pas mon pouvoir d’achat.

    J’écoute, je lis, je jouis de mille manières. ce n’est pas trés étonnant.

    L’épanouissement à un prix, celui de perdre son temps…

    En parlant de Taylorisme universel, vous comprenez mieux la source de vos

    tracas.

    C’est déjà ça.

  128. Go

    Les domaines sont nombreux pour lesquels on constate que l’esprit humain apprend de l’ordinateur et a rapidement tendance à l’imiter au point de "s’oublier" lui même, le jeu d’échecs en est un bel exemple, les joueurs professionnels ne peuvent plus se passer des programmes pour analyser, programmes qui ont eux mêmes appris des maitres avant de les surpasser, aujourd’hui un joueur d’échecs de classe internationale joue parfois plus de 90% de ses coups comme "Fritz" ou "Rybka", avec le même style de jeu, ne manquant pas au passage de lancer des polémiques sur une éventuelle triche comme lors du championnat du monde Kramnik-Topalov.

    Ce qui est intéressant est que l’on ne sait toujours pas au fond si cette perte de concentration (qui est également une avancée en termes de sélection) est véritablement mauvaise ou non… A lire également les articles de B. Stiegler sur Arsindustrialis.org

  129. Xavier

    Merci pour l’excellente traduction de cet article.

    Je dois dire que je suis fondamentalement en désaccord avec l’auteur. Il identifie correctement les erreurs qui ont poussé les penseurs du passé à craindre l’écriture, puis l’imprimerie. Mais il tombe dans les mêmes travers. Ainsi lorsqu’il écrit :

    « Le type de lecture profonde qu’une suite de pages imprimées stimule est précieux, non seulement pour la connaissance que nous obtenons des mots de l’auteur, mais aussi pour les vibrations intellectuelles que ces mots déclenchent dans nos esprits. Dans les espaces de calme ouverts par la lecture soutenue et sans distraction d’un livre, ou d’ailleurs par n’importe quel autre acte de contemplation, nous faisons nos propres associations, construisons nos propres inférences et analogies, nourrissons nos propres idées. »

    il ne fait rien de plus que de reproduire ces erreurs. Pourquoi y aurait-il besoin de « lecture profonde » pour construire nos idées ? On fait cela et encore plus avec Internet. Plus de pensée pré-mâchée d’auteurs dits « classiques » mais en fait plutôt formatés. Chacun peut se construire différemment, ce qui est une chance absolument inouïe pour le futur.

    La référence au taylorisme est totalement hors sujet. On ne chronomètre pas ses lectures lorsqu’on papillonne sur le net, bien au contraire, et on ne le fait pas sans comprendre ce qu’on lit. Quant au terme de « programmation » employé dans cet article, il ne me semble pas applicable au cerveau, en tous cas pas dans sa conception de « suite d’instructions ». Le cerveau est probablement beaucoup plus complexe que ça, ce n’est pas pour rien que la recherche sur l’intelligence artificielle piétine.

    En conclusion, ce genre de pensée me parait assez inquiétante. L’auteur ne peut plus lire de texte longs. Soit. Mais attribuer cela à Internet est plus que douteux. De nombreuses autres explications sont possible : son âge (50 ans), sa vue, d’autres centres d’intérêt, … ? Internet change notre manière de lire et de construire nos idées ? Certainement. Mais voir cela comme un dangereux abêtissement est un comble de sottise. Heureusement les vieux réactionnaires finissent toujours par perdre, et le progrès par triompher.

  130. philmouss

    Je ne vais pas jusqu’au bout de cet article et je vous dis d’emblée (étant webmaster moi même) que deux minutes passées sur vos pages c’est censé être une bonne performance, la moyenne se situant habituellement autour d’une minute. Je vous avoue par contre en ce qui me concerne que mon temps de lecture peut varier de un à dix ou plus selon que je suis chez mon employeur de la fonction publique ou que j’exerce comme indépendant dans le temps qu’il me reste hors de cet activité contractuelle à temps partiel. Je vous laisse deviner lequel de mes emplois me laisse plus de temps pour la lecture. Ce sera ma petite contribution pour un internet qui rend moins con. Je suis par ailleurs membre du groupe anti- powerpoint sur Facebook que je vous recommande vivement, nous avons besoin de soutien. Le problème de Power Point étant qu’il contraint beaucoup trop de gens à lire, ce qui dans ce cas d’espèce tend très massivement à l’abrutissement du lecteur.

  131. Grunt

    @philmouss:
    Je distribue des PowerPoint pour expliquer qu’il ne faut pas aller sur Facebook (qui rend con, aussi).

    On fait équipe?

  132. S. Marchand

    Il faudrait vraisemblablement un « s » dans le titre après « idiot ».

  133. Manu

    Merci pour la métaanalyse historique et sociologique sur notre tendance à vouloir contenir l’information et pallier à nos  »limites » subjectives…Je vais retomber dans un bon livre dès que j’aurai le temps 🙂

  134. CVL26

    Effrayant !! Prenons garde à ce que cela ne serve pas des apprentis totalitaires…
    PS : en tout cas, complétement d’accord sur le constat : lire plus de 4 pages demande, aujourd’hui, un effort de tous les instants. 😀

  135. mikra

    Juste une remarque concernant la conclusion de cet article qui reste à mes yeux d’une grande intelligence.
    L’auteur y pointe le risque de penser de façon trop algorithmique… Mais qu’y a t-il de mal à cela ? N’est-ce pas l’homme qui a inventé les algorithmes ? Pour résoudre un problème qu’y a t-il de mieux qu’une structure conditionnelle faite de boucles, de variables, de « si » et d' »alors » ? N’est-ce pas finalement le serpent qui se mord la queue, l’homme créant inconsciemment le reflet de son fonctionnement propre, de sa psyché, pour mieux la comprendre et pour mieux vivre en accord avec sa nature profonde ?
    Je pense que c’est une bonne chose que la machine façonne notre façon de penser, ce n’est qu’une redécouverte de notre nature car au fond nous pensant comme des machines.
    Nietzsche ne disait-il pas aussi « si vous regarder longtemps au fond des abysses les abysses voient on fond de vous ».

  136. bonjo

    Je suis assez d’accord avec les propos de [v/- 26 déc. 2008 09:08].
    Notre manque de concentration est dû au fait que notre esprit est ailleurs, préoccupé par des événements extérieurs, cela de manière inconsciente.
    Les médias sont tellement présents dans notre quotidien, que l’on absorbe leurs informations sans même nous en rendre compte, mais notre cerveau, lui, réagit.
    Il cogite. Nous sommes bombardés d’informations à longueur de journée, il y en a partout, tout le temps et en quantité astronomique.
    Impossible de gérer cela sereinement. Du coup notre cerveau divague et n’arrive plus à se concentrer.
    L’idée de se séparer des médias événementiels pendant un moment est un très bon moyen de retrouver sa concentration.
    Il faut se forcer à se limiter au niveau de la quantité d’absorption d’infos, aller à l’essentiel et ne s’attarder que sur ce qui nous intéresse vraiment. Il est très facile de se laisser déborder mais nous en pâtissons. Laissons notre cerveau se reposer ! Pourquoi devrait-il toujours être en mode alerte ? La curiosité peut être une qualité mais il faut savoir se mettre des limites, on ne peut pas ingérer toutes les infos que l’on nous donne, il y en a trop.
    La première étape est de trier et de se demander : qu’est-ce qui m’intéresse vraiment ? qu’est-ce qui peut m’être utile ? de quoi j’ai besoin ?
    Il faut ensuite aller chercher les infos répondant à ses questions et non pas subir passivement celles que l’on nous jette à la figure.

  137. programaths

    J’ajouterai que nous perdons également la forme.
    Lorsqu’un texte est publié sur un média papier, celui-ci est soumis à tout un tas de règles
    dont les veuves et orphelines. Sur le web, ceci n’est plus pris en compte
    pour la simple raison que nous y privilégions la fluidité du document.
    Les éléments «principaux» (au sens de web) sont placés
    ensuite le texte est incrusté.
    L’illustration prend le pas sur le fond.

    Il y a juste une chose qui m’a perturbé dans cet article : «Il y a juste un an»
    Pour ceux qui ont lu l’article à sa publication, cela fait sens
    mais pas pour les autres qui doivent détourner quelques instants leurs yeux de l’article affin d’aller trouver la date de publication.

    D’autre part, le web facilite le polycopiage.
    On se retrouve donc avec la même information répliquée
    et adaptée à la sauce de tout un chacun.
    Pire, certaines fois ces adaptations y apportent un sens nouveau.

    On peut ajouter à tout cela que certains articles sont « grossis »
    par des informations sensées êtres connues
    ou pour lesquels un simple renvoi est suffisant.(Cf. Taylorisme/Fordisme)

    Je suis un développeur web/application
    et je peux vous dire que nous devons effectivement bousculer de temps à autre l’utilisateur
    pour le rendre productif.
    Par exemple, nous offrons des accès différent aux mêmes données
    suivant l’instruction de l’utilisateur.
    (Ecrans types AS400 fournissant un encodage rapide et systématique et interface type Windows© privilégiant l’utilisation simplifiée)
    Toutefois, ça reste limité, dans le sens qu’un changement ne peut pas être trop profond, sans quoi c’est un rejet total par l’utilisateur.

    Pour ce qui est de l’attention, c’est un zéro pointé !
    Cette expression est malheureusement trop connue dans le monde informatique :
    «90% des problèmes se situent entre le dossier et le clavier».
    Car de nos jours, tout-le-monde sait tout et un logiciel en est un autre.

    Aussi, j’ajouterai que l’utilisateur moyen est demandeur du fait que l’Application prenne des décisions.
    Il ne veut pas détailler ce qu’il veut mais bien que la Machine devine ce qu’il veut réellement.

    Google© est cité mais quid de Wolfram-Alpha© ?
    Eux pensent aussi que tout est calculable et leur site est déjà impressionnant.
    «Ça en est même une machine à faire les devoirs».
    Et sérieusement, je suis plutôt doué en maths mais j’ai déjà rendu du «R» retravaillé
    à mon prof simplement pour avoir quelque chose de propre et rapidement.

    Le problème, c’est qu’on ne peut pas tous se le permettre
    et que cela est même un frein à l’enseignement.
    Comment un professeur peut-il vérifier que le résultat est bien le produit de la pensée humaine
    plutôt que d’un vulgaire copie-collé retravaillé ?
    (Il existe bien des outils pour cela mais ils ne sont pas assez fiable)

    Egalement, j’ai vécu une expérience amusante dans le monde professionnel : nous avons eu des cours de recherche dans la base de donnée de la société.
    L’une des recherches était : «Comment doit-on faire pour commander une nouvelle agrafeuse ?»
    Les recherches faites étaient du genre : «Commander agrafeuse» «Nouvelle agrafeuse»
    Bref, personne n’a pensé à «Matériel de bureau».
    Soit par manque de vocabulaire, soit par manque de clairvoyance.

    Les gens se reposent de plus en plus sur l’existant
    et en comprennent de moins en moins les bases.
    Il suffit de demander à un adulte d’effectuer une division Euclidienne
    ou de démontrer un théorème de géométrie de primaire CE2 (2ème primaire de 7-8 ans).

    Bref, le web façonne les personnes qui par rétroaction le modèlent.

  138. Humbert

    Bonjour,

    En appui à cet article, je recommande la lecture d’un petit livre récent de Vincent Folliot intitulé : « Les réseaux sociaux rendent-ils idiot ? La société de l’évitement figurée par Facebook et Twitter est-elle encore apte au politique ? ». Le mot « idiot » s’entend dans son sens étymologique, soit celui qui fait primer ses « petites affaires » (dans le sens que lui donnait Barthes) au politique.
    http://www.decitre.fr/livres/les-re

  139. LoalAnn

    Merci beaucoup pour cette traduction. J’ai du m’y prendre à 3 fois pour finir cet article. Mais enfin, c’est fait. Et là, j’ai une question qui m’a tiraillé pendant toute ma lecture: Mais pourquoi, Nicolas Carr, qui constate qu’il est difficile de se concentrer sur une longue lecture sur Internet, a écrit un article aussi long?
    Cependant, c’était très intéressant. Sinon, sur un sujet similaire, et plus optimiste, je conseille l’article de Motoko Rich, paru dans New York Time et disponible en ligne à cette adresse http://www.nytimes.com/2008/07/27/b
    Bonne continuation à tout le monde

  140. Alexeo

    Bonjour,
    Je souhaiterai réagir sur votre première remarque quant à la fréquentation du site qui est de 2 minutes en moyenne. Certes, c’est assez décevant de s’apercevoir que les internautes ne sont pas intéressés par les articles mais il faut dire que, on peut citer l’exemple de cet article d’ailleurs, certains de vos billets sont véritablement trop longs. Il faudrait synthétiser, bien que ce n’est pas forcément facile. Cela fait partie des critères de rebond sur le web. La lecture sur un écran est plus difficile et plus fatigante que sur un format papier.
    Autrement, votre article soulève un point très intéressant.

  141. Richard

    Bon, alors est-ce vraiment nécessaire de savoir encore lire des pages entières, de rester concentré pendant des heures ? La petite Poucette de Michel Serres s’en sortira bien dans son monde … Il est vrai que les besoins des hommes de demain ne sont plus forcément ceux des hommes d’hier. Alors à quoi bon pleurer sur le bon vieux temps ???
    La réponse est sur un autre article de ce même site. En résumé pour les jeunes générations qui sont nées avec le web, gens pressés et autres cyborgs: ici on vous dit que votre cerveau s’est « musclé », formé avec ces outils. Dans l’article dont l’adresse est ci-dessous, il est clairement expliqué que la perte d’esprit critique par rapport à ces technologies mène fatalement à une irréversible perte de liberté. Mais après tout, pourquoi rester libre ? La question est là.

    http://www.framablog.org/index.php/