20 recommandations pour accompagner la révolution de la fabrication personnelle

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Fluid Forms - CC by«  Un certain nombre de forces convergentes vont faire passer la fabrication personnelle, ou autofabrication, du statut de technologie marginale utilisée par les seuls pionniers et passionnés à un outil quotidien pour le consommateur et l’entreprise lambda.

Dans quelques années, on trouvera des technologies de fabrication dans les petites entreprises et établissements scolaires.

Dans dix ou vingt ans, tous les foyers et bureaux posséderont leur machine d’autofabrication.

Dans une génération, on sera bien en peine d’expliquer à ses petits-enfants comment on a pu vivre sans son autofabricateur, et qu’on devait commander des biens préfabriqués en ligne et attendre qu’ils nous arrivent dans notre boîte au lettre livrés par la Poste.  »

Cette citation qui claque est extraite d’un passionnant rapport américain d’une centaine de pages sur l’émergence de la fabrication personnelle.

Commandé par l’Office of Science and Technology Policy américain, on y expose clairement de quoi il s’agit tout en proposant d’importantes recommandations pour encourager et accompagner le mouvement.

Vous en trouverez le résumé et les principales recommandations traduits ci-dessous[1].

On ne s’étonnera pas de constater que l’accent est avant tout mis sur l’éducation, en relation avec les futurs petite entreprises qui immanquablement sortiront des garages des fab labs pour proposer localement leurs services et redessiner une économie plus humaine[2].

Certains nous reprochent notre idéalisme ou notre irréalisme, mais, telle l’impression 3D qui n’est qu’un élément du mouvement, comment ne pas voir ici l’un des plus grands espoirs d’un avenir incertain  ?

Et pendant ce temps-là en France me direz-vous  ? Vu comment l’Éducation nationale méprise superbement le logiciel libre et sa culture depuis plus d’une décennie, ce n’est pas demain la veille qu’on rédigera une telle étude et qu’on verra arriver des laboratoires de fabrication personnelle dans nos établissements scolaires. Quitte à prendre encore plus de retard sur le véritable train du futur et du progrès.

Pour en savoir plus sur le sujet, InternetActu est un excellent point de départ  : Les enjeux de la fabrication personnelle, La prochaine révolution  ? Faites-là vous-mêmes  !, FabLabs  : refabriquer le monde, Makers (1/2)  : Faire société, Makers (2/2)  : Refabriquer la société.

L’usine @ la maison  : l’économie émergente de la fabrication personnelle (résumé)

Factory@Home  : The Emerging Economy of Personnal Manufacturing

Hod Lipson & Melba Kurman – décembre 2010 – OSTP
(Traduction Framalang  : Lolo le 13 et Yonnel)

Ce rapport souligne l’émergence des technologies de fabrication personnelle, décrit leur potentiel économique, leurs bénéfices sociaux et recommande des mesures que le gouvernement devrait prendre en considération pour développer leur potentiel.

Les machines de fabrication personnelle, parfois appelées «  fabber  », sont les descendantes des grandes machines de production de masse des usines, mais de taille minuscule et à faible coût. Ces machines à fabriquer à l’échelle individuelle utilisent les mêmes méthodes de fabrication que leurs ancêtres industrielles mais sont plus petites, meilleur marché et plus faciles à utiliser.

Les machines à la taille du foyer telles que les imprimantes 3D, les découpeuses laser et les machines à coudre programmables, combinées avec plan conçu sur ordinateur (en CAO), permettraient aux gens de produire des produits fonctionnels à la maison, sur demande, en appuyant simplement sur un bouton. En quelques heures, ces mini-usines pourront fabriquer un objet simple comme une brosse à dents, reproduire des pièces d’une machine complexe, créer des bijoux comme un artisan ou réaliser des ustensiles ménagers. En quelques années, les machines de fabrication personnelle pourraient être suffisamment sophistiquées pour permettre à n’importe qui de fabriquer des objets complexes tels que des appareils avec de l’électronique intégrée.

Un certain nombre de forces convergentes sont en train d’amener la conception et la production industrielles à un point critique où elles deviendront peu chères, fiables, faciles et suffisamment versatiles pour une utilisation personnelle.

L’adoption des technologies de fabrication personnelle est accelérée par les machines à bas coût, les communautés d’utilisateurs sur Internet, des logiciels de Conception Assistée par Ordinateur (CAO) d’usage plus aisé, un nombre grandissant de plans de CAO disponibles en ligne et des matières premières de plus en plus accessibles.

Les technologies de fabrication individuelle auront un impact profond sur notre façon de concevoir, fabriquer, transporter et consommer les produits physiques. En suivant le même chemin que l’ordinateur devenu personnel, les technologies de fabrication passeront de l’usine à la maison. Ces outils de production personnalisés permettront aux consommateurs, aux écoles et aux entreprises de travailler et de jouer différemment.

Ces technologies de fabrication naissantes introduiront une évolution industrielle qui réunira le meilleur de la production de masse et de la production artisanale, avec le potentiel d’inverser en partie le mouvement de délocalisation.

Les technologies de fabrication personnelle feront émerger des marchés mondiaux pour des produits personnalisés (sur le modèle de la longue traîne), dont les volumes de vente seront assez rentables pour faire vivre des entreprises spécialisées (fabrication de niche,design…). Les communautés mal desservies ou isolées géographiquement auront la possibilité de concevoir et fabriquer localement leurs propres matériel médical, jouets, pièces mécaniques et autres outils, en utilisant les matériaux présents sur place.

À l’école, les outils de fabrication à petite échelle encourageront une nouvelle génération d’innovateurs et cultiveront l’intéret des élèves pour les cours de sciences, de technologie, d’ingéniérie et de mathématiques.

Les obstacles et les défis

Nombre d’obstacles qui découragent leur généralisation à la maison, à l’école et dans les entreprises se trouvent sur le chemin de l’adoption par le grand nombre des technologies de fabrication personnelle.

Un obstacle majeur est le classique paradoxe de l’œuf et de la poule  : les marchés actuels pour les technologies de fabrication personnelles à destination des consommateurs et de l’enseignement sont trop petits pour attirer l’attention d’entreprises, ce qui décourage les investissements dans la création de produits et de services qui donc ne parviennent pas à attirer plus de consommateurs.

Les autres barrières sont les questions de sécurité, les défis de la standardisation des pièces et des contrôles de versions, les problèmes de propriété intellectuelle et un manque de contrôles adaptés sur la sécurité et la réglementation.

Recommandations

Il y a plus de trente ans, notre nation a conduit le mouvement de la révolution de l’informatique personnelle. Aujourd’hui, nous devons nous assurer que nous conduirons le mouvement de la révolution de la fabrication personnelle. Des investissements gouvernementaux réfléchis et visionnaires sont nécessaires pour garantir que les États-Unis resteront compétitifs dans l’ère de la fabrication personnelle et tireront les bénéfices potentiels des technologies de la fabrication personnelle.

Ce rapport recommande les actions suivantes  :

1. Créer un laboratoire de fabrication personnelle dans chaque école.

2. Former les enseignants aux technologies de conception et de fabrication en relation avec les matières scientifiques et technologiques.

3. Créer des cursus scolaires de grande qualité avec des modules optionnels de fabrication.

4. Inclure la conception et la fabrication dans les cours de soutien après l’école.

5. Allouer des ressources publiques afin d’initier les entreprises locales à la production numérique en partenariat avec les établissements scolaires locaux.

6. Encourager la publication des spécifications matérielles.

7. Développer les formats de fichiers ouverts pour les plans de CAO.

8. Créer une base de données de fichiers CAO utilisés par les pouvoirs publics.

9. Imposer la publication des sources/de la géométrie pour les ressources gouvernementales publiques.

10. Mettre en place un «  Programme de Recherche et d’Innovation Individuelle  » pour les entrepreneurs du DIY (Do It Yourself).

11. Donner la priorité lors d’appels d’offres aux entreprises qui utilisent la fabrication personnelle.

12. Établir un «  bouclier anti-propriété intellectuelle  » pour les agrégateurs et les producteurs ponctuels.

13. Explorer les microbrevets comme une unité de propriété intellectuelle plus petite, plus simple et plus agile.

14. Revisiter les réglementations sur la sécurité pour les produits fabriqués individuellement.

15. Introduire une définition plus granulaire d’une «  petite  » entreprise industrielle.

16. Encourager la création de Fab Labs.

17. Les avantages fiscaux accordés aux «  entreprises propres  » devraient également concerner les entreprises de fabrication personnelle.

18. Accorder des réductions d’impôts sur les matières premières aux entreprises de fabrication personnelle.

19. Financer une étude du Département d’éducation sur la fabrication personnelle dans les matières scientifiques et technologiques.

20. Renforcer la connaissance et l’apprentissage sur la conception de produit.

Notes

[1] Dans l’idéal nous souhaiterions traduire l’intégralité du rapport, s’il y a des volontaires qu’ils n’hésitent pas à se manifester via le formulaire de contact.

[2] Crédit photo  : Fluid Forms (Creative Commons By)

17 Responses

  1. motofix

    Ça me rappelle furieusement les nano-contructeurs de « Autonomie, la liberté de pensée » https://blog.jujunie.com/?p=87 Espérons simplement que les multinationales ne réagiront pas de la même manière que dans le livre…

  2. tala

    L’enthousiasme des « makers », et autres « open source ecologists » est évidemment très communicatif.
    La jubilation transpire de leurs réalisations… et on voit maintenant des organismes gouvernementaux leur emboîter le pas, conseillant de s’engager massivement dans cette voie.
    La société qui transparaît à travers les 20 recommandations foisonne d’ateliers de fabrication personnelle de différentes tailles … Mais qui pourrait bien s’inquiéter d’un tel déferlement puisque ces fabriques sont estampillées « propres » au détour du point 17 ?
    Eh bien non vraiment, je préfère garder la tête froide, quitte à « prendre du retard ».

    Il y a plein de pistes intéressantes de ce côté, mais pas au point d’en faire une telle obsession nationale et à perdre tout recul.

    Comme exemple de l’aveuglement produit par ces techniques, je rappelle que sur le wiki d’opensource ecology il est envisagé de combattre la faim dans les pays pauvres en les dotant d’imprimantes 3D qui leur permettraient de construire des ruches à bas coût.
    http://openfarmtech.org/wiki/3D_pri

  3. bonob0h

    @ Tala … avant de faire des machines il faudrait peut être que les initiateurs pensent déjà a communiquer dans un maximum de langues plutot que quasiment uniquement en anglais !
    Sinon c’est pas les paysans peux éduqué sachant souvent a peine lire et écrire dans leur langue qui vont pouvoir en profiter des idées, conseils et concept 😀
    Quand a construire des ruches avec des imprimantes en 3D 😀 ben voyons !
    Ils savent déjà les faire a la mano 😉
    alors effectivement ils faudrait que les initiateurs se penchent sur les vrai besoins 😉
    Comme me disais mon neveu à l’age de 7 ans « c’est bien les ordinateurs recyclées en Afrique ! mais ils n’ont pas d’électricité dans la brousse » 😀

  4. morandim

    Bonjour,

    1.Créer un laboratoire de fabrication personnelle dans chaque école.
    ATELIER DE TECHNOLOGIE AU TOP DU TOP

    2. Former les enseignants aux technologies de conception et de fabrication en relation avec les matières scientifiques et technologiques.

    CNPPTM NOUVELLE VERSION

    3.Créer des cursus scolaires de grande qualité avec des modules optionnels de fabrication

    PROFS DU CNPPTM VERSION ACTUELLE

    Amicalement

  5. raid.nek

    « Formidable » faisait dire les guignols à l’une de leurs marionnettes. Mais en fait pourquoi recréer des objets que l’on peut fabriquer à partir des poubelles ?

    Ok ça sent le troll à plein nez mais zou…

    Nos poubelles et nos décharges sont pleines d’objets qui peuvent être réutiliser et pas nécessairement dans le sens de leur fonction première.
    Nos poubelles et nos décharges sont pleines d’objets qui peuvent être réparer.
    Nos poubelles et nos décharges sont pleines d’objets qui peuvent être utiliser avec leurs fonctions premières avec un peu ou pas de gêne le problème n’étant que mineurs parfois juste esthétique ou passé de mode(!).
    Nos poubelles et nos décharges sont pleines d’objets qui peuvent nous faire faire des économies.
    Nos poubelles et nos décharges sont pleines d’objets qui peuvent avoir une deuxième ou troisième vie plutôt que d’être à usage unique.

    Mais pour cela, il faut ouvrir les yeux, être curieux, avoir de l’imagination, mettre les mains dans le cambouis et accepter que cela ne soit pas parfait.

    Plutôt que de vouloir créer de nouveau objet depuis un fichier informatique et une machine 3D il serait intéressant de prolonger la vie des objets que nous possédons déjà ! Et dans ce sens un/des site(s) qui permet(tent) de réaliser des réparations efficaces ou ralentir/stopper l’obsolescence programmée pourraient être plus pertinent en attendant que tous les problèmes de machine 3D et de droit à la copie soient réglés.

    Donc plutôt que les Fablabs autant privilégier les Repairlabs dans un premier temps.

    Voilà le lien vers la traduction française du Repairmanifesto : http://www.ifixit.com/Wiki/RepairMa
    http://www.gizmodo.fr/2010/11/22/no
    http://www.semageek.com/diy-manifes
    Juste un truc mais à confirmer ifixit ne fait que reprendre et diffuser plus amplement le travail de platfrom21.nl –> http://www.platform21.nl/page/4360/

    Et pour ceux qui veulent faire découvrir la physique « rigolote » à leurs enfants cet excellent site : http://www.arvindguptatoys.com/toys

    Pour ceux qui ne sont pas convaincus que la récup permet de faire plein de choses intéressantes faites un tour sur makezine.com et instructable.com il y en a pour tout les goûts, par contre il faut chercher…

  6. Surt-Fafnir

    @raid.nek :
    La fabrication personnelle permettrait justement de remédier au problème de l’obsolescence programmée qui est gérée par les entreprises pour s’assurer un marché constant ou en tout cas non décroissant. Si on fabrique les choses nous-même on n’a aucune raison de faire en sorte qu’elles tombent en panne au bout de quelques mois d’utilisation, au contraire on a tout intérêt à ce qu’elles durent le plus longtemps possible. Et, à mon humble avis, le simple fait de mettre fin à toute pratique d’obsolescence programmée permettrait déjà de réduire drastiquement la production de déchets et le gaspillage.
    Par ailleurs l’un n’empêche pas l’autre : on peut très bien recycler ce qui peut l’être et fabriquer du neuf à côté. En plus, les matériaux que l’on utilise pour la fabrication personnelle peuvent être issus du recyclage d’autres objets. Sur ce point il me semble que Hackable:devices avait proposé un projet de machine de recyclage du plastique domestique aux étudiants de Centrale Lille en 2010, je ne sais pas si cela avait finalement intéressé des étudiants ou pas et si le projet pourrait éventuellement être ressorti des cartons dans le cas contraire. Cette machine permettrait de produire du fil de plastique pour imprimante 3D à partir de déchets plastiques domestiques courants (bouchons…). Ce genre de machine pourrait surement être appliquée à de nombreux matériaux différents (après tout j’arrivais bien à recycler du papier à 7 ans ^^) et à mon avis cela sera fait au cours des années à venir, que ce soit ici ou ailleurs.

  7. Eugène

    Je ne comprends pas bien pourquoi autant d’enthousiasme pour un hypothétique avenir alors qu’aujourd’hui, tout de suite maintenant, on peut déjà faire énormément de choses à partir de ce que rejette en masse la société de consommation.

    Créer des ateliers de quartiers équipés correctement avec de l’outillage standard, animés par des personnes détentrices d’un savoir à transmettre, apprendre à réparer, adapter, détourner, obtenir ce qui amène à l’autonomie, voilà un projet d’avenir qui peut être tangible tout de suite et non une hypothèse technologique.

    Ce délire sur des imprimantes 3D ou des machines qui autofabriqueraient des objets, je ne vois pas bien le but, si ce n’est produire plus de déchets, user plus de matière première, plus d’énergie, et rester dépendant de l’informatique que certains voient comme durable et définitivement ancré dans notre évolution alors que rien ne le garanti.

    C’est le deuxième article sur le sujet sur Frama, pourquoi cette redondance ?

  8. raid.neck

    @Surt-Fafnir
    Heu… très bien, mais s’il faut juste re-flasher une puce qui sert de compteur pour que l’imprimante reparte comme en 14, alors je ne vois pas à quoi peu servir la machine 3D ! Pareil si du doit refaire une pièce en métal, un tour, une fraiseuse, et une machine à polir sont plus efficaces…
    Lis aussi le commentaire de Shimegi de l’article précédent, je suis d’accord avec lui.
    Si tu regardes un peu la photo du lapin, il est pas fini et t’as encore du boulot pour le rendre présentable.
    Des contres exemples ils s’en trouvent à la pelle. Mon but n’est pas de tuer la machine 3D que je trouve assez formidable, ce qui me dérange c’est de la transformer en panacée. La proposition d’Eugène est beaucoup plus réaliste, parce qu’elle remet l’humain dans un cycle de relations humaines/d’apprentissage et de réappropriation de l’objet on est dans le système D par excellence (que je n’aime pas ce mot).

    Alors que ce qui est défendu en filigrane c’est la puissance créatrice/copie.

  9. tala

    Pour rebondir sur la proposition d’Eugène, j’avais entendu parler de projets de ce type il y a quelques années dans l’émission « terre à terre » sur france-culture.
    Dans la veine des jardins partagés, le PADES (http://www.padesautoproduction.net/) proposait la création de « maisons de la vie quotidienne » dans les quartiers où chacun pourrait disposer d’outils et d’accompagnement pour produire et réparer différents objets répondant à ses besoins.
    L’association en question (Programme d’Autoproduction et Développement Social) a visiblement moins développé ce projet que d’autres axes de son action (jardins partagés, autoréhabilitation des logements).
    En fouinant un peu sur le net, on trouve au moins une réalisation proche :
    http://www.avec-toit.fr/atelier-aid
    Au final, ça ressemble plus à des cours de bricolage.

    Une autre piste : les ateliers de réparation vélo ou même auto (à vos moteurs de recherche).

    Comme quoi l’informatique, avec tous ses défaut est encore un outil indispensable pour la libre circulation des idée ;).

    Les projets en question suscitent peut-être moins d’enthousiasme que les fab-labs et imprimantes 3D, sans doute parce que le « piment » du progrès technologique y est peu présent.
    Il n’est pas inutile de se rappeler que cette ivresse dissimule souvent des impacts négatifs non négligeables, même si toute idée d’avancée technique n’est pas mauvaise en soi.

  10. Eugène

    Un hacker c’est quelqu’un qui répare, modifie, s’approprie, crée à partir d’autre chose, donne un autre destin à un objet que celui pour lequel un ingénieur l’a conçu. Ce qui est valable en informatique l’est tout autant avec les voiture, l’électro-ménager, les vélos, le jardinage, la production d’énergie, l’auto-construction, etc, etc…

    Un fab-lab pourrait donc être un lieu d’échange, de mise en pratique, de développement de projets collectif, etc…Et pas seulement un local avec des ordinateurs et des machines-outils numérique ou des imprimantes 3D.

    L’intérêt d’Internet réside, pour moi, dans possibilité de transmettre très rapidement les idées et le savoir, de permettre aux gens d’être en contact en temps-réel sans les contraintes des distances. Mais faire de l’informatique une fin en soi avec le fantasme de pouvoir échanger des fichiers numériques qui deviendront des objets façonnés par des machines, je trouve cela assez pauvre et déprimant.

    Notre cerveau est capable de concevoir des choses extrêmement complexes, nos mains sont capables de les réaliser. Notre parole et notre écriture nous permettent de transmettre tout ça à un autre être humain capable de le comprendre et de le fabriquer avec ses mains sans avoir besoin de ré-inventer la roue sous la forme d’une imprimante 3D.

    Ainsi nous devenons moins dépendant des marchands, nous court-circuitons l’obsolescence programmée, nous recyclons beaucoup plus, nous devenons plus intelligents, nous imaginons des solutions à long terme, nous nous abrutissons moins devant le spectacle du divertissement et les loisirs récompenses, nous créons des micro-économies locales et au final c’est la démocratie qui y gagne puisque nous prenons les choses en main et que nous avons des choses à dire.

  11. dub

    Juste pour signaler que, non, l’Éducation Nationale n’est pas en retard : de nombreux établissement sont déjà doté d’imprimantes 3D, et avec la réforme des bac technique STI2D (2D comme développement durable : tout un programme…), les établissements d’enseignement qui n’ont pas déjà ce type de matériel devraient recevoir des imprimantes 3D (Ce sera le cas dans l’Académie de Grenoble et de Lyon).
    Formidable outil, qui ne coute pas trop cher à l’Éducation Nationale et vient remplacer les machines outils à commande numérique qui coûtent plusieurs centaines de milliers d’euros… Avec ces imprimantes 3D, aucun besoin d’être un spécialiste de l’usinage pour fabriquer quelque chose : très intéressant avec des élèves.

  12. raid.neck

    Bien joué Eugène, encore une fois d’accord avec toi !

    Bon, quitte à créer des Fablab, pourquoi ne pas orienter les recherches vers les énergies libres et la reproduction/simplification/diffusions en français d’expérience que l’on retrouve sur peswiki (http://peswiki.com/index.php/Main_P…), quant’homme(http://www.quanthomme.info/) ou encore
    syscoil(http://www.syscoil.org/).

    Parce que quand même, si chacun pouvait produire l’énergie qu’il consomme alors les besoins en centrales nucléaires seraient moindre et la recherche sur ITER qui engouffre nos impôts serait bien moins intéressante (tout est relatif).

    Un lien critique d’ITER et qui encourage la recherche de solution alternatives http://www.contrepoints.org/2011/05

  13. dormomuso

    Merci pour l’article.
    Merci pour les commentaires sur l’indispensable récupération des « déchets ».
    On jette beaucoup trop, il y a beaucoup à imaginer et beaucoup à faire.
    « Des imbéciles ne savaient pas que la chose étaient impossible alors ils l’on faite ».
    Y-a-t-il déjà des mairie qui propose comme en Allemagne un jour par mois pour vider ses vieilleries sur le trottoir, que chacun se serve, et que la collectivité valorise ce qu’il reste. C’est toujours déprimant de voir ce qui part à la déchetterie 🙁

  14. Shimegi

    J(ai lu l’article depuis OWNI, je reposte mon commentaire : « Une fois n’est pas coutume, je trouve l’article très mal renseigné, notamment sur deux points :

    *Affirmer qu’une machine peut fabriquer « comme un artisan » relève d’une méconnaissance totale de ce qu’est un objet.
    L’objet ne se résume pas à sa forme, les matériaux et le mode de fabrication modifient l’usage et la qualité. Étant bijoutier et utilisateur de CAO/Prototypage depuis plusieurs années, je pense pouvoir vous affirmer que nous sommes très très loin d’être en mesure de reproduire chez soit des objets de qualité correcte avec des moyens de prototypage.

    *Les machines à la maison ? Ok pour certains modes de prototypage (poudre type amidon/platre/..), d’autres ne le seront probablement jamais pour des raisons de sécurité liés aux produits nécessaires à la fabrication (résines et produits de post traitement toxique). Par analogie, le fait d’avoir la possibilité d’utiliser un microscope chez soi n’implique pas pour le moment qu’on soit en mesure d’en avoir un MEB. Ne celui de pouvoir faire de la chimie dans sa cuisine de manipuler de l’acide sulfurique à la maison.

    Bref il manque une nuance importante dans l’échelle des possibilités. »

    Je rajouterai après avoir lu les commentaires quelques petites choses. D’abord je pense également que si il y a un intérêt aux développement de machines 3D « libres » (au delà de ma conviction propre que tout devrait l’être :p), c’est bien dans les innovations pratiques comme pour les ruches mentionnées par tala.
    Pourquoi ? Parce qu’un objet nécessite un matériau. Et que le matériau en lui même est une contrainte suffisamment forte pour ôter tout intérêt à l’initiative.
    *Le matériau peut être toxique.
    *Il peut être hors de prix. Faire du frittage de poudre avec de l’or, en plus de la toxicité des poudres, est hors de prix (tarif de transformation, alliages spécifiques, pertes importantes)
    *Le procédé peut être inadapté pour le matériau. Un frittage de poudre ne présente pas les mêmes caractéristiques qu’un même objet fondu, ou forgé. Les résistances mécaniques et chimiques peuvent s’en ressentir, et altérer (dangereusement ?) les qualités de l’objet.
    *Le matériau n’est pas libre. C’est essentiel de mon point de vue, et je travail sur le sujet depuis quelques temps (doucement mais sûrement). Quel intérêt éthique à « faire chez soi » quand le matériau est issu d’un procédé hors contrôle ? Le plastique issu d’une filière pétrolière pas très nette, l’or d’un bijou dans des conditions sociales déplorables ?

    La présentation ici faite me semble manquer d’une nuance salutaire quand à l’explication de l’usage. Un objet est suffisamment complexe pour que l’usage soit plus important que le « faites le vous même ». Et la machine 3D plus chère, moins écologique qu’une scie, une lime et un marteau.
    Si les machines de fabrication 3D apportent un intérêt, ce n’est certainement pas dans la réinvention de modes de fabrication actuels. L’industrie, même en petit, reste l’industrie. C’est l’intention qui doit changer.

  15. RAK

    Bonjour
    En lisant la liste « révolutionnaire  » et intéressante des activités et des recommandations pour des « fabrications personnelles », cela me rappelle quelque chose de connu enseigné obligatoirement à tous les jeunes dans la discipline technologie au collège en France entre 1960 et 2008, c’est à dire de l’EMT et à la démarche de projet technique et abandonné dans les programmes de technologie collège en 2005-2008 ?
    Si j’ai bien lu, c’est un rapport réalisé aux Etats-Unis, comme « la main à la pâte démarche d’investigation », qui a été importée de ce pays ? Comme quoi il y a des détours que la France se serait bien passée, si toutefois cette recommandation américaine (calquée sur ce qu’avait fait la France) revient sur le devant de l’actualité en matière d’enseignement dans les prochaines années ?
    Comme quoi peut être que la France avait raison avant les Etats-Unis ?
    Cordialement
    Ignace RAK IA IPR honoraire en sciences et techniques industrielles, un adepte de la démarche de projet technique ancrée dans les pratiques sociotechniques du monde du travail et non d’activités uniquement imaginées dans et pour le monde scolaire qui n’ont aucun, ou peu, de sens pour les collégiens; http://pagesperso-orange.fr/techno-

  16. SOCIAL SURF

    20 recommandations pour accompagner la révolution

    Un certain nombre de forces convergentes vont faire passer la fabrication personnelle, ou autofabrication, du statut de technologie marginale utilisée par les seuls pionniers et passionnés à un out……