La loi Création et Internet, le chant du cygne et le maquis

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Tempo no tempo - CC byCette loi «  Création et Internet  » s’apparente de plus en plus au chant du cygne d’une industrie culturelle totalement dépassée par les événements et qui s’arc-boute sur ce qu’il lui reste encore de privilèges hérités du siècle dernier. Associée avec la politique web 1.0 d’un Sarkozy, tout est réuni pour casser la société numérique en deux et voir les éléments les plus progressistes du pays prendre le maquis virtuel pour tenter de sauver ce qui peut encore l’être tant que la neutralité du Net sera garantie.

Un peu emphatique ce premier paragraphe non  ? Allez, tant, pis, je le garde quand même ;-)

En fait il s’agissait juste d’introduire cet article du collectif Libre Accès, qui fait justement partie de ceux qui sont bien décidés à ne pas s’en laisser compter[1].

Edit  : Dans un autre registre, on pourra également lire cette gore mais assez désopilante BD de Flock.

La libre circulation de l’Art est la garantie de notre liberté

Libre Accès – Lettre d’information – février 2009
Article sous Licence Art Libre

La préface de La crise de la culture d’Hannah Arendt commence par cette citation d’un poème de René Char  : «  Notre héritage n’est précédé d’aucun testament  », faisant référence à son choix d’entrer en résistance, à la prise de conscience que lutter contre la tyrannie restitue à chacun, au sein de l’espace public, sa liberté.

La circulation des œuvres de l’esprit a toujours été un enjeu majeur  ; les amateurs du totalitarisme ont une forte passion morbide pour brûler des livres et imposer leur pensée unique aux masses. Le hacker Soljenitsyne en a su quelque chose  : la parution de L’Archipel du Goulag, qui arriva en Europe de l’Ouest sous la forme d’un microfilm, est un des premiers exemples de l’enjeu que représente la numérisation des livres pour notre civilisation.

Il reste encore des hommes et des femmes dans le monde pour qui les actes de création constituent autant d’actes de résistances à la tyrannie. Actes de dignité où écrire, filmer, peindre, peut constituer un véritable crime passible de la peine de mort. Il est important de garder cette idée présente à l’esprit et de ne pas oublier qu’Internet représente rien de moins que de notre liberté de créer, d’échanger et de partager.

L’essence et l’avantage d’Internet est sa décentralisation. C’est l’outil rêvé de tous les amoureux de la liberté, encyclopédistes des Lumières, amis de l’éducation populaire et de l’art, leur permettant de diffuser leurs idées et les conserver. Bibliothèque-monde de toutes les cultures, lieu de production et de circulation de la pensée, l’art pour tous accessible, outil de pair à pair par excellence, Internet est un idéal des Lumières. C’est un espace d’expression, de réciprocité, de critique et donc de création.

En termes économiques, il serait temps de prendre conscience de faits essentiels qui se dessinent depuis son apparition  :

  • l’ancien modèle des médias était basé sur la diffusion et la consommation, tandis que le nouveau modèle s’est développé sur la participation et l’expression ;
  • l’élément critique de l’ancienne chaîne de valeur reposait sur la distribution, tandis que la nouvelle chaîne de valeur est centrée sur la découverte et la propagation ;
  • il faut porter son attention là où l’argent s’est déplacé, là où les gens dépensent leur argent, sans occulter dans le même temps que les circuits financiers et produits dérivés se sont globalisés, hors de tout contrôle des Etats-nations et des territoires.

Ce sont là des données de base, familières à tout acteur informé de l’économie numérique. Il est donc particulièrement inquiétant pour nos démocraties de constater que ces mêmes lobbies financiers n’ont de cesse de vouloir contrôler Internet par des méthodes non seulement arbitraires et irrationnelles mais également tout à fait dépassées.

Les arguments justifiant la mise sous contrôle du réseau se réclament paradoxalement de la défense de la culture, alors que c’est justement elle qui est attaquée  ; au même titre qu’ils invoquent des raisons pseudo-économiques, alors que par essence l’économie numérique refuse radicalement un contrôle central. Ce paradoxe a d’ailleurs été brillamment dénoncé par les situationnistes qui écrivaient dès 1967  : «  la fin de l’histoire de la culture se manifeste par deux côtés opposés  : le projet de son dépassement dans l’histoire totale, et l’organisation de son maintien en tant qu’objet mort, dans la contemplation spectaculaire  »

Ces objets morts, stars télévisuelles qui ont l’odeur des icônes des églises mais sans leur efficacité, sont mis en avant pour justifier tous les abus du contrôle d’Internet. La mort de notre liberté est préparée dans une tentative vaine et pitoyable de conjurer la mort de l’artiste télévisé.

La loi «  Création et Internet  » souhaiterait que l’on installât un logiciel sur chacun de nos ordinateurs pour prouver que nous ne sommes pas des copieurs d’œuvres numériques interdites. Absurdité fondamentale  : l’informatique, Internet, sont intrinsèquement copie, comme le rappelait Intel Corporation dans son Amicus brief lors du procès MGM vs Grokster.

L’argument de la culture en danger, servi à satiété, est un mensonge. La culture foisonne, les créateurs, de plus en plus nombreux, ne cessent de créer. Le public a soif d’œuvres auxquelles il accède de plus en plus en amateur, participant, co-créateur, et non plus en consommateur. La dissémination et l’accès de tous et par tous à la culture, voilà ce qui est en danger.
Et il est déconcertant de voir que c’est au nom du droit d’auteur, pour défendre la création, que l’on s’apprête à faire voter le projet de loi «  Création et Internet  », loi liberticide par excellence. Les comités de censure sont-il en train d’être remplacés par les Majors à qui le gouvernement français veut déléguer des pouvoirs arbitraires de police de l’Internet  ?
Le pouvoir oligopolistique des Majors renforcé par la puissance publique pourrait contrôler l’ensemble des diffusions culturelles par une intégration verticale anti-économique et anti-concurrentielle  : des tuyaux Internet, des radios, des télévisions, des journaux, des salles de concert…

C’est donc bien la liberté de l’auteur et son indépendance qui sont attaquées. Il n’est guère étonnant que de plus en plus d’auteurs et d’interprètes, voulant expérimenter d’autres dispositifs de création, quittent la SACEM (dans la musique) et les circuits classiques de distribution, pour mieux maîtriser leurs créations. Tout le monde n’est pas un adepte de la chanson à 2 minutes 30. La SACEM, influencée par les Majors ne sait pas rémunérer équitablement les auteurs occasionnellement diffusés sur les radios, par exemple. Ses modèles de répartitions sont basés sur des données partielles, accordant une prime aux plus gros diffusés. La production de la création doit correspondre au moule marketing de l’industrie culturelle ou ne pas exister.

De fait, il y a de plus en plus d’artistes qui, pour être en accord avec leur processus créatif, s’auto-produisent et s’auto-diffusent via Internet. Pour protéger leurs œuvres et garantir le partage de celles-ci, ils utilisent différentes licences telles la Licence Art Libre ou les Creative Commons.
Ils retrouvent ainsi leurs libertés premières d’auteurs  : choisir les possibilités de modification de leurs œuvres, d’utilisation, de collaboration, de rémunération. Certains auteurs souhaitent privilégier la diffusion et la pérennisation de leurs œuvres, plutôt que leur rétribution financière.

Antoine Moreau, fondateur de la Licence Art Libre écrit  : «  Je crois pouvoir dire alors que le copyleft participe bien de ce récit des rêves ou des visions qui va à contre-temps de tout ce qui prétend dominer le cours de la création. C’est une liberté intempestive qui ne se soumet pas à l’injonction de l’actualité mais envisage un temps élargi, qui va très loin dans le passé, très loin dans l’avenir et très profondément dans le présent  ».

Un musicien qui vient de terminer la création d’une œuvre musicale peut en un clic être écouté d’Afrique en Asie. Internet offre aux artistes un moyen de propagation inédit auquel les Majors ne s’étaient pas préparés. La plupart des plateformes de téléchargement d’œuvres sont multilingues. Il n’est plus rare qu’un artiste qui ne trouve pas son public localement le trouve à l’autre bout du monde.

C’est une vraie chance pour les auteurs, et pour l’humanité. Des groupes de musique comme Nine Inch Nails sont en passe de démontrer que la libre diffusion des œuvres n’empêche pas les artistes de trouver des modes de rémunérations concrets via la vente de places de concert ou de disques, avec toute une gamme possible de services et de produits dérivés.

Il y a bien un imaginaire défaillant dans les débats actuels sur la rémunération des auteurs et artistes-interprètes. Les moines copistes de l’industrie du DVD tentent d’imposer le même rapport de force que lors de la naissance de l’imprimerie, voulant casser une technologie brisant leur monopole. Frédéric Bastiat, économiste libéral français, les décrivit fort bien dans sa Pétition des Fabricants de Chandelles geignant contre la concurrence indue du soleil.

C’est l’auteur/artiste interprète à qui nous devons garantir une rémunération et non pas à l’industrie culturelle. La démocratisation des outils d’autoproduction et d’autodiffusion dans tous les Arts (cinématographique, musical, graphique, etc.) doit être prise en considération. Il appartient aux pouvoirs publics de savoir s’ils veulent soutenir les Majors ou les auteurs. N’en déplaise aux moines copistes de l’industrie du DVD et à leurs icônes télévisées, la création est foisonnante sur Internet et il est temps qu’elle soit reconnue.

S’il est fondamental de garantir cette liberté de choix de diffusion des œuvres et de leur circulation, nous devons être capables d’adapter le financement de l’art à l’heure d’Internet, sachant que sa défense ne peut être, ni en contradiction avec les valeurs démocratiques, ni avec les technologies actuelles. Comme le disait Michel Vivant en 2003 au Colloque de l’UNESCO ”Droit d’auteur et droits voisins dans la société de l’information”  : «  Il ne s’agit pas de s’incliner devant le fait. Il s’agit de ne pas nier la réalité.  ».

La libre circulation de l’Art garantit notre humanité, le pouvoir de se penser homme, voire humanité. On a besoin de se connaître à travers les grottes de Lascaux, dans les ruines de Babel. Antoine Moreau rappelle  : «  Il n’y a pas d’ouvrages de Platon et il n’y en aura pas. Ce qu’à présent l’on désigne sous ce nom est de Socrate au temps de sa belle jeunesse. Adieu et obéis-moi. Aussitôt que tu auras lu et relu cette lettre, brûle-la. La notion d’auteur, qui n’existe pas dans la Grèce Antique ni au Moyen-Âge où l’autorité émanait des dieux ou de Dieu, apparut.  ». Garantir la libre circulation des œuvres d’Art, avec comme seul propriétaire, en dernier ressort, l’humanité, est donc essentiel. Pas de Copyright sur les œuvres de Lascaux, mais des amateurs d’Art archéologues entretenant notre patrimoine.

Le devoir de garantir la circulation de l’Art comme patrimoine de l’humanité oblige à penser sa préservation. Pas les salaires mirobolant des icônes télévisés mais de ceux qui, en premiers garantissent une pratique artistique  : professeurs d’Art (plastique, musique, cinéma…), Maisons de la Culture, bibliothèques, espaces de pratique artistique, cinémas indépendants, universités… Il s’agit de multiplier les lieux ou les Artistes et les amateurs d’Art peuvent créer, échanger, écouter, pour maintenir à chaque Art les amateurs éclairés qui soutiendront toujours les Artistes/Auteurs.

Le financement de l’Art (pour les artistes souhaitant en bénéficier), doit être repensé par les puissances publiques. Préserver le seul intérêt des Majors, quand le statut des intermittents est menacé et le statut des artistes peintres est presque inexistant, démontre l’abandon de toute politique culturelle ambitieuse.
Si l’on songe que nous, citoyens, par les impôts, taxes et redevances que nous payons, sommes certainement le plus grand producteur culturel français, comment expliquer que l’on nous dénie toute participation aux débats en cours, et que l’on prétende privatiser et nous faire payer des œuvres que nous avons déjà financées ? Est-il par exemple normal que l’Éducation Nationale, selon les accords sectoriels post-DADVSI, paye 4 millions d’euro par an pour n’avoir le droit, en ce qui concerne les œuvres audiovisuelles, que d’utiliser les chaînes hertziennes classiques  ? Cela doit changer.
C’est en tant qu’amateurs d’Art et citoyens exigeants que nous devons être comptables des politiques culturelles et de leur diffusion. Il en va de nos identités et cultures plurielles, dont il faut empêcher l’uniformisation par une industrie culturelle qui, de TF1, à France 2 ou M6, montre les mêmes séries télévisées et les mêmes discours autistes du Président du tout nouveau Conseil de la création artistique.

Il incombe de défendre nos libertés concomitantes d’un accès à l’art pour tous. De ce point de vue, il est intéressant de noter que les Majors essaient d’imposer, comme les semenciers de Monsanto, un catalogue des œuvres dites protégées, au mépris du droit d’auteur censé protéger tout auteur d’une oeuvre de l’esprit. Il y a donc bien des logiques de domination économique qui sont à l’œuvre pour la privatisation des biens communs, contre lesquelles nous devons résister.

L’aboutissement des projets de Monsanto, comme le fameux «  catalogue des semences  » interdisant aux agriculteurs et jardiniers le droit de conserver, utiliser, échanger et vendre les semences ou du matériel de multiplication reproduits à la ferme, doit nous rendre vigilants sur les tentatives des Majors d’imposer le leur, fait du même petit nombre d’œuvres et rééditions formatées et sans risque.

Il y a un foisonnement d’Auteurs/Artistes talentueux qui autorisent la diffusion de leurs œuvres via la Licence Art Libre et les Creative Commons, plus de 30 000 œuvres musicales sur la plateforme Dogmazic, 10 000 œuvres littéraires sur le site de la maison d’édition InLibroVeritas, et dans le monde, d’après des estimations minimales, 130 millions d’œuvres et documents sous Creative Commons en juin 2008. Il est de notre devoir de les soutenir, car ils sont à l’avant-garde d’un mouvement de résistance, se livrant à la lutte pour la libre circulation de l’Art et donc notre liberté.

Pour Libre Accès, Jérémie Nestel (MACAQ, Radio du Ministère de la Crise du Logement), Bituur Esztreym (co-fondateur de Musique Libre  ! et de dogmazic.net), Eric Aouanès (président de l’association Musique Libre  ! et co-fondateur de la plateforme Dogmazic), Didier Guillon-Cottard (Festival Art is chaud) Mathieu Pasquini (gérant et fondateur de la maison d’édition InLibroVeritas).

Notes

[1] Crédit photo  : Tempo no tempo (Creative Commons By)

11 Responses

  1. Winael

    J’ajouterai qu’il est du plus sacré des devoir que de soutenir une philosophie qui prône l’indépendance et la liberté des Arts et de la Culture.
    Combien de fois avons-nous entendu par tel ou tel "expert" politique parler du choc des civilisations ?
    La liberté de diffusion des oeuvres de l’esprit à l’échelle planétaire de manière quasi instantanée et à très faible coût, permet de connaitre la culture de l’autre, mais aussi et surtout le metissage culturel.
    La Culture est l’essence même d’une civilisation. La laisser entre les mains d’acteurs n’en voulant tirer qu’un bénéfice financier c’est participer à la mort de cette civilisation.
    Le partage de la Culture et son metissage permet au contraire d’élargir les différentes civilisations pour les porter aux rangsde Civilisation Globale, la Civilisation de la Terre, le Cosmopolitisme dans ce qu’il a de plus noble

  2. plix

    Antoine Moreau rappelle : « Il n’y a pas d’ouvrages de Platon et il n’y en aura pas. Ce qu’à présent l’on désigne sous ce nom est de Socrate au temps de sa belle jeunesse." Pour avoir un peu travaillé sur Platon et Socrate, je suis un peu surpris que l’on puisse dire qu’ "il n’y a pas d’ouvrages de Platon". Socrate en effet n’a pas écrit une ligne à notre connaissance. Pour autant, peut-on dire que son disciple n’a fait qu’enregistrer les paroles du sage ? Est-ce à dire que rassembler et composer un ouvrage qui retravaille la pensée d’un autre n’est pas une véritable oeuvre (et je dis cela alors que je n’aime pas Platon) ? Par ailleurs et c’est le plus important ici, Platon s’éloigne de plus en plus de l’héritage philosophique de son maître, le gauchissant progressivement au fur et à mesure de ses écrits, jusqu’à exposer une philosophie singulièrement autoritaire, laquelle, au dire des spécialiste, est une trahison claire de la pensée de Socrate. En fait, sous le nom de Socrate dont il utilise la notoriété, Platon fait du lobbying pour sa propre pensée. Par conséquent, il me semble douteux de prétendre qu’il n’y a pas d’ouvrage de Platon, quand on connaît un peu l’oeuvre du disciple. Il vaudrait mieux dire, et ce serait bien plus juste : "Il n’y a pas d’ouvrages de Socrate". Parce que cela, c’est vrai ( et ce qui met la puce à l’oreille, c’est que c’est sans doute parce qu’il n’a pas fait oeuvre écrite que Socrate fait autant fantasmer depuis 25 siècles : comment aurait-il pu être à la hauteur d’une telle vénération et d’une telle haine ?).
    Autre chose que je porte à votre sagacité : Moreau dit : "Adieu et obéis-moi. Aussitôt que tu auras lu et relu cette lettre, brûle-la.". Cela me fait penser au poète latin Virgile, qui avait demandé à ce que l’on brulât ses écrits après sa mort, ce que l’empereur Auguste, protecteur des arts et lettres, interdit. Dans le cas de la propriété inconditionnelle de son oeuvre par l’auteur que soulève l’avènement du net, qu’auriez-vous fait ? Respecter sa volonté, ou donner à la postérité un monument de beauté qui allait inspirer toute l’histoire de la la littérature, en trahissant l’auteur, qui considérait son oeuvre inachevée ?
    Merci pour votre travail.

  3. Baimaul

    @Winael qui dit : "Le partage de la Culture et son métissage permet au contraire d’élargir les différentes civilisations pour les porter aux rang de Civilisation Globale, la Civilisation de la Terre, le Cosmopolitisme dans ce qu’il a de plus noble"

    Ouais je suis pas convaincu. Avec cette logique là on se retrouve avec une culture totalement uniformisée. Suffit de se promener dans n’importe quelle grande ville du monde pour constater qu’elles tendent à toutes se ressembler. Avec cette logique là, on se serait retrouvé avec un Wikipédia en une seule langue !

  4. Winael

    @Baimaul : Le métissage n’est pas synonyme d’uniformisation. En faisant un savant mélange de Gipsy Oriental auquel j’appliquerai un traitement ethnorock, je n’obtiendrai pas le même résultat que si j’orientalise un morceau de rock gispsy d’influence ethnique. Il y aura donc diversité culturelle tout autant que la Nature elle même présente une très grande diversité au grès du métissage de sa faune et de sa flore

  5. Nicolas F.

    La vision que le gouvernement a de l’avenir d’Internet me répugne à 100%. J’espère que nous saurons peser pour que ces mesures ne passent jamais. En tout cas, la liberté sur Internet orientera clairement mes futurs votes. Sarko n’a pas été élu pour démolir les droits des internautes et Internet en général. Qu’il s’attende à ce que son propre électorat monte au créneau avec des lois aussi imbéciles.

  6. Ninja

    "là où l’argent s’est déplacé, là où les gens dépensent leur argent,"
    là où on n’a plus le choix : bouffe, loyer, connection, etc
    alors si on ne peut même plus se cultiver tranquillement…
    C’est sans nul doute là où ‘ils’ veulent en venir : des esclaves abrutis, qui en ont ‘élu’ les plus beaux exemples au gouvernement et aux assemblées

  7. Zalmmann

    A mon avis, c’est logique que la culture s’uniformise.
    Lorsque deux cultures s’échangent des choses, il en arrive au moment où les deux cultures n’en forment plus qu’une seule, uniformisée sur les peuples qui pratiquaient auparavant les deux cultures distinctes.

    Uniformiser est un verbe qui ne veut rien dire en soi, il est soumis, comme beaucoup de choses, à une notion de référence : on peut uniformiser par le haut et par le bas, et dans le cas qui nous occupe, le métissage culturel apporté par internet et cité dans l’article ne peut être qu’un nivellement par le haut. Est-ce un mal ?

  8. Charlie

    @Zalmmann
    Bonjour,

    Non rien de rien, je ne partage rien de rien de ce que vous venez d’écrire.

    En premier lieu vous partez d’un postulat qui n’est étayé par aucun exemple, aucune référence : "Lorsque deux cultures s’échangent des choses", dites-vous , "il en arrive au moment où les deux cultures n’en forment plus qu’une seule, uniformisée sur les peuples qui pratiquaient auparavant les deux cultures distinctes.".

    Toute l’histoire de l’anthropologie – à moins que vous soyez en mesure de citer un seul contre-exemple – est là pour témoigner que dès que deux peuples s’échangent des choses les signes sont réinvestis dans une nouvelle dimension distincte. En témoigne l’étude de Claude Lévi-Strauss dans son célèbre ouvrage "La voix des masques".

    Lévi-Strauss se demandait en étudiant les masques des Amérindiens de Colombie Britannique la raison d’une telle diversité esthétique et de signification alors même que ces tribus étaient en perpétuel échange :

    "En effet, considérer ces tribus qui jalonnent les 300 kilomètres de côte continentale et de l’île avoisinante, comme des entités isolées serait une grave erreur : Kwakiutl, Salish, Déné, Haida, Tlingit, Tsimshian, Bella Coola, Nootka, etc. n’ont cessé d’alimenter un réseau dense de contacts allant de l’alliance matrimoniale à la guerre. Les masques et leurs privilèges sont alors autant des enjeux de rivalités et d’échange que les femmes, les cuivres (éléments de richesse et de prestige) ou les produits alimentaires. Mais, en changeant de main et de tribu, les objets d’art changent de sens ou d’aspect, de telle sorte que Lévi-Strauss conclut : « Quand, d’un groupe à l’autre, la forme plastique se maintient, la fonction sémantique s’inverse. En revanche, quand la fonction sémantique se maintient, c’est la forme plastique qui s’inverse »

    http://www.cndp.fr/RevueDees/notele

    Et je pourrais ici citer des centaines d’exemples m’appuyant tout aussi bien sur les écrits d’ Edward T. Hallde de l’École de Palo Alto ou encore de la phénoménologie sociale d’un Alfred Schütz, de Interactionnisme symbolique de George Herbert Mead ou plus près de nous encore l’ethnométhodologie d’un Harold Garfinkel. Tous, et bien d’autres encore, bien qu’appartenant à des écoles de pensée différentes s’accorderaient sur le diagnostic de Levi Strauss dans Voix des masques.

    Lorsque deux cultures s’échangent des "choses", loin d’en former plus qu’une, chacune d’entre elles continue d’évoluer sans se fondre en une seule.

    Déjà, le jésuite Michel de Certeau, ce génial théoricien du détournement, avait en son temps remarquablement observé, assimilant "les producteurs de sens à des propriétaires terriens", que leur stratégie était basée sur " de la règlementation des usages et accès", comparant les consommateurs à des "braconniers" qui viennent sur les terres pour voler des biens en toute illégalité pour composer leur quotidien.".

    Et ce que décrit ici Michel de Certeau, c’est le résistant, le hacker en "prônant" une réappropriation de ce réseau imposé par le consommateur, par l’intermédiaire de "ruses" ou "procédures".
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel

    Cependant, cette stratégie de résistance à l’uniformisation par une industrie culturelle ne doit pas pour autant nous faire oublier le phénomène de l’ethnocide mis en lumière par l’ethnologue Robert Jaulin.

    "L’ethnocide désigne la disparition de l’ensemble des caractères sociaux et culturels d’un groupe d’humains, la destruction de sa civilisation par un autre groupe ethnique plus puissant."
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Ethnoc

    La tentative de contrôle total sur la diffusion des oeuvres dites culturelles, par le haut, par les majors, l’industrie de l’entertainment, les Monsanto de la culture,et dans une certaine mesure le web 2.0 est une tentative d’ethnocide culturel.

    "Le métissage culturel apporté par internet et cité dans l’article ne peut être qu’un nivellement par le haut. Est-ce un mal ?", écrivez-vous !

    C’est le mal absolu !

    Et ici pour répondre ne me vient à l’esprit que les textes d’André Neher sur la Tour de Babel où la communication entre les êtres était fermée. Babel pour André Neher c’est l’univers totalitaire.

    En ce sens, par delà les licences libres, ouvertes, ce qu’il s’agit de préserver c’est la communication de pair à pair, et non pas celle exclusive du haut vers le bas de l’ethnocide culturel.

    Voilà pourquoi je regrette qu’aka n’est pas conservé le titre initial de cet article écrit à plusieurs main par le collectif Libre Accès.

    La libre circulation de l’Art est bien la garantie de notre liberté.

  9. oursvince

    Il y’a une alternative au piratage c’est la musique libre avec un mode de diffusion gratuit choisi par leurs auteurs, comme par exemple sur 100% musique ( http://www.100-pour-100-musique.com… ) ou l’auteur diffuse gratuitement ses propres sons ainsi que des albums sous licence creative commons.