Le socialisme nouveau est arrivé

Classé dans : Communs culturels | 42

Temps de lecture 24 min

image_pdfimage_print

Copyleft FlagLe socialisme est mort, vive le socialisme  ? À l’instar de Is Google making us stupid ? c’est une nouvelle traduction de poids que nous vous proposons aujourd’hui.

Un socialisme nouveau, revu et corrigé, est en train de prendre forme sur Internet. Telle est l’hypothèse de Kevin Kelly, célèbre éditorialiste du célèbre magazine Wired. Et l’on ne s’étonnera guère d’y voir le logiciel libre associé aux nombreux arguments qui étayent son propos.

Vous reconnaissez-vous dans ce «  socialisme 2.0  » tel qu’il est présenté ici  ? Peut-être oui, peut-être non. Mais il n’est jamais inutile de prendre un peu de recul et tenter de s’interroger sur ce monde qui s’accélère et va parfois plus vite que notre propre capacité à lui donner du sens.

Le nouveau Socialisme  : La société collectiviste globale se met en ligne

The New Socialism : Global Collectivist Society Is Coming Online

Kevin Kelly – 22 mai 2009 – Wired
(Traduction Framalang  : Poupoul2, Daria et Don Rico)

Bill Gates s’est un jour moqué des partisans de l’Open Source avec le pire épithète qu’un capitaliste puisse employer. Ces gens-là, a-t-il dit, sont «  une nouvelle race de communistes  », une force maléfique décidée à détruire l’incitation monopolistique qui soutient le Rêve Américain. Gates avait tort  : les fanatiques de l’Open Source sont plus proches des libertariens que des communistes. Il y a pourtant une part de vérité dans son propos. La course effrénée à laquelle on se livre partout sur la planète pour connecter tout le monde avec tout le monde dessine doucement les contours d’une version revue et corrigée du socialisme.

Les aspects communautaires de la culture numérique ont des racines profondes et étendues. Wikipédia n’est qu’un remarquable exemple de collectivisme émergeant parmi d’autres, et pas seulement Wikipédia mais aussi toute le système des wikis. Ward Cunningham, qui inventa la première page web collaborative en 1994, a recensé récemment plus de cent cinquante moteurs de wiki différents, chacun d’entre eux équipant une myriade de sites. Wetpaint, lancé il y a tout juste trois ans, héberge aujourd’hui plus d’un million de pages qui sont autant de fruits d’un effort commun. L’adoption massive des licences de partage Creative Commons et l’ascension de l’omniprésent partage de fichiers sont deux pas de plus dans cette direction. Les sites collaboratifs tels que Digg, Stumbleupon, the Hype Machine ou Twine poussent comme des champignons et ajoutent encore du poids à ce fantastique bouleversement. Chaque jour nous arrive une nouvelle start-up annonçant une nouvelle méthode pour exploiter l’action communautaire. Ces changements sont le signe que l’on se dirige lentement mais sûrement vers une sorte de socialisme uniquement tourné vers le monde en réseau.

Mais on ne parle pas là du socialisme de votre grand-père. En fait, il existe une longue liste d’anciens mouvements qui n’ont rien à voir avec ce nouveau socialisme. Il ne s’agit pas de lutte des classes. Il ne s’agit pas d’anti-américanisme. Le socialisme numérique pourrait même être l’innovation américaine la plus récente. Alors que le socialisme du passé était une arme d’État, le socialisme numérique propose un socialisme sans État. Cette nouvelle variété de socialisme agit dans le monde de la culture et de l’économie, plutôt que dans celui de la politique… pour le moment.

Le communisme avec lequel Gates espérait salir les créateurs de Linux est né dans une période où les frontières étaient rigides, la communication centralisée, et l’industrie lourde et omniprésente. Ces contraintes ont donné naissance à une appropriation collective de la richesse qui remplaçait l’éclatant chaos du libre marché par des plans quinquennaux imposés par un politburo tout puissant.

Ce système d’exploitation politique a échoué, c’est le moins que l’on puisse dire. Cependant, contrairement aux vieilles souches du socialisme au drapeau rouge, le nouveau socialisme s’étend sur un Internet sans frontières, au travers d’une économie mondiale solidement intégrée. Il est conçu pour accroître l’autonomie individuelle et contrecarrer la centralisation. C’est la décentralisation à l’extrême.

Au lieu de cueillir dans des fermes collectives, nous récoltons dans des mondes collectifs. Plutôt que des usines d’État, nous avons des usines d’ordinateurs connectées à des coopératives virtuelles. On ne partage plus des forêts, des pelles ou des pioches, mais des applications, des scripts et des APIs. Au lieu de politburos sans visage, nous avons des méritocracies anonymes, où seul le résultat compte. Plus de production nationale, remplacée par la production des pairs. Finis les rationnements et subventions distribués par le gouvernement, place à l’abondance des biens gratuits.

Je reconnais que le terme socialisme fera forcément tiquer de nombreux lecteurs. Il porte en lui un énorme poids culturel, au même titre que d’autres termes associés tels que collectif, communautaire ou communal. J’utilise le mot socialisme parce que techniquement, c’est celui qui représente le mieux un ensemble de technologies dont l’efficience dépend des interactions sociales. L’action collective provient grosso modo de la richesse créée par les sites Web et les applications connectées à Internet lorsqu’ils exploitent du contenu fourni par les utilisateurs. Bien sûr, il existe un danger rhétorique à réunir autant de types d’organisation sous une bannière aussi provocatrice. Mais puisqu’il n’existe aucun terme qui soit vierge de toute connotation négative, autant donner une nouvelle chance à celui-là. Lorsque la multitude qui détient les moyens de production travaille pour atteindre un objectif commun et partage ses produits, quand elle contribue à l’effort sans toucher de salaire et en récolte les fruits sans bourse délier, il n’est pas déraisonnable de qualifier ce processus de socialisme.

À la fin des années 90, John Barlow, activiste, provocateur et hippie vieillissant, a désigné ce courant par le terme ironique de «  point-communisme  » (NdT  : en référence au point, dot, des nom de domaines des sites Web comme framablog point org). Il le définissait comme une «  main d’œuvre composée intégralement d’agents libres  », «  un don décentralisé ou une économie de troc où il n’existe pas de propriété et où l’architecture technologique définit l’espace politique  ». En ce qui concerne la monnaie virtuelle, il avait raison. Mais il existe un aspect pour lequel le terme socialisme est inapproprié lorsqu’il s’agit de désigner ce qui est en train de se produire  : il ne s’agit pas d’une idéologie. Il n’y a pas d’exigence de conviction explicite. C’est plutôt un éventail d’attitudes, de techniques et d’outils qui encouragent la collaboration, le partage, la mise en commun, la coordination, le pragmatisme, et une multitude de coopérations sociales nouvellement rendues possibles. C’est une frontière conceptuelle et un espace extrêmement fertile pour l’innovation.

Socialisme 2.0 - HistoriqueDans son livre publié en 2008, Here Comes Everybody (NdT  : Voici venir chacun), le théoricien des médias Clay Chirky propose une hiérarchie utile pour classer ces nouveaux dispositifs. Des groupes de personnes commencent simplement par partager, puis ils progressent et passent à la coopération, à la collaboration et, pour finir, au collectivisme. À chaque étape, on constate un accroissement de la coordination. Une topographie du monde en ligne fait apparaître d’innombrables preuves de ce phénomène.

I. Le partage

Les masses connectées à l’Internet sont animées par une incroyable volonté de partage. Le nombre de photos personnelles postées sur Facebook ou MySpace est astronomique, et il y a fort à parier que l’écrasante majorité des photos prises avec un appareil photo numérique sont partagées d’une façon ou d’une autre. Sans parler des mises à jour du statut de son identité numérique, des indications géographiques, des bribes de réflexion que chacun publie çà et là. Ajoutez-y les six milliards de vidéos vues tous les mois sur Youtube pour les seuls États-Unis et les millions de récits issus de l’imagination de fans d’œuvres existantes. La liste des sites de partage est presque infinie  : Yelp pour les critiques, Loopt pour la géolocalisation, Delicious pour les marque-pages.

Le partage est la forme de socialisme la plus tempérée, mais elle sert de fondation aux niveaux les plus élevés de l’engagement communautaire.

II. La coopération

Lorsque des particuliers travaillent ensemble à atteindre un objectif d’envergure, les résultats apparaissent au niveau du groupe. Les amateurs n’ont pas seulement partagé plus de trois milliards de photos sur Flickr, ils les ont aussi associées à des catégories ou des mots-clés ou les ont étiquetées (NdT  : les tags). D’autres membres de la communauté regroupent les images dans des albums. L’usage des populaires licences Creative Commons aboutit à ce que, d’une façon communautaire, voire communiste, votre photo devienne ma photo. Tout le monde peut utiliser une photo, exactement comme un communiste pourrait utiliser la brouette de la communauté. Je n’ai pas besoin de prendre une nouvelle photo de la tour Eiffel, puisque la communauté peut m’en fournir une bien meilleure que la mienne.

Des milliers de sites d’agrégation emploient la même dynamique sociale pour un bénéfice triple. Premièrement, la technologie assiste directement les utilisateurs, en leur permettant d’étiqueter, marquer, noter et archiver du contenu pour leur propre usage. Deuxièmement, d’autres utilisateurs profitent des tags et des marque-pages des autres… Et tout ceci, au final, crée souvent une valeur ajoutée que seul le groupe dans son ensemble peut apporter. Par exemple, des photos d’un même endroit prises sous différents angles peuvent être assemblées pour former une reproduction du lieu en 3D stupéfiante. (Allez voir du côté de Photosynth de Microsoft). Curieusement, cette proposition va plus loin que la promesse socialiste du «  chacun contribue selon ses moyens, chacun reçoit selon ses besoins  », puisqu’elle améliore votre contribution et fournit plus que ce dont vous avez besoin.

Les agrégateurs communautaires arrivent à d’incroyables résultats. Des sites tels que Digg ou Reddit, qui permettent aux utilisateurs de voter pour les liens qu’ils souhaitent mettre en évidence, peuvent orienter le débat public autant que les journaux ou les chaînes de télévision (pour info Reddit appartient à la maison mère de Wired, Condé Nast). Ceux qui contribuent sérieusement à ces sites y consacrent plus d’énergie qu’ils ne pourront jamais en recevoir en retour, mais ils continuent en partie à cause du pouvoir culturel que représentent ces outils. L’influence d’un participant s’étend bien au-delà d’un simple vote, et l’influence collective de la communauté surpasse de loin le nombre de ses participants. C’est l’essence même des institutions sociales, l’ensemble dépasse la somme de ses composants. Le socialisme traditionnel visait à propulser cette dynamique par le biais de l’État. Désormais dissociée du gouvernement et accrochée à la matrice numérique mondiale, cette force insaisissable s’exerce à une échelle plus importante que jamais.

III. La collaboration

La collaboration organisée peut produire des résultats dépassant ceux d’une coopération improvisée. Les centaines de projets de logiciel Open Source, tel que le serveur Web Apache, en sont le parfait exemple. Dans ces aventures, des outils finement ciselés par la communauté génèrent des produits de haute qualité à partir du travail coordonné de milliers ou dizaines de milliers de membres. Contrairement à la coopération traditionnelle, la collaboration sur d’énormes projets complexes n’apporte aux participants que des bénéfices indirects, puisque chaque membre du groupe n’intervient que sur une petite partie du produit final. Un développeur motivé peut passer des mois à écrire le code d’une infime partie d’un logiciel dont l’état global est encore à des années-lumière de son objectif. En fait, du point de vue du marché libre, le rapport travail/récompense est tellement dérisoire (les membres du projet fournissent d’immenses quantités de travail à haute valeur ajoutée sans être payés) que ces efforts collaboratifs n’ont aucun sens au sein du capitalisme.

Pour ajouter à la dissonance économique, nous avons pris l’habitude de profiter du fruit de ces collaborations sans mettre la main à la poche. Plutôt que de l’argent, ceux qui participent à la production collaborative gagnent en crédit, statut, réputation, plaisir, satisfaction et expérience. En plus d’être gratuit, le produit peut être copié librement et servir de socle à d’autres produits. Les schémas alternatifs de gestion de la propriété intellectuelle, parmi lesquelles Creative Commons ou les licences GNU, ont été créés pour garantir ces libertés.

En soi, la collaboration n’a bien sûr rien de spécialement socialiste. Mais les outils collaboratifs en ligne facilitent un style communautaire de production qui exclut les investisseurs capitalistes et maintient la propriété dans les mains de ceux qui travaillent, voire dans celles des masses consommatrices.

IV Le collectivisme

Socialisme 2.0 - Ancien / NouveauAlors qu’une encyclopédie peut être rédigée de façon coopérative, nul n’est tenu pour responsable si la communauté ne parvient pas au consensus, et l’absence d’accord ne met pas en danger l’entreprise dans son ensemble. L’objectif d’un collectif est cependant de concevoir un système où des pairs autogérés prennent la responsabilité de processus critiques, et où des décisions difficiles, comme par exemple définir des priorités, sont prises par l’ensemble des acteurs. L’Histoire abonde de ces centaines de groupes collectivistes de petite taille qui ont essayé ce mode de fonctionnement. Les résultats se sont révélés peu encourageants (quand bien même on ne tienne pas compte de Jim Jones et de la «  famille  » de Charles Manson).

Or, une étude approfondie du noyau dirigeant de Wikipédia, Linux ou OpenOffice, par exemple, montre que ces projets sont plus éloignés de l’idéal collectiviste qu’on pourrait le croire vu de l’extérieur. Des millions de rédacteurs contribuent à Wikipédia, mais c’est un nombre plus restreint d’éditeurs (environ mille cinq cents) qui est responsable de la majorité de l’édition. Il en va de même pour les collectifs qui écrivent du code. Une myriade de contributions est gérée par un groupe plus réduit de coordinateurs. Comme Mitch Kapor, membre fondateur de la Mozilla Open Source Code Factory, le formule  : «  au cœur de toutes les anarchies qui marchent, il y a un réseau à l’ancienne  ».

Ce n’est pas forcément une mauvaise chose. Certaines formes de collectivisme tirent avantage de la hiérarchie, alors que d’autres en souffrent. Des plateformes tels qu’Internet et Facebook, ou même la démocratie, qui servent de substrat à la production de biens ou à la fourniture de services, profitent de l’absence quasi totale de hiérarchie, laquelle réduit les obstacles à l’intégration et permet la répartition équitable des droits et responsabilités. Lorsque des acteurs puissants émergent, la structure dans son ensemble souffre. D’un autre côté, les organisations bâties pour créer des produits ont souvent besoin de dirigeants forts, et de hiérarchies organisées capable de se projeter dans l’avenir  : l’un des niveaux se concentre sur les besoins immédiats, l’autre sur les cinq années à venir.

Par le passé, il était quasi impossible de construire une organisation qui exploitait la hiérarchie tout en maximisant le collectivisme. Désormais, les réseaux numériques fournissent l’infrastructure nécessaire. Le Net donne la possibilité aux organisations concentrées sur le produit de fonctionner collectivement, tout en empêchant la hiérarchie d’en prendre totalement le pouvoir. L’organisation qui conçoit MySQL, une base de données Open Source, n’est pas animée par un refus romantique de la hiérarchie, mais elle est bien plus collectiviste qu’Oracle. De la même manière, Wikipédia n’est pas un bastion d’égalité, mais elle est largement plus collectiviste que l’encyclopédie Britannica. Le cœur élitiste que nous trouvons au centre des collectifs en ligne est en fait un signe que le socialisme sans État peut fonctionner à grande échelle.

La plupart des occidentaux, moi y compris, ont été endoctrinés par l’idée que l’extension du pouvoir des individus réduit forcément le pouvoir de l’État, et vice versa. Pourtant, dans la pratique, la plupart des politiques socialisent certaines ressources et en individualisent d’autres. Les économies de marché ont pour la plupart socialisé l’éducation, et même les sociétés les plus socialisées autorisent une certaine forme de propriété privée.

Plutôt que de voir le socialisme technologique comme une sorte de compromis à somme nulle entre l’individualisme du marché libre et une autorité centralisée, on peut le considérer comme un système d’exploitation culturel qui élève en même temps l’individu et le groupe. Le but, largement désarticulé mais intuitivement compréhensible, de la technologie communautaire consiste à maximiser l’autonomie individuelle et le pouvoir de ceux qui travaillent ensemble. Ainsi, on peut voir le socialisme numérique comme une troisième voie rendant les vieux débats obsolètes.

Ce concept de troisième voie est également rapporté par Yochai Benkler, auteur de The Wealth of Networks (NdT  : La richesse des réseaux), qui a probablement réfléchi plus que quiconque aux politiques des réseaux. Il affirme voir «  l’émergence de la production sociale et de la production collective comme une alternative aux systèmes propriétaires et fermés, basés sur l’État ou le marché  », notant que ces activités «  peuvent accroître la créativité, la productivité et la liberté  ». Le nouveau système d’exploitation, ce n’est ni le communisme classique et sa planification centralisée sans propriété privée, ni le chaos absolu du marché libre. C’est au contraire un espace de création émergeant, dans lequel la coordination publique décentralisée peut résoudre des problèmes et créer des richesses, là où ni le communisme ni le capitalisme purs et durs n’en sont capables.

Les systèmes hybrides qui mélangent les mécanismes marchands et non marchands ne sont pas nouveaux. Depuis des décennies, les chercheurs étudient les méthodes de production décentralisées et socialisées des coopératives du nord de l’Italie et du Pays Basque, dans lesquelles les employés sont les propriétaires, prennent les décisions, limitent la distribution des profits et sont indépendants du contrôle de l’État. Mais seule l’arrivée de la collaboration à bas prix, instantanée et omniprésente que permet Internet a rendu possible la migration du cœur de ces idées vers de nombreux nouveaux domaines telle que l’écriture de logiciels de pointe ou de livres de référence.

Le rêve, ce serait que cette troisième voie aille au-delà des expériences locales. Jusqu’où  ? Ohloh, une entreprise qui analyse l’industrie de l’Open Source, a établi une liste d’environ deux cent cinquante mille personnes travaillant sur deux cent soixante-quinze mille projets. C’est à peu près la taille de General Motors et cela représente énormément de gens travaillant gratuitement, même si ce n’est pas à temps complet. Imaginez si tous les employés de General Motors n’étaient pas payés, tout en continuant à produire des automobiles  !

Jusqu’à présent, les efforts les plus importants ont été ceux des projets Open Source, dont des projets comme Apache gèrent plusieurs centaines de contributeurs, environ la taille d’un village. Selon une étude récente, la version 9 de Fedora, sortie l’année dernière, représenterait soixante mille années-homme de travail. Nous avons ainsi la preuve que l’auto-assemblage et la dynamique du partage peuvent gouverner un projet à l’échelle d’une ville ou d’un village décentralisé.

Évidemment, le recensement total des participants au travail collectif en ligne va bien au-delà. YouTube revendique quelques trois cent cinquante millions de visiteurs mensuels. Presque dix millions d’utilisateurs enregistrés ont contribué à Wikipédia, cent soixante mille d’entre eux sont actifs. Plus de trente-cinq millions de personnes ont publié et étiqueté plus de trois milliards de photos et vidéos sur Flickr. Yahoo héberge près de huit millions de groupes sur tous les sujets possibles et imaginables. Google en compte près de quatre millions.

Ces chiffres ne représentent toujours pas l’équivalent d’une entière nation. Peut-être ces projets ne deviendront-ils jamais grand public (mais si Youtube n’est pas un phénomène grand public, qu’est-ce qui l’est  ?). Pourtant, la population qui baigne dans les médias socialisés est indéniablement significative. Le nombre de personnes qui créent gratuitement, partagent gratuitement et utilisent gratuitement, qui sont membres de fermes logicielles collectives, qui travaillent sur des projets nécessitant des décisions collectives, ou qui expérimentent les bénéfices du socialisme décentralisé, ce nombre a atteint des millions et progresse en permanence. Des révolutions sont nées avec bien moins que cela.

On pourrait s’attendre à de la démagogie de la part de ceux qui construisent une alternative au capitalisme et au corporatisme. Mais les développeurs qui conçoivent des outils de partage ne se voient pas eux-mêmes comme des révolutionnaires. On n’est pas en train d’organiser de nouveaux partis politiques dans les salles de réunions, du moins pas aux États-Unis (en Suède, le Parti Pirate s’est formé sur une plateforme de partage, et il a remporté un piètre 0,63 % des votes aux élections nationales de 2006).

En fait, les leaders du nouveau socialisme sont extrêmement pragmatiques. Une étude a été menée auprès de deux mille sept cent quatre-vingt-quatre développeurs Open Source afin d’analyser leurs motivations. La plus commune d’entre elles est «  apprendre et développer de nouvelles compétences  ». C’est une approche pratique. La vision académique de cette motivation pourrait être  : «  si je bosse sur du code libre, c’est surtout pour améliorer le logiciel  ». En gros, la politique pour la politique n’est pas assez tangible.

Même ceux qui restent et ne participent pas au mouvement pourraient ne pas être politiquement insensibles à la marée montante du partage, de la coopération, de la collaboration et du collectivisme. Pour la première fois depuis des années, des pontes de la télévision et des grands magazines nationaux osent prononcer le mot tabou «  socialisme  », désormais reconnu comme une force qui compte dans la politique des États-Unis. À l’évidence, la tendance à la nationalisation de grosses portions de l’industrie, à l’établissement d’un système de santé public et à la création d’emplois avec l’argent du contribuable n’est pas dû en totalité au techno-socialisme. Ainsi les dernières élections ont démontré le pouvoir d’une base décentralisée et active sur le Web, dont le cœur bat au rythme de la collaboration numérique. Plus nous tirons les bénéfices d’une telle collaboration, plus nous nous ouvrons la porte à un avenir d’institutions socialistes au gouvernement. Le système coercitif et totalitaire de la Corée du Nord n’est plus, le futur est un modèle hybride qui s’inspire de Wikipédia et du socialisme modéré de la Suède.

Jusqu’où ce mouvement nous rapprochera-t-il d’une société non capitaliste, Open Source, à la productivité collaborative  ? Chaque fois cette question apparue, la réponse a été  : plus près que nous le pensons. Prenons Craigslist, par exemple. Ce ne sont que des petites annonces classées, n’est-ce pas  ? Pourtant, ce site a démultiplié l’efficacité d’une sorte de troc communautaire pour toucher un public régional, puis l’a amélioré en intégrant des images et des mises à jour en temps réel, jusqu’à devenir soudain un trésor national. Fonctionnant sans financement ni contrôle public, connectant les citoyens entre eux sans intermédiaire, cette place de marché essentiellement gratuite produit du bien et du lien social avec une efficacité qui laisserait pantois n’importe quel gouvernement ou organisation traditionnelle. Bien sûr, elle ébranle le modèle économique des journaux, mais en même temps il devient indiscutable que le modèle de partage est une alternative viable aux entreprises à la recherche permanente de profits et aux institutions civiques financées par les impôts.

Qui aurait cru que des paysans précaires pourraient obtenir et rembourser des prêts de cent dollars accordés par de parfaits étrangers vivant à l’autre bout du monde  ? C’est ce que réussit Kiva en fournissant des prêts de pair-à-pair. Tous les experts de santé publique ont déclaré sous le sceau de la confidentialité que le partage, ça convenait pour les photos, mais que personne ne partagerait son dossier médical. Pourtant, PatientsLikeMe, où les patients mettent en commun les résultats de leurs traitements pour échanger et mieux prendre soin d’eux-mêmes, a montré que l’action collective peut contredire les médecins et leurs craintes concernant la confidentialité.

L’habitude de plus en plus répandue qui consiste à partager ce que vous pensez (Twitter), ce que vous lisez (StumbleUpon), ce que vous gagnez (Wesabe), bref tout et n’importe quoi (le Web) est en train de prendre une place essentielle dans notre culture. En faire de même en créant des encyclopédies, des agences de presse, des archives vidéo, des forges logicielles, de façon collaborative, dans des groupes rassemblant des contributeurs du monde entier sans distinction de classe sociale, voilà ce qui fait du socialisme politique la prochaine étape logique.

Un phénomène similaire s’est produit avec les marchés libres du siècle dernier. Chaque jour, quelqu’un demandait  : «  Y a-t-il quelque chose que les marchés ne peuvent pas faire  ?  ». Et on établissait ainsi une liste de problèmes qui semblaient nécessiter une planification rationnelle ou un mode de gouvernance paternaliste en leur appliquant une logique de place de marché. Dans la plupart des cas, c’était la solution du marché qui fonctionnait le mieux, et de loin. Les gains de prospérité des décennies récentes ont été obtenus en appliquant les recettes du marché aux problèmes sociaux.

Nous essayons aujourd’hui d’en faire de même avec la technologie sociale collaborative, en appliquant le socialisme numérique à une liste de souhaits toujours plus grande (jusqu’aux problèmes que le marché libre n’a su résoudre) pour voir si cela fonctionne. Pour l’instant, les résultats ont été impressionnants. Partout, la puissance du partage, de la coopération, de la collaboration, de l’ouverture, de la transparence et de la gratuité s’est montrée plus pragmatique que nous autres capitalistes le pensions possible. À chaque nouvelle tentative, nous découvrons que le pouvoir du nouveau socialisme est plus grand que nous ne l’imaginions.

Nous sous-estimons la capacité de nos outils à remodeler nos esprits. Croyions-nous réellement que nous pourrions construire de manière collaborative et habiter des mondes virtuels à longueur de temps sans que notre perception de la réalité en soit affectée  ? La force du socialisme en ligne s’accroît. Son dynamisme s’étend au-delà des électrons, peut-être même jusqu’aux élections.

42 Responses

  1. Olivier

    J’apporte mon petit effort (socialise) à cet article : le terme choisi, socialisme, est particulièrement important. L’auteur appuie dessus, mais il faut garder en tête qu’aux États-Unis, socialisme est presque un gros mot et il est perçu comme communisme. On est loin de la conception européenne du terme.

    Sinon, pour mon avis personnel, les événements récents (Hadopi, Parti Pirate aux élections européennes,…) montrent que doucement ce modèle s’exporte dans la "vraie" vie. Même si le mouvement contre Hadopi a eu du mal à sortir du réseau, il a eu le mérite d’essayer. La petite victoire du PiratPartiet, construite sur ce modèle de nouveau socialisme, est déjà beaucoup plus abouti et permet de rester optimiste.

  2. Claude

    Bravo pour ce travail.

    On sent quand même que l’auteur y va cool, sans doute pour les raisons évoquées par Olivier.

    Il est évident que des structures de production collective vont se développer, dans un premier temps localement puis à une plus grande échelle.

    Le monde de la culture et des arts devrait être pionnier dans ce domaine.

    Ainsi, une mise en réseau de la diffusion de spectacles devrait créer un mouvement parallèle complètement indépendant du politique ou de la production industrielle des majors.

    Dans les faits , c’est déjà commencé,

  3. L. Charles

    Très intéressant. Que le prochaine révolution vienne des USA c’est un concept totalement révolutionnaire 🙂

    En bon libriste, je me permets tout de même de faire remarquer qu’il y a une sacrée différence entre se mettre en relation pour se mettre en relation (Facebook, Twitter…) et se mettre en relation pour bosser dur et arriver à un objectif commun (projet de logiciel libre, Wikipédia…).

  4. Tristan

    Merci pour la traduction ! J’ai parlé (en anglais) de cet article ici : http://standblog.org/blog/post/2009… .

    Pour résumer, j’explique qu’il est difficile de comparer le "socialisme du monde réel" avec le partage qui existe dans le monde virtuel, et ce pour une raison très simple, liée à la différence fondamentale entre le monde réel et le monde des idées :

    "Dans le monde réel, quand on partage, on divise. Dans le monde des idées, quand on partage, on multiplie".

    Autrement dit, c’est beaucoup plus facile de donner dans le monde des idées, tout simplement parce qu’on est pas privé de de ce que l’on donne.

  5. MisterDo

    Presque d’accord avec lui, mais le contexte n’est vraiment pas le même qu’en France, et il reste bloqué sur l’informatique le plus souvent.

  6. plf

    Proposer un tel article le jour des vacances scolaires relève de la provocation ! Ailleurs, la pauvreté intellectuelle est de mise, et le Framablog, chauffard d’Internet, vient encore de se faire flasher…

  7. Samuel

    Tristan soulève un point trés important. Au risque de paraitre rabat-joie et de casser l’euphorie lyrique de cet article, je trouve un peu démagogique de dire que montrer ses photos sur Flickr ou déballer sa vie privée sur Facebook serait *PARTAGER*. La motivation est peut-étre aussi tout simplement une forme sympathique d’exhibitionnisme … et surtout partager ce qui ne demande pas d’effort ne me parait pas vraiment du partage. A la rigueur le terme échange serait peut-étre plus approprié. Je pense par contre que ceux qui décident de partager leurs vrais efforts (developpeurs, traducteurs,…) y retrouvent leur compte indirectement : efficacité, rapidité, ne pas réinventer la roue, reconnaissance sociale, … De toute façon, ce sera toujours un cercle d’initiés qui pourra se permettre de partager gratuitement car leur expertise sera de toute façon toujours rémunérée d’une manière indirecte. Pour conclure, je dirais que le logiciel libre n’est pas vraiment une nouvelle utopie mais simplement un retour à la normal. Choisir le libre devrait étre la moindre des choses… mais c’est tellement marginal que çà en devient un acte héroique et idéaliste.

  8. plf

    > Autrement dit, c’est beaucoup plus facile de donner dans le monde des idées, tout simplement parce qu’on est pas privé de ce que l’on donne.

    @Tristan : c’est certainement pour ça que le copyright, les brevets et… l’Hadopi ont été inventés 😉

  9. Ginko

    Comme Olivier (premier commentaire), je pense qu’il faut se replacer dans le contexte de l’auteur pour bien saisir son propos.

    Il observe les mutations sociales et politiques de son pays, les Etats-Unis. Pays où la majorité pense (pensait?!?) que tout se fait par et pour le capital et que rien d’autre de sérieux n’est possible autrement.
    Alors quand certaines firmes gagnent de l’argent avec des logiciels open source, que des phénomènes aussi impressionnants que Wikipedia ou Firefox s’installent dans la durée avec un succès qui ne se dément pas et que cette mentalité commence à déborder dans d’autres domaines de la société, jusque dans la politique. Il sent bien que quelque chose se passe, que quelque chose change.

    Personnellement, je pense que tout ce phénomène prend racine avec le début de la dématérialisation et la diffusion massive et gratuite de contenu que sont la radio et la tv. Internet suit cette logique, l’amplifie, en résonance avec la graine des logiciels libres, arrosée vigoureusement par Stallman. De part sa structure permettant l’allée, mais surtout le retour (contrairement à la radio et à la tv) de l’information, internet permet aux gens habitués à recevoir "gratuitement", de commencer à donner "gratuitement" (sans penser que leurs données ont de la valeur). Ainsi, ces personnes ont une mentalité de partage qui peut dans certains cas, les amener à partager plus facilement dans le monde matériel. Ce qui donne de "nouveau socialisme" de Kelly.

    Cependant, en notre bonne vieille France, les dirigeants n’ont pas compris ce changement. Ils sont restés à l’étape "je reçois gratuitement" (ou du moins "je paie en temps de cerveau"). Espérons que la prochaine génération ait intégré l’étape suivante…

  10. Annie

    cependant Mozilla gagne du fric je suppose par la pub des producteurs "normaux".

    après ce bémol, je voudrais donner mon enthousiasme à cet article ; mis au chômage à cause de mon âge beaucoup trop tôt à mon goût, après une dépression… le net m’a aidé à me redresser, je me suis rendue compte que j’avais accumulé un savoir énorme (et plus le temps passe et plus je me rends compte que ce savoir est énorme), ne dit-on pas "un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle" ? et tout ça pour mon plaisir je peux le partager, pour ce faire il faut que je l’ordonnance en articles cohérents, didactiques souvent, qui n’aurait jamais été écrit pour un livre par moi, car j’en n’aurais pas eu l’idée et aucun éditeur de toute façon n’en n’aurait voulu.

    J’essaye de m’adresser aux générations d’entre 18/45 ans, j’essaye de transmettre, j’ai l’impression de servir à quelque chose, mais je ne saurais jamais si ce que j’écris sert à quelqu’un… personne ne me le dit, les stats ne sont que des chiffres…

    et aussi votre article répond a une non-formulation qui est en moi depuis plusieurs années et qui s’est renforcée avec le temps : chacun donne un peu de soi, photos, vidéos, passions, intérêts, techniques…j’ai même été dépanné financièrement un jour dans le Vietnam après un vol de tout mon fric nuitemment, par virement de gens que je ne verrai jamais sans doute, que j’ai remboursé bien sûr, donc oui une solidarité existe sur le net

  11. christophe B

    C’est un article amusant et intéressant. Maais manifestemment il n’y a plus beaucoup de tradition socialistes au US, le socialisme 2.0 est plutôt le communisme pré-socialiste ( qui fût on le sait tous un stade transitoire avant l’avènement du communiste).

    Le point réellement intéressant est la question de la propriété. Les copyleft sont une entame centrale dans le dogme de la propriété privée qui d’ailleurs est avec l’échange marchand, ce qui définit le capitalisme, même si l’on remarquera qu’ils n’en sont pas l’abandon mais la limitation : le droit d’usage est laissé libre sans que le fructus ne soit tout à fait partagé, de même que l’abusus!!

    L’est tout autant l’économie de l’échange marchand qui semble laisser place à une autre économie, celle du don. Mais celle-ci est possible dans la mesure où le don crée des externalités qui dépassent le bénéfice d’un échange plus direct.

    L’analyse de ces environnement fait en fait moins penser aux utopies communistes et aux expériences socialistes, qu’aux systèmes traditionnels des collectivités agricoles. Il faudrait aller regarder la gestion des paturages, ou encore l’organisation du travail des rizières du sud-est asiatique. Le cas de Mondragon qui est suggérée dans la mention aux coopératives du nord de l’espagne ( pays basque) l’est tout autant.

    Ce qui est certain est que ces nouvelles formes d’organisation apparaissent pour une raison simple : la nécessité d’une production fondé sur l’économie d’échelle est moindre que dans les systèmes industriels du premier capitalisme et des socialismes avortés. Il reste encore à les décrire, mais ce n’est certainement pas en se référant à un socialisme imaginaire qu’on pourra le faire.

  12. nojhan

    Cela fait longtemps que je pense qu’on assiste à la naissance d’un nouveau mouvement politique, orthogonal au clivage classique. Sur ce point, K. Kelly a le mérite de se rendre compte que quelque chose de nouveau est sur le point d’apparaître.

    Cependant, je pense qu’il rate quelque chose d’important, quelque chose qui est fondamental dans le mouvement et que R. Stallman avait théorisé dès le départ : ce mouvement s’appuie sur une réforme de la propriété intellectuelle, et peut-être, comme le suggère @christophe, de la propriété tout court.

    À mon humble avis, cette caractéristique est au moins aussi fondamentale que le "collectivisme" pointé par l’auteur.

  13. Grégoire

    C’est un article ambitieux et qui donne à réfléchir, mais je ne suis pas convaincu et j’explique pourquoi sur mon blog :
    http://minilien.fr/a0jieq
    Les commentaires argumentés et constructifs sont les bienvenus.

  14. lila digression

    très intéressant. mais comment l’Etat, les Etats, institutions, s’adapteront à cet outil ?
    Le totalitarisme numérique et réel a autant ses chances que le socialisme numérique et réel.
    Le numérique a également ses mirages. Démocratie sur le web, totalitarisme déguisé dans le réel…
    Un outil ne fait pas tout.
    Il faut des hommes pour le penser et le faire.
    Des hommes pour le contrôler, contrôler son fonctionnement.
    Des hommes pour le jeter quand cet outil part en vrille.

    Le socialisme politique réel du futur très très proche, c’est in fine ça : accepter de se faire jeter en plein mandat, si la majorité le décide, collectivement.
    Accepter un salaire de base pendant son mandat. Et prime à la fin si le boulot a été bien fait.

    … Proportionnelle intégrale sur le web. Et dans le réel !
    … médias publics TV et radios reliés au web… Vraiment…

    Socialisme va avec voyage et culture. Réel et virtuel. les 2 sont maintenant liés.

    Deux fois plus de boulot.

    Donc travailler plus pour gagner plus… c’était vrai, mais pas le sens de gagner du fric forcément.

    Gagner du partage, de la culture, du voyage, du sens, de l’expérience… en pouvant mettre des cartons rouges à l’autorité.

    fin de digression, pour le moment.

  15. deadalnix

    C’est intéressant, mais très américocentrique.

    Je pense que l’auteur passe a coté de certaines choses, bien qu’en exposant une vue cohérente de ce qui se passe.

  16. ivan.deniitchssov

    Excuse-moi mais utiliser le mot "socialisme" n’est pas vraiment applicable au logiciel libre. Il est même son contraire. Le "socialisme" émet l’idée d’organisation, de planification, de sécurité. Alors que dans le cas du logiciel libre chacun fait ce qu’il veut. Le logiciel libre est le contraire du capitalisme sauvage car il n’est pas la course effrénée au profit. Cependant il peut faire figure de capitalisme règlementé (voir redhat par exemple). Je qualifierais pouur ma part le logiciel libre d’individualisme libéral car chacun de ses participants est un individu à part entière qui y contribue de la manière qu’il le souhaite. Réponds-moi par email 🙂

    Ps: Tu peux appliquer le socialisme sur des projets en particulier comme openbsd : là tu as la planification de tous les moyens vers la sécurité. Mais au détriment du reste…

  17. Cantor

    Il me semble que le logiciel libre est davantage un système anarchiste qu’autre chose. Pour citer Wikipédia[1]:
    «[…] l’anarchisme a pour but de développer une société sans domination, où les individus coopèrent librement dans une dynamique d’autogestion.»
    Dans le logiciel libre, il n’y a pas de chef. Si je ne suis pas d’accords avec Linus, personne ne peut rien m’imposer et je peux forker Linux. Il en résulte que les gens s’organise en communauté "pur" ( Debian, gentoo…) ou en communauté en symbiose avec des entreprises (Ubuntu/Canonical, Mandriva …). Il n’y as pas d’états, peu de règles et les gens s’organisent tous seul !

    [1]: http://fr.wikipedia.org/wiki/Anarch

  18. Marie

    Le Socialisme c’est une société sans Etat ni classe sociale.

    Ce qui est appelé "ancien socialisme" est en fait le stalinisme, un système de capitalisme d’état.

    Le Socialisme réel n’a pas encore existé, et c’est vrai qu’il se rapproche de ce qui est décrit dans l’article.

    Il manque l’égalité, entre autres l’accès de tous à internet !

  19. aKa

    On pourra lire à ce sujet l’article de Jean-Laurent Cassely sur Slate.fr "L’Internationale du web n’est pas pour demain – Le Parti pirate annonce-t-il un socialisme numérique ?", réponse directe à l’article de Kelly :
    http://www.slate.fr/story/7555/lint

  20. protocol

    je pense qu’il faut plus parler de naturel social humain qu’autrechose, ce qu’on voit sur wikipedia, sur linux et sur d’autres projets libres, ça c’est mis en place "naturellement" pas a coup de votes ou a coup de campagnes politiques, c’etait l’anarchie pure, et l’anarcho-hierarchie basé sur le karma a été mise en place d’une maniere assez "naturelle" ….

  21. Diplomé fauché

    Je crois qu’on lie cela au "communisme" à cause de l’absent de "l’argent" / de "la monnaie".

    D’abord, je crois que c’est parce que ceux qui s’y sont mis les premiers étaient jeunes, débutaient, ou "ne roulaient pas sur l’or". Donc ce n’aurait pas été très malin d’introduire comme condition "l’argent"/"la monnaie".

    Ensuite, c’est comme le troc. Au début "l’argent"/"la monnaie" n’existe pas, c’est seulement après (un "certain temps") que "l’argent"/"la monnaie" est inventée, implémentée, créée. En attendant "l’argent"/"la monnaie" qu’est-ce qui aurait été pertinent pour pratiquer l’échange ? Si ce n’est le "partage", le "troc numérique" en quelque sorte…

  22. Gilles Misrahi

    Bonjour,

    Bravo et merci pour la traduction.

    Je ne me réjouirais pas si facilement que le web social ou 2.0 accouche d’un nouvel "isme" mais ce billet est frais, très "wired" et la tentive intellectuelle intéressante.

    Y-a-t-il une place pour que ce modèle l’emporte mondialement aujourd’hui ? Pas si sûr, mon cher.

    La question est …
    globale : en ça, ce billet a tout juste
    locale : là, le bas blesse.

    Aux Etats-Unis, l’administration Obama donne des signes clairs d’investissement dans le web social et de soutien aux organismes et sociétés qui le favorise.

    A l’autre bout de l’échiquier réel, la Chine ou l’Iran empêche toute sorte de coopération en ligne et infiltre tout ce qui est possible d’infiltrer.

    La France, elle, veut se protéger BECS ET ONGLES, de ce qu’elle a défini comme un danger : la coopération, le participatif, la collaboration. Notre pays est plus officiellement agressif que l’Iran, par exemple, où il n’y a pas de loi qui vienne justifier la censure.

    Pourtant la France a déjà beaucoup de retard industriel sur Internet. Un enfant en conviendrait à l’étude d’un ou deux chiffres seulement.

    Dans quelques années, on fera le bilan dans notre beau pays.

    Pas grave ?

    En tout cas, encore une fois, pas sûr que notre gouvernement laisse avoir un impact fort eà tout ce qui est dessus en Gaule 2.0…

  23. zaxxon

    Merci pour la traduction de cet article très intéressant.

    De mon coté, je suis convaincu depuis longtemps que notre démocratie est en danger, due entre autre, à l’individualisme et la non capacité à évoluer de nos hommes politiques (ex : Adopi 1&2).

    Je rêve d’une société où les décisions et les projets virtuels ou réels sont prises et menées comme des projets Open source (tous les choix de notre société seraient prises par ce biais).

    Soit le Projet me concerne pas ou ne m’intéresse pas, je m’inscris pas :
    – je n’ai pas approfondi, je n’ai pas la compétence pour prendre la meilleure décision à moyen ou long terme donc je délègue ma voie à ceux que cela intéresse.

    Soit le Projet me concerne et/ou m’intéresse, je m’inscris :
    – les personnes inscrites au projet approfondissent les alternatives possibles en mode collaboratif,
    – les personnes inscrites au projet votent pour une solutions et les moyens d’y parvenir,
    – les personnes inscrites au projet investissent du temps gratuitement pour la réalisation du projet

    Avantages :
    – évite le pouvoir centralisé qui inexorablement seront détournée de l’objectif collectif pour un objectif individuel,
    – les abus et dérives sont limités & régulés par le travail collectif,
    – on protège la vraie démocratie : tous le monde à le droit de participer à toutes les décisions (à lui de choisir ses projets),
    – les personnes travaillent que à ce qui les intéressent (bien être personnel, pas ou peu de travail dit "Alimentaire").

    Inconvénients :
    – certains projets que personne veux faire et qui sont pourtant nécessaire à l’ensemble de la collectivité (là, il faut recherché une solution, exemple : participation obligatoire de n jours/ans repartis sur tous, sans passe droit possible).
    – (il doit y en avoir plein d’autre, mais on trouvera les solutions pour les limiter, je fais confiance à la créativité des passionnés).

    C’est mon rêve de société, celui d’une vraie démocratie où chaque citoyen peut être acteur, mais je sais ce n’est qu’un rêve… et dans notre réalité, l’Open Source est ce qui s’en rapprochent le plus.

    Est ce l’avenir ? cela serait un super cadeau qu’on pourrais faire au génération future (car ils en auront besoins de créativité pour relever les défis qu’ils les attendent).

    Merci encore, pour le travail de Framasoft/blog.

  24. testarossa

    Bonjour messieurs mais à mon avis, vous êtes complètement à côté de la plaque !!!

    Le socialisme se veut être une alternative radicale au capitalisme. Encore faut-il comprendre comment fonctionne vraiment le capitalisme, ce qu’un seul grand économiste n’ a réellement su: David Ricardo. L’erreur que l’auteur semble commettre c’est de généraliser les modes de coopération rendus possibles par internet avec l’ensemble de la production des biens marchands. Je m’en excuse mais un minimum de théorie économique est nécessaire.

    En effet, il ne faut pas mettre sur le même plan les biens et services IMMATERIELS qui ont un coût de reproduction nulle: chansons, livres, films, blogs, article de journaux, inventions, etc et les biens MATERIELS qui ont un coût de reproduction non nuls: voitures, immobilier, nourriture, vêtements, etc. En effet, tant qu’il faudra travailler pour produire chaque unité d’un bien matériel -encore une fois par exemple une maison- les biens matériels auront un prix…

    C’est ce manque de réalisme évident qui fait défaut aux socialistes de tous bords…Par contre, il est tout à fait exact d’affirmer qu’internet permet un partage de TOUS LES BIENS IMMATERIELS et des compétences et connaissances de chaqu’un. ET cela, oui c’est réellement formidable.

  25. tux2199

    @testarossa
    Je ne suis pas entièrement d’accord. Il y a quand même une influence/evolution sur les biens matériels.
    Sur certains bien matériels, ce sera remplacement : en général les biens culturels et de communication (journaux, disques, livre, téléphone, courrier, etc…)
    Pour la maison. Plutot que de la construire classique, avec des fondations, il est possible de la construire modulaire et démontable. Plus facile à agrandir avec la famille et au lieu de revendre sa maison, on la déménage (comme un mobilhome). Pour les étudiants on aménage des studios dans des containers de 44piedscube ! Vive le recyclage !
    En hollande on a batis des polders pour gagner des terrains constructibles et cultivable. Aujourd’hui on construit des maison flottantes et demain on cultivera plutot des algues au blé ?
    Depuis un an, avec la "crise", il faut voir le boum des trocs de vetements.
    Coté véhicule, les 4×4 ont cédé la primeur au minispaces. Même la classe "aisée" achète ses grosses berlines allemandes en leasing.
    Il y a donc bien une évolution importante dans la notion de propriété dans le sens ou les gens la vive. Pour l’instant ça reste encore territorial, à la marge, mais cela évolue.
    Par exemple la maison mobile : vous pouvez l’acheter en espagne et la poser en france. L’achat du terrain deviendra peut être démodé. Comme vous pourrez choisir plus facilement votre quartier ou votre ville, le voisinage aura peut être plus d’importance, avec plus de liens sociaux.
    Donc les biens matériels auront toujours un coût, comme les biens immatériels d’ailleur. Mais ces derniers nous ont appris que les premiers sont beaucoup trop couteux.

    Pour y remédier il y a 2 solutions : changer les usages et les besoins ou alors avoir recours au troc, à l’occasion et à la location. Si un bien matériel à plusieurs utilisateurs/propriétaires il a une valeur sociale. C’est de l’optimisation et pas seulement financière.
    je ne sais plus quelle théorie monétariste dit que plus une monnaie circule, plus elle à de la valeur. Comme si elle était en plusieurs endroit en même temps. Je pense que c’est valable pour tout.
    Si vous êtes 3 ou 4 à louer le même véhicule à la demande au lieu de l’acheter et de le laisser dormir dans un garage. Le coût est divisé par 3 ou 4.
    Si vous déménagez votre maison 3 ou 4 fois, vous avez économisé 3 ou 4 reventes-achats. Pas de gaspillages car le logement est exactement là ou on en a besoin.
    Donc sans forcément "révolutionner" le capitalisme et la propriété individuelle et patati et patata, il y a beaucoup d’optimisations à apporter dans notre monde consumériste/gaspilleur de nos ressources…

  26. Jorge Gajardo

    I am not sure that Internet make easier socialization.Take example.Relationships,is true you can obtain a lot of information of people in world.Facebook could etablish a friend in Alaska or in China,even a amazone native.But facts os real social bounds are more complex to establish.Idiom ,culture,fisical distances,make every people a all and tiny individual world.My experience is a virtual relationship dont work.
    Other issue,financial world.Web has made more easy money circulation but more complext o manage and undersand.The actual financial crisis is in this way.Try to understand why the economist predictions dont work.Or if yout money is sure in the next bank.Either were yout money is this moment.All this actions induces
    a highest isolation of every human being.But betewen a man and institutions are a empty place.Is nos a state who rules relationships are a dark area in were are no responsabilities of any institution.So individual also dontbelieves that he has any be responsability in social problems.Mc Luhan said that mass media are a kind of extension of human faculties.Internet is a second brain.But only to gather or distribuites information.Computers dont thinks,less make afectives bonds.Besides at the web you must left o central component of humanity,if you coul call your soul most afective world.In moyen age I am not sure if the relationships betewen human beings were less socialized.But socialization always begin and end in a face to face contact.The only merit of Internet is made information more democratic but dont say nothing about true relationships.I see a very economicist bias in the statment that believes that Internet has increase the socialization.That is not true.

  27. Jorge Gajardo

    In economics socialism means producion,marketing an all activities controled and some in state power.In Internet all resouces(search engines,web sites,blogs) are in private hands.The same happens with politics.Internet give power to individuals because the have more information and can express his personal view of public affairs
    makin them more liberals.In fact is more and more dificult and tecnhical complex to a State control the cyberspace.China is a good example,in fact more internet access in China weaken socialism.

  28. Vladimir Vodarevski

    Bonjour,

    quel bel article, sincèrement. Il y a une belle réflexion sur l’évolution économique et sociale provoquée par internet. C’est très enrichissant.

    L’utilisation du terme socialisme me parait un peu provocatrice dans le cadre américain, en même temps elle souligne l’opposition entre le mode marchand, associé au capitalisme, et le mode coopératif, associé à internet. L’auteur étant par ailleurs très clair en disant qu’il ne se réfère pas au socialisme "idéologique", ce qui évite les malentendus.

    Je dirai pour ma part que l’évolution décrite par cette article s’apparente aux théorie libérale, limite libertaire. j’écris cela sans malice, sans vouloir faire de contradiction facile. et sans vouloir m’opposer( au nterme socialisme numérique. ce que je veux dire, c’est que le fait que des gens coopèrent spontanément sur des projets tels que le logiciel libre, sans qu’aucun état n’intervienne pour initier ce genre de projet ou l’organiser, correspond aux thèses libérales.

    Mais il s’agit du "vrai" libéralisme. La vision qu’on en a est une forme de l’économie. Elle correspond au modèle capitaliste, et néoclassique. C’est la maximisation sous contrainte. C’est-à-dire que les facteurs de production ont un coût, ce qui est la contrainte. Et l’entreprise cherche à maximiser son profit sous cette contrainte de coût.

    Pour réfléchir aux changements induits par internet, nous devons avoir une vision plus dynamique de l’économie. Nous devons nous affranchir des modèles rigides qui correspondent à une forme de l’économie. Ce que fait Kevin Kelly dans son article.

    continuez à traduire ce genre d’article. Je me plains souvent sur mon blog que l’information en français soit finalement assez pauvre. Je lis l’anglais, mais sur des sujets aussi importants, il est bon qu’il y ait une version française.

    (Je me suis permis de commenter plus longuement cet article sur mon blog: http://economie-analyses-actualites…)

  29. el mektoub

    tout cela pour finir de se convaincre de la volonté de réussir l’ouverture à une véritable social-démocratie-participative, alors, n’ en déplaise aux ultras libéraux de tous bords, notre pays et par lui le monde sera enfin "gouverné"., j’ ajoute: bien gouverné.

  30. HixO

    Je serais beaucoup moins catégorique que l’auteur sur l’apparition d’un socialisme nouveau. Mais merci pour la traduction. Le combat aujourd’hui se porte sur l’innovation, voir le tournant radical qui s’opère autour de la propriété intellectuelle, ou la propriété en générale. Car c’est là un des fondements du capitalisme. Ici il y a un réel combat à mener. Mais ils ne fraudais pas croire que l’intégralité du mouvement libre se place face au mouvement prioritaire. La génèse du libre est plus complexe, elle rassemble aussi bien des théories radicale (dont je suis très attaché) que des théories innovantes et ouvertes, qui là, s’accordent avec le capitalisme et le font réfléchir. Ce sont deux niveaux d’actions qui de toute façon réintroduisent le débat sur la Propriété; c’est le plus important.

  31. Joss.ronald

    Eau potable, Gratuité des soins médicaux, droit au travail, sécurité alimentaire, désarmement, Revenons sur terre le monde n’est pas virtuel il est bien réel des gens souffres et aucun logiciel libre ne pourra venir à bout des maux qui les accable, quand au mot socialisme il a été mis à toutes les sauces et n’a de signification que pour quelques intellectuel, en France un parti s’appelle parti socialiste, et ce parti n’est dirigé que par des fripouilles foncièrement corrompues, qui soutiennent depuis toujours le système capitaliste et la corruption qu’il engendre, ils on également soutenue des dictatures et le pillage des richesses des pays du sud, et tout cela pour l’intérèt personnel.
    Internet est un outil, absolument génial c’est vrai, il est à la disposition de tous et il ne faut surtout pas fantasmer sur le fait qu’il pourrai plus servir le socialisme, que le fascisme, l’obscurantisme, le capitalisme (cas flagrant du capitalisme financier), les intégrismes religieux en tout genre, ou le boudhisme.
    J’espère que l’on ne me répondra pas que je m’égare, car le une chose est sure le socialisme est une idée matérialiste, ils y des gens qui ont faim.

  32. Chacaille

    Merci pour cette excellente traduction. ä l’instar du papier de Nicolas Carr que vous aviez auparavant traduit, il m’a fallu du temps pour "digérer" l’arrticle 🙂

    Guillaume

  33. Ca va être tout noir

    Ancien socialisme, communisme traditionnel, centralisation, et toutes ces notions employées dans cet article sont erronées, très cliché, sans doute un autre endoctrinement, comme il l’est évoqué confusément dans un des paragraphe.

    Il n’existe pas Un communisme, mais de multiples, et ceux anti-autoritaires, anarchistes, coexistent et affrontent depuis très longtemps les communismes autoritaires, bien avant 1917. Alors parler de nouveau socialisme… on pourrait tout simplement parler d’anarchisme.

    Malgré le "isme", et comme décrit indirectement par des exemples dans l’article, ce n’est pas une idéologie.

    Bien que je cultive sans doute moi aussi une ferveur disproportionnée pour internet, je ne pense pas atteindre l’aveuglement de l’auteur de cet article. Je limite ce "nouveau socialisme" au monde des logiciels libres, copyleft et les usages légaux ou non du P2P et consort, pas au facebooks et compagnies, où la structure est purement capitaliste, et les droits trop facilement cédés aux cigares et hauts de forme, dans une logique de profit et non de partage (on peut craindre une nouvelle bulle internet pour certaines de ces entreprises, ou leur quasi-disparition avec l’effondrement du système publicitaire).
    Sans prendre en compte ces considérations, le terme "libertarien" me semble déjà très maladroit, alors avec… Autant appeler un chat noir un chat noir, aussi décrié qu’il puisse être en cette période.

    YAPLUKA exporter ces modèles d’organisation hors du monde virtuel… vaste programme. Et si on commençait par détruire la propriété privée des moyens de productions sans l’offrir à l’Etat ? Il sera alors difficile d’affirmer que "La plupart des occidentaux, moi y compris, ont été endoctrinés par l’idée que l’extension du pouvoir des individus réduit forcément le pouvoir de l’État, et vice versa."

  34. sergio

    Je trouve cet article très bien et réaliste, optimiste et ambitieux. Les commentaires enrichissent le débat. Je voudrais tout de même ajouter et corriger un petit détail. Je pense que la comparaison avec les arts, notamment la musique, et Hadopi, doit être faite. Le concept de partage d’idées (Quand 2 personnes échangent 1 objet, elles se retrouvent avec 1 objet chacune, et si elle ont une idée chacune, qu’elles échangent, elles se retrouvent avec 2 idées chacune) est très juste. Mais dans notre cas, il faut tenir compte que pour échanger des idées sur le Web et Internet, il faut être équipé d’un ordinateur et d’un accès à Internet. Ce qui est déjà une étape, mais qui est franchie par un milliard de personnes sur Terre.

    Quand on compare avec la musique, il ne fait aucun doute que la création n’est pas donnée, il faut souvent payer matériellement le studio. Et pourtant, la reconnaissance est énorme et les concerts peuvent peut-être rapporter suffisamment. En effet, la création (en tant qu’auteur/compositeur/interprète) ne "coûte" pas plus que d’écrire un article sur Wikipedia, c’est-à-dire du temps. La diffusion et la distribution non plus. On se retrouve donc avec un très faible coût matériel de la musique. Et pourtant on fait une loi pour que cela reste un bien marchand, et que l’échange de produit culturels soit prohibé (et pourtant, pour une enseigne, "la culture, c’est l’échange").

    Cela amène tant de nouveaux débats. Je ne m’arrêterai que sur un, peu de temps. Celui de la valeur du travail. Le capitalisme, finalement, ça a donné le fait que le capital, le matériel, a une valeur énorme, c’est ce qui rapporte. Et le travail est de plus en plus dévalorisé. Or dans ces initiatives, celles d’outils créés en collaboration, sans salaire, on voit qu’il est fait sans attente. Serait-ce (aller peut-être trop loin) aller jusqu’à dire que le capitalisme a tant dévalorisé le travail que l’on travaillerait pour de la reconnaissance, de la notoriété, et même finalement pour la satisfaction de se sentir utile, la satisfaction d’avoir bâti ou contribué à bâtir quelque chose. Peut-être que ce qui ressort plus des expériences de collectivisation du travail, c’est l’implication des gens dans leur travail, plus que le salaire. On pourrait donc en faire un capitalisme raisonnable, où les gens sont plus impliqués dans leur entreprise, dans leur projet.
    Continuons de rêver…

  35. ths

    Seul le sujet est intéressant dans cette article. Beaucoup d’approximation et de raccourcis révoltants, notamment lorsqu’il dit: "les fanatiques de l’Open Source sont plus proches des libertariens que des communistes. "
    C’est du grand n’importe quoi !
    Il n’y a pas un anarchisme, mais plusieurs, il n’y a pas un communisme, mais plusieurs. Soit. Mais la liberté présente dans la doctrine libertarienne est la même, mais poussée à son paroxysme, que dans le néo-libéralisme ! Les libertariens se baptisent aussi eux-même et tout aussi abusivement, d’anarcho-capitaliste. Un bel oxymore ! Je suis un fervent partisan des logiciels libres et de l’anarchie, mais, horreur!, en rien un libertarien ou un anarcho-capitaliste.

    Il est très important de faire la distinction entre les deux:
    – un article : http://fra.anarchopedia.org/Critiqu…)
    – un livre: http://atheles.org/agone/memoiresso
    – une citation: la liberté crée l’ordre.

    Et je n’ai aucun doute que les partisans du logiciel libre puisse comprendre l’aberration et les nombreuses contradictions du libertariannisme.

    Salut !

  36. ths

    En complément, je vous invite à lire l’article ‘Are "anarcho"-capitalists really anarchists?’

    Pour cela:
    # debian || ubuntu
    $ apt-get install anarchism
    $ firefox /usr/share/doc/anarchism/html/secF1.html

  37. adoucisseur d'eau

    Des sessions de formation sont organisées en Ile de France par le courant, une lettre hebdomadaire élaborée, tandis que les animateurs du courant parcourent les fédérations pour expliquer aux sympathisants du nouveau parti socialiste les raisons de la synthèse et ses premières conséquences sur le fonctionnement du parti socialiste. Le fait qu’un partisan du Non au référendum sur le TCE puisse s’occuper de l’Europe au PS est révélateur du changement que pourrait entraîner la participation du NPS à la direction du parti socialiste.

  38. Skit

    Hum… Sincèrement, cet article est bon mais à la condition de remplacer "nouveau socialisme" par "libertariannisme". Ce que vous décrivez là est presque exclusivement du libertariannisme qui a plus de 50 ans et découle du libéralisme classique qui trouve ses racines au 14e siècle. Comme vous le dites plus haut, le logiciel libre est plus proche de l’idée libertarienne.
    Le socialisme libertaire a une très grave distinction avec le libertariannisme c’est que le premier accepte l’idée de prendre par la force et de collectiviser par la force dans "l’intérêt général" alors que le second refuse d’utiliser la force et d’invoquer l’intérêt général; les collectivisations sont comme les appropriations individuelles; volontaires par tous les participants.

  39. Victor

    Nous avons lu l’article « le socialisme nouveau est arrivé » du sieur Kevin KELLY dans sa traduction française et bien que nous n’apprécions guère la daube, nous pouvons prendre la peine d’en dire ceci : il y a un gros problème lorsque des personnes intellectuellement formées au marketing prennent la plume pour nous parler de théorie politique.
    A signaler les termes douteux :
    « troisième voie » : ce terme est plutôt employé par les fafs, la fameuse « troisième voie » du national socialisme.
    « technologie sociale collaborative » relié au terme « les masses connectées à l’internet », cela donne une idée de l’arrière plan de la pensée politique qui anime le sieur Kevin KELLY consciemment ou inconsciemment, soit « c’est tellement bien la technologie sociale pour faire bouger les masses dans le sens de la collaboration, quel précurseur ce Goebbels ! » Idem pour « nous sous-estimons la capacité de nos outils à remodeler nos esprits ». les remodeler à quoi, s-v-p ?

    Bref mieux vaut en rire !
    exemple de toute l’ambition sociale et politique de ce monsieur : « … Tout ceci, au final [Ndr : final de quoi ?] , crée souvent une valeur ajoutée que seul le groupe dans son ensemble [Ndr : ou dans ses parties ?] peut apporter. Par exemple, des photos d’un même endroit prises sous différents angles peuvent être assemblées pour former une reproduction du lieu en 3D stupéfiante [Ndr : waouw !!!] »
    exemple « d’où » écrit politiquement ce monsieur : « Qui aurait pu croire que des paysans précaires pourraient obtenir des prêts de cent dollars accordés par de parfaits étrangers vivant à l’autre bout du monde ? » à part les imbéciles, à peu près tout le monde non ?

    Jaurès, Danton, Bakounine et Louise Michel font quatre salto arrières.

  40. adoucisseur

    Celui de la valeur du travail. Le capitalisme, finalement, ça a donné le fait que le capital, le matériel, a une valeur énorme, c’est ce qui rapporte. Et le travail est de plus en plus dévalorisé. Or dans ces initiatives, celles d’outils créés en collaboration, sans salaire, on voit qu’il est fait sans attente. Serait-ce (aller peut-être trop loin) aller jusqu’à dire que le capitalisme a tant dévalorisé le travail que l’on travaillerait pour de la reconnaissance, de la notoriété, et même finalement pour la satisfaction de se sentir utile, la satisfaction d’avoir bâti ou contribué à bâtir quelque chose. Peut-être que ce qui ressort plus des expériences de collectivisation du travail, c’est l’implication des gens dans leur travail, plus que le salaire. On pourrait donc en faire un capitalisme raisonnable, où les gens sont plus impliqués dans leur entreprise, dans leur projet.
    L’espoir fait vivre !!!?

  41. Aurel

    Comme l’a signalé d’autres commentateurs (christophe, Victor B et Marie), l’auteur a une très mauvaise connaissance historique du socialisme (comme nombre d’autres personnes). Ce « nouveau socialisme » n’a rien de nouveau. Dès ses origines le socialisme a été libertaire et auto-gestionnaire. Proudhon a malheureusement été éclipsé par Marx relu par Lénine, les coopératives ouvrières par les usines d’État, le socialisme libertaire par un socialisme autoritaire et hiérarchique. La planification et la centralisation ne sont absolument pas des principes fondateurs du socialisme, y compris chez Marx.