Avec Mozilla Popcorn la vidéo sur le Web prend une autre dimension

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Il y a quelques temps de cela, Tristan Nitot nous présentait ce qu’il appelait de «  l’hyper-vidéo  », c’est-à-dire de la vidéo boostée par du JavaScript et du HTML5, avec une impressionnante démonstration à la clé.

Le projet a évolué depuis pour devenir le très prometteur Mozilla Popcorn. Les démonstrations également, comme celle, lumineuse, qui sert de fil conducteur à cet article.

Au départ il ne s’agit que d’un extrait vidéo d’une représentation du Macbeth de Shakespeare. Sauf que nous ne sommes pas sur YouTube mais avec Mozilla Popcorn ce qui enrichit considérablement le potentiel de l’expérience utilisateur.

Le plus simple est de s’y rendre tout de suite pour comprendre de quoi il en retourne.

Le projet évolue vers une prise en main de plus en plus aisé autorisant enseignants, étudiants, et tout un chacun à se l’approprier.

À Mozilla, l’éducation reconnaissante (il va sans dire que tout ceci est libre), il n’y a plus qu’à se retrousser les manches désormais pour proposer des ressources pédagogiques pertinentes et innovantes réalisées avec Popcorn.

PS  : Et au passage on fait la nique au déclinant format Flash, si j’ose m’exprimer ainsi :)

Mozilla Popcorn Demo

Shakespeare devient social ou Mozilla Popcorn dans les salles de classe

Shakespeare goes social : Mozilla Popcorn in the classroom

OpenMatt – 8 décembre 2011 – Blog personnel
(Traduction Framalang  : Clochix)

Que peut faire la vidéo sociale pour l’éducation  ?

La très talentueuse Kate Hudson (co-fondatrice du site openjournalism.ca et auteure du manuel data journalism présenté lors du dernier festival Mozilla de Londres) a créé une exceptionnelle démonstration, «  Popcorn Shakespeare  », qui met en lumière tout le potentiel éducatif du projet Popcorn de Mozilla.

Je pense que nous assistons là à la naissance d’un nouveau genre de films interactifs — appelons-le «  hyper-vidéo  », «  vidéo sociale  » ou «  vidéo aux hormones  » — qui peut révolutionner la place du multimédia dans les salles de classe, et peut-être même devenir la lingua fanca de l’éducation. Le tout entièrement créé avec des technologies open source.

Utiliser le Web pour, dans le contexte, interagir avec des images animées

«  Popcorn Shakespeare  » propose une expérience utilisateur astucieusement simple  : regarder une vidéo d’une représentation d’une pièce de Shakespeare, déplacer la souris à n’importe quel moment pour arrêter la vidéo et obtenir de l’aide et des informations sur des mots ou des passages que vous ne comprenez pas. Vous pouvez également approfondir le contexte ou parcourir les notes de votre enseignant ou de vos camarades de classe.

Mais cet outil est bien plus qu’un glossaire. Vous pouvez également parcourir la vidéo en cliquant directement sur les passages du texte (Mark Boas a présenté un projet similaire, hyperaudio à Londres). Certains mots et extraits ont leur propre lien, ce qui vous dirige alors directement vers une scène donnée pour l’étudier — permettant ainsi de citer et de pointer vers la vidéo aussi facilement que s’il s’agissait de texte.

Afficher le contexte et les métadonnées à la demande

Lors d’une récente conférence téléphonique (ces conférences consacrées aux créateurs du Web sont ouvertes à tous, n’hésitez pas à nous rejoindre), Kate a expliqué que ce qui avait inspiré sa démonstration était de voir certains étudiants lutter avec la langue des pièces de Shakespeare, et la difficulté à chercher de nombreux mots dans un dictionnaire au cours d’une représentation.

Ce qui rend sa démo si pertinente est la façon dont elle a résolu ce problème avec une interface utilisateur simple et ergonomique  : lorsque la souris sort de la vidéo, celle-ci s’arrête, lorsque la souris y revient elle reprend de façon transparente. On évite alors l’effet de surenchère de données constatée lors des premières démonstrations de Popcorn. Au lieu de noyer les utilisateurs dans trop d’information, cette démo n’affiche les metadonnées que lorsque vous le souhaitez.

Passer de la position assise «  vautré sur le canapé  » à la position active debout et «  prêt à interagir avec la culture  »

Pour moi, la démo de Kate dévoile tout le potentiel de la vidéo sociale pour apprendre  : elle transforme une activité auparavant passive (regarder une vidéo) en une expérience sociale et interactive. Cela peut permettre à des professeurs de parler la langue multimédia que pratiquent la plupart des étudiants, tout en en faisant une expérience qui incite d’avantage à s’investir que lorsque l’on est assis dans une pièce sombre à regarder un film sans possibilité d’interagir.

Cela va bien plus loin que les vidéos éducatives de notre enfance, ça transforme la vidéo en une toile sur laquelle on peut créer, apprendre et jouer avec la lumière et les images animées.

Créer vos propres vidéos sociales

Naturellement, le but est de permettre aux apprenants de réaliser simplement leur propres vidéos sociales, pas de juste consommer le travail fait par d’autres.

Pour créer sa démo, Kate a utilisé directement la bibliothèque popcorn.js, qui est plutôt destinée aux développeurs. Mais une version 0.1 de Popcorn Maker vient juste de sortir. C’est un outil pour faciliter la création de vidéos sociales pour tous ceux qui ne maîtrisent pas le développement, les réalisateurs ou les jeunes par exemple. Il va permettre à tout un chacun de devenir un créateur de vidéos Web.

Comme disait ce bon vieux Bill dans La tempête «  O brave new world, / That has such people in’t !  ».

10 Responses

  1. Désidérius

    popcorn est une technologie intéressante et va dans le bon sens s’il s’agit de se débarrasser de Flash et de Powerpoint.

    Mais il existe une technologie beaucoup plus prometteuse et beaucoup plus riche pour faire ça
    qui s’appelle SMIL Timesheets.

    Pour vous en convaincre, regarder les démos sur le site :

    http://wam.inrialpes.fr/timesheets/

  2. Taneleo râleur

    Javascript = poubelle. J’en ai marre de devoir changer de PC tous les 6 mois à cause du « Javascript qui va nous révolutionner le monde ».

    L’auteur du billet a-t-il conscience que l’usage qu’il décrit pour l’enseignement signifie la fin des enseignants ? Car là en gros, ce Popcorn.js c’est une télécommande d’enseignant. Mais tout ceci me semble bien utopique. Puis avec des livres, un enseignant et une bibliothèque on fait des merveilles. Et c’est bien plus social que ces « vidéos sociales » (encore un coup des marketeux une expression pareille).

    Il faut se le mettre dans le crâne et l’accepter : la connaissance se transmet très mal par écran informatique. Et l’illusion du « tout numérique » est aujourd’hui promue par des gens qui ne se sont pas construits avec le numérique, et qui pour beaucoup n’aimeraient pas que ce soit le cas pour eux (perso il est hors de question que je passe 3 heures à lire un livre sur écran informatique. Un livre par contre, cela ne me dérange pas).

  3. napwindenon974

    @taneleo
    le principe ce n’est pas de substituer à l’enseignant, c’est que l’enseignant s’approprie le nouvel outil vidéo-internet. jusqu’à présent, nous étions dépendants de ceux qui savent produire des livres pédagogiques, nous réduisant à n’être que de simples commentateurs. Sesamath a prouvé l’inverse dans le domaine de l’édition pédagogique. Popcorn.js est un nouveau palier, technologie libre, usage illimité => vers les outils conviviaux (cf. wikipedia)

  4. libre fan

    Joli caleau pour Noël que ce Shakespeare. Popcorn fait vraiment démago mais tant pis. Le contenu et les possiblités sont assez incroyables, pas juste pour l’école.

  5. Kyon

    @taneleo : rien ne remplacera la bonne vieille interaction étudiant-prof pour obtenir des réponses aux questions auxquelles la vidéo préparée ne répond pas. Y compris les plus stupides (vous seriez étonné)

  6. Taneleo anti web 2.0

    @ Kyon,

    C’est implicitement ce que je dis.

    @ napwindenon974,

    Vu que dans un collège il doit avoir 3 télés pour l’ensemble des classes, votre « vidéo-internet » est morte et enterrée.

    Puis, encore une fois, ne nourrissez pas trop d’espoir concernant Internet, c’est un outil fini. La seule question que l’on peut encore se poser est de savoir la quantité des utilisations « positives / utiles / bénéfiques » qu’il va subsister dans les années à venir.

    Internet est devenue une télé dans laquelle les téléspectateurs peuvent s’inviter. Les programmes préférés sont « Jour après Jour » (Faceboook), « Ma téléréalité à moi » (Tweeter), « Téléshopping » (e-commerce) et le film du premier samedi du mois (film adulte). Les téléspectateurs, c’est le web 2.0.

  7. liar

    « Lignes de temps » ça à l’air sympa, c’est libre (sous CeCiL), malheureusement ça ne marche que sur PC (entendre Windows) et Mac (entendre OS X)…

  8. Andréas

    Je ne sais pas si vous connaissez le logiciel libre advene (http://liris.cnrs.fr/advene/) mais il fait ce genre de chose depuis un bout de temps.

    Ok, c’est pas du web et c’est moins ergonomique, mais quand je l’avais découvert il y a quelques années j’avais été très séduit. Certes, j’avais déjà trouvé dommage qu’il n’y ai pas de « lecteur » web…

    En tout cas, chouette projet.

    @Taneleo râleur : D’accord avec ta remarque sur l’illusion du tout numérique, je bosse justement exactement dans ce domaine puisque l’on fait de l’expérimentation numérique pour les collectivités locale et notamment les collèges. Autant te dire que quand je vois des commandes d’iPad pour 18 000 euros tout en sachant qu’ils vont quasi rien faire avec car les logiciels ne sont pas prêts, ça me fou les boules !!
    Au delà de ça, si des outils comme Popcorn ou advene permettent à des profs de monter rapidement des vidéos sans avoir à altérer le fichier source et sans utiliser des logiciels très compliqués et payant de marque Adobe ou autre, c’est super :).