Aussi belles soient vos apps, nous on reste sur le web !

Temps de lecture 3 min

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JD Hancock - CC byUne «  app  », est une application destinée aux smartphones et aux tablettes.

Gratuites ou payantes (et très très rarement libres), elles sont disponibles sur des plateformes qui appartiennent le plus souvent au propriétaire du système d’exploitation de la machine telles que l’App Store d’Apple ou l’Android Market de Google.

C’est beau, c’est propre, ça tourne bien et on peut faire plein de sous avec[1].

Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si ces apps ne souffraient entre autres de deux défauts majeurs et rédhibitoires  : elles ne se partagent pas et elles ne créent pas de liens.

Il se trouve que ce sont justement deux conditions à notre liberté et à la possibilité de changer un jour ce monde à bout de souffle…

Comme Dave Winer ci-dessous moi je reste sur le web. Et vous  ?

Pourquoi les apps ne représentent pas l’avenir

Why apps are not the future

Dave Winer – 13 décembre 2011 – Scripting.com
(Traduction Framalang  : kamui57, Pyg, Axx et Rémi)

Je l’entends partout. Le Web est mort, les apps sont l’avenir.

Je l’ai lu la première fois en couverture du magazine Wired en mars 1997 puis encore en août 2010. J’étais tellement impressionné qu’à chaque fois j’ai mis le lien en exergue sur mon blog, histoire de rappeler à mes visiteurs qu’ils étaient en train de parcourir un média sur le point de mourir.

Ce n’était évidemment qu’une boutade. Je vais continuez à m’amuser ici pendant que vous flirtez avec vos apps. Et je serai toujours là quand vous reviendrez. Je sais que cela arrivera. Voici pourquoi.

Créer du lien

Imaginez chacune des apps qu’ils veulent que vous utilisiez sur votre iPad ou votre iPhone comme un très grand et très haut silo. On peut certes avoir l’impression d’avoir du confort et de l’espace à l’intérieur mais rien n’entre ni ne sort qui ne soit parfaitement contrôlé par les gens qui ont créé l’application. Ça craint  !

Ce qu’il y a de génial avec le web ce sont les liens. Le web repose sur le lien. Le web a une sale gueule alors que votre application est jolie  ? Ça m’est complètement égal  : si je ne peux pas ajouter de liens entrant ou sortant, vous êtes bien loin de pouvoir remplacer le web. Ce serait aussi stupide que de dire que vous n’avez pas besoin d’océans parce que vous avez une baignoire, aussi magnifique soit-elle. Essayez de bâtir un continent autour et vous comprendrez ce que je veux dire.

On paye cher des gens pour être des Grands Penseurs à notre place mais, dans l’ensemble, ils ne cherchent qu’à plaire à leurs créditeurs.

Cela convient et rassure les riches de penser que le monde fou, sauvage et non régulé de l’internet ne les menace plus désormais, que les utilisateurs sont heureux de vivre dans un monde balisé et aseptisé à la Disney, sans tout ce désordre que cause la liberté.

Ne vous en déplaise, je vais rester sur le web.

Notes

[1] Crédit photo  : JD Hancock (Creative Commons By)

16 Responses

  1. ashledombos

    Je pense aussi qu’il faut éviter de confondre les apps fermées d’app store, Android market et cie et les vraies programmes qui permettent d’utiliser Internet autrement que via le Web.

    Client de messagerie, de messagerie instantanée, Weboob, P2P, FTP, IRC etc…
    L’avenir est l’Internet ouvert, qu’on l’utilise avec un browser ou un autre outil 🙂

  2. osef.michu (vieux con)

    > Comme Dave Winer ci-dessous moi je reste sur le web. Et vous ?

    Ben je dirais même plus : (moi) je reste sur l’internet !
    Le lien vers Wikipedia Italia, c’est par amour du latin ?

  3. Taneleo SuperStar

    La comparaison ne tient seulement parce que l’habitude a été prise sur le Web de rendre les sites publics et ouverts à tous. Ce qui aurait pu ne pas être le cas, et rien ne dit que ce ne sera le cas dans l’avenir – et je ne parle pas des liens vers des sites payants, qui sont autant de liens « non fonctionnels ».

    Mais le Web 2.0 est passé par là. Et de plus en plus d’individus en ont marre d’être confrontés et exposés à la connerie ambiante et aux connards (qui se font une deuxième jeunesse sur le Web 2.0).

    Pure prospective, mais je ne serai pas surpris qu’à l’avenir nous voyons émerger des communautés plus fermées, plus imperméables et plus singulières. Et peut-être même que les sites vont être beaucoup moins ouverts et publics qu’ils ne le sont aujourd’hui.

    L’utopie du Web 2.0 et sa conception horizontale des internautes se heurte à une réalité : nous n’avons pas tous les mêmes intérêts, les mêmes motivations, les mêmes facultés, ni ne sommes à égalité sur les plans psychique et intellectuelle. Même si cette approche à quelques intérêts, sur le long terme il se passera sur le Web probablement la même chose qu’il se passe dans la vie : « les torchons ne se mélangent pas aux serviettes ».

    Le Web étant devenu une bouffé d’oxygène salutaire pour le peuple, il faut peut-être savoir abandonner un certain idéal de ce réseau que l’on voudrait trop élitiste. Cependant, il ne saurait être laissé aux seules mains de la médiocrité et de la stupidité. Je l’avais déjà écrit quand le projet d’extension des noms de domaine en .42 avait vu le jour : faut-il compartimenter le Web ?

  4. gnuzer

    @Taneleo :

    « […] l’habitude a été prise sur le Web de rendre les sites publics et ouverts à tous. »

    Mouais… Parmi les sites sur lesquels je tombe, il y en a une bonne partie qui requièrent un droit d’entrée, du genre : « – T’as pas Flash Player ? Tu rentres pas. »

  5. gnuzer

    @Taneleo (désolé d’en remettre une couche)

    « Je l’avais déjà écrit quand le projet d’extension des noms de domaine en .42 avait vu le jour : faut-il compartimenter le Web ? »

    Argh. Internet, pas le Web. ><

  6. vulcain

    Le gros avantages des apps c’est que l’on a pas besoin de recharger les images du sites de sa banques à chaque fois comme le fais le site web. On n’échange que les informations.

    Moi, je dis que l’avenir est aux WebApps

  7. totopipo

    @vulcain :
    C’est pour ça qu’il y a la possibilité de ne pas effacer le cache de son navigateur. 😀

    L’avenir aux WebApp, mort de rire… j’te dis pas le bordel dans mes App et leur poids (hmm, c’est taxé pour copie privée ?) s’il en faut une pour chaque site vu la tronche de mes bookmark.

  8. zenon

    Assez amusant de constater aussi comment ces applications Web sont un moyen pour de grandes sociétés de se rendre incontournable.
    Je suis impliqué dans un gros festival de musique et en 2010, les vieilles charrues avaient mis en Open Source leur logiciel iPhone et Android réalisé par un élève ingénieur en fin d’études et qui était dans les toutes meilleures applications disponibles pour les festivals de musique au niveau des fonctionnalités.
    SFR qui essaie d’être présent dans ce monde de la musique a passé un accord avec une société qui a développé une application générique pour les festivals de musique. Pour l’organisateur de festival, en même temps que SFR lui signe un chèque pour passer un accord de partenariat, il lui est proposé l’application adaptée gratuitement à l’affiche du festival (artistes, scènes, …). Du coup, l’organisateur du festival choisit la solution de facilité avec un soucis en moins puisque ça lui arrive tout cuit et voilà comment Hellfest, les Vieilles Charrues, Rock en Seine, Marsatac, Main Square, Nuits sonores, Fête de l’Humanité (pas sur qu’ils aient un deal avec SFR 🙂 ), … se retrouvent avec la même application médiocre alors que les sources de l’application Vieilles Charrues 2010 (largement supérieure) sont disponibles en Open Source.
    Pire: comme personne ne connait les possibilités de la solution Open Source, tout le monde se félicite de cet accord et se dit que sans ce coup de pouce, on ne saurait pas faire autrement sauf à payer très cher.

  9. j-c

    @ Taneleo:
    Pourquoi cela impliquerait une fermeture et une compartimentation du web ?

    Je pense que le web est un moyen de communication comme un autre, comme la télévision, les journaux, la radio, …
    Or, il existe dans chacun de ces domaines des acteurs médiocres.
    Comme vous le prédisez, cela a conduit à la formation de réseaux de « torchons » et de « serviettes »: certains ne lisent pas Gala, certains ne lisent pas Courrier International.
    Mais cela n’a pas impliqué que l’accès à ces médias soient restreints.

    En fait, je pense que vous avez une guerre de retard: le web est déjà « compartimenté ». Par exemple, si je suis intéressé par le logiciel libre, je tomberai tout d’abord facilement sur, disons, le Framablog. Lui-même me conseillera des sites qu’il juge de qualité (dans les rubriques: « blog sélection », « site sélection », « actualité du web » et dans les articles). Ces sites eux-même me renseigneront d’autres sites et ainsi de suite, en évitant l’internet médiocre (ou du moins, jugé comme tel par les créateurs du réseau, mais cela est identique à ce que vous prédisez).

  10. p4tr1ck

    Une « app », est une application destinée aux smartphones et aux tablettes.=>il ne faut pas oublier une nouvelle categorie encore plus dangeureuse : La television ! (plus de client que les smartphones et tablettse reunient)

  11. Ginko

    @aKa : coquille : s/continuez/continuer/
    ———-
    Les gens n’ont toujours rien compris à la disparition des technos. Une techno ne disparait que si l’_ensemble_ de ses fonctionnalités sont couvertes par la techno challengeuse. Ex : VHS vs DVD. En revanche, si cette couverture n’est pas totale, l’ancienne techno va rester (aussi longtemps que les utilisateurs seront présents, sauf dans le cas d’un réseau fermé type minitel, qui sera fermé lorsque sont propriétaire le souhaitera). Et des technos antiques non recouvertes par les nouvelles technos, y’en a partout : le livre, la radio, la TV, le train, le bus, le tramway, le moteur à combustion… la liste est illimitée.

    La TV n’a pas tué la radio, par contre les écrans plats ont tué les écrans cathodiques.

    Sur l’article : si les apps ne tueront pas le web, l’inverse est évidemment faux, les apps (ou leurs dérivés) ne disparaitront pas tant que le débit sur réseau mobile ne sera pas suffisant pour surfer agréablement (et combler toutes les lacunes du surf mobile).

  12. Médard

    « Les gens n’ont toujours rien compris à la disparition des technos. Une techno ne disparait que si l’_ensemble_ de ses fonctionnalités sont couvertes par la techno challengeuse. Ex : VHS vs DVD. En revanche, si cette couverture n’est pas totale, l’ancienne techno va rester (aussi longtemps que les utilisateurs seront présents… »

    Hum ! comme Usenet, qui est en train de mourir à petit feu ?
    Il n’y a plus guère que les vieux c*** pour y aller !

    En tous cas, merci de nous faire ouvrir les yeux sur les dangers du Nuage…

  13. osef.michu

    @Médard, Taneleo SuperStar :
    Ah ! non ! c’est un peu court, jeune homme !
    On pouvait dire… Oh ! Dieu !… bien des choses en somme.
    […]
    Je me les sers moi-même, avec assez de verve
    Mais je ne permets pas qu’un autre me les serve.

    Les jeunes c*** connaissent, c’est au programme ?

  14. Cyril

    Article intéressant!
    Il est clair que les app ne remplaceront jamais le « surf on the web », le problème est que Mr pomme notamment force l’exécution des app, en bloquant l’ envoi de fichier par le navigateur, ce qui oblige à passer par des app…

    Les App pour un application web spécifique (FTP,p2p…), mais pas pour le surf!