Comment rémunérer les artistes n’est pas une question mais une insulte

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La réponse de Rick Falkvinge à la sempiternelle question de la rémunération de la création qui arrive instantanément dans la bouche de certains dès que l’on parle de partage de la culture sur Internet…

Torley - CC by-sa

«  Comment faudrait-il payer les artistes  ?  » n’est pas une question, c’est une insulte.

“How Should Artists Get Paid ?” Isn’t a Question, it’s an Insult

Rick Falkvinge – 18 août 2013 – TorrentFreak
(Traduction  : raphaelmartin, La goule, farlistener, mathilde, maxlath, Naar, @zessx, AmoK, audionuma, Jeey, GregR, Penguin + anonymes)

Une question revient sans cesse dans le débat sur le partage de la culture et du savoir en violation du monopole sur les droits d’auteur. Mais à bien y réfléchir ce n’est pas tant une question qu’une insulte à tous les artistes.

Nous avons tous entendu les objections face au partage de la culture et du savoir de nombreuses fois  : «  Comment les artistes seront-ils rémunérés si vous copiez leurs créations sans les rétribuer  ?  »

Cette question est délirante à plus d’un titre.

Premièrement, les artistes qui sont copiés sont rémunérés, non pas sur les ventes de ces copies mais par d’autres moyens. J’encourage par exemple la copie de mon guide de management Swarmwise, parce que je sais que la diffusion du livre entraîne d’autres formes de revenus. Selon une étude norvégienne, le revenu moyen des musiciens a augmenté de 114 % depuis que les gens ont commencé à partager la culture en ligne à une grande échelle. D’autres études confirment cette observation.

Deuxièmement, même s’ils ne sont pas payés, les personnes qui partagent ne portent aucune responsabilité sur le modèle économique des entrepreneurs. C’est ce que deviennent les artistes dès lors qu’ils vont gratter leur guitare dans la cuisine en espérant vendre leurs créations  : des entrepreneurs. Les même règles s’appliquent aussi bien à eux qu’à tout autre entrepreneur sur la planète  : personne ne leur est redevable d’une vente, ils doivent proposer un produit que quelqu’un veut acheter. Veut. Acheter. Pas d’excuses, rien n’est dû, ce sont juste les affaires.

Troisièmement, nous ne vivons pas dans une économie planifiée. Personne n’est tenu de savoir d’où viendra le salaire d’une autre personne. En Union Soviétique, vous pouviez dire à Vladimir Sklyarov que ses pincements de guitare étaient hautement artistiques (autrement dit que personne ne les aimait) et que son prochain salaire serait versé par le Bureau des Arts Incompréhensibles, mais nous ne vivons pas dans une économie planifiée. Nous vivons dans une économie de marché. Chacun est responsable de son salaire, de trouver un moyen de gagner de l’argent en produisant de la valeur que quelqu’un d’autre veut acheter. Veut. Acheter. Pas d’excuses, rien n’est dû.

Quatrièmement, quand bien même ces entrepreneurs mériteraient de l’argent (comme par enchantement puisqu’en réalité ils ne réalisent concrètement aucune vente), le contrôle de ce que les gens se partagent ne pourrait être concrétisé sans démanteler le secret des correspondances, en surveillant chaque mot communiqué. Or les libertés fondamentales passent toujours avant le profit de qui que ce soit. Nous n’avons jamais déterminé ce que devaient être les libertés individuelles sur la base de qui pourrait en tirer profit et qui ne le pourrait pas.

Mais allons au fond du problème. Ce n’est pas une question, c’est une insulte. Une de celles qui dure depuis aussi longtemps que l’art existe lui-même, du fait que les artistes ont besoin ou même méritent d’être rémunérés. Aucun artiste ne pense en ces termes. Ceux qui le font sont les intermédiaires commerciaux parasites que l’on retrouve défendant le monopole du droit d’auteur, puis laissant les artistes et leurs fans à sec, se frottant les mains sur le chemin de la banque alors qu’ils exploitent impitoyablement un système de monopole légal  : le monopole du copyright.

Une insulte qui a existé de tout temps dans l’histoire de l’Art. Une insulte entre artistes qui discrédite l’art de quelqu’un, sous-entendant qu’il ne mérite même pas d’être appelé un artiste. Cette insulte est  : «  Tu fais ça pour l’argent.  »

«  Comment doivent-être payés les artistes  ?  », est une question qui induit que les artistes ne veulent pas jouer ou créer autrement que pour de l’argent, ce qui constitue une insulte très grave.

Il est une raison pour laquelle «  se vendre  » est un terme fortement négatif en art. Une large majorité des artistes font la gueule quand on leur demande s’ils jouent pour de l’argent  ; c’est, je me répète, une insulte grave. L’idée toujours rabâchée qu’on ne crée pas de culture si l’on n’est pas payé en retour vient de ceux qui exploitent les artistes, et jamais des artistes eux-mêmes.

Après tout, si nous créons, ce n’est pas parce que nous pouvons en tirer de l’argent à titre individuel, mais grâce à ce que nous sommes, ce dont nous sommes faits, comment nous sommes connectés. Nous créons depuis que nous avons appris à mettre de la peinture rouge sur les parois des cavernes. Nous sommes des animaux culturels. La culture a toujours fait partie de notre civilisation, qu’elle soit rémunérée ou non.

Si un artiste veut vendre ses biens ou ses services et devenir un entrepreneur, je lui souhaite toute la chance et le succès du monde. Mais les affaires sont les affaires, et il n’y a rien qui assure à un entrepreneur de vendre.

Crédit photo  : Torley (Creative Commons By-Sa)

42 Responses

  1. pwpw

    Hum… Il faut quand même avouer que c’est un brin compliqué de réaliser un film comme « Avengers » à perte, uniquement pour l’amour de l’art 🙂

  2. JosephK

    « À perte » ? Que perd-on dans le processus créatif ?

    De plus, « Avengers » c’est de l’art ou de l’entertainment ?
    Un indice : les promoteurs de l’industrie du divertissement désignent ce type de film sous le terme de « franchise ».

  3. galex-713

    @pwpw : c’est un brin exagéré les sommes d’argents qu’on dépense dans les films à coté de touts les trucs utiles pour la société qu’on pourrait faire avec.

    Le jour où les acteurs joueront par plaisir et que de *bons* logiciels *libres* feront tout le boulot répétitif/compliqué/rébarbatif de façon automatisé comme le montage touts seuls on en reparlera. On a déjà un aperçu avec des webséries indépendantes qui utilisent des logiciels libres d’animation tridimensionelle (synthèse 3D) comme Blender et qui ne sont pas rémunérées.

    Sinon complètement d’accord avec l’article (que j’avais déjà lu en VO mais c’est toujours mieux en français).

  4. sevan

    Pendant longtemps, les artitstes dépendaient de mécènes (compositeurs, peintres,etc)
    Débarrassés du « problème » de l’argent, ils pouvaient créer sans y penser. Ça me paraît peu comparable à un artiste d’aujourd’hui.
    Le « de tout temps » est excessif du coup…

  5. J5012

    un film comme iron man n’est pas budgetise avant de savoir que ca va rapporter , et au moment ou le film est realise et lance, en fait il a deja rapporte ! : toute la chaine du tournage a la diffusion a gagne de l’argent : les producteurs sont rentres dans leurs finances, il est tres rare qu’un film fasse un tel bide, et que les benefices soient negatifs (meme les films de serie b et les films dits navets rapportent, c’est dire !), il ya eu bien sur dans le passe qqs exceptions qui n’ont rapporte aucun benefice mais le piratage n’y etant pour rien puisque n’existant pas encore ! et d’ailleurs ces films y gagneraient a etre diffuses maintenant (sauf que ce n’est pas le cas, les detenteurs pensant que ca n’en vaut pas la peine) …

    je vous rappelle qu’une copie de film , une fois tournee, ne coute quasiment rien avec les technologies d’aujourd’hui, idem pour la musique ou la photographie …

  6. Mister Citrik

    Maintenant, il ne faut pas mettre tous les artistes dans le même panier. Un groupe qui vient de se saigner pour enregistrer un album en studio dans des conditions optimales à besoin d’un retour € (avec la vente directe de son CD) pour essayer de s’y retrouver financièrement parlant. La copie est juste insupportable pour cette catégorie là.

  7. BlackTrust

    Assez utopique comme article, enfin, ça dépend ce qu’on appelle artiste effectivement. Dans ce cas là, les artistes d’aujourd’hui viendrais des milieux très fermés comme celui des galeries d’art ou de la musique contemporaine, où, pour le coup, les artistes sont quasiment tous prof, chef d’orchestre ou autres métiers dérivés. Et, quelque soit la qualité des productions des artistes de ces milieux, impossible de faire le Seigneur des anneaux, des tournées mondiales rentables etc… (bon, mon commentaire manque de chiffre…)

  8. Photonoxx

    Pour moi le problème est pris dans le mauvais sens.

    La question n’est pas majoritairement que les artistes (et assimilés) ne créer que pour l’argent, même s’il en existe certains comme ça, en général les plus connus et les moins à plaindre.

    La question, pour moi, est que pour « créer » on a besoin de temps et d’un minimum de moyens, mais que par ailleurs, on a aussi besoin de se loger et de se nourrir, et, non, on ne crée pas pour de l’argent, mais on a besoin d’argent pour vivre.

    L’argument de « que le public veut acheter » et un peu facile selon moi, car le public consomme des contenus, tout le temps, seulement, à son niveau, ça ne justifie pas une transaction financière : comment chiffrerait-on l’affichage d’une photo pendant 10 secondes ? Par contre, si l’on considère que cette photo sera regardée par 10.000 personnes pendant 10 secondes… ça devient différent.

    Dans ce cas, un type de « rémunération » de type contribution créative n’est pas si bête, elle ne doit pas être pensée pour faire des artistes riches ou compenser les ventes non faites de Avengers (en plus c’est vraiment creux comme film), mais apporter une base à tous ceux qui participent à la richesse culturelle et artistique du web. Restera aux artistes qui veulent devenir riches de se vendre comme c’est déjà le cas aujourd’hui.

  9. Dworkin

    Pour faire des films distribués sous licence libre, qui me coutent un temps complètement fou (et plus de la moitié de mon salaire de doctorant) pour un résultat qui reste amateur, je peux dire que faire du cinema pour l’amour de l’art, ça se fait, mais ça ne donnera jamais de rendu professionnel. Sans aller chercher du coté des superproductions, il faut avoir en tête qu’un film français à « indépendant à petit budget », c’est plusieurs centaines de milliers d’euros (et qu’en théorie, si on respectait le droit du travail, il en faudrait beaucoup plus).
    Je suis du parti pirate, je défend la liberté de partager, mais croire que le cinema va continuer à faire les même films qu’avant avec des gens qui bossent pour l’amour de l’art, c’est assez naïf. Il faut vraiment inventer de nouveaux moyens de financer la culture.
    Sinon, @galex-713, le montage est une tache artistique, donc impossible de la déléguer à un logiciel qui le fait à ta place.

  10. Ginko

    Dans l’absolu Falkvinge a tout à fait raison : qui dit art dit point de vue, représentation, mise en scène. A partir du moment où un artiste dépend de quelqu’un (un mécène, un gouvernement, un public), on peut se poser des questions sur l’influence de cette dépendance sur le point de vue qu’il nous propose.

    L’artiste parfait doit donc être financièrement indépendant. Évidemment, cet artiste parfait n’est rien d’autre qu’une abstraction.

    Dans la vraie vie, si un artiste veut vivre de son art (à un certain niveau, ça devient nécessaire, mais ce n’est évidemment pas le cas pour tout le monde. Une large par de l’art est produit sur le temps de loisir des gens), selon le point de vue de Falkvinge, il doit s’insérer comme n’importe qui d’autre dans le marché. Or ça n’est pas bénin : cela veut dire que cet artiste doit s’astreindre à produire de la marchandise : qu’il doit tordre son art pour qu’il plaise à un public.

    La question que Falkvinge choisit d’éluder en prenant un point de vue fort mais abstrait (par ailleurs, un point de départ que beaucoup oublient dans les dédales du débat), est bien : « Quelle(s) solution(s) d(e) (in)dépendance financière souhaite-t-on proposer aux gens (= potentiels artistes) ? ».

    A mon sens la meilleure réponse que l’on puisse apporter à cette question, c’est le dividende universel qui est censé donner une base solide pour répondre à cette question de l’indépendance financière. Étant agnostique quand à l’activité, elle influe très peu sur la vision que peut nous proposer un artiste financé au moins en partie de cette façon.

  11. Samizdat

    Je trouve le procédé culotté : un informaticien nous explique comment doivent penser les artistes… C’est pratique, çà évite de débattre. Question subsidiaire à l’auteur : après le vœux de pauvreté, les artistes doivent ils également faire vœux de chasteté ?

    La conclusion de l’article est une belle définition du libéralisme économique. Si tu ne sais pas gérer ton entreprise, c’est que tu n’es pas un artiste intéressant.

    Et la responsabilité du consommateur dans tout çà ? Totalement éclipsée… Pourtant la dictature du peuple, çà reste une dictature…

  12. dok

    Un bien beau torchon, c’est sidérant. Complètement d’accord avec Samizdat.
    Un rappel sur la valeur sacrée de l’art, ô combien incompatible avec l’argent avec du libéralisme bien simplet et neuneu.

    « L’idée toujours rabâchée qu’on ne crée pas de culture si l’on n’est pas payé en retour vient de ceux qui exploitent les artistes, et jamais des artistes eux-mêmes. » >> t’as pêché ça où coco ? Ouvre les yeux et les oreilles, et intéressent-toi un peu plus aux artistes avant d’avance de telles choses.

  13. kik

    Facile à écrire comme toujours… Et très utopique, typique du gars qui ne bosse pas ou qui est dans un bureau et n’a jamais connu le vrai travail à la sueur de son front.

    Encore le même argument pourri pour s’octroyer le droit de télécharger/voler des logiciels/films/musiques/textes sans rémunérer leur auteur.

  14. Takhiarel

    C’est assez foutage de gueule cet article.
    Ça part du postulat que tous les artistes prennent « tu fais ça pour de l’argent » comme une insulte. Ce qui n’est pas vrai.
    Les artistes à qui vous demandez « Et sinon, tu as un vrai métier à côté ? », ne vous plaignez pas s’ils vous collent un pain.

    Donc oui, une majorité d’artistes travaille *AUSSI* comme tout le monde.
    Donc oui, ils le font pour l’argent.

  15. Dave

    C’est du 3e degré ça non? Mon conjoint est artiste et ouais, on joue pour de l’argent. Je connais peu de musiciens classiques prêts à se taper des heures de répets de Mozart, Tchaikovsky et autres, ayant sacrifié leur jeunesse à l’étude et la maîtrise d’un instrument pour le prix d’un sandwich. Cet article est idiot. L’insulte suprême est « De toutes façons, vous faites cela pour le plaisir » et c’est ce que ce ramassi de bétises insinue.

  16. Ruxhart

    Le gros problème de Falkvinge, c’est d’adhérer au mythe que l’art n’est pur que s’il est créé en dehors de toute volonté de gagner de l’argent. Comme il a déjà été mentionné ici, c’est bien beau, mais comment les artiste vivent-ils si ce n’est de leur art ? Les entrepreneurs, comme il appelle les artistes qui veulent être rémunérés pour leur art, n’ont-ils justement pas le droit de gagner de l’argent par leurs qualifications (artistiques, donc) ? Aucune vente n’est dûe, certes. Mais, premièrement toute autre manière de gagner de l’argent qu’une vente est écartée de cet article, pour bien appuyer que « le droit d’auteur, c’est mal » alors que bon nombre d’artistes cherchent à vivre d’autre chose que des droits d’auteur (et n’ont réalistiquement pas d’autre choix). Exemple : tout graphiste. Deuxièmement, c’est lui-même qui entretien un mythe, celui de l’artiste qui fait tout par amour de l’art et qui n’aurait pas besoin d’argent pour vivre. Et qu’est-ce qu’on obtient quand ce mythe est en action ? Des choses comme ça :
    http://monmacon.tumblr.com
    http://gratuiste.tumblr.com/
    http://salut-l-artiste.tumblr.com/
    Etc. ad nauseam
    Ces exemples n’existent que parce que les clients des artistes ont cette idée fausse que les artistes n’ont pas besoin/envie d’être rémunéré. Je pense que sa vision des artistes est très très réduite et donc forcément fausse. Un artiste n’est pas quelqu’un qui fait quelque chose pour l’amour de l’art uniquement. C’est quelqu’un qui fait quelque chose parce qu’il aime ça et qui aimerait bien continuer à le faire et pour ça, il aurait besoin de manger, d’avoir un toit, bref, d’argent. Ce n’est pas monstrueux que de vouloir vivre.

  17. ttoine

    @Mister Citrik: dans le point de cet article, le groupe va vendre le support (le disque, donc), pas la musique dessus. Et d’une certaine façon, le coût de l’enregistrement est un investissement pour devenir entrepreneur et vendre des disques. L’auteur ne prend pas en compte le fait que si le groupe a envie de partager sa musique, il va devoir l’enregistrer. Et que réaliser un enregistrement de qualité a un coût qui a certes diminué puisque l’autoproduction devient accessible, mais qui est encore important.

    Ce qui créé un problème plus large que la musique: comment diffuser avec qualité les réalisations d’un artiste pauvre mais talentueux. D’autre part, comment un artiste avec un projet ambitieux, nécessitant du temps et du matériel, voire des compétences, peut-il espérer réaliser sa création sans pouvoir avoir les moyens de payer ce temps, ce matériel et les personnes ayant les compétences dont il a besoin ?

    Je rejoins donc Photonoxx en partie. Tout le monde n’a pas envie de devenir entrepreneur. Mais un artiste peut avoir envie de réaliser des créations de qualité. Et il faut pour cela de l’argent. Le copyright a apporté en partie une solution à ce problème. Quelle nouvelle solution pour le remplacer ?

  18. Kurun

    Franchement, autant les DRM sont insupportables et Hadopi une farce coûteuse, autant ce genre de discours me semble du pipeau complet.

    Quand je vois des bouquins numériques édités par des éditeurs comme publie.net, sans DRM, à un prix parfaitement abordable (entre 0 et 5 euros), se retrouver sur TeamALexandriz, ça me fout en rogne.

    Oui, assez prosaïquement, un artiste a besoin de bouffer et de payer ses factures. Ce n’est pas un être immatériel, il fait même caca, figurez-vous! Je vous renvoie à l’excellent article de Neil Jomunsi (http://actualitte.com/blog/projetbr… ) sur cet aspect du métier d’écrivain.

    Oui, écrire c’est un métier, comme faire de la musique ou des films et un écrivain peut, si vous voulez, être comparé à un entrepreneur. Seulement, la comparaison que faire l’auteur de l’article est assez mal choisie :  » ils doivent proposer un produit que quelqu’un veut acheter. ». OK, mais quand on télécharge sans payer un livre, une oeuvre que l’entrepreneur a voulu vendre, on fait quoi? On ne dis pas à l’artiste, « ton oeuvre c’est de la merde en barre, je n’en veux pas », on lui dit « ton oeuvre me plaît, je vais la lire ou l’écouter mais je ne te donnerai rien pour le plaisir que tu vas me donner (et te payer est une insulte, pourquoi pas) ».

    Il faut quand même être assez fort et gonflé pour piquer le travail que quelqu’un, le mettre à disposition et ensuite dire à l’auteur : « on est sympa avec toi, on te file un peu de blé à notre convenance ». C’est ce que fait Team Alexandriz : http://www.actualitte.com/legislati… Désolé, mais je trouve cette idée de la liberté assez gerbante. Pour moi, c’est du racket pur et simple. On remplace les maquereaux que sont les maisons de disque ou les éditeurs( français) par d’autres maquereaux. Par pitié, ne venez pas alors vous posez en défenseur de la liberté.

  19. Samizdat

    Je pense qu’il faut distinguer « savoir » et « art ». Le Logiciel Libre a surtout voulu favoriser la diffusion libre, gratuite et inconditionnelle du « savoir » mais il n’est pas forcément légitime pour la diffusion de « l’art ». Dans un cas, il s’agit de « bien commun » (le savoir) et dans un autre cas il s’agit d’un bien personnel (l’oeuvre artistique et culturelle). Le savoir est utile socialement alors que l’art n’est que du plaisir personnel.

    Oui, le savoir c’est-à-dire les dictionnaires, les encyclopédies, les formules mathématiques, les lois de la physique, l’histoire,… doivent être diffusés au maximum donc gratuitement car cette diffusion lutte contre l’obscurantisme et améliore la citoyenneté des gens. Par contre, l’art est un plaisir certes agréable mais pas crucial pour le fonctionnement commun de la société. L’art est facultatif et rentre donc plutôt dans le champ du marché commercial.

    P.S : Libre à chaque artiste de vouloir au cas par cas rendre son œuvre gratuite…. mais uniquement si il donne son consentement.

  20. pierreghz

    Le nombre de défenseurs de la propriété intellectuelle qui fréquente ces lieux me rend malade. Et les libristes se croient mieux que les majors?? …

  21. Dimitri

    J’avoue que cet article m’a fait tiquer (mais c’était le but, j’en conviens) et, comme Ginko, j’ai tout de suite pensé au revenu universel. Car la question éludée ici c’est comment vivent les gens (et pas seulement les artistes) pour pratiquer une activité non quantifiable ?
    Et paf, voilà que le site http://revenudebase.info relaie un article au sujet du revenu de base et des artistes : « Revenu de base, éducation populaire et création » – http://www.festivalier.net/2013/08/

  22. rosselin

    Billet marrant. Reste que si les artistes ne peuvent se nourrir, leur espèce est condamnée. Ils doivent donc être préservée d’une manière ou d’une autre par la collectivité qui en a besoin, à défaut d’être « rémunérés ».

  23. patapouff

    Oui rosselin, l’artiste « pro », celui qui créée pour vendre et gagner sa pitance, il est condamné, c’est la chaîne de l’ouvrier qui l’attend : l’industrie.
    Pour les artiste non-pro, ou plutôt l’amateur, celui que les pro aiment lui cracher à la tronche au passage, lui il peut toujours s’en sortir: il sait faire autre chose des ses doigts et son cortex cérébral à coté, nul besoin de se prostituer dans son processus de création, il le fait à coté.

    Samizdat a dit: « Le savoir est utile socialement alors que l’art n’est que du plaisir personnel. » Et après ça, il y en a qui veulent en vivre… MDR !

  24. abcdef

    L’auteur de cet article me semble incohérent, il revendique la liberté du public tout en accusant ceux qui veulent gagner leur vie par leurs œuvres de ne pas être des « vrais. »
    Il prend le problème à l’envers. Selon moi, les artistes ne devraient pas être rémunérés après mais avant d’avoir travaillé. Conséquences :
    — Le droit d’auteur devient anachronique. Par la même occasion, tout partage de la culture devient légal et elle devient accessible à tous.
    — La forme de la rente change : l’artiste est rémunéré parce que son public le pense capable de créer des œuvres intéressantes et ne peut pas se reposer sur ses lauriers. À la place, il peut au pire faire croire à ses producteurs qu’il travaille, supercherie rapidement dévoilée provoquant l’arrêt du financement.
    Ce système me semble bien plus sain. À l’inverse du piratage, il fait disparaître le droit d’auteur, concept fondamentalement inapplicable et totalitaire, tout en permettant le libre partage de la culture, la rémunération et la compétition des artistes. On évite également le piège de la licence globale qui empêche le public de choisir lesquels il finance.

  25. bobo38

    Vive le mécénat collectif… À quand une plateforme pour faire du mécénat sous conditions que la production soit sous licence libre ? (je ne sais pas si une telle solution existe… mais ce serait top : dans la catégorie payer les artistes avant, je ne sais pas combien serait prélever au passage ni si c’est juridiquement viable)

  26. Eric

    Non mais autant sur la réforme du droit d’auteur et sur la potentielle évolution de la rémunération des auteurs qui en découle, je rejoins probablement ; autant sur le fait que la rémunération d’acteurs professionnels ne doit pas avoir priorité sur les droits et équilibres négociés au niveau de la société, je rejoins totalement ; autant considérer que parler rémunération est une insulte c’est juste… débile.

    Bien sûr que si que les artistes (peut-on parler d’auteurs ? la connotation sera plus proche de ce qui est règlementé par le droit d’auteur, on faussera moins les discours) considèrent qu’ils ont besoin et méritent d’être rémunérés. Si vous pensez qu’il en est autrement, prenez 50 créations / oeuvres d’art qui vous semblent les plus marquantes pour la société et la culture dans toute l’histoire. Comptes combien de ces auteurs étaient payés pour créer, quel que soit le modèle, et revenons discuter. Je parie que le chiffre dépasse facilement 40.

    Le meilleur moyen de torpiller les mouvements de réforme des droits d’auteur, c’est bien de propager cette vision d’art qui ne doit pas être lié à l’argent. Il y a plein de modèles possibles, plein d’équilibres. Il est même possible de dire que finalement et bien il n’y aura pas rémunération (si *vraiment* aucun modèle ne peut être trouvée et que l’alternative contreviendrait trop aux droits fondamentaux). Mais prétendre que les artistes n’en ont pas besoin, ne croient pas le mériter ou n’en attendent pas, c’est le meilleur moyen d’être considéré comme en dehors de la réalité.

  27. Zip

    Pourquoi l’artiste échapperait à la règle ? Alors faisons la même chose pour les informaticiens, que ceux qui utilisent leurs services (web, réseaux, programmation, sécurité, etc.) ne paient que s’ils le souhaitent. Si les geeks deviennent pauvres, c’est qu’ils sont mauvais… ou qu’ils n’ont pas encore trouvé comment monétiser leurs compétences.
    C’est une vision extrêmement romantique de l’artiste, à la Van Gogh, celle de l’artiste heureux de crever de faim et de froid pour mieux s’adonner à sa passion…

    Autant je suis pour une révolution dans le mode de rémunération des artistes et penche plutôt la disparition du droit d’auteur, autant je souhaite que l’on protège aussi les artistes pour le travail qu’ils font. Un paquet d’entre eux bosse comme des malades pour pas grand chose.

  28. Zergy

    « Or les libertés fondamentales passent toujours avant le profit de qui que ce soit. »
    Ah bon ? Depuis quand ?
    Il va valoir changer ça au plus vite alors, sinon, le Dieu Marché va être courroucé. Après tout, le flicage et l’emprisonnement c’est du business (du bouseness, je trouve personnellement), et il ne faut pas gêner des gentils zentrepreuneurs, sinon, c’est l’URSS.

  29. Ginko

    @Samizdat,

    Tu as bien tort de vouloir tout déposer dans des petites boîtes bien rangées.

    Non, la distinction que tu fais entre art et savoir n’est pas si évidente que tu le prétends. Non le savoir n’est pas forcément utile. Si, l’art est souvent socialement utile (un magnifique vecteur de messages et représentations !).

    Non l’art n’est pas facultatif. Imagine une société sans mode vestimentaire, sans films, sans musique, sans dessins, sans histoires. Moi je me tire une balle.

    @Dimitri,

    on y arrivera au revenu de base. Mon petit doigt me dit que les robots nous y aideront 🙂

  30. pouillot

    il a l’air de connaitre « les artistes » aussi bien qu’Albanel connait les firewall didon…

  31. jefaispeuralafoule

    L’art pour l’art n’est qu’un fantasme de potes jouant des reprises dans un garage… Plus on prend de l’essor dans son art, plus cela a un coût! Que ce soit le peintre, le sculpteur, le musicien… tout coûte quelque-chose, depuis l’organisation des expositions, que les déplacements d’un groupe, que la location d’une salle de concert, la production d’un disque…

    Je rappelle gentiment à l’auteur qu’il y a un aspect qui me dérange, surtout quand on parle musique! Quid de la distribution, de la mise en avant (promotion)? Qu’on arrête de me chanter les louanges de quelques « indes » très connus, la vérité est bien plus simple: sans une avance financière conséquente d’une société de production (donc une forme de « mécénat »), impossible ou presque d’arriver à ses fins. Et j’insiste sur un autre point encore plus vital encore: quand un artiste se donne vraiment totalement à son art, il aura de plus en plus de mal à pouvoir envisager tout travail à côté. De ce fait, un musicien qui passe des heures à travailler à l’instrument, le chanteur qui bosse sa voix ou ses textes, c’est du TRAVAIL, non rémunéré qui plus est…

    De plus, le discours du « le droit d’auteur est obsolète » me fout en rogne. Et pourquoi un artiste ne pourrait-il pas protéger correctement ses œuvres, pour éviter le plagiat, la reprise, bref pour préserver SON boulot? Que la SACEM soit une pompe à fric aux règles dégueulasses, admettons… Mais qu’on aille dire à celles et ceux qui vivent de l’art qu’ils doivent s’asseoir sur leur rétribution, il y a des limites à la bêtise.

    Depuis quand, sous prétexte d’être un artiste, devrait-on vivre d’amour et d’eau fraîche? La liberté, ce n’est pas se servir dans la gamelle de son voisin et lui dire « c’est la culture du partage mec ». Non. Ce qu’il faut, c’est réfléchir à une distribution simplifiée, débarrassée de la culture archaïque d’une économie de rareté, tout en faisant en sorte que tous les acteurs du marché y trouvent leur compte. Je n’ai rien contre les majors dès lors qu’elles font leur boulot avec les artistes (connus, moins connus, lancement d’inconnus…), j’ai à leur reprocher de coller de la DRM pour espérer endiguer quelque-chose qui ne peut être arrêté, à savoir la capacité de chaque connecté à récupérer des données pirates.

    Au final, c’est une belle accumulation de conneries, « oubliant » que le talent ne fait pas la notoriété, mais que pour autant celui qui réussit ne devrait pas être lésé sous prétexte qu’il faut partager à tout prix.

  32. Tumulte

    Ce brave Rick vit dans un monde parallèle… a regarder son CV, on comprend aisément pourquoi.

    Son argumentation n’est pertinente que quand on part du postulat que tout le monde à accès à un travail rémunérateur non aliénant (qui permet de subvenir à ses besoins avec une certaine marge tout en laissant du temps et de l’énergie disponible), ou si on instaure un vrai salaire universel. Or, si c’est peut-être vrai ne quand on est informaticien/politicien suédois, cela est parfaitement faux pour les 99% des gens pour qui aller à un cours de peinture une fois par semaine est un luxe.

    Le vrai problème est commun à toute la société : c’est un problème de répartition des richesses, un problème de répartition du travail…. le tout justifié par un élitisme nauséabond.

    Comment se fait-il qu’il y ai si peu de personnes pour trouver anormal qu’une minorité de musiciens s’accaparèrent toute la richesse alors que de si nombreuses salles ferment faute de moyen ?

  33. Samizdat

    @Ginko
    Effectivement, j’exagère un peu dans mes arguments mais c’est pour la démonstration. Je ne prone pas la suppression de l’art, des histoires, de la musique,… Je dis simplement que ce n’est pas trés grave si le domaine artistique fonctionne dans le monde commercial. Au contraire, ce serait trés grave si le savoir et l’éducation n’était plus un service public gratuit. Bref, je n’ai jamais été scandalisé de payer un ticket d’entrée au cinoche de mon quartier mais je serais choqué si je devais payer l’entrée de l’école.

    @Tumulte
    Effectivement, l’article se lit d’une manière différente si on part du postulat que tout le monde a déjà le minimum pour vivre. L’argent devient alors un moteur beaucoup moins important. Ces différents niveaux de motivations sont très bien expliqués par la Pyramide de Maslow : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pyrami

  34. jefaispeuralafoule

    On ne peut décemment pas mettre en regard un service public et un dispositif commercial. L’éducation nationale n’a pas pour rôle d’engendrer d’autre richesse que des élèves ayant validés un cursus scolaire, et donc validés un niveau d’étude déterminé… Alors que le commerce de la musique ou du cinéma ont des impératifs de rentabilité.

    Il me semble tout de même vital de ne jamais oublier qu’un artiste est comme n’importe qui, il ne peut pratiquer son art qu’à condition de trouver une source de rémunération pour vivre. Or, sorti du mécénat pur et dur, il n’y a que les maisons de disque… ou la prise de risque énorme avec ses propres réserves. Ce n’est ni à la portée de tous, ni vraiment validé dans les faits.
    Un petit exemple: Mano Solo a tenté, en son temps, de se débarrasser des majors avec son album « les animals ». Résultat: énormément de dépenses, de grosses difficultés pour être crédible lors de la distribution du produit fini, sans compter l’investissement rien que pour l’enregistrement! Donc de fait, il a reconnu de lui-même que les majors sont utiles au marché, mais qu’elles sont trop voraces, ni plus, ni moins.

  35. Vania

    Bonjour,

    Juste pour signaler une réaction très énervée à cet article, qui en démonte (certes c’est subjectif) la majorité des arguments :
    http://www.paumadou.com/blog/2013/0

    Et, oui, disclaimer, je suis un ami de l’auteure de ce billet, hein, je ne cherche pas à le cacher, je pense que ça n’est pas que de la pub, mais aussi une participation à la discussion 🙂

  36. gufftmachine

    Je suis ici par hasard, je cherchais des infos sur le minitel 2.0.

    Je suis profondément choqué par cet article. Je pense que dire des bêtises est en soi dans la nature, nous nous adonnons tous à cet exercice assez régulièrement, le problème c’est d’y croire mais surtout de les véhiculer. D’ailleurs j’ai même l’impression d’être déjà passé par ici. Quelle tristesse.

    Je viens d’aller chercher des cigarettes que je viens de payer 9 euros, parce qu’on est dimanche et qu’il est tard. J’ai enfin compris une chose. Vois-tu, j’allais répondre comme je le fais souvent, pour corriger certaines hérésies, et puis… allez… une dernière fois.

    Internet est de plus en plus fliqué, contrôlé, la culture peu à peu s’éteint, c’est un fait. Certains diront que c’est la faute de telles compagnies, organisations etc… Des conneries.
    Tous vous y aurez participé, à votre manière. Enfin la plupart n’en entendra même jamais parler.

    D’abord il faudrait définir ce qu’est un artiste. Ici je vais réduire le champ à celui de la musique et prendre comme postulat qu’il ne s’applique qu’à une partie de la création, qui est de l’ordre de la démarche, dans laquelle est Gufftmachine pour justifier mon pseudo mais je ne parle pas en son nom, c’est un projet en développement de deux ans, j’ai fait bien des choses avant cela.

    Jeune génération ou éternelles jeunesses, donc, souvent d’instrumentistes,compositeurs,producteurs,programmeurs et parfois même d’avantage encore. Un exemple : Siriusmo, pour parler d’une référence plus ou moins connue.
    Frange de la population musicale qui fournit des œuvres artisanales mais pas moins professionnelle, lorsqu’ils en ont les moyens. D’ailleurs son dernier opus, Enthusiast, en terme technique pure met la pâté à des mecs comme les Daft Punk, connus pourtant et seul argument de leur dernier album, le son.

    Ceci étant fait, j’espère réussir à te montrer à quel point ton propos est paradoxal, peu réfléchit et non vécu, risible de surcroît lorsque qu’on parle de gratuité dans les colonnes d’un torche cul dont le premier réflexe est l’appel au don. Déjà, je rigole. Je vois l’encart clignoté tout en bas à droite.

    La disparition du disque aura eu trois effets : la mort des artistes émergents que le stream est en train d’achever et l’apparition, premier paradoxe, des artistes commerçants/entrepreneurs. Ils ne t’ont pas attendu.

    Je m’explique.

    Lorsque j’ai démarré ma carrière dans le milieu musical, le schéma était simple. Chercher ceux qui investiraient dans un projet, et qui le faisaient parce que derrière ou devant, leur labels bénéficiaient de revenus importants provenant des ventes des têtes de ligne de leur catalogue.
    En gros l’idée c’était de produire de la merde grand public pour générer de l’argent pour produire des projets plus ambitieux en termes artistiques.Les acteurs font pareils, ils prêtent leurs corps à la publicité pour pouvoir prendre un rôle moins rémunéré que d’habitude, pour faire vivre le cinéma indépendant.
    Hors quand leurs revenus ont chuté, ce sont les investissements qu’ils ont supprimé, pas la merde grand publique. Les petits ont disparu et les gros sont restés. Quelque part c’est le publique qui paye la note, surtout les plus jeunes, mais j’y reviendrai.

    Alors oui, du coup, les artistes sont devenus commerçants puisque les mecs comme toi leur disent en quelque sorte: alors comme ça, tu joues de X instruments, ta connaissances de la musique s’étalent sur 5000 ans, tu écris, tu composes, tu arranges, tu enregistres, tu produis, tu sais faire tous ça en live et en gardant ton intégrité,bravo, c’est pas assez. Il faut aussi te mettre au web design, à Photoshop, à la com, à la compta et ton temps libre tu t’en serviras pour trouver des concepts marketing pertinents dans cette économie de marché où tu généreras ta fan base par une présence constante sur les réseaux sociaux de merde dont les données sont transmises à la NSA ou vendues au plus offrant.
    Certains l’ont fait, deuxième effet.

    Une journée pour tout le monde c’est 24h, un artiste bien qu’il ne soit pas regardant la dessus subit malgré tout cette limitation. Le temps passé sur le commerce, c’est du temps qu’il ne passe pas à la musique. Donc, le niveau a régresser. Si tu ne t’en rend pas compte, c’est peut être aussi que tu n’écoutes que de la merde.

    Le troisième effet, c’est l’apparition de nouveaux « métiers ». Entre guillemets parce que ces métiers existaient mais étaient organes de label. Ils sont devenus indépendants, ce sont les agences de communication que l’on paye, les attaché de presse (à plusieurs milliers d’euros par mois, tu comprendras pourquoi tu entends parlé de Jay-Z plus que de Caribou et je reste dans l’underground connu) + les services type Soundcloud, Youtube, payant eux aussi, si tu veux du résultat, personnellement je ne m’en sers pas..

    Deuxième paradoxe pour un blog comme le tien, en fait en écrivant ce torchon, tu travailles pour Google. Purement et simplement.

    Sur les revenus, la progression de X%, c’est pas parce que tu as lus trois blogs et deux fichiers Excel que t’as fais du journalisme. La musique est un secteur extrêmement segmenté, ceux qui donnent des cours, font du synch licensing , joue en orchestre etc.. ne sont pas les mêmes. Fais le calcul une fois de plus du temps, tu verras que même si on le voulait ce ne serait pas possible.

    Maintenant à un moment donné, il faut se rendre compte que Microsoft, l’état Français et tous les acteurs de ce secteurs ont besoins du piratage et que dans ces conditions et bien tu travailles aussi pour eux. C’est grâce à ça qu’ils font passer les DRM, Hadopi donc la police sur internet etc…Ils s’approprient tous les domaines d’un secteurs, la presse c’était déjà fait, après il fallait faire culpabiliser les gens pour arriver à un compromis, le stream qui revient à dire allez, pour 10 euros par mois, ça va. Sur le sujet je t’invite à lire les réflexions de gens comme Nigel Godrich qui lui même tire la sonnette d’alarme qui pourtant n’en subira que moyennement les conséquences.

    L’impact sur la jeunesse est le suivant. Maintenant qu’ils ont tout, et bien ils médiatisent ce qu’ils veulent. On est beaucoup à penser que dans un tel état de faits, bien des œuvres majeurs des 40 dernières années n’auraient même pas passé le cap de la démo.

    Pour conclure, je ne suis même pas contre le piratage simplement contre ton discours parce que d’autres sources moins scandaleuses révèlent ce que l’on savait déjà, ceux qui piratent sont aussi les plus gros acheteurs et que ce soit le peer to peer ou le stream illégal, les lois et les politiques corporatives n’ont absolument aucune légitimité.

    Enfin je m’excuse d’avance pour le ton un peu virulent, mais honnêtement j’en ai vraiment marre de lire tout et n’importe quoi écris par des gens qui n’ont en rien à foutre parce que à court terme, cela ne les concerne pas.
    Mais dis toi bien, je ne sais pas comment tu gagnes ta vie, mais toutes ces corporations, un jour, une fois la santé, l’éducation, la culture détruites n’exclus pas d’aller enfoncer d’autres portes. Peut être même la tienne. ce jour là peut être seras tu un peu moins naïf. Malheureusement il sera trop tard. Et ne t’en fais pas, le jour venu, d’autre incarnant le rôle que tu t’es donné aujourd’hui seront présent pour justifiés leurs actions.
    La guerre est sale et il n’y a jamais de vainqueurs à part ceux qui vendent les armes en espérant que l’on se tire dessus. Moi ce que j’espère, c’est que ce blog soit un blog fantômes écrist par une société défendant ses intérêts travestis dans un discours absurde. Dans un cas comme dans l’autre, je n’en serais pas fier à votre place.

    PS; je finirai par te dire que les victimes réels de ce marasme sont toi, le publique et les générations à venir. Parce que là où tu n’as pas tort, c’est que l’argent n’est qu’un besoin primaire pour nous, parce que nous aussi on paye un loyer, on se nourrit, désolé mais notre activité nous gratifie d’une rémunération immédiate sans équivalent. Notre activité emmène notre cerveau dans des régions où à mon avis peu sont allés, je t’envoie vers les études de cet homme , Mihaly Csikszentmihalyi, qui est sans doute le seul à avoir dis quelque chose d’intéressant sur le sujet.
    La seule différence est que vous n’en profiterez pas. A t’écouter la musique ne se suffit pas à elle même, si tu le penses vraiment, analyse toi et cherche les manques dans ta discothèque. A mon avis tu ne te nourris pas aux sources les plus enivrantes.

    Ce que je veux dire, c’est que la musique se vend parce qu’on est dans un modèle de société actuel qui se résume à pas d’argent=rien, que si on veut des gens qui mènent leurs recherches honnêtement, il faut leur assurer une survie physique, donc les soutenir, l’argent n’est d’ailleurs pas le seul moyen,mais avant tout, nous vous faisons profiter d’une expérience unique à laquelle vous n’auriez pas goûté sinon. Créer c’est un don de soi. Nous partageons nos créations. Elles existent même sans vous. C’est un cadeau. Que vous cherchiez à masquer votre collaboration ou laver votre conscience au nom d’un gauchisme utopique ne vous excuse en rien.

    J’ai malgré tout l’espoir de la culture gratuite, l’énergie autonome etc…
    Mais cela reste un avenir. Mon loyer lui est bien réel et bien présent.
    Et je pense aux vues des manifestations ou du climat en général qu’on nous en demande énormément alors que vous n’en feriez pas vous même le dixième. Que si on vous supprimait votre chèque de fin de moi vous refuseriez de bosser. Mon activité, même lorsqu’elle est rémunéré garde un aspect gratuit dont le publique n’a jamais connaissance et dont personne en se plaint parce que le temps consacré à cela est en or et je plaint ceux qui n’auront jamais d’expérience de ce choix.
    Nous avons deux équivalents, les chercheurs de tous horizons et les artisans du monde libre.
    J’espère au moins que tu fais partie de l’un des trois.

  37. jcfrog

    j’ai le sentiment que Falkvinge aime plus les artistes que les artistes aiment Falkvinge 🙂

  38. Marc

    Un texte confus et faux. Un artiste peut vouloir gagner de l’argent avec son art, pour pouvoir exercer son art. Poser la question du gagne-pain n’est donc pas une insulte, c’est plutôt l’auteur de ce texte qui a des problèmes avec l’argent et qui fait des raccourcis qui insultent l’intelligence des lecteurs.

  39. Sammy

    Un artiste doit pouvoir avoir des revenus comme le maçon, le pâtissier…tout le monde.
    Mais en aucun cas il n’est écrit dans le marbre que l’artiste doit vivre DE SON ART.

    Il peut si il le souhaite tenter de le faire, ou avoir un métier suffisamment rémunéré à côté, mais à l’heure actuelle c’est un choix difficile.

    Je ne dit pas qu’artiste n’est pas un métier dans le sens où cela demande souvent beaucoup d’investissement personnel, de compétence, tout ca, attention. Mais si tu choisit sciemment de vivre de ton art tu choisit aussi le fait que ton revenu dépende de ton public et donc soit aléatoire, contrairement à un employé pour qui le salaire tombe tout les mois (et encore, beaucoup d’emploi ont des part variables dans la rémunération)
    Et si tu n’a pas le temps de concilier artiste et <profession autre>, et bien c’est la vie. Tu choisis.

    C’est le lot de la majorité des artistes la galère, tout de même, et même avant le niveau de piratage actuel. Se trouver aveuglé par le succès d’une minorité éclipserait-il donc le bon sens?

    Imaginons une sorte de « licence globale ». Ais je envie moi de financer ce « choix » de vie?
    Tout les artistes qui arrivent a vivre de leur art sont conscients que c’est rare, un luxe dans leur profession (ca ressort dans toutes les interview).
    Je n’ai aucun soucis moral pour financer les aides, la sécu, mais quand il s’agit d’aider « l’art » …Excusez moi, c’est quand même vague, l’art. Et surtout l’art est purement subjectif.

    Qui décide si ce que je fait est de l’art? Parce qu’il faudra bien, sinon n’importe qui se proclamera artiste pour toucher des sous. Une commission pour décider si tu fait de l’art ou pas? Donc on autorisera certaines formes d’art et pas d’autres? Cette idée de rémunération est idiote.

    En plus comment fixer une rémunération sur un truc aussi vague que la production artistique?
    Je veut dire, une juste rémunération. Au nombre d’heures travaillées, d’œuvres produites? A la qualité artistique? Bonne chance.
    Les exploitant agricoles ne vivent pratiquement que par les subventions pourtant ils travaillent dur aussi. La différence c’est que ce qu’il produisent est définissable, en qualité et en quantité et on peut dire « ca va nourrir x personnes ». Les subventions pour environnement et le développement durable on peut espérer en retirer un bénéfice écologique… et comme c’est difficile à évaluer , en temps de crise ce sont ces dernières qui sautent facilement ..

    Au moment de parler pognon, il faut être rationnel.
    Il faut donc que l’activité artistique génère des sous de manière quantifiable, concrète pour que l’artiste soit rémunéré.
    Donc des concerts, des places de cinéma, des expos..Le modèle actuel quoi. Et pas une licence globale à la mord moi le nœud.

    Ce n’est pas pour autant que tout ce qui se vend est de l’art, surement pas ! Mais alors SUREMENT PAS ! On vend bien plus de bouses que de vraies « oeuvres d’art » (en tout cas c’est ce qui se dit).

    Ce qui achève de déconnecter rémunération et art.
    La loi du marché ne devrait pas s’appliquer aux artistes puisque c’est un métier normal? *ironie*

    Lutter contre le piratage c’est bien, et je ne peut qu’être d’accord, mais il serait judicieux de faire le ménage entre les organismes mafieux de collecte, le droit d’auteur qui est risible au possible sous sa forme actuelle, etc…

    Ce qui aura plus d’impact que de vouloir freiner des avancées technologiques ou fliquer les gens dans une veine tentative de réduire le piratage (qui reste inadmissible, soyons d’accord)

    C’est quoi un artiste?

  40. yt75

    Un point de vue résumé :

    – le piratage zéro n’a aucune importance, mais il est techniquement aujourd’hui tout à fait possible de faire énormément baisser le piratage (et sans interdire de protocoles, ni monitorer les flux utilisateurs) :
    http://iiscn.wordpress.com/2011/05/
    – une offre légale basée sur écritures de droits d’accès sur des comptes offrirait une vraie plus value à acheter par rapport à pirater, c’est à dire une offre vraiment atawad (any time any where any device)
    – c’est d’ailleurs dans ce sens qu’évoluent l’offre légale : amz, gg play, ultraviolet, plus ou moins itunes
    – si l’on considère que le fait que cela se termine en 2 ou 3 monstres n’est pas forcément souhaitable
    – si l’on considère que la confidentialité des bibliothèques personnelles est quelque chose d’important
    – c’est surtout un nouveau role, plusieurs organisations dans le role, et séparation des rôles qui est nécessaire :
    http://iiscn.wordpress.com/2011/05/

    Avec aussi :
    – une très forte baisse des prix (pari nécessaire : plus « grosses » bibliothèques chez chacun)
    – aucun DRMs du genre « traficotages de fichiers pour empêcher la copie », qui ne font qu’emmerder ceux qui achètent

  41. yt75

    Quant à la licence globale (ou autre approche taxe) cela se résume à :
    1) Prélèvement uniforme indépendant des contenus écoutés/consultés/lus, etc
    Ensuite pour la redistribution soit :
    a) mesures d’audience et de consultations précises : approche nécessairement la plus Orwellienne possible (pour éviter les consultations simulées par exemple)
    b) revenus des taxes redistribués sous forme de « subventions à la création », c’est à dire mise en place du ministère omnipotent de la culture gardien du bien et du bon goût.
    Sans parler de praticité de la mise en place.
    http://iiscn.wordpress.com/2011/07/