Sortie du manuel Introduction à la science informatique

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Introduction à la Science Informatique - CouvertureEn visite en Angleterre, voici ce que disait le patron de Google dans une récente traduction du Framablog  : «  Je suis sidéré d’apprendre qu’il n’existe même pas d’enseignement de base de l’informatique dans les écoles britanniques aujourd’hui. Votre programme de technologie se concentre sur la manière d’utiliser un logiciel, mais n’explique pas comment il a été conçu.  »

Et Slate.fr d’en remettre une couche le 4 septembre dernier dans son pertinent article La programmation pour les enfants : et pourquoi pas le code en LV3  ?  : «  Lassés d’avoir bouffé des slides de PowerPoint et des tableurs Excel dans leurs jeunes années, les étudiants se sont détournés peu à peu de l’étude de l’informatique confondant, bien malgré eux, l’apprentissage d’applications qu’ils trouvent généralement inintéressantes et celui des sciences computationnelles dont ils ne comprennent même pas l’intitulé.  »

Toujours dans le même article  : «  On fait beaucoup d’esbroufe sur la délocalisation d’activités telles que la création de logiciel, mais ce qui n’est pas clair dans cette histoire c’est où est la charrue et où sont les bœufs. Est-ce que les entreprises délocalisent par ce que cela leur coûte moins cher et dans ce cas nous perdons des emplois sur le territoire, ou bien le font-elles parce qu’elle ne peuvent tout simplement pas recruter ici si bien qu’elles à se mettent rechercher des gens compétents ailleurs  ?  ».

Owni, quant à lui, va encore plus loin, avec son appel à hacker l’école accompagné du témoignage d’un père qui souhaite que sa fille en soit.

Lentement mais sûrement on prend enfin conscience que l’enseignement de l’informatique est un enjeu fondamental du monde d’aujourd’hui. Il y a ceux qui maîtriseront, ou tout du moins comprendront, le code et il y a ceux qui utiliseront le code créé par d’autres.

C’est pourquoi l’arrivée en France pour la rentrée 2012 en Terminale S de l’enseignement de spécialité «  Informatique et sciences du numérique  » est une avancée importante que l’on doit saluer comme il se doit.

Tout comme nous saluons ci-dessous la sortie d’un manuel support de cette nouvelle discipline (mais qui pourra également être utile et précieux à tout public intéressé par le sujet). Sous licence Creative Commons il a été rédigé collectivement par certains de ceux qui se sont battus avec force, courage et diplomatie pour que cet enseignement voit le jour (à commencer par Jean-Pierre Archambault que les lecteurs de ce blog connaissent bien).

Peut-être penserez-vous que c’est dommage et pas assez ambitieux de se contenter d’une spécialité pour la seule classe tardive de Terminale S  ? (Peut-être jugerez-vous également que la licence Creative Commons choisie par le manuel n’est pas «  assez ouverte  »  ?) Certes oui, mais en l’occurrence nous partons de si loin que l’on ne peut que se réjouir de ce petit pas qui met le pied dans la porte.

Et le Libre dans tout ça  ?

Point n’est besoin de consulter les communiqués dédiés de l’April et de l’Aful, mentionnés ci-dessous, pour comprendre qu’il devrait largement bénéficier lui aussi de l’apparition de ce nouvel enseignement, synonyme de progrès et d’évolution des mentalités à l’Education nationale.

Edit du 18 septembre  : Il y a une suite à cet article puisque les auteurs, Gilles Dowek et Jean-Pierre Archambault, ont choisi de commenter les nombreux et intéressants commentaires dans un nouveau billet.

Un manuel Introduction à la science informatique

Un manuel Introduction à la science informatique est paru en juillet 2011, destiné aux professeurs qui souhaitent se former avant de dispenser l’enseignement de spécialité «  Informatique et sciences du numérique  », créé en Terminale S à la rentrée 2012[1]. Il s’adresse aussi potentiellement à d’autres publics souhaitant s’approprier les bases de la science informatique[2].

Edité par le CRDP de Paris[3], ce manuel a été écrit par 17 auteurs[4] et coordonné par Gilles Dowek, directeur de recherche à l’INRIA. La préface est de Gérard Berry, professeur au Collège de France et membre de l’Académie des Sciences. Ce livre est sous licence Creative Commons  : paternité, pas d’utilisation commerciale, pas de modification.

Il est composé de 7 chapitres  : Représentation numérique de l’information  ; Langages et programmation  ; Algorithmique  ; Architecture  ; Réseaux  ; Structuration et contrôle de l’information  ; Bases de données relationnelles et Web. Les chapitres comportent une partie de cours présentant les concepts, d’exercices corrigés et non corrigés, d’une rubrique consacrée aux questions d’enseignement, et de compléments permettant d’aller plus loin, en particulier d’aborder quelques questions de société en liens avec la révolution informatique.

Le programme des élèves de Terminale S

Ce contenu reprend, sous une forme plus approfondie, les éléments du programme de la spécialité «  Informatique et Sciences du numérique  » proposée à la rentrée 2012 aux élèves de Terminale S et qui est construit autour des quatre notions fondamentales d’information, d’algorithme, de langage et de machine), notionss qui structurent les grands domaines de la science informatique.

  • Représentation de l’information
    • Représentation binaire, opérations booléennes, numérisation, compression, structuration et organisation de l’information.
    • Ancrées dans les notions étudiées, des questions sociétales seront abordées  : persistance de l’information, non-rivalité de l’information, introduction aux notions de propriété intellectuelle, licences logicielles.
  • Algorithmique
    • Des algorithmes simples (rechercher un élément dans un tableau trié par une méthode dichotomique) et plus avancés (recherche d’un chemin dans un graphe par un parcours en profondeur) seront présentés.
  • Langages de programmation
    • Types de données, fonctions, correction d’un programme, langages de description (présentation du langage HTML).
  • Architectures matérielles
    • Architectures des ordinateurs  : éléments d’architectures, présentation des composants de base (unité centrale, mémoires, périphériques.), jeu d’instructions.
    • Réseaux  : transmission série – point à point – (présentation des principes, introduction de la notion de protocole), adressage sur un réseau, routage.
    • La question de la supranationalité des réseaux sera abordée.
    • Initiation à la robotique

Quid du libre  ?

La liberté des usagers de l’informatique, le contrôle des outils qu’ils utilisent supposent qu’ils comprennent et maîtrisent les concepts qui les sous-tendent. Un système d’exploitation, un traitement de texte ou un tableur sont des outils conceptuels compliqués et complexes de par les objets qu’ils traitent et la multitude de leurs fonctionnalités. Le libre, c’est-à-dire le code source que l’on connaît et non pas une approche en termes de «  boîte noire  » miraculeuse qui fait tout pour vous (curieuse d’ailleurs cette représentation mentale qu’ont certains de la prothèse du cerveau qu’est l’ordinateur, que l’on pourrait utiliser sans la connaître ni la comprendre), s’inscrit pleinement dans la vision qui considère que l’homme, le travailleur et le citoyen doivent avoir une culture générale informatique scientifique et technique.

C’est donc très naturellement que l’APRIL s’est félicité de la création de l’enseignement «  Informatique et Sciences du numérique  ». Le 5 janvier 2010, dans un communiqué de presse, rappelant qu‘«  elle a toujours été favorable à ce que l’informatique soit une composante à part entière de la culture générale scolaire de tous les élèves sous la forme notamment d’un enseignement d’une discipline scientifique et technique  », elle soulignait «  cette première et importante avancée signe d’une certaine rupture  ». Elle mentionnait que «  l’expérience de ces dernières années a clairement montré que le B2i ne fonctionnait pas. Son échec prévisible tient notamment à des problèmes insolubles d’organisation, de coordination et de cohérence des contributions supposées et spontanées des disciplines enseignées. De plus ne sont pas explicitées les connaissances scientifiques et techniques correspondant aux compétences visées  ».

D’une manière analogue, dans un communiqué le 23 mars 2010, l’AFUL faisait des propositions pour l’Ecole à l’ère numérique parmi lesquelles  : «  L’informatique devient une discipline à part entière, dont l’enseignement obligatoire dès le primaire est réalisé par des professeurs ayant le diplôme requis dans cette spécialité ou ayant bénéficié d’une formation qualifiante. La gestion des compétences, l’accompagnement des enseignants et la formation initiale et continue font l’objet du plus grand soin.  ».

Gilles Dowek et Jean-Pierre Archambault

Remarque  : En réponse aux commentaires ci-dessous, les auteurs ont choisi publié un nouvel article qui précise et complète un certains nombres de points évoqués ici.

Notes

[1] On peut le commander en suivant ce lien. On le trouvera également dans les librairies du CNDP, des CRDP et des CDDP.

[2] Parmi ces publics, il y a les étudiants ainsi que les professeurs de la spécialité SIN «  Système d’Information et Numérique  » du Bac STI2D qui se met en place en classe de Première à la rentrée 2011, les professeurs de technologie au collège, ceux qui expérimentent des enseignements d’informatique dans certains lycées en seconde et/ou en première, ou qui gèrent les parcs informatiques des établissements scolaires.

[3] Avec le soutien de l’EPI et de l’ASTI.

[4] Jean-Pierre Archambault (Chargé de mission au CNDP-CRDP Paris), Emmanuel Baccelli (Chargé de Recherche à l’Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique), Sylvie Boldo (Chargée de Recherche à l’Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique), Denis Bouhineau (Maître de Conférences à l’Université Joseph Fourier, Grenoble), Patrick Cégielski (Professeur à l’Université Paris-Est Créteil), Thomas Clausen (Maître de Conférences à l’École polytechnique), Gilles Dowek (Directeur de Recherche à l’Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique), Irène Guessarian (Professeur émérite à l’Université Pierre et Marie Curie, chercheur au Laboratoire d’Informatique Algorithmique  : Fondements et Applications), Stéphane Lopès (Maître de Conférences à l’Université de Versailles St-Quentin), Laurent Mounier (Maître de Conférences à l’Université Joseph Fourier, Grenoble), Benjamin Nguyen (Maître de Conférences à l’Université de Versailles St-Quentin), Franck Quessette (Maître de Conférences à l’Université de Versailles St-Quentin), Anne Rasse (Maître de Conférences à l’Université Joseph Fourier, Grenoble), Brigitte Rozoy (Professeur à l’Université de Paris-Sud), Claude Timsit (Professeur à l’Université de Versailles St-Quentin), Thierry Viéville (Directeur de Recherche à l’Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique),

27 Responses

  1. Thomas

    C’est au collège et même à l’école primaire qu’il faut s’adresser aux gosses : en terminale ils sont déjà complètement formatés.

  2. Philippe

    Tous codeurs, je ne sais pas si c’est réaliste…
    J’utilise ma voiture mais je suis bien incapable de la réparer, tout juste faire le niveau d’huile et mettre de l’essence 🙂 . Cela pose-t-il un problème au fond ? Pas particulièrement tant que je peux me rendre d’un point à un autre. Mais si survient la panne, là je dois passer par le dépanneur et je n’ai pas le choix lors d’une réparation que de me fier à ce que dit mon garagiste.
    Un exemple juste pour essayer d’illustrer mon doute vis à vis de la nécessité pour tous de savoir coder… ou bien de comprendre tout ce qui nous entoure… L’informatique est un cas parmi les autres.
    Mais d’un autre coté ce serait un progrès car cela sous-entendrait que nous devenions tous des « généralistes », approche inverse de celle actuelle visant à privilégier les spécialistes.. Mais cela sous-entendrait aussi que les spécialistes laissent entrer les non-spécialistes dans leur cercles et ce n’est pas gagné, y compris en informatique… Mais je sors du sujet…
    Voilà déjà un petit pas en tout cas 🙂

  3. KooToX

    Je pense que l’idée ici n’est pas forcément tous codeurs, mais bien de comprendre ce qui nous entoure. Savoir « en gros » comment ça marche, sert à ne pas se faire entuber quand tu vas voir un spécialiste. Combien de personnes se sont fait avoir par un entrepreneur, un garagiste, un prestataire informatique ou autre ?

    Le but n’est pas que chacun sache coder, réparer sa voiture ou construire sa maison, mais bien de pouvoir dialoguer intelligemment avec « ceux qui savent ». Il faut que chacun soit spécialiste de quelque chose sans perdre le point de vue global de comment marchent les choses, et plus généralement le monde. C’est bien là le sens de l’école. Félicitons nous de ce progrès.

  4. Louis Roché

    Le programme annoncé à l’air intéressant mais plutôt chargé. Je doute malheureusement que beaucoup d’élèves y soient sensibles. Peut être trop technique aussi.

    Plutôt que « Tous codeurs », je pense qu’il faudrait viser une masse critique de codeurs. Pas des gens qui font ça au quotidien, mais des gens qui comprennent les bases.
    C’est parce que nous avons assez de bricoleurs ou mécaniciens du dimanche que nous ne dépendons pas totalement de personnes ayant quelques connaissances critiques et que nous pouvons avoir un avis critique, même limité, sur l’achat ou la maintenance de notre voiture. On peut espérer la même chose du côté logiciel.

  5. Mithraw

    L’école m’a dégoûté de toutes les matières qu’elle a essayé de m’enseigner et aujourd’hui je me retrouve avec comme seules compétences celles que j’ai acquise par moi même…
    Le problème c’est que je suis loin d’être le seul pour qui l’enseignement a fonctionner de cette manière.
    Selon moi le problème du lycée général viens du manque d’application de son enseignement, qui provoque une distance évidente entre les élèves et la matière, et vu le programme d’enseignement de l’informatique que j’ai sous les yeux le problème est loin d’avoir été compris en haut lieu…
    Du coups je préfères que mes futurs enfants ne me disent pas un jour au repas « pff, ça me saoule la programmation, mon prof est trop chiant… »

  6. Oglien

    Moi je trouve que c’est une très bonne idée. En effet, aujourd’hui quand on regarde à la fac, le nombre de formation qui sont obligés de rajouter des cours d’informatique pour que les étudiants sachent simplement développer leur site web, des journalistes aux langues en passant par les psychos!
    Faire ça au lycée permettrait que tous les étudiants aient des bases, et en bonus, de convaincre certains de faire des études d’informatiques!
    Ça me plait!

  7. chris

    Un de mes premiers boulots, c’était il y a 25 ans (a peu pres), et je devais faire découvrir l’informatique a des enfants et après a des adultes.
    Le matériel : des oric1, des thomson TO7 et des APPLE 2. logiciels … rien
    juste des ordinateurs 8 bits affichant 2, 8 ou 16 couleurs avec des résolution de 320×200
    mais le langage basic dans la ROM. et bien entendu pas de Web (le minitel ne faisait que debuter)
    De cette epoque héroique j’ai appris plusieurs choses :
    La première m’a été donné par un VRAI enseignant : il est difficile de faire découvrir l’info a des enfants de moins de 8 ans car il n’ont pas toujours la notion a la base de la programmation a savoir : concevoir une suite d’instruction devant être exécuté après, en gros si j’appui sur le bouton et que ca réagit ca va, si il faut donner la suite d’instruction dans un programme pour obtenir une réaction. certains enfants n’ont pas encore acquis cette capacité d’abstraction.
    Et il m’avait donné comme conseils de limiter ces sessions de découvertes à des pré ados de 8-12 ans avec 2 personnes par postes maxi
    La deuxième chose que j’ai appris c’est que certaine personnes sont faites pour cela et que l’on peut le détecter très tôt, j’ai eu plusieurs participant qui avait un don pour l’info cela se voyait tout de suite, et j’ai eu la chance de rencontrer plusieurs années après au moins 1 participants qui s’est souvenu de moi et qui se destinait vraisemblablement a une carrière dans l’info, mais problème dans son niveau scolaire qui plafonnait a 10-12 de moyenne sauf pour l’informatique (qui était devenu une vrai matière un peu comme le dessin:) ) 19 de moyenne.

    Pour moi l’informatique devait être considéré comme un science a l’école aussi importante de la géographie, l’histoire, le francais et les maths
    Après tout si on prend 1000 éleves au hasard combien seront Mathématicien, Géographe ou Historien et combien Informaticien
    Surtout que maintenant la maitrise de l’outil informatique peut profiter au autres matières avec des outils fantastiques comme le web
    un pc ne coutent quasiment presque rien, les logiciels libres existent et sont utilisables par tous et PARTAGEABLES tout en étant beaucoup plus pérenne que les outils propriétaires
    L’école devait permettre de faire découvrir cette science au même titre que les autres.

  8. Yohann Serpin--Pont

    Je suis en seconde est je ne pense pas que tout le monde soit déjà formaté en terminal, je m’explique : quelque chose de formaté peut souvent être reformater -le terme ne correspond pas trop ici car le but n’est pas un reformatage- avant j’étais formaté en pro windows et pourtant maintenant avec framasoft, micro hebdo et un inconnu dans un train j’ai voulu voir ce qu’était Linux et le logiciel libre et la disons que j’ai remarquer qu’il été mieux d’avoir un code source avec son logiciel afin de pouvoir le modifier et ainsi il y a des nouvelles versions plus rapidement. C’est pour ça que je pense que même formater comme je l’étais avant on peut commencer à prendre du recul sur notre vision du logiciel propriétaire et avoir un regard neuf sur le libre. Peut-être est-ce à cause du faites que je veux devenir programmeur que je trouve plus intéressant d’avoir le code source. Je suis entrain de faire un navigateur pour mon ancien collège et que j’essayerais d’adapter pour le lycée et tout ça en libre même si la plupart des élèves me disent que je ferais mieux de le vendre après pour me faire du fric mais je trouve idiot de faire payer aux autres son loisir (en plus faire payer mon premier logiciel est idiot vu que ce ne sera pas aussi professionnel que Mozilla ou konqueror). Donc je pense qu’il vaut mieux éviter de partir du principe qu’en terminale ou quand la personne est âgée qu’elle est formatée à vie. Je suis content car je pense que la programmation à son importance dans la culture de maintenant car l’informatique c’est comme dans la vie courante il faut éviter de se faire avoir avec des fausses définitions (référence au billet de Calysto) car je peut entendre que linux c’est: un truc pirater ou encore pour les geeks ou bien même des fois c’est payant (en parlant d’autre chose que Red Hat) ou que « Ça bousille l’ordi » et certaines personnes (élèves comme profs) ne savent pas que c’est un logiciel libre (s’il savent que ça existe déjà !) et encore des fois pense que ça appartient à microsoft . Mais comme on dit : « L’ Espoir vait Vivre »

  9. Frilouz

    Chacun voit midi à sa porte : Les informaticiens sont « sidérés » par l’absence d’enseignement de l’informatique, les économistes le sont par l’absence de formation à l’économie (libérale bien entendu), les philosophes voudraient voir enseigner la philo dès la 2nde, voire dès la 6e, les musiciens déplorent la médiocrité de l’enseignement de la musique au collège et au lycée, et voudraient que tous les collégiens et lycéens apprennent un instrument et chantent dans une chorale, les astronomes, voudraient des cours d’astronomie, d’autre un renforcement des cours d’arts plastiques, du théatre, ou des cours de cuisine pour apprendre à bien manger, et avec tout ça, on se plaint que les élèves savent à peine lire et écrire, et que les programmes sont déjà surchargés.
    A moins de faire 80H de cours par semaine, il faudra bien faire des choix, et je doute qu’apprendre les bases du code soit une priorité. Pour ma part, la seule chose que j’ai jamais « codé », c’est un programme de factorielles sur une HP33 en 1979, et je n’ai absolument aucune motivation pour m’y mettre, ce qui ne m’empèche pas de prétendre disposer d’une certaine « culture » en informatique et d’un esprit critique en la matière.

  10. Incontinentia Buttocks

    « Chacun voit midi à sa porte : Les informaticiens sont « sidérés » par l’absence d’enseignement de l’informatique »
    > c’est juste

    « les économistes le sont par l’absence de formation à l’économie (libérale bien entendu) »
    > peu utile pour la majorité des gens, sauf peut-être au niveau de l’économie ménagère.

    « les philosophes voudraient voir enseigner la philo dès la 2nde, voire dès la 6e »
    > c’est très peu utile pour la majorité des gens.

    « les musiciens déplorent la médiocrité de l’enseignement de la musique au collège et au lycée , et voudraient que tous les collégiens et lycéens apprennent un instrument et chantent dans une chorale »
    > ceux qui ont un don et l’envie s’y mettront par hobby, et c’est inutile pour trouver un véritable travail.

    « les astronomes, voudraient des cours d’astronomie »
    > très intéressant, j’ai d’ailleurs un télescope, mais tellement peu utile…

    « d’autre un renforcement des cours d’arts plastiques »
    > à quoi ça sert ? je dois malheureusement avouer que je n’ai jamais compris le but de ces cours.

    « du théatre »
    > trois lettres, palindrome, comprenant les caractères L et O.

    « ou des cours de cuisine pour apprendre à bien manger »
    > ça, je dois avouer que c’est assez utile. On en a d’ailleurs, là où je vis.

    « et avec tout ça, on se plaint que les élèves savent à peine lire et écrire, et que les programmes sont déjà surchargés. »
    > Je ne sais pas si je suis le seul à l’avoir remarqué, mais quoi qu’il se passe, les français se plaignent et font grève. D’un point de vue extérieur, c’est rigolo 🙂

    C’est vrai que tous ceux qui ont une passion aimeraient que chacun s’y mette et que ça soit enseigné à l’école. Mais il faut être réaliste : la majorité des choses citées par Frilouz ne sont que des hobbies, pas des trucs utiles dans une formation scolaire. Si je dois engager quelqu’un, j’en choisirai un qui avait N heures de maths par semaine, pas un autre qui en avait N-2 mais deux de théâtre (ou de « gambadage sur scène », selon le point de vue).

    L’informatique, au contraire, est de plus en plus présente. Et franchement, quelqu’un qui sait très bien utiliser un ordinateur sera, pour la très grande majorité des postes, très avantagé par rapport à quelqu’un qui ne fait pas la différence entre le clavier et la tablette de chocolats qu’il tient à la main. Tous les secteurs sont maintenant « envahis » par l’informatique, pas par l’astronomie, les ululements au son du banjo ou la pâte à modeler du p’tit dernier.

    Chacun voit midi à sa porte, oui, c’est inévitable, mais midi est bien à certaines portes.

  11. Erwan

    Il me semble nécessaire de repartir des bases:
    1/ l’informatique n’est pas une fin en soi
    2/ l’informatique est un moyen pour … faire, agir, décider, inventer, résoudre, …
    3/ l’informatique est une « méta boite à outils » qui permet de créer de nouveaux outils.

    Je suis évidemment favorable à la sensibilisation aux langages de programmation (LV3 est un clin d’oeil tout à la fois amusant et pertinent) mais il faut définir le cadre d’une telle démarche:
    a/ Prendre en compte la réalité et respecter le fait qu’une partie de l’humanité n’a aucune affinité pour la résolution de problème par le biais de l’utilisation de langage informatique
    b/ Au delà d’un langage spécifique, introduire une démarche logique quant à la résolution de problème. Avant le langage, c’est la réflexion (la modélisation) qui est cruciale.
    c/ En particulier au collège et au lycée, il faut rendre un telle approche ludique. Ne répétons pas les erreurs (horreurs) de la spécialité « Sciences de l’Ingénieur » qui, à force de tout théoriser, finit par dégouter les bacheliers SI de faire des études d’ingénieur.

    Les meilleurs informaticiens que je connais ont d’abord beaucoup de plaisir à « jouer » avec un ordinateur pour résoudre un problème de la manière la plus élégante et la plus efficace qui soit. Seule une très petite minorité arrive à ce niveau.

    L’énorme avantage que donne la maîtrise d’un ou plusieurs langages de programmation (y compris les shells) est d’être en mesure de se forger de nouveaux outils – même sommaires – pour améliorer son efficacité et/ou la qualité du résultat.
    Que l’on soit mathématicien, chimiste, biologiste, mécanicien, documentaliste, géographe, historien, … la maîtrise d’une démarche précise et logique d’analyse et de résolution de problème représente un avantage certain. Pour autant, cette maîtrise ne signifie pas que l’on est informaticien.
    De même qu’il est nécessaire de savoir rédiger un rapport dans une langue maîtrisée et correctement utilisée, sans pour autant se prendre pour un grand auteur et ambitionner le Prix Nobel de littérature, il me semble important que la maîtrise de langage de programmation soit encouragée sans pour cela vouloir faire croire à chacun qu’il est informaticien.
    En regardant ces 30 dernières années, je suis triste et déçu. Jamais il n’a été aussi facile d’apprendre et de faire (l’apport de Linux et des compilateurs GNU ainsi que l’existence de la communauté Internet sont des facteurs « facilitateurs » d’une puissance jamais égalée), pourtant, jamais je n’ai aussi peu rencontrer de personnes enthousiastes, compétentes voire brillantes dans les domaines scientifiques, techniques et informatiques. En revanche, je croise chaque jour de nombreux « faux geeks » qui sont surtout des gadgetomanes disposant des outils les plus sophistiqués sans savoir les utiliser à bon escient, sans savoir rédiger (même une réponse courte dans un partiel), et qui sont prêts à télécharger une « app » souvent payante pour résoudre un problème auquel ils auraient pu eux-mêmes apporter une solution.

  12. françois

    Cet ouvrage semble réellement intéressant… et je ne comprend pas comment en 2011 il est possible de ne pas le proposer en format epub et/ou pdf !
    Format papier, 20€… il est contraint à la confidentialité et aux rayonnages des CDI. Vraiment dommage qu’une édition d’un CRDP reste sur des modèles éditoriaux du 20e siècle et ne favorise pas sa diffusion la plus large auprès des publics intéressés. D’autant qu’avec 17 auteurs, les droits doivent être quasi nuls…

  13. morandim

    Bonjour,

    Tout à fait d’accord avec ce dernier commentaire.
    Marre marre d’ouvrir son portefeuille quand on est prof’…

    Amicalement

  14. Thomash

    Merci de rajouter un petit mot-clé du genre [pdf] devant les liens vers un pdf.

  15. Enzo

    « Chacun voit midi à sa porte : Les informaticiens sont « sidérés » par l’absence d’enseignement de l’informatique »
    « > c’est juste »
    – d’accord avec vous deux

    « les économistes le sont par l’absence de formation à l’économie (libérale bien entendu) »
    « > peu utile pour la majorité des gens, sauf peut-être au niveau de l’économie ménagère. »
    – justement des cours d’économie seraient souhaitables, quand on voit que les gouvernements nous racontent n’importe quoi pour imposer des cures d’austérité, on se dit que les peuples sont soit des moutons soit des ignares en économie. Pour le premier point je n’ai pas de remède, pour le deuxième des cours pour « comprendre comment ça marche » et ne pas se faire prendre pour une truffe seraient pertinents … comme pour l’informatique.

    « les philosophes voudraient voir enseigner la philo dès la 2nde, voire dès la 6e »
    « > c’est très peu utile pour la majorité des gens. »
    – ben justement, réfléchir sur des sujets qui paraissent « futiles » permet aussi de construire un esprit critique, ce qui manque cruellement à notre époque. Laisser la TV répondre aux questions existentielles des ados c’est avoir à coup sûr un peuple de moutons (on y revient) plus tard.

    « les musiciens déplorent la médiocrité de l’enseignement de la musique au collège et au lycée , et voudraient que tous les collégiens et lycéens apprennent un instrument et chantent dans une chorale »
    « > ceux qui ont un don et l’envie s’y mettront par hobby, et c’est inutile pour trouver un véritable travail. »
    – oui mais non 😉 d’accord on s’y met par hobby mais l’école est aussi là pour t’ouvrir l’esprit et te faire découvrir un éventuel don/goût pour cet art. Quand a trouver un travail … ce n’est pas le but de l’école contrairement à ce qu’affirment les différents ministres qui imposent « leurs réformes ». Parce que sinon on bazarde tout ce qui n’est pas directement exploitable et nous faisons le bonheur des puissants. En vrac on jette: le sport, la musique, le dessin d’art, l’histoire, la géo (sauf pour certains), l’astronomie, le littérature etc …. bouh que le monde va devenir terne !

    « les astronomes, voudraient des cours d’astronomie »
    « > très intéressant, j’ai d’ailleurs un télescope, mais tellement peu utile… »
    – comme la philo … lu dans le monde diplo (je ne sais plus quand) mais dans le peuple américain une moitié de la population croit encore à la création de l’univers par la bible. Donc l’ouverture d’esprit sur l’univers permet aussi de mettre les textes religieux en reliefs.

    « d’autre un renforcement des cours d’arts plastiques »
    « > à quoi ça sert ? je dois malheureusement avouer que je n’ai jamais compris le but de ces cours. »
    – joker moi non plus, mais je dirais comme pour la musique

    « du théatre »
    > trois lettres, palindrome, comprenant les caractères L et O.
    – expression personnelle, savoir s’exprimer en public, apprendre à prendre la parole en public. très utile pour certains.

    « ou des cours de cuisine pour apprendre à bien manger »
    « > ça, je dois avouer que c’est assez utile. On en a d’ailleurs, là où je vis. »
    – utile oui, mais est-ce le travail de l’école ?

    « et avec tout ça, on se plaint que les élèves savent à peine lire et écrire, et que les programmes sont déjà surchargés. »
    « > Je ne sais pas si je suis le seul à l’avoir remarqué, mais quoi qu’il se passe, les français se plaignent et font grève. D’un point de vue extérieur, c’est rigolo 🙂 »
    – et oui un bon peuple de râleurs mais on aime tellement cela 😉

    Pour ma part le problème n’est pas d’enseigner ou non l’informatique à l’école, mais de curiosité et d’ouverture d’esprit. Il faut aux élèves une bonne base (lire, écrire, compter) qui aujourd’hui est rognée au profit du reste.
    Ensuite autour de cette base il faut des connaissances larges sur plusieurs domaines (maths, physique, langues notamment)
    Et enfin le reste qui n’est pas obligatoire, mais qui justement s’avère utile au quotidien et qui doit être adapté à chacun.
    L’école doit former des individus correctement câblés capables de réfléchir, d’aller chercher une information, d’avoir un esprit critique etc …. Ensuite que chacun approfondisse un domaine cela va de soit, un musicos n’est pas nécessairement intéressé par l’informatique et vice versa.
    Alors l’informatique à l’école ?? oui mais ce n’est pas obligatoire. Un individu bien câblé, s’il ne connait rien à l’informatique, sera capable de se renseigner, de passer du temps à chercher, lire, s’informer au détriment de TF1bétises, pour ne pas se faire rouler dans la farine par le premier « expert » venu.
    Ce n’est que mon humble avis …

  16. deadpool

    Je ne suis pas tout à fait d’accord sur le fait que les étudiants soient formatés en terminal. Au contraire, ils sont aptes à se faire leurs propres opinions (ou du moins réfléchir, en théorie). La variable: le prof! Un professeur qui sait de quoi il parle et qui arrive à rendre un cours en l’animant de la bonne manière peut vous intéresser à tout! Ces personnages sont malheureusement trop rares.

  17. Ginko

    J’avais préparé un commentaire avant le week end que je n’ai pas eu le temps de poster… et dont les points sont « repris » par la réponse des auteurs. Je le poste tout de même :
    ——————

    Juste pour faire un petit rappel fondamental qui aurait économisé pas mal de lignes dans les commentaires ci-dessus :

    Les sciences informatiques **NE** sont **PAS** les sciences des ordinateurs ou celles de la programmation. Ce sont simplement celles de l’information. Sens que l’on retrouve dans l’acronyme « SI » qui signifie bien « Système d’Information » et non « Système Informatiques » pour bien faire la différence avec l’abus de langage du grand public.

    Donc, NON, en effet, un apprentissage des sciences informatiques ne doit pas passer par la « maitrise » d’une application particulière, quelle qu’elle soit. C’est **évident** !

    Second rappel fondamental : au cas où certains auraient vécu reclus dans une grotte au fin fond de la Mandchourie occidentale ces 30 dernières années, l’ « informatique », ce n’est pas juste un domaine comme les autres. C’est un domaine qui a pénétré tous les autres, qui est entré dans la vie quotidienne de 95% des habitants de la France et c’est la filière que a généré le plus d’emploi en France ces 20 dernières années.

    La seule chose choquante dans cette histoire c’est qu’il n’y ai pas déjà des **vrais** cours de sciences informatique dans le tronc commun du collège (voire même du primaire).

  18. LIAR

    ‘jour,

    Je lis que le manuel est sous Licence Creative Commons… Première question que je me pose sous laquelle des CC est-il, je ne trouve pas la réponse ??? Deuxième question, s’il est en CC, pourquoi sa diffusion ne se fait-elle que par vente sur le site du CRDP cité dans l’article et non librement comme la licence le suggère ?

  19. pyg

    @toto : pas de problème pour critiquer l’ouvrage, mais reconnait que « très mauvais », c’est un peu court comme jugement 🙂
    Pourquoi ne pas développer et partager ton point de vue, que tout le monde puisse en profiter ?

  20. kamui57

    Il est là http://www.epi.asso.fr/revue/sites/… en pdf mais un pdf par chapitre et sans couverture et pdfs nommés LSICh1…LSICh6 🙁

    «Nota : Le contenu de chacune des parties de ce livre est consultable (à ne pas imprimer) en ligne au format PDF (fonctionnalités restreintes).

    Mot de l’éditeur (le CRDP de Paris) :
    L’éditeur a souhaité rendre accessible aux enseignants et à la communauté scientifique l’Introduction à la science informatique en le proposant au prix de 20 euros, en l’éditant sous licence Creative commons et le rendant accessible en ligne gratuitement. Vous pouvez vous faire une idée de son contenu en lisant sur écran les fichiers PDF mis à votre disposition.»
    «Sous licence Creative Commons : « Paternité, pas d’utilisation commerciale, pas
    de modification », 2011»

  21. JLB29P

    « (curieuse d’ailleurs cette représentation mentale qu’ont certains de la prothèse du cerveau qu’est l’ordinateur, que l’on pourrait utiliser sans la connaître ni la comprendre) »

    Je serais curieux de savoir ce que l’auteur connait et comprend du fonctionnement de son propre cerveau !
    C’est un idéal vers lequel il faut tendre « comprendre et connaitre les outils que l’on utilise »; mais pour la grande majorité de la population, ce qui prime, c’est savoir l’utiliser efficacement !

  22. Maxence

    Dommage qu’une version HTML ne soit pas disponible.

  23. Jean-Pierre

    Une petite question simplement : n’est-ce pas un peu réducteur de limiter cet enseignement à la filière S ? Il n’y a pas que les élèves de cette filière qui pourraient bénéficier de telles leçons et encadrements pédagogiques aussi intéressants, de prime abord.