Mon année open source ou le projet un peu fou d’un néo-zélandais berlinois

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Temps de lecture 5 min

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Vis ma vie en terre inconnue de l’open source…

À partir du premier août prochain un jeune réalisateur néo-zélandais vivant à Berlin se propose de passer «  une année open source  ».

Mais attention, il ne s’agit pas seulement de migrer vers GNU/Linux et surfer avec Firefox, il veut essayer de tout faire avec du Libre, son approche et sa philosophie  !

Il a essayé d’expliquer le concept à sa maman, en prenant l’exemple d’Open Cola, pour conclure qu’il n’irait pas dans un restaurant qui ne lui fournirait pas les recettes des plats  ! (dans le cas contraire il se contentera de ses propres sandwiches)

Évidemment, il n’arrivera pas à vivre son quotidien 100 % open source, mais il explique qu’il sera intéressant de comprendre pourquoi tel ou tel domaine ne fonctionne pas, quitte à se demander si on ne pourrait quand même pas y mettre plus de transparence et d’ouverture. L’idée étant également d’apprendre à faire le maximum de choses par soi-même et de dresser un portrait vivant de la scène open source berlinoise, sûrement l’une des plus avancées en Europe aujourd’hui.

Une démarche expérimentale un peu naïve et très déjantée, à la limite du happening artistique, qui sera filmée au jour le jour et qui demande votre soutien sur un site de crowdfunding (cf aussi cette vidéo).

Nous en avons traduit le communiqué de presse ci-dessous.

Year Open Source

Une année Open Source

A year of Open Source

Sam Muirhead – 4 juillet 2012 – CP
(Traduction Framalang  : Evpok, Antoine et Goofy)

Bye-bye Apple, ciao Häagen-Dazs : Un cinéaste se lance dans une année entièrement Open Source

Le premier Août, le cinéaste berlinois Sam Muirhead abandonne tous ses biens sous copyright et ne garde de ses logiciels, équipements et services que ceux qui sont Open Source et ce pendant un an, servant ainsi de cobaye à sa propre série documentaire en ligne.

Sam Muirhead a pour objectif d’attirer l’attention sur les produits et les principes de l’open source et de susciter l’intérêt du grand public.

«  Je n’ai aucune compétence particulière pour les nouvelles technologies, je veux donc montrer aux gens que l’Open Source n’est pas que pour les hackers — c’est un concept qui s’applique à tous les aspects de la vie  ».

Internet à profondément changé le monde du cinéma en créant de nouveaux moyens de financement, de distribution et de production. En se servant de ces nouvelles méthodes, Muirhead explore une autre grande idée issue d’Internet  : l’Open Source et son effet sur le monde réel.

Le concept d’Open Source vient du monde du logiciel  : le navigateur Firefox, le système d’exploitation Linux et la plus grande part de la structure d’Internet sont développés collaborativement et distribués sous des licences Open Source. Muirhead s’intéresse plus généralement à la philosophie de l’Open Source  : en tant qu’alternative au copyright, elle donne accès aux plans et aux méthodes utilisées pour réaliser un produit. Cela signifie que les utilisateurs peuvent l’adapter selon leurs propres besoins et le redistribuer. Cette idée s’est déjà étendue à d’autres domaines que le logiciel, de Wikipédia à la robotique en passant par la conception de tracteurs.

La vitesse d’évolution des technologies signifie qu’un long-métrage traditionnel sur l’Open Source est impossible  : au moment où il serait distribué il serait déjà obsolète.

Muirhead va suivre la philosophie du développement logiciel «  distribuer tôt, mettre à jour souvent  » (release early, release often) pour la production de son documentaire. Avec de nouvelles vidéos et de nouveaux projets publiés chaque semaine, le résultat sera un portrait évolutif de l’Open Source et permettra à la communauté de participer au projet à mesure qu’il avancera.

Le projet est financé par la communauté Internet, avec une campagne de crowdfounding sur le site IndieGoGo visant les 20.000$ en 37 jours. Muirhead compte faire ses propres jeans, chaussures, brosses à dents et meubles Open Source (et en distribuer les plans)  ; il utilisera des méthodes pédagogiques Open Source pour apprendre le turc, évitera la nourriture issue de semences brevetées et abandonnera les logiciels et produits Apple.

Mais son idée est aussi de s’amuser avec ce projet. Passer certaines choses, comme la contraception ou les soins dentaires, en Open Source serait certainement aussi risible que dangereux.

Si on lui demande ce qu’il espère réaliser en ne se servant que de solutions Open Source pour tous les aspects de sa vie, Muirhead répond «  L’Open Source est une façon fascinante de collaborer, mais la plupart des gens pensent que c’est réservé aux logiciels. En appliquant le concept au monde réel et en l’adaptant à la vie de tous les jours, j’espère que les gens se rendront compte que l’Open source peut marcher aussi pour leur propre vie quotidienne  ».

Il pense que c’est aussi une approche de journaliste  : «  Je veux montrer les problèmes que posent les systèmes actuels de copyright et de brevets. Toutes les semaines, Apple, Google et Samsung se lancent à la figure des procès à plusieurs millons de dollars, alors que leurs objectifs sont les mêmes. Au contraire, dans la communauté Open Source il y a un principe qui dit qu’il vaut mieux se tenir sur les épaules de ses concurrents que sur leurs orteils  ». Ce projet permettra de montrer les réussites des entreprises et des individus travaillant en Open Source et d’étudier leurs business models.

Year Open Source

-> Pour soutenir le projet et en savoir plus…

11 Responses

  1. vvillenave

    … Et au passage, on se retrouve à devoir passer par IndieGogo et autres KickStarter. Les intermédiaires de demain seront-ils plus éthiques que ceux d’hier ?

  2. dormomuso

    Hihihih.
    Sa vidéo est en CC by-NC-sa…

    Tant mieux, cela signifie qu’il n’est pas au bout de ses découvertes : il n’a pas encore saisi l’étendu de la puissance subversive du copyleft…

    Certes, il faut chaque jour ré-inventer l’open-source, mais ça m’étonnerait que la très floue clause « Commerce Réservé » en soit une révolution pertinente. L’idée n’est pas de détruire la monnaie (du moins pas tout de suite) mais plutôt de contaminer le système économique avec nos idées de partage, de transparence et de coopération.

    à ce propos, y-a-t-il déjà eu un article sur le design libre sur Framablog ?
    http://thsf.tetalab.org/videos/chri
    http://strabic.fr/Vers-un-design-li
    http://designlibre.org/

  3. Peck

    « Passer certaines choses, comme la contraception ou les soins dentaires, en Open Source serait certainement aussi risible que dangereux. »

    Je ne vois pas pourquoi. Avec l’opensource, on sait comment c’est fait, ça ne veut pas dire qu’on est capable de tout faire nous même, ni même que c’est nous qui le faisons.

  4. Incontinentia Buttocks

    @peck:
    Et si t’as envie de donner un coup de zizi à ta copine, tu vas chercher un fabricant de pilules d’accord de te donner toute la doc sur comment ils les fabriquent ? Ou tu passe au côté obscur ?

  5. samoos

    Je ne parle pas bien le français – premier en anglais – puis une traduction:
    dormomuso, thanks for commenting – the non-copyleft / nonfree nature of the NonCommercial license has been pointed out to me, and I’m very happy to say that now all my videos will be CC-Attribution-ShareAlike. (I’ve also changed the symbol in the indiegogo video to reflect the change – http://www.indiegogo.com/yearofopensource)
    This kind of issue is exactly the thing I welcome discussion on, and it’s something I want to cover in my project as well. With the huge amount of different ‘open source’ licenses available it can be difficult to evaluate the relative merits of each one.
    lesson learned!

    dormomuso, merci pour commenter – le caractère non-copyleft / nonfree de la licence NonCommercial a été souligné à moi, et je suis très heureux de dire que maintenant tous mes vidéos seront CC-Attribution-ShareAlike. (J’ai aussi changé le symbole dans la vidéo indiegogo pour refléter le changement – http://www.indiegogo.com/yearofopensource)
    Ce genre de problème est exactement la chose je me réjouis de discussion sur, et c’est quelque chose que je veux aborder dans mon projet ainsi. Avec l’énorme quantité de licences disponibles différente ‘open source’, il peut être difficile d’évaluer les mérites relatifs de chacune d’elles.
    leçon apprise!

  6. lilian

    démarche très interessante.

    @vvillenave: il est possible de créer son propre site de crowdfunding en utilisant le logiciel libre WordPress et une module (payant) pour ensuite pouvoir collecter des financements sans intermédiaires: http://toc-arts.org/blog/2012/05/26

  7. rjadot

    Mais alors, l’Open-Cola… C’est bon ou pas ?
    Parce que vu la galère pour en faire, il faut que ça en vaille le coup 🙂

  8. freem

    Hum…
    Il a du bol, il existe depuis peu des « PC » aux plans publiés… quoique, je ne suis pas persuadé que les méthodes de fabrication des composants le soient, elles.
    Ensuite, il restera le problème du transport, aussi, qui risque d’être trèèèès dur à résoudre.

    De nos jours, l’open source n’existe que de façon numérique, parce que le secret industriel est encore universel.

    Ah, j’oubliais…
    Il serait intéressant qu’il y ait des sous-titres, puisque tout le monde ne parle pas anglais. Ou certains le parlent plus ou moins bien. Les sous-titres sont quelque chose de traduisible et transcriptible aisément. Un peu comme les « commentaires doxygen » dans le code d’un programme si on veut.
    Si ce projet est réellement amené à partir (je ne peux me départir d’un doute) alors il serait bien plus efficace pour en favoriser les modifications d’avoir des sous-titres. Parce que c’est aussi ça, l’esprit de l’open-source: encourager les modifications et traductions.

    Cela dis, si cette émission permet d’ouvrir l’esprit des gens aux fait que la fermeture n’est pas signe de richesse, alors tant mieux.

  9. samoos

    Absolutely! I also think subtitles are very important and the working method you suggest is a great idea.
    I will work this week on providing subtitles for my IndieGoGo video, although with Vimeo that probably means re-exporting the entire file. (but then, Vimeo will not be used for the year project anyway – it is only used because IndieGoGo accepts Vimeo files.)
    I will look into methods for providing subtitles for translation during the project as well, if anybody has any suggestions for open source video hosting & subtitle creation, please let me know!

    Absolument! Je pense aussi que les sous-titres sont très importants et la méthode de travail que vous proposez est une excellente idée.
    Je vais travailler cette semaine sur la fourniture de sous-titres pour ma vidéo IndieGoGo, mais avec Vimeo qui signifie probablement re-exporter la totalité du fichier. (mais alors, Vimeo ne sera pas utilisé pour le projet d’un an de toute façon – il est seulement utilisé parce IndieGoGo accepte les fichiers Vimeo.)
    Je vais examiner les méthodes pour fournir les sous-titres pour la traduction au cours du projet ainsi, si quelqu’un a des suggestions pour l’hébergement ouvert la source vidéo et la création de sous-titres, s’il vous plaît faites le moi savoir!

  10. Slystone

    Bonjour samoos

    Tout d’abord bravo pour ton intiative, et ton français est très bien.
    Sinon pour la question des sous-titres, il y a Universal Subtitles qui est très bien (http://www.universalsubtitles.org/e…). C’est toujours marrant d’avoir des news des différentes œuvres. Par exemple j’avais sous-titré une vidéo sur les 15 ans de Linux avec d’autres personnes, et j’ai dernièrement reçu un email m’informant que quelqu’un d’autre a commencé une traduction vers l’arabe. ^^
    Passe ici quand tu veux. 😉