Vu à la télé – Le logiciel libre pour nos enfants demain ?

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Le logiciel libre pour nos enfants demain  ?

C’est la question que l’on se pose depuis des années, en se désespérant de constater que l’Éducation nationale ne fait pas grand chose pour que ce demain devienne aujourd’hui.

Mais nous ne sommes pas les seuls, parce que c’est aussi la question que posait le 17 mars dernier le titre de la chronique «  Clair et Net  » d’Emma Rota dans l’émission Les Maternelles de France 5 (reproduite et transcite ci-dessous).

Elle y mettait en avant les trois projets éducatifs libres bien connus ici que sont Abuledu, Sésamath et OOo4Kids.

Pour ce dernier projet, elle pointait directement vers un billet «  énervé  » du Framablog  : 0,01 % du budget licences Microsoft pour soutenir et déployer OOo4Kids à l’école  ! Force est de constater que l’argument du manque de soutien a été bel et bien repris et de quelle manière  :

«  Si ces enseignants optent pour le logiciel libre à l’école c’est parce qu’ils adhèrent à une éthique que personne ne peut décemment rejeter  : notre école publique n’est pas un lieu marchand  ; donc il devrait être interdit de laisser toute la place à des logiciels propriétaires type ceux de Microsoft (…) Ce qui ne veut pas dire que ces initiatives n’ont pas un coût (…) Et vous serez d’accord avec moi pour décréter que c’est au ministère de l’éducation nationale de les financer un minimum.  »

Après merci Emmanuelle, merci Emma  !
 ;-)

—> La vidéo au format webm

Le logiciel libre pour nos enfants demain  ?

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Emma Rota – 17 mars 2010 – Clair et Net / Les Maternelles

Il y a un mois est sorti dans le silence le plus total un rapport de 326 pages commandé par le ministère de l’éducation nationale intitulé «  Réussir l’école numérique  ». Il s’agit d’un recueil de 12 000 contributions et témoignages d’enseignants, d’élèves, de parents d’élèves qui démontrent combien l’usage de l’ordinateur et d’internet à l’école est un facteur d’égalité des chances et de réussite scolaire. Le rapport préconise la connexion en haut débit pour 100 % des écoles d’ici 2012.

Pour rappel, lorsque je faisais cette même chronique il y a maintenant 8 ans à cette même place (ça ne nous rajeunit pas) je rapportais déjà les mêmes genres de vœux pieux de la part du ministère de l’éducation nationale… ;-)

Et nous on aime les vœux pieux. Surtout lorsqu’on reçoit en parallèle des mails d’instituteurs excédés qui disent en substance – et c’est la réalité du terrain, tous les chiffres le démontrent -  : «  nous ne recevons pas le moindre centime de l’état, ce que nous bâtissons de numérique dans nos écoles c’est avec notre énergie toute personnelle et les deniers de notre collectivité locale  ».

D’où, vous l’aurez compris, l’énorme disparité du matériel, des logiciels et du savoir numérique selon l’école primaire que fréquente ou que va fréquenter votre enfant…

C’est pourquoi aujourd’hui j’ai décidé de mettre à l’honneur trois belles initiatives numériques montées par des instits, avec leur passion et sur leur temps personnel.

1 – Allons d’abord sur le fantastique site www.abuledu.org, né en 1998 – il y a déjà 12 ans, par un instit passionné de Pessac.

C’est aujourd’hui un site qui propose une liste énorme de logiciels éducatifs scolaires pour les élèves de la maternelle à l’université. Pour y accéder, on clique sur ce qu’ils appellent «  le Terrier  » et regardez la liste  : je vous propose de tester «  A nous les nombres  » par exemple  : un petit logiciel de maths qui permet à l’enfant de dénombrer des barques ou des éléphants en s’amusant. Ou encore le logiciel «  Associations  » qui lui est pour les enfants dès la fin de la maternelle  : il permet d’entendre le son associé à un mot et associé à une image, des exercices pour débuter l’apprentissage de la lecture.

Tous ces logiciels sont des logiciels libres  : c’est à dire que leur créateur a voulu dès le départ que tous les enseignants et élèves de la France entière puisse en profiter s’ils le désirent  ; chacun de ces logiciels est copiable, distribuable et même modifiable si on veut y apporter des changements soi même  ! C’est la différence d’avec un logiciel propriétaire du type Word qui, en plus d’être payant ne va pouvoir être partagé avec personne…

2 – Seconde initiative qui elle aussi connaît actuellement une adhésion phénoménale dans le milieu enseignant  : www.sesamath.net Des logiciels libres pour les enseignants ET les élèves pour rendre plus ludique l’apprentissage des mathématiques à tous les âges. Tenez vous bien, quasi 9000 profs de maths ont abonnés à ce site, c’est à dire le quart des profs de maths en France  ! Ils profitent des exercices interactifs, des cours et des corrections animés tout en échangeant sur leur manière d’enseigner. Car il est là le principal attrait du logiciel libre éducatif ? : partager son savoir, évoluer dans sa manière d’enseigner et donc forcément enrichir ses élèves qui je le rappelle, sont nos enfants. Et personnellement je rêve que mon fils lorsqu’il sera à l’école primaire puisse bénéficier de la curiosité d’enseignants de la trempe de ceux qui sont sur ces sites là…

3 – Enfin troisième initiative à encourager car elle est en train de se construire, on la voit sur cette vidéo.

il s’agit d’une suite bureautique spécialement conçue pour les 7/12 ans avec un design simplifié et adapté aux enfants, avec un traitement de texte et un tableur aux outils simplifiés eux aussi.

Si ces enseignants optent pour le logiciel libre à l’école c’est parce qu’ils adhèrent à une éthique que personne ne peut décemment rejeter  : notre école publique n’est pas un lieu marchand  ; donc il devrait être interdit de laisser toute la place à des logiciels propriétaires type ceux de Microsoft alors qu’il existe d’autres solutions plus neutres.

Ce qui ne veut pas dire que ces initiatives n’ont pas un coût. Elles ont un coût comme toute chose sur cette Terre, au moins le coût de la sueur et du temps de celui qui le fabrique.

Et vous serez d’accord avec moi pour décréter que c’est au ministère de l’éducation nationale de les financer un minimum. Surtout lorsque l’on se souvient à quel point il s’extasie depuis 10 ans sur les prouesses des outils numériques dans ses écoles.

Ah les vœux pieux, les vœux pieux…

12 Responses

  1. voz

    Mais pourquoi ? Ça coince a quel nivaux ?
    Les enseignants doivent bien avoir une petite idée.

  2. Capello

    Dans l’école de ma femme, ça coince au niveau du personnel de mairie, c’est eux qui installe les ordinateurs. Il y a aussi des enseignants qui ne savent pas, qui pensent que c’est trop compliqué.
    Sinon, en formation sur des ateliers, ma femme à appris à utiliser audacity.
    Le gouvernement devrait peut-être imposer les logiciels libres à l’école…

  3. ben

    Le vrai problème, c’est le système global qui est mal foutu.
    Je me souviens avoir discuté avec la personne qui s’occupait de ça dans mon lycée (bon, c’était il y a quelques années, mais ça n’a pas dû beaucoup changer) : non seulement elle n’était pas payer pour ça (ou peut-être 1h de paye pour l’année) donc elle n’avait pas spécialement envie de passer ses heures là dessus, mais en plus, elle ne disposait pas librement de l’argent qu’on lui attribuait. Par exemple, hors de question pour elle de payer une licence MS Office par poste (trop chers pour elle) donc elle a mis OOo. Mais ce n’est pas pour autant que l’argent qu’il lui avait été automatiquement attribué pour MS Office (elle n’avait rien demandé) pouvait être utilisé pour autre chose… Il restait bien gentiment sur un compte (elle espérait quand même qu’un jour on l’autorise à l’utiliser pour autre chose)
    Conclusion : personnel non rémunéré qui n’a même pas le choix de comment dépenser son argent (comme acheter de bons ordinateurs et mettre du libre dessus…).
    Après, comment voulez-vous que ça avance ?!

  4. grostophe

    Je rejoins sans problème la conclusion de cet article :
    "… décréter que c’est au ministère de l’éducation nationale de les financer un minimum…"
    mais voilà, le problème vient sûrement des pressions exercées par une ou des multinationales pour imposer un type de logiciels et/ou de systèmes d’exploitation.
    Lorsque les Mairies/Conseils Généraux décident d’équiper les écoles/collèges, ils passent un marché avec des fournisseurs qui "imposent" un type d’o.s.. Bien souvent, le cahier de charges est fait par les inspections académiques, sur ce qui existe déjà. Comment imposer un système linux si la majorité des écoles et collèges sont sous windows, sans s’attirer les foudres des enseignants de base qui ont été formés plus ou moins sous ce système d’exploitation et qui ont eux-même un ordi avec le même s.e. ?
    quand les ordis commandés sont dans les écoles et collèges, le système de service de maintenance mis en place bloque bien souvent les envies de mettre du libre dessus (si je mets OOo à la place de word déjà installé, est-ce que la garantie marchera ? ne risquerais-je pas de me faire incendier parce que j’ai mis du linux à la place des "fenêtres" quadricolorées ? … )
    Souvent très difficile d’en sortir. Il y a des solutions, mais là, c’est la volonté personnelle des enseignants qui est en jeu.
    Je suis enseignant en primaire, je considère que pour le B2i, il n’est nul besoin d’avoir la dernière bécane à la mode pour apprendre les bases d’un traitement de texte pour surfer sur internet. Le prix des ordis est prohibitif pour les petites communes. Alors, on se retrousse les manches et on cherche.
    Depuis 9 ans que je dirige ma petite école de campagne (5 classes en milieu rural), nous sommes passés de 4/5 ordis fournis par le Conseil Général (entre 1997 et 2001) à une bonne trentaine récupérée par ci par là, par le biais de parents d’élèves, par le biais d’un centre de destockage d’entreprises (pour un prix ridiculement bas au vu de la performance des machines, payées par la Commune qui nous suit complètement). J’ai une totale liberté quant au s.e. employé (abuledulive, basée sur xubuntu). Tous les élèves de l’école (de la maternelle aux cm2) bossent avec le même bureau, les mêmes logiciels libres et peuvent emporter chez eux un cd live. Nous aurions pu prétendre au plan numérique rural. Nous n’en avons pas voulu, trop de contraintes. Avec nos 5 élèves par ordi, en moyenne, nous sommes sûrement l’école la mieux équipée du département. Nous avons également deux imprimantes couleurs laser et 4 imprimantes nb laser. Certes, ce n’est pas du matériel récent, mais il fonctionne, et le tout en réseau ! Tout ça, c’est de la récupération. Il y a quasi-obligatoirement quelqu’un dans l’entourage de l’école des parents qui bossent dans une entreprise où on déstocke du matériel informatique jugé trop "ancien".
    Alors oui, je passe beaucoup de temps à apprendre, à bidouiller, à installer et à réparer, mais nous sommes libres ! Et si par hasard, l’inspection académique nous envoie un document dans un format non reconnu (par exemple publisher), pas de soucis, nous nous chargeons de demander le document dans un format lisible par tous, et cela ne pose pas de problème insurmontable.
    je pense que c’est en agissant ainsi, en faisant tache d’huile, que le libre "s’imposera" petit à petit. Sur ma circonscription, nous sommes deux directeurs à élever des "pingouins". Lors d’une récente conférence pédagogique, l’inspectrice de l’éducation nationale a fait une présentation sur du matériel mis à sa disposition, matériel tournant sous linux. Pas de soucis.
    Il faut vraiment démystifier le libre, le montrer en action pour que les enseignants commencent à l’utiliser et à le faire utiliser par les élèves. Et là, que ce soit Abuledu, OOo4kids, OOo, firefox, et autre sesamath, la qualité est là.
    Petit bonheur ce matin en relevant le courrier : le crdp de ma région nous a envoyé un cdrom pour les langues vivantes, avec trois procédures d’utilisation : mac, windows et linux !
    Comme on dit sur Framasoft : "La route est longue, mais … "

  5. ericb

    Le 3ème logiciel s’appelle OOo4Kids. Dommage que le nom et / ou le site ne soient pas mentionnés. => http://download.ooo4kids.org

    On propose même une version portable pour Windows !

    Au passage, il n’y a pas de fiche sur OOo4Kids sur le site de FramaSoft, est-ce normal (où j’ai peut-être mal cherché … ) ?


    ericb

  6. jimbee

    Depuis des années je me passionne pour le numérique à l’école ! Même si je le vois parfois comme un gadget inutile dans certains domaines, il faut reconnaître que c’est un facteur d’égalité sociale vitalisant ! je m’explique : je travaille en ZEP (Zone d’Éducation Prioritaire) avec des enfants de toutes origines (dont beaucoup d’Auvergne et de plus bas encore… ;-)))) Ce sont souvent ceux-là qui "entraînent "les autres dans ces domaines et se retrouvent en tête contrairement à d’autres domaines. Ouais, ça doit être dans leur culture, ils ont ça dans la peau !? (sic!)
    Je suis un peu embarrassé à propos de l’expérience OO4kids parce que ça ressemble actuellement plus à une usine à gaz customerisée qu’à un véritable outil pour les enfants. Alors bravo pour l’idée d’adapter open-office pour les enfants mais pourquoi garder la lourdeur du logiciel surtout dans nos écoles sous-équipées avec encore pour moitié des PC sous 98…
    Préférer Abiword… pour le moment en attendant une cure d’amaigrissement spartiate pour OO.
    Pour le reste oui à tout ! Et merci !

  7. pyg

    ericb : "Au passage, il n’y a pas de fiche sur OOo4Kids sur le site de FramaSoft, est-ce normal (où j’ai peut-être mal cherché … ) ?"
    Framasoft est un site collaboratif : les notices y sont rédigés par des volontaires, avant d’être validés par un comité de rédaction, donc la première étape, c’est de rédiger la notice 🙂
    http://www.framasoft.net/article440

  8. Ginko

    Moi je dis "Bravo Emma!":

    Expliquer le logiciel libre de façon claire et concise (en quelques phrases simples composées de mots clairs), c’est pas très courant dans les medias…

    Et du coup, bravo aussi aux maternelles et à France5 (c’est bien sur cette chaine qu’est diffusée l’émission?) parce qu’un tel discours n’aurait sans doute pas été tenu sur certaines autres chaines (dont les lignes éditoriales suivent d’autres intérêts…).

  9. ericb

    @jimbee :

    OOo4Kids == (OpenOffice.org – 35 à 40% en taille) c’est pas que du bricolage quand même, non ?

    Ensuite, le fait que ça tienne sur un XO, c’est une bénédiction pour les gens d’OLPC, car cela les relie au monde du .doc.

    Pour revenir à ta doléance, je n’ai pas testé personnellement, mais on m’a rapporté que cela fonctionnait sur Win 98. As-tu essayé de l’installer sur cette version ? (entre temps, j’ai recontacté la personne qui m’a dit que ça marchait sur Win 98, et j’attends sa réponse)

  10. Lucky

    Y a peut-etre aussi un autre concept que j’ai trouver pour filtrer des film en DVD. Si j’ai bien compris en fait c’est un systeme de filtrage qui filtres les contenus commes le sang ou la violence…….
    http://www.clearplay.fr/

    Lucky

  11. jimbee

    @ericb
    Désolé Eric, je suppose que c’est votre prénom, mais l’ayant testé sous winxp, j’ai constaté qu’il était très gourmand en mémoire (env. 85Mo de mémoire utilisée avec le traitement de texte…) presqu’autant qu’open office (env. 95Mo de mémoire utilisée avec le TT…)
    C’est un fait et je n’y peux rien !
    Utilisez 85Mo sous win 98, et qu’est-ce qu’il vous reste pour le… reste ?