Quand Philippe Meirieu nous dit, chez Microsoft, tout le bien qu’il pense du Libre

Classé dans : Éducation, Mouvement libriste | 18

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Le 5 avril dernier, en pleine campagne présidentielle, était organisée une journée éducation chez Microsoft France sur le thème de l’école demain.

Au programme, copieux, une table ronde politique animée par François Jarraud du Café Pédagogique (dont on ne s’étonnera guère de sa présence ici) avec Fleur Pellerin pour François Hollande, Nicolas Princen pour Nicolas Sarkozy et donc Philippe Meirieu alors impliqué dans la campagne d’Eva Joly.

Nous avons choisi d’extraire un court passage de l’intervention de ce dernier car nous abondons dans son sens.

Sans oublier le clin d’œil lié à la symbolique d’un lieu à priori peu enclin à faire un tel éloge du Libre. Philippe Meirieu semble d’ailleurs en avoir bien conscience puisqu’il commence ainsi son propos  : «  Je le dis ici en toute liberté…  » ;)

—> La vidéo au format webm

Transcript

(c’est nous qui soulignons)

«  Je le dis ici en toute liberté, ma formation politique est très attachée à la promotion et au développement des logiciel libres, au pluralisme technologique et pédagogique dans l’ensemble des établissements scolaires.

Elle estime qu’il y a là, au delà des questions techniques, une question un peu philosophique qui est celle de la mise en réseau à travers les logiciels libres des savoirs et des compétences, du partage, de ce que chacun peut apporter au collectif et de la promotion d’un modèle plus coopératif, et ce terme de coopératif nous y tenons beaucoup, un modèle plus coopératif de l’organisation du numérique aujourd’hui.

On pourrait en parler très longuement, la diffusion des travaux sous licence libre nous parait devoir être développée de manière systématique, y compris dans les universités d’ailleurs.

Moi-même, à titre personnel, j’ai dû mettre mes cours sur un site que j’ai fait moi-même parce que mon université les met sur un site qui exige, pour pouvoir le consulter, un code d’accès et qui ne peut pas être consulté par d’autres que les étudiants de mon université, ce que je trouve absolument absurde à l’ère de la mondialisation planétaire et tout à fait contre-productif.

Quant à mes collègues qui pourraient imaginer qu’ils peuvent être payés deux fois  : une fois à plein temps pour être enseignant et une deuxième fois pour les outils pédagogiques qu’ils mettent à disposition du collectif sur les sites en libre accès, ils me paraissent faire évidemment fausse route.

Je crois qu’il faut retrouver dans l’usage du numérique le sens du collectif, le sens du bien commun et du bien public, et que cela est une priorité aujourd’hui.  »

18 Responses

  1. Pierre-Amiel Giraud

    Mouais… après une rapide déclaration d’intérêt et de circonstance sur les logiciels libres, il parle surtout de Libre comme open access pour la science et l’éducation, et n’évoque *jamais* le copyleft. Vous avez surligné bien commun, mais il parle donc surtout de bien public. Et ça, c’est exactement ce que veut Microsoft. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer la cabale anti-copyleft menée par Microsoft et ses alliés (tant au niveau logiciel avec une croisade anti GPL, que sur l’open data ou même l’open hardware).
    Je ne dis pas que Meirieu est au service de Microsoft, simplement que son discours est tout à fait Redmond-compatible. N’oubliez pas, ils sont pour le (logiciel) libre, tant qu’il est produit sur / destiné à Windows (traduire : tant que l’on s’acquitte de la taxe Microsoft).

  2. pere.despeuples

    ça serait intéressant de savoir ce qu’en avait dit fleur pellerin…

  3. despair

    le Système ne fait qu ‘ un .
    meirieu et autres guigols ne servent qu ‘ à le servir tout en prétendant l inverse .

  4. JulienB

    @pere.des.peuples : la vidéo complète et le résumé sont ici : http://www.rslnmag.fr/post/2012/04/

    Le résumé fait sur ce site (cf lien ci dessus) est magnifiquement retranscrit à la sauce ©Microsoft…
    « Développer davantage de ressources en ligne avec des partenariats public-privé et accroître la recherche pour combler notre retard sur les nouveaux modes d’apprentissage, quelle que soit la matière », propose Fleur Pellerin.

    On ne remerciera jamais assez cette entreprise pour son combat à développer les outils pour l’éducation 😉

  5. forum

    Quand il dis » l’inégalité d’accès aux savoirs prévaut, et l’ « illétrisme numérique » doit être combattu. ». On se demande vraiment a quoi il pense .

  6. pere.despeuples

    Oui merci JulienB. c’est effectivement pas exactement le même discours.

  7. Aucune Importance

    C’est hilarant…

    … de voir comment, au prétexte que le lieu du débat était hébergé par Microsoft, nos chers commentateurs libro-intégristes se contortionne pour réusssir l’exploit de recaser dans la case microsoft un discours qui a toute les chances d’être sincère …

    Hilarant. Enfin, non. Pas vraiment.

    Ça illustre simplement qu’un microcosme ne reconnaît pas à d’autre la LIBERTÉ de parler comme bon leur semble, *où* bon leur semble, d’une philosophie et de valeurs que visiblement ce microcosme s’octroie de manière exclusive.

    C’est plutôt triste en fait.

  8. JosephK

    « nos chers commentateurs libro-intégristes », « un microcosme »
    @Aucune Importance : t’as pas l’impression de faire une montagne d’un simple commentaire… certes, c’est le premier commentaire de l’article mais ça ne signifie pas qu’il y a une multitude de libristes derrière qui l’approuve…

  9. Sven

    De toute manière, vous n’êtes pas vous-mêmes des libristes, je suis sûr que vous n’utilisez aucune des distrib’ « parrainées » par la FSF.

    ^^

  10. untel

    @Sven: Arghhh! Touché! j’utilise Linux Mint… 😛

  11. Ginko

    @sven,

    mais si mais si ! Je suis sous BLAG ( https://en.wikipedia.org/wiki/BLAG_… ) 😛 Bon, je plaisante (quelle blague !), je suis sous CrunchBang, avec le paquet Flash… bouuhh !

    @Aucune Importance,

    Moi ce qui me fait marrer, c’est les gens qui pense que nous haïssons Crimosoft juste parce que çapueçaipaslibre / nous sommes jaloux de Gates/Ballmer / nous sommes des petits rebelles frustrés anticapitalistes et incapables d’utiliser Word.

    La vérité c’est que nous ne faisons que répondre aux attaques violentes de cette multinationale qui nous ont été adressées quotidiennement pendant une dizaine d’année. Du FUD, de la propagande, des bâtons dans les roues techniques.

    Je passe les milliards de dollars dépensés en pure perte dans le domaine du web à cause d’IE6. Les magouilles pour standardiser leurs formats maison. Les pressions sur les assembleurs de PC.

    Mais surtout, pire que ça, nous ne nous arrêtons pas à la propagande officielle qui encense cette boite dont les principaux investissements en France constitue sans doute leur imposant lobby qui parcourt les couloirs de l’Assemblée Nationale et des locaux de l’EN, qui ne paie pas 1 centimes sur ses revenus générés en France. Cette propagande officielle qui ignore délibérément les partenariats de Crimosoft avec divers gouvernements qui ne respectent pas les droits de l’Homme (Russie et Chine en tête).

    Non, cette boite n’œuvre pas pour le bien de ses utilisateurs. Non, cette boite n’a pas une politique honnête envers le monde.
    La vérité c’est cette boite utilise depuis longtemps des méthodes plus que discutables pour maintenir sont monopole.
    Et la plus sournoise de ces méthodes est évidement de capturer les utilisateurs lorsqu’ils sont naïfs et influençables : à l’école. Le tout avec une couche d’ « open-washing ».

    Bref, il faut être bien naïf pour ne pas appréhender ce genre de discours de façon critique. Et je trouve celle de Pierre-Amiel Giraud assez pondérée.

  12. untel

    @Ginko: BLAG a été ma distrib pendant quatre an… :’)
    Quand Jebba a laissé le projet en friche, je me suis trouvé contraint de passer à une autre distrib, la peine au coeur. Depuis, le projet semble renaître de ses cendres, mais je ne sais pas si il reste à la hauteur.

  13. Aucune Importance

    @JosephK : C’est simplement un commentaire « préventif », précisément pour indiquer que tout le monde n’est pas obligé de penser comme ça…

    Et d’autre commentaires montrent bien que faire la confusion entre la démarche Microsoft (et hop, copier-coller de tout le passif Microsoft) et la position *personnelle* et plutôt courageuse vu l’endroit, de Philippe Merieu, ça ne gène absolument pas…
    Philippe Merieu n’étant pas RMS ou Couchet ou Bayard, il ne peut donc pas être sincère, c’est évident…

    C’est du Pavlov tout craché. Il est probable que si on n’avait pas indiqué le lieu de cette réunion, tout le monde aurait applaudi les termes de la position exprimée.
    Mais comme cela a eu lieu chez Microsoft, il y a donc nécessairement entourloupe, manipulation, … Et tant pis si on discrédite Philippe Mérieu avec l’eau du bain.

    Je ne me sens pas bcp de points communs avec cette étroitesse d’esprit(*) de _certains_(nous sommes d’accord) « libristes ». Je le dis. C’est tout.

    (*) Malheureusement, je crains que cette étroitesse d’esprit ne sous-tende une bonne partie du « message » framablog…

  14. Ginko

    @Aucune Importance,

    >Et d’autre commentaires montrent bien que faire la confusion entre la démarche Microsoft (et hop, copier-coller de tout le passif Microsoft) et la position *personnelle* et plutôt courageuse vu l’endroit, de Philippe Merieu, ça ne gène absolument pas…

    Ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit. Je te donne du contexte : pourquoi lorsque l’on parle de Microsoft, il ne faut pas se départir de son esprit critique. Les mecs font de l’open-washing pour appuyer leur action de lobby à l’EN quand même ! Je ne dis pas que Philippe Merieu est l’un des leurs. Pierre-Amiel Giraud ne le dis pas.

    >Philippe Merieu n’étant pas RMS ou Couchet ou Bayard, il ne peut donc pas être sincère, c’est évident…

    Idem, procès d’intention. De plus, tu prétends que je goberais tout ce que disent ces gens sans analyse critique. Presque une insulte.

    >C’est du Pavlov tout craché. Il est probable que si on n’avait pas indiqué le lieu de cette réunion, tout le monde aurait applaudi les termes de la position exprimée.
    >Mais comme cela a eu lieu chez Microsoft, il y a donc nécessairement entourloupe, manipulation, … Et tant pis si on discrédite Philippe Mérieu avec l’eau du bain.

    Encore une fois.

    Sérieusement, faire l’autruche en ignorant le contexte d’une réunion politisée…

    >Je ne me sens pas bcp de points communs avec cette étroitesse d’esprit(*) de _certains_(nous sommes d’accord) « libristes ». Je le dis. C’est tout.

    Keep trolling with us. C’est toi qui est étroit d’esprit. :p

    PS : tu peux vérifier, je n’ai rien copier-collé. C’est de la production originale. Et tout de mémoire. Je suis sur qu’il manque plein de chose pour avoir une image un tant soit peu exhaustive de Microsoft…

  15. iri

    Que de blablas dans les commentaires …

    Vous commentez le billet ou uniquement les commentaires ? Si vous relisez bien l’article, il n’y a aucune critique à l’endroit de Philippe Meirireu, bien au contraire.
    Il évoque concrètement un secteur clé où le libre (et pas seulement le logiciel libre) a un rôle prépondérant à jouer et je trouve qu’il en parle de façon claire et concise. N’oubliez pas le contexte (ce n’est pas la tribune d’un meeting !..)
    Pour le reste, Philippe Meirieu a participé à beaucoup de conférences, publié de nombreux travaux et réflexions pour se faire une opinion assez précise sur ses convictions.

  16. Pierre-Amiel Giraud

    Pour ma part, le « mouais » désignait le titre du billet, qui sous-entend que tenir ce genre de propos « chez Microsoft » relève d’un acte de bravoure. Ensuite, je cherchais à montrer que la position de Microsoft vis-à-vis du Libre était beaucoup plus subtile que ce que l’on pourrait penser de prime abord en opposant logiciel libre / logiciel propriétaire, ou même en prenant le Libre comme un bloc uni et indivisible. Cette vision avait peut-être une certaine validité il y a dix ans, mais aujourd’hui l’open (pour reprendre le vocabulaire utilisé entre autres par les responsables de Microsoft) fait partie de la stratégie globale de l’entreprise. Bien entendu, cela ne signifie pas que Ballmer fait brûler des cierges tous les dimanches en l’honneur de Saint-IGNUcius : ils ne retiennent que les aspects qui leur conviennent et les poussent médiatiquement. Ce n’est pas une condamnation : quelle entreprise qui en a les moyens fait différemment?
    De la même manière, Meirieu met en avant ses idées. Je dis simplement qu’elles ne dérogent pas à la stratégie de Redmond. Par exemple, concernant les cours que Meirieu met en ligne : ils ne sont pas sous licence libre, dans un format fermé. On est donc dans une logique de diffusion hors du cadre juridique / contractuel du Libre. Peut-être s’agit-il simplement d’une approche très large du Libre, qui se réfère plus à son esprit qu’à sa lettre. Le danger est bien sûr que cela rende le Libre illisible (ou alors c’est le signe qu’il l’est déjà). Ce genre de choses (la diffusion gratuite de cours), Microsoft le fait aussi à travers le financement de cours de programmation mis en ligne sur les sites de diverses grandes universités américaines, soit directement soit par le truchement de la Fondation Gates. Est-ce que cela fait de Microsoft un défenseur du Libre devant la face du Grand Manchot? Non. Est-ce qu’en disant cela je formule une critique incendiaire à l’égard de cette entreprise? Non plus.
    Au final, la seule chose que je « critique » dans mon commentaire est l’analyse que propose aKa des propos de Meirieu à travers le titre du billet, le paragraphe d’introduction et le choix des passages mis en gras.

  17. Elsa

    Peut on me dire quel est le programme économique des entreprises qui proposent des logiciels libres svp ? Je suis novice dans ce secteur mais j’ai du mal à savoir comment les entreprises restent rentables en étant Open Source. Sinon c’est un bon coup de gueule de Philippe Meirieu.

  18. untel

    @Elsa:
    J’en vois au moins trois:

    – le modèle orienté service: le logiciel est libre, mais on vend du service autour (consultation, installation, configuration, personalisation, … ).
    Red Hat, par exemple, fonctionne sur ce modèle.

    – le développement interne: une entreprise décide de développer leur propre application correspondant à leurs besoins et de la laisser à la disposition du public (il n’y a aucun enjeu, puisque le logiciel n’est pas destiné à être commercialisé). Eventuellement, cela peut donner naissance à un échange de bons procédés entre deux entreprises qui bénéficient mutuellement des développement de l’autre (ce qui permet de ne pas réinventer la roue de chaque côté).
    Dans ce cas, les développeurs sont des salariés… qui sont donc payés pour le travail fourni.

    – les donations/souscriptions: une asbl ou un consortium est créé pour recueillir des dons. Ce qui permet de payer les développeurs.
    Mozilla et Blender sont basés sur ce principe.

    Mais je suis sûr qu’il y en a d’autres…