Pourquoi je vais voter pour le Parti Pirate

Temps de lecture 10 min

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Jon Aslund - CC byDemain c’est jour d’élection pour tous les pays de la communauté européenne. En Suède il est un parti tout à fait original, qui, si l’on en croit les derniers sondages, pourrait bien conquérir un siège au prochain Parlement  : j’ai nommé le parti pirate (piratpartiet en suédois).

Wikipédia nous dit  : «  Le parti pirate est un parti politique de type contestataire, fondé en 2006, dont le leader est Christian Engström. Ce parti s’attache notamment à diminuer les droits de la propriété intellectuelle, comme le copyright, les brevets et la protection des œuvres. Le programme comprend aussi un soutien au renforcement des droits de vie privée (comme la propriété privée et les informations privées), à la fois sur Internet et dans la vie courante. Le parti n’a pas de programme autre que ce sujet et il n’est donc pas possible de lui attribuer une position de droite ou de gauche.  »

Si chez nous c’est le débat sur l’Hadopi qui aura notoirement contribué à sensibiliser le grand public sur ces questions, chez eux c’est surtout le récent procès (et son verdict) contre le site d’échange de fichiers torrents The Pirate Bay[1] qui, en défrayant la chronique, a eu pour conséquence indirecte de voir un parti pirate, de plus en plus soutenu, occuper le devant de la scène.

Et parmi ces soutiens, il y a le romancier et professeur Lars Gustafsson, dont la maigreur de sa page Wikipédia en français ne doit pas vous tromper sur sa renommée nationale (et internationale). C’est la traduction (ci-dessous) de sa récente tribune au magazine Expressen qui sert de prétexte à ce billet. Qu’un intellectuel de tel renom achève son article en expliquant que «  pour toutes ces raisons mon vote ira au parti pirate  » a eu son petit effet chez nos amis nordiques et témoigne de l’intérêt que suscite ce parti (et le mouvement qu’il incarne) au sein de la société suédoise.

On notera que ce parti pirate connait de nombreuses déclinaisons dans les autres pays européens, mais aucun n’a le poids du piratpartiet et, de fait, aucun autre ne se présente aux élections.

En France la situation semble un peu confuse, puisqu’on a déjà, au moins, deux «  partis pirates  » alors même qu’on n’en a pas du tout entendu parler pendant le projet de loi Création et Internet. Il y a en effet un parti pirate canal historique (sic) et un parti pirate tout court. Ce dernier semble le plus crédible a priori, mais je manque d’informations. Peut-être viendront-ils apporter quelques précisions dans les commentaires…

Selon moi, et quand bien même cela ne soit ni son objectif ni sa fonction, une structure emmenée par La Quadrature du Net aurait pu y aller. Avec le risque bien sûr de se planter complètement et que cela se retourne contre elle. Mais elle aurait certainement récupérée pas mal d’abstentionnistes potentiels échaudés par l’épisode Hadopi et tout ce qui, à sa suite, semble se mettre en place. Jusqu’à peut-être, qui sait, gagner un élu, et causer ainsi localement un petit tremblement de terre politico-médiatique.

Mais je vous laisse avec Lars Gustafsson dont nous avons traduit la traduction anglaise de son texte d’origine…

Lars Gustafsson  : «  Pourquoi je donne mon vote au Parti Pirate  »

Lars Gustafsson : “Why my vote goes to the Pirate Party”

Lars Gustafsson – Traduction anglaise Rasmus – 27 mai 2009 – Copyriot
(Traduction Framalang  : Olivier)

Introduction du traducteur anglophone

Lars Gustafsson est sans doute l’écrivain suédois en vie le plus prolifique. Depuis les années 1950, il ne cesse de nous abreuver de poésie, de romans et de critiques littéraires. Il y a peu, il officiait encore comme professeur de philosophie à l’Université du Texas. De retour pour de bon en Suède, il vient de commencer à s’auto-publier sur un blog. Il est aussi le lauréat de nombreux prix littéraires, le plus récent date seulement de deux jours lorsque le prix Selma Lagerlöf lui a été remis.

Vous comprendrez donc pourquoi ses récentes déclarations dans le numéro de Expressen publié aujourd’hui ne passent pas inaperçues en Suède. Il y explique que le copyright doit être abandonné et il déclare que son vote ira au parti pirate aux élections européennes toutes proches.

Comme je pense que ce texte pourrait en intéresser plus d’un hors de Suède j’en ai fait une traduction rapide. Elle est sans doute loin d’être parfaite donc je vous demanderai de vous abstenir de poster des commentaires sur les erreurs de traductions, je vous invite plutôt à les corriger vous-mêmes et à indiquer l’adresse dans les commentaires  !

Je dois aussi préciser que, personnellement, je ne partage pas entièrement l’analyse de Lars Gustafsson. La dichotomie entre matériel et immatériel particulièrement est problématique. Les technologies numériques offrent en effet la re-matérialisation n’importe où, c’est un point qui fait actuellement débat au sein de l’Embassy of Piracy, débat qui s’intensifiera à la Venice Biennale. Il y a aussi matière à remettre en question le concept de reproductibilité de Walter Benjamin. Cependant Lars Gustafsson, comme Walter Benjamin, a le mérite de réussir à formuler les conflits actuels en termes matérialistes et d’utiliser les références historiques à bon escient. Le débat est lancé. Encore une fois, pardonnez-moi s’il y a des erreurs de traduction…

La tribune de Lars Gustafsson

Därför röstar jag på Piratpartiet

Les écrits anciens qui sont parvenus jusqu’à nous racontent comment l’empereur perse ordonna que les vagues de la mer soient châtiées car une tempête l’empêchait de transporter ses troupes par navire.

Plutôt stupide. De nos jours il se serait sûrement plaint au tribunal d’instance de Stockholm, ou il aurait exigé un entretien avec le juge, peut-être…

La détresse des droits civiques au printemps 2009 me rappelle étrangement les luttes pour la liberté de la presse en France au cours des décennies qui précédèrent la révolution française. Des idées radicalement nouvelles émergent, des idées qui n’auraient jamais vu le jour sans les progrès galopants de la technologie.

Descentes contre les ateliers d’impression clandestins, pamphlets confisqués et même saisie du matériel d’impression. Mises aux arrêts et transports épiques sous le couvert de la nuit à destination de Paris depuis l’enclave prussienne de Neuchâtel – où non seulement une bonne partie de l’Encyclopédie a été produite mais à partir d’où énormément de pornographie osée a circulé également, dissimulée dans des pamphlets athéistes.

Entre les années 1730 et 1780 le nombre de censeurs d’État a quadruplé. Les descentes contre les ateliers d’impression clandestins augmentèrent proportionnellement. Avec le recul maintenant nous savons que ça n’a pas endigué le mouvement en marche. Au contraire, les nouvelles idées se sont encore plus développées et se sont répandues plus rapidement encore, stimulées par la censure toujours plus forte et les descentes dans les ateliers d’impression clandestins.

Le combat porte de nos jours sur la défense de l’essence même d’Internet, un espace de droits civiques et d’échange d’idées. Un espace qui doit rester vierge de toute menace sur la vie privée et de toute influence de puissants intérêts privés.

Le rejet d’une folle proposition de loi franco-allemande au Parlement européen n’est en aucun cas l’assurance que la vie privée en ligne restera un acquis.

Devons-nous vraiment nous inquiéter alors  ? Prenons l’exemple de la rivière Dalälven. Au printemps elle est en crue, les pires années elle peut envahir les terres sur 100 voire 200 mètres alentour. Elle inonde alors les quartiers résidentiels et les prairies. Appeler les forces de l’ordre y changera-t-il quelque chose  ?

Jusqu’à maintenant, l’Histoire nous montre que les lois n’ont jamais réussi à s’opposer au développement technologique.

Walter Benjamin est l’auteur d’un essai très important, L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique, dans lequel il tire quelques conclusions très intéressantes sur les évolutions qui doivent accompagner l’avènement de la reproductibilité, malgré son échelle encore modeste à l’époque. La révolution numérique pousse la reproductibilité à un niveau que Walter Benjamin n’aurait pas imaginé même dans ses rêves les plus fous. On peut parler de reproductibilité maximale. Google est sur le point de construire une bibliothèque qui, si on lui permet d’aller au bout de son projet, rendra la plupart des bibliothèques physiques obsolètes ou surannées. Le cinéma et la presse écrite se sont retrouvés les premiers entraînés dans cette nouvelle immatérialité.

Les films, les romans ou les magazines sont facilement reproductibles. Mais ce n’est pas tout, les objets en trois dimensions, comme ceux créés par des machines programmables, peuvent aussi être reproduits, rapidement et sans laisser de trace.

Cette dématérialisation menace naturellement le droit de la propriété intellectuelle. Nous ne parlons pas ici des difficultés que Jan Guillou et une bonne douzaine d’autres auteurs pourraient affronter pour s’acheter une autre maison de campagne encore. C’est un problème social dont, pour être honnête, je me contrefous.

Le droit de la propriété intellectuelle touche à des aspects bien plus sérieux  : qu’ont apporté les brevets déposés par les grandes firmes pharmaceutiques sur les trithérapies aux pays du tiers monde  ? Et que dire de l’appropriation de plantes et de cochons par Monsanto  ?

La société est garante d’un équilibre juste entre des intérêts contraires, l’ignorer serait un non-sens hypocrite. Une armée de défense opérante est plus importante qu’une patinoire ou que des pistes cyclables. Le Net représente une menace pour la propriété intellectuelle  ? Et alors  ?

La liberté de pensée et la sécurité des citoyens, autrement dit un Internet que les tribunaux aux ordres des lobbies et que les hommes politiques européens bien dressés n’auront pas encore transformé en canal gouvernemental, est sans aucun doute bien plus important que les desiderata d’une scène littéraire et musicale devenue essentiellement industrielle, une industrie que les détenteurs de droits eux-mêmes voient s’effondrer au cours de leur vie. Le souhait de vendre beaucoup de copies ne doit pas prendre le pas sur celui d’être lu, d’influencer ou de décrire son époque. Quand tel est le cas, les intérêts industriels devraient être mis de côté au profit de la défense de l’Art avec un A majuscule.

Le souci premier de tout artiste ou auteur qui se respecte est certainement d’être lu ou entendu par ses contemporains. Les moyens pour atteindre cette fin, c’est-à-dire atteindre son public, de ce point de vue ne sont que secondaires.

Les combats, toujours plus nombreux, pour défendre la formidable liberté de parole offerte par Internet, les droits civiques immatériels, que nous voyons se propager de pays en pays sont les prémices d’un libéralisme porté par la technologie et qui donc accroit notre liberté, à l’instar des changements radicaux qu’a connu le 18ème siècle.

Pour toutes ces raisons mon vote ira au parti pirate.

Reportage vidéo de la télévision Suisse Romande

URL d’origine du document
Reportage  : François Roulet / Montage  : Sandro Milone – 5 juin 2009 – TSR (Nouvo)

—> La vidéo au format webm

Notes

[1] Crédit photo  : Jon Åslund (Creative Commons By)

26 Responses

  1. Olivier

    Je pense aussi qu’il y avait un bon coup à jouer en France. Mais ça ne s’improvise pas non plus !

    Bonne chance au PP suédois pour demain.

  2. TchorT

    En tout cas, moi je ne voterai pas demain c’est sûr. Je ne compte ni sur nos amis de la gauche, ni sur nos amis du centre, ni sur nos amis de droite, pour défendre certains de mes intérêts.

    Mes intérêts, je compte les défendre seul, avec mes moyens. Le bureau de vote va flamber demain arf arf arf !

  3. Florian

    Bonjour, je suis membre du Parti Pirate.

    Ce mouvement existe en France depuis juin 2006 suite à l’épisode DADVSI. Depuis nous n’avons de cesse d’interroger nos élus et de publier des tribunes pour dénoncer les lois tentant de contrôler le seul média qui soit aujourd’hui réellement libre. Internet.

    En ce qui concerne les européennes il s’agit pour nous d’un rendez-vous manqué. La réglementation française dans ce domaine étant très strict. Le nombre de signatures et la parité hommes/femmes s’avére contraignante lorsque l’on a un auditoire essentiellement masculin.

    Pour avoir plus d’informations, n’hésitez pas à nous rendre visite.

  4. L. Charles

    Florian, je veux pas chipoter mais proposer une compilation "de chansons toutes publiées sous licences libres" avec presque exclusivement des licences CC avec clauses NC et ND dedans, ça ne risque pas de faire l’unanimité parmi les partisans du logiciel libre. Alors que l’idée c’est plutôt d’essayer de rassembler non ?
    http://partipirate.org/compilpirate

    Ce qui n’empêche pas que je l’écoute en ce moment et que j’aime bien 🙂

  5. thierry p

    L’intervention de Florian soulève un point intéressant. Il met presque les pieds dans le plat. Moi je vais y aller carrément : Pourquoi tant d’hommes et si peu de femmes pour défendre les libertés numériques ? Au niveau de la représentation politique, on sait ce qu’il se passe (d’où l’instauration de la parité), et derrière Martine Billard, j’en ai pas vu beaucoup d’élues femmes contre l’Hadopi. Mais ça a l’air d’être encore pire sur Internet ! Citez-moi une personnalité féminine (ou un blog tenu par une femme) qui ait pris position contre l’Hadopi et que l’on ait un tant soit peu lue et écoutée. Soit le système est "verrouillé" d’une manière ou d’une autre par les mecs et par une culture (technologique et geek) de mecs, soit la quasi-totalité des femmes s’en fout complètement. Désolé pour le politiquement pas correct mais peut-on se poser la question sans se faire accuser de troll machiste ?

  6. Florian

    @L. Charles : en fait l’idée sous jacente de la compil’ est de monter qu’il existe d’autres formes de distribution culturelles. Bien sur les partisans du libre connaissent déjà tout ceci. Et cette compil’ ne s’adresse d’ailleurs pas exclusivement aux partisans du libre mais bien à toute personne curieuse et intéressée. C’est pourquoi le choix des morceaux a été orienté "qualité" plutôt que exclusivement licence.

    @thierry p : notre blog est quasi exclusivement tenu par une femme. 😉

  7. Samuel

    @TchorT :
    Ne pas voter demain ? … Oh que si !!! Ne serais-ce que pour remercier les euro-députés d’avoir fait passer l’amendement 138 du paquet Télécom. Merci à eux d’avoir ainsi donné une petite leçon de démocratie à notre Schtroumpf grincheux national.

  8. Valentin Villenave

    Je viens mettre mon grain de sel en tant que membre du Parti Pirate (tout court). Un grand merci à aKa et l’équipe FramaLang pour ce texte rafraichissant…

    L Charles: toutes nos excuses pour cette bévue, je viens de corriger la page en question. Les NC et ND soulèvent en effet de nombreuses questions (ainsi que les termes et conditions de la plateforme jamendo), auxquelles nous ne prétendons pas détenir de réponses. Nous nous contentons de présenter la diversité du paysage actuel, qui inclue des licences non-libres telles que NC-ND ou encore AIMSA, mais qui reflète aussi la quête d’alternatives au droit d’auteur traditionnel.

    thierry p: L’expression même de "liberté numérique" me fait tiquer. Il n’y a qu’une seule Liberté, et le Parti Pirate a fait le choix de ne pas se restreindre à Internet : nous sommes également préoccupés par la question de la brevetabilité du vivant, par l’impact néfaste des brevets pharmaceutiques dans les pays pauvres, etc.
    La parité en France est encore une chimère (à commencer par le parti au pouvoir, qui paye à lui seul plus d’amendes que tous les autres réunis pour cette clause précise).
    Je ne me souviens pas d’avoir vu une blogueuse pro-hadopi, tandis que les blogueuses, artistes, développeuses etc. pro-Libre sont nombreuses. Même si c’est sans doute plus prononcé dans d’autres pays (anglo-saxons notamment) qu’ici.
    Qu’il y ait une "culture geek" majoritairement masculine à l’oeuvre, c’est certain. Mais les lignes bougent, notamment à mesure que le débat sur la "Propriété Intellectuelle" sort de la sphère Internet. Et comme l’a mentionné Florian, il vaut mieux un modèle dans lequel les femmes (même rares) ont toute leur place, qu’une parité de pacotille où les femmes serviraient d’alibi. (Non, non, je ne vise personne. Mais non, puisque je vous dis que je ne vise personne…)

  9. Yves Pellachia

    Je crois aussi que c’était le bon moment. Vu le contexte, vu l’absention que se profile et vu que ces élections sont spéciales (dans la mesure où on a bien compris le poids réel très faible d’un élu européen dans le processus d’adoption d’une loi), il y avait de la place pour un Zimmermann ou un Aigrain au Parlement.

    Ça aurait eu certainement plus de poids et d’impact que de demander aux candidats de signer un bout de papier en faveur du logiciel libre.

  10. jpe

    Très juste et très intéressant mais ça ne m’aide pas à voter : pour qui un Français peut-il voter ce jour ? … Si on fait de la liberté sur le Net SA priorité !

  11. jpto

    Il ne faut pas tout mélanger, la vie politique est intimement liée à la vie tout court, le logiciel libre et le partage des biens culturels ne sont que des aspects très partiels de la vie.

    Il ne faut pas disperser ses voix pour faire élire (ou même pas) un représentant d’un parti que ne se préoccupe que d’un aspect restreint des choses que doit gérer le parlement.

    Pour avoir un espoir de pouvoir peser sur les décisions futures, il faut voter pour les partis qui ont des chances de pouvoir constituer un groupe de pression important.

    Autrement, c’est presque comme si l’on allait pas voter.

  12. Grunt

    @Florian:
    "Le nombre de signatures et la parité hommes/femmes s’avére contraignante lorsque l’on a un auditoire essentiellement masculin."

    Même si c’est totalement hors-sujet, ça me donne envie de pousser un immense coup de gueule contre la dérive "féministe" de plusieurs partis de gauche présent à ces élections, qui parlent systématiquement des "droits des femmes" au lieu d’ "égalité des sexes."

    Le système législative actuel, qu’il soit français ou européen, est totalement MERDIQUE vis-à-vis des discriminations sexuelles. C’est dans une absence de cohérence totale que la loi:
    – impose une égalité entre les sexes, qu’il s’agisse des salaires ou des listes électorales, même si, pour des raisons culturelles une inégalité peut exister dans certains domaines professionnelles ou pour certaines sensibilités politiques (comme c’est le cas pour le Parti Pirate),
    – compense une inégalité génétique entre les sexes, via les conditions d’accès différentes à la gendarmerie, la police ou l’armée selon que l’on soit un homme ou une femme: les critères de taille, de poids, les tests d’aptitude physique changent,
    – entérinent des différences culturelles, en permettant aux assureurs automobiles de moduler leur tarifs en fonction du sexe du conducteur.

    Le plus effrayant étant que ce cafouillage n’est jamais évoqué dans sa globalité: on évoque tour à tour la nécessité d’avoir autant de femmes que d’hommes aux postes de pouvoir, sans se demander s’il est pertinent d’imposer des quotas quand un programme concerne des domaines culturellement masculins (comme c’est le cas de la neutralité d’Internet). Puis on trouve aberrant que les salaires masculins soient supérieurs aux salaires féminins, sans se demander un instant si, selon les catégories professionnelles, cette différence n’est pas justifiée par le fait que les femmes soient découragées à exercer certaines activités, donc ont du mal à s’y adapter. Alors que l’on trouve naturel qu’un assureur fasse payer plus cher les conducteurs masculins, car sujets à plus d’accidents, sans se demander s’il est juste de faire payer le prix d’une culture dans laquelle "conduire vite" est synonyme de virilité à l’ensemble d’une population, et dans le même temps on tolère des critères de recrutement différents dans certaines activités physiques, au nom de la compensation des différences d’aptitude physique entre les sexes.

    Pour rappel, la convention européenne des droits de l’homme interdit les discriminations fondées sur "le sexe, la race, la couleur, la langue, la religion". Qu’en pensent les assureurs? Que dirait-on si la loi imposait des quotas de personnes issues de l’immigration, par pays d’origine (exit les listes du FN, pas assez d’arabes, exit la liste de Dieudonné, pas assez de juifs)?

    Alors que la transexualité ne sera plus définie comme "maladie mentale" (http://www.liberation.fr/societe/01…), que l’homosexualité entre dans les moeurs, que les différences homme-femme s’estompent doucement (tout n’est pas gagné), comment peut-on tolérer une législation à plusieurs vitesses, qui tour à tour fixe des quotas, laisse toute liberté de choix, autorise les discriminations voire les définit?

    Désolé de ce post hors-sujet, en même temps un cri du coeur.. Je vous laisse, ma carte d’électeur m’attend 😉

  13. aKa

    Apparemment le pari serait gagné pour le parti pirate suédois puisque d’après TorrentFreak les sondages sortis des urnes le créditent de plus de 7% lui garantissant 1 voire 2 élus 😉

    – Pirate Party Wins and Enters The European Parliament
    http://torrentfreak.com/pirate-part

  14. Florian

    Bonjour aKa, pour rajouter un tout petit au stats de torrentfreak, les dépouillements sont en cours actuellement en Suède. Près de la moitié à déjà été traitée et le score tourne pour le moment aux alentours de 7,1 voir 7,4%.
    Donc au moins un siège au parlement. Le deuxième dépendant du score des autres candidats.

  15. Iralde

    En France, les premiers a avoir eu un siège ont fait 5% des votants (De Villiers je crois). Ce qui donne avec le fort taux d’absention (60% des 44 millions des inscrits) : environ 880.000 voix, si mes calculs sont bons.

    C’est beaucoup mais avec une forte mobilisation du Net vers les abstentionnistes, je pense aussi que ça aurait pu se faire.

  16. styza

    @ Grunt
    J’approuve totalement ton message. Je dirais même que c’est la base du féminisme, du vrai, celui de Simone de Beauvoir, de refuser qu’on fasse de la discrimination positive pour les femmes.

    Sinon, personnellement, je préfère voter pour un parti qui a une politique globale, comme Europe Écologie qui est plutôt de notre coté en matière de logiciels et de culture libre plutôt pour un parti, aussi sympathique soit il, donc le programme se réduit qu’ à un seul thème.
    Car effectivement il y a d’autres sujets tout aussi important que le libre.

  17. Elrik

    @ Grunt :
    "impose une égalité entre les sexes, même si, pour des raisons culturelles une inégalité peut exister dans certains domaines professionnelles ou pour certaines sensibilités politiques".

    Il faudrait pousser un peu + loin. Si il y a une inégalité culturelle, comment peut-on y remédier ?
    La loi peut être un moyen d’action. Ce n’est surement pas le seul et il ne pourra pas être suffisant à lui tout seul mais pourquoi ne pas l’employer ?

    Concernant la discrimination positive.
    Certes, en théorie ce n’est pas de tout égalitaire, mais encore une fois, son application temporaire peut permettre de résoudre le problème de la représentation des groupes à qui ont la refuse.

    cordialement

  18. Grunt

    @Elrik:
    >>>Il faudrait pousser un peu + loin. Si il y a une inégalité culturelle, comment peut-on y remédier ?
    Par l’éducation, autrement dit en prenant le problème à la racine au lieu de corriger abritrairement ses conséquences.

    >> La loi peut être un moyen d’action. Ce n’est surement pas le seul et il ne pourra pas être suffisant à lui tout seul mais pourquoi ne pas l’employer ?

    Et bien soit, mais appliquons-la dans tous les domaines et de la même façon, et non pas en permettant parfois la discrimination explicite (le menu déroulant "Sexe", là http://auto.kelassur.com/Auto/Parti… il ne te choque pas? Moi si.), parfois en l’interdisant (différences salariales, qui ne peuvent forcément venir que de la misogynie du patron), parfois en instaurant un quota (comme c’est le cas pour les élections.. à quand un quota d’homosexuels?), et parfois en compensant les différences existantes (critères d’admission dans la police, l’armée, la gendarmerie..).

    Si j’étais parano, en constatant que chaque fois que la question du genre des individus est prise en compte, c’est soit pour faire payer une différence aux hommes, soit pour imposer une égalité là où les femmes sont en difficultés, soit pour compenser cette inégalité.
    Un coup d’oeil sur les siècles passés efface rapidement cette parano et permet de comprendre immédiatement que le machisme a régné en maître, et le combat contre la discrimination sexuelle est loin d’être gagné. Mais alors, pourquoi la loi est aussi cafouilleuse et merdique à ce sujet?
    Pourquoi n’y-a-t-il (sauf erreur de ma part) que des associations défendant les "droits des femmes" et non l’égalité entre les sexes? Où est le "Mouvement contre le sexisme et pour l’amitié entre les genres", équivalent du MRAP? Imaginerait-on un pays dans lequel on défende les "droits des arabes/noirs/asiatiques/etc", comme on le fait aujourd’hui pour les "droits des femmes", et sans penser la société globalement?

    >>Concernant la discrimination positive. Certes, en théorie ce n’est pas de tout égalitaire, mais encore une fois, son application temporaire peut permettre de résoudre le problème de la représentation des groupes à qui ont la refuse.

    Personne ne refuse la représentation des femmes: elles disposent maintenant de droits civiques rigoureusement identiques à ceux des hommes. Le même droit de vote, le même droit à s’inscrire à un parti politique, le même droit à se présenter dans une liste électorale.
    Partant de là, imposer un quota est nuisible à plus d’un titre:
    – cela évite de se poser de vraies questions au sujet des mentalités, de l’éducation, du partage des tâches domestiques (c’est sûr que quand madame s’occupe de la maison, on a le temps de faire des meeting..),
    – c’est une véritable insulte au genre féminin, car ça sous-entend "Vous avez besoin de quotas, autrement vous êtes trop nulles pour faire de la politique."

    On pourrait aussi se demander pourquoi la loi ne force pas les choses dans d’autres domaines (on pourrait y arriver): x% d’immigrés, y% d’homosexuel(le)s, z% de gros, w% d’handicapés moteurs.. la représentativité électorale ne voudra alors plus rien dire, et les élu(e)s ne seront qu’une pâle copie statistique de la population et non l’expression d’un réel désir électoral.

  19. aKa

    Lu sur Le Monde : ""J’ai passé une soirée désespérante"
    http://www.lemonde.fr/elections-eur

    "J’ai voté pour le Parti des pirates : Mon fils est venu voter avec moi. Il a sept ans. Je l’ai emmené dans l’isoloir et il a vu le bulletin que j’ai glissé dans l’enveloppe. "Papa, c’est quoi ces pirates pour lesquels tu as voté ?", m’a-t-il demandé. J’ai essayé de lui parler de la mainmise des gouvernements sur Internet. Ces Etats en Europe qui essaient de museler l’information. A la fin, je lui ai dit: "Tu trouve pas que c’est plus marrant de voter pour des pirates, plutôt que pour tous ces politiciens ennuyeux". Il a été d’accord !"

  20. Poppins

    Il y aura une égalité des sexes quand on autorisera les femmes à être aussi mauvaises que les hommes.
    Quand on cessera les discours lénifiants et cette sournoiserie qui consiste à dire que les femmes ne sont pas intéressées par le pouvoir pour mieux les en écarter et qu’elles comprendront la manoeuvre et cesseront de s’enorgueillir à leur tour de ces fameuses qualités féminines qui sont de l’ordre de l’éducation.
    On leur donne le pouvoir mais on les ampute de leur Noms; rama, fadéla…oh non tiens, Nadine Morano et Christine Albanel ont elles, droit à un NOM, c’est étrange mais là c’est encore un autre débat certainement.

    Laissez aux femmes le droit d’avoir les mêmes défauts que les hommes et ça sera déjà pas mal!

  21. Grunt

    Je viens de faire le tour des sites des deux "Parti pirate" français.

    http://parti-pirate.fr:
    50 Errors, 26 warning(s) pour la validation W3C. Du Flash sur le site, sans contenu alternatif.
    http://piratebay.org:
    21 Errors, 3 warning(s) au validateur W3C, du Flash aussi.

    Si même les défenseurs de l’Internet libre sont infoutus de respecter les règles du Web, et demandent à installer du propriétaire pour lire leurs sites, y’a du soucis à se faire. Vraiment.

  22. Papageno

    J’en ai un peu assez de lire des articles où l’auteur déclare péremptoirement et à leur place "le souci premier de tout artiste ou auteur qui se respecte est certainement d’être lu ou entendu par ses contemporains. Les moyens pour atteindre […] son public […] ne sont que secondaires."

    Mais oui bien sûr l’Art avec un grand A ! généreux et désintéressé par nature !

    Quel hypocrisie ! Il serait plus honnête de la part de Lars Gustafsson de déclarer "je trouve que toute la musique du monde gratuite et à volonté c’est top". Autrement dit bien que je les critique abondamment j’aime bien les productions de l’industrie du disque et du cinéma (sinon je ne les téléchargerais pas) mais je préfère que ça soit les autres qui payent.