Avez-vous le réflexe OpenStreetMap ?

Classé dans : Communs culturels | 19

Temps de lecture 8 min

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Francois Schnell - CC byDans la série «  les projets pharaoniques (mais sans esclaves) de la culture libre hors logiciels  », on cite toujours, et à juste titre, Wikipédia. Mais il se pourrait bien qu’OpenStreetMap vienne rapidement le rejoindre aux yeux du grand public.

Afin d’accélerer le mouvement, adoptons tous «  le réflexe OpenStreetMap  », qu’il s’agisse de participer directement à son édition ou plus modestement de l’utiliser autant que faire se peut dans nos documents, messages, sites, blogs et autres réseaux sociaux.

Qu’est-ce qu’OpenStreetMap, ou OSM pour les intimes  ?

(et je m’adresse ici bien moins aux fidèles lecteurs du Framablog qu’à ceux, bienvenus, qui arrivent un peu par hasard et curiosité, par exemple à partir de Wikio et son «  classement  » des blogs)

Commençons par ce petit reportage vidéo issu des archives Framatube, et poursuivons en interrogeant encore (et toujours) Wikipédia  : «  OpenStreetMap est un projet pour créer des cartes libres du monde, en utilisant le système GPS ou d’autres données libres. OpenStreetMap a été fondé en juillet 2004 par Steve Coast au University College de Londres. Les cartes sont disponibles sous les termes de la licence Creative Commons Attribution-ShareAlike 2.0. Par l’utilisation de moyens informatiques basés sur Internet qui permettent l’intervention et la collaboration de tout utilisateur volontaire, le projet OpenStreetMap relève de la géomatique 2.0 et est aussi une contribution à ce qui est appelé la néogéographie.  »

Du coup on le surnomme parfois «  le Wikipédia de la cartographie  » et, licences et affinités obligent, on ne s’étonnera pas de trouver les cartes de l’un dans les articles de l’autre.

Mais vous en saurez beaucoup plus en parcourant l’excellent dossier OpenStreetMap, les routards du web réalisé cet été par Camille Gévaudan pour le non moins excellent site Ecrans.fr (l’année d’avant c’était le tour de Wikipédia mais surtout de la désormais célèbre Saga Ubuntu d’Erwan Cario  !).

Non seulement ce dossier nous permet de mieux appréhender le projet dans son extraordinaire dimension collaborative (avec interview de contributeurs à la clé) mais il fournit en prime un mode d’emploi par l’exemple pour ceux qui aimeraient à leur tour participer à dessiner librement le monde. Ce qui, par contagion, est une conclusion presque naturelle de la lecture du dossier (quand bien même on vous prévient qu’il faut être sacrément motivé parce que techniquement parlant les ballades «  Je cartographie ma ville pour OpenStreetMap  » relèvent parfois du parcours du combattant).

Extraits de l’introduction  :

OpenStreetMap, sorte de Wikipédia de la cartographie, est un projet un peu fou qui tente depuis 5 ans de redessiner le monde (…), rue après rue. Sa communauté œuvre d’abord par idéologie. Convaincue que les données géographiques de la planète devraient appartenir au bien commun et non aux agences qui les ont relevées pour les exploiter commercialement.

(…) Et comme toute réutilisation des contenus propriétaires de Google Maps, Yahoo  ! Maps et autres Mappy est formellement interdite, l’exercice est un peu sportif… au sens littéral du terme. Ni clavier ni souris  : les outils du cartographe 2.0 sont un appareil GPS et une voiture, un vélo ou une bonne paire de baskets. On enregistre son itinéraire en parcourant méthodiquement les rues de sa ville ou les sentiers d’une randonnée locale, avant de transférer les coordonnées sur son ordinateur et de convertir le paquet de chiffres en tracés de routes. La dernière étape consiste à associer aux tracés des informations (nom, type de voie, largeur…) qui leur permettent d’être correctement interprétés et affichés sur la carte interactive.

(…) L’ampleur du travail à fournir et le côté un peu «  roots  » du projet ne semble pas décourager les participants, dont les contributions sont de plus en plus nombreuses. Quand on s’est toujours figuré les militants du Libre comme des geeks blafards et sédentaires, on ne peut qu’être fortement intrigué…

Alors, à Ecrans.fr, on a eu envie d’essayer aussi. Un GPS en main (…), on se donne comme objectif d’apporter une petite pierre à l’édifice. Disons deux ou trois rues, pour commencer. Lire la suite…

Mais est-ce que ne pas posséder de GPS est éliminatoire pour contribuer  ? Que nenni  !

Rendez-vous sur le wiki francophone du site officiel où l’on vous expliquera[1] comment vous pouvez cartographier les traces GPS existantes et/ou ajouter des informations (ou tags) aux cartes qui ne demandent que cela (cf cette page et cette aide-mémoire pour avoir une idée de la diversité de la chose). On remarquera qu’il n’y aucune raison de se restreindre aux routes et chemins proprement dits, comme en témoignent ces extensions au projet que sont OpenCycleMap[2] (vélo), OpenPisteMap (ski) ou encore OpenSeaMap (balises maritimes)  !

Imaginons maintenant que vous n’ayez ni GPS, ni la patience, la disponibilité, etc. d’enrichir les informations des cartes  ? Et bien vous pouvez quand même participer  !

En effet, à chaque fois que vous avez besoin d’afficher une carte dynamique sur vos sites, oubliez Google Maps[3] et autres aspirateurs propriétaires à données, et pensez à OpenStreetMap.

Comme la planète entière n’a pas encore été «  openstreetmapisée  » (une question de temps  ?), il se peut fort bien que votre zone géographique soit mal ou non renseignée. Mais dans le cas contraire (comme c’est généralement désormais le cas pour les grandes voire moyennes villes occidentales), ce serait vraiment dommage de s’en priver et ne pas en profiter du même coup pour faire à moindre effort la promotion de ce formidable projet.

Comment procède-t-on concrètement  ? C’est très simple. On se rend sur le site d’OpenStreeMap et on parcourt le monde en zoomant jusqu’à tomber sur le lieu qui nous intéresse. Si vous êtes satisfait du résultat (c’est à dire si les dimensions et la qualité de la carte vous conviennent), cliquez alors sur l’onglet Exporter en choisissant le format HTML incorporable. Un code à recopier directement sur votre site Web vous sera alors proposé (notez au passage que l’on peut également exporter en XML, PDF, PNG, etc.).

Voici ce que cela donne ci-dessus pour mon chez moi à moi qui se trouve pile au centre de la carte (que l’on peut aussi consulter en grand sur le site d’OSM bien entendu).

D’ailleurs si vous passez un jour à Rome, n’hésitez pas à me contacter pour qu’on refasse le monde ensemble autour d’un cappuccino  !

Autant le refaire plus libre qu’avant du reste, si vous voulez mon humble avis ;-)

MapOSMatic - Exemple de La Cantine à ParisMais ça n’est pas fini  ! En combinant les données, le très prometteur projet dérivé MapOSMatic vous délivre de véritables cartes «  qualité pro  » avec un magnifique index coordonné des rues.

Par exemple, si je veux vous donner rendez-vous à La Cantine à Paris pour un «  TrucCamp  » autour du libre, je peux faire comme précédemment mais je peux également y adjoindre une carte générée par MapOSMatic avec le PDF du plan et de son index (cf photo ci-contre et pièces jointes ci-dessous). Impressionnant non  ? ! Le tout étant évidemment sous licence libre.

Il faut vraiment être blasé pour ne pas s’enthousiasmer une fois de plus sur la formidable capacité de travail que peuvent fournir bénévolement les gens lorsqu’il sont motivés par une cause qui leur semble noble, juste et source de progrès.

Pour le moment le programme est restreint à la France (à ce que j’en ai compris), pour cause de projet démarré chez nous[4], mais nous n’en sommes qu’au début de l’application qui ne compte certainement pas en rester là.

Voilà, d’une implication forte (mais qui fait faire de belles ballades individuelles ou collectives en mapping party) à une participation plus légère (qui rend service et embellit nos sites Web), prenons tous «  l’habitude OSM  » et parlons-en autour de nous. Ce n’est pas autrement que nous réussirons là encore un projet de type «  ils ne savaient pas c’était impossible alors ils l’ont fait  » qu’affectionne tout particulièrement le logiciel libre lorsqu’il part à la rencontre des biens communs.

«  La route est longue mais la voie est libre  », avons-nous l’habitude de dire à Framasoft. Ce n’est pas, bien au contraire, le projet OpenStreetMap qui nous démentira  !

Notes

[1] Dans la mesure où l’édition dans OpenStreetMap n’est pas forcément chose aisée, je me prends à rêver d’un framabook dédié ouvrant plus facilement l’accès au projet. Des volontaires  ?

[2] Crédit photo  : François Schnell (Creative Commons By)

[3] À propos de Google Maps, quelques questions pour d’éventuels commentaires. Peut-on considérer que les deux projets sont concurrents  ? Est-ce que la comparaison est valable et valide  ? Est-ce que, à terme, l’un peut librement se substituer à l’autre  ?

[4] À propos de MapOSMatic, sachez que l’un des prochains entretiens du Framablog concernera justement ce projet puisque nous partirons à la rencontre de l’un de ses créateurs, le prolifique développeur Thomas Petazzoni.

19 Responses

  1. aKa

    En complément, j’apprends à l’instant l’existence de ce tout récent et très intéressant article du Monde "Quand les internautes jouent aux cartographes" :
    http://www.lemonde.fr/technologies/

    Morceaux choisis :

    "Nicolas Dumoulin, 30 ans, informaticien à Aubière (Puy-de-Dôme), dans la banlieue de Clermont-Ferrand, complète régulièrement la base de la version française en y ajoutant l’emplacement des containers de recyclage du verre, des pharmacies ou des boîtes aux lettres de sa commune.

    Si certains "mappeurs" – comme ils se sont nommés – utilisent leur GPS pour positionner une route ou un chemin, d’autres, au retour d’une promenade, signalent les toilettes publiques, les cafés reliés à un point d’accès Wi-Fi ou encore les noms attribués aux bâtiments au sein d’une résidence ou d’une université, des données essentielles au piéton mais qui ne figurent sur aucun plan.

    En pratique, la plupart des contributeurs sont des hommes, étudiants ou trentenaires, informaticiens et militants pour des logiciels libres. "Il y a aussi beaucoup de sportifs, des adeptes de la randonnée", observe M. Dumoulin. Tous se retrouvent à l’occasion de "mapping parties", littéralement des "campagnes de cartographie" qui durent une journée et consistent, parfois avec l’encouragement d’une collectivité locale, à couvrir au mieux un territoire.

    Parallèlement, les services de certains Etats mettent des données à la disposition d’Openstreetmap. On y trouve ainsi les relevés géographiques américains ou le cadastre français, mais pas la base de l’Institut géographique national (IGN) qui conserve jalousement ses données."

  2. deadalnix

    A ce propos, je vais probablement acquérir un smartphone dans les temps qui viennent. Existe-il des outils pour contribuer avec ces petite bêtes ?

    Sinon, j’ai toujours trouvé que OSM et google street map étaient une honte pour les gouvernements. Ils possèdent des données grâce aux fond public et ce sont ou bien une entreprise privée/ou bien des contributeurs qui doivent apporter ça au monde sur leur fond propres (financier ou autres).

  3. simon

    Pour les outils, sous android, il y a andnav (http://www.andnav.org/) qui est un logiciel GPS basé sur les cartes OSM. Il te permet de récupérer les traces gps et même de les envoyer directement sur ton compte OSM.
    C’est à ma connaissance le seul logiciel qui inclue la récupération des traces nativement et sans que cela soit compliqué d’utilisation.
    Mais il doit exister d’autre solution.

    Ensuite il faut passer sur l’ordinateur et là des sites comme http://www.openstreetmap.fr/ explique comment faire.

  4. voz

    @deadalnix
    http://symfonix.blogspot.com/2009/0
    Il n’y a pas encore beaucoup d’applications lié à OSM sous Android mais il y a quelques projets embryonnaires intéressants.

    Je trouve que si il y avait un projet libre a soutenir financièrement c’est bien celui-là.
    D’ailleurs le Gros Google est sur le coup avec son "Google Maps Navigation"
    (http://www.lesnumeriques.com/news_i…). Et ils vont très certainement liés les données de leurs cartes a de la publicité géolocalisée…
    Malgrès tout, je pense que les cartes renseignées par les internautes peuvent être beaucoup plus riche d’informations utiles et surtout plus rapidement mise a jour.
    J’espère de tout cœur que ce projet rencontrera le même succès que Wikipédia.

  5. tuxie

    Ce projet est absolument génial !
    Mais ce qui manque pour qu’il devienne une vrai alternative à Google Maps c’est la possibilité d’éditer la carte pour y ajouter des informations personnelles (genre : ses lieux préférés, etc…)
    A moins qu’il existe un projet en cours la dessus utilisant les données de OSM, dans ce cas je serais très intéressé ,-)

  6. Il Palazzo-sama

    Test rapide dans les environs du quartier de Strasbourg où j’habite :
    — Google Maps, les données datent de 2007 (au mieux) ;
    — OSM, parfaitement à jour et plus largement plus complet.

    Le seul défaut que j’ai trouvé est que le canal d’Austerlitz est représenté de manière plus réaliste sur GM que sur OSM.
    Ouais, c’est vraiment pas un gros problème.

    Donc bravo à tous les contributeurs d’OSM. 😉

  7. korbé

    Ce qu’il manque, à OSM, c’est la possibilité d’exporter les cartes dans un format libre qui contiendrait les cartes en vectoriel et les données du terrains (comme les adresses).
    Un peut comme ce qu’on voit pour les cartes propio (genre Garmin), au format propio, pour les GPS.
    Ce serai très pratique pour les logiciels libres sur des appareils mobile comme TangoGPS sur OpenMoko.

    Par ce que là, c’est comme Google Map:
    – Soit il faut être constamment connecté.
    – Soit il faut télécharger un gros volume de cartes, mais on doit quand même se connecter pour les adresses.

  8. un utilisateur à Strasbourg...

    @korbé : très facile d’exporter les cartes: onglet exporter, choisir l’option qui te convient, genre données xml d’osm.

  9. korbé

    @un utilisateur à Strasbourg… : Pas disponnible en une fois pour un pays.

    Une ville, au grand maximum.

  10. cosmocat

    EN parlant de MapOSMatic, est-ce qu’il est prévu de s’interfacer directement avec OSM ou de rafraichir la base de donnée.
    Car c’est en voyant cette merveille que je me suis mis au projet OSM (en nommant les rues du village de mes parents –celles de Paris étant déjà faites;) –, le village étant vierge).

    J’avais pour but de produire un début de carte avec un texte explicatif et de l’envoyer à la mairie pour les motiver à continuer la cartographie, histoire qu’ils puissent être (co)propriétaire de ces données.

    Car pour le moment, le plan généré est vide étant donnée qu’au temps du dump de la base d’OSM, aucune rue n’était nommée 🙁

  11. Christophe

    A propos du cadastre, j’ai mappé dans mon fauteuil en deux ou trois soirées avec JOSM et le plug-in "cadastre" la presque totalité de ce village du Cher :

    http://www.openstreetmap.org/?lat=4

    C’est possible facilement , là ou le cadastre a été vectorisé ! Autant dire que ce plan est bien plus à jour (à qq fautes près que je vais corriger) que le plan de l’IGN dont la dernière revision en vente dans les librairies du coin datent de 1986.

    Christophe

  12. Bretz

    Pour deadalnix : il existe une app IPhone pour alimenter OSM = "OSMTrack"

  13. Nicolas Dumoulin

    @Christophe C’est exactement comme ça que j’ai commencé, et voilà, aujourd’hui je me fais interviewé 🙂
    C’est clair que dans les communes avec un bon cadastre, c’est du tout cuit !

  14. deadalnix

    @Bretz : désolé, l’iPhone ce sera sans moi 😉

    @simon et voz : Interessant. Il va falloir que je teste ça. (a priori, je me dirige vers android)

  15. harrypopof

    cf aKa "« La route est longue mais la voie est libre », avons-nous l’habitude de dire à Framasoft. Ce n’est pas, bien au contraire, le projet OpenStreetMap qui nous démentira !"

    Nous somme sur la bonne voie ! 😀

    Une petite illustration sous licence Art Libre : http://forum.framasoft.org/viewtopi

    Amicalement,
    harrypopof

  16. Cannadoux

    Bonjour,

    merci pour cet article.

    Je tiens à signaler, pour les (futurs?) possesseurs de smartphone Android (avec des morceaux de libre dedans :-), la sympathique application SportyPal : http://www.sportypal.com/
    Destinée de prime abord aux sportifs, elle permet (via une inscription gratuite en ligne), de récupérer ses tracés et de les exporter en un clic au format .gpx !

  17. Médard

    deadalnix :
    Sinon, j’ai toujours trouvé que OSM et google street map étaient une honte pour les gouvernements. Ils possèdent des données grâce aux fond public et ce sont ou bien une entreprise privée/ou bien des contributeurs qui doivent apporter ça au monde sur leur fond propres (financier ou autres).

    Médard :
    + 1000 😉
    il n’y a pas que les cartes topo…
    les photos satellitaires
    les émissions de radio et de télé publiques
    AUSSI !
    et on pourrait sans doute trouver des tas d’autres exemples

    prenons exemple sur les américains : ce qui a été payé par le contribuable est dispo — même pour les citoyens de pays étrangers !!
    voir les images de Hubble, par exemple…