Nouveau framabook : Histoires et cultures du Libre !

Classé dans : Framasoft | 12

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Framasoft est fier de vous annoncer la sortie officielle de son nouveau framabook, assurément l’un des plus importantes et ambitieux de sa collection (et pas uniquement pour ses 580 pages  !).

Nous laissons le soin à Christophe Masutti, président de l’association Framasoft, et co-directeur de l’ouvrage, le soin de vous le présenter. Nous invitons également les parisiens et parisiennes intéressé(e)s au lancement du livre vendredi 17 mai 2013 de 17h à 19h à l’Institut des sciences de la communication du CNRS.

Histoires et cultures du Libre - Couverture

  • Titre  : Histoires et cultures du Libre. Des logiciels partagés aux licences échangées
  • Direction  : Camille Paloque-Berges et Christophe Masutti
  • Licences  : Creative Commons CC-By
  • Prix  : 25 €
  • ISBN  : 978-2-9539187-9-3
  • Première édition  : Mai 2013, Framasoft
  • Format  : broché, 14,5 x 21 cm
  • Poids  : 830 gr.
  • Nombre de pages  : 580 (dont xxiii)
  • Téléchargement et vente sur Framabook.org

Première sortie de l’année 2013, qui sera suivie de près par le tome II du Cycle des NoéNautes par Pouhiou et une réédition de C en 20 heures, Histoires et cultures du Libre est un ouvrage qui comptera sans doute parmi les références incontournables pour qui veut comprendre le mouvement du Libre et son histoire.

Sous un titre ambitieux, ce livre est néanmoins dans l’air du temps. Ces derniers mois, on n’a jamais autant parlé des acteurs qui ont créé l’Internet d’aujourd’hui. L’excellent site/portail/documentaire Une contre-histoire d’Internet par Arte.tv est une belle illustration de ce besoin de rétrospective, de s’arrêter un moment non seulement sur ce qu’est Internet (on parle tout de même d’un 8e continent) mais aussi sur les valeurs et les pratiques qui y circulent et se diffusent mondialement. Pourquoi ce besoin ? Je crois, toujours pour coller à l’actualité, que l’arrivée du récent rapport Lescure est les désillusions qu’il porte sont un bel exemple du choc culturel que représentent les pratiques de partage et de coopération numériques et du manque d’intégration par les modèles économiques dominant les marchés, de manière volontaire ou non.

On a longtemps parlé d’une «  culture underground  » ou, pour reprendre l’expression de T. Roszak, d’une contre-culture plus ou moins aux «  origines  » d’Internet ou du logiciel libre en général. C’est en partie vrai. En partie seulement parce que les enjeux «  contre-culturels  » que l’on retrouve aujourd’hui autour de la neutralité du Net, de la lutte contre la cybersurveillance, du partage du savoir et des connaissances, de la liberté d’expression, du droit d’auteur, etc., font que justement les histoires d’Internet, du logiciel libre, de l’informatique et de la circulation de l’information numérique sont vues de manière rétrospective, un peu comme si toutes les étapes de leur construction, depuis la fin des années soixante, tendaient vers cette île d’Utopia de la résistance contre l’oppression ou de l’émergence de «  nouveaux modèles  » (économiques, politiques, sociaux, etc.). Tout cela est néanmoins juste et l’on ne peut nier que des valeurs communes sont partagées et se développent de manière positive dans la société.

Dans la mesure où il s’agit d’en fait une analyse historique, on ne peut pour autant nier qu’il y a dans tout ceci une certaine dose de folklore populaire. C’est tout à fait normal. Il y a toujours un besoin latent d’identification une fois que des acteurs sortent du lot. Qui a lu la biographie de Richard Stallman ne peut s’empêcher, en plus d’adhérer à son éthique du Libre, d’avoir envie de le rencontrer, d’échanger et surtout d’espérer et oeuvrer avec lui pour un monde (plus) libre. Et vous avez remarqué comment l’on passe facilement de l’histoire d’Internet à ces questions de liberté et de logiciel libre  ?

Je pense qu’il faut préciser ce que nous entendons par Libre, avec un grand L. C’est, au delà de la divergence méthodique entre logiciel open source et logiciel libre (relativement secondaire par rapport à l’histoire générale que nous racontons ici), ce qui fait que l’ensemble des modèles et des conditions socio-techniques du logiciel libre deviennent justement culturels et ainsi s’appliquent à d’autres domaines, comme aujourd’hui le matériel informatique ou agricole, la musique ou les arts en général, les connaissances et les sciences en particulier, etc. L’un des vecteurs principaux est Internet, l’outil de partage par excellence, mais aussi l’ensemble des licences libres, et même l’économie qui peut nous montrer comment la culture Libre est porteuse de référents suffisament solides pour constituer une approche sociale différente. L’une des bases de ce développement, c’est l’abolition de la frontière entre l’ingénieur et l’utilisateur, entre le créateur et le spectateur, bref l’apparition de la possibilité de casser la division sociale des rôles (par exemple la division du travail) en permettant une approche coopérative de la société. Un autre pilier, c’est le fait que la création est elle-même le véhicule des valeurs qu’elle traduit  : ces idées de partage se transcrivent dans l’invention de nouveaux langages informatiques (par exemple LISP), dans l’arrivée de systèmes d’exploitation «  ouverts  » pour travailler à plusieurs sur des grosses machines, par les protocoles de communication (Internet, en général), et par tout ce qui pouvait circuler, à la fois l’organisation et la création. En somme, ce sont toutes ces pratiques des hackers (ainsi qu’il se reconnaîtront plus tard, sans toutefois former une classe sociale à part, puisque nous sommes tous des hackers), en informatique et au delà de l’informatique, que le livre Histoires et cultures du Libre tente de raconter… sans toutefois être exhaustif.

Étant donné la pluralité des approches possibles, il fallait que cet ouvrage soit un collectif et il a toute sa place dans la collection Framabook, entre la biographie de Richard Stallman et Option Libre de Benjamin Jean. Avec Camille Paloque-Berges, nous avons donc lancé en mai 2012 un appel à publication en tâchant de résumer la problématique d’une approche historique du libre. Rien ne laissait présager que cet appel allait intéresser autant d’auteurs. 27 ont été selectionnés par Camille, Benjamin et moi sur la quarantaine de résumés reçus. Il s’agissait avant tout de donner de la cohérence entre les parties de l’ouvrage (en six parties). La très grande majorité présentaient des approches riches, variées et pertinentes. Nous avons tâché d’équilibrer nos choix et, finalement, avons laissé carte blanche aux auteurs quant au nombre de pages tout en essayant de les orienter au mieux par rapport à la problématique de départ. Beaucoup d’allers et retour avec les auteurs ont donc eu lieu. L’appui du comité éditorial du projet Framabook a été décisif  : sans les relecteurs, la cohérence de l’ouvrage aurait été fortement compromise. Quant aux coquilles… sur 580 pages cela donne une idée de l’enfer.

Et ce n’est pas fini. Nous avons livré pour l’instant un Framabook disponible en PDF (gratuit) et à la vente en version papier (pour les vacances d’été, vous pourrez le lire sur la plage ou à la montagne si vous avez de la place dans votre sac à dos, le premier qui parvient à emmener ce pavé à plus de 2500 mètres d’altitude, à pied, pas en avion, photographie à l’appui, gagne un second Framabook  !). Il faut maintenant en produire des versions HTML et e-pub rigoureuses. C’est là que ca se complique  : le texte est en LaTeX, avec une gestion bibliographique par chapitre avec biblatex. Or, la transformation ne peut se faire en un clic. Avis, donc, aux amateurs  : nous serons ravis de les accueillir dans le groupe Framabook qui a bien besoin de bras. Par ailleurs, l’objectif serait de pouvoir en faire une traduction au moins en anglais. Là encore, si des spécialistes (aguerris) sont partants…

En attendant bonne(s) lecture(s) et n’hésitez pas à faire passer l’info.

Histoires et cultures du Libre. Des logiciels partagés aux licences échangées

Sommaire

  • Hervé Le Crosnier , Préface
  • Camille Paloque-Berges et Christophe Masutti, Introduction générale

Partie 1 – (Pré-) histoire

  • Valérie Schafer, Des réseaux ouverts, pour quoi faire ?
  • Christophe Masutti, Ingénieurs, hackers  : naissance d’une culture
  • Pascal Robert, Esquisse d’une archéologie de l’informatique communicante
  • Christopher Kelty, Sharing source code

Partie 2 – Économie du Libre

  • Stéphane Ribas, Patrick Guillaud, Stéphane Ubéda, Les modèles économiques du logiciel libre et leur évolution
  • Nicolas Jullien et Jean-Benoît Zimmerman, Le logiciel libre  : un renouveau du modèle industriel coopératif de l’informatique
  • Pierre-Amiel Giraud, Les RMLL, haut lieu mobile du libre francophone

Partie 3 – Trajectoires du Libre

  • Damien Djaouti, Influence du Libre dans l’histoire du jeu vidéo
  • Thibaud Hulin, Brève histoire de l’identité visuelle du Libre
  • Sébastien Broca, Free Software et open source : utopie et idéologie

Partie 4 – Licences libres

  • Benjamin Jean, L’évolution des licences libres et open source  : critères, finalités et complétude ?
  • Primavera de Filippi et Isabelle Ramade, Libre choix ou choix du libre ?

Partie 5 – Études de cas

  • Robert Viseur, Mozilla  : histoire d’une libération
  • Séverine Giordan, Pure Data, logiciel libre de productions créatives
  • Adrienne Alix, Wikipédia et le monde du Libre
  • Jonathan Chibois, Du logiciel libre pour l’Assemblée Nationale
  • Alexandre Hocquet, RTFM ! La chimie computationelle : une communauté scientifique loin du libre

Partie 6 – Témoignages : Libre et institutions

  • Gérard Giraudon, Un point d’histoire de la stratégie d’INRIA sur l’open source
  • Jean-Luc Archimbaud, La place du logiciel libre au CNRS

Textes complémentaires

  • François Élie, Des trois communautés aux forges de demain
  • Jean-Pierre Archambault, Le libre dans l’Éducation Nationale

12 Responses

  1. emmanuel

    C’est un peu décevant de n’avoir qu’une version PDF du livre. Je serais prêt à lâcher quelques euros pour un livre électronique au format epub ou mobi. Sans pousser le bouchon jusqu’à mettre l’ouvrage sur la boutique Kindle, ce serait bien de prendre en compte les usages de lecture sur liseuse et tablette.

  2. Framatophe

    Pour info, la transfo en epub est actuellement en cours. On fait ce qu’on peut. Encore un peu de patience! merci 🙂

  3. Galuel

    Concernant mon commentaire précédent, je ne connaissais pas, et apparemment c’est assez récent, mais il existe bien désormais des Manuels Scolaires sous Creative Common by sa !

    C’est là : http://lelivrescolaire.fr/

  4. framatophe

    Bonjour,

    Pour info, la version e-pub est en cours de réalisation. Tout vient à point à qui sait attendre, comme on dit 🙂

    @Emmanuel: je pense qu’on a largement démontré que nous prenons en compte ces usages. Si vous êtes partant pour nous aider, par exemple, à assurer le passage entre format vers e-pub, n’hésitez pas!

  5. shokin

    Merci pour ces moments de lecture libre que je vais passer. ^^

  6. Ryzz

    Bonjour,
    par curiosité, quels sont les problèmes avec la conversion e-pub ? Il n’existe pas de compilation direct de latex vers e-pub ou ça ne fonctionne pas bien (quelles sont éventuellement les erreurs?).

  7. framatophe

    @Ryzz haaa ca fait des dizaine de fois qu’on me pose la question. Le problème est que ca ne peut pas se résumer en trois mots.

    Pour faire simple :
    – il existe des logiciels qui permettent de transformer du latex en html, par exemple latex2html ou pandoc
    – le problème c’est qu’ils ne font de transformation que pour des documents assez simple
    – la maquette du Framabook « histoire et culture du libre » contient plein de choses qui n’entrent pas dans les clous de la simplicité, par exemple la bibliographie avec Biblatex (et pas bibtex), des styles particuliers, des packages improbables :), des tableaux (beark), etc. bref, plein de choses qui ne se transforment pas en un tournemain.

    Cela dit, je suis actuellement en train de remanier une version HTML que j’ai sorti assez rapidement (en simplifiant la version latex en amont) et le e-pub ne tardera pas 🙂 ici, la principale difficulté, dirai-je, est surtout due à la longueur de l’ouvrage et au temps disponible 🙂

    De manière générale, l’expérience nous a appris que quelle que soit la transformation (Framabook utilisant du .odt, du html, du epub et du LateX, dans n’importe quel sens notamment pour permettre aux auteurs d’utiliser leur format de prédilection), il faut toujours y mettre les mains pour obtenir un résultat correct.
    Juste un exemple: pour le e-pub et pour optimiser leur lecture (par exemple en audio) il faut que la différence soit faite entre l’emphase (<emph>) et l’italique (<i>).
    Quant à passer du html vers le LaTeX on a toujours le problème des notes de bas de page et de la bibliographie.
    Donc pour conclure, on a une fonctionnement différent pour chaque publication, en fonction des spécificités du livre, que ce soit du point de vue des logiciels utilisés ou de la chaîne éditoriale lorsqu’on fait appel à tel imprimeur plutôt qu’un autre. Etc 🙂

  8. Sinma

    @framatophe:
    Avez-vous envisagé d’utiliser Docbook? Ça a l’air de correspondre parfaitement à vos besoins, reste à savoir si c’est efficace…

  9. framatophe

    @Sinma : oui docbook est un excellent format pour els livres techniques et serait parfaitement adapté pour les manuels. Pour les essais et les romans, par contre… 🙂 La gestion biblio pose tjrs problème. Par contre je viens de découvrir les possibilités de Tex4ht, donc un nouvel e-pub va bientôt remplacer celui actuellement présent (et fabriqué à l’arrache:))

  10. shokin

    Il paraît qu’existe aussi le format ouvert fb2 .