Nous les enfants du Web

Classé dans : Communs culturels | 42

Temps de lecture 12 min

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Né en 1981 Piotr Czerski est un poète, auteur, musicien, informaticien et blogueur polonais.

Il a publié il y a deux semaines, dans le journal local de Poméranie Dziennik Baltycki (cf image ci-dessous), un article qui a des allures de manifeste pour la nouvelle génération.

Un article déjà traduit en anglais, en allemand et donc désormais aussi en français (nous avions commencé la traduction de notre côté quand nous sommes tombés sur celle de Paul Neitse dont nous nous sommes permis de reprendre de larges extraits).

Entre modèles économiques obsolètes et gouvernements menacés d’archaïsme, le plus important demeure comme souvent la liberté…

Il y a fort à parier que nombreux seront les manifestants actuels contre ACTA à se reconnaître dans ces quelques lignes.

My, dzieci sieci - Piotr Czerski

Nous sommes les enfants du Web

We, the Web Kids.

Piotr Czerski (translated by Marta Szreder) – 11 février 2012 – CC by-sa
(Traduction Framalang  : Clochix, Goofy et Lamessen)

Il n’existe probablement pas de mot dont on a davantage usé et abusé dans le cirque médiatique que celui de «  génération  ». J’ai essayé un jour de compter le nombre de «  générations  » qui ont été claironnées au cours des dix dernières années, à commencer par la fameuse «  génération perdue »  ; je pense en avoir dénombré une bonne douzaine. Elles avaient toutes un point commun  : elles n’existaient que sur le papier. La réalité ne nous a jamais fourni le moindre signe tangible, symbolique et inoubliable d’une expérience commune qui nous permettrait de nous distinguer des générations précédentes. Nous l’avons attendu, mais en fait le véritable séisme est passé inaperçu, venant avec la télé par câble, les téléphones mobiles et surtout, l’accès à Internet. Ce n’est qu’aujourd’hui que nous pouvons appréhender pleinement à quel point les choses ont radicalement changé depuis les quinze dernières années.

Nous, les enfants du Web ; nous qui avons grandi avec Internet et sur Internet, nous sommes une génération qui correspond aux critères de ce qu’est une génération subversive. Nous n’avons pas vécu une nouvelle mode venue de la réalité, mais plutôt une métamorphose de cette réalité. Ce qui nous unit n’est pas un contexte culturel commun et limité, mais la conviction que le contexte est défini par ce que nous en faisons et qu’il dépend de notre libre choix.


En écrivant cela, je suis conscient que j’abuse du pronom «  nous  », dans la mesure ou ce «  nous  » est variable, discontinu, nébuleux. Il signifie alors «  beaucoup d’entre nous  » ou «  la plupart d’entre nous  ». Quand j’écris «  nous sommes  » c’est pour dire que nous le sommes souvent. Je n’emploie «  nous  » que pour être en mesure de parler de la majorité d’entre nous.

Premièrement

Nous avons grandi avec Internet et sur Internet. Voilà ce qui nous rend différents.

Voilà ce qui rend la différence décisive, bien qu’étonnante selon notre point de vue  : nous ne «  surfons  » pas et Internet n’est pas un «  espace  » ni un «  espace virtuel  ». Internet n’est pas pour nous une chose extérieure à la réalité mais en fait partie intégrante  : une couche invisible mais toujours présente qui s’entrelace à notre environnement physique, une sorte de seconde peau

Nous n’utilisons pas Internet, nous vivons sur Internet et à ses côtés. Nous nous sommes fait des amis et des ennemis en ligne, nous avons préparé des antisèches en ligne pour passer des examens. nous avons prévu des soirées et des sessions de travail en ligne, nous sommes tombés amoureux et avons rompu en ligne. Le Web n’est pas pour nous une technologie que nous avons dû apprendre et sur laquelle nous aurions mis la main. Le Web est un processus en constante évolution sous nos yeux  ; avec nous et grâce à nous. Les technologies voient le jour puis deviennent obsolètes, des sites web sont élaborés, ils émergent, s’épanouissent puis meurent, mais le Web continue, parce que nous sommes le Web  ; c’est nous, en communiquant ensemble d’une façon qui nous est devenue naturelle, plus intense et efficace que jamais auparavant dans l’histoire de l’espèce humaine.


Nous avons grandi avec le Web et nous pensons de façon différente. La faculté de trouver les informations est pour nous aussi évidente que peut l’être pour vous la faculté de trouver une gare ou un bureau de poste dans une ville inconnue. Lorsque nous voulons savoir quelque chose — depuis les premiers symptômes de la varicelle jusqu’aux raisons de la hausse de notre facture d’eau, en passant par les causes du naufrage de «  l’Estonia  » — nous prenons nos marques avec la confiance du conducteur d’une voiture équipée d’un système de navigation par satellite. Nous savons que nous allons trouver l’information dont nous avons besoin sur de nombreux sites, nous savons comment nous y rendre, nous savons comment évaluer leur crédibilité. Nous avons appris à accepter qu’au lieu d’une réponse unique nous en trouvions beaucoup d’autres, et dégager de celles-ci la plus réponse la plus probable, en laissant de côté celles qui ne semblent pas crédibles. Nous choisissons, nous filtrons, nous nous rappelons, et nous sommes prêts à échanger les informations apprises contre une autre, meilleure, quand elle se présente.

Pour nous, le Web est une sorte de disque dur externe. Nous n’avons pas besoin de nous souvenir des détails qui ne sont pas indispensables  : dates, sommes, formules, clauses, noms de rues, définitions détaillées. Il nous suffit d’avoir un résumé, le nécessaire pour traiter l’information et la transmettre aux autres. Si nous avons besoin de détails, nous pouvons les consulter en quelques secondes. De la même façon, nous n’avons pas besoin d’être expert dans tous les domaines, car nous savons où trouver les spécialistes de ce que nous ne connaissons pas et en qui nous pouvons avoir confiance. Des gens qui vont partager leur savoir avec nous non pas pour l’argent, mais en raison de cette conviction partagée que l’information existe en mouvement, qu’elle doit être libre, que nous bénéficions tous de l’échange d’informations.

Et ce tous les jours  : pendant nos études, au travail, lors de la résolution de problèmes quotidiens ou lorsque ça nous intéresse. Nous connaissons la compétition et nous aimons nous y lancer, mais notre compétition, notre désir d’être différents, sont construits sur le savoir, dans la capacité à interpréter et à traiter l’information, et non dans sa monopolisation.


Deuxièmement

Participer à la vie culturelle n’est pas quelque chose d’extraordinaire pour nous  : la culture globale est le socle de notre identité, plus important pour nous définir que les traditions, les récits historiques, le statut social, les ancêtres ou même la langue que nous utilisons.

Dans l’océan d’évènements culturels que nous propose Internet, nous choisissons ceux qui nous conviennent le mieux. Nous interagissons avec eux, nous en faisons des critiques, publions ces critiques sur des sites dédiés, qui à leur tour nous suggèrent d’autres albums, films ou jeux que nous pourrions aimer. Nous regardons des films, séries ou vidéos, que nous partageons avec nos proches ou des amis du monde entier (que parfois nous ne verrons peut-être jamais dans la vie réelle). C’est pourquoi nous avons le sentiment que notre culture devient à la fois individuelle et globale. C’est la raison pour laquelle nous avons besoin d’y accéder librement (NdT  : le mot polonais original, swobodnego, semble bien faire référence à la liberté et non la gratuité).


Cela ne signifie pas que nous exigions que tous les produits culturels nous soient accessibles sans frais, même si quand nous créons quelque chose, nous avons pris l’habitude de simplement et naturellement le diffuser. Nous comprenons que la créativité demande toujours des efforts et de l’investissement, et ce malgré la démocratisation des techniques de montage audio ou vidéo. Nous sommes prêts à payer, mais les énormes commissions que les distributeurs et intermédiaires demandent nous semblent de toute évidence exagérées. Pourquoi devrions-nous payer pour la distribution d’une information qui peut facilement et parfaitement être copiée sans aucune perte de qualité par rapport à l’original qui n’est en rien altéré par l’opération  ? Si nous ne faisons que transmettre l’information, nous voulons que le prix en soit adapté. Nous sommes prêts à payer plus, mais nous attendons en échange une valeur ajoutée  : un emballage intéressant, un gadget, une meilleure qualité, la possibilité de regarder ici et maintenant, sans devoir attendre que le fichier soit téléchargé. Nous pouvons faire preuve de reconnaissance et nous voulons récompenser le créateur (depuis que l’argent a arrêté d’être sur papier pour devenir une suite de chiffres sur un écran, le paiement est devenu un acte d’échange symbolique qui suppose un bénéfice des deux cotés), mais les objectifs de vente des grandes sociétés ne nous intéressent pas pour autant. Ce n’est pas notre faute si leur activité n’a plus de sens sous sa forme traditionnelle, et qu’au lieu d’accepter le défi en essayant de proposer quelque chose de plus que nous ne pouvons pas obtenir gratuitement, ils ont décidé de défendre un modèle obsolète.

Encore une chose. Nous ne voulons pas payer pour nos souvenirs. Les films qui nous rappellent notre enfance, la musique qui nous a accompagnés dix ans plus tôt. Dans une mémoire mise en réseau, ce ne sont plus que des souvenirs. Les rappeler, les échanger, les remixer, c’est pour nous aussi naturel que pour vous les souvenirs du film Casablanca. Nous trouvons en ligne les films que nous regardions enfants et nous les montrons à nos propres enfants, tout comme vous nous racontiez les histoires du Petit chaperon rouge ou de Boucle d’Or. Pouvez-vous vous imaginer que quelqu’un vous poursuive pour cela en justice  ? Nous non plus.

Troisièmement

Nous avons l’habitude de payer automatiquement nos factures du moment que le solde de notre compte le permet. Nous savons que pour ouvrir un compte en banque ou changer d’opérateur téléphonique il suffit de remplir un formulaire en ligne et signer une autorisation livrée par la poste. Nous sommes capables d’organiser de longs voyages en Europe en à peine 2 heures. En tant qu’administrés nous sommes de plus en plus dérangés par les interfaces archaïques. Nous ne comprenons pas pourquoi, pour nos impôts par exemple, nous devrions remplir plusieurs formulaires papiers où le plus gros peut comporter plus de cent questions. Nous ne comprenons pas pourquoi nous devons justifier d’un domicile fixe (il est absurde de devoir en avoir un) avant de pouvoir entreprendre d’autres démarches, comme si les administrations ne pouvaient pas régler ces choses sans que nous devions intervenir.

Il n’y a pas trace en nous de cet humble consentement dont faisaient preuve nos parents, convaincus que les questions administratives étaient de la plus haute importance et qui considéraient les interactions avec l’État comme quelque chose à respecter obséquieusement. Ce respect ancré dans la distance entre le citoyen solitaire et la hauteur majestueuse dans laquelle réside la classe dominante, à peine visible là-haut dans les nuages, nous ne l’avons plus. Nous avons l’habitude d’entamer des discussions avec n’importe qui, qu’il s’agisse d’un journaliste, maire, professeur ou une pop star, et nous n’avons besoin d’aucun diplôme lié à notre statut social pour cela. Le succès des interactions dépend uniquement de savoir si le contenu de notre message sera considéré comme important et digne d’une réponse. Et si, par la coopération, l’esprit critique, la controverse, la défense de nos arguments, etc. nous avons l’impression que nos opinions sur de nombreux sujets sont bonnes voire meilleures, pourquoi ne pourrions-nous pas envisager de dialoguer sérieusement avec nos gouvernements  ?


Nous ne ressentons pas un respect religieux pour les «  institutions démocratiques  » dans leur forme actuelle, nous ne croyons pas à l’irrévocabilité de leurs rôles comme tous ceux qui considèrent que les institutions démocratiques comme des objets de vénération qui se construisent d’elles-mêmes et à leur propre fin. Nous n’avons pas besoin de ces monuments. Nous avons besoin d’un système qui soit à la hauteur de nos attentes, un système qui soit transparent, flexible et en état de marche. Et nous avons appris que le changement est possible, que tout système difficile à manier peut être remplacé par un plus efficace, qui soit mieux adapté à nos besoins en offrant plus d’opportunités.

Ce qui nous importe le plus, c’est la liberté. La liberté de s’exprimer, d’accéder à l’information et à la culture. Nous croyons qu’Internet est devenu ce qu’il est grâce à cette liberté et nous pensons que c’est notre devoir de défendre cette liberté. Nous devons cela aux générations futures comme nous leur devons de protéger l’environnement.


Peut-être que nous ne lui avons pas encore donné de nom, peut-être que nous n’en sommes pas encore complètement conscient, mais ce que nous voulons est une vraie et réelle démocratie. Une démocratie qui n’a peut-être jamais été rêvée par vos journalistes.


My, dzieci sieci
Piotr Czerski (piotrATczerski.art.pl)

42 Responses

  1. idoric

    Il y a deux passages en double :
    – le troisième paragraphe après « deuxièmement »
    – le passage juste après « troisièmement »

    Oubli du coup de balai final après le traducthon ? 😉

    Sinon, très bon manifeste, merci de l’avoir traduit, je vais pouvoir le signaler à pas mal de gens 🙂

  2. Denis H

    Merci pour cette traduction ! Bien plus intéressant que toutes ces pseudo-études sur la génération Y.

  3. Kironux

    Bon article 😉

    Pourquoi devrions-nous payer pour la distribution d’une information qui peut facilement et parfaitement être copiée sans aucune perte de qualité par rapport à l’original qui n’est en rien altéré par l’opération ? […] Nous sommes prêts à payer plus, mais nous attendons en échange une valeur ajoutée : […] une meilleure qualité […]

    C’est un peu contradictoire, non ?

  4. le journal de personne

    Avatar

    La nouvelle vague… le nouvel air… Tous des immigrés dans le monde virtuel!
    Enivrez-vous… enivrez-vous
    Surtout pas… mais connectez-vous… Le monde est à vous…
    Reconnectez-vous sur les réseaux sociaux pour vous rendre à l’évidence qu’il y a désormais deux mondes :
    Celui qui se brise et celui que l’on prise : Le physique et le numérique…

    http://www.lejournaldepersonne.com/

  5. gérard

    Les enfants du web…. Y a 6 ans Google n’avait pas encore racheté Youtube et il devait y avoir au moins moitié moins d’internautes qu’aujourd’hui.

    Je ne sais pas quel âge il a ce type mais non, ce n’est pas un enfant du web. Le web est trop jeune pour avoir des enfants. Et il sera mort avant d’en avoir (coup de grâce du web pour cette année).

    Ça devient pénible cette génération des adulescents qui ne veulent pas grandir. Alors oui, ils ne jouent plus aux petites voitures, ils jouent à l’internet.

    Vu à quel point vous avez laissé l’Industrie de l’Internet (Google, Facebook, Amazon, etc…) s’accaparer le web, l’histoire ne retiendra d’internet qu’un début bouillonnant s’étalant sur une décennie avant de devenir un outil pro-système dominant – ce qu’il est déjà.

    Les internautes veulent de la gestion; les internautes veulent de la transparence; les internautes veulent faire valoir leur communauté; les internautes veulent s’inviter au calendrier. C’est très néo-libéral tout ça. Ça s’inscrit très bien dans la gouvernance mondiale.

    Internet c’est encore plus puissant que la télévision pour formater la population à l’idéologie dominante. La télévision a le défaut de la passivité. Alors qu’avec internet, c’est au travers de l’action que les gens louent le modèle dominant.

    Je sais qu’il est trop tôt pour vous pour atteindre ce stade de réflexion. Vous n’y serez que dans 1 à 3 ans. M’enfin, si ça peut permettre à certains de relativiser le monstre qu’est internet, ça sera toujours ça de fait.

  6. gérard

    Puis une question en passant : pourquoi c’est Google qui vend ma vie privée ? Moi, je ne vais pas chez le boulanger vendre son pain pour y gagner mon argent.

    Oui, je sais, je pourrai ouvrir un blog pour raconter tout ça, me toucher la nouille comme tous les blogueurs et tout et tout, mais j’ai appris il y a longtemps à faire la différence entre internet et la télévision.

    Mais qu’est-ce que vous voulez, les gens surfent sur internet en regardant la télévision, alors ils ont envie de retrouver sur l’écran informatique ce qu’ils connaissent sur l’écran télé.

  7. jbar

    @gérard : google, facebook et amazon ne sont que des grands frères : ce sont eux-même des enfants des premiers enfants du web, et ils ne s’accaparent pas le web : tu peux très bien t’en passer si tu étais toi-même assez grand.

    Piotr a grandi sans eux et je pense qu’il s’en passe encore mieux que moi.

    (Perso facebook, je m’y connecte tous les 6 mois, amazon je ne sais pas du tout ce que c’est, et pour google : les premiers Android m’y ont piégé, mais j’en sors petit à petit : je n’ai jamais utilisé youtube ou dailymotion pour partager mes vidéos (j’ai mon site perso pour, entre autres, mes photos et vidéos), j’utilise OpenStreetMap autant que possible, je ne reste jamais logué nulle part quand je surfe, et c’est duckduckgo pour ma barre de recherche.)

    Ce qui cherchent à s’accaparer le web sont les anciens puissants qui se voient désormais menacé d’extinction : les gouvernements et monopoles, cf ACTA, Hadopi, etc …

  8. Ginko

    @gérard,

    le « vous » de cet article, c’est toi, que tu le veuilles ou non… et je ne vois pas du tout ce qu’il peut y avoir à en être fier.

    Par contre, l’auteur considère son « nous » comme la majorité des gens de cette génération… ce n’est hélas pas mon constat. Ce « nous » est incontestablement là, mais il est loin de former une réelle majorité (du moins en France !).

    PS : juste un « détail », le web n’est pas Internet et vice-versa… faudrait déjà avoir compris ça avant de tenter une quelconque analyse, c’est la base !
    PS2 : je vois toujours pas ce que le rachat de youtube vient faire ici…

  9. Lucas

    L’analyse me parait juste sur certains points, mais pour le « nous avons besoin d’y accéder librement », c’est sans doute vrai pour certains (moi compris), mais beaucoup de personne (je parle d’adolescents se servant cotidiennement d’internet), ce qui compte c’est la gratuité. Ils se contrefichent que ce soit libre ou légal.

  10. UHM

    Cet article est juvénile et finalement assez idiot. ça serait bien de ne pas
    poser son cerveau dès qu’in mec pond un texte un peu « générationnel », surtout quand il est aussi inconséquent. Surtout quand il fait aussi peu de cas ded questions de démocratie, de biocontrôle et de consumérisme. Gérard a parfaitement raison. Le web fait partie d’un monde plus vaste et s’il en modifie certaines règles, il est loin de rendre caduques les précédentes. Vouloir lutter contre la reproduction en ligne des monopoles économiques irl ou du contrôle sécuritaire-réactionnaire n’implique nullement d’ignorer les problèmes que le web véhicule également, à commencer par Google et Facebook justement. Vous feriez bien d’un peu moins vous enthousiasmer pour l’article, et d’écouter un peu plus Hérard, histoire de ne pas perdre de vue qu’il y a eu d’autres révolutions avant la vôtre, d’autres générations avant la
    vôtre, et que les questions politiques identifiées depuis des siècles ne disparaissent pas comme par enchantement parce que vous pouvez trouver facilement une info sur Wikipedia
    ou payer vos factures en ligne.

  11. idoric

    @gérard
    > « Je sais qu’il est trop tôt pour vous pour atteindre ce stade de réflexion. Vous n’y serez que dans 1 à 3 ans. »
    Heureusement que vous êtes là pour nous abreuver de votre sagesse supérieure :-Q

  12. elo

    Du grand n’importe quoi cet article. Je suis un poil plus âgé que son auteur, je suis et maîtrise les technologies informatiques depuis mon adolescence (j’en ai même fait mon métier) et je ne considère toujours Internet que comme un simple réseau. Rien de plus.

    Le côté social est bidon, c’est du simple marketing, tout comme l’idée de Web 2.0., qui n’apporte rien et ne décrit rien de nouveau.
    Peut-être que celui qui a écrit l’article est encore trop jeune ou trop immature pour cerner ce qu’est vraiment un réseau informatique, c’est une simple connexion entre machines, ça accélère les contacts, simplifie les recherches et démarches mais c’est tout.

  13. gérard

    Ah ces enfants du web… à l’intimité violée par Facebook, Google et consort. Comme quoi sur internet, la pédopornographie peut revêtir plusieurs formes.

    L’erreur première d’internet est de forcer l’interconnexion. Sous prétexte que je veux m’abonner à ce réseau je me retrouve de force interconnecté avec la terre entière, quand bien même cela m’attire dans 99% des cas des emmerdes : spam, phishing, virus, attaque informatique, etc…

    Tout le monde sait que l’internet actuel c’est de la merde. Mais comme ça permet de se faire des couilles en or en dépouillant les plus faibles, personne ne dit rien.

    Il est temps de passer à l’internet 2.

  14. Lagaffe

    Je ne sais pas exactement ce qui permet à certaines personnes d’affirmer avoir entièrement compris la nature d’internet, et d’émettre des jugements aussi argumentés que « tout le monde sait que c’est de la merde » ou encore « il est trop tôt pour vous pour en être à ce stade de réflexion » mais dans tout les cas, pour le pauvre internaute de base que je suis, ce « simple réseau » est justement tout sauf simple. Comment un réseau d’envergure mondiale qui connecte des milliards de personnes entre elles en leur permettant d’interagir quasiment sans contraintes peut-il être qualifié de « simple » ? Où et quand dans l’histoire a-t-on déjà vu un tel espace de liberté offert aux citoyens ?

    Mais je ne sais même pas pourquoi j’essaye de discuter avec nos illustres savants gérard et elo : entre le premier qui est à un stade de réflexion autrement plus élevé que le notre, et le second dont les compétences techniques lui ont permis de saisir la nature profonde d’internet, nous avons assurément d’excellents maîtres à penser.

    S’il vous plaît messieurs, si vous méprisez tant ce pauvre internet, laissez-le tranquille, nous avec (on ne pourra pas nous sauver du formatage à l’idéologie dominante), et allez dispenser vos lumières ailleurs.

  15. Ginko

    +1 Lagaffe,

    tu peux même y ajouter UHM, qui nous appelle à nous remettre dans le contexte historique… mais qui devrait lui-même commencer à la réapprendre. Il a loupé la révolution française et les lumières, filles de l’imprimerie !

  16. salamandar

    « Nous les enfants du Web… » Aie, aie, aie…
    « nous sommes une génération qui correspond aux critères de ce qu’est une génération subversive » Aie, aie, aie…

    Je suis né en 69, j’ai vu arrivé l’informatique, j’ai appris à m’en servir, j’ai vu arriver Internet puis le Web 2.0, j’ai appris à m’en servir…Et alors ?

    Est-ce que la génération de mes grand-parents se définie par l’utilisation massive du téléphone ? Est-ce que la mienne se définie par l’omniprésence de la télévision ?

    Nous les enfants de la bagnole…Du même niveau.

    Se définir par une technologie est un fantasme de technophile en manque de repères qui croit qu’il change le monde à coup de messages sur les media ( et non les réseaux ) sociaux alors qu’il ne fait que consommer et donc renforcer le monde qu’il croit changer. Il n’y a aucune présence de Démocratie sur ces media sociaux. Ils appartiennent tous à des groupes privés et leur fonctionnement plus que nébuleux est destiné à confisquer la liberté.

    Au lieu de revendiquer d’être un erzats d’une technologie qui fait de lui le produit, l’auteur de ce texte devrait apprendre à utiliser Internet au lieu d’être utilisé par le Web.

    Un texte crétin, écrit par un crétin pour des crétins.

  17. gagarine

    @salamandar
    Merci! Je ne l’aurait pas mieux dit.

    Le fantasme de faire partie d’une génération se rapproche de celui de la nationalité ou généralement d’une soi-disante identité culturel de groupe. Je conseil sur le sujet la lecture de « Delusive Spaces » et particulièrement l’essaie « The politics of cultural memory ».

  18. Kalenx

    Bon, je ne relèverai pas tous les commentaires à haute teneur trollesque (il semble qu’un « texte crétin écrit par un crétin pour des crétins » attire une haute dose de commentaires crétins…), mais tout de même, il y a des choses à côté desquelles je ne peux pas passer :

    @gerard
    « Je sais qu’il est trop tôt pour vous pour atteindre ce stade de réflexion. Vous n’y serez que dans 1 à 3 ans. »
    « L’erreur première d’internet est de forcer l’interconnexion. »

    Je ne sais pas où nous sommes, mais si nous avons 3 ans de retard, alors vous êtes certainement des siècles en arrière.
    « Forcer l’interconnexion » n’est pas l’erreur première de l’Internet, c’est sa plus grande force et sa raison d’être (même le nom le dit). Je ne sais pas si le but était d’écrire une phrase semi-incompréhensible en se disant que ça aurait l’air savant et que ça appuierait le reste des propos, mais en tout cas c’est complètement raté.
    Autant affirmer que l’erreur première de la télévision est de pouvoir transmettre des images à distance…

    « Internet c’est encore plus puissant que la télévision pour formater la population à l’idéologie dominante. »

    Oui, ça a super bien marché dans les pays arabes (et actuellement en Russie), d’ailleurs.

    @elo
    « je ne considère toujours Internet que comme un simple réseau. Rien de plus. »

    Oui, d’un point de vue strictement informatique/scientifique, ça se tient. Il n’y a pas de magie ou d’entité supérieure intrinsèquement liée.
    C’est « juste » un graphe de quelques milliards de noeuds, sans aucune différence fondamentale avec un graphe à 2 sommets (si ce n’est qu’il est dynamique).
    Du point de vue d’un expert, il est donc tout à fait légitime de ne pas vouloir utiliser une débauche de superlatifs pour décrire ce tas de fils et d’ondes qui marche tant bien que mal.

    « [Internet] c’est une simple connexion entre machines, ça accélère les contacts, simplifie les recherches et démarches mais c’est tout. »

    Tout l’intérêt se situe justement là-dedans. Dommage de ne pas le voir.

    @salamandar

    D’accord sur le fait que la qualification générationnelle soit abusive (ça rejoint d’ailleurs d’autres commentaires). Mais de là à dire que l’Internet n’est rien de plus qu’un téléphone++, je ne suis pas.
    Je n’ai pas tendance à parler en terme de générations, mais plutôt en terme d’ères, et je suis de ceux qui croient que nous entrons dans l’ère de l’information (tout le monde, pas seulement les « enfants du web »). C’est à nous de nous assurer que ces changements se font dans le bon sens, et non pas de façon dirigée par des intérêts particuliers.

  19. U.H.M.

    Alors certains conseillent de « réapprendre le contexte historique » ? Ben voilà des années que j’explique, comme d’autres, que la création d’internet s’inscrit dans la tradition de l’invention de l’imprimerie, justement.

    C’est franchement pas une raison pour bailler de béatitude et de naïveté devant ce que sont en train d’en faire certaines puissances. Votre angélisme imbécile est quasiment aussi navrant que leurs velléité commerçantes.

    Donc, pour les naïfs qui s’enthousiasment à intervalles réguliers dès que sort un texte aux tonalités « générationnelles », quelques précisions.

    D’abord, Czerski commence par dénoncer une vogue médiatique effectivement détestable et stupide : la définition, tous les quatre matins, d’une « génération ». Génération Y, génération perdue, et autres crétineries pour journalistes en mal de sujet. Je suis parfaitement d’accord. Le hic, c’est que juste après, Czerski y va de sa propre « génération », les « enfants du web ». Ben voyons, quelle connerie. D’ailleurs un type né en 1981 n’est pas né dans une matrice sociétale dotée d’internet, internet ne s’est démocratisé qu’une quinzaine d’années plus tard. C’est dire, déjà, que le jeune Czerski exclut de sa « génération internet » ceux qui l’ont inventé.

    Ensuite, encore et toujours la même confusion : internet c’est un gros tas de tuyaux, des matériels et des fibres. Ce dont il veut parler, c’est du web. Et le web, c’est ce qu’on en fait. Le web est ce qu’en fait l’humanité : on peut avoir un web ouvert, collaboratif, bordélique et libertaire, comme à ses premières années, et à l’opposé, un web segmenté, disloqué en autant de petits webs privés, gérés par telle ou telle corporation, tel ou tel état : des FAI qui proposent des connexions à différentes vitesses selon les contenus, des états qui filtrent et censurent selon leur idéologie. La question est : quel type de web veut-on et peut-on mettre en place.

    C’est précisément cela que conditionnent toutes les questions relatives à la neutralité du web, à la gestion des infrastructures, à la protection de la vie privée, à la lutte contre les censures, à la légalisation des échanges non-marchands, à l’affrontement contre ces saloperies industrielles que sont ACTA, SOPA, Hadopi ou autres. Et ces questions ne concernent pas qu’une génération de mouflets sans culture politique ou historique, qui ne se rebellent que lorsque le FBI ferme leur dealer de contrefaçons Megaupload…

    Le petit problème de lecture qu’a Czerski et ses fans, mais ça provient juste d’un manque de recul, c’est que le bouleversement formidable qu’ils pensent avoir vécu n’en est qu’à ses balbutiements, pour peu qu’on lui laisse libre cours. Il ne consiste pas uniquement à permettre de s’échanger des fichiers à distance, ou de payer ses impôts en ligne, et de trouver la recette des oeufs à la coque sur Google. Parce que si internet n’est que ça, alors internet ne sera au final que le canal de distribution commerciale que veulent en faire les industries, et contre lequel nous luttons justement aujourd’hui.

    Faut réfléchir un peu plus : internet est en réalité le modèle communicationnel qui seul pourra permettre de sortir de l’impasse consumériste, productiviste et décérébrante que les industries du contenu et les oligarchies du sens veulent y imposer.

    En un mot : internet préfigure l’économie de la contribution qui doit se substituer au capitalisme de la consommation.

    Et justement, si on comprend ça, on ne peut absolument pas écrire des conneries telles que « nous ne ressentons pas un respect religieux pour les « institutions démocratiques » dans leur forme actuelle, nous ne croyons pas à l’irrévocabilité de leurs rôles comme tous ceux qui considèrent que les institutions démocratiques comme des objets de vénération qui se construisent d’elles-mêmes et à leur propre fin ». Czerski est un imbécile patenté s’il pense réellement cela. L’idée n’est pas d’entretenir le culte d’une démocratie représentative dont tout le monde constate aujourd’hui qu’elle est détournée et instrumentalisée par quelques oligarchies, mais bien de faire perdurer ses principes fondateurs sur le web.

    Pire : ce mépris maussade pour les « institutions démocratiques » rejoint le discours prédateur des industries qui estiment qu’un peu moins de démocratie serait plutôt salutaire pour leurs affaires et l’extension de leurs monopoles d’exploitation. Demandez-vous ce que sont le biopouvoir et le psychopouvoir avant de vous branler avec une connexion haut-débit et un abonnement à Free. Et cherchez sur Wikipédia de préférence à Google : Wikipédia est open source, décentralisé et constamment révisé par ses pairs / Google est centralisé, monopolistique et principalement dédié au succès de son modèle économique.

    Dire que le web n’est pas une réalité distincte, mais fait partie de la réalité, implique de comprendre que certains principes pluriséculaires comme le pluralisme, la démocratie, la confiance doivent aussi s’y appliquer. C’est une bien jolie chose de dénoncer les projets prédateurs des multinationales propriétaires, qui essaient de faire survivre leurs modèles économiques faisandés et archaïques, quand justement la dématérialisation fait disparaître leur utilité technique et économique. Evidemment ces distributeurs doivent disparaitre, évidemment ces modèles économiques sont caducs, évidemment les producteurs doivent inventer autre chose pour survivre, car nous ne transigerons pas sur la libre circulation des contenus culturels et des innovations scientifiques.

    Mais si c’est pour s’en remettre les yeux fermés aux nouveaux géants du web que sont Facebook, Google, Amazon, Apple ou les FAI, c’est d’une connerie crasse, car leur modèle de domination est au moins aussi vicieux que ceux que vous prétendez combattre. Czerski croit pouvoir trouver tout ce qu’il veut en un clic sur le web ? Et se pose-t-il la question des filtres utilisés par Google ? Se pose-t-il la question des intérêts économiques du moteur de recherche qu’il utilise ? Il croit pouvoir échanger facilement via Twitter ou Facebook, mais se pose-t-il la question du sort de ses données ? Se pose-t-il la question du modèle économique des entreprises qui lui apportent ce semblant de liberté ?

    La « transparence », qu’il appelle de ses voeux sans comprendre de quoi il parle, sait-il qu’il s’agit d’un moyen classique de domination totalitaire ? Sait-il que la seule transparence souhaitable est celle des institutions aux yeux des citoyens, et non pas des citoyens aux yeux des institutions ou des autres citoyens ? Connaît-il les thèses du contrôle des masses, sait-il que les services secrets du monde entier vénèrent encore plus le web qu’il ne le fait lui-même ?

    Ce que Czerski et ses admirateurs n’ont pas compris, c’est qu’on n’appréhende jamais une technologie sans se poser la question de sa politique, de son contrôle, et par qui. On ne doit jamais se livrer à une technologie sans s’interroger sur « qui garde les gardiens ». Si Czerski est assez stupide pour gober les messages publicitaires des FAI, c’est qu’il n’a rien compris. S’il croit que le web libère, c’est qu’il en a une vision partielle, et qu’il prend ses rêves pour des réalités.

    La « génération » dont il parle n’existe pas, nous n’avons qu’une masse de consommateurs qui n’ont pas compris la vraie nature du net, tout simplement parce qu’elle n’est pas univoque, et qu’elle est évolutive, comme toute révolution technologique. Vous croyez peut-être que grâce à l’imprimerie, le monde a fait un bon en avant sociétal et philosophique en une génération seulement ? Que les pouvoirs en place à l’époque n’ont pas utilisé cette fantastique révolution à leur avantage, lorsqu’ils ont compris qu’ils ne pourraient pas l’inverser ? Vous croyez qu’il a suffi de multiplier les imprimeries sans se soucier de qui en tenait les clefs et des usages qui en seraient faits ?

    Il n’y a pas de « génération du web », il y a une masse humaine formidable qui apprend à se servir d’un nouveau paradigme technologique, et il y a aussi quelques réseaux d’activistes et de penseurs qui entrevoient, eux, à la fois ce que le web pourrait permettre pour le bien de l’humanité toute entière, et aussi ce que le web risque d’autoriser en termes de dictature technologique si on laisse faire. Et désolé de vous le dire, mais manifestement Czerski n’en fait pas partie.

    Le web, ça n’est pas qu’un ensemble de blogs, de téléprocédures, de « réseaux sociaux » et de sites de recherche ou de « rapid download », parce que ce modèle est parfaitement possible avec des grosses multinationales qui centralisent les services et contrôlent les contenus !! Le web, c’est un maillage polysémique ouvert, acentré, neutre, qui permet des flux de pair à pair, avec une régulation très fine et la responsabilité de CHACUN comme producteur, hébergeur et « passeur » (au sens où l’on parlait de « passeurs de textes » dans le passé, justement).

    Je ne relève même pas les autres approximations de ce texte. Je l’ai lu la première fois avec une forme de bienveillance pour les écrits exaltés des natifs du web, je cède moi aussi, parfois, à l’envolée lyrique par enthousiasme devant les possibles du net. Mais plus je le relis, ce texte, plus j’y vois le baratin bâclé et inconséquent d’un individu qui ignore tout des idées, des enjeux politiques (au sens étymologique du terme) qui sont liés à cette révolution technologique et intellectuelle : Czerski me semble n’avoir jamais lu aucune dystrophie et, vraisemblablement, il ne verra pas arriver la dictature technologique si elle survient. Un type qui pourrait facilement tomber dans le discours stalinien et nier les différences entre les gens et les générations, sous prétexte de leur apporter à tous un trésor qu’il ne comprend même pas totalement.

  20. U.H.M.

    Etre « natif » du web implique également d’avoir l’humilité de reconnaître que d’autres combats, d’autres émancipations, d’autres révolutions ont eu lieu avant internet, et que des idées humanistes, et des menaces technologiques, ont déjà pesé sur l’humanité et ont déjà fait l’objet de constructions idéologiques et de luttes parfois mortelles, dans le passé. Se revendiquer d’une génération plus « clairvoyante » n’est possible que si on a correctement intégré tout ce que les précédentes ont fait, et pourquoi elles l’ont fait.

    Au final, le texte de Czerski est un gloubiboulga d’inculture politique, de jeunisme idiot, de consumérisme modernisé et d’exaltation bon marché. Vous devriez lire les différents « manifestes hackers » et les essais de « déclarations des droits numériques ». Vous devriez vous renseigner sur le biopouvoir de Michel Foucault, les « sociétés de contrôle » de Deleuze ou encore « l’idéologie cybernétique », pour comprendre que l’ennemi n’est pas seulement constitué par les vermines archaïques de la MPAA, RIAA, Hollywood ou Microsoft. Schématiquement, il est totalement stupide de dénoncer Microsoft, Vivendi, Universal, Warner, Sony ou TF1, si c’est pour tomber dans les bras de Google, Facebook ou Apple sans réfléchir…

    Vous devriez avoir l’humilité, en tous cas Czerski devrait-il l’avoir, de lire ce qui a déjà été écrit sur la cybernétique, et l’aide objective qu’elle pourrait apporter à des enfers totalitaires orwelliens à côté desquels le KGB ou la CIA feront pâle figure. Vous devriez lire d’autres textes, de gens comme Laurence Lessig, Richard Stallman, Cory Doctorow, Benjamin Bayart ou Jeremy Rifkin au lieu de vous enthousiasmer pour la dissertation d’un type qui barbote à la surface des choses.

    Ici-même sur Framablog, vous avez ceci : http://www.framablog.org/index.php/… C’est d’un tout autre niveau, et ça ne pêche pas par un angélisme imbécile qui pense résumer internet à une énorme base de données en ligne permettant de gommer les classes sociales et les oligarchies technologiques. Sincèrement, allez lire le texte de Doctororow, et ensuite relisez le machin de Czerski… Vous n’y trouverez plus le moindre « manifeste », seulement un cri juvénile de post-adolescent qui manque un peu de culture politique.

    Il ne s’agit pas d’être tiède ou frileux, loin de là (et on n’est sans doute pas encore assez virulents contre les Majors et autres industries du contenu), mais d’intégrer une véritable culture politique et une connaissance élargie des enjeux de la cybernétique et du web, pour pouvoir se permettre de parler de « génération », avec toute l’humilité qu’impose le poids de l’histoire des hommes.

    Combien de textes ont vanté la « liberté » pendant les 250 dernières années ? Combien de texte ont vanté la révolution ? Et quelles ont été leurs suites ? N’y a-t-il vraiment rien à retenir de ces « générations » précédentes ? Un peu d’humilité et de hauteur de vue, merde.

    C’est si facile de se dire « apolitique » et de prétendre abattre toutes les barrières à la jouissance technologique… Seulement d’une part, tout est politique », ceux qui vous disent le contraire sont généralement ceux qui veulent régenter vos vies à vos place, moyennant une épaisse accumulation de profits et une dramatique destruction des savoirs et des vies. Et d’autre part, les enjeux sont bien plus complexes que ça, et les menaces qui pèsent sur le web réellement libre et ouvert, et donc sur notre avenir à tous, sont autrement plus lourdes et terrifiantes que Czerski ne le comprend. ça n’est pas qu’une question de « génération », c’est une question d’hominisation.

    Réfléchissez donc au lieu de vous jeter sur le premier « nous, enfants du web » venu, parce que celui-ci est particulièrement superficiel, et comme toute analyse superficielle, il peut être dangereux.

    Il est mignon, Czerski, mais il reste bien trop en surface. ça part d’un bon sentiment, mais c’est tellement peu instruit que ça risque surtout de servir les ennemis de cette « génération web » de laquelle il rêve.

  21. U.H.M.

    « dystopie » et non distrophie – comme quoi les correcteurs orthographiques sont parfois eux aussi assez incultes.

  22. Khaos Farbauti Ibn Oblivion

    Puisque c’est mon premier commentaire sur Framablog, je vais en profiter pour marcher dans le Troll (au moins ce sera fait 😉 )

    @U.H.M.

    Grande et belle logorrhée que la tienne mais apparemment remplie d’affirmations inutiles comme par exemple : « internet c’est un gros tas de tuyaux, des matériels et des fibres. Ce dont il veut parler, c’est du web. » (et tout le paragraphe qui s’en suit)
    … Ben ça tombe bien, si aucun modérateur n’a modifié l’article depuis, il est bien écrit « enfant du web » et non « enfant d’internet ».

    Passons également rapidement sur la question de « Génération ». Sauf à faire référence à d’autres écrits de Czerski que je ne connais pas, il indique bien qu’il ne parle pas de génération. Il parle d’un « nous » englobant tous ceux qui considère le Web comme un facette de la réalité. Pour qui utiliser Internet est aussi naturel que descendre les poubelles ou utiliser un micro-ondes.
    Ne t’en déplaise (ainsi qu’à d’autres contradicteurs avant toi), son « nous » inclut des personnes d’âges très différents (entre autres : moi, mon beau-père et ma fille) et n’est donc pas une énième « génération truc »

    Enfin sur le « Ce que Czerski et ses admirateurs n’ont pas compris, c’est qu’on n’appréhende jamais une technologie sans se poser la question de sa politique, de son contrôle, et par qui. » (Et bien que n’étant pas un « admirateur » de Czerski que je ne connais absolument pas), je t’informe que le « nous » dont il est question a, bien au contraire, compris depuis longtemps qu’Internet est contrôlé par tellement de monde qu’il en est devenu justement incontrôlable.
    Des sociétés au « grand pouvoir » sur le Web il y en a toujours eu et pourtant elle n’ont jamais eu de réel contrôle que sur les internautes qui voulaient bien se laisser tondre.

    Bref, comme le pense sans doute la grande majorité du « nous » décrit dans l’article, merci de laisser les schémas poussiéreux et politiques en dehors d’Internet. Il n’en a jamais eu besoin et continuera encore longtemps sans.

  23. Ginko

    @U.H.M.

    Pffiou, et bien, finalement, nous sommes plutôt du même avis ! Vous m’avez même l’air d’avoir quelques références en plus que moi sur ces sujets (Foucault, Deleuze, et quelques dystopies), et sans doutes quelques années de recul en plus.

    La seule différence, c’est que je dois être moins « blazé » que vous. Je vois devant moi plusieurs siècles de révolutions consécutives à la construction de l’Internet.

    C’est le sens de l’Histoire. A chaque révolution technique, le pouvoir en place déploie tous ses moyens pour contrôler la nouvelle technique et cela d’autant plus qu’elle est puissante. Or, rien n’est plus puissant qu’une révolution des techniques de communications (surtout une technique du type Internet). Et l’Histoire nous dit que le peuple finit toujours après quelques siècle à reprendre le contrôle de la technique. Alors oui, les grosses boîtes « NTIC » sont une énorme menace, mais une part de la population (libristes, hacktivistes et autres hackers, activitstes classiques, etc) en ont conscience et lutte silencieusement. Et à la fin, Internet aura survécu, sans aucun doute dans une forme que nous ne connaissons pas actuellement.

    Par contre, ce qui est original cette fois-ci, c’est que :
    1) Cette nouvelle technique est très subversive (bien plus que la radio et la TV en leurs temps).
    2) Avec « l’accélération du temps » (cf. Le choc du futur, A. Toffler), les conséquences sont visibles de plus en plus vite.
    Il en résulte qu’une techno démocratisée il y a peine 15ans bouleverse déjà massivement nos modes vie. Voila pourquoi j’adhère à ce texte qui, malgré sa naïveté et ses imprécisions, me semble tout de même juste sur le fond « il est apparu une nouvelle communauté/génération/culture (je ne sais pas comment la nommer, et le critère « date de naissance » est clairement insuffisant) qui se scinde profondément de ce qui existait avant/existe autour ».

  24. Ginko

    PS (crosspost avec Khaos Farbauti Ibn Oblivion): Comme le dit Khaos Farbauti Ibn Oblivion, Czerski ne parle pas d’une génération. Son « nous », c’est ma « communauté/génération/culture ».

    Et « Nous sommes légions », comme « nous » le disons 😀

  25. Grosse FAtigue

    A mourir de rire. La « culture » sur internet ? « Nous » ? « Notre génération » ? De qui s’agit-il ? Des étudiants de 20 ans que j’ai en cours ? Dont les 2/3 sont connectés en permanence sur Facebook, pendant les cours, pour échanger des banalités ?

    La démagogie a pris un élan redoutable sur internet. Il suffit de se revendiquer d’un « nous » ou d’une « génération » qui aurait une « conscience » pour faire mousser la chose. Tout cela a un nom. De la publicité. Pour la vitrine. Internet est largement en voie de privatisation. Qu’on se le dise…. L’internet dont on parle ici n’existe déjà plus.

  26. vvillenave

    @Grosse Fatigue : j’en profite pour vous saluer et vous dire que vous êtes un de mes auteurs préférés depuis 15 ans 🙂

    Pour le reste, ce genre d’articles me laisse relativement indifférent. Des gugusses avec des masques, des grandes déclarations fanfaronnantes et des médias traditionnels qui frétillent… rien de très neuf. Il est indéniable que la société change, que le capitalisme traditionnel est en train de muter, et j’appelle effectivement de mes vœux l’avènement d’une société plus juste ; transformer tout cela en affrontement générationnel, c’est à mon sens se tromper de grille de lecture. (Surtout si c’est pour nous bercer de glorieux lendemains qui chantent.)

    Le contexte actuel est celui d’une guerre de classes (de fait, je ne dis pas qu’elle est perçue comme telle) et d’oppression inégalitaire et autoritaire ; je ne suis pas sûr que la fraction la plus dominée de la population puisse être animée d’une solidarité et d’une volonté de changement (par « changement » je n’entends pas « Hollande », merci) ; et je suis encore moins sûr que le Web puisse y aider. Alors on peut, certes, garder l’espoir. Mais cela commence par un constat lucide, pas par une envolée poétique déconnectée (le comble pour une soi-disant « génération Internet ») de la réalité.

  27. Lagaffe

    Ce qui me fait le plus plaindre ce pauvre Czerski, c’est qu’apparemment on lui fait dire beaucoup plus de choses que ce qui est effectivement écrit dans son texte. Il ne me semble pourtant pas qu’il sombre dans la naïeveté la plus enfantine (pas plus qu’aucune des personnes ayant écrit des commentaires) qui consisterait à idéaliser internet au point de penser qu’il sera le remède à tous les problèmes du genre humain. Personne ne nie les nouveaux dangers issus d’internet, mais on peut entrevoir la possibilité de n’en tirer que le meilleur. Pourquoi vouloir absolument coller à ce texte une étiquette de type « pauvre naïf qui voit la vie en rose » ?
    La seule chose que je peux éventuellement lui reprocher, c’est ce qui a déjà été dit, à savoir l’emploi du « nous » : peut-être que Czerski manque un peu réalisme s’il pense que toute sa génération lui est semblable dans sa manière de vivre et de percevoir internet.

  28. snorris

    Bel article, et une ribambelle de commentaires contradictoires utiles.

    je m’explique :
    Sur le fond le texte est intéressante. Oui on peut parler d’une génération web, mais la quantifié à partir du nombre de naissance depuis la naissance du net (et non du web) est une erreur. N’importe quel utilisateur ayant appris à se servir efficacement du web fait parti de cette génération. La naissance du web date, a mon humble avis (a prendre avec des pincettes donc), de l’arrivée du portable, première accélération des contact, confirmé par l’arrivé et la démocratisation d’internet.

    De nouveaux modèles économiques apparaissent, regarder bien autour de vous. Des biens culturelles sont disponible a des prix raisonnable, certes pas les mêmes que ceux disponible en piratant, mais qui constitue des éléments intéressant.

    Pour en arrivé au commentaire, stop les trolls « tout est bien » / « tout est mal »/ »t’as rien compris ». Mais là je vous laisserai faire le trie, car les arguments peuvent être perçue de bien des manières. Je ne vous conseils qu’une chose, prenez un peu de distance (que ce soit ici ou autre part). Je veux dire oui l’auteur reste en surface et alors? plutôt que d’être contre lui, Dites ce que vous pensez bon dans cette article et tenter de donner des pistes aussi varier pour encourager ceux qui n’ont pas l’habitude d’approfondir leur réflexion à justement en prendre l’habitude.

    @Grosse Fatigue : voilà internet est neutre. Tu as d’une part les moutons tombant dans les pièges tel que facebook, et tu en a d’autres, tels que certains de mes camarades et moi même nous nous servons d’internet pour apprendre. (et oui je suis qu’un étudiant de 20 ans qui réfléchit, et qui tente d’apprendre a mieux réfléchir, ce qui demande de la culture et des repères). Si tu ne peux sortir ceux qui sont dans ces pièges, alors protège ceux qui n’y sont pas et guide les vers d’autres horizons plus cléments. Tu peux le faire en indiquant des bon livre/film/son/lien internet en rapport avec ce que tu enseigne.

    @U.H.M bien que j’ai aimé votre commentaire, il y a une chose dont je voudrai vous faire part : ne jurer que par wikipédia est dommage. Des moteurs comme google apporte un complément d’information commercial(ou non des fois) nécessaire pour être coupé de la masse. Celui qui ne se contente que d’une seule source risque de ne pas trouver des informations suffisamment contraster pour les synthétiser correctement. Est-ce une erreur de compréhension de ma part/clarté de votre part ?

  29. politiquedunetz

    @ UHM est-ce que ça vous dérange que je reprenne vos propos pour faire un nouveau billet sur politique du netz ? Ou avez-vous un blog vers lequel je puisse pointer ?

  30. U.H.M.

    @politiquedunetz : pas de problème, disons que c’est CC-BY-NC. Je n’ai pas de blog, un site en perpétuelle préparation, et un profil sur Numérama où vous trouverez d’autres logorrhées plus ou moins digestes 😉

    (en particulier à propos d’ACTA, et de la réponse Anonymous à la fermeture de Megaupload ces derniers temps. Mais plus que mes bavardages, je recommande chaudement la lecture des quelques auteurs cités, et notamment Stiegler, qui s’emploie à appliquer sa réflexion dans de nombreux autres domaines, son idée de l’économie de la contribution me paraît lumineuse : elle s’inspire du logiciel libre, s’appuie sur les réseaux, et dessine une issue possible à la catastrophe en cours. Il y a des jours où je suis malheureusement plus pessimiste que lui, notamment au sujet de l’environnement, puisque les principales puissances industrielles ont laissé tomber le protocole de Kyoto et ne fournissent pas les efforts minimaux nécessaires à l’évitement de la hausse fatidique de 2°c dans la décennie qui vient…

    @Ginko : je ne sais pas si le web est quelque chose de plus subversif que ne l’a été l’imprimerie à son invention. Il est très intéressant de chercher les réactions qu’avaient eu les potentats de l’époque, principalement l’Eglise, qui voyait dans l’imprimerie l’oeuvre du diable, rien de moins. ça fait d’ailleurs penser de manière ironique aux excommunications des industries culturelles qui crient à la « mort de la culture » exactement comme le clergé tout-puissant pouvait crier au blasphème. Pensez-donc, c’est le capitalisme qu’on attaque, en s’abstenant de payer – d’ailleurs je conçois le téléchargement pirate comme la première grève des consommateurs à grande échelle.

    Pour le reste, je ne suis pas blasé, mais probablement assez pessimiste. Les réseaux de hackers n’ont pas toujours une pleine conscience politique de ce qu’ils font, et souvent ils la réfutent, à l’instar de Czerski. C’est l’une des erreurs majeures de ce texte : prétendre que le politique est absente du web, ou penser qu’elle doit l’être… Qu’on méprise LA politique, je suis bien d’accord, quand on voit ce qu’en ont fait les « gestionnaires » et les ploutocrates clientélistes (qu’ils soient ces cyniques ordures de l’UMP ou les pleutres hypocrites du PS), mais qu’on prétende évacuer LE politique, c’est une illusion dangereuse. En tant que technologie globale, en tant que « cybernétique », le web comme internet sont des enjeux politiques majeurs – ce que trop peu de décideurs et d’intellectuels ont compris à ce jour.

    La notion de « lutte des classes » n’a pas disparu, contrairement à ce que certains voudraient croire. Elle prend au contraire une dimension toujours plus critique, notamment parce qu’elle ne se résume plus à un clivage « gauche-droite » purement caricatural et Spectaculaire, mais qu’elle prend une forme globale bien plus proche des sociétés de contrôle que de la dialectique marxiste classique.

    Un autre problème que j’ai avec le texte de Czerski, très grave également, c’est la facilité avec laquelle il estime que le web est un « disque dur externe ». Cela pose la question des « rétentions » primaires, secondaires et tertiaires utilisées par Stiegler (et avant lui Simondon je crois). La mémoire individuelle ne doit pas être ainsi externalisée, c’est là un danger sans précédent qu’illustre la prolétarisation, entendue comme confiscation des savoir-faire et des mémoires individuelles et collectives par des technologies extérieures… Qu’on ait besoin de supports pour stocker nos mémoires et nos compétences, oui, certes, mais certainement pas pour y placer nos savoir-faire et nos mémoires, sous peine de dépossession potentiellement définitive. Il faut pour cela interpréter la notion de « prolétarisation » à la lumière de ce qu’elle est devenue à la fin du XXe siècle, mais j’ouvre là un vaste débat qui n’est pas exactement celui qui nous occupe. Pour résumer, il est extrêmement dangereux de s’en remettre à une multitude de sources externes pour prétendre se construire et évoluer dans la vie, car ce faisant, on s’en remet également à un biocontrôle externe. L’exemple de Facebook est à ce titre édifiant, et on ne dira jamais assez à quel point cette entreprise est la création la plus vicieuse du siècle, sans doute. Cette dépossession, d’autant plus dramatique qu’elle est consentie en souriant, est peut-être le début d’une véritable servitude volontaire à un totalitarisme bien pire que ce que laissait entrevoir Orwell.

    Et puis je me marre quand je lis que Facebook aurait prouvé son caractère sain et libertaire pendant les insurrections Arabes : oui, sans doute au début en Tunisie, et un peu en Egypte. En revanche, en Lybie et encore plus en Syrie, Facebook est utilisé PAR le pouvoir dictatorial pour identifier et punir les dissidents. Arrêtez donc le manichéisme, parce qu’outre le fait que Facebook n’est qu’un gigantesque aspirateur à données personnelles (d’où sa valorisation boursière à 100 milliards), Facebook est également un instrument de contrôle panoptique particulièrement puissant. Et comme je l’ai déjà dit, les totalitarismes de demain seront le fruit de l’alliance entre le consumérisme marketé et le sécuritarisme technologique.

    @ Khaos Farbauti Ibn Oblivion : quand Czerski écrit « Nous avons grandi avec Internet et sur Internet. Voilà ce qui nous rend différent », il parle bien de « génération », et c’est bien là l’une des phrases les plus stupides de son texte.

    Et croire « qu’internet est contrôlé par tellement de monde qu’il est devenu incontrôlable » me semble véhiculer un problème logique, en plus d’être profondément faux. L’action récente du FBI montre qu’internet n’est absolument pas « incontrôlable », et nous verrons malheureusement d’autres actions qui montreront qu’il est, au moins en partie, susceptible de mise sous contrôle. ACTA vise précisément à cela, et comme l’a très justement écrit Doctorow, ACTA n’est que le premier croiseur d’une flotte de saloperies dont nous n’avons probablement pas encore idée. Il serait très présomptueux de croire que nous autres, petits internautes animés d’idéaux et dotés de quelques compétences techniques, serions les seuls à réfléchir à la nature du web : croyez bien que les services secrets, les gouvernements, les multinationales y réfléchissent aussi, et depuis plus longtemps que nous, avec des moyens financiers et techniques incomparables… C’est pour ça que malgré leur apolitisme, j’aime bien les Anonymous, et les quelques autres groupes informels type Telecomix ou AntiSec : ils constituent une sorte d’armée de mercenaires bordéliques, sans leader ni dogme, face aux armées conventionnelles de l’infowar en cours (cf. l’excellent site Reflets.info à ce sujet).

    Seulement je ne sais pas si ça suffira. Lessig a écrit « Code is law », précieux texte, mais je pense qu’il faudrait réinscrire l’ensemble dans une tradition politique plus ancienne, consciente de ce que sont les libertés individuelles et collectives, consciente de ce que l’imprimerie a vécu, amené et permis. La notion de « déclaration des droits numériques », à insérer dans les Déclarations des droits de l’Homme puisqu’elles n’en seraient qu’un volet consacré au web, me semble très importante, et on n’a pas encore assez travaillé là-dessus.

    @snorris : oh bah je ne jure pas que par Wikipédia, je comparais juste avec Google, mais je suis parfaitement d’accord avec votre préconisation de systématiquement recourir à plusieurs moteurs de recherche et plusieurs sources. Justement, l’exemple est intéressant : alors que le web permet cette formidable pluralité de sources, on a une entité, Google, jusqu’ici parfaitement souriante et assez réglé, qui a tendance à devenir totalement monopolistique (et plus récemment, nettement moins « sympa », héhéhé…

    En résumé, les deux erreurs majeures de Czerski, qu’il serait dramatique d’étendre dans la conscience des anti-ACTA, sont les suivantes :

    – prétendre qu’internet est apolitique, alors qu’il est un sujet politique par excellence ;
    – prétendre exporter sa vie sur le web et s’en nourrir sans contrôle, alors qu’il y a évidemment contrôle (par des tiers étatiques ou économiques) et qu’une telle dépossession est potentiellement infernale.

  31. gwen.cyber

    Toutes ces ardeurs à défendre son point de vue. Je ne suis pas un enfant d’internet, et ne suis plus un enfant, je suis né à une époque où la télévision couleur était un luxe, ai été « formaté » par une présentatrice d’émission pour enfant blonde, qui avait un compère qui dessinait très vite, très bien et de façon toujours « plaisante ». J’ai grandi avec des dessins animés parfois violents, parfois de « grands classiques », j’ai regardé des séries souvent américaines où il y avait plus de balles tirées que de mots dans les dialogues, mais cette télévision m’a fait connaitre de grands hommes, curieusement toujours émerveillés comme des enfants (bernard pivot, hubert reeves).
    Pourquoi tout cela ? Parce que je ne suis pas devenu violent ou tuer quelqu’un à cause cette télé, de ce média (ni tuer quelqu’un tout court d’ailleurs…).
    Aujourd’hui le média c’est internet, je ne regarde plus la télévision, je fais la programmation des émissions de mon enfant. Je surfe, je navigue, je rame parfois. J’y trouve des choses épatantes et d’autres moins. Je ne suis pas sur facebook mais garde un lien par email avec mes amis.
    Mais surtout, j’ai la liberté de faire beaucoup de choses que je ne pourrais pas faire sans. Je pourrais même diffamer pour le plaisir, ou prendre du recul par rapport à quelque chose d’engagé.
    La technique n’est ni bonne ni mauvaise, seul l’usage l’est. Mais l’humanité, qui a toujours progressé par la transmission du savoir acquis, a créé dans internet (ou le web ou le machin) quelque chose de technique : « le partage du savoir ».
    Wikipedia, framasoft, gnu, le projet gutenberg, code aster, LibreOffice, et tant de sites et de logiciels qui ne sont là que parce que des Hommes ont partagé ce qu’ils avaient de meilleur, ils ont partagé leur savoir. Chose qu’il était difficilement possible avec « ma » télévision.
    Ce qu’il y a de merveilleux c’est que tant d’usages divers, entrainent autant de volonté que « son » internet ne doit pas être dévoyé par l’internet de l’autre. Il y a assez de règles comme cela, laissons un peu de libre arbitre ! Internet et ce que l’on y trouve est le simple reflet de la réalité, ni plus ni moins. Et si des sites « chauds » existent, c’est qu’il y a des amateurs (-trices), je ne me vois pas emmener mon enfant à une réunion de néo nazis ou à une soirée libertine, ce n’est pas ma sensibilité, je dois être capable de retreindre l’accès à ces sites moi-même.
    Pour le reste, à chacun, libre de soi, la découverte ou l’ignorance.

  32. ne résiste pas

    Pour la faire courte : c’est toujours attristant de voir la notion, par exemple, de « classes sociales » se diluer et disparaître à ce point au profit de celle de « classes d’âges », ou de Génération (les X, les Y, les natifs du web, whatever).

    Les jeunes « natifs » du web seraient vraiment moins séparés les uns des autres par leurs pratiques culturelles (et internautiques) et leurs conditions d’existence (pauvreté, précarité, ruralité…) qu’ils ne le sont des générations plus âgées ?

    Tout ça par la magie d’un web parfaitement unificateur, devenu « le grand intégrateur » ? (Bon, avant, il y a quelques décennies, il paraît que c’était l’emploi – un jugement déjà un peu fort de café. Mais c’est un peu court aussi d’y substituer Internet comme ça, même si la prestidigitation peut enthousiasmer momentanément). M’enfin ?!

  33. marpa

    @ salamandar

    « Est-ce que la mienne se définie par l’omniprésence de la télévision ? »
    Oui… N’avez-vous jamais entendu parler de la « génération télé » ? Car en effet la télévision beaucoup de changements de comportements dans notre société (publicité, changement des activités du foyer, etc…).
    On peut également faire le parallèle avec la révolution industrielle… Vous dites « Se définir par une technologie est un fantasme de technophile en manque de repères qui croit qu’il change le monde », est-ce que cela n’a pas été le cas avec la révolution industrielle ? Un changement de société indu par des technologies nouvelles… et quel changement !!!

    « Ils appartiennent tous à des groupes privés et leur fonctionnement plus que nébuleux est destiné à confisquer la liberté. »
    On sent bien que vous faites partie du « vous »… Tous les médias sociaux n’appartiennent pas à des groupes privés (renseignez-vous vous serez étonnés !). Seuls les plus médiatisés leur appartiennent !
    « Nébuleux »… certainement pour votre génération. Car la mienne se repère très bien dans ces outils ! On voit là encore une différenciation importante entre générations !

    @ U.H.M.

    Vous faites beaucoup de raccourcis entre les écrits de Czerski et ce que vous en comprenez.

    Déjà, vous semblez faire un amalgame entre « institutions démocratiques » et démocratie. Czerski dit ne pas avoir de respect « religieux » pour les « institutions démocratiques »… Il n’a jamais dit ne pas croire en la démocratie… Pour ma part, je n’ai plus cette croyance dans les « institutions démocratiques » (peut-on d’ailleurs encore les appeler comme ça ?) mais je crois de toutes mes forces dans la Démocratie (au sens premier du terme). Les institutions (dites) démocratiques ne sont bonne qu’à avancer des lois de contrôle sur le web (si on ne parle que de ce cas) ! Donc, oui, comme Czerski, je ne crois plus dans ces institutions, qui ne sont que des outils des multinationales et autres organismes monopilistiques et anti-liberté. Je suis encore (naïvement peut-être) pour la voix du peuple, qui n’a aujourd’hui plus beaucoup d’outils pour s’exprimer (à part peut-être le web !).

    « Czerski croit pouvoir trouver tout ce qu’il veut en un clic sur le web ? Et se pose-t-il la question des filtres utilisés par Google ? »
    Mais il n’a jamais parlé de gogole… Les valeurs que vous avancez correspondent pleinement, selon moi, à ce que Czerski revendique.

    « Sait-il que la seule transparence souhaitable est celle des institutions aux yeux des citoyens, et non pas des citoyens aux yeux des institutions ou des autres citoyens ? »
    Qui a dit qu’il ne parlait pas justement de cette transparence des institutions envers les citoyens !?! Encore un raccourci rapide !

    « Ce que Czerski et ses admirateurs n’ont pas compris, c’est qu’on n’appréhende jamais une technologie sans se poser la question de sa politique, de son contrôle, et par qui. »
    Ah bon ? Êtes-vous sûr que « Czerski et ses admirateurs » ne se posent pas ces questions ??? Ne faites-vous pas un amalgame entre ce que dit Czerski et ce que vous voulez défendre ? Certes Czerski n’a pas écrit un livre sur la question et il est dur de cerner les sous-entendus dans un court texte tel que le sien, mais pour autant il ne semble pas étranger à ces questions. Pour ma part, je me reconnais pleinement dans ce qu’avance Czerski (sans pour autant en être un « admirateur ») mais je me pose aussi ces questions de politique, de contrôle, de liberté, de monopole, d’éducation,… Ce n’est peut-être pas le cas de tous les « admirateurs » de Czerski mais une fois de plus, le raccourci me semble un peu facile.

    « S’il croit que le web libère, c’est qu’il en a une vision partielle, et qu’il prend ses rêves pour des réalités. »
    Le web ne peut donc pas apporter sa part de liberté ? Posez donc cette question aux Tunisiens. Même si depuis les états despotiques ont repris le contrôle de ces réseaux, il existe encore des portes ouvertes sur la liberté (heureusement !).
    Ce que Czerski avance n’est pas que le web libère mais justement qu’il peut le faire… Il revendique ce web là justement et non un web monopolistique et ultra-contrôlé !

    « Vous croyez peut-être que grâce à l’imprimerie, le monde a fait un bon en avant sociétal et philosophique en une génération seulement ? »
    Si je ne m’abuse, nous ne vivons plus au même siècle que Gutenberg et les évolutions sociétales induites par Internet (et pas seulement le web !) sont déjà plus conséquentes en 10 ans que l’imprimerie en 50 ans !

    « il y a aussi quelques réseaux d’activistes et de penseurs qui entrevoient, eux, à la fois ce que le web pourrait permettre pour le bien de l’humanité toute entière, et aussi ce que le web risque d’autoriser en termes de dictature technologique si on laisse faire. Et désolé de vous le dire, mais manifestement Czerski n’en fait pas partie. »
    Et qu’est-ce qui vous permet d’avancer cela ? Sa vision du web ne semble pas pour autant prôner un web dictatorial !
    Il dit d’ailleurs :
    « Ce qui nous importe le plus, c’est la liberté. La liberté de s’exprimer, d’accéder à l’information et à la culture. Nous croyons qu’Internet est devenu ce qu’il est grâce à cette liberté et nous pensons que c’est notre devoir de défendre cette liberté. »
    On est bien dans une vision politique de la question… Parler de liberté sans y entrevoir un aspect poltique et philosophique me paraît impossible.
    Vous semblez dire que son texte est apolitique, mais pour moi il ne l’est pas. Il avance des arguments qui semblent pleinement politisés. Quand il parle de repenser le système, il est pleinement dans une conception politique :
    « Nous avons besoin d’un système qui soit à la hauteur de nos attentes, un système qui soit transparent, flexible et en état de marche. Et nous avons appris que le changement est possible, que tout système difficile à manier peut être remplacé par un plus efficace, qui soit mieux adapté à nos besoin en offrant plus d’opportunités. »
    Certes, il n’avance pas de longs arguments sur le pourquoi du comment, mais ce n’est pas le but de sont texte qui semble avoir été écrit pour sensibiliser et non pour détailler les éléments constitutifs de sa pensée.

    « Vous n’y trouverez plus le moindre « manifeste », seulement un cri juvénile de post-adolescent »
    Et alors… cela ne permet-il pas aussi de faire avancer la cause d’un Internet plus libre ? À quel titre seuls les grands lettrés et philosphe auraient-ils le droit de parler d’Internet ? N’est-ce pas justement la force du web que de laisser la parole à tous ceux qui souhaite s’exprimer ? Je pense qu’en prônant que seuls les « grands » penseurs ont droit à la parole, on agit justement à l’opposé des valeurs d’un web libre… non ?
    Et comme le dit si bien Ginko :
    « Voila pourquoi j’adhère à ce texte qui, malgré sa naïveté et ses imprécisions, me semble tout de même juste sur le fond »

  34. Ginko

    @vvillenave,

    J’ignore si le commentaire que je cite ci-dessous répond à l’un de mes commentaires qui le précède, mais j’y réponds tout de même, à tout hasard…

    > […] ; transformer tout cela en affrontement générationnel, c’est à mon sens se tromper de grille de lecture. (Surtout si c’est pour nous bercer de glorieux lendemains qui chantent.)

    Comme Grosse FAtigue, tu remets sur la table ce mot « génération », dont on a déjà pu dire qu’il est une extrapolation abusive des propos de Czerski. Cela rend à mon sens caduque ton interprétation.

    Pour les « glorieux lendemains qui chantent », il ne me semble pas qu’il n’y en ait la moindre trace dans le texte de Czerski. Si tu penses les deviner dans mon propre commentaire, tu te trompes à nouveau.

    Je ne parle que de : « plusieurs siècles de révolutions », « Et l’Histoire nous dit que le peuple finit toujours après quelques siècle à reprendre le contrôle de la technique. » et « Et à la fin, Internet aura survécu, sans aucun doute dans une forme que nous ne connaissons pas actuellement. » Ce qui ne contient pas de « glorieux lendemains qui chantent », mais de simples extrapolations vers le futur basées sur des constats historiques. A aucun moment je n’ai dépeint un « Internet idéalisé 100% libre, vecteur de la liberté des peuples » 😉

    >Mais cela commence par un constat lucide, pas par une envolée poétique déconnectée (le comble pour une soi-disant « génération Internet ») de la réalité.

    Tout ça ressemble bien plus à une incartade rhétorique qu’à un argument rationnel. (Ce qui m’étonne de ta part, mais bon).

    Alors certes, l’extrait ci-dessous (la fin du texte de Czerski) est plus une ouverture qu’une conclusion factuelle, mais « nous » sommes réellement déçus par les journalistes. Ils devraient constituer le moteur principal du contre-pouvoir politique dans nos sociétés de l’information or ils sont bien souvent les premiers à défendre le pouvoir en place.

    « Peut-être que nous ne lui avons pas encore donné de nom, peut-être que nous n’en sommes pas encore complètement conscient, mais ce que nous voulons est une vraie et réelle démocratie. Une démocratie qui n’a peut-être jamais été rêvée par vos journalistes. »

  35. jackspammer

    bonsoir a tous et a toutes c la 1er fois je ne suis pas un français alors dsl pour l’orthographe et le petit paragraphe lol…
    Tous va s’arrêter un jour même l’électricité normalement la plus part des musulman le savent déjà les guerres vent finir a l’ancienne avec des Pierres et des Sabres en attendant ce jours je suis sur d’une chose internet pour les enfant pour les bébé pour les vieux les site porno les boutiques les affaires les hébergeurs de fichier avec droit d’auteur ou sans et le piratage informatique en général va pas s’arrêter rien va changer alors du calme les affaires son les affaires la drogue ou internet c’est presque la même chose .
    internet c’est comme la drogue sauf que la drogue ça fait mourir et que internet ça fait plaisir et de l’argent aussi (et tous les problèmes viennent de l’argent )un petit exemple si la drogue tue et elle ai gratuit vous croyez qu’ils vont l’interdire ?
    pour la drogue =mafia vs état
    pour internet=mafia vs etat sauf que la mafia ici c’est les rois du web avec des milliards de billiards en jeu et moi je fais rien a part télécharger des films de la musique et quelle que attaque ddos 🙂 en plus du savoir internet et l’outil le plus sur et plus complet pour apprendre et je croie que c’est un problème aussi vue les écoles et les centre de formation qui risque de fermer lol
    a vous de comprendre le reste car je risque de spammer le site avec un gros commentaire 🙂 aller a bientôt les gamin du web les vieux les vielles et les bébé et sur tout télécharger ou max car certain site de torrent risquent de fermer c’est le 2erm objectif âpres megaupluad
    alors stockez ou max 😉

  36. U.H.M.

    @marpa : j’ai pas trop de connexoon là où je suis, je reviendrai sur ces sujets un petit peu plus tard si tu le permets. Mais globalement, trois choses :

    – il est difficile de nier le caractère « générationnel » d’in texte intitulé « We, the web kids », et le texte de Czerski tombe précisément dans le travers qu’il commence par dénoncer ;

    – il faut lire ce texte à la lumière de la façon font il peut être reçu par ses lecteurs, qui comme je l’ai dit vont s’enthousiasmer pour son vernis « générationnel » (nous contre l’ancien monde) et pour l’évacuation artificielle de la question du politique. Comme le rappellent d’autres ci-dessus, vouloir faire table rase du politique sous prétexte que ça fait « poussiéreux » est avant tout une aubaine pour les forces néolibérales.

    – il est très dangereux de présenter le web comme un « disque dur externe ». Ce serait une forme de « rétention tertiaire » particulièrement dommageable, car il est question de souveraineté individuelle et de construction de soi.

  37. osef

    > il est très dangereux de présenter le web comme un « disque dur externe ».

    Sans tortiller du cul cela pourrait donner : « Il serait bon de rappeler que le claoude compioutingue dont raffolent les bobos branchouilles est un piège à cons doré ». Les amateurs de franc parler reliront avec plaisir la transcription de la fameuse conférence de Benjamin Bayart aux RMLL 2007 : « Internet libre, ou Minitel 2.0 ? ».

    http://www.fdn.fr/Internet-libre-ou
    http://www.ecrans.fr/Tout-le-monde-