De StarOffice à LibreOffice 28 années d’histoire

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LibreOffice OpenOffice.org

Qu’on les aime ou qu’on les déteste, les suites bureautiques se sont imposées ces derniers lustres comme indispensables dans le paysage logiciel. La suite numéro un, Microsoft Office, est devenue une référence et un incontournable. En langage courant, on ne parle plus de présentations ou de transparents, on dit tout simplement «  un PowerPoint  ».

Microsoft Office n’étant pas disponible sur les systèmes libres comme Linux, il est évident qu’une alternative viable se devait d’exister. Vous la connaissez certainement, il s’agit d’OpenOffice. Et, depuis quelques mois, on entend parler de LibreOffice. Mais n’est-ce pas juste un changement de nom  ? Tout cela est un peu confus.

J’avais déjà tenté de faire une courte clarification. Essayons de voir en détail ce qu’il en est.

Les débuts de StarDivision

Nous sommes en 1984. Un très jeune programmeur allemand fonde la société StarDivision afin de vendre son logiciel de traitement de texte StarWriter. Celui-ci est destiné principalement aux ordinateurs Zilog Z80 et Amstrad CPC. Nous sommes dans les tous débuts de l’informatique à destination du grand public. Ni Microsoft Office ni même Windows n’existent encore.

Après quelque temps, StarDivision adapte son logiciel aux systèmes DOS, OS/2. D’autres composants se rajoutent à StarWriter  : StarBase, un logiciel de base de données, StarDraw, un logiciel de dessin vectoriel. Le tout est empaqueté sous le nom global de StarOffice, en faisant une des premières suites bureautiques.

Avec le support de Windows 3.1, StarOffice gagne un nouveau composant, StarCalc, un tableur.

StarOffice dans le giron de Sun

Faisons un bond en avant et propulsons nous en 1999. À cette époque, Microsoft règne sans partage sur les ordinateurs individuels grâce à Windows 95 et Windows 98, sans oublier Windows NT dans les entreprises. Dans ces dernières, Microsoft Office 97 s’est imposé comme la suite office indispensable. Son plus gros concurrent est… Microsoft Works  ! Eh oui, Microsoft se paie le luxe d’être son propre concurrent et d’avoir deux suites bureautiques qui sont difficilement interopérables (utilisant des formats propriétaires différents).

Sun travaille sur son système d’exploitation Solaris et espère en faire un concurrent à Windows. Le problème est que Solaris ne dispose pas d’une suite bureautique et que chacun des 42.000 employés de Sun doit garder deux ordinateurs  : un sous Solaris et un sous Windows pour faire tourner Microsoft Office.

Stratégiquement, avoir une suite bureautique sous Solaris est indispensable. Sun se met en chasse et rachète StarDivision pour 73.5 millions de dollars. Rien que le prix économisé dans les licences Microsoft (42.000 licences Windows + 42.000 licences Office) permettrait de rentabiliser l’achat en quelques années.

Sun travaille donc à partir de la suite StarOffice et la porte sous Solaris.

Naissance d’OpenOffice

À peine un an plus tard, en 2000, Sun se rend compte que le seul ennemi capable d’affaiblir la toute-puissance de Microsoft, alors à son apogée, est le monde Open Source. Et selon l’adage «  Les ennemis de mes ennemis sont mes amis  », Sun décide de doter la communauté OpenSource d’un concurrent à Microsoft Office.

Une version Open Source de StarOffice est donc libérée sous le nom OpenOffice, qui deviendra OpenOffice.org, le nom OpenOffice étant déjà déposé dans certains pays.

Derrière ce mouvement se cache bien entendu une stratégie marketing. Sun espère qu’OpenOffice gagnera le cœur des étudiants, des particuliers, des hackers mais que les entreprises souhaitant un support professionnel se tournent vers StarOffice. Certaines fonctionnalités de StarOffice ne sont d’ailleurs pas présente dans OpenOffice.

Cela a pour conséquence que toute personne souhaitant contribuer au code d’OpenOffice doit céder ses droits à Sun, afin que celui-ci puisse le réutiliser dans StarOffice.

Sun OpenOffice, l’incontournable

De 2001 à 2010, OpenOffice va devenir incontournable chez les libristes et les utilisateurs de système Linux. Sa gratuité est également un atout indéniable dans les entreprises et les services publics. Certains évangélistes du libre y voient un cheval de Troie pour introduire le libre un peu partout et en font une promotion éhontée.

Cependant, tout n’est pas rose. Le développement n’est pas très rapide. Les contributions ne sont pas toujours acceptées par Sun. Le logiciel, vieillissant, acquiert une réputation de lenteur et de non-ergonomie.

Microsoft Office, de son côté, fait des progrès fulgurants avec les éditions 2003 et 2007. Malgré un succès d’estime, OpenOffice peine à sortir du cadre des geeks barbus.

Lotus Symphony, IBM rentre dans la danse

IBM, géant de l’informatique, est célèbre pour n’avoir jamais compris l’importance du logiciel et de la micro-informatique. Inventeur du PC, ils n’ont pas perçu le marché pour ce type de machine et ont laissé Microsoft fournir le système d’exploitation DOS. Se rendant compte de leur erreur, ils tenteront d’imposer OS/2 sans jamais y parvenir.

La même histoire se répète avec les suites bureautiques. Se rendant compte de l’importance de ce type de logiciel, IBM produira Lotus Symphony, une suite bureautique pour DOS. Cette suite sera complètement abandonnée en 1992.

Ce n’est qu’en 2007, à la mode des carabiniers d’Offenbach, qu’IBM décidera de relancer dans une suite de productivité qui comportera son client mail Lotus Notes, très populaire en entreprise et détenteur du titre de logiciel le plus haï par ses utilisateurs. IBM va donc reprendre OpenOffice et en modifier l’interface afin de créer IBM Lotus Symphony.

IBM Lotus Symphony est synchronisé avec OpenOffice mais aucun code n’est contribué au projet. En ce sens, IBM est vu comme un mauvais joueur par la communauté.

Oracle Open Office, la fin d’une époque

Sun ne va pas très bien. Solaris n’a jamais réellement percé. Le matériel Sun, d’excellente facture mais extrêmement cher, voit une concurrence rude tirer les prix vers le bas. Beaucoup d’investissements ont été faits comme le rachat de MySQL. Des questions se posent. C’est alors qu’arrive Oracle.

Oracle est un géant de l’informatique qui a fait sa fortune sur la gestion des bases de données. Ils aimeraient avoir un peu plus d’expertises dans le matériel (afin de vendre des serveurs liés à leurs bases de données) et contrôler un dangereux concurrent OpenSource qui est de plus en plus populaire  : MySQL, justement racheté par Sun.

En 2009, Oracle rachète donc Sun pour 7,4 milliards de dollars. Seulement, Oracle n’a que faire de StarOffice ou d’OpenOffice. C’est le cadeau bonus venu avec l’achat et ça les ennuie plus qu’autre chose. De plus, contrairement à Sun, Oracle a montré de nombreuses fois qu’il se poste en ennemi acharné du logiciel libre.

En 2010, inquiets, les membres de la communauté OpenOffice créent donc la Document Foundation, une fondation sans but lucratif dont le but est de promouvoir et de continuer le développement d’OpenOffice, sans dépendre d’Oracle.

LibreOffice, la première suite communautaire

Il ne reste qu’un petit détail à régler  : le nom, OpenOffice, appartient toujours à Oracle. La fondation fait une demande officielle à Oracle, Ô Oracle, vous qui êtes si puissant, si beau, si fort et qui n’avez que faire de ce misérable nom, cédez le nous et vous serez mille fois béni.

C’est à ce moment que les requins de chez Oracle lèvent les sourcils. Si ce nom est demandé, il a peut-être une certaine valeur. IBM met son grain de sel  : si Oracle cède le nom à la fondation, IBM peut très bien ne plus pouvoir intégrer le code d’OpenOffice dans son Lotus Symphony qui est propriétaire, la Document Foundation soutenant des licences cancérigènes comme la LGPL  !

Oracle refuse donc de céder le nom. La mort dans l’âme, la Document Foundation décide d’accepter la mort d’OpenOffice et de faire renaître le projet sous le nom LibreOffice.

Au final, ce changement de nom se révèle bénéfique. Comme le passage de XFree86 à X.org, il marque la transition. L’engouement communautaire est tel qu’en moins d’une année LibreOffice gagne des dizaines de contributeurs, un nombre impressionnant de lignes de code est changé et une première conférence rassemblant la communauté à lieu à Paris en octobre 2011. Conférence au cours de laquelle il est annoncé notamment le désir de porter LibreOffice sur Androïd. Les participants assistent également à une première démonstration de LibreOffice Online, une version web de la suite bureautique.

Apache Open Office, papy fait de la résistance

Mais il serait faux de penser qu’Oracle en resterait là. Tout aurait pu être tellement simple. Mais il ne faut jamais sous-estimer la nuisance qu’une confusion dans l’esprit du public peut apporter.

Peu après l’annonce de la création de LibreOffice, Oracle décide de donner le projet OpenOffice, y compris le nom, à la fondation Apache. À charge pour elle de continuer le développement de ce projet.

À la Document Foundation, tout le monde est un peu surpris. Surtout que la licence Apache choisie permet à LibreOffice de reprendre du code de chez Apache OpenOffice mais le contraire n’est lui pas possible. En juillet 2011, IBM annonce sa volonté de contribuer au projet Apache OpenOffice et, début 2012, annonce même arrêter complètement IBM Lotus Symphony pour se concentrer uniquement sur Apache OpenOffice.

OpenOffice ou LibreOffice, lequel choisir  ?

Pour beaucoup, Apache OpenOffice n’est donc qu’un homme de paille, un projet IBM, qui sert les intérêts d’IBM et non ceux de la communauté. Après quelques mois, il faut se rendre à l’évidence : le projet Apache OpenOffice dispose de dix fois moins de contributeurs. Comparer le nombre de modifications du code entre les deux projets est également sans appel  : LibreOffice est un projet libre, communautaire et OpenOffice est une anecdote poussée à contre-cœur.

La majorité des distributions Linux sont d’ailleurs passées à LibreOffice. Des grands projets se mettent en place : la région Île-de-France travaille à offrir un LibreOffice intégré avec sa solution Cloud à tous ses étudiants. Un écosystème de sociétés a rejoint la Document Foundation afin d’offrir du support professionnel sur LibreOffice, depuis les grands pontes comme Suse, partie de Novell, au petites structures comme Lanedo, employeur de votre serviteur.

Si l’offre est là, la demande est elle en pleine confusion. Des clients de Sun, payant pour le support d’OpenOffice, se sont retrouvés sans maintenance du jour au lendemain. Le changement de nom fait craindre une migration lente et coûteuse, beaucoup ne comprenant pas qu’il s’agit essentiellement du même logiciel.

Si l’avenir de LibreOffice semble radieux, beaucoup ne le saisissent pas encore. Mais, maintenant, si jamais on vous pose la question de savoir la différence entre OpenOffice et LibreOffice, vous pourrez répondre  : «  Assieds-toi, je vais te raconter une histoire…  ».

33 Responses

  1. Thomas P.

    j’avais entendu parlé de cette histoire, mais pas de tous les details croustillants. Merci!
    Je travaille avec un logiciel appelé jenkins (un serveur d’integration continue, http://jenkins-ci.org/ ) qui a eu exactement la même histoire. A la base, c’était un projet (appelé Hudson) porté par Sun, puis un peu abandonné, puis du coup, un fork a été crée (jenkins), et c’est à ce moment qu’Oracle a choisi de faire don de hudson a la fondation apache.
    Tout les details sont ici :
    http://en.wikipedia.org/wiki/Jenkin…)
    http://stackoverflow.com/a/4974032/

    Il y aurai pas un truc pourri dans la fondation apache? qui serait une espèce de placard pour projet open source encombrant

    Petit note:votre parser d’url dans les commentaires ne fonctionne pas si le lien se termine pas une parenthese fermante.

  2. vvillenave

    J’avoue avoir eu du mal à continuer de lire après « les systèmes libres comme Linux »…

  3. philippe

    Le vrai nom de la suite est OpenOffice.org. De mémoire (j’ai la flemme de fouiller le web) c’est parce que la marque Open Office était déjà réservée.

    J’admets que c’est un peu chipoter, mais nous autres geeks on aime être précis, non ? 🙂

  4. Elissa

    @phillipe : c’est déjà précisé dans l’article : « Une version Open Source de StarOffice est donc libérée sous le nom OpenOffice, qui deviendra OpenOffice.org, le nom OpenOffice étant déjà déposé dans certains pays. »

  5. jdd

    Bonjour 🙂
    J’ai encore une licence Staroffice de 96, obtenue avec la boite d’une distribution SuSE :-).
    La position d’Oracle est plus compliquée que ca, ils continuent par exemple à fournir l’excellent VirtualBox
    Quand aux progrès de Msoffice, je n’en ai guère entendu parler…

  6. qwerty

    Excellent, je ne connaissais que des brides. Une belle histoire qui s’inscrit dans la mythologie informatique !

  7. Ulysse

    « En 2010, inquiets, les membres de la communauté OpenOffice créent donc la Document Foundation »

    Il me semble que la création de la Document Foundation n’a pas fait l’unanimité et que tous les développeurs n’ont pas suivi. Une grande partie peut-être, mais pas tous comme la phrase le laisse sous-entendre.

  8. ericb

    Apache OpenOffice EST OpenOffice.org : autant d’un point de vue légal (la Fondation Apache possède la marque OpenOffice.org), que du code : Apache OpenOffice est la continuation de la branche DEV300 (milestone m106 exactement).

    LibreOffice c’est un fork, qui n’est que la suite de Go-OO (de Novell). Je dirais même que LibreOffice n’est que le résultat d’une OPA de Novell, Canonical, RedHat et quelques autres sur OpenOffice.org, qui ont beaucoup utilisé les canaux de communication d’OpenOffice.org pour faire de la propagande et tromper tout le monde.

    L’idée c’était de récupérer OpenOffice.org pour rien. Mais c’est raté: Apache OpenOffice est toujours là.

    Quand à « la majorité des distributions sont passées à LibreOffice », cela relève de la malhonnêteté et de la manipulation : sur une Debian like, « apt-get install openoffice.org n’installe pas OpenOffice.org. Ou est l’éthique du libre ?

    Il y a beaucoup de manipulation autour de tout cela, de récupération, et je regrette que FramaSoft se fasse avoir aussi.

  9. ronon

    @ericb : J’aurais aimé que tu fournisses des liens pour soutenir ou confirmer ton propos.

  10. kiki

    Et voilà , le célèbre EricB , représentant à lui tout seul la communauté francophone d’OpenOffice vient encore de frapper !

    Bon, c’est vrai que si le début de l’histoire est correct, il y a quelques nuances à préciser.

    Si 99% de la communauté francophone a suivi Libreoffice, ce n’est pas forcément le cas dans d’autres pays quelques communautés se sont déchirées (Italie ..) , de même au Brésil, au Mexique , la situation n’est pas très claire .. (Dans communauté, il faut entendre ceux qui interviennent dans les Forums, mailing listes, salons, et pas seulement les développeurs )

    D’ailleurs , en France, même avec une absence de deux ans sans nouvelle version, le parc OpenOffice reste sans doute important car tous les utilisateurs n’ont pas forcément migré leur bureautique vers Libreoffice.

    Reste que , de toute façon, si « Apache » OpenOffice prend l’interface de Lotus Symphony, ce ne sera plus openOffice !

    La bataille des suites bureautiques a déjà commencé sur d’autres architectures (version Cloud, Android …) et les petites améliorations (LiBOO 3.6 , AOO 3.4) ne sont que des amuses gueules face aux défit d’adaptation de ces suites à de nouveaux usages !

  11. sylvain D

    Je témoigne de l’exactitude d’Eric. Il y a eu des attaques en direct sur les canaux entre autre IRC parce qu’on était pas d’accord avec la communauté LO. Perso, je suis content qu’il y ait plusieurs suites bureautiques mais il ne sert à rien de taper sur le dos des uns et des autres. Si on veut que le logiciel libre persiste, il faut proposer chacun et chacune des propositions et pas démonter les autres.
    Pour les installations, Eric a tout à fait raison, essayer de faire un apt-get install openoffice sur une version où il y a LO et vous allez avoir des surprises. (Je ne vois plus où est la liberté dans le choix, puisqu’on n’a plus de choix). Il faut en plus bien désinstaller LO si on veut une autre suite car autrement cela plante. J’ai déjà eu affaire à cela plus d’une fois.

    OpenOffice.org est mort , Vive Apache OpenOffice. (Pour les mauvaises langues, Apache OpenOffice fonctionne parfaitement). Il a fallu du temps aux développeurs pour retravailler le code afin d’être correct avec la nouvelle licence et aujourd’hui, c’est reparti.

    A ceux qui diront : »Oui, mais il y a plus de développeurs chez LibreOffice » – On s’en fout.
    Est-ce qu’on s’est déjà soucié du nombre de développeurs chez Microsoft pour Office? Non. L’utilisateur Lambda s’en fout de ces querelles. L’utilisateur lambda veut un logiciel qui fonctionne qu’il soit réalisé par un seul développeur ou des centaines…

    A bon entendeur

  12. AdrienR

    @ericb:
    Je te soutiens sur ton point de vue. Pour moi le projet LibreOffice dans l’idée était bien, mais dans la manière où cela s’est fait ce n’est pas bien du tout… Il y a trop de points qui me dérangent dans LibreOffice avec beaucoup de méthodes et des actes de la part de la communauté LibreOffice qui est à l’opposé du comportement communautaire du logiciel libre. Des attaques envers ta personne ou envers la communauté OpenOffice. Effectivement, cela ressemble plus à une OPA qu’autre chose.

    Maintenant un autre point qui me dérange aussi c’est la licence LGPL. À part si on arrive à me prouver par A + B pourquoi on a mis cette licence, car LGPL a été créé dans un but de permettre de faire du logiciel libre ou c’est impossible (ce qui pour moi n’était absolument pas le cas). En plus, la LGPL permet de mettre du code propriétaire au sein du code de LibreOffice. Dans la logique du libre ce qui me fait sourire c’est que l’argument principal de LibreOffice est d’était de faire un fork pour arriver à une suite bureautique plus ‘Libre’, mais au final (surtout que cela a été le premier argument pour proposer la migration des utilisateurs et développeur d’OpenOffice vers LibreOffice), il se trouve qu’OpenOffice est plus cohérent avec la licence Apache que LibreOffice avec la LGPL pour cet aspect plus « Libre ».

  13. louisremi

    « De StarOffice à LibreOffice 28 années d’histoire »

    [troll] … et presque autant de Gérard du logiciel libre [/troll]

  14. Jedaï

    Je trouve amusant que les supporters de Apache OpenOffice.org s’appellent eric B, sylvain D et adrien R, viennent-t-ils d’une même communauté qui a des standards sur ses pseudos ?
    Par ailleurs caractériser LibreOffice comme une OPA par Novell pour « prendre le contrôle » de OpenOffice semble un peu gros : OpenOffice.org était déjà libre, pourquoi auraient-ils eu besoin de ce « contrôle » et à quelle fins ignobles l’utilisent-ils maintenant ? Les accusations de nos trois (?) compères sont bien vagues et il est tout de même incontestable qu’en dehors du débat sur le nom et les communautés d’utilisateurs, LibreOffice a donné un certain coup de fouet au dynamisme du développement de la suite, lequel n’avait jamais été flagrant dans le passé.

  15. pere.despeuples

    Moi, j’ai une question à propos de Microsoft Works: Quelle raison obscure a poussé Microsoft dans les 90s a proposer Works comme suite par défaut dans le Windows de l’ordinateur que tu achetais plutôt qu’un Office « light » ? c’est surtout la question des formats (propriétaires) de fichiers différents que je trouve délirante, du point de vue de la compatibilité entre les deux.

  16. Sébastien C.

    @Jedaï
    <;-)>
    Heuuuu, moi mon pseudo, c’est « Sébastien C. » même sur le très policé forum de « Cyril B. », c’est vous dire… Et pourtant, vous savez, moi, ApacheOpenOffice et leurs supporters aux cris d’orfraies qui ont perdus leur mouette, on peut pas dire que ça m’émeuve plus que ça. S’avez c’que c’est, faut rester jeune, même quand papy, y fait d’la Résistance !
    </;-)>

  17. Capello

    Juste une petite remarque concernant IBM et le PC.
    Étant présent à cette époque :-), IBM a surtout voulu faire un concept. Ordinateur personnel pas cher. Pour la petite histoire, c’est SUN qui a refusé de faire l’OS de ce concept, alors IBM a demandé à une toute petite boite de faire un OS. Ainsi naquis DOS 1.0
    Une deuxième précision sur l’histoire d’OS/2. À l’origine, IBM et Microsoft travaille ensemble pour faire un système d’exploitation moderne pour le PC. C’est l’époque ou les 286 règne en maître. Mais la finalité diverge, IBM veut un système fiable, qui exploite bien le mode protégé des nouveaux processeurs d’intel. Alors que microsoft veut faire une interface graphique comme sur MAC. Ils se séparent donc et nous auront un OS microsoft fiable à partir de Windows 2000 là où OS/2 était excellent mais peu vendu.

  18. avis

    Parler de 99% de la communauté se rangeant sous LibreOffice, c’est mal connaître le terrain. Allez sur le forum francophone et vous lire entre ligne que certains de ses membres les plus réguliers ne sont pas en meilleur terme avec ceux de LibreOffice.
    Ces conflits expliquent pourquoi il y a plusieurs forum pour LibreOffice et Apache OpenOffice, pourquoi les extensions et les modèles de LibreOffice et Apache OpenOffice n’ont pu être regroupé en un seul site.
    Eric BACHARD est un développeur qui a travaillé au fonctionnement natif d’OOo sur Mac OS X, mais il me semble qu’il a toujours été un peu à l’écart du reste des autres membres de la communauté francophone.

    « En plus, la LGPL permet de mettre du code propriétaire au sein du code de LibreOffice. » Pardon ?? Je dirais plutôt que LGPL permet à LibreOffice d’être inclus dans du code propriétaire, tout en restant conservant son code sous les 4 libertés de la GPL. Ensuite, The Document Fondation n’ayant pas la propriété du code contrairement à Sun qui n’autorisait les patchs ne venant de développeurs lui cédant leur propriétés. La TDF ne pouvait partir que de la GPL.
    Je n’ai pas essayer « apt-get install openoffice.org », mais il semble que cela soit pour un soucis de nom de programme. Les 2 suites ont des noms similaires (soffice.bin de mémoire) qui va poser des soucis. Après Debian en est encore à OOo sous le régime de Sun et les Debian-like type Ubuntu essayent de simplifier la vie des utilisateurs qui ne savent pas forcément qu’un fork a eu lieu. D’ailleurs le souci des noms perdure dans AOo où on trouve OpenOffice.org un peu partout. Bref, c’est une période transitoire et faire une critique de dessus …

    Il est clair que la TDF a essayé un coup de Poker et qu’elle a échoué, sûrement, parce qu’IBM qui s’était rapproché d’OOo (la dernière suite Lotus Symphony est basé sur OOo 3.3), ne souhaitait pas laisser ses investissements hors de son contrôle. Ils ont fait pression sur Oracle dans ce sens, donc …

    Il y a actuellement, une guerre des chiffres à celui qui aura le plus développeurs. Mais, cela ne veux rien dire, car un petit nombre de développeur très talentueux et compétents peuvent valoir un grand nombre.

    Après, il est vrai qu’Apache, ressemble à un mouroir de logiciel proprio ayant échoué à devenir populaire. Ils ont l’avantage d’avoir le nom de la marque OOo (OOo est déjà peu connu du grand public, alors LibO…). Ils ont l’inconvénient d’être très dépendant d’un gros mécène: IBM. Ils vont essayer de se démarquer en lançant une nouvelle interface qui ressemblerait à Lotus Symphony.
    AOo 3.4 semble prometteur, le fichier d’installation relativement léger (120Mo), par langue, et me semble accès rapide au démarrage. Après il y a un bugs assez gênant d’impression: https://issues.apache.org/ooo/show_

    LibOo 3.5 a lui des soucis avec l’accélération graphique pour les présentations, et la lecture des RTF (https://bugs.freedesktop.org/show_bhttps://bugs.freedesktop.org/show_b…)
    Ils vont devoir surtout régler leur voulumineux fichiers d’installation multilingue (202 Mo + 11Mo), et devront comme Firefox proposer une mise à jour silencieuse et automatique que des modifications qu’engendrent leur publications de correctifs mensuels. En clair, télécharger les 5 Mo qui doivent différés entre la 3.5.3 et la 3.5.2 au lieu de retélécharger l’intégralité du fichier d’installation. Sinon, ils continueront à cristalliser les mécontentements avec leur publications rapides mensuelles. Ils se comparent à l’adage: publier régulièrement et rapidement, mais cela à cours dans un système de dépôts comme ceux des distributions linux, mais pas sous windows …

    Ce que personne ne contredira, c’est que l’ère Oracle, a provoqué un électrochoc sain. Ces 2 dernières années ont amenés plus de nouveautés à l’utilisateur que les 3 dernières sous Sun. L’avenir sera à la suite qui sera capable de produire une version stable et rapide mais avec des améliorations populaires et efficaces.
    Au delà de ces querelles de clocher, il faut surtout noter la promotion de l’ODF 1.2 en norme OASIS depuis Octobre 2011: http://www.oasis-open.org/standards
    Et encore plus la demande d’aide de MS pour l’intégration de cette norme au sein de MS Office 15: http://oooforum.free.fr/index.php/2

  19. ericb

    C’est bien de me faire un enterrement en bonne et due forme (je parie que avis est quelqu’un du « projet francophone »), mais je n’ai pas fait que contribuer au port natif pour Mac OS X.

    En fait, j’ai aussi surtout repris le projet OpenOffice.org Education alors qu’il était en ruine ( il était géré à l’époque par Sophie Gautier). Et on a fait, malgré tous les mauvais coups portés par le projet francophone, bien avancer les choses. Nous sommes ainsi passés de 6 à plus de 100 membres.

    En plusieurs années, grâce à un système de mentoring sur IRC (recopié depuis par LibreOffice sous le nom de « easy hacks »), j’ai formé entre 15 et 20 étudiants dont la plupart sont devenus « Domain Developers », c’est à dire des développeurs pour OpenOffice.org.

    À titre d’exemple de ce qui a été fait : OOo4Kids et OOoLight (voir http://wiki.ooo4kids.org par exemple). Pour les curieux, voir le nombre de fois que les pages expliquant le code utilisé dans les fonctionnaités ajoutées a ont été lues …

    Puisqu’on parle de l’histoire d’OpenOffice.org, autant dire ce qui s’est passé 😉

  20. avis

    Non, je suis pas quelqu’un du projet francophone, j’aide juste sur les forum divers et varié.

    Il est vrai que je n’ai pas résumé l’ensemble de votre participation, je me disais que le lien vers votre site web suffisait au curieux pour voir l’ensemble de celle-ci.
    Pour moi, la création du projet OOo Education en dehors du giron de la communauté francophone montre que vous aviez des attentes que vous ne retrouviez pas dans la communauté francophone. D’où mon emplois du terme, « à l’écart ».

  21. ericb

    @avis.

    Ok toutes mes excuses alors 🙂

    En fait, je fus très actif dans le projet francophone (je me rappelle avoir participé un paquet de fois au stand d’OOo à plein de salons et conférences, depuis les RMLL de 2004 à Bordeaux). Mais le projet Education n’avais RIEN le droit de faire, tout était contrôlé par le projet fr, genre notre liste de discussion a été migrée de force sur le site fr, et on n’avait même pas le droit de la gérer ! Toutes les bonnes volontés ont rapidement été dégoutées , et c’est à ce moment là qu’on a pris sur nous d’extérioriser avec une association appelée EducOOo. Alors oui, on (pas seulement moi) s’est mis à l’écart du projet fr.

    Et contrairement à LibreOffice, j’ai exposé l’idée d’OOo4Kids aux autres leads d’OpenOffice.org. En retour, je n’ai reçu aucun soutien, mais nous avons joué la transparence (contrairement à LO et TDF, dont la genèse s’est faite dans le dos du projet OpenOffice.org)

    Pour revenir à l’histoire d’OOo : LO a rapidement été connu en France, parce que les cadres du projet fr ont utilisé tous les canaux de communication d’OpenOffice.org pour parler de LO. À un point qu’on a du mal à les récupérer pour Apache OpenOffice qui EST, comme je l’ai écrit la vraie continuation d’OpenOffice.org.

  22. Hector

    D’accord mais on fait quoi maintenant face à un utilisateur qui souhaite passer d’une suite bureautique propriétaire à une suite bureautique libre ?

  23. LS.

    « Si l’avenir de LibreOffice semble radieux, beaucoup ne le saisissent pas encore. Mais, maintenant, si jamais on vous pose la question de savoir la différence entre OpenOffice et LibreOffice, vous pourrez répondre : « Assieds-toi, je vais te raconter une histoire… ».

    Et en racontant l’histoire, vous pourrez montrer une belle infographie qui illustre le chemin parcouru :
    The rise and fall of OpenOffice.org
    based on true story
    http://prezi.com/ycbqlykxq91a/the-r

  24. ericb

    @L.S. : la qualité de la présentation est indéniable, mais ce n’est qu’une vision partielle, plutôt orientée Novell je dirais.

    On ne dit pas non plus qu’Oracle, ce n’est pas le vilain petit canard qui a été tant décrié. Le malaise entre la « Communauté » et Sun-Oracle, venant surtout du fait que ceux qui avaient la responsabilité de dire à Sun-Oracle que plus rien n’allait, ne l’ont pas fait. Je parle des membres du Community Council qui n’ont pas fait leur boulot. Il y en a même qui, entre temps, se sont fait virer d’OpenOffice.org pour conflit d’intérêts (et qu’on retrouve évidemment à la tête de TDF).

    Dans ce document, on ne parle pas de NeoOffice, ni d’OOo4Kids ni de plein d’autres forks, qui ont apporté quelque chose, *avant* LibreOffice, qui n’a fait que s’en inspirer, mais sans les mentionner.

    Une histoire ne sera crédible que si elle est complète et objective. C’est ça le problème avec LibreOffice : les conditions initiales sont moisies, et on ne pourra plus rien changer de ce côté.

    Pour répondre à la question posée par Hector : quand on présentera vraiment toute la vérité, alors on pourra parler de tout ça à un utilisateur qui souhaite passer d’une suite bureautique propriétaire à une suite bureautique libre.

  25. Ysgawin

    Pour en rajouter une couche sur « l’avenir radieux de LibreOffice », je signale qu’un certain nombre d’administrations francaises (Ministères du budget, de l’économie, de l’intérieur, de la défense, de l’écologie, de l’agriculture, ce la culture plus l’ENA et le conseil général 93) ont créé un « groupe interministériel de mutualisation pour une bureautique ouverte » (MimO pour les intimes) chargé de la préparation de la migration de leurs bureautiques respectives vers LibreOffice.

  26. avis

    Je crois que tu te méprends. Ce groupe existait bien avant la création de LibreOffice.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Mutua
    C’est que lors du schisme, ils ont préféré passé à LibreOffice. J’imagine surtout parce qu’OOo 3.3 est buggé et qu’aucune OOo 3.3.1 n’était annoncé. À ce moment là, LibreOffice devait leur donner plus de visibilité.
    http://www.journal-officiel.gouv.fr
    Ils sont encore sur la 3.3 (la 3.4 a un introduit trop de bug dans le filtre RTF et la 3.5 commence juste à être mature). Depuis, Apache OpenOffice 3.4 est arrivé.
    Ce qui n’empêche que bien des ministères sont encore sur OOo < 3.3.

  27. Pasglop-pasglop

    « On ne dit pas non plus qu’Oracle, ce n’est pas le vilain petit canard qui a été tant décrié. »

    Alors là , c’est mal connaître l’ écosystème … Vous êtes vraiment aveuglé !! Peut être avez vous eu de bons rapport avec quelques personnes sympathiques d’ ORACLE ou des anciens de chez Sun mais leur fonctionnement vis à vis du logiciel Libre et la mentalité d’Oracle est une plaie pour le logiciel libre dans le monde même si ils ont des contributions pour Linux , java ou Virtualbox ! Ceux qui connaissent bien ORACLE peuvent le confirmer. Votre vie professionnelle ne vous conduit certainement pas à les fréquenter de manière plus complète pour tenir de tels propos et vous n’analyser les choses que par le petit bout de votre lorgnette 🙂
    Je suppose que vous avez les mêmes opinions sur Microsoft ?

  28. Single Malt

    La discussion, tout comme l’historique, est pitoyable !

    L’utilisateur s’en moque, de savoir qui a la plus longue (liste de développeurs) ou qui est plus authentiquement libre que l’autre…
    L’utilisateur veut un produit pérenne et stable, qui évolue mais ni trop ni trop vite et seulement dans le sens de l’amélioration (évolutions réellement utiles), basé sur un format de sauvegarde aussi stable et ouvert (interopérable) que possible, et à un coût raisonnable (coût total de possession -incluant notamment apprentissages et migrations en cas de changement de version).

    En tant qu’utilisateur (je ne suis pas et n’ai jamais été un développeur, je n’en ai pas les compétences), je suis passé à Star office parce que c’était une opportunité de fuir MS Office (qui est l’antithèse de ce que je décris), et j’ai trouvé que j’y gagnais au change. Je suis passé à OO puis OOo par la force des choses, et j’ai encore trouvé que j’y gagnais au change. Je passe désormais à une autre version (peu importe laquelle et qu’elle change ou non de nom), encore par la force des choses, mais cette fois, je n’ai pas l’impression de gagner quoi que ce soit (ni dans un cas ni dans l’autre), et l’absence d’objectivité de quelque évaluation que ce soit sur l’un ou l’autre des produits (ici ou ailleurs) me fait dire qu’on pourrait aussi bien tirer à pile ou face pour faire un choix entre les deux.

    Je persiste à croire qu’il y a un avenir pour les suites bureautiques autres que MS office, et les libres en particulier, mais je suis affligé par ce genre de débats !

  29. Joël

    Je partage l’avis de Single Malt sur pas mal de points, mais je ne partage pas son pessimisme.
    L’historique, comme d’ailleurs le débat, montrent bien qu’il y a deux mondes différents : le monde du logiciel libre, à la recherche du meilleur service à l’utilisateur, et le monde des affaires, à la recherche du profit.
    Et si certaines entreprises s’intéressent au monde du logiciel libre, c’est soit pour mettre des bâtons dans les roues des concurrents – ça s’appelle la concurrence – soit pour tirer profit du libre avec les services payants.
    Ou est le problème, et qu’est-ce qui est pitoyable ?
    Les entreprises doivent vivre, donc faire des profits, et les utilisateurs peuvent choisir de payer… ou pas.
    C’est donc trés bien comme ça !

  30. Gilles

    De toute façon, l’important n’est pas le logiciel mais le format d’enregistrement 🙂
    Même si un MachinOffice sort un jour, tant qu’il manipule correctement l’ODF en général, il est le bienvenue.