Nous disons Liberté – Ils entendent Gratuité

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Drewski Mac - CC by-saNous le savons, l’adjectif anglais free est un mot qui signifie aussi bien libre que gratuit.

Tout dépend du contexte. Lorsque Stevie Wonder chante I’m free, il n’y a pas d’équivoque possible. Mais il faut encore parfois préciser à un Anglo-Saxon qu’un free software est un logiciel libre et non un logiciel gratuit. C’est d’ailleurs l’une des raisons de l’existence de l’expression alternative (mais controversée) open source.

Il en va de même pour la célèbre citation «  Information wants to be free  », que notre ami Cory Doctorow nous propose ici d’abandonner parce qu’elle arrange trop ceux qui feignent de croire que nous voulons la gratuité alors qu’il ne s’agit que de liberté. Une gratuité «  qui détruit toute valeur  » et qu’il faut combattre, quitte à restreindre les… libertés  ! CQFD

N’est-ce pas la même stratégie et le même dialogue de sourds que nous avons retrouvés lors de notre bataille Hadopi  ? Ce n’est pas l’information gratuite qui nous importe, c’est l’information libre. Mais ça c’est tellement étrange et subversif que cela demeure impossible à entendre de l’autre côté de la barrière[1]. À moins qu’ils n’aient que trop compris et qu’ils ne fassent que semblant de faire la source oreille…

Remarque des traducteurs  : Le mot «  free  » apparaît dix-sept fois dans la version originale de l’article, que nous avons donc traduit tantôt par «  gratuit  » tantôt par «  libre  », en fonction de ce que nous pensions être le bon contexte.

Répéter que l’information veut être gratuite fait plus de mal que de bien

Saying information wants to be free does more harm than good

Cory Doctorow – 18 mai 2010 – Guardian.co.uk
(Traduction Framalang  : Barbidule et Daria)

Arrêtons la surveillance et le contrôle parce que ce que veulent les gens c’est avant tout être réellement libres.

Pendant dix ans, j’ai fait partie d’un groupe que l’industrie du disque et du cinéma désigne comme «  ceux qui veulent que l’information soit gratuite  ». Et durant tout ce temps, jamais je n’ai entendu quelqu’un utiliser ce cliché éculé – à part des cadres de l’industrie du divertissement.

«  L’information veut être gratuite  » renvoie au fameux aphorisme de Stewart Brand, énoncé pour la première fois lors de la Conférence de Hackers de Marin County, Californie (forcément), en 1984  : «  D’un côté, l’information veut être chère, parce qu’elle a énormément de valeur. La bonne information au bon moment peut changer votre vie. D’un autre côté, l’information veut être gratuite, car le coût pour la diffuser ne fait que diminuer. Ces deux approches ne cessent de s’affronter.  »

Ce savoureux petit koan résume élégamment la contradiction majeure de l’ère de l’information. Il signifie fondamentalement que l’accroissement du rôle de l’information en tant que source et catalyseur de valeur s’accompagne, paradoxalement, d’un accroissement des coûts liés à la rétention d’information. Autrement dit, plus vous avez de TIC à votre disposition, plus elles génèrent de valeur, et plus l’information devient le centre de votre monde. Mais plus vous disposez de TIC (et d’expertise dans les TIC), et plus l’information peut se diffuser facilement et échapper à toute barrière propriétaire. Dans le genre vision prémonitoire anticipant 40 années d’affrontements en matière de régulation, de politique et de commerce, il est difficile de faire mieux.

Mais il est temps qu’elle meure.

Il est temps que «  l’information veut être gratuite  » meure car c’est devenu l’épouvantail qu’agitent systématiquement les grincheux autoritaires d’Hollywood à chaque fois qu’ils veulent justifier l’accroissement continu de la surveillance, du contrôle et de la censure dans nos réseaux et nos outils. Je les imagine bien disant «  ces gens-là veulent des réseaux sans entraves uniquement parce qu’ils sont persuadés que «  l’information veut être gratuite  ». Ils prétendent se soucier de liberté, mais tout ce qui les intéresse, c’est la gratuité  ».

C’est tout simplement faux. «  L’information veut être gratuite  » est aux mouvements pour les droits numériques ce que «  Mort aux blancs  » est aux mouvements pour l’égalité raciale  : une caricature, qui transforme une position de principe nuancée en personnage de dessins animés. Affirmer que «  l’information veut être gratuite  » est le fondement idéologique du mouvement revient à soutenir que brûler des soutiens-gorges est la principale préoccupation des féministes (dans l’histoire du combat pour l’égalité des sexes, le nombre de sous-tifs brûlés par des féministes est si proche de zéro qu’on ne voit pas la différence).

Mais alors, si les défenseurs des libertés numériques ne veulent pas de «  l’information gratuite  », que veulent-ils  ?

Ils veulent un accès ouvert aux données et aux contenus financés par des fonds publics, parce que cela contribue à améliorer la recherche, le savoir et la culture – et parce qu’ils ont déjà payé au travers des impôts et des droits de licence.

Ils veulent pouvoir citer des travaux antérieurs et y faire référence, parce que c’est un élément fondamental de tout discours critique.

Ils veulent avoir le droit de s’inspirer d’œuvres antérieures afin d’en créer de nouvelles, parce que c’est le fondement de la créativité, et que toutes les œuvres dont ils souhaitent s’inspirer ont elles-mêmes été le fruit de la compilation des œuvres qui les ont précédées.

Il veulent pouvoir utiliser le réseau et leurs ordinateurs sans être soumis à des logiciels de surveillance et d’espionnage installés au nom de la lutte contre le piratage, parce que la censure et la surveillance ont un effet corrosif sur la liberté de penser, la curiosité intellectuelle et le progrès vers une société ouverte et équitable.

Ils veulent des réseaux qui ne soient pas bridés par des entreprises cupides, dont l’objectif est de vendre l’accès à leurs clients aux majors du divertissement, parce que quand je paie pour une connexion au réseau, je veux recevoir les bits de mon choix, aussi vite que possible, même si ceux qui fournissent ces bits refusent de graisser la patte de mon fournisseur d’accès.

Ils veulent avoir le droit de concevoir et d’utiliser les outils qui permettent de partager l’information et de créer des communautés, parce que c’est le fondement de la collaboration et de l’action collective – même si un petit nombre d’utilisateurs se servent de ces outils pour obtenir de la musique pop sans payer.

«  l’information veut être gratuite  » est d’une concision élégante, et elle joue subtilement sur le double sens du mot anglais free , mais aujourd’hui elle fait plus de mal que de bien.

Il vaut mieux dire «  Internet veut être libre  » .

Ou plus simplement  : «  les gens veulent être libres  » .

Notes

[1] Crédit photo  : Drewski Mac (Creative Commons By-Sa)

51 Responses

  1. Marmoth

    Il serait peut être bon, en ce qui concerne l’opposition entre "libre" et "gratuit", de reconnaître néanmoins la corrélation qui existe entre ces deux caractéristiques: il est, me semble-t-il, plus compliqué de vendre un objet s’il est libre que s’il ne l’est pas. Si cette relation n’est pas analysée, relativisée ou réfutée, alors toute argumentation visant à différencier libre et gratuit apparaît fragile et théorique.

  2. vvillenave

    Loin de moi l’idée de paraître critiquer le grand Cory, mais ne serait-il pas un tout petit peu en train de réinventer la roue stallmanienne sur ce coup-là ? La différence entre "Free as in free speech" et "free as in free beer", ça ne fait guère que vingt-sept ans que rms l’explique, et à peu près autant que l’industrie de l’immatériel feint de l’ignorer dans l’espoir de décrédibiliser son adversaire…

  3. iri

    Sur le fond oui, il n’est pas le premier à l’écrire (ni à le dire !).
    Mais répéter un discours permet de le percevoir différemment et cette formulation différente interpelle des oreilles qui ne s’étaient guère émues auparavant. Pour un convaincu, je reconnais que c’est redondant mais je doute que le but était là 🙂

    S’il est plus difficile de vendre un bojet libre, à mon sens c’est plus par une crainte de l’inconnu, par ignorance (c’est quoi ce truc "libre", ça veut dire quoi, c’est louche, encore un truc de secte ou d’attrape-nigauds). À un niveau supérieur (États, grandes entreprises, …), c’est un intérêt partagé bien compris, peur de la contamination.
    Je n’ai jamais été convaincu du rôle essentiel des autres arguments que j’ai pu entendre sur la difficulté de vendre un quelconque objet libre par rapport à un objet gratuit.

    L’envie de gratuité est une réaction maladroite et spontanée à la marchandisation forcée de tout et n’importe quoi. Le libre justifie le prix par le travail fourni (avant et après) et la mise au pot commun du résultat ce qui est à ce niveau une réaction plus saine, me semble t-il.

  4. vulcain

    Un très bon texte.

    Comme le dit Willenave, c’est une redite de RMS, mais si peut toucher d’autres personnes..;

  5. joan

    Je ne trouve pas que ce soit une redite de RMS, bien au contraire.
    RMS est d’accord pour dire que le terme « free » est ambigu, mais s’obstine à l’utiliser depuis des décennies.
    C. Doctorow semble nous suggérer d’arrêter d’utiliser une expression justement parce que cette ambiguité fait plus de tort que de bien.

    C’est donc plus à la démarche de Eric Raymond que cela renvoie, lorsqu’il propose d’arrêter d’utiliser l’expression « free software » pour justement limiter l’impact de l’ambiguité.

    Pour le reste du monde, être libre est un concept qui s’applique aux humains et aux animaux, pas aux choses. Par contre être gratuit s’applique aux choses, pas aux humains. Comment pourrait-on ne pas comprendre de travers ?

    « Specifically, we have a problem with the term "free software", itself, not the concept. »
    http://catb.org/~esr/open-source.ht

  6. illovae

    Texte très sympas en effet, et j’aime beaucoup la référence à la Conférence de Hackers de Marin County, Californie 🙂

    Par contre, j’imagine que TIC ne signifie pas ici "troubles involontaires convulsifs" n’est-ce pas ?

  7. ybabel

    Oui, mais comme Marmoth je lève une objection quand à la séparation des 2 concepts.
    Si je suis d’accord pour l’importance de la liberté plutôt que de la gratuité, liberté et absence de contrôle, dans la pratique, ca veut dire gratuité. Donc, l’argument "liberté" n’est pas feint d’être ignoré, il est juste "impliqué".
    Si les gens sont libre d’échanger de l’information, pourquoi payeraient-ils pour le faire ?
    C’est le coeur du problème, et toute personne qui vit de cette information perçoit très vite le problème.
    C’est bien pour ça que l’Open Source est toujours en recherche de modèle économique…

  8. Vouze

    Prenons d’un côté un chaîne de télé, comme "Nolife" qui se plaint de problèmes d’argent (coût de diffusion ?). De l’autre un programme libre comme "Goalbit", qui sert à faire du streaming vidéo en P2P : je n’ai toujours pas compris ce qui empêche Nolife de diffuser via Goalbit : ils seraient indépendant vis-à-vis des opérateurs. Même avec numéricable ça marcherait.

    A l’heure d’Internet, est-ce normal que les chaînes de télé négocie les droits de diffusion à l’échelle des pays. Une diffusion par streaming a un contrôle très symbolique de l’origine des clients.

    Pourquoi y a-t-il si peu de VOD légale et gratuite rémunérée par la pub, quand les chaînes de télé y arrive si bien, mais avec des contraintes de temps si ridicule et d’un autre age.

    Quand on parle de liberté, les dinosaures comprennent "moins de sous pour nous", et ils n’ont pas tord, car cela fera plus de sous et plus de choix pour nous, car ils sont assis sur une rente bien confortable.

    Qui a été invité à la réflexion gouvernementale sur la Neutralité du Net ? Des vieux intervenants du droit d’auteur. La SACD, les auteurs de pièces de théâtre, mais quel rapport ? Ils ont détourné une réflexion sur les moyens de transporter l’information en débat sur la rémunération des contenus, et on est retombé sur les travers que vous dénoncez.

    La Neutralité consiste à forcer les opérateurs internet à être symétriques et donc interchangeables du point de vue du consommateur. Ainsi un opérateur ne possède plus ses clients, car ils sont libres de partir à tout moment. C’est du libéralisme à l’état pur !

    Le droit des uns s’arrêter ou celui des autres commence : c’est bien de cela dont ils s’agit, et il n’y a pas vraiment de mésentente du côté des défenseurs du droit d’auteur : ils doivent absolument réduire nos libertés (nos droits) pour qu’on puisse payer afin de reprendre ce qui était au départ un droit naturel.

    On peut trouver normal que l’auteur (enfin le producteur) soit rémunérer, mais certainement pas à vie et encore moins pour les héritiers qui n’ont rien fait. Un juste millieu doit être trouvé, mais actuellement, c’est du délire en faveur des droits d’auteurs.

  9. K.

    Le propre du tyran est le cynisme, et un peu d’hypocrisie.

    Si ils disent que la gratuité c’est mal : c’est également pour dire que la liberté de tous c’est mal (pour eux ) : car la leur de libérté, celle du riche disparaitrait … et ca le tyran ne le veut pas : ca remet en question la société …. et les forces de conservation, contre les forces du chaos, de l’entropie , de la liberté.

    C’est une nouvelle lutte des classes : bien que peu de personne comprennent encore tout ce que ca peut vouloir dire.

  10. Ginko

    K.:

    >C’est une nouvelle lutte des classes : bien que peu de personne comprennent encore tout ce que ca peut vouloir dire.

    Ça fait bien longtemps que cette même distinction entre ceux qui ont le pouvoir et ceux qui ne l’ont pas existe ici-bas. Et la démocratie n’y a rien changé sinon que l’argent et l’éloquence ont en partie remplacé le sang dans l’accession au pouvoir. (Enfin, heureusement pour les nantis, l’argent peut se transmettre de génération en génération… comme les droits d’auteur 🙂 )

    Sinon, pour ma part je suis pour l’acceptation de l’adjectif "libre" en anglais. "Libre software", ça en jette. Et puis après tous, les anglophones aiment bien nous piquer des mots ou des expressions pour faire plus classe… alors pourquoi pas? 🙂

  11. modagoose

    Les gens veulent être libres.

    Quels gens, combien de gens ?
    Je veux être libre, Doctorow veut être libre, Stallman à n’en pas douter, quelques personnes au courant des enjeux autour de l’information et des réseaux veulent être libres, mais ces personnes sont-elles représentatives d’un mouvement majoritaire ? Et parmi ces personnes combien veulent réellement être libres et pas juste à moitié ou aux deux tiers ?

    Le féminisme existe depuis bien avant que l’on nous montre des femmes brûler des soutien-gorges, mais est-ce que pour autant ce mouvement est majoritaire ? Est-ce que toutes les femmes savent de quoi il retourne, est-ce qu’elle sont toutes militantes, est-ce qu’elles sont toutes d’accord ?
    Non. Ce mouvement s’est-il propagé à la société entière, les lois sur la parité homme/femme, sur l’égalité en matière de salaire existent, mais sont-elles appliquée ? Non.

    Combien d’êtres humains vivant en démocratie ont conscience de ce que ça a coûter à leurs ancêtres pour vivre dans un modèle de société où le peuple décide pour lui-même ? Combien de Français ont conscience de ce que ça a coûté à leurs parents de se dresser contre la classe dirigeante pour lui arracher les droits sociaux, les congés payés, la retraite par répartition, l’assurance maladie et les services publiques ?

    Qui veut vraiment être libre ? Pas grand monde, j’ai l’impression ( ce n’est que mon impression ).

    Je comprend qu’il faille milité pour le droit à l’information libre mais ce mouvement, qui n’est pas majoritaire, ne pourra pas mettre en application ses projets à l’ensemble de l’information. Au contenu créé par la communauté qui le sous-tend, oui, au reste non. L’industrie de l’information ne se cassera pas la figure. Il n’y aura pas de chaos engendré par sa fin duquel pourrait naître un autre modèle basé sur le partage sans contrepartie de toute l’information passée, présente et future. Dans le monde physique, l’industrie de l’information a perdu la bataille car tout se passe désormais sur les réseaux. Elle perd des pans entiers de ce qui lui coûte le plus cher, mais progressivement, elle délocalise vers le virtuel. Je pense qu’elle a pris conscience qu’elle ne peut faire payer ce qui est disponible en abondance mais elle peut faire autrement. C’est simple, on verrouille à la base, en dur dans le hardware. On habitue à rester dans les clous, et on balise le chemin vers la fente dans laquelle on doit mettre la pièce. Le modèle existe, le modèle se vend, et plutôt bien, les clients sont heureux, ils font la queue.

    Et tout ça à côté du modèle ouvert du grand réseau dont on finira par oublier le nom à force de le confondre avec certaines des entités qui le squattent.

    Je vais sur Google, je vais sur Facebook, etc…

    On supprime le mot navigateur et on le remplace par une marque et on oublie à quoi ça servait en vrai. On finira par oublier aussi qu’à un moment, on avait la liberté mais que ça semblait trop contraignant, trop compliqué, que ça demandait à faire quelques efforts, et puis ça faisait peur aussi tout ce qu’on racontait sur les risques, alors on a écouté les marchands et leurs discours rassurants et finalement, c’est très bien. De toute façon, vu qu’on ne peut plus comparer, on ne se pose plus de questions.

  12. Jujens

    @modagoose : +1

    Le problème est aussi peut être que les gens croient que la liberté est acquise par la constitution, les Droits de l’Homme et que de ce fait, ne voient pas comment quelqu’un où quelque chose puisse la remettre en question. De plus, beaucoup ne s’intéresse pas à l’informatique (du moment que ça marche) et reste donc intouché par ces débats (du logiciel libre, open source et privateur mais aussi de l’HADOPI à l’ACTA) qui circulent plus sur le Net qu’à la télé. En outre, ils acceptent les arguments des entreprises et ne voient ni comment les remettre en cause, ni (ce qui est le plus inquiétant) en quoi cela compromet leur liberté.

    Les avantages de cet article est, à mon avis, qu’il est court, simple à comprendre et pas trop "extrémiste" ce qui permet d’amener tranquillement le débat.

  13. mydjey

    Ginko > "Libre software", c’est vrai que ça en jette. Reste plus qu’a le proposer à Cory et ce sera un problème résolu. ; – )

  14. Ginko

    De modagoose:

    > un modèle de société où le peuple décide pour lui-même

    Ça, hélas, c’est la théorie. La réalité c’est que le vote place le pouvoir entre les mains de représentants. Le jeu politique devient alors de tirer le plus de draps possible à soi sans que les électeurs ne s’en rendent trop compte, pour pouvoir être réélu. Je ne nie pas l’existence de gens vraiment honnêtes, mais croire que tous le sont, c’est s’enfoncer la tête dans le sable… et laisser le reste à l’air.

    >Combien d’êtres humains vivant en démocratie ont conscience de ce que ça a coûter à leurs ancêtres pour vivre dans un modèle de société où le peuple décide pour lui-même ? Combien de Français ont conscience de ce que ça a coûté à leurs parents de se dresser contre la classe dirigeante pour lui arracher les droits sociaux, les congés payés, la retraite par répartition, l’assurance maladie et les services publiques ?

    Il me semble que ça leur aurait aussi coûté de ne rien faire.
    Pour être conscient de la valeur d’un privilège, il faut pouvoir approcher de sa dépossession, soit par l’imagination, soit par les faits. Et pour connaitre ce qu’il en a coûté, il faut avoir une représentation fidèle du contexte. Dans une société où l’on vous demande surtout de laisser d’autres s’occuper des choses d’adultes, cet effort de documentation et de réflexion n’est pas évident.

    Pour finir, on parle beaucoup de liberté. Comme d’un concept absolu. Mais j’ai bien peur qu’une partie au moins de la liberté de l’un empiète sur la liberté de l’autre. (D’ailleurs Vouze et K. l’ont déjà mentionné). Quelle licence est la plus libre la GPL ou la BSD?
    La liberté est plus une question d’équilibre. De mon point de vue (comme de celui de Cory, il me semble), en ce moment la balance penche bien trop vers l’auteur.

  15. samuel

    Y a-til une si grande contradiction entre "gratuit" et "libre" ? Je me sens personnellement plus libre en me promenant dans les couloirs de ma bibliothèque municipale que dans les couloirs de la Fnac. Je pense que gratuit et libre doivent aller ensemble à condition que tout le monde soit dans un état d’esprit de dynamique créative.

    Je pense que la vraie opposition est entre les "créateurs (actifs)" et ceux qui sont seulement "utilisateurs (passifs)". Lorsqu’on appartient à la fois aux deux catégories, alors il n’y aucune raison d’avoir peur du "libre gratuit".

    Celui qui est dans une dynamique de création et de conquète de la connaissance sera toujours entousiasmé par le gratuit car cela lui permettra d’avancer plus vite et il n’aura pas peur de lui-meme rendre libre et gratuit son travail car de toute façon il continuera de vouloir avancer ailleurs. Il est motivé par autre chose que la rente. Avec une telle dynamique, l’écrivain qui pose un livre dans ma "bibliothèque municipale" n’aura pas peur de la gratuité car il sait que plus tard les roles seront inversés : le visiteur de la bibliothèque aura envie de devenir écrivain et le le vieil écrivain aura alors lui aussi un nouveau livre gratuit pour lui.

    Au contraire, la passivité d’un état d’esprit "utilisateur" qui se contente de prendre à droite et à gauche sans jamais ajouter du nouveau au pot commun ne peut que mener droit dans le mur à long terme. Meme si on utilise le beau Linux pour télécharger illégalement de la culture sans l’accord de l’auteur, je pense qu’on se tire une balle dans le pied. A terme, le mépris des créateurs de contenu ne peut mener qu’à une uniformisation générale de la culture. Le numérique donne l’impression d’une fausse abondance… un jour le web risque de ressembler aux chaines de télévision du cable : énormément de chaines et de programmes mais un contenu qualitatif affligeant d’ennui (rediffusions de Derrick, matchs de foot de la 4 ème division allemande, …). Suffit de voir le nombre de blogs qui parlent exactement des memes choses par simple "copier-coller" plutôt que de renvoyer au site original…

    Bon, il est un peut tard, désolé si mon charabia n’est pas trés limpide.

  16. Hobbes

    On veut d’abord la liberté, oui absolument.

    Mais souvent on veut aussi que ce soit gratuit.

    Si aujourd’hui, toute une génération (plusieurs générations même) venant de classes sociales plus ou moins défavorisées/désargentées peut accèder à des choses qui restaient très chères (jeux, séries de qualité, musique, logiciels pro valant des millieurs d’euros, OS etc..), c’est AUSSI grace au piratage et à la gratuité.

    Merci.

    Je souhaite donc encore de longs jours aux pirates, qui nous ont rendus d’immenses services quand à l’accès à la culture et au confort logiciel.

    Maintenant, ce mec a raison de souligner que nos ennemis aimeraient bien résumer notre position à la volonté du ‘gratuit – 0 rémunération pour les artistes’ en oubliant tout le coté "liberté".

    Mais notre situation actuelle, qui nous permet d’accèder gratuitement et librement à plein de logiciels et de contenu copyrighté ne serait pas possible sans une armée de pirates, de gens malins et audacieux, ou tout simplement curieux et insoumis. On oublit facilement ce qu’ils nous ont fait gagner.

    Et certains aimeraient bien profiter de cette situation sans jamais parler du politiquement incorrect, le warez, les pirates, l’illégalité etc…Or c’est quand même ces gens la qui ont mis les mains dans le cambouis, et réalisé les choses dans la pratique.

    Sans emule, napster ou bittorent, on n’aurait peut être même pas cette discussion parce que le nouvel age de diffusion de la culture libre ET SOUVENT gratuite, n’aurait même pas commencé.

    Donc osons dire que nous soutenons le piratage, le craquage, la contrefaçon, le viol de copyright et de "propriété (ahah) intellectuelle".

    Osons assumer ce dont nous profitons tout les jours.

  17. SixOO

    D’abord, je ne veux pas être libre, je veux être heureux et m’épanouir en faisant des choix. La liberté n’est qu’un moyen nécessaire, on y renonce toujours en partie contre quelque chose qu’on juge profitable. Ensuite, pourquoi je pourrais acheter un logiciel libre? Parce que je ne suis pas spécialiste de l’informatique, comme 99% des gens. Et que par conséquent j’ai besoin d’une expertise, j’achète donc ce savoir faire (et à priori je ne modifierai jamais le code d’un programme) mais je ne veux pas que ce choix puisse être une menace pour ma vie privée, mes données ou ma sécurité. En d’autres termes, je paye un logiciel construit dans mon intérêt. Je paye pour une source de téléchargement officielle, garantie par l(es)’auteur(s). Par la suite, je peux aussi payer pour du service autour de ce logiciel. Par exemple pour le bouquin d’aide officiel, imprimé proprement. Dans les faits, les logiciels propriétaires peuvent aussi être copiés, alors je ne vois pas en quoi le Libre pose un problème de prix.

  18. Silémon

    Attention, il n’y a pas que de l’autre côté de la barrière que l’on entend "gratuit" lorsque d’autres disent "libre". Il y a aussi tous ceux "de notre camp" qui se donnent "l’alibi du libre" alors qu’ils ne souhaitent qu’une chose : consommer de la culture gratuitement (et voir Avatar en CAM avant tous les autres).

    On l’a bien vu avec l’affaire Wawa-mania dont les membres sont à des années-lumière de l’état d’esprit du libre.

  19. samuel

    @Hobbes

    Avant de faire l’éloge de ceux que tu appelles pirates, je te suggère fortement la lecture de cet article : http://uzine.net/article94.html (un texte datant de l’année 2000 mais un texte légendaire selon moi).

    Je penses que tu confonds les pirates et les alternatifs.

    Les "pirates" ne sont finalement que des parasites complices de la culture dominante. Exactement comme les casseurs dans les manifestations urbaines sont rarement les plus puristes mais souvent au contraire de simples policiers des Renseignement généraux déguisés en civil dont le role est de décrédibiliser le mouvement social en créant des débordements. Pour moi, la notion de "libertaire" n’est jamais trés loin finalement de la notion de "liberalisme".

    Les solutions "alternatives" proposent au contraire un modèle independant et autonome qui n’a pas besoin de "méchants-utiles" et autres faire-valoirs pour légitimer constamment leur logique.

    La vrai révolution du logiciel libre n’est pas d’apporter la culture dominante existante à tous mais d’apporter à tous le droit de CRÉER et DIFFUSER sa propre culture personnelle. "Free as free speach" … "not free as free téléchargement des ch’tis en bittorent".

  20. Hobbes

    En gros, qu’un mec au smic, au rmi, ou autre, veuille telecharger gratos des "biens cuturels" qui sont financièrement hors de sa portée, mais qu’il a vraiment envie de voir (et franchement, moi ca me regarde pas si les raisons qu’il a de vouloir les voir sont "bonnes", "mauvaises", "nobles" ou "terre à terre", de culture "dominante" ou pas) et que pour cela il utilise des moyens illégaux, ca vous choque?

    Non parce que la on est complètement au dela de la notion de libertaire, ou anar, ou autre. Les libertaires se revendiquant comme tels sont des capitalistes déguisés, ca on en a tous conscience, c’est une évidence, c’est hors sujet.

    Non mais dites le, parce que c’est bien les grands discours, mais dés qu’il s’agit de mettre les mains dans le cambouis, y a plus personne, c’est forcément tous des méchants.

    Faut être un rebelz de la société, mais gentiment, hein bourgeoisement, noblement quoi, sinon c’est un peu dégueulasse.

    Putain c’est pas comme ca qu’on va la faire la révolution. Heureusement qu’en 1789 ou pendant la Commune on a pas attendu les gens qui pincent la bouche en prenant des airs dégoutés quand ils voient un mec voler une pomme pour se nourrir ou copier illégalement un bouquin qu’il a pas les sous d’acheter.

    Bref, les riches doivent avoir le choix de télécharger en payant la culture que vous appellez avec un raccourci facile "dominante" (mais c’est quoi exactement? un bouquin de s-f téléchargé illégalement, c’est de la culture dominante? ca n’en est pas UNIQUEMENT si c’est moi qui écrit les bouquins que je lis moi meme? et un documentaire instructif téléchargé illégalement c’est dominant? et si je télécharge illégalement un bouquin de Bakounine, je me soumet à la culture dominante? C’est quoi ces pseudos analyse à deux balles, ne soyons pas ridicule…).

    Et les pauvres doivent n’avoir comme seul et unique choix de ne pas toucher à une culture fantasmée des riches (en plus c’est illégal, tu te rends compte coco?) et de se libérer noblement à la force des poignés. Ouais c’est bien, et sinon c’est bien aussi d’avoir le choix de m’autolibérer comme je le souhaite, merci bien et en plus ca ne regarde que moi et les gens qui me jugent, ben je les emmerde. Poliment hein mais profondément.

    Par contre c’est bien une mentalité de nanti cette vision des choses qui voudrait séparer les gens en gentil rebelz et en méchants pirates. Excuse moi, c’est juste plus compliqué que ca, faut parler avec les gens qui téléchargent dans la vrai vie hein, ca aide de se renseigner un peu.

    Et puis cette polémique avec wawamaniatruc je sais plus quoi, mais qu’est ce qu’on en a à branler franchement, ca vient faire quoi la? c’est la nouvelle affaire du sang contaminé? y a pas plus grave dans le monde non? c’est un épiphénomène, c’est du vent, on brasse de l’air la a parler de cette affaire qui n’existe qu’a travers les médias finalement. On a pas entendu ce pseudo-scandale pour savoir que oui, y aura tjours des mecs pour pas jouer le jeu ou s’enrichir au lieu d’oeuvrer par idéalisme et désintéréssemment(d’ailleurs est ce le cas du gars en question? j’en sais rien, je me suis meme pas intéressé au bouzin) c’est dommage, mais que veux tu, les humains sont humains.

    Non mais bref on va quand meme pas découvrir la, maintenant, que tout les gens qui piratent ou qui mettent à disposition du contenu ne sont pas forcément des mélanges de Ghandi-Jésus-Luther King. Mais on s’en tape! Ce sont des gens normaux et c’est justement ca le but, que la culture circule sans entrave à destination de n’importe qui, de qui la veut, sans la barrière du fric, des idéologies ou de la censure. Ce qu’on a actuellement est extremement loin d’être parfait, mais oui, mais bien sur, mais qui dit le contraire? Mais pas moi!

    MAIS c’est mieux que rien, hein et on est bien content d’avoir tout ces liens emule, bittorent etc..sous la main, alors stop l’hypocrisie.

  21. Grunt

    @Hobbes:
    On t’a dit "Liberté", tu as entendu "Gratuité".

    Boutade à part, rester dépendant des contenus (qu’ils soient logiciels ou audiovisuels) n’est pas libérateur. Obtenir des Nike contrefaites à 20€ ne libère pas de l’emprise marketing qu’ils ont sur les individus, de même qu’obtenir Avatar gratuitement ne libère pas de l’emprise de la 20th Fox sur les esprits.

    Je ne suis pas ce que tu appelles un "nanti", j’ai les connaissances techniques pour télécharger tout ce qui sort sans me faire chopper, et pourtant je ne le fais pas.

    Et c’est justement au nom de "stop l’hypocrisie" que je ne me gave pas de leur contenu. Car je trouve terriblement hypocrite de critiquer le modèle économique de ces sociétés-là, tout en cédant à leur marketing, donc en leur donnant raison.

    On ne peut pas à la fois considérer quelqu’un comme son ennemi et lui manger dans la main. Un peu de dignité, bon sang!

    Je sais que ce n’est pas facile de s’abstenir de se jeter sur leur contenu, pas facile du tout: mais c’est nécessaire si on veut avoir une chance de se débarrasser d’eux un jour. Avant de changer le monde, il faut commencer par changer soi-même. L’idée d’un monde où, éternellement, ils continueront à avoir le monopôle sur notre culture, et où, éternellement, on essaiera de gruger en douce pour y avoir accès gratuitement, me fout la gerbe. Le téléchargement illégal leur rend service, et c’est justement pour cela qu’il ne faut pas y avoir recours. C’est parce que ceux qui téléchargent le plus sont ceux qui les financent le plus, qu’il ne faut pas les télécharger. Pas leur faire de publicité. Pas les citer. Ne pas dépendre d’eux intellectuellement.

  22. Hobbes

    Donc corrige moi si je me trompe, mais Le Capital n’a aucune valeur parce qu’il a été diffusé par des moyens capitalistiques?

    Et l’immense série Babylon 5, il faut lui chier dessus, parce qu’elle a été diffusé à la télé?

    Perso, je t’arrete tout de suite, si ca ne tenait qu’a moi, on serait tous co proprios des moyens de diffusion et des moyens de création, la culture serait libre ET gratuite, les artistes (et les autres) auraient un revenu garanti, il n’y aurait plus de copyright et on aiderait tout un chacun dés l’enfance à développer librement ses capacités artistiques et de réflexion.

    A coté de "ma" vision, la lutte cul cul plan plan paraitrait presque un manifeste capitaliste, donc ca me fait bien rire.

    Pirater Avatar ne libère certainement de rien du tout. Tu crois que les gens font tout ce qu’ils font dans la vie pour se libérer? Ou il faudrait? On va contraindre les gens à se libérer de la facon dont on le souhaite nous?

    Et s’ils téléchargeaient ce film, Avatar, certes film de merde, film avec une mentalité de merde et produit comme une grosse bouse commerciale qu’il est, pour… se divertir?

    Oui c’est pas la "meilleure" facon de se divertir, selon ton point de vu (et un peu le mien, mais qui suis je pour le dire?) oui ca ne libère pas, oui ca contribue à alimenter tout les travers de notre société de conso de merde, mais on vit dans le monde, pas dans l’idéal.

    Obtenir des nike contrefaites à 20 euros ca…met pas fin au capitalisme, ni a l’exploitation des chinois, ca contribue au problème mais..ca te procure des chaussures à 20 euros, ce qui est tjours mieux que pas de chaussure du tout et permet peut etre au mec de pas passer pour un blaire auprès de ses potes.

    Oui cette mentalité est idiote, et il faut la changer mais c’est humain, on va pas aller faire la lecon au mec qui a pas de thunes pour se payer des nikes, non mais. Y a d’autres moyens de lui dire, de discuter, que de rester la haut dans sa tour d’ivoire et de chier sur les autres, et les pirates. ca c’est facile, d’ailleurs c’est que font les entreprises monopolistiques de la culture.

    Moi je crois que le téléchargement illégal en partie leur rend service, mais leur nuit surtout. Parce que s’il ne modifie que marginalement les habitudes de consommation, il ne les empire pas, d’une, et de deux, il a DEJA fait réaliser a beaucoup que la culture ne se paye pas, qu’elle appartient à tous et qu’aucune limite ne doit exister à sa diffusion et son appropriation. Merci les pirates pour cet apprentissage par le pratique.

    En fait, tu confonds le canal de distribution et l’oeuvre diffusée, déja, c’est un enorme malentendu.

    On peut diffuser des oeuvres légitimes par des canaux capitalistiques. C’est PAS encore l’idéal, mais c’est MIEUX que pas de diffusion du tout.

    Bref c’est beaucoup plus compliqué qu’une vision binaire. FInalement, avec le piratage, les gens ne consomment pas PLUS de daubes capitalistiques, mais pas MOINS non plus, MAIS ils apprennent surement plus ou moins consciemment à se libérer du faux problème de la légalité/illégalité, du cout, et du concept de "payant/gratuit", qui ne devraient meme pas exister.

    Et en plus, concrètement, tout les jours, ca participe a leur confort de vie, et vu la vie de merde qu’on se tape dans nos sociétés de merde, c’est bien malin de nous dire de vivre comme des ermites bouddhistes, mais non merci, je laisse ca aux wanabe martyrs surtout que ca sert à rien.

    Donc c’est banco.

    Franchement, si tu attends que le comportement des gens soit idéal pour participer à une évolution, tu ne feras jamais progresser le schmilblick.

    Parler parler parler, c’est bien, mais on n’aurait PAS cette discussion si il n’y avait pas eu le piratage massif. On ne l’aurait certainement pas, et les choses en seraient exactement au point qui t’ulcère, c’est à dire tout entre leurs mains, rien entre les notres.

    Ce que tu ne vois pas, c’est qu’avec le piratage massif (je parle ici de peer to peer, pas de cette merde de direct download) on a récupéré le controle de moyens de diffusions/partage culturel?

    PUTAIN MAIS C’EST ENORME!!! Vous vous en rendez compte? C’est une des révolutions du siècle et du précédent, c’est unique, c’est nouveau, c’est gigantesque! C’était imprévisible et ca leur fout les jetons.

    Alors APRES que ces moyens soient MAL utilisés (pour diffuser du contenu que tu trouves illégitimes, et je suis en partie d’accord, surtout sur le coté habituation des gens à des outils propriétaires, ou je te rejoins sur le fonds) c’est bien évidemment un peu triste, mais aussi 1) inévitable 2) ca fait partie du deal, la liberté c’est aussi la liberté de se tromper et faire ses propres erreurs) 3) ca peut se changer.

    DOnc c’est presque accessoire, ou plutot, c’est une DEUXIEME étape, qu’il nous faut mettre en oeuvre. Mais la première n’a pu se réaliser que grace aux pirates, et sans eux on ne commencera meme pas la deuxième.

  23. Grunt

    "Pirater Avatar ne libère certainement de rien du tout."
    Non, ce n’est pas que ça ne libère pas: c’est que ça contribue à enfermer. Il est là le problème.
    "Tu crois que les gens font tout ce qu’ils font dans la vie pour se libérer? Ou il faudrait?"
    Je vois qu’ils font pratiquement tout pour être enfermés le plus possible, et ça ne me semble pas inutile de dire : attention, le warez n’est pas une libération, ce n’est pas parce que la prison est gratuite que ça devient un hôtel.

    "On va contraindre les gens à se libérer de la facon dont on le souhaite nous?"
    Non, mais on n’est pas forcé de voir leur choix comme un combat, et de l’assimiler à tous les mouvements libérateurs. On a beaucoup parlé de Hadopi sur Internet, et pratiquement toutes les critiques contre cette loi étaient, en fait, des critiques contre le modèle économique des majors. Il y a très peu de place pour un point de vue qui soit à la fois respectueux des licences (y compris propriétaire), mais attentif à la présomption d’innocence, à la liberté de choix (mise à mal par le spyware non intéropérable). Étant donné qu’il s’agit de mon point de vue, j’insiste donc pour rappeler que, oui, on peut parfaitement défendre la liberté sans pour autant défendre le "piratage".

    "Obtenir des nike contrefaites à 20 euros ca…met pas fin au capitalisme, ni a l’exploitation des chinois, ca contribue au problème mais..ca te procure des chaussures à 20 euros, ce qui est tjours mieux que pas de chaussure du tout et permet peut etre au mec de pas passer pour un blaire auprès de ses potes."
    Que ça permette d’avoir des chaussures plutôt que pas de chaussures du tout, totalement d’accord. Strictement rien à redire là dessus, et si pirater Avatar peut sauver une vie humaine alors il _faut_ le pirater. On est là dans le domaine de l’essentiel, de la survie, du strict minimum nécessaire. Oui aux Nike contrefaites si ça évite de marcher pieds nus, oui mille fois.

    Mais, par contre, c’est sur le point "ça permet peut être au mec de pas passer pour un blaire auprès de ses potes" que je rebiffe. C’est même le point essentiel de cette discussion: l’aspect social, qu’on retrouve aussi dans les oeuvres audiovisuelles (si t’as pas vu Avatar, tu passes aussi pour un blaire).
    Mon avis est que, justement, si on veut des fausses Nike à 20€ (plutôt que des chaussures noname à 15€) pour ne pas passer pour un blaire, il faut absolument éviter de prendre les fausses Nike. Car, en acceptant cette contrainte, on ne fait que la renforcer pour le suivant. C’est une immense vague qui aurait décidé de tout balayer: chaque individu qui cède, qui accepte la contrainte et accepte de porter des Nike (vraies ou fausses, ça ne change quasiment rien), grossit la vague et fait que la contrainte sera encore plus grande sur le prochain.
    Donc oui, le gars qui voudrait avoir des Nike juste pour s’intégrer ne devrait pas céder à cette facilité. Car, s’il le fait, il rendra la vie encore plus difficile au prochain qui voudra lui aussi s’intégrer, en rendant les Nike encore plus indispensable.
    Ton discours se fait très acerbe envers les gens qui refusent ce fonctionnement, peut-être que (à ton insu?) tu les considères aussi comme des "blaires"?
    Et comment veux-tu construire de très grands changements (tu parles de copropriété des moyens de production, on en est loin) en considérant que l’individu doit suivre la pente la plus douce, celle du confort quotidien, autant que faire se peut? La révolution ne se fera pas en téléchargeant ce que M6 recommande.

    Quand tu me parles de "la lutte cul cul plan plan", j’ai du mal à comprendre: tu soutiendrais qu’une lutte est plus efficace en faisant le minimum d’effort, en veillant à son "confort de vie" immédiat, qu’en prenant sur soi et en libérant des ressources (de la bande passante, de l’espace disque, de l’attention, du temps), en se détachant de ce contexte propriétaire et privateur, pour essayer d’aller voir là ou la liberté "coule de source" et n’est pas arrachée de force?
    Pour moi, le "cul cul plan plan" c’est le téléchargeur qui s’imagine "rebelz" parce qu’il croit faire la nique aux majors, et le grand soir ne peut venir que d’une prise de conscience et d’un comportement plus responsable.

    "Franchement, si tu attends que le comportement des gens soit idéal pour participer à une évolution"
    Je n’attends pas un comportement idéal, j’attends un comportement qui aille dans le sens de l’évolution souhaitée. Autrement dit: si tu veux changer le monde, commence par changer toi-même.

    "Ce que tu ne vois pas, c’est qu’avec le piratage massif (je parle ici de peer to peer, pas de cette merde de direct download) on a récupéré le controle de moyens de diffusions/partage culturel?"
    On n’a rien récupéré du tout. Ce sont eux qui contrôlent encore la production, le financement, la promotion. Ce sont eux qui décident si tel projet de film devra vivre ou mourir. Avant que ton film n’arrive sur le réseau Kad, il aura fallu le produire, le faire connaître, et là c’est eux qui détiennent les cordons de la bourse. La culture populaire est enfermée dans un camp immense, et ce n’est pas parce qu’au milieu de ce camp des petits malins on pris le maquis, qu’ils sont libres: les barbelés sont toujours là, à l’extérieur. Le maquis ne débouche nulle part, vous, nous sommes cernés.

    Un bon conseil: lis "Le meilleur des mondes", de Aldous Huxley. Il décrit parfaitement comment il est possible d’asservir les êtres humains, non pas par la contrainte, mais par la satisfaction instantanée de leurs besoins, et par la manipulation de ces mêmes besoins. On y est. Et tu craches sur les "sauvages" qui préfèrent la liberté au confort ;+)

  24. samuel

    @Hobbes

    >>> "Avec le peer2peer, on a récupéré le controle des moyens de diffusions/partage culturel?"

    Oui, je suis vraiment d’accord avec toi pour dire que c’est révolutionnaire ! La révolution est faite, le peuple a le pouvoir ! C’est vrai … mais maintenant on fait quoi ? On en fait quoi de ce pouvoir tout beau tout neuf ? On se retrouche les manches et on sort un peu son porte-monnaie pour construire un système plus juste et équitable ou bien on soulage notre rancune et notre vieille jalousie en se vautrant à enfin faire comme nos anciens boureaux car merde c’est notre tour de faire mumuse à jouer les mini-dictateurs. Oui, la dictature du prolétariat reste une dictature. Changer de système oui …mais changer pour quelque chose.

    >>> "Les Nikes de contrefaçon, ça permet peut être au mec de pas passer pour un blaire auprès de ses potes"

    Excelent exemple ! Merci. Donc faudrait étre un rebel contre les multinationales mais surtout pas rebel contre les raisonnements idiots de son entourage. Si un "type exige d’avoir une Rolex avant 50 ans pour réussir sa vie", bein les moutons ne sont peut-étre pas obligés de suivre le berger, si ? Avec les milliards d’habitants sur terre, il y a probablement d’autres moyens que de se sentir obligé d’avoir comme potes Jean Sarkozy ou Jean-Marie Bigard, non ? En fait, les vrais rebels se sont les gens solitaires 🙂

  25. Hobbes

    Je suis quand même moins pessimiste que toi quand à l’enfermement supposé auquel conduit l’exposition à la culture dominante. Bon ca c’est un point de vu, on peut argumenter des heures, mais je pense pas que tout les contenus actuels ne soient que servitude en embuscade. Il y a des films combatifs diffusés à un large public (films d’anticipation etc..), des livres, des docus, et surtout beaucoup de contenu "mixte" qui est à la fois un divertissement, et qui apporte une réflexion. Et tout ca se retrouve sur les réseaux d’échange atlernatifs.

    Bon, déja la dessus on est pas tout à fait d’accord, mais je partage en partie ton point de vu.

    Je pense pas non plus du tout que les gens fassent tout pour être/rester enfermer. C’est une vision, (pour moi) assez cynique des choses. Je crois surtout que les gens essayent de s’en sortir, qu’ils sont dans la mouise, qu’ils font ce qu’ils peuvent, et que quand ils ne vont pas tuer leur voisin à coup de pelle, c’est déja bien.

    Je suis même tout les jours étonnés que des bombes ne pètent pas partout, quand je vois ce qu’on leur fait subir. Et tu serais étonné de voir le nombre de gens qui ont conscience d’être "enfermé" mais qui n’ont pas cinquante mille solutions pour rester à flot. Alors si après y a la révolution, mais elle ne se fait pas en un jour :-(.

    "Ton discours se fait très acerbe envers les gens qui refusent ce fonctionnement, peut-être que (à ton insu?) tu les considères aussi comme des "blaires"?

    Non pas du tout, au contraire je les respecte énormément, je suis même admiratif, tant qu’ils ne tombent pas dans le travers du juge intransigeant. Comme tu le dis, changer le monde c’est peut etre déja se changer soi, mais on ne peut pas décemment demander aux gens de "changer" comme ca, ils ont déja des problèmes plus pressant à résoudre.

    "Et comment veux-tu construire de très grands changements en considérant que l’individu doit suivre la pente la plus douce."

    Ce n’est pas du tout ce que je dis, ni n’ai voulu dire. Je pense qu’on se doit de faire NOTRE maximum pour que les choses changent dans le sens de nos idéaux.

    Mais je crois aussi qu’il faut arreter d’attendre des autres qu’ils soient les martyrs de la cause, qu’ils se sacrifient pour de meilleurs lendemains.

    Pourquoi? Parce que cette demande s’adresse à des gens qui sont déja sacrifiés sur l’autel de notre société. Des vies foutues, au quotidien, des années perdues dans des boulots de dingue ou des gens renvoyés chez eux en charter, et en plus il faudrait que ces gens soient "exemplaires" (au sens moral, que je ne partage pas, du terme), qu’ils soient les premiers à changer, à faire tout les efforts, tout les sacrifices.

    Finalement, c’est demander à ceux qui sont dans une merde noire d’en faire 10 fois plus que ceux qui vont très bien, merci et qui en profitent.

    Ben c’est pas ma conception de la lutte. Je ne fais ni dans l’ascèse ni dans le sacrifice qui ne soit pas absolument nécessaire (et des sacrifices j’en fait). Pour moi la lutte peut être joyeuse et festive, et la plus réussie, c’est certainement celle qui d’abord, ne sacrifie pas ses membres!

    A quoi sert que une lutte pour améliorer la vie dans laquelle on la foutrait tous en l’air? Bon j’exagère le trait, mais je crois que tu vois ce que je veux dire. On peut avoir la liberté et le confort. Peut etre pas l’une avant l’autre, et certainement pas l’une sans l’autre, mais oser dire qu’ajourd’hui nous, quand je dis nous, c’est pas les dominants, nous vivons dans "le confort", c’est énorme.

    Tu as conscience de la vie que certains d’entre nous mènent au jour le jour?

    Je suis pas en train de dire qu’il faut se vautrer dans la consommation capitalistique de contenus prout prout TF1…J’espère bien même que ce contenu se cassera la gueule de lui meme quand il sera mis en concurrence avec des oeuvres d’esprit "libre" (et c’est déja le cas en ce qui concerne mon entourage, ce qui me rend optimiste).

    "La culture populaire est enfermée dans un camp immense"
    Je ne suis pas d’accord, c’est bien réducteur. La culture populaire ne se résume pas à la culture dominante. Il y a toute une contre culture que tu oublies ou que tu ne mentionnes pas, après peut etre que tu la considères comme peau de zib, mais moi je suis plongé dedans tout les jours, je ne peux pas avoir ce point de vu. Pour le coup c’est une contre culture qui n’est décidée par personne d’autres que nous.

    Je trouve que tu fais du tort à la culture populaire en la réduisant à une culture d’enfermement, mais enfin bon, je pense pas que je te convaincrais de quoi que ce soit :-), soit dit sans animosité.

    Quand au meilleur des mondes, je l’ai lu et pas qu’une fois, comme 1984, comme les Monades Urbaines, comme Jason Valois, comme le Peuple d’en bas, comme bien des ouvrages sur le thème du totalitarisme ou de l’asservissement (plus ou moins) volontaire, ou non, et ca ne m’a tout simplement pas mené aux même conclusions. La lutte n’es pas pure, et chaque situation concrète qui permet une prise de conscience ou offre un peu de liberté en plus est bonne à prendre.

    Pour prendre un simple exemple, la science-fiction en littérature a longtemps été vu comme un genre "populaire", qui ne "faisait pas réfléchir" avec des lasers et des robots géants.

    Sauf que c’est aussi la littérature qui a produit les plus immenses pamphlets critiques sur nos sociétés, et qu’en mélangeant en parfaite homogénéité (comme ce devrait l’être) plaisir, accès populaire et critique sans concession, elle a permis à bien des gens de penser le monde autrement. Voila.

    Le pire c’est que je pense que sur le fond, on est d’accord sur plus de choses qu’opposés, et que pendant qu’on a ces discussions et qu’on se tranche la gorge sur le web, les autres en haut se frottent les mains et continuent à s’en mettre plein les fouilles…(mais ca va pas durer).

    @Samuel : hummm. je crois que t’as même pas lu ni ce que j’ai écrit, ni la discussion qu’on a eu avec Grunt. Ou alors t’es le roi du contresens vu que ce tu exprimes dans ton post et l’exact inverse des conclusions que je tire. Respire, prend 5 min, fume un pet, à vrai dire je sais pas quoi te conseiller à ce stade.
    On te demande pas d’être Einstein, mais fait un petit effort quand même, ca éviterait que tu comprennes que ce qui t’arrange.

  26. modagoose

    C’est marrant que la discussion ait bifurqué sur les "pirates".
    De mon point de vue, les "pirates" et les hackers du Libre sont deux catégories d’individus différents. En apparence du moins, parce qu’ils font en "privé", je ne le sais pas. D’un côté, les "pirates" nous proposent des outils et des usages qui entrent en résistance contre quelque chose qu’ils trouvent injuste. Et je les comprends. De l’autre, les hackers du Libre nous propose une alternative, un modèle de société basé sur le partage et l’apprentissage. Je soutiens cette initiative. Je ne vois pas ces deux mondes opposés ni opposables. Les deux véhiculent les notions d’entraides, de désintéressement, de communauté, de réseaux, d’échanges et d’émulations. Certes, le P2P permet d’échanger les machins artistiques qu’on nous vend à grand coup de marketing et qui sont les vecteurs de l’idéologie capitaliste libérale et guerrière. Mais pas que. Il existe tout un pan entier d’oeuvres prises en otage par des producteurs et des éditeurs qui les retirent du marché et sans que leurs auteurs puissent y faire quoi que ce soit. Le P2P nous permet d’y avoir accès. J’ai deux exemples de films fantastiques et de SF, mais il y en a d’autres : Ink et The man from earth, deux films indépendants et américains qui sont venus au grand public via le P2P et dont leurs auteurs ont remercié ceux qui les ont mis sur les réseaux d’échanges même si du point de vue des majors ça reste illégal. Il y a toute la soupe à divertir pour pas un neurone et toutes les oeuvres mises au placard parce que censurées, pas jugées rentables, pas comprises, faillite de la boîte de prod, et décision unilatérale de la part des ayant-droits ( souvent des entités morales ). Le "piratage" est de la résistance à un ordre établi de manière arbitraire, et je trouve normal, sain et humain que cette résistance existe. Il faut quand même mettre deux trois choses au point : Ce que l’on nomme "piratage" ou "vol d’oeuvres de l’esprit" n’existe pas dans le monde du numérique, faudra-t-il le rappeler encore longtemps ? Ce langage est employé par ceux-là même qui ont tout intérêt à faire passer ceux qui mettent des oeuvres de l’esprit soumise au copyright sur les réseaux pour des délinquants. Il ne peut y avoir vol quand rien ne manque à personne. Et ce n’est pas parce qu’on a créer le terme débile de propriété intellectuelle que ça change quoi que ce soit.

    Pour le gars qui achète des baskets contre-faîtes pour être intégrer socialement, c’est-à-dire, faire partie d’un groupe, pouvoir partager et donc exister, il va sans dire que l’on peut déplorer que le système dans lequel nous vivons nous pousse sans arrêt à nous mentir à nous même et à donner à voir un stéréotype plutôt que de privilégier la singularité, mais c’est tout un ensemble qui fait qu’on achète des contrefaçons pour s’intégrer. N’oublions pas que l’être humain est un animal sociale et qu’adopter les codes d’un groupe dans lequel on veut entrer est un rite important. Je crains qu’aller dans cette voie nous mène très loin du sujet initial.

    Comme l’écrit Hobbes, nous vivons dans un monde qui existe et qui existait avant notre naissance. Nous n’en avons pas écrit la plupart des règles. Est arrivé dans les années 90 un réseaux, un espace vierge où la technologie nous permettait de faire les choses comme bon nous semblait, nous l’avons fait, nous le faisons toujours. Nous n’avons, ne faisons rien de mal, nous ne braquons pas l’épicier du coin, nous ne violons pas la voisine, nous n’avons pas volé un original de quoi que ce soit dans un musée ou chez un marchand de biens culturels. Le capitalisme s’est peu intéressé à nous jusqu’à ce qu’un nombre critique de clients soient présents sur le Web et là il s’est dit : "Merde, j’avais pas vu que les échanges gratuits dominaient dans cette espace, et ça va vite en plus, on dirait des échanges boursier !"
    Le gratuit est l’ennemi du commerce, qui ne l’emploi qu’occasionnellement et comme produit d’appel pour faire payer au bout du compte. Dans le cas du Libre, ce qui fait vraiment chier les commerçants c’est que les passionnés, les "amateurs", soient capables, grâce au réseau, de se coordonner et de proposer des choses équivalentes au payant. ET en plus, il y a ce désintéressement, cette mise à disposition arrogante des sources qui dit sournoisement : "vas-y, devient mon concurrent".

    C’est tout simplement insupportable pour eux. Et il y a des réussites de niveau professionnelles qui leur mettent des bâtons dans les roues. Leur cauchemar c’est que ça devienne un système qui leur fasse concurrence et les rende obsolète. Si le client finit par comprendre que le prix qu’il paie les choses n’a rien à voir avec la réalité, que tout est désormais beaucoup trop cher, que ça ne sert qu’à engraisser de l’actionnaire et que ça ne paie pratiquement plus les êtres humains qui travaillent réellement, alors, le capitalisme s’effondrera comme un château de cartes.

    Le seul truc important à mes yeux, n’est pas que le Libre est mieux que le "pirate" ou que le gratuit n’est pas le Libre mais que ceux qui utilisent l’un ou /et l’autre sachent pourquoi ils le font et ce qu’ils font, qu’ils ne tombent pas dans des travers romantiques à deux balles et croient oeuvrer pour une cause qui n’est qu’un jeu de dupes. Quand j’achète des Nike contre-faîtes, je ne nique pas Nike, je supporte Nike en devenant homme sandwich et je participe au stéréotype qu’à la société du jeune. Quand je regarde les Ch’tis que j’ai eu via le P2P ou le DLL, je ne nique pas TF1, je supporte TF1 et D.Boon et tous les poncifs associés aux gens du Nord. Par contre, je peux être obligé d’avoir des Nike pour avoir une vie sociale, et je peux avoir envie de regarder les Ch’tis, ne serait-ce que pour confirmer que ce film est bien une merde sans nom et essayer de comprendre comment il a pu faire plus de 20 millions d’entrées malgré l’échange massif sur le réseau P2P alors qu’on nous explique que le P2P tue l’industrie du divertissement. Dans les deux cas, je ne commets rien d’immoral.

  27. samuel

    @modagoose

    >>> "Ce que l’on nomme "piratage" ou "vol d’oeuvres de l’esprit" n’existe pas dans le monde du numérique, faudra-t-il le rappeler encore longtemps ?"

    … mais la contrefaçon existe par contre bel et bien dans le monde du numérique. La contrefaçon est une vraie infraction. Ils disent noir, tu dis blanc, moi je dis gris !

    >>> "le "piratage" est de la résistance à un ordre établi de manière arbitraire, et je trouve normal, sain et humain que cette résistance existe."

    Oui la résistance, la transgression, le piratage peuvent étre légitimes. Mais quand met-on une frontière ? Qui juge de la légitimité ? Comment distingue-t-on les "robins-des-bois" des simples brigands-de-grands-chemins ? Sachant qu’ils vivent tous dans la meme forét et agissent avec les memes outils ? Si la communauté du logiciel libre avait eu plus de courage pour faire plus de clarification entre les "pirates" et les "hackers", alors la propagande HADOPI ne serait pas passée si facilement dans le grand public. Sans téléchargement illégal, aucune loi d’atteinte à la vie privée et à la liberté d’expression n’aurait pu arriver telle quelle dans l’hémicycle de l’assemblée nationale. Grace à l’irresponsabilité généralisée et décomplexée des "français moyens" qui téléchargent, cette loi a pu arriver masquée… A quand la nomination d’un président des FAI directement par Nicolas Sarkozy ?

    >>> "Nous n’avons, ne faisons rien de mal, nous ne braquons pas l’épicier du coin, nous ne violons pas la voisine, nous n’avons pas volé un original de quoi que ce soit dans un musée ou chez un marchand de biens culturels."

    Ce n’est pas parceque le "piratage" démocratise une forme de délinquance en col blanc que la délinquance en col blanc est moins méprisable. La délinquance intellectuelle reste une délinquance. Sarkozy non plus n’a pas braqué l’épicier du coin … Ce serait trop simple de dire d’un côté il y a les crimes de sang et de l’autre côté il n’y a que du jeu, du ludique certes un peu taquin.

  28. modagoose

    "La contrefaçon est une vraie infraction."

    La contrefaçon est un délit dans le monde réel pour les mêmes raisons que dans le monde numérique. A savoir, que ce sont les lobbies qui ont fait passé des lois, soi-disant pour protéger un savoir-faire alors qu’ils s’agit de faire respecter des brevets au nom de la propriété intellectuelle. Ce qui est drôle c’est que ce sont les pays dont on exploite la main d’oeuvre bon marché pour fabriquer des objets revendus ensuite chez nous sans tenir compte du coût réel du travail humain, qui n’hésitent pas à inonder le marché de contre-façons. C’est un juste retour des choses.

    "Mais quand met-on une frontière ? Qui juge de la légitimité ? Comment distingue-t-on les "robins-des-bois" des simples brigands-de-grands-chemins ?"

    On n’a pas à le faire, pas pour les autres. C’est à chacun de décider pour lui-même, mais encore une fois, en étant conscient de ce qu’il fait et en étant conscient aussi que ce n’est pas parce des lois existent qu’elles sont justes. Toutes les lois prenant le droit d’auteur comme prétexte sont au services d’entreprises qui s’assoient sur les droits des auteurs et exploitent les auteurs. Et le copyright n’a rien à voir avec le droit d’auteur français ( petite précision ).

    Il ne m’appartient pas de dire que le partage à telle échelle est juste et que le partage à telle autre est une fraude, pas plus qu’il m’appartient de dire que le Libre est la panacée et que c’est mieux que le partage d’oeuvres non libres. Dans un monde idéal, le Libre est mieux. Mais le monde nous précède et on doit faire avec en essayant d’en créer un autre plus proche de nos idéaux. Nous ne sommes pas tout seul, et ce qui nous semble juste peut paraître injuste à d’autres. La vie est donc un compromis, entre une réalité qui résiste à notre volonté, et nos idéaux.

    "Si la communauté du logiciel libre avait eu plus de courage pour faire plus de clarification entre les "pirates" et les "hackers", alors la propagande HADOPI ne serait pas passée si facilement dans le grand public."

    D’abord, tous les acteurs du Libres ont fait cette distinction et ont communiqué auprès des députés sur ces notions. Certains sont même allés trop loin en essayant de faire croire que le Libre était une solution au piratage, alors que les deux choses ne sont pas liées. Dans le libre aussi, on n’hésite pas à raconter n’importe quoi pour faire du lobbying. Mais fondamentalement, les media se foutent des distinctions subtiles, de l’histoire et des êtres humains, ils n’y comprennent rien, et prennent leurs audi/spectateurs/clients pour des cons. Moi je pars du principe qu’il ne m’appartient pas de clarifier quoi que ce soit. C’est aux gens de s’informer et encore plus quand ces gens prétendent nous représenter. C’est ça la base de leur métier, s’informer pour ne pas voter n’importe comment n’importe quoi. Si Hadopi est passé c’est envers et contre le débat démocratique.

    "Sans téléchargement illégal, aucune loi d’atteinte à la vie privée et à la liberté d’expression n’aurait pu arriver telle quelle dans l’hémicycle de l’assemblée nationale. Grace à l’irresponsabilité généralisée et décomplexée des "français moyens" qui téléchargent, cette loi a pu arriver masquée…"

    Si tu crois ce que tu écris, c’est que tu as encore en toi une certaine dose de naïveté concernant la façon dont la politique est menée dans ce pays. Ce qui est plus grave c’est que tu cherches des boucs émissaires.
    Oui, l’industrie du divertissement s’est servie du prétexte du téléchargement via le P2P pour formater l’opinion publique et faire passer Hadopi, et non, elle n’a apporté aucune preuve que cela fut vrai. Et pire, des enquêtes dans d’autres pays ont démontré que ce qui est communément appelé piratage n’a pas d’impact négatif sur l’économie réelle. Hadopi est précédée par LLOPSI, et à mon avis, Hadopi a servie de test auprès de l’opinion publique pour LLOPSI 2. Tu remarqueras qu’en terme de loi libertcide, LLOPSI 2 se pose là, mais comme tout le côté affect lié aux pauv’ nartistes n’y est pas présent, tout le monde ou presque s’en fout.

    "Ce n’est pas parceque le "piratage" démocratise une forme de délinquance en col blanc que la délinquance en col blanc est moins méprisable. La délinquance intellectuelle reste une délinquance. Sarkozy non plus n’a pas braqué l’épicier du coin … Ce serait trop simple de dire d’un côté il y a les crimes de sang et de l’autre côté il n’y a que du jeu, du ludique certes un peu taquin."

    Bon, déja on va éviter d’employer le terme "délinquance en col blanc" qui signifie délinquance financière et qui elle a un impact réel sur la vie des citoyens et des pays et est très très très peu punie. Les gens qui partagent des fichiers non libres sur les réseaux P2P ou les sites de DLL ne sont pas des délinquants en cols blancs. Il n’y a pas de délinquance intellectuelle non plus, pas plus qu’il n’y a de propriété intellectuelle. Ce n’est pas parce qu’on nous a imposé ce terme qu’il repose sur une réalité. Il ne peut pas y avoir de propriété intellectuelle, ça a déja été démontré mainte fois. Déposer un brevet ou dire cette idée m’appartient, vous n’avez pas le droit de l’utiliser sans mon accord ou/et sans payer, c’est la voler au reste du monde, c’est arbitraire et indéfendable. S’il y a délinquance, c’est dans ce sens-là. Le droit d’auteur ne sert qu’à reconnaître que telle personne a donné une forme, sa forme à lui, à telle idée, à un moment, c’est tout. L’idée reste partageable dans l’absolu. De toute façon, quoi que certains disent, qu’ils nous appellent voleurs, pirates, amateurs, bref, qu’ils nous qualifient dans le seul but de discrédité nos paroles, la réalité c’est que nous pouvons disposer de tout ce qui est numérisé comme bon nous semble. Après libre à ceux qui veulent se mettre des barrières morales de le faire. Ca fonctionne ainsi depuis la nuit des temps et c’est le mode de fonctionnement des scientifiques, des universitaires et des artistes traditionnellement. L’Homme est un animal social, il communique, donc partage au sein de sa communauté et c’est ce qui lui permet de survivre. Telle plante est comestible, telle autre permet de guérir de telle affection. Un arc se fabrique de telle manière, en taillant les pierres ainsi, on obtient un outil efficace pour faire tel travail, etc…Transposons la propriété intellectuelle chez Cromagnon et nous ne sommes plus là à deviser sur le sujet de l’article. Nous n’aurions simplement pas survécu.

    Evite de mêler Sarkozy à ce débat, sinon, ce sujet qui a déja dévié va devenir chiant.

    C’est quand même dingue, on s’est pris la tête avant, pendant et après Hadopi, sur la licence globale, sur la manoeuvre des lobbies auprès des députés jusque dans l’hémicycle, la Quadrature et d’autres nous ont expliqué en long et en large pourquoi dans le cadre d’une oeuvre numérique, il est abusif d’employer les termes vol et piratages, La Suède et le Canada sont des pays dans lesquels des enquêtes ont été faîtes qui démontrent que le "piratage" n’est pas dommageable, on a écrit des bouquins sur la question, mais il faut encore et encore répéter les mêmes choses. Lisez les gens, lisez…

  29. max

    Pour moi il n’y a pas d’ambiguité, tout gratuit. Quand on vit avec un peu moins que le seuil de pauvreté, un cent est un cent. Ce qui ne veut pas dire que l’on soit inculte, que l’on ne veuille pas profiter de la culture (sous toutes ses formes), mais de là à devoir payer pour tout, il y a un monde.

    Aussi le libre est-il pour moi synonyme de gratuit, par nécessité.

    Les gens comme Stallman ont créé le libre dans des environnements universitaires, sans avoir à se préoccuper du "fric", alors c’est facile de tenir de beaux discours idéologiques.

    Par contre, dans la vie de tous les jours, l’important devient le gratuit faute de moyens (certains pays choisissent les logiciels libres uniquement parce que sans eux ils n’auraient tout simplement pas d’informatique du tout).

    Alors, les débats de ce type (libre ou gratuit, libre ou open-source, open-source ou xxx, etc) ne présentent vraiment aucun interêt.

  30. Grunt

    @Hobbes:

    Il me semble que, de même que pour la technologie "P2P", on peut faire une distinction entre un usage "légal" (mises à jour de WOW seedées par Blizzard, échange de distros GNU/Linux) et un usage "illégal" (distribution de films sous licence propriétaire avant l’expiration des droits d’auteur), on peut aussi faire une distinction entre "usage abrutissant" et "usage enrichissant".

    Je développe: pour un technicien, échanger un fichier en P2P ou via Rapidshare, c’est différent. Par contre, le contenu du fichier on s’en fout totalement. Pour un juriste, échanger une distro Ubuntu en P2P ou via Rapidshare, c’est pareil (c’est légal), échanger "Le graphique de Boscop" ou "Avatar" sur la mule c’est pareil (c’est illégal). Il me semble qu’on peut trouver un troisième critère, plus flou, qui concerne l’esprit dans lequel un acte d’échange de fichier est fait, indépendamment de son aspect légal ou illégal, ou de la technologie utilisée.
    Ça fait un peu moraliste, mais j’assume.
    Dans cette distinction-là, télécharger la dernière Ubuntu en HTTP depuis les serveurs de Canonical le jour de sa sortie, parce que c’est la distro à la mode, télécharger Avatar en screener sur Rapidshare le jour de sa sortie parce que c’est "le film à voir", ou télécharger "Fatal" sur la mule parce que là aussi c’est "le film à voir",
    tout cela relève de la même démarche, de la même dépendance au "buzz", de la même volonté de faire "comme tout le monde" sans opérer de tri sur des critères individuels, sans se demander "Est-ce que ceci m’intéresse, me concerne, m’enrichira personnellement?".
    Et ce, indépendamment des technologies utilisées et de l’aspect légal.
    À contrario, un usage constructif d’Internet est possible aussi, quelle que soit la technologie et l’aspect légal ou pas. Ce sont trois angles de lecture possible: technologie, légalité, et démarche, trois angles indépendants.

    Assimiler la technologie "P2P" à un usage "illégal" est absurde, mais assimiler "illégal" à "abrutissant" est également absurde.

    Il y a du boulot pour défricher cette distinction entre "partage abrutissant" et "partage enrichissant", mais on a déjà quelques pistes:
    – la prescription est verticale dans le cas d’un usage abrutissant. La première fois que j’ai entendu parler d’Avatar, c’est par un collègue de travail qui connaît à peine mon prénom. Nous n’avons jamais eu de discussion culturelle (au sens large: politique, éthique, scientifique), et pourtant il m’a parlé de ce film. Pourquoi? Parce que c’était le résultat d’un contexte évènementiel, d’une prescription venant de la publicité. L’aspect temporel est important: il m’a parlé de ce film car il venait de sortir, jamais ça ne lui serait venu à l’esprit, en l’état de nos relations, de me recommander un film sorti il y a 10 ans, car nous n’avons jamais eu d’échange assez poussé pour déterminer que tel ou tel film aurait été un point commun entre notre culture.
    À contrario, je prendrais comme exemple la prescription horizontale du "Meilleur des mondes", même si tu l’avais déjà lu: indépendamment de l’actualité, de la volonté des commerciaux de tout poil, moi individu t’ai recommandé à toi individu une oeuvre en particulier, parce qu’elle était pertinente dans ce contexte d’échange précis.

    Cette distinction n’est pas forcément liée à l’oeuvre elle-même: il est possible qu’un jour, à la suite d’une discussion, quelqu’un me recommande Avatar, pas parce que ça a été un "blockbuster", mais parce qu’il apporterait réellement un éclairage sur un thème qui a fait l’objet de notre discussion.

    Autrement dit, l’usage abrutissant dépend avant tout du rythme de sortie des oeuvres (le récent avant tout), du battage médiatique, tandis que l’usage enrichissant dépendrait davantage des relations entre individus et du contexte qui les lie à un moment donné.

    <"La culture populaire est enfermée dans un camp immense"
    Je ne suis pas d’accord, c’est bien réducteur. La culture populaire ne se résume pas à la culture dominante.>
    D’où l’intérêt, la nécessité même, de ne pas enfermer la culture contestatrice, la culture "autre", dans le camp de la culture dominante. J’ai mal chaque fois que je vois un chanteur engagé (réellement engagé, je veux dire), signer à la Sacem et se faire produire par Vivendi, à fortiori si la question de vivre de son art est pour lui moins importante que l’authenticité de son message. Merde aux DVD qui dénoncent ce monde pourri et sont DRMisés, merde aux messages qui se veulent universels, qui veulent être partagés, et sont écrits sur un support qui dit "Tous droits réservés à la Sacem, les copieurs sont des criminels"

    @max:
    Ce qui me dérange avec ta remarque, c’est son côté populiste. Tu sembles indiquer que la gratuité est la seule chose qui importe. L’aspect financier est certes important, mais je maintiens que les questions de respect de la vie privée, de l’invasion de la publicité, de la pérennité des données, sont aussi importantes. Et que justement, le "pauvre bougre" qui n’a pas les moyens de s’acheter un logiciel ne devrait pas se condamner de lui-même à chercher un crack douteux plein de troyens, ou un logiciel plein de publicité, ou un logiciel qui l’espionne, ou un logiciel qui fait exprès d’être désagréable si on n’achète pas la version complète (genre Winrar avec son pop-up à chaque démarrage), ou un logiciel qui contraint à garder le même logiciel pour continuer à utiliser ses données personnelles, et que de ce point de vue-là le logiciel libre peut apporter une réponse apaisante: avec le libre, ce n’est pas parce que c’est gratuit qu’on vous traite comme une merde.

    Donc si, le débat présente un intérêt, même pour ceux pour qui l’aspect économique (donc, la gratuité) est primordial et est le premier critère de choix.

  31. Ginko

    modagoose,

    j’adhère complétement à ta vision des choses en tant qu’idéal.

    Cependant, tu négliges quelques aspects du réel.

    1) Les gens sont paresseux.
    Pour mener telle ou telle action, il produiront l’effort qui leur parait être minimal pour l’accomplir en fonction de la situation (jamais personne ne va se dire: "j’ai fais suffisamment d’efforts, mais je continue, mais si c’est pas marrant, que c’est inutile et que personne me regarde" et surtout, jamais personne ne le fera). Étant donné que la précision du raisonnement est une valeur très peu partagée parmi les humains (qui préfèrent amalgames et généralisations, beaucoup moins exigeant en efforts), très peu sont les gens qui vont aller se renseigner, surtout en dehors du champs de leurs passions/hobbies.
    Pour les hommes politiques, j’ai déjà parlé de mon avis sur la question. Je rajouterais néanmoins que ces gens là s’intéressent (en principe et dans l’idéal) déjà à énormément de choses et que donc pour qu’ils s’intéressent vraiment à un sujet, surtout s’il est pointu, peu médiatisé et soumis à des lobbies puissants, c’est à nous de les sensibiliser sur la question.

    2) Les auteurs ont besoin de manger.
    Alors oui, ça a été l’argument phare des pro-HADOPI, mais il reste néanmoins que pour bouffer, dans notre société, il faut des thunes. Et qu’en diffusant librement TOUT ce que l’on produit, les caisses restent vides. Il faut monétiser cette production.
    Il existe de nombreux moyens de monétiser une production pourtant diffusée librement. Seulement, ils sortent des techniques habituelles de l’économie traditionnelle. Il faut donc continuer à montrer et démontrer que notre vision est réalisable, qu’elle n’est pas une utopie comme certains de nos détracteurs aiment à le répéter.

    max,

    Tu subis le monde dans lequel tu vis car tu galères, tu manques d’argent et pourtant la société exige que tu consommes.
    Et tu tires de ce constat l’idée que tout devrait donc être gratuit et qu’il n’y a donc pas place au débat.

    Se faisant, tu cautionnes le propre système qui t’aliennes, te contrains de vivre en dessous d’autres. Et si au lieu d’exiger que tout soit gratuit parce que tu ne peux pas le payer, tu demandais d’avoir les moyens de financer ce que tu veux? Dans un système de financement par le don par exemple, les choses sont potentiellement gratuites, mais PAS obligatoirement.

  32. modagoose

    "1) Les gens sont paresseux.
    Pour mener telle ou telle action, il produiront l’effort qui leur parait être minimal pour l’accomplir en fonction de la situation (jamais personne ne va se dire: "j’ai fais suffisamment d’efforts, mais je continue, mais si c’est pas marrant, que c’est inutile et que personne me regarde" et surtout, jamais personne ne le fera). Étant donné que la précision du raisonnement est une valeur très peu partagée parmi les humains (qui préfèrent amalgames et généralisations, beaucoup moins exigeant en efforts), très peu sont les gens qui vont aller se renseigner, surtout en dehors du champs de leurs passions/hobbies."

    Je suis paresseux. Si je ne suis pas obligé de chercher comment faire autrement, je ne le fais pas. C’est la nécessité qui m’oblige à trouver d’autres moyens. Il existe des sites de DLL ou des outils pour partager de manière simple des fichiers ? Je les utilise.
    Ce n’est pas moi qui ai imposé le numérique au monde entier en en vantant les mérites technologiques et en faisant des moyens existants des moyens dépassés pour hasbeen. J’étais déja adulte quand dans les années 90, le cd a remplacé le vinyl dans les chaumière sur fond de slogans sur l’éternité du support. Une fois que tout le monde a eu renouvelé sa chaîne stéréo et sa discothèque, les mêmes, nous ont vendu les supports enregistrables et les graveurs. Ils nous ont mis dans les mains le moyen de se passer d’eux, et de faire des clones de leurs produits. Il fut un temps, où j’allais à la Fnac pour y acheter un cd, le copier chez moi puis me faire rembourser ou en prendre un autre et ainsi de suite. Maintenant ce n’est plus possible. On nous a vendu cette technologie, on nous a culpabilisé de l’utiliser puis on nous l’a taxé pour pouvoir l’utiliser et en plus, je ne devrais pas l’utiliser parce que sinon, je suis un pirate, je tue de l’auteur ?
    Mais l’industrie du divertissement tue des auteurs depuis bien avant l’avènement du numérique. Il faut vous renseigner les gens. Je suis un auteur, je compose de la musique, j’écris des nouvelles, je diffuse sous licence libre, je connais des auteurs qui publient chez un éditeur ou qui sont dans des labels, je sais comment ça se passe dans la réalité et le "piratage" n’y est pour rien, le capitalisme et la recherche maximum du profit, si.

    "2) Les auteurs ont besoin de manger.
    Alors oui, ça a été l’argument phare des pro-HADOPI, mais il reste néanmoins que pour bouffer, dans notre société, il faut des thunes. Et qu’en diffusant librement TOUT ce que l’on produit, les caisses restent vides. Il faut monétiser cette production."

    Les auteurs ne doivent pas plus bouffer que les autres. Nous sommes dans une société injuste. Améliorons les revenus de tout le monde et la question de la rémunération des auteurs n’en sera plus une. De plus à l’heure des échanges numériques, il y a d’autres systèmes sur lesquels plancher plutôt que sur l’argent pour monétiser la création. Personne ne se demande comment il se fait qu’il y ait autant de créateurs sur Internet alors que la plupart ne sont pas rémunérés pour faire ce qu’ils font ? Ca rejoint le logiciel libre où les développeurs ne sont pas non plus rémunérés pour créer des logiciels. Soit ils sont allocataires, soit ils ont un emploi à côté. Ce qui est important dans le Libre, c’est que l’absence de monétisation pécuniaire est largement compensée par le fait d’appartenir à une communauté, d’y contribuer, d’y avoir une place. Internet est certainement l’outil le plus proche de ce que nous sommes en tant qu’animal social, nous renouons, malgré un système capitaliste omniprésent avec ce que nous sommes vraiment : Des êtres travaillant et vivant en réseaux. Et ce qui est surprenant c’est que cette technologie ouvertes et libre qui nous permet d’écrire des commentaires sur Framasoft aujourd’hui n’est pas le résultat d’une étude marketing d’une multinationale du divertissement, c’est vraiment une émanation de l’esprit humain partageur et sans contrepartie : "Nous avons fait ça, c’est à vous maintenant, faîtes-en ce que bon vous semble".
    Aujourd’hui, nous assistons et nous sommes parties prenantes d’une guerre de l’industrie du divertissement contre le réseau libre. Ces industries veulent se l’accaparer, l’assimiler, le transformer et en faire un outil de contrôle pour y diffuser leur vision du monde, comme la télévision. Ca commence par rendre hors-la-loi des usages qui ne les gênaient pas tant que le seuil critique d’utilisateurs n’étaient pas atteint. Maintenant, ils y voient une manne avec un raisonnement simpliste : Un téléchargement = une somme d’argent. Raisonnement arbitraire et fondé sur leur vision de la chose. La réalité contredit ce fait. Comme nous prendre pour des cons ne suffit pas, on nous criminalise. Les politiques qui sont désormais au service des multinationales entrent en jeu et mettent en route le système légal. Les peureux se disent que si une loi est votée, c’est que l’usage est illégal, les autres attendent toujours de voir comment ils vont faire pour mettre en application de telles lois. Entre temps, les "pirates" trouvent de nouveaux moyens de se soustraire au risque légal et redistribuent le fruit de leurs trouvailles.
    En ce sens les "pirates" sont comme les hackers qui cherchent la faille de sécurité pour améliorer le système.
    Il n’y a pas de différence entre les "pirates" et les libristes, les deux sont basés sur le développement d’outils mis à disposition du plus grand nombre sans contrepartie, les deux sont gratuits et reposent sur des communautés humaines, les deux proposent une alternative au monde consumériste. La seule différence est que le Libre se revendique comme une alternative, un système complet à côté ou en remplacement de l’existant en restant dans le cadre de la loi. Le warez lui se pose en réaction et propose des solutions concrètes en dénonçant la loi imposée par les plus forts.

    Juste une précision, utiliser VLC c’est se mettre dans l’illégalité par rapport aux lois sur la propriété intellectuelle du point de vue américain. Lire des dvd avec des procédés anticopies sous Linux en contournant ces procédés, c’est aussi être hors-la-loi. Installer certains codecs ou firmwares qui sont assujetis au paiement de royalties sur son os libre via les dépôts proposant du non libre contrevient à certaines lois internationales sur la propriété intellectuelle.

    Je suis libriste, je sais faire la part des choses et je me méfies des gouvernements qui n’ont qu’une obssession, le contrôle, en criminalisant tout le monde par défaut.

  33. SixOO

    C’est marrant je dois être un peu idiot, mais moi ce que je n’ai pas les moyens d’acheter, ben je l’achète pas, et puis je ne le vole pas non plus, et ça ne m’empêche pas de vivre. Depuis quand tout le monde a le droit d’avoir tout ce qu’il veut? Se libérer, ça pourrait être se dégager de l’emprise de la consommation à tout prix – y compris gratuit. Et même, je vais vous dire, en général savoir contrôler ses pulsions ça aide à mieux vivre. Alors si un artiste – oui j’achète "pas mal" de trucs indés – décide que son œuvre vaut tant, ben je vois pas pourquoi on lui dirait qu’en fait c’est gratuit. On fait la révolution contre la propriété? Ok, alors ouvrez vos portes et les gens pourront se servir chez vous, c’est la fête. Le droit d’accès à la culture, on pourrait aussi le défendre dans le cadre de l’Education Nationale, puisque ça existe en France. Moi je préfère ça plutôt que de soutenir le droit à avoir un écran plat 120", une wii, des air max, une rolex, etc. p.s. Aucun rapport (ou presque) mais dans mon métier on me parle même du droit à avoir des rapports sexuels, et on évoque l’idée d’appeler des prostituées pour les satisfaire… La sublimation c’est pas pour les chiens.

  34. SixOO

    mogadoose, comme le disaient la bande de joyeux à la tête de Pirate Bay, la Suède N’EST PAS un état américain et de fait, la loi américaine ne s’y applique pas. Idem en France, où l’utilisation de VLC n’est pas hors la loi, parce que les représentants du peuple français n’ont pas voté de loi en ce sens. Dingue comme on retrouve un intérêt pour ce qui concerne l’État hein?

  35. modagoose

    Sixoo :

    D’abord, tu devrais prendre la peine de lire ce qui a été écrit avant tes commentaires. Pas que moi, tous les autres aussi.

    Parce que quand tu écris ça :
    "mogadoose, comme le disaient la bande de joyeux à la tête de Pirate Bay, la Suède N’EST PAS un état américain et de fait, la loi américaine ne s’y applique pas. Idem en France, où l’utilisation de VLC n’est pas hors la loi, parce que les représentants du peuple français n’ont pas voté de loi en ce sens."

    Alors que j’ai écris ça avant :
    "Juste une précision, utiliser VLC c’est se mettre dans l’illégalité par rapport aux lois sur la propriété intellectuelle du point de vue américain."

    Je me dis que je me demande pourquoi on essaie d’argumenter, hein ?
    Pour tout le reste des tes commentaires, tu démontres que tu ne fais pas de différence entre un bien physique et un fichier numérique. Donc soit tu débarques et tu n’as pas suivi les débats sur Hadopi, soit tu es mal informé. Commenter un article, ce n’est pas juste donner son point de vue, c’est aussi faire une analyse critique sur un sujet, s’y être intéresser, pas juste faire le passeur des poncifs entendu ou lu ça et là. Le Web est plein d’articles de personnes qui ont fait des analyses fines de ce qu’est la propriété intellectuelle et pourquoi cet abus de langage menace la neutralité du Net. Je ne sais pas moi, commence par lire Lawrence Lessig, continue par Stallman, va voir sur la Quadrature du Net, il y en a plein d’autres. Bref, utilise ton navigateur pour autre chose que croire que tu sublimes quoi que ce soit. ^^
    A un moment donné dans un débat de ce genre, on part du principe que les intervenants ont un minimum de bagage concernant le sujet qui n’oblige pas à repartir de la base. Sinon, on n’avance pas.
    Je te dis ça sans animosité, juste un poil agacé.

  36. modagoose

    Ce que dit Doctory c’est qu’en entendant gratuité quand nous disons liberté, les industriels du divertissement et de l’information disent gratuité = vol, donc ceux qui revendiquent la liberté revendiquent le vol comme un droit.
    Il faut comprendre que ces industriels ont créer tout un environnement qui n’existait pas avant pour pouvoir légitimer, rendre légal leur raisonnement. Il a fallu donner corps à la Propriété intellectuelle, c’est-à-dire décider qu’une idée est la propriété de quelqu’un. Si une idée devient propriété alors la libérer c’est renoncer de fait à la monnayer, donc la donner, donc ce qui est obtenu sans contrepartie est gratuit, donc comme ce qui est gratuit est le résultat d’un vol ( puisque tout a un coup donc un prix ), libérer, c’est voler. CQFD.

    Là où il ne faut pas être pris pour une quiche, c’est qu’un fichier est un fichier, le fait qu’il soit libre ou pas, ne change rien à son état de fichier. Les licences, qu’elles soient fermées ou ouvertes ne sont que des contrats, donc des extensions morales. Ce qui rattache un acte à un contrat, c’est une conception morale de l’acte. La loi a été inventée pour contraindre par la force publique celui qui n’a pas la même vision morale de l’acte que celui qui fixe sa volonté dans un contrat. Bref, si un fichier numérique est couvert par un copyright ( qui n’est pas le droit d’auteur ), je peux quand même décider que je passe outre, simplement parce que je n’ai pas la même conception morale que l’entreprise qui a poser un copyright sur ce fichier.

    Mais il peut exister d’autres cas de figures. Je télécharge un fichier présenté comme couvert par une licence Creative commons. Là, je suis dans la même disposition morale que le contrat associé au fichier. Mais on me gruge parce que le fichier est déposé à la Sacem, je me retrouve dans l’illégalité, pourtant, je suis un citoyen respectueux de la loi et en plus je m’informe.

    Autre cas, je suis prof, je veux faire un débat avec mes élèves sur le mythe du bon sauvage, je me dis qu’avec des extraits d’Avatar, je vais pouvoir intéresser mes éléves sur ce sujet aride et faire d’une pierre deux coups en détournant une oeuvre faite pour faire vendre des téléviseurs 3D pour faire réfléchir. Si je passe outre le contrat moral, je peux avoir de sérieux problèmes, sinon, je ne peux rien faire. Pourtant, je ne commercialise pas le contenu de ce dvd, au contraire, je m’en sers comme contenu pédagogique dans le but de développer le sens critique de mes éléves et de faire d’eux de meilleurs citoyens.

    Ce n’est pas juste une problème de consommation, c’est surtout un problème de confiscation du savoir et sur ce point que l’on soir libriste ou "pirate", nous poursuivons le même combat.

  37. Ginko

    modagoose,

    >Les auteurs ne doivent pas plus bouffer que les autres. Nous sommes dans une société injuste. Améliorons les revenus de tout le monde et la question de la rémunération des auteurs n’en sera plus une.

    Dividende universel, revenu minimum de vie, oui oui! 😀
    Mais en attendant, faut soit bosser à côté, soit monétiser au moins une partie de ta production en espèces sonnantes et trébuchantes (que ce soit par un tarif imposé ou volontaire) parce qu’à moins d’avoir un bagou exceptionnel, c’est dur de convaincre la caissière de repartir avec la bouffe sans payer.

    Au fond le DU, c’est une question de liberté:
    la liberté de certains de s’enrichir en appauvrissant les autres (jusqu’à la moelle, s’il le faut) contre la liberté d’autres d’exiger que chacun ait un minimum.

    SixOO,

    >Le droit d’accès à la culture, on pourrait aussi le défendre dans le cadre de l’Education Nationale, puisque ça existe en France.

    Ça j’ai jamais compris… l’utilisation d’œuvres dans le cadre de l’éducation devrait être gratuite. L’EN NE devrait PAS payer les millions d’euros qu’elle paye aux éditeurs pour autoriser l’utilisation des œuvres en classe. L’édition des manuels scolaire devrait depuis longtemps être une affaire interne à l’EN… ils ont toutes les ressources qu’il faut et merde, un marché tout à fait raisonnable pour ne pas avoir des coûts d’exploitation mirobolants. Toutes ces magouilles ne sont le fait que de hauts fonctionnaires qui se sont fait (il y a longtemps, peut-être) arrosés par les lobbies des éditeurs (ou les institutions de l’époque, pour ne pas faire d’anachronisme).
    Bon, je suis largement en HS ce coup-ci, mais quand je vois la gestion des ressources par l’administration, à tous les niveaux, ça me fait gerber. Et comme il faut bien baisser les coûts, au lieu de travailler là dessus, ils ne remplacent pas des postes… comme si ça allait résoudre le problème.
    Voila, désolé pour la gueulante ^^

  38. samuel

    >>> En ce sens les "pirates" sont comme les hackers qui cherchent la faille de sécurité pour améliorer le système.

    Cette phrase est démagogique parceque les "pirates" eux ne fournissent biensur pas de patchs aux multimationales d’hollywood ? Ce serait comme dire que Bernard Henri LEVY mérite le prix nobel de la paix parcequ’il est toujours le premier devant un micro à dénoncer les injustices de ce monde. L’égo passe bien avant et les valeurs avancées ne sont qu’un vulgaire prétexte…

    Le problème de notre société est qu’elle nous crée des désirs en quantité irréalisable et disproportionnée qui génère de la frustration généralisée. On est tous là à tirer la langue devant toutes les publicités et on est entouré de flics de partout pour bien nous faire comprendre qu’on doit aller lécher uniquement dans les magasins. La gratuité est possible mais l’abondance gratuite elle est totalement impossible. Il faut savoir réduire et maitriser ses désirs pour étre vraiment libre (et équitable avec son environnement).

    Les interviews de Mano Solo sur le sujet du "piratage" sont les plus pertinentes et j’avoue qu’il a réussi à me faire douter sur pleins de points.

  39. modagoose

    Samuel :
    ">>> En ce sens les "pirates" sont comme les hackers qui cherchent la faille de sécurité pour améliorer le système.

    Cette phrase est démagogique parceque les "pirates" eux ne fournissent biensur pas de patchs aux multimationales d’hollywood ? Ce serait comme dire que Bernard Henri LEVY mérite le prix nobel de la paix parcequ’il est toujours le premier devant un micro à dénoncer les injustices de ce monde. L’égo passe bien avant et les valeurs avancées ne sont qu’un vulgaire prétexte…"

    Oui, j’ai bien conscience que ma comparaison est quelque peu capilotractée 🙂
    Je ne cherche pas à dire que je connais les motivations des pirates. Comme ailleurs, il y a toutes sortes de motivations, des plus nobles aux plus vils. Tout est aussi question de contexte. Qu’est-ce qu’un pirate ? Est-ce que c’est une notion qui varie en fonction du temps, du contexte et de intérêts "supérieurs" de quelques multinationales qui dictent la loi aux politiques ?

    "Le problème de notre société est qu’elle nous crée des désirs en quantité irréalisable et disproportionnée qui génère de la frustration généralisée. On est tous là à tirer la langue devant toutes les publicités et on est entouré de flics de partout pour bien nous faire comprendre qu’on doit aller lécher uniquement dans les magasins. La gratuité est possible mais l’abondance gratuite elle est totalement impossible. Il faut savoir réduire et maitriser ses désirs pour étre vraiment libre (et équitable avec son environnement)."

    Je suis d’accord avec ça, mais réduire le piratage à une extension des pulsions consuméristes dans le virtuel est à mon avis réducteur et loin de la réalité. Il n’y a pas un prototype d’être humain qui a toujours les mêmes réactions prévisibles. Il y a autant de comportements que d’êtres humains. L’un des problèmes concernant le sujet du piratage est la simplification qui en a été faîte : Un téléchargement de fichier non libre = une vente perdue ou due.

    Si je vois bien pourquoi Universal, Sony et les autres simplifient les usages des internautes pour faire passer leur idéologie, je comprends, par contre, avec plus de difficulté, pourquoi certains internautes adoptent un mode de raisonnement qui fait de tout le monde, à terme, un délinquant.
    L’abondance gratuite est non seulement possible mais existe déja.
    Je te recommande d’aller faire un tour sur Dogmazic, Archive.org, Boxson, Jamendo, la multitude de blogs, sites de presse alternative, Flickr, et d’autres, il n’y a qu’à chercher.
    Je suis auteur ( je le répète encore ), je côtoie d’autres auteurs et aucun de nous ne vit de ses créations.
    La majorité vit du RSA, l’autre partie vit des revenus issus de son emploi.
    Un artiste n’a pas besoin de vivre de son art pour créer. Ce n’est pas parce que l’industrie du divertissement et de l’information nous martèle le contraire que c’est vrai. Tout au long de l’histoire, les artistes ont souvent été des gens sans argent, reconnus après leur mort, jetés dans la fosse commune. C’est à partir des années 60 avec l’arrivée de la popculture que des artistes ont pu, jusque dans les années 90 devenir riches. Mais pour en arriver là, il a fallu que toute une industrie se mette en marche et crée de la rareté artificielle, autrement dit, tue de l’auteur au kilomètre et empêche nombre de talents d’émmerger auprès du grand public. Si on a une popculture aussi pauvre, il y a une raison, et cette raison s’appelle Major company.

    Pour être libre, et c’est un précepte bouddhiste, il ne faut pas réprimer ses désir, il faut apprendre à ne plus en avoir. C’est très différent. Réprimer ses désirs est très dangereux. Apprendre à ne plus avoir de désir peut prendre une vie entière, c’est une très long apprentissage. On ne devient donc pas libre du jour au lendemain parce qu’on l’a décidé. Mais on peut faire la part des choses et faire un bilan de se besoins réels. La culture et le savoir ne sont pas des choses superflus. Elles sont indispensables à un bon développement mental. Pour pouvoir raisonner, analyser, critiquer, il est nécessaire d’avoir accés à ce que les autres Hommes ont créés. Rien ne naît de rien. Il est donc indispensable d’avoir accés librement à tout ce que l’Humanité crée. Si une oeuvre coûte de l’argent une fois sur un support et dans les rayons d’un revendeur, ce n’est pas parce que créer coûte de l’argent, c’est parce toute une chaîne existe entre un auteur et le client qui va acheter le support. Cette chaîne a un coût. Quand je compose un morceau de musique, je ne compte pas le temps que j’y passe, parce que ça peut varier de quelques heures à plusieurs années. Hormis, la machine, l’instrument et les moyens de capter et d’enregistrer, créer ne coûte rien. De toute façon parce que la musique est une passion, j’aurais acquis ces moyens pour mon usage personnel. Pourquoi réclamerai-je paiement de quoi que ce soit à qui que ce soit pour une décision qui m’est personnel ?
    Le numérique a rendu nul ou presque le coût de la production d’une oeuvre, c’est-à-dire le passage de l’idée au support ( dans mon cas, non-support puisqu’uploadé directement sur une plateforme de diffusion ).

    Dans le cas du piratage maintenant. C’est un problème de licence uniquement. Je rippe un dvd, je l’uploade sur un site de DDL ou bien je le partage sur le P2P, cela ne coûte là encore que le hardware nécessaire pour faire tourner un logiciel libre ( donc qui ne me coûte rien ). Quel préjudice subit l’auteur du fichier ? Aucun. Sauf si l’on affirme qu’un téléchargement égal une vente en moins dans le réel.
    Dans ce cas, comment se fait-il que les Ch’tis soient un tel succés en salle et en DVD ?
    Comment explique-t-on qu’Avatar ait fait un tel carton en salle et en DVD ?

    Qui a subit un préjudice ?

    Où est le problème ?

    Je n’ai rien volé, parce que je n’ai fait qu’une copie identique d’un fichier déja sous une forme numérique. Je n’ai pas été voler le master original de l’oeuvre, donc personne ne s’est vu soustraire quelque chose d’unique.

    "Les interviews de Mano Solo sur le sujet du "piratage" sont les plus pertinentes et j’avoue qu’il a réussi à me faire douter sur pleins de points."

    Ah bon ? Moi pas. Là pour le coup, son discours pue la démagogie du bobo de gauche qu’il était. Pour tout dire, il est venu sur Dogmazic discuter avec certains membres du forum et franchement, en matière de droits d’auteur, de technologie de l’information et de piratage, c’est un pied plat ( c’était ). On s’est bien pris la tête avec lui, surtout avec son obsession d’amalgamer libre, gratuit et vol, nous qualifiant d’utopistes et de démagogues faisant le lit de toutes sortes de déviances. Il y a un fil mémorable dans le forum de Dogmazic, pour ceux qui en ont le courage.

    Encore une fois, lisez Lessig, Stallman, lisez Florent Lattrive et d’autres. Tout a déja été dit sur le piratage et la propriété intellectuelle.

    En acceptant de chausser les sabots des lobbies industriels qu’ils soient "culturels", agro-alimentaires, pharmaceutiques ou pétrochimiques, en continuant à faire des différences entre le Libre et le piratage, en désignant les autres comme étant les responsables d’une situation alors que le problème est ailleurs, vous faîtes le jeu de ceux qui veulent que l’on VOIT ce qui transite par le Net. D’abord les paquets avec la censure pour trier, ensuite, la correspondance personnelle, enfin, la fermeture du Net tel que certains d’entre nous l’on connu.
    Le Net est conçu sur le partage de tous les fichiers sans distinction. Enlever ça c’est remettre le Net en question.

  40. Grunt

    @modagoose:
    <<je comprends, par contre, avec plus de difficulté, pourquoi certains internautes adoptent un mode de raisonnement qui fait de tout le monde, à terme, un délinquant.>>
    Pas de "tout le monde", mais de ceux qui décident d’enfreindre les lois. Ce serait bien de ne pas mettre tout le monde dans le même panier.
    <<L’abondance gratuite est non seulement possible mais existe déja.>>
    Justement! Pourquoi alors prendre le risque d’être hors la loi et d’accorder de l’audience à des auteurs qui décident de se couper de leur public?
    <<Si on a une popculture aussi pauvre, il y a une raison, et cette raison s’appelle Major company.>>
    Raison de plus pour fuir cette industrie! L’existence de cette industrie n’empêche absolument pas l’existence d’une vraie culture (vraie car librement partageable, ce qui est l’essence d’une culture), pourquoi s’embêter à pirater la dizaine de titres de l’industrie alors que des milliers d’artistes attendent d’être découverts?
    <<Quand je compose un morceau de musique, je ne compte pas le temps que j’y passe, parce que ça peut varier de quelques heures à plusieurs années. Hormis, la machine, l’instrument et les moyens de capter et d’enregistrer, créer ne coûte rien.>>
    Créer peut coûter. Coûter la location d’un studio digne de ce nom. Coûter des costumes, des techniciens, des décors, dans le cas d’un film. Ce n’est pas parce que _toi_ tu crées sans frais que c’est le cas de toute la création. Et ce sont justement les oeuvres les plus coûteuses à produire qui sont le plus piratées.
    <<Quel préjudice subit l’auteur du fichier ? Aucun. >>
    Si, il essaie de vendre ce que tu diffuses gratuitement. Clairement, tu lui coupes l’herbe sous le pied. La différence réside dans l’aspect illégal (donc risqué, compliqué) de ton offre, ce qui fait que la sienne peut encore trouver un public. La grand-mère Michu a du mal à voir le captcha de Rapidshare, a du mal à rediriger les ports pour faire marcher eMule, c’est ce qui va la pousser à acheter le DVD. Tu n’as pas le droit de louer une salle de cinéma pour y projeter un DivX sans les droits de diffusion, c’est ce qui fait que les gens vont encore au cinéma. Tu voudrais abolir cette dernière frontière et faire en sorte que les oeuvres qui ont coûté de l’argent à produire soient diffusées à prix coûtant, donc nul? Et l’argent de la production, tu le sors d’où?

    Tu parles de Mano Solo: il a emprunté 130 000€ pour créer un disque, l’a produit lui-même, et ça n’a pas marché. Il n’est pas rentré dans ses frais. Le modèle du "tout gratuit et l’artiste se démerde" ne marche pas forcément. Force est de constater que quand on dit au public "c’est gratuit", il se sert et ne sort pas un centime. Si à la place du péage des majors, tu mets une tirelire avec appel aux dons, ça ne fonctionne pas pour l’immense majorité du public. Ça fonctionne pour les libristes, car ils voient plus loin que le bout de leur nez, ce qui n’est pas le cas des wareziens.
    <<en continuant à faire des différences entre le Libre et le piratage>>
    Un peu qu’on va la faire la différence! Car il y a une différence entre un .rar (tu sais comment est foutu le format de compression .rar? Non? Moi non plus! Faut s’en remettre au binaire de Alexander Roshal et lui faire confiance. Lui laisser le secret de fabrication. Tu sais comment un Photoshop cracké enregistre ton projet .psd? Non, faut juste laisser Adobe s’en occuper et enfermer ton travail dans un format que tu ne sauras pas ré-ouvrir.
    Cela dérange les libristes. Pas les pirates. Et la différence est là: le libre commence par une éthique, par des valeurs, qui dictent des comportements. Le piratage commence par le constat qu’il est facile de copier, ne se pose pas la question du lendemain (demain, le financement des artistes? demain, ouvrir un format fermé? RAF!), et greffe par dessus, à posteriori, un discours pseudo-politique vaguement inspiré du libre pour tenter de faire passer son envie de "tout gratuit tout de suite" pour une revendication libertaire.
    <<Le Net est conçu sur le partage de tous les fichiers sans distinction. Enlever ça c’est remettre le Net en question.>>
    Ce n’est pas parce que l’outil permet un usage, que l’usage devient forcément légitime, sans limites et acceptable. Le bitume des villes est conçu pour permettre de rouler sans dommage à 100km/h, ça ne suffit pas à justifier les excès de vitesse. Il faudrait cesser de se réfugier derrière ce pseudo-argument du "la technique le permet" et descendre dans l’arène des vrais arguments et des vrais liens de cause à effet.
    La technologie numérique menace de submerger l’île du copyright. Là où le libre commence par construire un bâteau pour dire "Puisque l’eau monte, profitons-en pour construire quelque chose qui en tire avantage", le piratage se résume à profiter de la pagaille pour piller les châteaux construits sur l’île. C’est peut-être jouissif de faire haro sur la bête, de se venger, de vivre de la bête qui se meurt, mais ensuite? Comment peut-on à la fois critiquer un modèle, une industrie, et vivre à ses dépends? Le libre cherche des solutions, le piratage profite des problèmes.

  41. Ginko

    modagoose,

    >Pour être libre, et c’est un précepte bouddhiste, il ne faut pas réprimer ses désir, il faut apprendre à ne plus en avoir.

    Tout ce que je vais dire est mon expérience personnelle. Sans avoir étudié profondément les préceptes bouddhistes, et d’une façon presque inconsciente, j’ai peu à peu annihilé en moi les sources de passion, de désir, d’envie (quelques unes ont été réprimées, devant mon incapacité à les assouvir). Mais au final, je me suis retrouvé dans une sorte d’état apathique, vide de sens, de sensations, de sentiments. Et ça n’apporte pas franchement le bonheur.
    Peut-être que j’ai mal fait quelque chose, que j’ai manqué de faire quelque chose, mais aujourd’hui j’en reviens. Je me remets à écouter mes envies, à caresser la perspective de leur accomplissement, à les faire vivre dans mon cœur au lieu de simplement les ignorer (pas les repousser, je me contentais de les ignorer, de ne pas les faire entrer en résonance, je les laissaient me traverser, sans tenter de m’en emparer).
    Personnellement, je marche à l’envie, je suis motivé par l’envie. Et je pense qu’une bonne partie des artistes créateurs fonctionnent de façon similaire. Alors entendre qu’il faut calmer toute libido de la bouche d’un auteur, ça me parait bizarre…

    Encore du HS… décidément, c’est le jour.

  42. modagoose

    Ginko : Je n’ai jamais dit qu’il fallait calmer ou tuer toute libido, je réponds à Samuel qui écrit qu’il faut réprimer ses envies pour être libre. Ce à quoi je lui réponds que selon les bouddhistes, ce qui mène à la liberté ce n’est pas la répression de ses désirs mais l’absence de désir.
    Ensuite, je ne suis que moi, pas un auteur au sens où tous les auteurs seraient les mêmes et fonctionneraient de la même façon.

    Grunt…
    Ca va être long 😀

    Tu as écrit : " Pas de "tout le monde", mais de ceux qui décident d’enfreindre les lois. "
    En réponse à cette phrase : " je comprends, par contre, avec plus de difficulté, pourquoi certains internautes adoptent un mode de raisonnement qui fait de tout le monde, à terme, un délinquant."

    Ceux qui enfreignent la loi.
    Le raisonnement que je préfère. Dans le même ordre d’idées, on a droit au raisonnement qui dit que si tu n’as rien à cacher, alors il n’est pa nécessaire de mettre en oeuvre des moyens pour protéger ses données personnelles.
    Raisonnement à courte vue. Que sais-tu de l’évolution des lois, surtout quand ces lois sont destinées à protéger des intérêts particuliers au détriment des intérêts du public ?
    Les lois dont on parle là, sont le fruit du lobbying d’un côté et de l’ignorance des élus de l’autre. Il n’y a rien de légitime dans Hadopi, LLOPSI 2 et des traités internationaux comme ACTA.

    "<<L’abondance gratuite est non seulement possible mais existe déja.>>
    Justement! Pourquoi alors prendre le risque d’être hors la loi et d’accorder de l’audience à des auteurs qui décident de se couper de leur public?"

    Parce que l’accés à la culture, sans qu’on ait a juger de la qualité de cette culture, doit être un droit. Quand quelqu’un télécharge un fichier non libéré, il n’enfreind pas le droit d’auteur, uniquement le droit patrimonial de cet auteur, c’est très différent. Et la plupart du temps, ce n’est pas le droit patrimonial d’un auteur qui n’est pas respecté mais celui d’une entreprise qui détient le copyright de ce fichier. Ca aussi ça éclaire l’acte de piraterie sous une autre lumière. Ce problème a été engendré par le fait que l’industrie du divertissement et de l’information a réussi à faire passer, par la loi, la propriété intellectuelle pour de la propriété de patrimoine. Ca n’existait pas avant. Et ça met hors-la-loi des pratiques qu’avaient et ont toujours les scientifiques, universitaires, historiens, journalistes et artistes entre autres. Ca ne touche pas que les "vilains méchants particuliers internautes pirates".

    "<<Si on a une popculture aussi pauvre, il y a une raison, et cette raison s’appelle Major company.>>
    Raison de plus pour fuir cette industrie! L’existence de cette industrie n’empêche absolument pas l’existence d’une vraie culture (vraie car librement partageable, ce qui est l’essence d’une culture), pourquoi s’embêter à pirater la dizaine de titres de l’industrie alors que des milliers d’artistes attendent d’être découverts?"

    C’est à chacun de décider pas à un Grunt au goût sûr qui a vu la vierge et veut convertir tous les impies de la Terre. Laisse les gens faire leurs propres choix, leurs propres expériences, la culture c’est avant tout du partage de tout ce que l’Humain crée. La popculture est aussi de la création humaine. Ensuite, tous les artistes n’attendent pas d’être découverts. Découverts par qui ? C’est un raisonnement de marché que tu tiens là, un raisonnement où il y a des découvreurs, un raisonnement de l’avant internet. Les artistes aujourd’hui, touchent directement leur public sans se préoccuper d’être découverts.

    "<<Quand je compose un morceau de musique, je ne compte pas le temps que j’y passe, parce que ça peut varier de quelques heures à plusieurs années. Hormis, la machine, l’instrument et les moyens de capter et d’enregistrer, créer ne coûte rien.>>
    Créer peut coûter. Coûter la location d’un studio digne de ce nom. Coûter des costumes, des techniciens, des décors, dans le cas d’un film. Ce n’est pas parce que _toi_ tu crées sans frais que c’est le cas de toute la création. Et ce sont justement les oeuvres les plus coûteuses à produire qui sont le plus piratées."

    Tu confonds créer et produire qui sont deux choses très différentes. Créer ne coûte rien ou très peu. La production est un ensemble de choix de moyens. Quand j’utilise mon pc pour enregistrer ce que j’ai composé, je fais un choix de production. Mon PC ne me sert pas qu’à faire de la musique, je l’aurais donc acheter de toute façon. C’est un objet de la vie de tous les jours qui me sert aussi à faire de la musique. Faire des choix de production coûteux, comme louer un studio induit une autre problèmatique. Soit on trouve un financement pour avoir accés à ce studio, soit on le loue sur ses fonds propres, soit on prévoit un retour sur investissement par des ventes, des concerts ou du merchandising, ou alors par la signature d’un contrat avec un label, un producteur ou un éditeur.

    Les choix de l’artiste le regarde. Ces choix il n’a pas à les faire supporter aux autres. En tant qu’artiste je vois toujours tout à l’économie parce que je fais tout tout seul. De cette façon, je reste totalement autonome, libre de mes choix et je n’entre pas dans un modèle où il faudra que quelqu’un paie mes choix, qu’ils soient justifiés ou le fruit de mon égo.

    Un film est une oeuvre chorale, nous sommes d’accord, c’est un modèle économique qui a dù mal à exister, c’est pourquoi le budget marketing d’un film est supérieur à son coût réel. A noter qu’on peut faire des films passionnants pour le prix d’une bagnole d’occase. Tu as vu Primer ? Film de SF passionnant et bien écrit se passant dans un garage autour du concept du voyage dans le temps. On ne le trouve que sur le P2P en VO. Pas de distributeur en France. Le réalisateur est heureux que son film soit vu par le plus grand nombre et circule sur le P2P. Parce que le plus important pour un artiste, c’est avant tout que ses oeuvres soient lues, vues et entendues. L’aspect pécunier vient ensuite et pas toujours.

    Ce ne sont pas les oeuvres les plus chères à produire qui sont le plus piratées, mais celles les plus mises en avant par des campagnes marketing monstrueuses. Il se trouve que souvent ces oeuvres sont coûteuses à produire. Mais il se trouve aussi qu’il n’existe pas d’exemple d’oeuvres coûteuses à produire accompagnées d’une campagne marketing géante qui aient été coulées par le piratage.

    "<<Quel préjudice subit l’auteur du fichier ? Aucun. >>
    Si, il essaie de vendre ce que tu diffuses gratuitement. Clairement, tu lui coupes l’herbe sous le pied."

    Tu sais ce que sont les biens non rivaux ?
    On est en plein dedans en ce qui concerne le piratage. Ton auteur là, il veut faire payer aux autres quelque chose qui n’existe pas. si je peux avoir une copie identique de quelque chose, pourquoi devrais-je la payer comme si ce n’était pas une copie, mais un objet produit en nombre limité ? Je me fous que l’auteur en question n’est pas compris comment fonctionne le numérique et internet. C’est son problème.

    Pour ce qui concerne Mano Solo. Avant sont expérience en autoproduction qui n’a pas aboutie, ce gars était contre les majors. Il s’est cassé la gueule, n’a pas sur utiliser le Net correctement pour vendre son disque, a retourné sa veste et est retourné chez sa maison de disque en crachant sur internet et le Web. Son échec est le sien. NIN a démontrer que la notoriété acquise dans le système marchand traditionnel est transposable sur le Web avec des oeuvres sous licence BY NC SA. Est-il possible que Mano Solo ait fait comme toutes ces personnes qui voient un nouvel Eldorado dans le Web, en dehors de toutes rationnalités, et qui confrontés à la réalité virent aigres et le vomissent ?
    Je crois que oui.

    "<<en continuant à faire des différences entre le Libre et le piratage>>
    Un peu qu’on va la faire la différence! Car il y a une différence entre un .rar (tu sais comment est foutu le format de compression .rar? Non? Moi non plus! Faut s’en remettre au binaire de Alexander Roshal et lui faire confiance. Lui laisser le secret de fabrication. Tu sais comment un Photoshop cracké enregistre ton projet .psd? Non, faut juste laisser Adobe s’en occuper et enfermer ton travail dans un format que tu ne sauras pas ré-ouvrir."

    Tu fais ce que tu veux Grunt, ça ne me regarde pas.
    Je ne télécharge pas de .rar, je n’utilise pas non plus Photoshop, ni sous licence, ni cracké. Je ne sais pas de quoi tu parles. Si d’autres le font, c’est leur problème. Ils ne m’empêchent pas de vivre. Au passage, si je peux leur faire part de mon expérience concernant ls formats ouverts et pourquoi ils sont préférables, je le fais. Si quelqu’un veut utiliser, est obligé d’utiliser Photoshop même cracké pour son usage perso ou professionnel plutôt que Gimp, ce n’est pas à moi de juger. Tu devrais t’en prendre à tous ces organismes de formation qui proposent des stages sur Dreamweaver, Photoshop et autres suite Adobe, le tout avec la bénédiction de Pôle Emploi. qu’est-ce qui reste comme alternative quand on te forme sur du privateur et que tu n’as pas de thune mais que tu crois qu’en devenant auto-entrepreneur, tu vas pouvoir faire Webmestre ?
    Sinon, la plupart des fichiers en DDL ou sur P2P sont en .AVI.

    "Le libre commence par une éthique, par des valeurs, qui dictent des comportements. Le piratage commence par le constat qu’il est facile de copier, ne se pose pas la question du lendemain (demain, le financement des artistes? demain, ouvrir un format fermé? RAF!), et greffe par dessus, à posteriori, un discours pseudo-politique vaguement inspiré du libre pour tenter de faire passer son envie de "tout gratuit tout de suite" pour une revendication libertaire."

    Quel Libre ?
    De quoi parles-tu exactement ?
    Des gens qui utilisent les licences libres ou du Libre en général, une idée vague qui regroupe plusieurs concepts ?

    Parce que chez les artistes, je vois beaucoup de confusion, d’opportunisme, de méconnaissance. Donc partir du Libre comme quelque chose qui dicte un comportement…
    Il faudrait d’abord que la plupart s’intéresse au Libre, à ses fondements et aux êtres humains qui sont derrière. Dés qu’on commence à les affranchir, on a surtout le droit de se faire traiter d’intégriste. Pour la plupart, ceux que je croise dans les forums en tous cas, les licences sont un outils qu’ils utilisent en se foutant de contribuer, au moins par la réflexion. Il faudrait qu’ils lisent un peu plus au lieu de coller une licence parce que pour publier sur une plateforme c’est une condition incontournable. Les pirates eux ne s’encombrent pas de licences, c’est vrai. Ils ne veulent pas proposer une alternative au monde dans lequel nous vivons, ils disent juste qu’ils ne sont pas d’accord. Ils disent aussi que parce qu’ils peuvent pirater, ils le font. Certains se prennent pour des robins des bois, la plupart ne la ramène pas tant que ça et se contente de partager comme ils partageraient leur collection de DVD de la main à la main avec leurs potes et connaissances.

    "<<Le Net est conçu sur le partage de tous les fichiers sans distinction. Enlever ça c’est remettre le Net en question.>>
    Ce n’est pas parce que l’outil permet un usage, que l’usage devient forcément légitime, sans limites et acceptable."

    Si.
    Si on peut le faire, il n’y a aucune raison que ce soit illégal. Je parle de fichiers numériques, pas d’exploitation de la misère humain ou le résultat de crimes dans la réalité sur les réseaux. Diffuser des fichiers numériques sous la forme de photos d’enfants abusés est un crime commis dans le réel sur une personne réelle. Ca n’a rien à voir avec ce dont nous parlons ici. Je préfère préciser au cas où.

    "Le bitume des villes est conçu pour permettre de rouler sans dommage à 100km/h, ça ne suffit pas à justifier les excès de vitesse."

    Tu continues à faire la confusion entre bien rivaux et non rivaux. Tu ne peux pas comparer deux choses qui n’ont aucun rapport.

    "La technologie numérique menace de submerger l’île du copyright. Là où le libre commence par construire un bâteau pour dire "Puisque l’eau monte, profitons-en pour construire quelque chose qui en tire avantage", le piratage se résume à profiter de la pagaille pour piller les châteaux construits sur l’île."

    Les deux sont utiles.
    Le piratage consiste à mettre à disposition de tout le monde des fichiers non libres, même des choses qui peuvent être utiles pour construire une alternative libre. La plus grande partie de la culture est sous copyright. Ca va être difficile de ne pas être hors-la-loi.

    "C’est peut-être jouissif de faire haro sur la bête, de se venger, de vivre de la bête qui se meurt, mais ensuite? Comment peut-on à la fois critiquer un modèle, une industrie, et vivre à ses dépends? Le libre cherche des solutions, le piratage profite des problèmes."

    Je parle de piratage domestique pas de piratage industriel depuis le début. Personne en mettant une copie d’un fichier numérique à disposition du reste du monde ne se fait de blé sur le dos de qui que ce soit. On peut critiquer la société dans laquelle on vit en continuant d’y vivre. La vie ne se résume pas à être ou ne pas être. Le piratage profite des failles d’un système, pas des problèmes du système. Les problèmes dont tu parles ont été engendrés par ceux qui ont créé ce système, un système à l’inertie énorme qui a simplement ignorer une technologie du simple fait qu’ils n’en étaient pas à l’origine : Internet.

    Voilà, c’est long à lire, désolé 😀

  43. samuel

    >>> "Ils ne veulent pas proposer une alternative au monde dans lequel nous vivons, ils disent juste qu’ils ne sont pas d’accord. Ils disent aussi que parce qu’ils peuvent pirater, ils le font. Certains se prennent pour des robins des bois, la plupart ne la ramène pas tant que ça et se contente de partager comme ils partageraient leur collection de DVD de la main à la main avec leurs potes et connaissances."<<<<

    C’est marrant comme tu présentes les choses sous un angle uniquement sympatique et convivial en regardant uniquement par le petit bout de la lorgnette. Moi, j’appelle çà plutôt de l’irresponsabilité, de l’opportunisme, de la mauvais-foi, de la politique de l’autruche, de l’immaturité, … Ce que tu présentes comme de la simple innocence de "potes", c’est juste ne pas regarder plus loin que le bout de son nez.

    Tu sembles défendre le "piratage" mais tu défends aussi la culture libre de Dogmatic. Pourquoi les les malheureux pirates "pas-d’accord-et-sans-argent" ne se contentent-ils pas de Dogmatic qui est justement un modèle plus juste à leurs yeux ? Hypocrisie de ne pas s’avouer qu’ils aiment finalement trés bien la culture des riches ? Pourquoi ce mépris des solutions alternatives légales ? Est-ce vraiment un monde plus juste pour et plus équitable qu’ils veulent ou bien finalement est-ce juste de la jalousie des riches ?

    Dire que Mano Solo a retourné sa veste alors qu’il est un des rares à avoir eu les couilles d’essayer sincèrement la diffusion web ! C’est osé. Faudrait que tu complètes tes livres sur la "culture copyleft" avec aussi des livres de comptabilité et d’économie (mais je reconnais que c’est moins cool que de "matter le dernier opus d’hollywood sur la mule qui tourne pendant qu’on va chercher à grailler au McDo du coin").

    Dernier point, je n’ai pas dit qu’il fallait "réprimer ses désirs" mais "maitriser ses désirs"… merci de ne pas déformer mes propos lorsque tu me cites. Je signifiais par là qu’il faut avoir des désirs mais proportionnels aux moyens que l’on a pour les satisfaire. L’idéal serait meme de remplacer les désirs dictés par la société par ses propres désirs réels. Cà ne veut pas forcément dire pour autant se contenter de rester pauvre et ne pas lutter pour plus de justice sociale… Cà veut juste dire avancer dans la limite de l’honnèteté.

    Les "pirates" me font juste penser à des enfants-rois capricieux qui s’ennuient souvent donc s’amusent à casser leurs jouets.

  44. modagoose

    Samuel, c’est ton point de vue, je ne veux te convaincre de rien. En plus tes commentaires deviennent personnels ce qui n’est pas une façon d’argumenter. Je n’ai rien contre toi, il s’agit d’une discussion amicale, donc tes suppositions sur mes intentions et tes digressions sur "le dernier opus d’Hollywood pendant qu’on va chercher à grailler au Mc Do", tu te les gardes, tu ne me connais pas.

    De plus ce n’est pas Dogmatic mais Dogmazic.

    On va donc en rester là vu que tu sembles avoir beaucoup de mal à ne pas personnaliser le débat et que ce genre de façon de faire ne m’intéresse pas. Tout ce que j’avais à dire est expliqué longuement plus haut, il n’y a qu’à lire et à vouloir comprendre. Tu peux ne pas être d’accord, c’est la base de toute discussion saine et intéressante mais il faudrait apporter plus que des opinions résultant de raccourcis et d’amalgames pour vraiment argumenter.

    Pour moi, cette discussion est clause.

  45. modagoose

    Le fil mémorable sur Dogmazic où le gars Solo aka Manu Cabu ( fils de son père ), intervient et discute (enfin parle beaucoup tout seul ) avec nous de sa vision du Web, des licences libres et du business de la musique. Bon courage, c’est long mais très instructif.

    Manu Cabu intervient à partir de là :

    http://www.dogmazic.net/modules.php

  46. samuel

    @modagoose

    Je suis probablement maladroit. Mes commentaires ne te visaient pas forcément toi directement mais décrivent l’ensemble des "pirates" que j’ai pu croiser.

    Merci sincérement pour le lien sur le débat avec Mano Solo. D’ailleurs, je ne comprends pas bien pourquoi tu lui reproches de "parler tout seul" : Un peu normal vu le cadre de la rencontre, non ? T’en connais d’autres qui viennent se jeter dans l’arène comme çà ? C’est justement le seul artiste reconnu que je connais qui vient directement dialoguer et en plus sur le terrain de l’autre. Jusqu’à présent j’avais surtout vu des Patrick Bruel larmoyant sur l’épaule de Claire Chazal avec une métaphore de "vol de baguette de pain" pour lutter contre le méchant internet qui allait dorénavant l’obliger à gagner plus souvent au poker. Ce qui m’étonne aussi, c’est que dans le débat Hadopi, on a rarement entendu les industriels de l’informatique (fabriquants de graveurs, d’ipod,…). Curieux que les majors s’acharnent moins sur eux alors que ce sont eux les grands gagnants de ce transfert de pouvoir.

    Je connaissais de loin Dogmazic. Mais c’est de la culture libre donc çà ne rentre pas vraiment dans notre débat sur le warez, le piratage… Je suis conscient que Dogmazic bataille pour construire dans leur coin une alternative. Je ne les mets pas du tout dans le meme sac que les ados boutonneux pour qui "logiciel libre" signifie seulement "la mule".

    En tout cas, merci pour tes arguments. J’y reviendrai probablement plus tard avec une téte fraiche.

  47. FredoMkb

    Bonjour à tous,

    Je suis vraiment impressionné par la qualité des argumentations et la tenue "sage" de cet échange, ça ne se passe pas toujours aussi bien ailleurs, je viens juste de débarquer sur ce blog que je ne connaissais pas, dont la lecture des commentaires a été très instructive… longue, mais fort intéressante.

    Juste deux mots :

    Je fais un peu de création graphique et aussi un peu de développement (desktop et web), selon mes envies du moment et mes disponibilités.

    C’est vrai, comme personne ne me contraint à faire ce que je fais sur mon temps libre (enfin, libéré plutôt), on pourrait dire que cela devrait être gratuit, puisque ça ne coûte que du temps personnel.

    Seulement, ce temps passé, qui n’est pas uniquement consacré à la pure création, mais peut aussi être investi à se documenter, au partage des connaissances avec d’autres, à la recherche des meilleurs solutions ou compromis, aux tests et autres vérifications parfois longs et même fastidieux, à la rédaction des textes et autres modes d’emplois, etc., tout ce temps et tout ces moyens ont forcément une valeur, dont le "produit fini" est le reflet et le véhicule.

    Alors, à la fin de ce processus, lorsqu’on voudrait partager le résultat de tout ce travail, il n’est pas exclu, à mes yeux, qu’un rétribution puisse être souhaitée, soit sous la forme d’une licence payante, soit sous la forme d’une donation libre (mon choix), soit sous une toute autre forme de retour qui donne envie, qui motive, pour continuer à faire et à proposer des choses.

    Les petites choses que je fais, je les fais librement et je les propose aux autres tout aussi librement, mais je ne les fais pas, hélas, en toute gratuité (temps et moyens consentis), du coup, je l’avoue (non sans un certaine gêne), j’attends, j’espère plutôt, que ceux qui en profiteront sauront d’une manière ou d’une autre les valoriser en proposant, à leur tour, un retour gratifiant.

    Pour l’instant, je n’ai pas eu le moindre centime en retour, pourtant, je connaît le nombre de téléchargements effectués… bien-sûr, ceci ne m’empêche pas de continuer à faire mes "petits trucs" selon mes envies et à les proposer aux autres, mais, franchement, c’est parfois décourageant de n’avoir aucune valorisation en retour…

    Bref, tout ça pour dire que je partage l’idée du "libre" mais que la gratuité n’est pas forcément la pratique la plus évidente, voire souhaitable dans certains cas.

    Fredo

  48. SixOO

    modagoose, j’ai écrit mon commentaire précisément après avoir lu le tien. Il doit sans doute y avoir incompréhension entre nos discours. Mais ok, j’arrête de t’agacer puisque je ne suis pas un spécialiste des sujets traités et que j’oblige à repartir de la base, et je n’interviendrai plus ici.

  49. Georges

    "même si un petit nombre d’utilisateurs se servent de ces outils pour obtenir de la musique pop sans payer."

    Ce serait pas plutôt un "petit nombre d’utilisateurs" qui NE se servent PAS de ces outils pour obtenir de la musique pop sans payer ?

  50. Joom

    Effectivement, "free" prête à confusion.

    Je suis entièrement d’accord avec FredoMkb : le plaisir qu’on peut avoir à créer quelque chose et à le partager ne devrait pas exclure d’office la rémunération.

    Les créateurs sont pour la liberté, les consommateurs pour la gratuité. Mais avec cette attitude, ces derniers pillent la ressource dont ils ont le plus besoin ; l’énergie et l’enthousiasme des premiers…

    Je pense que c’est une question d’époque, et d’éducation. Si nos écoles formaient plus de créateurs que de consommateurs, la problématique ne se poserait pas.

    Mais c’est un autre débat 🙂

  51. Grunt

    Tiens, à propos d’Internet, de P2P et de libération.

    Les Yes Men diffusent leur film sur Internet, car on leur refuse les autres moyens de diffusion:
    http://www.rue89.com/2010/08/01/les

    Bon, ben allons le télécharger en torrent, et filons un peu de sous aux auteurs:
    http://www.torrentdownloads.net/sea

    Premier résultat de recherche: les Yes Men, torrent quasi mort, personne dessus.
    Deuxième: pareil, c’est mort, les gens s’en foutent.

    Par contre, en dessous, une vingtaine de bouses commerciales qui intéressent un maximum de gens.

    Et c’est _ça_ qui va nous libérer? Télécharger "les 4 surfeurs d’argent et le fantastique" ou je sais pas quoi comme ânerie? Laissez-moi rire.