L’influence de Microsoft à l’école n’est-elle pas disproportionnée ?

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Lettre aux enseignants - Offre Microsoft Office 2007Les enseignants doivent se sentir flattés d’un tel intérêt. En effet, en moins de six mois voici la troisième lettre qui leur est adressée par la société américaine Microsoft, et comme les précédentes missives nominativement dans leurs casiers de la salle des professeurs (vous en trouverez une image scannée en fin d’article).

Quel que soit son enrobage pédagogique cautionné par des associations d’enseignants complices de la manœuvre, le fond du sujet est toujours le même  : la suite bureautique Microsoft Office 2007. On ne s’en cache pas du reste puisque l’objet de la lettre est texto  : «  Téléchargez Office 2007 chez vous sans frais  !  ».

À croire que malgré la véritable machine de guerre déployée elle peine à être adoptée. Il faut dire qu’il n’y a pas que cette suite en jeu. Tapis derrière elle, c’est le nouveau système d’exploitation Windows Vista que Microsoft voudrait voir massivement installé dans les établissements scolaires (jackpot financier à la clé), alors que, répétons-le, absolument rien ne le justifie. Et encore plus loin c’est d’un véritable choix «  culturel  » qu’il s’agit. Souhaitez-vous que vos logiciels, formats, ressources, pratiques, échanges… soient majoritairement libres ou propriétaires  ?

Vous connaissez notre réponse. Voici celle de Microsoft et ses acolytes avec cette nouvelle lettre aux enseignants qui a le mérite de synthétiser et d’exposer au grand jour toute la stratégie Microsoft en la matière. Nous vous proposons ci-dessous une petite lecture décryptée commentée. Pour finir pour nous demander en guise de conclusion si nous devons ou pouvons y faire quelque chose.

En route vers le B2i  !

Dans la famille «  Microsoft à l’Éducation Nationale  », j’ai nommé la justification pédagogique…

C’est par ce slogan lancé par une charmante jeune femme que s’ouvre la lettre. Il est à noter que le Brevet Informatique et Internet (B2i) existe depuis plus de sept ans déjà mais qu’à cela ne tienne, allons vers… et allons-y gaiement et en confiance puisque Microsoft est justement là pour nous accompagner et nous faciliter la vie numérique.

Il y aurait beaucoup à dire d’ailleurs sur ce B2i, véritable fausse bonne idée de l’Éducation Nationale. Moins on a d’élèves et plus il est vanté, jusqu’à se montrer dithyrambique lorsque l’on a n’a plus d’élèves du tout  ! Quitte au passage à donner mauvaise conscience aux collègues qui se permettraient de montrer quelques signes de perplexité quant à sa mise en application effective, accusés alors un peu vite de faire de la «  résistance au changement  ».

Il n’empêche que le B2i est là, qu’il y a désormais obligation de le valider, par exemple pour obtenir son Brevet en fin de collège, et qu’on doit donc faire avec et en l’état pour le moment. Et c’est plutôt bien vu de la part de Microsoft que de choisir cet angle d’attaque.

Depuis le mois de juin, vous avez le droit de télécharger sans frais Microsoft Office 2007 sur www.officepourlesenseignants.fr, comme tous les membres du corps enseignant des écoles, des collèges et des lycées, conformément à l’Accord cadre signé entre Microsoft et le Ministère de l’Éducation Nationale.

Dans la famille «  Microsoft à l’Éducation Nationale  », j’ai nommé la justification contractuelle…

Tout ce passage est rédigé en gros et gras. On notera qu’on prend bien soin de ne pas prononcer le mot gratuit, le droit conféré est un «  droit pour une installation sur votre PC à domicile pour votre usage professionnel  ». Drôle de licence que voilà, quid d’un ordinateur portable qui sortirait du domicile et quid d’un enseignant qui souhaiterait ponctuellement en faire un usage non professionnel  ?

En tout cas après le B2i, et c’est toujours aussi bien vu de la part de Microsoft, on va s’appuyer sur ce fameux Accord cadre contracté en décembre 2003 et reconduit depuis. Je vous invite à le parcourir dans son ensemble mais si l’on devait n’en retenir qu’une phrase ce pourrait être la suivante, qui apparait à même le très officiel site Educnet  : «  L’Accord cadre a pour objectif de rendre plus homogènes et d’actualiser les systèmes d’exploitation du parc de PC des écoles, collèges et lycées, en favorisant l’accès à la dernière version de la suite bureautique Microsoft Office.  » On ne peut être plus clair, la mise à jour vers Vista trouvant ici un magnifique alibi. Et tant pis pour le logiciel libre.

Rapport Becta en main, il pourrait être facile de critiquer cette prise de position discutable et arbitraire du Ministère de l’Éducation Nationale. Sauf qu’on ne peut l’accuser frontalement de favoritisme puisqu’il existe d’autres Accord cadres (Apple, IBM, Intel, Sun…) dont un très particulier que l’AFUL présentait ainsi dans un récent communiqué  : «  Le 28 octobre 1998, le Ministère de l’Éducation nationale signait un accord avec l’Association Francophone des Utilisateurs de Linux et des Logiciels Libres (AFUL), accord cadre permettant le développement de l’usage des technologies de l’information et de la communication auprès de l’ensemble des établissements d’enseignement français et des enseignants en ce qui concerne l’emploi des ressources informatiques libres et la disponibilité de ressources commerciales liées à l’informatique libre. Depuis dix ans, conséquences directes de l’accord cadre ou souvent simplement facilitées par son existence, de très nombreuses réalisations ont vu le jour dans ce secteur capital qu’est l’éducation, et les logiciels et les ressources libres y sont désormais bien présents, à tous les niveaux.  »

Soit. L’AFUL met en valeur et c’est bien normal ce qui à l’époque constituait symboliquement une magnifique reconnaissance pour le logiciel libre à l’école. Il n’empêche qu’on se retrouve selon moi dix ans plus tard quelque peu piégé par la co-présence de ces deux Accord cadres que Microsoft fait bien plus fructifier que l’AFUL. Si ce constat est partagé, il conviendrait de voir ce que l’on peut faire ensemble pour remédier à cela.

Mais poursuivons la lecture de la lettre…

L’association d’enseignants Projetice vous propose plus de 120 formations réparties dans les Académies pour échanger et prendre en main des applications pratiques d’usages pédagogiques des TICE autour notamment des nouvelles fonctionnalités offertes par Microsoft Office 2007.
http://www.projetice.fr/formations/formations_office.aspx

Dans la famille «  Microsoft à l’Éducation Nationale  », j’ai nommé l’association d’enseignants qui prêchent la bonne parole sur le terrain…

Et revoici l’association d’enseignants Projetice. J’en avais parlé l’année dernière sans que personne ne vienne m’apporter la contradiction sauf… Thierry de Vulpillières, directeur des partenariats éducation chez Microsoft France  ! Mes hypothèses non encore infirmées étaient les suivantes  : Projetice a été créée sous l’impulsion de Microsoft, Projetice est quasi exclusivement financée par Microsoft, et les prestations de ses membres ne sont pas bénévoles et donnent lieu à rémunération et couvertures de frais par l’association et donc indirectement par Microsoft.

Et parmi les prestations il y a donc désormais ces «  plus de 120 formations  ». Quelle force de frappe  ! Un véritable réseau parallèle au très officielle plan de formation continue de l’Education Nationale. Une aubaine pour le Ministère qui cherche à faire des économies à tous les étages (dont celui de la formation continue justement). Et comme ce n’est pas Microsoft qui entre dans les établissements scolaires mais de vrais collègues, les portes se trouvent être bien entendu grandes ouvertes.

J’aimerais beaucoup recueillir ici-même quelques témoignages d’enseignants qui ont eu l’honneur d’assister à l’une des ces formations. Parce que là encore on mélange allègrement dans le libellé les «  pratiques d’usages pédagogiques des TICE  » avec les «  nouvelles fonctionnalités offertes par Microsoft Office 2007  ». On va finir par croire que l’un ne va pas sans l’autre  ! La confusion venant de fait que les formateurs endossent simultanément leurs habits d’enseignants et de «  VRP Microsoft  ». Alors réelle formation pédagogique ou «  publi-information  » qui ne veut pas dire son nom  ?

Les éditions Nathan vous propose l’ouvrage «  Maîtriser les fonctions indispensables d’Office 2007  » qui permet une prise en main rapide et simplifiée de la nouvelle suite bureautique Office 2007. Nathan s’associe également à une offre très attractive d’équipement des établissements disponible sur le site www.nathan.fr/Office2007

Dans la famille «  Microsoft à l’Éducation Nationale  », j’ai nommé le partenaire éditeur scolaire…

Il fallait bien aussi un grand éditeur. Je note au passage qu’avec le titre proposé, «  Maîtriser les fonctions indispensables d’Office 2007  », le rôle de Nathan ici est bien moins celui d’un éditeur scolaire que celui d’un éditeur informatique. Sachant que pour l’un comme pour l’autre, nous avons d’autres modèles à proposer comme par exemple Génération 5 pour le scolaire et… Framabook pour l’informatique ;-)

Nathan nous offre lui aussi son petit service autour du B2i. Pas très conforme à son esprit du reste puisqu’il nous est proposé en ligne «  d’évaluer et valider les connaissances de vos élèves  » pour au final «  délivrer l’attestation de réussite à chaque élève  ». On se retrouve en fait avec une sorte de QCM que le Café Pédagogique devrait tout particulièrement apprécier. On remarquera par ailleurs que le site n’est pas non plus très conforme avec les standards du Web puisque «  Attention, le site B2i est consultable uniquement sur PC et utlisant le navigateur Explorer  ».

Curiosphere.tv (la web educative de France 5) vous propose désormais plus d’une centaine de vidéos à usage pédagogique et notamment à travers le site thématique consacré au B2i «  tutoriels vidéos, se former au B2i  »
http://www.curiosphere.tv/ressource/19636-tutoriels-video-se-former-au-b2i

Dans la famille «  Microsoft à l’Éducation Nationale  », j’ai nommé le partenaire institutionnel…

J’ai eu également déjà l’occasion de consacrer un billet (puis un deuxième) à Curiosphere.tv. La principale critique venant du fait qu’à parcourir les vidéos proposées, on hésitait entre formation B2i et formation aux logiciels Microsoft, l’un servant un peu de couverture à l’autre.

Comprenez-vous pourquoi par exemple la vidéo titrée «  Tutoriel Word  : modifier un schéma  » se trouve être placée dans la catégorie «  B2i > Adopter une attitude responsable  »  ? Et tout est à l’avenant. On participe à la réalisation de vidéos de promotion des produits Microsoft et après on les place aux forceps, un peu n’importe comment, dans les «  cases B2i  ». À trop vouloir tirer sur la corde de la justification pédagogique, elle finit par casser…

Mais arrêtons-nous quelques instants plus en détail sur ces vidéos. Si vous avez huit minutes, prenez le temps de regarder «  Tutoriel Word  : créer une frise chronologique  » où un virtuose de Word vient nous montrer effectivement comment réaliser de but en blanc un tel objet. C’est franchement spectaculaire (et je ne crois pas qu’OpenOffice.org 3.0 dispose d’une telle fonctionnalité).

Le problème est double. D’abord on peut légitimement se demander si le jeu en vaut la chandelle pour un enseignant qui, si il se met à la tâche, passera certainement plus de temps que notre virtuose. Sans oublier que peut-être, après tout, notre enseignant était satisfait des frises qu’il proposait à ses élèves «  du temps d’avant Microsoft Office 2007  ». Il s’agit donc déjà de faire la part des choses entre le gadget aussi clinquant soit-il et ses réels besoins.

Mais admettons qu’il estime que cette «  frise qui fait jolie  » mérite d’être insérée dans ses cours. On se retrouve alors face à un nouveau problème et non des moindres. En effet, il n’a pas, me semble-t-il, été prévu de mutualiser, échanger, éditer, modifier… collaborativement les ressources «  pédagogiques  » ainsi produites. Et ce n’est malheureusement guère étonnant car Microsoft n’a ni expérience ni culture en la matière. Ses formats de fichiers sont fermés et non interopérables, ses produits et ses ressources ne sont pas sous licences libres, et surtout la société ne s’est jamais appuyée sur des communautés d’utilisateurs pour «  créer ensemble  ». Elle n’a que des clients, et c’est aussi pour cela qu’elle se trouve parfois mal à l’aise voire parfois carrément en porte-à-faux lorsqu’elle aborde les rives du secteur éducatif.

Il n’y qu’à visiter les sites de Projetice et du Café Pédagogique, tous deux réalisés avec le concours de Microsoft, pour s’en convaincre. Les possibilités d’interactions avec le visiteur y sont minimales. Le plus emblématique étant le site du fameux Forum des enseignants innovants de Rennes qui «  visait à faire connaître et à valoriser les nombreux projets pédagogiques innovants  ». Que reste-t-il aujourd’hui sur le site de la centaine de projets sélectionnés  ? Rien. Personne n’a pensé qu’il pouvait être a posteriori opportun de les mettre à disposition des collègues internautes qui n’ont pu se rendre à la manifestation.

Parce que c’est bien gentil mais pourquoi devrais-je réinventer la roue et créer de A à Z ma propre «  frise qui fait jolie  »  ? Pourquoi ne me propose-t-on pas le document qui a permis de réaliser cette frise  ? Cela me permettrait de ne pas démarrer à vide, de mieux comprendre comment le virtuose s’y est pris et surtout de pouvoir la modifier pour l’adapter à mes besoins. En lien et place on trouve sous la vidéo le texte suivant  : «  Extrait de  : Office pour les enseignants – Word 2007 © 2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.  » qui n’invite pas forcément à la collaboration.

On remarquera que le site de Microsoft dédiée à l’opération propose lui aussi la même vidéo. La seule différence c’est la possibilité de télécharger la vidéo (au format fermé .wmv) mais aussi de… «  l’envoyer à un ami  »  ! Que la dimension collective se résume à prévenir un ami en dit long sur l’état d’esprit du projet.

J’ajoute que la mise à disposition du document source ayant permis de créer la «  frise qui fait jolie  » est une condition nécessaire mais non suffisante à une collaboration optimale. Il conviendrait en effet d’en proposer un format ouvert et pérenne (ce qui n’est malheureusement pas encore le cas du .docx) et de placer le tout sous une licence qui favorise le partage. Et puis, si l’on veut vraiment bien faire les choses, pourquoi ne pas regrouper toutes ces ressources sur un site dédié permettant aux enseignants de réellement communiquer avec leurs pairs  ? Vous verrez qu’alors des synergies apparaîtront spontanément entre les collègues et des projets insoupçonnés se mettront en place.

C’est toute la différence entre la culture du logiciel libre et celle du logiciel propriétaire. Et c’est ici je crois que le logiciel libre a beaucoup à apporter à l’école. Ce que la société Microsoft, malgré sa pléthore de moyens et ses alliés de circonstance, est bien incapable d’imaginer, enfermée qu’elle est par son modèle économique traditionnel. Aujourd’hui, en l’absence de toutes ces considérations, la «  frise qui fait jolie  » demeure au niveau de la pure poudre aux yeux. Ce n’est plus de la pédagogie, c’est du simple marketing.

Réalisé par un collectif d’enseignants, le Café Pédagogique publie chaque jour «  l’Expresso  », un flash d’information sur l’éducation. Le «  Café Mensuel  » partage entre profs les «  bonnes pratiques  » et les ressources pédagogiques nouvelles dans votre discipline. Vous êtes déjà plus de 180.000 abonnés à ces éditions. Le «  Guide de Web pédagogique  » vous donne les clés pour faire entrer les TICE dans la classe. Le «  Guide du BAC et du Brevet  » aidera vos élèves dans leurs révisions.
http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/Entrezlestice.aspx

Dans la famille «  Microsoft à l’Éducation Nationale  », j’ai nommé l’association d’enseignants qui prêchent massivement la bonne parole sur internet…

Je me demande si parmi «  les clés pour faire entre les TICE dans la classe  », on ne trouve pas aussi celles de Microsoft.

Toujours est-il que le Café Pédagogique a lui aussi fait l’objet d’un billet dédié tout récemment. Je n’y reviens pas si ce n’est pour dire que la seule réponse obtenue fut un mail privé. La porte est fermée, le débat public refusé et je le regrette.

En vous souhaitant une bonne prise en main de ces offres, nous vous prions d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de nos respectueuses salutations. Eric le Marois, Directeur Éducation et Recherche, Microsoft France.

Avec en bas de page, les logos de tous les partenaires (dont celui de Microsoft qui joue ici les modestes en se fondant avec les autres).

Voilà. Qu’ai-je voulu dire ici quitte à radoter pour la énième fois et irriter le lecteur avec mes idées fixes  ?

Tout d’abord montrer la solidité et l’intelligence de la toile tissée par Microsoft au sein de l’Éducation Nationale. Je félicite sincèrement Thierry de Vulpillières pour cette politique d’entrisme menée de main de maître en fort peu de temps. L’école ayant de nombreux chats à fouetter, des difficultés budgétaires et peu d’expérience en matière «  d’intelligence économique  », elle ne pouvait clairement et momentanément pas lutter, surtout si l’on se permet de montrer patte blanche via un réseau de partenaires et d’associations d’enseignants financièrement dépendants du bailleur de fonds. Franchement, et n’en déplaisent à mes détracteurs, il est difficile, quand on regarde l’envergure et l’ambition de l’opération, de considérer Microsoft comme une société commerciale comme les autres. Et puis d’abord quelle est sa réelle légitimité pour venir nous parler de pédagogie  ?

Mais je tenais également à témoigner, et ceci n’engage que moi, de la faiblesse actuelle de ceux qui souhaitent faire une plus juste place aux logiciels libres à l’école («  culture du libre  » incluse  !). Oui, comme le dit l’AFUL, et ce n’est pas le réseau Framasoft qui va la contredire, «  de très nombreuses réalisations ont vu le jour dans ce secteur capital qu’est l’éducation, et les logiciels et les ressources libres y sont désormais bien présents, à tous les niveaux  ». Mais oui aussi ces réalisations, aussi nombreuses soient-elles, sont éparses, pas encore assez structurées et organisées, et faiblement soutenues par l’Institution. Oui encore cette trop forte présence et prégnance de Microsoft à l’école freine non seulement le logiciel libre mais une certaine idée que l’on se fait des TICE. Et oui surtout nous ne sommes pas capable aujourd’hui de proposer des actions similaires d’une telle cohérence et d’une telle dimension. Non pas, comme certains aimeraient le croire, pour «  bouter Microsoft hors de l’école  », mais simplement pour faire entendre notre voix et, parce que l’indifférence amène l’ignorance, offrir ainsi à une majorité d’enseignants les conditions du choix. Un choix qui, nous le savons, va bien au delà de la praticité d’usage de tel ou tel logiciel.

Pouvons-nous adresser un courrier personnalisé dans le casier de chaque enseignant  ? Pouvons nous proposer plus de cent formations non pas aux nouvelles fonctionnalités de la dernière version d’OpenOffice.org mais plutôt à l’utilisation pédagogique d’une suite bureautique illustrée par exemple avec OpenOffice.org  ? (formations que l’Accord cadre avec l’AFUL autorisent pleinement du reste) Pouvons-nous, comme on nous y invite, réaliser plus d’une centaine de vidéos didactiques  ? Pouvons-nous enfin communiquer d’un coup avec des centaines de milliers d’enseignants comme peut le faire le Café Pédagogique avec les produits de son partenaire  ? (ce qui serait pratique par exemple pour diffuser le rapport Becta).

Malheureusement non. Rien nous oblige bien entendu à vouloir reproduire à l’identique cette manière de faire. Mais force est de constater qu’aujourd’hui nous ne pouvons rivaliser. On peut bien sûr décider de ne rien faire de plus que ce l’on fait actuellement (ne serait-ce que parce qu’on ne peut en faire plus) et s’en remettre à la sagesse et à la clairvoyance de nos collègues en se disant que jour après jour, dans l’ombre du terrain, le logiciel libre et son état d’esprit avancent et finiront par atteindre une telle masse critique qu’on ne pourra plus feindre de les ignorer.

Certes, mais on peut aussi être plus volontariste, surtout si l’on accepte le fait que ce qui est exposé dans cet article est potentiellement à même de nous faire reculer de dix bonnes nouvelles années  ! Ce recul étant bien moins celui des logiciels que celui des mentalités. Si cela ne tenait qu’à moi, et si j’avais la moindre légitimité pour le faire, j’irai même jusqu’à convoquer d’urgence un… «  Grenelle du Logiciel Libre dans l’Éducation  »  !

C’est une boutade, mais je crois sincèrement que, la balle étant dans notre camp, il y a là prétexte à se mettre en mouvement et unir nos quelques forces. Partout ailleurs dans l’administration publique, le logiciel libre est évalué et bien souvent adopté. Pourquoi en irait-il autrement à l’Éducation Nationale  ? Parce qu’avec la complicité passive du Ministère, Microsoft aura fait acte héroïque de résistance en compagnie de quelques enseignants que le court terme aveugle  ?

Je ne puis m’y résoudre et vous pose pour conclure la question suivante  : Ce billet n’est-il qu’une nouvelle déclinaison de l’obsession paranoïaque d’un adepte de la théorie du complot ou bien au contraire sommes-nous face à un réel problème qui nécessite de réelles réponses  ?

44 Responses

  1. Irvin Jeaurousse

    Comme je suis un fidèle lecteur, je ne suis pas surpris par tout ça 🙂

    Ceci dit c’est pas mal de tout résumer en un seul article surtout pour celui qui n’y connait rien.

    Il faudrait porter l’information vers la grande presse, je crois car le Framablog a, sauf votre respect, une portée limitée.

    Si ça passe dans Libération ou je ne sais quoi, les profs seront plus attentifs à la situation.

    Pour le moment je pense qu’ils ignorent tout cela ou bien ça leur passe complètement au dessus de la tête. Et plus ça leur passera au dessus de la tête et plus il sera facile pour Microsoft et ses amis de venir faire leurs beaux discours utilitaristes et creux en imprégnant durablement les mentalités avec leurs logiques propriétaires.

    Faut dire quand même que ces logiques proprios passent assez bien parce que les profs restent paradoxalement mais fondamentalement des individualistes.

  2. Dominique

    Je connaissais le sujet mais j’apprécie toujours autant le style "mordant" du persévérant aKa.

    Il y a un truc aussi qu’il faut voir c’est que les "logiciels pédagogique" c’est très bien mais avec un bon navigateur (genre Firefox), une bonne suite bureautique (genre OOo) et une bonne connexion internet, vous couvrez 90% des usages dans un cadre scolaire.

    Le reste c’est un peu du pipeau gadget effectivement.

  3. Anturs

    Merci Aka pour cette lettre parce que, lorsque je l’ai reçu dans mon casier cette semaine, elle a en moins de 3 secondes rejoint la corbeille à papier (et je me suis "de toutes façons, si je veux la lire, y’aura bien un article sur Framablog…" Bingo !!).

    C’est vraiment insupportable, cette façon de procéder. Alors que faire ? Il est vrai que nous n’avons pas les moyens de la société-dont-on-ne-veut-pas-prononcer-le-nom, mais je me serais bien vu faire une campagne d’affichage sauvage dans la salle des profs pour dénoncer cet état de fait.

    Quelqu’un connait-il des affiches bien faites, parlantes, avec peu de mots ou alors une bonne explication, mais appuyée par un slogan ravageur ? A moins que quelqu’un se sente le talent pour réaliser ce genre de choses…

    Cela pourrait être un début, un appel à la réflexion…

    PS : le coup de la frise chrono, ça m’a bien fait rire. Ce n’est pas comme si chron’ooo n’existait pas ( http://ooo.hg.free.fr/chronooo/ )

  4. Charlie

    Salut,

    Un projet d’affiche qui a un moment donné circulé sur la liste de l’APRIL
    http://www.april.org/fr/poster-de-p

    Je l’ai mise en salle des profs mais elle est un pâle et se perd parmi tous les papiers.

    En revanche le "leader" syndical "anti-B2i" a aussitôt voulu photocopier le tract de Microsoft reçu dans mon casier pour le grader en trophée et l’utiliser au cas où…

    Tous les profs qui refusaient de s’investir dans le B2i, avant qu’on ne change les items, et auxquels je disais "si on ne s’empare pas du B2i, ce sera Microsoft qui s’en chargera" me prennent maintenant très au sérieux.

    Pour autant, hier au CA, j’ai rencontré un Parent (membre du Conseil Municipal de ma ville) critiquer le futur module informatique des Lycées, en disant "y’aura du Microsoft partout"… Je lui ai dit naïvement "non, pas si l’on y prend garde".

    A côté de sa radicalité pro-Libre, j’avais le sentiment d’être un neuneu.

    Décidément on trouve de plus en plus de Libriste partout. J’ai une élève dont le père tient y cybercafé qui ne passe que de la musique "no sacem inside" m’a-t-elle dit.

    Où va-t-on ?

    🙂

  5. Samuel

    @Anturs

    Le Groupe des Utilisateurs de Lyon a créé des fiches de présentation du logiciel libre dans un effort pédagogique : http://www.aldil.org/les-activites/… … mais de nombreux autres GULs ont également leurs propres fiches. Faut farfouiller.

    Mais d’experience, pour avoir un prof non-informaticien dans ma famille qui a voulu s’y mettre, il faut savoir que "l’éthique" et les "valeurs" ne sont pas des motivations qui durent trés longtemps … Au moindre soucis technique, le non-informaticien retourne chez microsoft. J’ai vu çà meme chez des ami(e)s trés militants dans d’autres domaines. Leur tableur Excel tout bouzillé dans Calc ! Les fichiers de leurs collègues qu’ils n’arrivent pas à ouvrir ! … Trop complexe. Et ils ne veulent pas entendre parler de IRC ou passer leurs Week-end sur les forums. Donc éviter le discours moralisateur, çà les braque. Offrir un accompagnement humain, c’est le seul truc qui marche …mais faut avoir le temps.

  6. L. Charles

    Tout ceci est beaucoup moins anodin que ça en a l’air.

    Partout l’on se bat contre la pression trop grandes des multinationales. C’est l’un des nouveaux fronts de la politique et il fait éclater le clivage gauche-droite.

    Faisons en sorte qu’au moins à l’école, on puisse se donner un peu d’air en attendant l’âge adulte !

  7. Maurizio Paris

    @Samuel

    Quand tu dis : "Au moindre soucis technique, le non-informaticien retourne chez microsoft. J’ai vu çà meme chez des ami(e)s trés militants dans d’autres domaines. Leur tableur Excel tout bouzillé dans Calc ! Les fichiers de leurs collègues qu’ils n’arrivent pas à ouvrir ! … Trop complexe."

    Je crois que c’est justement le résultat de dix ans de formatage Microsoft. L’enjeu ici ce de ne pas en reprendre pour dix ans. Et il faut effectivement avoir conscience que ça va être bien bien compliqué vu la situation (et ce ne sont pas les "contre-affichages" qui vont changer quoi que ce soit, soyez lucides).

  8. Steed

    Le formatage Microsoft est déjà installé.
    Je débarque dans un collège où je fais de l’info.
    Open office est installé sur tous les postes, pourtant, les gamins enregistrent leurs documents en mettant l’extention".doc" sans réfléchir.
    J’étais dégoûté. Je leur ai dit que je pouvais pas lire ces fichiers, et qu’il fallait laisser Ooo mettre ‘extention.
    Ils ont eu l’air surpris ……

  9. Samuel

    Le pouvoir de Microsoft est paradoxalement dans sa capacité à se faire oublier …. Il s’agit plus exactement de se faire oublier *techniquement* (vente liée avec OS pré-installé, monopole commercial). Dans la téte des gens, le système Microsoft doit étre une *évidence*, un truc naturel … tout comme on ne se pose jamais la question de qui vide nos poubelles à l’aube le matin, qui a construit les routes gratuites qu’on utilise tout les jours.
    L’important, c’est que les poubelles soient vidées et que la route nous mène à l’endroit voulu. Tout curiosité sur le "qui" et le "comment" n’est qu’une perte de temps dans nos vies pressées.
    Bref, Microsoft essaye de nous faire croire qu’ils sont l’équivalent de l’air dans la nature : indispensable, obligatoire et forcément unique. Et pour appuyer cette invisibilité technique, paradoxallement, il faut inonder le temps de cerveau disponible par une omniprésence de la marque partout, aux arréts de bus, dans les magazines, sur notre clavier, (Curieux qu’un monopole ait encore besoin de faire de la publicité, non ? )…. Mais le plus difficile à combattre, c’est le fait que l’ordinateur est un object domestique familier qui est forcément inoffensif puisqu’il vit avec nous dans notre chambre ou dans notre salon… Un jour une amie m’a vu consulter mes e-mails sur un linux. Elle m’a demandé des explications sur ce qu’était "ce truc" et m’a dit avec un sourire ironique et condescendant : "En fait, t’es un peu un rebel !" … bref, pour elle, la citoyenneté numérique et les heures à lire des documentation, à assister à des réunions de Guls, à orienter des gens sur IRC, pour elle c’est juste "se la jouer, frimer,…" Je vous jure que ce genre de remarque laisse des traces. Pour elle, l’informatique, c’est télécharger des MP3 et consulter ses e-mails, donc forcément, on parle pas exactement la meme langue. …. Si un framasoftien pouvait me remonter le moral, çà me ferait plaisir, merci.

  10. Tom Péchin

    Par rapport à ce découpage de dix ans en dix ans, il ne faut surtout pas croire que la nouvelle génération de profs soit forcément meilleure que la précédente sur ce sujet là.

    Je vois des profs de français qui disent "c’est génial, on trouve tout sur weblettres" et quand je leur dis "et toi tu places aussi tes séquences ?" c’est le grand silence.

    On prend sans donner en quelque sorte.

  11. JeanGui

    Bien sûr que c’est toi le parano aKa !

    Les profs pour avoir leur traitement de texte, ils cliquent sur "W", pour leur tableur sur "X" et pour internet sur "E".

    Pourquoi voudrais-tu semer la zizanie à l’école en perturbant cette situation qu’ils ont déjà eu tant de mal à apprivoiser !

  12. Parent Reac

    Ils sont vraiment pénibles de chez pénibles.

    On voudrait s’en débarrasser, passer à autre chose, pour qu’on arrête de nous dire que notre jeu favori c’est de les critiquer mais comment peut-on faire autrement ici ?

    Dieu reconnaitra les siens, mais que de temps et d’énergies perdus !

    Les parents (ou les cours particuliers) étaient déjà obligés de s’occuper de parfaire l’éducation de leurs enfants pour cause de service public au rabais. Va en plus falloir qu’ils s’occupent de déconditionner leurs mômes aux effets collatéraux de cette propagande de masse assurée en toute innocence par des profs ignares de la situation.

  13. Poupoul2

    Merci pour ce long "résumé" de la situation. En tant que parent de collégien, j’ai été très inquiet lorsque mon rejeton est entrée au collège : Que vont ils utiliser ? Surprise, tous les postes des salles informatiques ne sont équipées que d’OpenOffice.org, Firefox et autres logiciels libres. Les collégiens ne font pas les yeux ronds lorsqu’on leur parle d’Impress.

    C’est parfois rassurant.

    Un père vigilant sur les fréquentations numériques de ses enfants.

  14. Razenol

    On finira par ériger des barricades devant les lycées pour empêcher les profs vendus de Projetice d’entrer faire leur formation consumériste 🙂

    Je pense que malgré toute la bonne volonté des profs d’en bas, la Ministère a une grosse responsabilité dans tout ça. Faudrait juste leur mettre le nez dedans pour qu’ils comprennent qu’ils se fourvoient et que tôt ou tard on risque de leur demander des comptes.

  15. Serge

    aKa l’a bien dit, l’Etat n’a plus d’argent et tente de faire des économies partout. Et quand c’est économies touchent directement les postes de profs, vous imaginez ce qu’ils en ont à foutre de l’informatique.

    La faiblesse des Etats face aux multinationales fait vraiment peur. Et comme ce sont les Etats qui ont choisi de laisser grossir ses monstres orwelliens (la liberté c’est l’esclavage) au niveau mondial, nous n’avons que ce que nous méritons.

    Les écoles finiront par être sponsorisés globalement par les entreprises. De la même manière que les noms de bateaux dans les course à la voile portent désormais des noms des marques, on substituera le collège Jacques Prévert par le collège Mac Donalds.

    Désolé pour Samuel, mais j’en rajoute à la déprime 🙂

  16. Teo Darcis

    Heureusement Alexis que tu as créé Framasoft sinon on pourrait te taxer de saper le moral des troupes :-)))

    Le coup de la vidéo frise c’est vraiment bien vu parce que c’est tout à fait vrai que c’est symptomatique et que c’est quelques chose qui peut faire réfléchir les profs en évitant justement les discours moralisateurs.

    C’est une situation vraiment curieuse parce qu’il est évident que le logiciel libre est plus indiqué que Microsoft à l’école. Arguments contre arguments le propriétaire explose à l’école. Et pourtant on n’y arrive pas.

  17. Ex de Microsoft

    Si, si, il y a une entrée "communautés" sur le site de Microsoft France Education :
    http://www.microsoft.com/france/edu

    "Ce groupe de discussion Microsoft Education est un lieu de communication, de contacts et d’entraide entre enseignants, personnes ressources informatique, chefs d’établissements, à propos des technologies pour l’éducation et leurs mises en place. Notre objectif est le développement des usages basé sur vos expériences."

    Et un peu plus loin :

    "Les personnes qui répondent dans ces forums sont tous des utilisateurs bénévoles qui donnent de leur temps pour vous aider au mieux à résoudre les problèmes que vous pourriez rencontrer dans l’utilisation des produits et technologies Microsoft."

    Quand Microsoft découvre que les forums sont bénévoles !!!

    Allons sur les forums :
    http://www.microsoft.com/france/com

    9 fils de discussion depuis mars 2007 ! C’est pas encore ça.

    Il y a aussi un passage sur Projectice :

    "Microsoft est l’un des parrains de « projetice », une association d’enseignants ayant des « pratiques innovantes » dans l’Education. Ils sont passionnés et experts de leurs disciplines et parfois d’une technologie ou d’un logiciel et provenant de niveaux scolaires différents, mais possédant une caractéristique commune : une passion pour l’enseignement à l’aide des nouvelles technologies (TICE). Au-delà de leur connaissance sur les outils pour l’enseignement, certains ont participé à la mise en place de projets dans leur établissement, parfois leur académie ou région et même dans certains cas d’expérimentations nationales. Ils ont un recul dont ils peuvent vous faire bénéficier en vous indiquant les problèmes rencontrés et dans certains cas, les astuces pour y remédier."

    Et bla bla bla…

  18. MoineCopiste

    Je comprends très bien que Framasoft fasse ce boulot là. D’ailleurs c’est marrant parce que c’est un peu comme si personne ne voulait le faire ce "sale boulot" ! J’ai rien lu ailleurs malheureusement.

    Par contre, on peut quand même se pencher sur les qualités intrinsèques de la suite MS Office 2007 en oubliant un instant l’opposition libre propriétaire.

    Est-ce que la version 2007 est en nette amélioration par rapport à 2003 ? La réponse est Oui, sans aucun doute.

    Est-ce que MS Office 2007 est "globalement meilleure" que OpenOffice 3 ? Qu’on le regrette ou non, je pense que la réponse est encore Oui (comparez le module de Maths par exemple !).

    Après la seule question qui vaille c’est : Bien que MS Office soit "meilleure" qu’OpenOffice, peut-on ou doit-on "se contenter" d’OpenOffice à l’éducation nationale ? Il y a bien sûr la question du coût, non négligeable en sommant tous les bahuts français, mais ce qu’il faut faire passer c’est que Oui, parce par rapport aux besoins de l’école OpenOffice est amplement suffisante et en plus elle est libre.

    Et ceux qui disent "surtout pas de discours moralisateurs" OK mais on peut quand même tenter d’expliquer pour le libre et l’école sont intimement liés non ?

    Les gens comprennent bien que rouler en 4×4 ça apporte plein d’avantages, c’est plus "puissant" que les autres bagnoles, etc. sauf que "ça pollue" et ce discours là, même si moralisateur, il commence à bien passer. Je vois pas pourquoi il en irait autrement ici.

  19. Orlane

    Que font les syndicats d’enseignants et de parents d’élèves ? C’est quand même un peu leur boulot non, d’évaluer cela et de juger si oui ou non il y a matière à demander des comptes ou tout du moins des explications ?

    Sauf si ça ne les dérange pas mais pour cela il faudrait 1 se pencher sur le problème et 2 avoir toutes les clés pour juger de la situation.

    Les profs qui adhèrent à la culture du libre seuls n’y arriveront pas et on le voit bien puisqu’ils n’arrivent pas du tout à contrarier la politique de Microsoft qui se permet tranquillement de faire de trucs gros comme une maison.

    Chacun pour soi et les moutons seront bien gardés.

  20. rhyzome451

    C’est toi qui délire aka puisque ni l’AFUL ni l’APRIL ne jugent bon de dénoncer cela. Enfin j’ai pas vu passer si jamais c’était le cas.

  21. Samuel

    @moinecopiste

    Si la grosse voiture 4X4 qui pollue est "offerte" le jour où l’on obtient son permis de conduire … je ne suis pas certain que le discours "moralisateur" sur la pollution passe si facilement. Surtout si l’alternative n’est pas forcément "clef en main" mais oblige à passer ses soirées à apprendre dans de la documentation la science mécanique, à lire les différents catalogues de chaque modèle de véhicule libre pour savoir lequel est adapté, à se repérer dans la multitude de carburants proposés, etc, etc, etc …. Malheureusement, meme les âmes les plus ouvertes ont des contraintes de temps et d’argent.

  22. Elessar

    @MoineCopiste

    Affirmer sur un exemple que Microsoft Office 2007 est mieux qu’OpenOffice.org 3, c’est osé, tout de même. Je démontrerais le contraire en comparant la gestion des styles dans Calc et dans Excel (inexistante), ou dans Impress et dans PowerPoint (inexistante). Ou en comparant Draw et [inexistant].

  23. Olivier

    Dominique a dit : "Il y a un truc aussi qu’il faut voir c’est que les "logiciels pédagogique" c’est très bien mais avec un bon navigateur (genre Firefox), une bonne suite bureautique (genre OOo) et une bonne connexion internet, vous couvrez 90% des usages dans un cadre scolaire."

    Et un bon OS genre GNU/Linux !
    🙂

  24. trollo_des_bois

    @rhyzome451

    L’AFUL je ne pense pas. Ils ne sont pas assez nombreux et puis, si je puis me permettre, je pense qu’ils se satisfont de la situation actuelle comme il est dit dans leur communiqué (ce sont un peu des "réformistes mous" quoi).

    Par contre j’attends l’APRIL sur ce terrain là oui absolument. Sauf si ils sont tellement occupés à leur campagne d’adhésion qu’ils n’ont plus le temps de à consacrer à défendre le logiciel libre 😛

  25. Houston

    Pour répondre à la dernière question de l’article : Oui Houston, je crois qu’on a un réel problème !

    Un problème dont pas grand monde ne se soucie mais au moins c’est bien de le signaler !!!

  26. tuxmouraille

    Les gens ne font aucune différences entre hardware et software. Pour eux c’est indissociable. Je le constate quand je leur dis que mon "PC" sous Ubuntu est quasi invulnérable aux virus.
    Ils ne savent pas ce qu’est un système d’exploitation. Pour eux Windows c’est juste une interface graphique.
    Je croit qu’ils ont une vision mécanique du fonctionnement d’un ordinateur.

    Tout ça pourquoi?! Parce qu’on demande aux gens d’utiliser l’outils informatique sans jamais les y avoir formés.
    Formez les gens à l’informatique, et ils se posseront un peu plus de question sur ce qu’il y a dans leur ordinateurs.

    P.S.:la frise je l’ai refaite aussi vite avec OOo Draw, sans jamais avoir utilisé celui ci.

  27. Charlie

    @tuxmouraille

    "Les gens ne font aucune différences entre hardware et software. Pour eux c’est indissociable.’.

    Bonjour,

    Vous venez d’énoncer ici le degré zéro de tous les fondamentaux informatiques qui étaient enseignés en Technologie, et que l’on retrouvait dans le B2i collège, rayés depuis et du B2i et du programme de Technologie.

    Samuel a écrit cette phrase très juste : "Le pouvoir de Microsoft est paradoxalement dans sa capacité à se faire oublier …. Il s’agit plus exactement de se faire oublier *techniquement*".

    C’est exactement cela. L’objectif est d’amener le plus grand nombre possible de consommateurs à ne plus distinguer le matériel du logiciel.

    Peut-on concevoir un seul instant la société Microsoft promouvoir un B2i où elle devrait s’expliquer sur la vente liée ?

    C’est la raison pour laquelle je considère que l’enjeu du logiciel libre à l’école s’est déplacé vers les programmes scolaires.

    Si l’on ne peut plus enseigner ce qui distingue le matériel du logiciel, un système des applications ; les notions de fichier, de format de fichier, d’interopérabilité, etc, alors à quoi peut servir la promotion des logiciels libres à l’école ?

    Nous ne faisons pas la promotion des TICE, pour chaque enseignant qui se respecte, notamment en Technologie, l’enjeu ce n’est pas simplement d’utiliser des instruments ou des outils : c’est de lutter contre l’illettrisme technologique.

    « L’informatique n’est pas plus la science des ordinateurs que l’astronomie n’est celle des télescopes. », disait Dijkstra.

    Aussi, ce n’est pas le fruit du hasard si le Café pédagogique partenaire de Microsoft fait la promotion des TICE et l’apologie de l’usage des outils.

    "Dans la réforme du lycée, il est prévu pour la seconde un module “informatique et société numérique”. On se souvient de l’échec de l’option informatique des années 80 dû à un excès de technicisme et à une insuffisance de réflexion sur les usages. Pour faire avancer la réflexion, le Café Pédagogique retrouve sa vocation de mouvement pédagogique et fait des propositions tout à fait intéressantes.", peut-on lire dans les Cahiers pédagogiques du 8 décembre 2008.
    http://www.cahiers-pedagogiques.com

    La Café pédagoqique déclare donc la guerre au futur module informatique des lycées. N’en doutons pas un seul instant, le "pédagogisme" est bien l’allié objectif de Microsoft dans le système éducatif.

    Charlie

  28. Un pov contribuable

    On aura beau brandir notre éthique et nos valeurs, le nerf de la guerre c’est l’argent.

    Vous vous rendez compte ce que ça doit coûter à Microsoft tout ça rien que sur une année et dans un seul pays ?

    C’est faramineux. Presqu’autant que les profits que Microsoft engendre à l’école en vendant ses produits de cette manière.

    CQFD.

  29. H.Valentza

    Dans la toile tisée par Microsoft ne pas oublier le supérieur avec le groupe Compas (titre exact : "Compas – Éducation, cognition et nouvelles technologies", ça fait mieux et plus sérieux), lui aussi créé à l’initiative de Microsoft, càd toujours le même T. de Vulpillières.

    http://www.groupe-compas.net/
    http://iens-compas.org/

    Le groupe se pose comme principale question : « L’ordinateur a-t-il une place à l’école ? Si oui, laquelle ? »

    "Pour réfléchir à ces questions, nous devons non seulement prendre acte de l’omniprésence des technologies de l’information et de la communication (TIC), mais aussi des dernières évolutions en sciences de l’éducation."

    Dont acte, oui !

  30. Laurent

    "Question con"
    Dans une certaine mesure, ne pourrait-on pas assimiler ce que fait microsoft ( à savoir offrir office ) à de la corruption de fonctionnaires ?

  31. Samuel

    @laurent

    Effectivement, la gratuité est une manière malicieuse d’échapper aux règles d’appels d’offre des marchés publics.

  32. Laurent Postiga

    C’est d’autant plus scandaleux que les bahuts eux vont payer MS Office 2007 qui est certes proposé à un prix plus bas que le marché mais faites un peu le calcul multiplié par tous les établissements scolaires français !

    Il faudrait économiser les sous avec du logiciel libre et le redistribuer aux développeurs locaux qui prendront appui sur ces logiciels libres pour apporter des briques adaptées à leur besoin.

    Je résume : au frais du contribuable engraisser une multinationale américaine qui verrouille tout NON, créer de la valeur et de l’emploi local avec des logiciels payés UNE SEUL FOIS et qui peuvent servir ensuite à tous,OUI.

    Vraiment un pur scandale cette histoire. Bonjour la passivité des profs !

  33. cemoi

    Bonjour à tous et à toutes! Étant enseignant (militant?) je vais répondre un peu à (toutes) tous et je terminerai par un retour d’expérience vous permettant (très partiellement) de percevoir le contexte de l’intérieur du système (peut être un angle de vision que vous n’avez pas…)

    Le jeudi 11 décembre 2008, 14:49 par tuxmouraille
    « Tout ça pourquoi?! Parce qu’on demande aux gens d’utiliser l’outils informatique sans jamais les y avoir formés. »

    Ici les « gens » sont souvent et malheureusement des enseignants sortant de leur « formation » (pour ne pas dire formatage soyons clair) cela veux bien dire qu’il n’y aura ni de formation à ce sujet, ni d’information car personne ne sais ce que c’est.

    Le jeudi 11 décembre 2008, 11:21 par Samuel
    «…Malheureusement, même les âmes les plus ouvertes ont des contraintes de temps et d’argent. »

    L’administration se sert de cela pour faire pression et diminuer la dynamique des enseignants qui se battent pour le libre (pas toujours mais souvent)…

    Le jeudi 11 décembre 2008, 08:49 par Orlane
    « Que font les syndicats d’enseignants et de parents d’élèves ? …Les profs qui adhèrent à la culture du libre seuls n’y arriveront pas et on le voit bien puisqu’ils n’arrivent pas du tout à contrarier la politique de Microsoft … »

    Malheureusement les parents d’élèves ne font rien (car ils ne connaissent rien à linux… pour la plus part) et c’est bien là le drame car ils sont en mesure de faire plier n’importe quelle lycée à une toute petite poignée d’individus… pour les syndicats ….

    Le jeudi 11 décembre 2008, 08:28 par MoineCopiste

    « la seule question qui vaille c’est : Bien que MS Office soit "meilleure" qu’OpenOffice, peut-on ou doit-on "se contenter" d’OpenOffice à l’éducation nationale ? Il y a bien sûr la question du coût, non négligeable en sommant tous les bahuts français, mais ce qu’il faut faire passer c’est que Oui, parce par rapport aux besoins de l’école OpenOffice est amplement suffisante … »

    Très très bonne remarque, e suis également de cet avis.

    Pour résumer je dirai que les parents que nous sommes devrai être informé (mais par qui? Tf1 peut etre?..) mais malheureusement ils ne le sont et nous ne le sommes pas non plus il faut aller chercher l’information « caché » aprés une journée de travail…

    A ce jour aucun enseignant de mon académie n’a accès à de la formation sur linux car les personnes qui « décident » ne le veulent pas et ces dernière le formule d’une toute autre manière (je vous passes les arguments …).

    Certains d’entre eux aimeraient bien en avoir pourtant mais il semble avoir des pressions politique qui sortent de je ne sais ou… (suivez mon regard), de ce fait très peu (trop peu) de personnes sont informé de ce que sont les logiciels libre ainsi que ce que peut être Linux/Unix.

    De plus en plus certain journaux parlent de linux et par ce biais la demande commence à se faire.

    Cela fait 3ans que des demandes sont faite mais rien y fait et nous avons même droit à une certaine forme de pression de la part de divers individus hostiles à ce qu’ils ne connaissent pas, cela est très classique.

    Cela fait 2ans que certaines personnes proposent de faire de la formation sur linux ainsi que la manière et l’art de mettre en place un serveur linux pédagogique pour son établissement. Nous n’avons que des refus pur et simple et souvent sans aucun argument réel.

    Certains établissement (pour ne pas dire proviseur en ce qui concerne les lycées) refusent purement d’installer Openoffice.org car « MS office c’est mieux » ce qui antraine des difficultés sérieuses pour ceux qui osent utiliser Ooo et encore plus pour le pauvre malheureux qui tourne sur Linux.

    J’ai retenu deux commentaires qui sont particulièrement révélateur de ce qui serai bon de faire, dans un premier temps et de ce qu’il se passera si cela continu et abouti … les universités sont très prêt de ce que le dernier commentaire décrit!

    Le jeudi 11 décembre 2008, 00:02 par Poupoul2
    Merci pour ce long "résumé" de la situation. En tant que parent de collégien, j’ai été très inquiet lorsque mon rejeton est entrée au collège : Que vont ils utiliser ? Surprise, tous les postes des salles informatiques ne sont équipées que d’OpenOffice.org, Firefox et autres logiciels libres. Les collégiens ne font pas les yeux ronds lorsqu’on leur parle d’Impress.
    C’est parfois rassurant.
    Un père vigilant sur les fréquentations numériques de ses enfants.

    Le jeudi 11 décembre 2008, 00:30 par Serge

    Les écoles finiront par être sponsorisés globalement par les entreprises. De la même manière que les noms de bateaux dans les course à la voile portent désormais des noms des marques, on substituera le collège Jacques Prévert par le collège Mac Donalds.

    A ce jour je recherche de la formation pour me perfectionner dans l’administration de système Linux/Unix dans le but de monter des serveurs pédagogique et de donner de la formation en interne le jour ou on nous le permettra… Pour info j’ai déjà monté ce genre de serveur sous debian dans un lycée.

    En bilan je dirai purement et simplement que je ne me sens vraiment pas (et je ne suis pas le seul) dans un système démocratique avec ce genre de comportements de la part de ma hiérarchie.

  34. Christian

    @r Elessar concernant sa dernière comparaison :
    « en comparant Draw et [inexistant]. »

    J’en rajoute une couche avec InkScape bien meilleur que ooo-draw et l'[inexistant] se retrouve complètement défoncé.
    Merci le libre 😉

  35. Christian

    @ Samuel

    mauvais argument :
    les achats PERSONNELS (car les profs payent leur propre matériel) ne sont pas concerné par les règles relatives au marchés publiques…

  36. Christian

    @ cemoi « administration de système Linux/Unix dans le but de monter des serveurs pédagogique »

    SambaEdu est ton ami, sa liste de diff est une excellente source de (in)formation.

  37. Papoune

    J’ai eu l’occasion de "toucher" visio, un logiciel "pro" et très cher de Microsoft, et Inkscape que je pratique maintenant tous les jours :
    Yapafoto, pour moi, Inkscape est champion.
    On peut faire rapidement avec Inkscape des choses très compliquées. je ne parle pas des frises que j’ai pu réaliser avec.
    La pédagogie exige une gestion de calques qui est très commode pour afficher dans l’ordre trouvé dans les réponses des élèves les éléments essentiels.
    Alors Word peut-il être gagnant quand il n’écrit même pas en PDF?

  38. Charlie

    @cemoi

    Citant tuxmouraille cemoi écrit :

    "Le jeudi 11 décembre 2008, 14:49 par tuxmouraille
    « Tout ça pourquoi?! Parce qu’on demande aux gens d’utiliser l’outils informatique sans jamais les y avoir formés. »

    Ici les « gens » sont souvent et malheureusement des enseignants sortant de leur « formation » (pour ne pas dire formatage soyons clair) cela veux bien dire qu’il n’y aura ni de formation à ce sujet, ni d’information car personne ne sais ce que c’est.".

    Je ne peux pas être entièrement d’accord avec ce discours. En tant qu’enseignant : mon centre d’intérêt ce n’est pas les autres enseignants, mais les élèves. Ce qui pose la question des programmes scolaires.

    Or, combien de fois faudra-t-il le répéter ?

    Le peu de notions informatiques, notamment en collège, qui existaient dans les programmes scolaires ont été supprimées.

    Avant de parler de former les enseignants, encore faudrait-il savoir ce qu’ils sont censés enseigner.

    Or pour le moment, notamment depuis l’arrivée des nouveaux programmes de Technologie en août dernier, ce que l’on demande aux élèves c’est d’utiliser des "outils" informatiques sans en connaître les bases.

    Lors du lancement du B2i, il avait été prévu qu’il soit coordonné, en collège, par le professeur de technologie, même si toutes les disciplines pouvaient participer à la validation des compétences.

    On donc supprimé les connaissances, il ne reste donc plus que des compétences.

    Et quelles compétences ?

    Et puisque la majorité des profs refusent de valider un savoir qui n’est pas enseigné – et qui de toutes les manières n’a pas sa place à l’école, si l’on considère qu’un certain nombre d’items concernent la manière dont un gamin gère son courrier électronique, ce qui peut constituer un viol de la vie privée -, c’est donc Microsoft qui s’en charge et prend le relais.

    Avec bien sûr le soutien du Café pédagogique qui ne cesse de répéter que les profs ne s’investissent pas suffisamment dans les TICE…

    De toutes les manières, avec les restrictions budgétaires qui se traduisent notamment par la suppression des groupes restreints et l’augmentation substantielle du nombre d’élèves par classe, l’usage de l’ordinateur en classe, même lorsque les établissements sont équipés, diminue d’année en année.

    Il n’y a qu’en technologie que les élèves continuent d’utiliser les ordinateurs à chaque cours.

    Manque de pot on a changé les programmes.

    Les nouveaux programmes s’appuient sur un postulat des plus obscurantistes, en définissant la Technologie comme étant seulement l’étude des objets techniques (traduire objets matériels) où l’ordinateur (he oui ! l’ordinateur puisqu’on ne peut plus enseigner la séparation entre le matériel et les logiciels) est un "outil".

    Charlie

  39. littlenemo

    S’il ne s’agit que de faire des frises chronologiques, de façon simple et efficace avec openoffice, des solutions semblent exister : http://ooo.hg.free.fr/.
    La différence entre OOo et windows office (enfin l’une d’entre elle s’entend) c’est notamment l’architecture.
    OOo 3.0 se recadre en effet sur une "base" qui ignore les niches (types frises), se reposant, pour celles-ci, sur des "briques" issu de la communauté (le mouvement semble d’ailleurs lancé dans le libre à voir FF ou TB).
    A contrario, microsoft office intègre tout en bonne usine à gaz qu’il est (à l’ère du tout écologique tsss tssss)… 🙂

  40. cemoi

    @ charli

    ee >> ce que l’on demande aux élèves c’est d’utiliser des "outils" informatiques sans en connaître les bases.

    c’est exatement ce que l’on demande au jeune prof… deviens admin des serveurs sur ton établissement et tu verras que même envoyer un mail ce n’est pas aquis pour tout le monde…

    Enseigner ok mais sans réellement connaitre et savoir ce que tu dis ça me parait difficile…

    Apres je suis tout à fait daccords avec toi sur les programmes… c’est catastrophique!

    @Christian
    Je connais samba edu ce n’est pas vraiment orienté services web2 😉 et ce n’est pas demain que je vais pourvoir débrancher le win2003 pour y mettre du linux… le reseau est grabd et complex on n’improvise pas avec ça surtout que c’est en production.

    Si non samba edu est vraiment pas mal c’est vrai 🙂

  41. Charlie

    @cemoi

    Bonjour,

    Aucun texte ne demande aux jeunes profs de devenir "admin des serveurs d’un établissement". En revanche, l’approche de l’informatique (heu… pardon des TICE), est inscrite dans des programmes scolaires et par des obligations de service, par exemple le B2i.

    La décision de Xavier Darcos de rendre obligatoire, d’ici 2010, le "cahier de textes numériques" est la conséquence de la mission E-educ confiée au Syntec. Et sur le site du Café pédagogique, tu peux lire une étude où, derrière l’alibi d’une meilleure communication entre les parents et les enseignants, il s’agira d’un outil de contrôle pour l’inspection générale de la bonne application des programmes…

    Administrer un réseau n’est pas une obligation de service.

    Pour autant, certains enseignants, notamment en Technologie dans les collèges, ont durant des années accepté de gérer les réseaux de leurs établissements. A la fin des années quatre-vingt-dix, j’ai moi-même au collège Jean Lurçat de Saint-Denis administré un réseau sous GNU/Linux. C’étaient les membres de l’APRIL, alors encore basés avec la fac de Paris 8 qui l’avaient configuré.
    Puis, Tony Bassette qui travaillait à l’époque chez Alcôve, est venu me configurer un annuaire Open LDAP que les membres de son entreprise venaient d’intégrer à Debian.

    Et à ma plus grande surprise, durant des années, le réseau est resté stable. Et je peux garantir que je n’y connaissais pas grand chose. Il s’agissait pour moi à l’époque d’un acte militant, pour le logiciel libre, et pas d’une obligation de service. Tous mes élèves travaillaient à cette époque sous GNU/Linux.

    Mais en aucune manière ce fut une obligation de service.

    Et durant les années quatre-vingt mes élèves administraient un micro-serveur Minitel RTC que leurs fondateurs avaient appélé ZARBI.

    Ce qui m’inquiète, ce sont les enjeux symboliques, cognitifs, épistémologiques.

    Tous les horaires fléchés consacrés à l’enseignement de bases informatiques rudimentaires (par exemple l’usage structuré du traitement de textes, etc) ont disparu des nouveaux programmes. Ils représentaient à eux seuls 33% des programmes.

    Aujourd’hui, ce que l’on demande en filigrane aux élèves c’est d’utiliser un traitement de textes en construisant une mise en page à la volée, sans apprendre à structurer un texte. Et je pourrais citer des centaines d’autres exemples.

    Il ne faut donc pas nous tromper de cible. La formation des enseignants, la suppression des postes, etc, c’est le rôle des syndicats. En revanche, le contenu des programmes scolaires nous concernent.

    Et si aka a bien démontré les liens privilégiés entre Microsoft et le Café pédagogique. Il faut aller plus loin et se demander pourquoi, depuis des années, le Café pédagogique soutient la dilution de l’infiormatique dans toutes les disciplines, sans que les notions qui sous-entendent le simple usage de ces outils, ne puissent être enseignées.

    Il ne peut pas y avoir de séparation entre la promotion des logiciels libres et le combat contre l’illettrisme informatique et technologique.

    Amicalement, Charlie

  42. Patrick

    La conclusion est particulièrement pertinente.

    Combien il est difficile de mettre en ordre de marche des bénévoles qui font ce qu’il peuvent, mais surtout ce qu’ils veulent. Se disent soutenir, mais à minima, de façon désordonnée.

    Le libre s’est constitué ainsi. Mais si elle n’exclue pas l’initiative privée, une communication de masse nécessite un minimum de coordination, d’organisation, et surtout, et cela est particulier aux réseaux de bénévoles, un compromis qui ne trahi pas la diversité de ceux dont on attend le soutien. Parmi les écueils, on notera la sensibilité ouin ou la diversité des distributions, avec toujours la tentation de prêcher pour sa paroisse en excluant les autres tendances. Les mélanges politiques aussi, pour les mêmes raisons. Ainsi épurée de toutes les influences parasites, la communication pourra être partagée par un plus grand nombre, se justifier auprès du plus grand nombre, et toucher le plus grand nombre.

    C’est déjà fait ? Et bien tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, alors.

    Merci pour vos articles.